Cessez-le-feu au centre : Vers la fin des violences?

Le 1er juillet, deux groupes d’autodéfense peulh et dogon ont signé à Sévaré  un document actant leur volonté d’aller vers un cessez-le feu. Les derniers massacres dans la région de Mopti interpellent la conscience de tous les acteurs. Ce pas en avant est-il synonyme de la fin des violences dans cette zone ?

Après les différents massacres qui ont particulièrement endeuillé la région de Mopti, les différentes milices qui y sont actives se mobilisent pour éviter de nouvelles tragédies. Deux groupes d’autodéfense peul et dogon, le MSA et Dana Ambassagou, convergent pour le retour de la paix dans la région. C’est dans ce cadre que les responsables de ces mouvements ont signé le 1er juillet un communiqué conjoint, qui est un préliminaire à la signature d’un accord de cessez-le feu. « Ce n’est pas un cessez-le-feu qu’on a signé, c’est juste que l’on va s’abstenir d’agir pour aller vers la signature d’un accord. Pour le moment, nous n’en sommes pas à l’accord lui-même », précise Marcellin Guengueré, porte-parole de Dana Ambassagou. La rencontre a été l’occasion d’amorcer les bases d’une accalmie dans cette partie en crise humanitaire. « Nous avons dit que désormais il faut que chacun, de son côté, reste dans son coin. Que personne ne se déplace pour attaquer. Toute paix commence par cela. S’il n’y a pas d’attaques, il n’y aura pas de ripostes et le calme reviendra », souligne le porte-parole, ajoutant « il faut d’abord faire taire les armes et ensuite négocier sur les conditions qu’il faut pour aller à la paix ».

Pour l’analyste politique Boubacar Bocoum,  ce communiqué conjoint ne signifie pas forcément la fin des hostilités, « parce que ces deux mouvements ne contrôlent pas toute la zone et ne sont pas suffisamment structurés ». Il ajoute aussi que « derrière ces attaques il y a du banditisme organisé. Il y a des gens qui étaient dans la logique de l’autodéfense et en même temps d’autres qui profitent de la situation d’insécurité et de l’absence de l’État pour créer le désordre », estime-t-il.

Cette entente est intervenue deux jours avant le déplacement pour cinq jours du Premier ministre, Dr Boubou Cissé, dans la région. Il y a annoncé le redéploiement  prochain de 3 600 hommes supplémentaires pour sécuriser les populations. Cette visite du chef du gouvernement, accompagné de plusieurs de ses membres, est perçue comme une « avancée ».

Intégration dans l’armée : Ganda Izo crie à l’injustice

Cette information a été donnée lors d’une conférence de presse organisée par le président Aba Kantao du mouvement ce lundi 6 mai à  la maison de la presse. La rencontre avait pour objet d’apporter des clarifications à  l’agression de Sévaré le 29 avril dernier, faire le bilan de leur parcours sur le terrain, dénoncer la mauvaise gestion et l’injustice dont le mouvement Ganda-Izo est victime. Pour la circonstance, les miliciens étaient massivement à  coté de leur président. Un rôle de premier plan Parlant de leur bilan sur le terrain, le président Kantao dira que Ganda-Izo a joué un grand rôle dans l’arrestation de djihadistes. Car il en a beaucoup arrêté et contribué pour l’arrestation de certains par l’armée malienne grâce aux renseignements fournis à  celle-ci. Malgré sa vision et ses actes patriotiques, le mouvement Ganda-Izo se dit aujourd’hui mis à  l’écart. La décision d’intégration de ces combattants dans l’armée bien qu’elle soit signée reste jusqu’à  présent sans suite. Alors que d’autres mouvements ont bénéficié de ces recrutements et ont des éléments désormais en formation dans les rangs de l’armée. « Cette décision avait été signée le 6 mars 2012 par le chef d’Etat major d’alors, le Général Gabriel Poudiougou. Après le coup d’Etat, la même décision restait en vigueur. A la grande surprise des responsables de Ganda-Izo, elle est mise en application sans qu’aucun élément de ganda-Izo ne soit retenu. Alors qu’en son temps, les combattants de Ganda-Izo figuraient sur ladite décision et disposaient même d’un numéro matricule » deplore le président de Ganda Izo. Aujour éléments de Gandaizo n’enregistre aucun combattant d’hui, aucun éléments de Ganda-Izo ne figure parmi les nouvelles recrues qui seront bientôt à  Markala dans la région de Segou. Rien à  voir avec l’incident de Sévaré Les autorités et les responsables de l’armée doivent justice pour ces jeunes milices déterminés à  défendre le pays contre les envahisseurs, affirme le président de Ganda Izo. « l’armée ne pourra être encore la chasse gardée de fils à  papa si le pays veut sur le champ de bataille des éléments prêts à  mourir pour la cause de la Nation. Les jeunes éléments de Ganda-Izo doivent aujourd’hui être des modèles. En ce qui concerne l’agression du 29 avril à  Sévaré, le président de Ganda Izo a dégagé toute la responsabilité des éléments de son mouvement dans cet accrochage dans la ville mopticienne. Il précise que depuis le début du mois de mars dernier, tous ses éléments ont été déployés dans les zones occupées pour la sécurisation de ces villes. Là  bas, ils ont procédé à  l’arrestation de beaucoup des djihadistes. « Ceux qui s’agitent à  Sévaré au nom du mouvement sont des élements de Ibrahim Maiga tous exclus du Ganda Izo. Nous ne sommes pas responsables de cette agression » explique –t-il.

Soufroulaye : Un sanglant accrochage oppose les miliciens Ganda-Izo

A une dizaine de kilomètres de Mopti, la commune de Soufroulaye abrite depuis six mois la milice d’autodéfense Ganda Iso en formation aux techniques de combat. Le « centre de jeunesse » des miliciens Ganda Iso (les enfants de la terre en sonhrai) était jusqu’alors un centre de formation professionnelle aux métiers de la couture. Mais depuis quelques temps, il est devenu le lieu d’entrainement de jeunes miliciens décidés à  aller reconquérir le nord du Mali aux mains des groupes armés Pour la plupart, originaires des régions du nord, les miliciens Ganda Iso ne s’entendraient plus désormais. Mardi, un accrochage sanglant a apposé la tendance Mohamed Attaib Maiga, président du bureau sortant et l’actuel bureau présidé par Ibrahim Diallo. Un milicien joint par téléphone à  Soufroulaye, témoigne ainsi « depuis fort longtemps les deux bureaux se regardent en chiens de faà¯ence. l’étincelle qui a mis le feu aux poudres est la nomination d’Arougeoya, comme chef d’Etat major du mouvement Ganda Iso. Ce dernier est un proche parent du président sortant. D’après une source, à  la suite de l’accrochage, le garde du corps d’Ibrahim Diallo a reçu une balle dans le pied et une blessure légère a été constatée. Pour rappel, il y a un mois de cela, le bureau du mouvement Ganda Iso a fait passer un communiqué de presse indiquant la destitution de Mohamed Attaib Maiga à  la tète du bureau remplacé par Ibrahim Diallo président actuel. De quoi attiser la querelle. Tensions entre l’armée et les miliciens Par ailleurs, des tensions existaient déjà  entre les miliciens et l’armée régulière basée à  Mopti. l’un d’eux témoigne que l’armée leur a ôté un véhicule par la force. « Nous sommes dans le collimateur de l’armée depuis longtemps, ils disent ne pas avoir confiance en nous, alors que nous sommes entrain de nous préparer aller au nord, puisque nos autorités ne réagissent pas », explique un milicien». « Ces milices n’ont aucune légitimité aux yeux de l’armée, ils sont jugés comme des amateurs », explique un observateur, d’o๠le manque de considération ». Au moment les projecteurs sont tournés vers le Mali, dans l’imminence d’une offensive militaire au nord, « comment ces miliciens vont-ils libérer le nord dans de telles conditions ? », s’interroge un habitant de Mopti. l’accrochage de mardi ne peut que fragiliser un mouvement qui n’est ni bien formé, ni armé, ni soutenu par les autorités maliennes ? N’est-ce pas là  une voie pour les djihadistes d’infiltrer leurs rangs ? Une connexion entre Ganda Iso et Mujao avait même été faite à  Douentza lors de la prise de contrôle de la ville par les groupes armés, il y a quelques semaines.