Femmes transformatrices : Les Reines du « Dègué »

Elles font partie de ces femmes qui ne sont pas souvent mises au devant de la scène, mais qui en réalité abattent un travail assez exigeant. Elles créent leur propre commerce, s’installent dans la durée et offrent même des emplois aux jeunes filles marginalisées, soit par manque d’instruction, soit à cause des vicissitudes de la vie.

Les femmes transformatrices, comme on les appelle, sont des actrices non négligeables de  la sphère économique malienne, au vu du rôle qu’elles jouent dans la transformation en produits finis des ressources agricoles du pays. Dans ce lot de travailleuses acharnées, les fabricantes de « dègué » ont le vent en poupe. Leur commerce réunit chaque jour de fidèles clients dans différents endroits de Bamako.

Réussir dans ce business n’est pas chose aisée, de la préparation à la maison au site de vente. Assan Diallo, patronne d’un point de vente de  « dègué »  à Kalaban Coura, non loin des feux tricolores des 30 mètres, le sait mieux que quiconque. « Nous faisons un travail très fatiguant. Nous nous levons très tôt le matin et commençons la production avec nos aides ménagères. Nous lavons le mil, puis nous l’amenons au moulin. Lorsqu’il y a une coupure de courant, cela devient très compliqué », explique-t-elle.

La journée commence à 4 heures du matin et ne se termine que le soir, sans pause, en fonction de la clientèle. « Certains clients ne sont pas faciles. Tout travail est difficile, mais celui que nous faisons exige en plus beaucoup d’hygiène ». Tout est méticuleusement organisé, chaque ouvrière ayant une tâche « spéciale ».  Certaines mélangent le mil avec du lait, d’autres mettent de la glace, mesurent ou attachent les sachets de conditionnement et, enfin, les dernières vendent. Cela fait 12 ans que je fais ce commerce et j’ai 8 employées qui ne vivent que de cela », confie Mme Diallo.

La même bonne organisation caractérise l’espace de Djénéba Sidibé, sis juste à l’entrée du Grand Marché de Bamako. Un détail frappe d’entrée : il faut se procurer un ticket au guichet avant d’avoir droit au « dègué». « Nous  utilisons chaque jour 100 kilos de mil, 3 à 5 sacs de lait en poudre et 3 sacs et demi de sucre », dit Sitan Sidibé, nièce et employée de Djénéba depuis plus de 10 ans. « J’arrive à m’en sortir et je vis de ce métier depuis longtemps », assure-t-elle.

 

« Mougoudji » : la boisson à base de mil qui cartonne

Comment se concocte le « mougoudji » ? La quantité de mil dépend du nombre de consommateurs. Les ingrédients nécessaires sont : le mil, le sucre, le gingembre, le sucre vanillé, la menthe, du jus d’orange et de tamarin. La préparation Il faut laver le mil jusqu’à  faire disparaà®tre tous les grains de sable. Ensuite laisser l’eau y pénétrer pendant 10 mn, avant d’y rajouter le gingembre pour le moulage. Lorsque vous obtenez votre poudre, vous la tamisez avec un tamis très fin, de sorte que la poudre soit très douce au toucher. On y rajoute maintenant 2 litres d’eau potable, 1 kilogramme de sucre, 4 sachets de sucre vanillé, 5 feuilles de menthe, 1 verre de jus d’orange, 1 verre de jus de tamarin et une pincée de sel. On mélange le tout à  l’aide d’une louche. On la met ensuite au frais pendant 20 mn. La boisson doit être fraà®che lorsque vous la servez. Le goût du mil ne doit normalement pas se sentir lorsque vous la buvez. Elle donne envie de boire dès qu’on l’aperçoit de loin parce que, l’odeur attire à  plus 50 mètres. Il est impossible de ne pas la reconnaà®tre quand on la voit, car elle a une couleur blanc/sel et est d’ailleurs la seule de la sorte, parmi toutes les boissons du pays. Vertus aphrodisiaques ? Selon certaines personnes âgées, le « mougoudji » aurait des vertus aphrodisiaques. Oui, parce que, le gingembre est reconnu en tant que puissant aphrodisiaque. C’’est surtout ce qui emmène beaucoup de Maliens à  la consommer régulièrement. C’’est donc le gingembre qui lui donne toute cette saveur et toute cette sensation de bien être ressenti après chaque consommation. Des femmes affirment donner au moins 2 verres du jus, tous les soirs à  leurs hommes, afin qu’il soient en pleine forme avant d’aller au lit. En tous les cas, aphrodisiaque ou non, cette boisson est vraiment appréciée par les Maliens,jeunes, vieux et même les enfants qui en raffolent bien plus que les adultes. A consommer cependant avec modération, au risque de prendre quelques kilos en trop, surtout les dames…