La sécurité est aussi un défi de gouvernance

Au Mali, la politique sécuritaire n’ignore pas les contradictions. Bien au contraire, elle se forge depuis plusieurs années sur les défis inhérents à ces contradictions. Si ces contradictions ont plus ou moins été contenues suivant les épisodes, force est de reconnaître que depuis un peu plus d’une décennie la rapidité et la violence avec laquelle la situation s’est détériorée et enlisée interroge ! Les causes de cette détérioration sont multiples et ont pour racines à la fois des conjonctures ex situ et in situ qui participent, dans un sens ou dans l’autre, d’une crise de l’État.

En référence aux conjonctures ex situ, sur lesquelles nous n’allons pas nous appesantir, comme une impression de déjà vu : le monde est ébranlé par des tensions géopolitiques et géostratégiques qui prennent des allures de remake de la Guerre froide. Ces tensions se sont progressivement inscrites en filigrane dans le Sahel sous la forme de présences de groupes armés terroristes, sous la forme de défiance de l’autorité des États et sous la forme de la présence de forces étrangères et d’opérations militaires de sécurisation.

En référence aux conjonctures in situ, nous pouvons les schématiser et les caricaturer en trois temps. Un premier temps que nous pouvons qualifier de « sécurité sûre d’elle », ou le Mali, au lendemain de l’avènement du pluralisme, s’est quelque peu reposé sur ses lauriers. En atteste la politique tacite de déconstruction des forces de défense et de sécurité comme institutions toutes puissantes. En atteste également une certaine indifférence concernant le renforcement des capacités de ces forces. À titre d’exemple, sur la problématique des différentes politiques et prémices de vision stratégique mises en œuvre, à tort ou à raison, au lendemain de la chute du tout puissant régime militaire de Feu Moussa Traoré, une lecture du document de l’Étude prospective Mali 2025 réalisée en 1999 prouve, si besoin en est, que les questions sécuritaires ne constituaient plus ou pas une priorité pour les acteurs du mouvement démocratique.

Un deuxième temps que nous pouvons qualifier de prise de conscience, en ce sens que les événements, les conjonctures nationales et internationales et le contexte géopolitique et géostratégique ont progressivement imposé la nécessité d’apporter des réponses efficientes et durables aux différentes tensions et aux crises nées ou en gestation. Cette prise de conscience à naturellement imposé le choix du renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité face aux menaces qui se sont métastasées à une allure que beaucoup d’experts et de spécialistes n’ont pas vu venir. Des supposés velléités irrédentistes de 2006 en passant par la criminalité organisée, notamment l’affaire « Air cocaïne », les trafics en tous genres et les enlèvements contre rançons, la chute du régime Kadhafi, avec pour ramifications les multiples événements au Mali de 2011 à 2013 et la présence accrue des forces centrifuges, l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, les conflits communautaires, l’extrémisme violent et la profusion des supposés milices d’autodéfense, la réforme du secteur de la Sécurité, dont la mise en œuvre est toujours en cours, a donné lieu à la Loi d’orientation et de programmation militaire. Autant d’évènements, de contextes et d’enjeux qui ont fini par mettre en lumière la fébrilité de l’architecture sécuritaire du Mali et la nécessité de changer de paradigme en outillant les forces de défense et de sécurité en général et la Grande muette en particulier de capacités de nature à leur permettre de faire face aux multiples défis sécuritaires qui se posaient au pays.

Un troisième temps, que nous pouvons qualifier de « temps du tâtonnement et de la marche timide», en ce sens que si les événements ont imposé le choix de réformes et si des efforts ont été consentis, donnant lieu à des résultats, fussent-ils des bribes au regard des défis et des enjeux, force est de reconnaître que nous sommes très en deçà de ce qu’auraient dû être les avancées comparativement à la complexité des maux. La sécurité a certes été réfléchie, mais pas suffisamment réfléchie dans sa dimension holistique. Elle est encore restée en grande partie la chose des militaires et du presque tout militaire. Or la nature du défi aujourd’hui impose une dynamique sécuritaire qui s’inscrive dans un cadre plus global de gouvernance vertueuse et de redistribution juste et équitable des ressources et des revenus. Une victoire ou un succès militaire qui ne s’inscrivent pas en filigrane dans une stratégie économique, sociale et solidaire resteront un court succès. Ceci pour dire qu’au-delà des capacités militaires et de leur complexité le véritable défi reste celui de la gouvernance.

Casamance : mort de 13 civils

Dans cette région située au sud du Sénégal, 13 civils ont trouvé la mort ce samedi 6 janvier alors qu’ils partaient cherché du bois. La Casamance est tristement connue comme étant une zone de conflit où depuis 1982, l’indépendance de la région est au coeur des tensions.

« Une attaque armée d’une rare barbarie », c’est par ces mots que le président Macky Sall qualifie cette attaque perpétré ce samedi 6 janvier et qui a ôté la vie de 13 personnes.

« Des éléments armés ont attaqué des jeunes qui cherchaient du bois dans la forêt de Bayotte. Treize ont été tués et deux ont pu s’échapper » , a déclaré le colonel Abdou Ndiaye, porte-parole de l’armée sénégalaise. Les victimes auraient pénétré une zone surveillée par les combattants indépendantistes du MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance).

Les faits se sont produits non loin de la frontière avec la Guinée-Bissau à une vingtaine de kilomètre de la capitale régionale, Ziguinchor, une région agricole et touristique enclavée par la Gambie. L’armée sénégalaise a dépêché une compagnie d’environ 150 parachstiste afin d’évacuer les victimes et de trouver les assaillants.

Macky Sall, n’a pas tardé à convoqué le Conseil national de sécurité et a « ordonné que les auteurs de cet acte criminel soient recherchés et traduits en justice ». Le chef d’État a, également, réuni une délégation ministérielle qui se rendra sur place, dimanche, « pour évaluer la situation sécuritaire et présenter en même temps les condoléances de la nation aux familles éprouvées » , indique le communiqué gouvernemental.

Depuis décembre 1982, le conflit pour l’indépendance de la région casamançaise, on dénombre des milliers de victimes civiles et militaires. La région qui regorge d’un fort potentiel touristique voit son économie ravagée par cette rébellion et de nombreux habitants ont été contraints de fuir. Pourtant, une accalmie perdure depuis plusieurs années. Arrivé au pouvoir, en 2012, le président Sall multiplie les tractations de paix. Dans ses vœux adressés à la Nation, le chef de l’État avait invité les rebelles de Casamance à la poursuite des négociations dans le but de parvenir à« une paix définitive »

 

EXCLUSIVITÉ : Derek Matyszak : « Cela semble être la fin de l’ère Mugabe »

Il régnait d’une main de fer sur le Zimbabwe depuis 37 ans, le chef de l’État, Robert Mugabe, 93 ans, a vu sa position de force basculée suite à une intervention militaire, ce matin. Les locaux de la radio nationale ainsi que certains bâtiments publics et officiels ont été pris d’assaut dans la nuit de mardi à mercredi. Ce bouleversement politique intervient après le limogeage de l’ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, pressenti pour succéder à Robert Mugabe. Alors que son épouse vise également la fonction suprême. En exclusivité pour le Journal du Mali, Derek Matyszak, nous accorde cet entretien. Ce consultant de l’Institute for Security, à Pretoria, mais actuellement basé, à Harare est un témoin privilégié de cet événement.

Journal du Mali : Les militaires disent que ce n’est pas un putsch mais comment interpréter cet événement ?

Derek Matyszak : Les militaires ont déclaré qu’ils effectuaient une courte intervention chirurgicale et incisive pour « extraire » les éléments contre-révolutionnaires du parti au pouvoir, le ZANU PF. Ils disent que ce groupe contre-révolutionnaire déstabilise le parti au pouvoir et donc le pays, et qu’ils sont constitutionnellement tenus de le défendre. Ils ont déclaré qu’une fois leur devoir accompli, ils retourneront à la caserne. Cependant, leurs actions constituent clairement une ingérence inconstitutionnelle dans les affaires politiques.

Certaines personnes appartenant à l’entourage de Robert Mugabe ont été arrêtées. Mais qui sont-elles concrètement ?

Les personnes qui ont été arrêtées appartiennent à une faction particulière du Zanu-PF connue sous le nom de G40. Ce groupe a essayé d’empêcher la succession à la présidence par Emmerson Mnangagwa, qui a le soutien de l’armée. Lorsque ce dernier a été limogé par le président Mugabe, le 6 novembre dernier, l’armée a décidé de protéger son statut de successeur.

Le vice-président Mnangagwa est destitué et Grace Mugabe est désignée comme la succeseur de son mari, cette intervention militaire peut être considérée comme un avertissement pour le pouvoir ? Une nouvelle ère pour le paysage politique ?

Cela semble être la fin de l’ère Mugabe. Mnangagwa sera installé en tant que président. La question est de savoir s’il a l’intention de chercher une sorte d’alliance avec les groupements d’opposition pour former un gouvernement technocratique pour sauver l’économie zimbabwéenne qui est au bord de l’effondrement.

 

 

L’armée malienne recrute pour sa futur force aérienne

Le Mali, dans le but de renforcer son dispositf militaire a signé le 15 juin dernier avec l’avionneur brésilien «Â Embraer » un contrat concernant la vente et la livraison de six avions combats légers et d’attaques au sol, «Â A-29 Tucano ». La première prise de vol des A-29 Tucano remonte aux années 80. En prélude à  l’arrivée de ses avions, l’armée l’air procède à  des recrutements dans les métiers de la protection défense, de la maintenance aéronautique et des systèmes d’information et de communication (SIC) pour les sous-officiers techniciens. s’y ajoutent le recrutement à  partir du niveau Bac, de pilotes et navigateurs. l’avionneur brésilien fournira du soutien logistique et assurera la formation des pilotes et des mécaniciens maliens. De l’avis d’un spécialiste de l’armée de l’air, le A 29 super Tucano, bien qu’il ne soit en rien comparable aux aéronefs militaires de certains pays occidentaux, peut emporter un armement sophistiqué et adapté à  son utilisation. Il peut atteindre une vitesse avoisinant les 600km/h grâce à  un turbopropulseur, Il peut être armé de deux mitrailleuses 12,7 mm et dispose de cinq pylônes sous les ailes lui permettant d’emporter un canon de 20mm, des nacelles lance-roquette ou bien encore des bombes. Le déploiement de ces avions de combat facilitera les poursuites lancées contre les ennemis qui opèrent à  bord de pick-up, et permettra une destruction efficace des infrastructures terroristes : dépôt de carburant, munitions d’armes, entre autres. Par ailleurs, il peut également décoller et atterrir depuis des terrains sommaires (qui n’ont pas été prévu à  cet effet), ce peut s’avérer utile lors de certaines opérations. Les A-29 Tucano, qui équiperont prochainement les FAMAs, sont actuellement utilisés par une dizaine de forces aériennes à  travers le monde, qui n’ont pas forcément un budget conséquent, comme le Burkina-Faso, l’Equateur, la Colombie, ou le Sénégal. C’est un appareil très bien adapté à  la lutte anti-guérilla, aux attaques au sol, ou à  l’appui des troupes d’infanteries, comme c’est notamment le cas en Afghanistan o๠les A-29 sont parti prenante dans toutes les missions de reconnaissance et d’intervention.

Armée chinoise en Afrique : l’’offensive du dragon se poursuit

En mai 2015, le porte-parole du ministère chinois des Affaire étrangères, Hong Lei, annonçait la création à  Djibouti d’une base militaire pour l’Armée populaire de libération (ALP). Un projet qui est entré dans sa phase concrète depuis le démarrage le 25 février des travaux de construction, selon le porte-parole du ministère de la Défense, Wu Qian. Il aura auparavant fallu la conclusion d’un accord avec Djibouti, pays de la Corne de l’Afrique, qui abrite aussi des bases militaires japonaise, française et américaine. Les responsables chinois refusent d’user des qualificatifs « militaire » ou « navale » à  propos de cette base, préférant dire qu’il s’agit plutôt « d’infrastructures de soutien à  Djibouti. ». Pour Pékin, cette base servira à  « effectuer des missions navales anti-piraterie au large de la Somalie, à  fournir une assistance humanitaire et à  faciliter la participation des troupes chinoises aux missions de maintien de la paix de l’ONU en Afrique ». Ce déploiement chinois est une première, qui plus est à  Obock, lieu stratégique situé à  quelques encablures du Yémen, pays plongé dans le chaos. Mais cette base servira également de point d’observation des mouvements des flottes américaine et japonaise. Emmanuel Lincot, spécialiste de la Chine et auteur d’ « Esquisse de Chine », explique qu’il y a « de nombreux expatriés chinois sur le continent africain, d’o๠la nécessité d’avoir des hommes suffisamment formés pour faire face à  d’éventuelles crises ». Par exemple en Lybie, avec la chute de Kadhafi, la Chine a sué sang et eau pour rapatrier la dizaine d’expatriés travaillant dans les raffineries libyennes. « à€ ne pas oublier également, au Sud Soudan, à  proximité de Djibouti, les Chinois ont des intérêts dans le domaine des hydrocarbures. Il y a donc nécessité à  renforcer le rôle stratégique de la Chine », ajoute l’analyste. Il ne fait aucun doute que C’’est là  un pas en avant dans l’offensive du dragon sur le continent, entamée dans les années 2000. La Chine est depuis devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique, théâtre de la guerre de plus en plus manifeste que se livrent les puissances mondiales pour le contrôle des ressources.

Le CCMR appuie la coopération militaire Mali-USA

Basé à  l’école Navale Supérieure de Monterey en Californie, le Centre pour les relations civilo-militaires a d’abord été crée en 1994 pour aider les démocraties émergentes de l’après guerre froide à  faire face aux défis d’ordre civilo-militaire. Désormais, le CCMR, qui a changé sa politique, se penche vers les politiques et stratégies américaines en matière de sécurité, en particulier face à  l’environnement mondial sécuritaire actuel. Cette nouvelle stratégie a fait l’objet d’un séminaire de formation avec des militaires maliens, à  Bamako, à  l’école de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye et à  travers lequel le CCMR s’est intéressé au cas du Mali, dans un contexte o๠l’armée malienne est en pleine restructuration et réformes. Ce qui est en jeu, C’’est la reconstruction de relations civilo-militaires fortes : « Militaires et civils doivent se comprendre les uns et les autres, mais surtout chacun doit mesure sa responsabilité face à  l’autre », a précisé Mary Beth Léonard, l’ambassadrice des Etats-Unis au Mali qui est venue saluer le travail accompli. « Le CCMR assure en outre un enseignement de troisième cycle et professionnel de haute qualité conçu en fonction de la réalisation des objectifs et conditions spécifiques des pays destinataires », souligne Richard J Hoffman, Directeur du CCMR. Parmi les grands thèmes abordés lors de la formation, les relations démocratiques civilo-militaires, la réforme de la défense et, l’édification des institutions, le respect des institutions, la prise de décision en matière de défense et de sécurité, le soutien aux commandements opérationnels au niveau de l’enseignement , la stabilisation et les opérations de maintien de la paix, la réponse civilo-militaire au terrorisme, les publications et la recherche concernant les relations civilo-militaires. Pour ceux qui ont assisté à  la formation, les défis restent nombreux pour l’armée malienne, à  savoir la restauration de l’esprit patriotique, la confiance en la hiérarchie et en la chaà®ne de commandement, ou encore la revalorisation des conditions salariales des militaires, tel que l’a précisé un haut gradé. Nul besoin de revenir qui ce qui a fait défait à  l’armée malienne confrontée à  la rébellion de 2012, cette formation aux relations civilo-militaires, est déjà  une belle étape vers une réforme profonde et durable de nos forces armés.

Oumar KEITA : « Face au djihadisme, la présence de bases militaires occidentales est souhaitable »

Face à  l’ampleur du phénomène, une présence de bases militaires occidentales est souhaitable pour renforcer la coopération en matière de sécurité et de renseignement, pour construire des réponses régionales, continentales et internationales concertées et coordonnées. l’opération « Serval » a été vécue comme un soulagement par beaucoup de maliens. La situation de la région de Kidal, o๠il paraà®t compliqué de désarmer le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), est différente de celle de Tombouctou, Gao et Menaka, dont la libération n’a pas conduit à  une sécurisation totale de leur espace. Les derniers évènements le prouvent : une victoire militaire définitive est extrêmement difficile dans une guerre asymétrique. La lutte contre le terrorisme se joue au-delà  de la dimension militaire, sur les plans politique, social et économique. l’armée malienne seule n’est pas encore suffisamment restructurée et équipée pour contrer le retour des islamistes. La signature d’un accord de défense entre Bamako et Paris doit donner un cadre juridique à  la prolongation de sa présence militaire dans la zone sahélo-saharienne qui couvre une superficie d’environ 8 millions de km², soit75% du territoire malien. Cet accord de défense avec la France, permettra de réformer l’armée malienne. Ce n’est pas un accord de défense à  l’ancienne, comme on pouvait en produire la Françafrique, mais un accord de coopération, tout comme nous en avons en matière d’agriculture, d’éducation, de santé… Il n’y a rien de secret dans cet accord, dont la signature, initialement prévue le 25 mai, a été reportée en raison des récents événements. Les mouvements djihadistes chercheront toujours à  fragmenter les sociétés. Face à  ce projet de division, il faut fédérer les populations et refuser tout amalgame entre djihadisme et islam Face à  ce projet de division, il faut fédérer les populations, refuser tout amalgame entre djihadisme et islam et reprendre l’initiative politique pour résoudre par la voie du dialogue les conflictualités locales souvent instrumentalisées.

Accord militaire avec la France, ce qu’en pensent les Maliens

Si une chose est sûre, C’’est que l’opinion malienne n’est pas vraiment pour la signature de l’accord militaire avec la France. Le peu d’informations sur le contenu dudit document, les rumeurs et surtout la position pour le moins floue de la France dans la gestion de la question de Kidal ont fini par forger une idée largement partagée que le pays n’a guère besoin de se lier militairement à  la France. Sur les réseaux sociaux comme dans les grins, sur la scène politique comme dans les journaux, C’’est le non qui l’emporte même si quelques avis disent que le pays n’a d’autre choix que de signer le document. Le ministre français de la Défense est attendu à  Bamako le 16 juillet prochain « à  l’invitation du Président de la République malienne » annonçait en début de semaine le quotidien national. Jean-Yves le Drian devrait, selon toute vraisemblance, signer avec l’Etat du Mali un accord de coopération militaire. Le Mali a, depuis son indépendance, maintenu des liens particuliers avec la France sur le plan militaire. Au département de la Défense, il n’est pas rare de croiser un « conseiller militaire » français dans les couloirs. Alors, pourquoi un nouvel accord, se demandent les Maliens ? Qu’est ce qui va changer et dans quelle mesure cela sera-t-il profitable au pays ? En quoi cela va-t-il éclaircir la place de la France dans la gestion sécuritaire du pays depuis 2013 et en particulier en ce qui concerne Kidal ? Alors que Serval plie bagage et quitte le terrain, quel visage aura la présence militaire française au Mali ? Autant de questions qui n’ont pour l’instant pas de réponse officielle. Alors, chacun y va de son opinion… Un refus quasi unanime Ainsi une internaute, assez virulente sur le sujet, dénonce quasi quotidiennement la signature prochaine de l’accord. « Et puis quoi encore ? Il ne manque plus qu’on signe cet accord militaire et nous serons définitivement dans une nouvelle forme de colonisation, qu’on va nommer démocratique, et qui va permettre de nous piller et de nous mater en toute légalité » s’insurge-t-elle. Moustaph D., employé de bureau se dit lui sidéré que l’Etat malien veuille signer « un accord militaire avec une puissance qui joue avec l’intégrité du pays ». « Comment peut-on se lier à  quelqu’un qui a montré qu’il ne vous veut pas de bien ? »se demande-t-il. Son collègue tente de relativiser en rappelant que sans la France, le pays serait aujourd’hui aux mains des djihadistes. « On les remercie beaucoup, nous ne sommes pas ingrats. Mais maintenant, qu’ils rentrent chez eux » réplique Moustaph. Son opinion est largement partagée par les autres membres de son « grin ». Ici, chaque soir depuis maintenant des semaines, la question de la signature de cet accord revient dans les discussions. « Et nous sommes tous d’accord, ce n’est vraiment pas le moment de signer quoique ce soit. Le pays est en situation de faiblesse surtout avec Kidal o๠la France joue un jeu pas clair du tout. Nous n’allons quand même pas transformer notre sauveur en maà®tre !» déclare un quinquagénaire qui tient à  son anonymat. « Je milite dans un parti qui est dans la majorité. Je peux vous dire que de nombreux politiciens ne sont pas du tout d’accord avec cette histoire, mais ils se taisent par solidarité ». D’autres politiciens n’y sont pas allés de main morte et ont, à  l’instar des leaders du MP 22, accusé la France d’être à  « l’origine des maux dont souffre aujourd’hui le Mali » et dit leur incompréhension face à  cet accord avec un pays qui « use de mille et un subterfuges à  l’intérieur, tout comme à  l’extérieur pour empêcher le réarmement de notre armée. » La diaspora malienne n’est pas restée en marge de la protestation contre l’accord. Le 5 juin dernier, une manifestation regroupait quelque dizaines de maliens de France à  Paris pour rejeter la signature du document qu’ils estiment contraire à  l’indépendance du Mali. Dans ce tonnerre de protestations, il y a quelques voix qui se veulent positives. « Nous ne savons pas ce que contient ce papier. Je ne peux pas croire que les autorités maliennes signent quelque chose qui sera défavorable au pays » affirme Mouneissa Bagayoko, commerçante. « Il parait que l’affaire de la base à  Tessalit n’est pas vraie et qu’il n’y aura pas de base fixe au Mali, que les Français viendront si on a besoin d’eux. Si C’’est cela, pourquoi pas ? On ne peut pas refuser d’avoir des alliés surtout quand on est en danger comme nous le sommes » déclare pour sa part Abdoulaye Konaté, étudiant. Si du côté du gouvernement on se veut rassurant, les plus optimistes sur la question appellent tout de même à  la prudence. « Ne pas signer n’importe quoi » insiste Abdoulaye qui estime que le pouvoir d’IBK devra rendre des comptes aux Maliens si « les choses ne se passent pas comme il se doit ». Alors que la signature ne fait plus vraiment l’objet de doutes, l’opinion malienne y est encore largement hostile. à‰tant entendu que par principe un accord militaire reste secret, il est fort probable que très peu d’informations filtreront sur son contenu. Ce qui ne sera pas pour rassurer les « anti » ni pour conforter les « pro » qui estiment que, malgré toutes les zones d’ombre, le jeu en vaut la chandelle.

Mali : la France va ouvrir deux écoles militaires

Une école d’application vouée à  la formation des forces spéciales sera implantée à  Gao, la plus grande ville du nord du Mali, a indiqué le ministre alors qu’il s’exprimait sur les antennes de la télévision publique. Il a précisé que ce futur centre de formation pour forces spéciales africaines aura une vocation régionale et qu’il accueillera des stagiaires en provenance des différents pays de la région. Une autre école chargée exclusivement de l’instruction initiale d’officiers maliens sera parallèlement implantée, dès la rentrée prochaine, dans la ville garnison de Kati, à  quelque 15 km de la capitale malienne, a ajouté le ministre. M. Maà¯ga s’exprimait sur les antennes de la télévision publique sur l’Accord de défense France- Mali dont la signature avait été programmée pour le 20 janvier avant d’être reportée sine die. Ce futur pacte, contrairement à  une opinion répandue, ne constituerait aucunement pas une première entre la France et le Mali puisque, si l’on en croit le ministre, il existait déjà  un Traité du genre entre les deux pays. Il va simplement s’agir, pour les deux parties, malienne et française, de procéder à  la réactualisation de ce vieil Accord de défense remontant à  l’année 1985, a expliqué M. Maà¯ga. La France a joué un rôle prépondérant dans la libération des régions nord du Mali de l’emprise des groupes islamistes et depuis le début de son intervention, le 11 janvier 2013, elle entretient une présence militaire dans le pays.

Mission accomplie pour l’hôpital militaire marocain à Bamako

Opérationnel depuis le 17 septembre dernier dans le cadre de l’aide humanitaire consentie par le Maroc sur hautes instructions de S.M. le Roi Mohammed VI, au profit du peuple malien, cet hôpital de campagne, encadré par un staff de 106 personnes, dont des médecins spécialistes, des infirmiers et une équipe d’accompagnement et de soutien, a réalisé plus de 52.600 prestations médicales dans différentes spécialités. Une cérémonie a été organisée, vendredi au site de l’hôpital marocain, en l’honneur du staff médical marocain, en présence du ministre malien de la santé, Ousmane Koné, du ministre et secrétaire général de la présidence malienne, Toumani Djimé Diallo, ainsi que du chef de cabinet du ministre de la Défense, outre l’ambassadeur du Maroc au Mali, Hassan Naciri et le président de l’Association d’Amitié Mali-Maroc (Amama), Moussa Diara. Dans une allocution, le ministre malien de la santé a tenu à  exprimer toute la reconnaissance et la gratitude du peuple malien à  S.M. le Roi Mohammed VI, pour l’ensemble des actions de solidarité déployés par le Royaume en faveur du Mali, rendant un hommage particulier au professionnalisme des membres du staff médical marocain qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour soulager les souffrances de la population». «Votre concours humanitaire a été, grandement, apprécié par les autorités et la population du Mali», a-t-il poursuivi, soulignant que «nous ne remercierons jamais assez cette équipe médicale dont le travail témoigne des relations fraternelles entre les deux pays». Il a rappelé dans ce contexte la remise, en novembre dernier, de décorations honorifiques de l’Etat malien aux membres du staff médical marocain, en guise de reconnaissance de leur professionnalisme et de leurs louables efforts au service de la population malienne. Koné a mis en avant, à  cette occasion, les liens d’amitié et de fraternité liant S.M. le Roi Mohammed VI et le chef d’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keita, notant que «ces liens ont donné un éclat aux relations séculaires entre les deux pays frères». De son côté, le médecin-colonel, Zakaria Yassir, médecin-chef de l’hôpital de campagne marocain, a souligné que «cette mission noble par ses objectifs humanitaires prend ainsi fin. Nous en garderont d’agréables souvenirs, des moments de joie et des rencontres émouvantes avec une population malienne spontanée, modeste et si agréable». Il a rappelé à  ce propos que «la mission médicale du troisième hôpital médico-chirurgical de campagne a été initiée par S.M. Le Roi Mohammed VI, Chef Suprême et Chef d’etat-major général des Forces armées royales, qui a ordonné le déploiement de cet hôpital le 14 septembre à  Bamako». «La visite effectuée par S.M. le Roi, le 20 septembre, à  l’hôpital, en compagnie de son Excellence le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, a donné plein élan à  cette mission dont l’impact sur la population du Mali est indiscutable», s’est-il félicité. Après avoir souligné que cette mission a «apporté d’immense joie à  beaucoup de C’œurs et alléger énormément de souffrances», il a tenu à  remercier les autorités du Mali pour «nous avoir facilité l’accomplissement de notre devoir en conformité avec notre devise : Dieu, la Patrie, le Roi». Le premier groupe du staff médical de l’hôpital marocain de campagne à  Bamako devra regagner vendredi le Royaume. Tout au long de son déploiement à  Bamako, l’hôpital militaire accueillait chaque jour une foule nombreuse de citoyens venus bénéficier de soins de qualité dans différentes spécialités. L’hôpital disposait d’un bloc opératoire avec un service de réanimation, des sites d’anesthésie générale et un service d’urgence. L’initiative royale de déployer un hôpital de campagne à  Bamako, s’inscrit dans le cadre de la solidarité agissante du Royaume à  l’égard des pays africains frères et du Mali en particulier, pays avec lequel le Maroc entretient des relations séculaires et privilégiées.

Coupe du monde militaire : le Mali affronte l’Azerbaïdjan le 2 juillet

Avant le départ de la délégation, la hiérarchie militaire a organisé vendredi dernier à  la direction du sport militaire une cérémonie de décoration dans le but de reconnaà®tre non seulement le mérite des joueurs qui ont donné au pays sa première Coupe d’Afrique militaire (Décembre 2012 en Côte d’Ivoire) mais aussi de les motiver afin d’avoir un bon résultat à  cette édition d’Azerbaà¯djan. Médaille de mérite militaire à  la délégation l’événement était présidé par le secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens Combattants, le colonel-major, Salifou Koné et du directeur du sport militaire, Colonel Moussa Moriba Traoré. Tous les participants ont reçu l’étoile du mérite nationale avec effigie Abeille. Selon le secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens Combattants, cette distinction vient s’ajouter aux récompenses déjà  obtenues par les membres de la délégation, notamment la promotion aux grades supérieurs de tous les membres. Ces récompenses témoignent l’attachement du commandement et l’attention particulière qu’il manisfeste au travail bien fait. « Je vous invite à  faire preuve de courage et détermination pour continuer à  faire flotter toujours plus haut le drapeau du Mali », a-t-il exhorté les joueurs et l’encadrement. Le directeur du sport militaire et porte-parole des récipiendaires, colonel Moussa Moriba Traoré a tenu à  remercier les autorités pour non seulement leur soutien et leur accompagnement mais aussi pour les efforts consentis pour permettre la pratique du sport dans nos armées. Au directeur d’ajouter que cette cérémonie doit inciter à  plus d’abnégation pour aller le plus loin possible dans cette compétition. 16 pays dont 5 africains Pour rappel l’Afrique sera représentée par cinq pays à  savoir le Mali, l’Algérie, le Kenya, le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Les 16 nations qui prendront part à  cette compétition ont été réparties en quatre groupes. Dans le groupe A, il y a le pays hôte l’Azerbaà¯djan, l’Irak, le Mali et le Canada. La poule B est composée de l’Algérie, de la France, du Bahrein et du Kenya. C’’est seulement dans cette poule qu’on retrouve deux pays Africains. Dans la poule C on retrouve l’Oman, la Côte d’Ivoire, l’Allemagne et les Etats-Unis. Dans la poule D, il y a le Brésil, les Pays-Bas, le Qatar et le Cameroun. Les deux premiers de chaque poule se qualifieront pour les quarts de finale.

Le gouvernement belge envoie 70 militaires au Mali

Le comité ministériel restreint (« kern ») n’est pas parvenu vendredi 14 juin à  s’accorder sur l’envoi de militaires belges au Mali pour assurer la protection des instructeurs européens de l’EUTM. C’est chose faite finalement. Environ soixante-dix militaires – soit vingt de plus qu’initialement envisagé – seront envoyés à  partir de début juillet, a-t-on appris de bonne source. L’envoi de ce détachement de « Force Protection » pour compléter un contingent espagnol a été décidé lors d’un Conseil des ministres électronique, a-t-on précisé au ministère de la Défense. La question de l’augmentation de la participation belge à  l’EUTM-Mali avait déjà  été abordée la semaine dernière en conseil ministériel restreint, mais renvoyée à  un groupe de travail. Répondant à  une demande de la France, le Conseil ministériel restreint a approuvé le 13 mars la proposition du ministre de la Défense, Pieter De Crem, de déployer un contingent d’une cinquantaine de militaires au Mali pour assurer la protection des formateurs européens. La décision des principaux ministres du gouvernement portait alors sur l’envoi d’un peloton – soit une trentaine d’hommes, renforcés avec des moyens logistiques à  l’académie militaire de Koulikoro, une localité située à  une soixantaine de kilomètres au nord-est de Bamako. La Belgique fournit déjà , depuis fin mars, un détachement d’hélicoptères à  l’EUTM Mali, comptant deux hélicoptères Agusta A109 en configuration d’évacuation médicale et 35 personnes qui sont basés à  Bamako. Pour la Belgique, la durée initiale de cette nouvelle mission de protection est de quatre mois, renouvelable, avec un coût estimé à  2,2 millions d’euros par période, selon la Défense. L’EUTM est dotée d’un budget de 12,3 millions d’euros pour les frais généraux pour un mandat initial de quinze mois, éventuellement renouvelable. Chaque pays contributeur – une bonne vingtaine, sous commandement français – finance le déploiement de ses militaires. Son quartier général est situé à  Bamako, o๠elle mène aussi depuis plus d’un mois une mission de « conseil et d’expertise » afin de réorganiser l’armée malienne. L’EUTM doit former au total quatre bataillons – soit quelque 2.500 soldats, « la moitié de l’armée malienne » – par tranche de deux mois et demi environ.

La Mauritanie se repositionne dans le jeu malien

La Mauritanie pourrait envoyer 1800 hommes au Mali dans le cadre de l’nu, a confirmé jeudi Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, à  la suite de sa visite lundi à  Nouakchott. Le chef d’Etat mauritanien Mouhamed Ould Abdel Aziz qui s’était jusqu’à  présent mis en retrait du conflit tente de se repositionner dans le dossier malien. La crise malienne, il avait refusé de s’en mêler. Il a fallu un an après qu’elle ait vu le jour pour qu’il décide de s’impliquer dans le gouffre malien. Depuis mars dernier, Mouhamed Ould Abdel Aziz a lâché du lest vis-à -vis du Mali, affirmant lors d’une conférence de presse donnée avec son homologue nigérien Mouhamoudou Issoufou que son pays était prêt à  intervenir sous mandat onusien. Une annonce confirmée jeudi par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, qui s’est rendu lundi à  Nouakchott, o๠il s’est entretenu avec le président mauritanien. La Mauritanie serait ainsi prête à  déployer 1800 hommes au Mali toujours dans le cadre de l’Onu. Le pays n’avait jusque-là  pas levé le petit doigt pour son voisin, hormis la sécurisation de ses frontières communes, 2500 kilomètres de désert, afin d’éviter toute entrée des groupes terroristes sur son territoire. Une stratégie loin d’être anodine pour Nouakchott qui craignait aussi des représailles de ces mouvements armés à  son encontre. Retournement de situation Il y a encore quelques mois, rien ne présageait ce changement de position de Mouhamed Ould Abdel Aziz qui avait été un peu plus clair début août 2012 : « La Mauritanie n’interviendra pas militairement au Mali », estimant que « le problème malien est complexe et que son pays n’en possède pas la solution. » Il avait notamment soutenu que, « la solution doit passer d’abord par la mise en place au Mali d’un gouvernement fort et représentatif de toutes ses forces politiques avant d’engager une action contre le risque terroriste qui va grandissant et qui peut constituer une catastrophe pour le monde entier. » Le chef d’Etat mauritanien n’avait également pas manquer de rappeler les efforts que son pays fournissait dans la lutte contre le terrorisme contrairement à  Bamako qui, d’après lui, n’a pas mené à  bien cette mission. « Nous avons vu venir ce problème, nous l’avons alors dit et l’histoire nous a donné raison », selon le dirigeant, précisant la portée de l’intervention de son armée ces dernières années contre les « bandes criminelles qui nous menaçaient depuis le nord de ce pays voisin ». Relations diplomatiques houleuses Les relations entre les deux pays n’étaient plus au fixe. Et ceci bien avant l’éclatement de la crise malienne. Ces dernières années Mouhamed Ould Abdel Aziz était particulièrement en froid avec son « frère » Amadou Toumani Touré, renversé en mars 2012 par le capitaine Amadou Sanogo. Les deux responsables n’étaient pas sur la même longueur d’ondes dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Alors que le dirigeant malien a permis aux groupes armés en provenance de la Libye après la chute de Kadhafi de s’installer dans le nord-Mali. Son homologue mauritanien, lui, leur a fermé toutes les portes d’entrée sur son sol. Ce dernier accusait régulièrement le chef d’Etat malien d’être notamment trop laà¯ciste vis-à -vis d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamque (AQMI) qui a pour but de faire du Sahel son sanctuaire. La libération par Bamako en février 2010 de l’otage français Pierre Camatte, qui avait été capturé en novembre 2009 par le défunt émir d’Aqmi, Abou Zeid, a aussi été source de tensions entre Bamako et Nouakchott. La Mauritanie comme l’Algérie n’avaient pas caché leur colère contre ATT. C’’est en effet bien le président malien qui avait pris la décision de libérer quatre terroristes arrêtés en avril 2009 à  Kidal dans le nord du pays pour détention d’armes de guerre en échange de la libération de Pierre Camatte. Les jours de ce dernier étaient comptés, puisque Abou Zeid menaçait de l’exécuter si ses revendications n’étaient pas satisfaites. Pour justifier la mise en liberté dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 février des prisonniers, Bamako argue qu’ils avaient déjà  « purgé leur peine de neuf mois » de prison pendant leur détention provisoire, mettant à  mal la coordination avec ses deux pays voisins dans la lutte contre le terrorisme, dans la région. ATT avait alors affirmé : « Après une brouille, Il est plus facile de se réconcilier avec ses frères ( Nouackchott et Alger) qu’avec un ami (Paris) ». « Médecin après la mort » Un fâcheux épisode bien loin derrière le président mauritanien, qui tente désormais de reprendre ses marques dans le dossier malien. Il sait que les risques que son pays prend en s’engageant dans le conflit sont moindres, puisque une partie des groupes terroristes ont été éliminés. D’autant que les troupes mauritaniennes seront totalement prises en charge par l’Onu, qui avait réclamé l’aide de l’Etat mauritanien. Ce qui constitue un véritable avantage confie un officier mauritanien à  RFI. A Bamako, l’annonce du déploiement des soldats mauritaniens n’a pas été accueillie avec enthousiasme. Pour beaucoup, Nouakchott arrive bien après la tempête. Un peu « comme un médecin après la mort », selon certains médias locaux. Le pays, qui ne fait pas partie de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), avait été vivement critiqué pour ne pas avoir davantage soutenu le Mali. De son côté, Mouhamed Ould Abdel Aziz tente de tirer son épingle du jeu dans la crise malienne, loin d’être réglée. Il sait que les groupes armés terroristes guettent toujours son pays.

La Mauritanie prête à intervenir militairement dans le cadre de l’ONU

« Si la situation change, rien n’empêchera la Mauritanie, en tant que membre de l’ONU, d’engager des forces dans le nord (du Mali), sur la frontière ou dans les régions ouest du pays pour la stabilité et la sécurité » de ces régions, a affirmé M. Ould Abdel Aziz lors d’une conférence de presse avec son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou. « Ce rôle, nous l’assumerons dès que possible », a-t-il promis. Si la Mauritanie n’a pas encore participé à  la guerre au Mali, c’est parce qu’elle « n’était pas prête », en raison du caractère non programmé de l’intervention française et africaine, déclenchée le 11 janvier pour prévenir une progression des groupes islamistes armés, qui occupaient le nord du Mali depuis neuf mois, vers le sud et la capitale, Bamako, a-t-il dit. « Il s’est agi d’une réaction à  une situation catastrophique que vivait le Mali, qui n’était pas programmée, une réaction pour sauver un pays qui allait être totalement occupé par les terroristes », a affirmé le chef de l’à‰tat mauritanien. Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé au secrétaire général Ban Ki-moon de présenter un rapport avant fin mars sur la faisabilité d’une opération de maintien de la paix au Mali. Le président Aziz a tenu à  mettre en exergue « le rôle très important » de son pays dans la lutte contre les islamistes armés du Mali, grâce une surveillance accrue de ses frontières avec ce pays voisin. Cela a permis, a-t-il dit, de « canaliser les terroristes vers le nord, les empêchant de se réfugier dans notre pays et de permettre aux unités engagées de les détruire dans leurs sanctuaires ». Le président nigérien, dont le pays est, lui, engagé militairement au Mali, a pour sa part estimé que la priorité du moment était de « gagner la guerre, non de gagner la paix », en réponse à  une question concernant la possible mue de la force africaine au Mali (Misma) en une force de paix de l’ONU. M. Issoufou a tenu à  saluer « le courage des forces françaises et tchadiennes qui se trouvent sur les premières lignes » pour combattre le terrorisme et le crime organisé au Mali.

Le Drian : « Nous sommes dans la phase la plus difficile de l’intervention au Mali

D’après Jean Yves le Drian, le chef de la Défense française, l’opération militaire des français est entré dans sa phase la plus difficile au Mali. Près de 150 soldats français et maliens ont lancé lundi une opération dans les montagnes de l’Adrar des Ifoghas, dans le nord du pays, o๠sont retranchés les groupes islamistes. Le sergent-chef Harold Vormezeele a été tué mardi, au cours d’un « accrochage sérieux », a indiqué mardi le président François Hollande. Les rebelles qui se trouvent dans ce massif montagneux sont parmi les plus « fondamentalistes, les plus durs, les plus organisés, donc c’est une phase assez complexe », a déclaré le ministre. « On s’attendait à  de la résistance, il y en a eu, il y a des combats très violents, hier et peut-être encore aujourd’hui », a-t-il ajouté. Mais « il faut poursuivre parce qu’il y a là  la fin de l’opération », a assuré Jean-Yves Le Drian.

Qui était le sous officier Harold Vormezeele ?

Légionnaire sous-officier du 2e Régiment étranger de parachutistes de Calvi (Corse), Harold Vormezeele a été tué ce mardi lors d’un «accrochage sérieux» avec les groupes terroristes dans le massif des Ifoghas (nord Mali), à  50 km au sud de Tessalit, a annoncé François Hollande lors d’une conférence de presse à  Athènes (Grèce) ce mardi. Né le 24 juillet 1979 en Belgique, le sergent-chef Harold VORMEZEELE aura servi la France durant près de 14 ans. A 19 ans, le 24 février 1999, il s’engage pour cinq ans à  la légion étrangère en qualité d’engagé volontaire. A l’issue de sa formation initiale au 4e régiment étranger de Castelnaudary, il intègre le 22 juillet 1999 le 2e régiment étranger de parachutistes en qualité de grenadier voltigeur. A compter du 19 août 2000, il est amené, au sein du même régiment, à  exercer les responsabilités d’opérateur radiographiste. Légionnaire sérieux et motivé, il se révèle compétent et efficace, se montrant particulièrement rigoureux dans l’exécution des missions confiées. Le 1er février 2002, il est élevé à  la distinction de légionnaire de première classe. Nommé au grade de caporal, énergique et déterminé, il se distingue par son remarquable investissement et son excellente condition physique. Manifestant un fort potentiel, il intègre alors la section des commandos parachutistes puis est naturellement orienté vers le corps des sous-officiers et est nommé au grade de sergent le 1er juillet 2005. Il se perfectionne alors dans le domaine de la troisième dimension et obtient son brevet supérieur de technicien de l’armée de Terre (BSTAT). Son profond attachement à  la France lui fait déposer un dossier de naturalisation qu’il obtient le 7 mai 2010. Il est promu au grade de sergent-chef le 1er juillet de la même année. Faisant preuve depuis toujours d’un remarquable dévouement à  son métier et d’une disponibilité sans faille, le sergent-chef VORMEZEELE a effectué plusieurs missions extérieures : la Bosnie-Herzégovine en 2000, le Gabon en 2001, Djibouti en 2001 et 2011, la Nouvelle-Calédonie en 2003, la République de Côte d’Ivoire en 2006, la République Centrafricaine en 2007 et l’Afghanistan en 2008, 2010 et 2011. Le 23 janvier 2013, dans le cadre du « GUEPARD », il est projeté en République de Côte d’Ivoire. Dans la nuit du 27 au 28 janvier, lors de l’opération « SERVAL », il saute en parachute avec son unité sur la ville de Tombouctou au Mali. Commando parachutiste compétent et particulièrement expérimenté, il se révèle une fois de plus à  la hauteur dans cette situation de crise. Le 19 février, peu avant 11h00, des éléments français constitués d’une section de commandos parachutistes, renforcée d’un contrôleur aérien avancé et d’une patrouille blindée en mission de reconnaissance dans le massif de l’Adrar à  une cinquantaine de kms au sud de Tessalit, ont été pris à  partie par des groupes terroristes. Au cours de cet accrochage, le sergent chef VORMEZEELE, sous-officier du groupe de commandos parachutistes du 2e REP de Calvi, a été mortellement touché. Il est le second soldat français à  trouver la mort au combat depuis le lancement de l’opération Serval au Mali. Le sergent-chef VORMEZEELE était titulaire de quatre citations dont trois avec attribution de la croix de la valeur militaire et d’une avec attribution de la médaille d’or de la défense nationale. Le sergent-chef VORMEZEELE était par ailleurs titulaire de la médaille commémorative française avec agrafes « ex-Yougoslavie » et « Afghanistan », de la médaille d’outre-mer avec agrafes « République de Côte d’Ivoire » et « République Centrafricaine », de la Croix du combattant et de la médaille de la défense nationale – échelon or. Agé de 33 ans, il a été tué dans l’accomplissement de sa mission au service de la France. L’hommage de l’exécutif «Le président de la République a appris avec une profonde émotion la mort au combat, ce mardi matin dans le nord du Mali, du chef d’un groupe commando du 2° Régiment étranger de parachutistes de Calvi» écrit l’Elysée dans un communiqué. Le chef de l’Etat y adresse «à  la famille du défunt et à  ses proches ses condoléances attristées et s’associe pleinement à  leur douleur». Par ailleurs, il a rendu hommage au corps militaire français, saluant « le courage et l’abnégation de nos soldats engagés dans la lutte contre les mouvements terroristes aux côtés des forces armées maliennes et des contingents africain». De son côté, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a déclaré que «notre détermination à  combattre les groupes terroristes qui menacent l’intégrité du Mali est totale et nos opérations se poursuivront, sous l’autorité du président de la République

« Et si l’intervention au Mali ouvrait la porte des réformateurs en islam »

Malgré la prise importante et spectaculaire de Tombouctou, l’événement essentiel de ces derniers jours au Mali n’est pas de nature militaire. Il est fait de deux déclarations. L’une est de Chérif Ousmane Haà¯dara, prédicateur célèbre et chef charismatique des « Partisans de la Religion » alias Ansar Eddine, légalisée en 1992, forte de près d’un million de membres au Sahel, dont la plupart au Mali, et totalement étrangère à  son homonyme du même nom qui, liée à  Al-Qaida au maghreb islamique (AQMI), occupe le nord du Mali. Dans cette déclaration on peut lire « AQMI, Ansar Eddine, Mujao : c’est pareil. Ce sont des bandits et des trafiquants de drogue qui utilisent la religion comme couverture « … et un peu plus loin :  » Il va falloir mener une guerre idéologique et dénoncer ceux qui se disent musulmans et qui sèment la mort ». Dà‰NONCENT L’INTERVENTION FRANà‡AISE L’autre, encore plus explicite, est de l’imam Mahmoud Dicko, Président du Haut Conseil Islamique du Mali. Il s’en prend à  quelques autorités musulmanes, dont une du Qatar,qui dénoncent l’intervention française, et déclare tout bonnement : « Nous ne sommes pas d’accord avec cette interprétation, nous pensons que c’est le contraire. C’est la France qui a volé au secours d’un peuple en détresse, qui avait été abandonné pour tous ces pays musulmans à  son propre sort. Nous parler de croisade anti islam, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas accepter en tant que responsables musulmans du Mali ». A ma connaissance ce sont les toutes premières déclarations d’autorités religieuses musulmanes sur ce sujet. C’est en quoi elles sont essentielles. Et comme elles viennent du Mali, il est fort probable qu’elles inspireront les autorités religieuses des pays – Niger, Nigeria, Sénégal, tous musulmans à  plus de 90% – voisins qui ont décidé de soutenir l’intervention française, lorsque celles-ci finiront par être conduites à  commenter les décisions de leurs autorités politiques. Il est décisif en effet, pour que l’intervention française au Mali soit efficace qu’elle reste bien accueillie dans le monde et sur place, et qu’elle reste quasi unanimement soutenue en France. Cela n’est souhaitable et possible que si d’abord elle est bien comprise et bien située parmi les enjeux multiples, complexes et imbriqués qui interfèrent en Afrique. Que s’est-il donc passé ? RETOUR SUR L’HISTOIRE D’UNE CRISE En janvier 2013, du fond de son pays en pleine désagrégation, le président par intérim, musulman, d’une population musulmane à  90% appelle la France à  l’aide. De quoi s’agit-il ? Depuis bien des mois des activistes appartenant à  des populations extérieures, Libye, Tchad, Algérie, Mauritanie peut-être, nomades, touaregs du désert, à  l’enracinement national inconnu sans doute aussi, sont arrivés à  se grouper, à  s’approprier ensemble une part significative des puissants moyens militaires hérités de Khadafi, véhicules et armes, à  proclamer ensemble que quiconque n’est pas disciple du prophète doit être abattu et que pour ce faire la conquête d’un à‰tat pour en faire une base territoriale d’assaut contre les non-croyants est la première priorité. Ainsi s’explique et commence la conquête par ces meurtriers de la moitié nord du Mali. Ainsi se découvre aussi la visibilité d’une offensive préparée contre la capitale Bamako, de ce grand pays à  la faible population. De là  vient l’appel. Très vite, du Niger voisin, du Sénégal à  peine plus éloigné et presque aussi vite de l’immense Nigéria, cent millions d’habitants, à  peine plus lointain – tous majoritairement musulmans – vient le soutien à  l’appel à  l’aide. L’armée du Mali en décomposition comme le pays lui-même ne saurait résister à  l’assaut d’un demi millier de guerriers montés sur une centaine de véhicules et puissamment équipés, notamment d’armes lourdes. Il y faut une vraie armée. LE COLONISATEUR RESPECTAIT LA RELIGION, ET QUE LA FRANCE A UNE ARMà‰E On se souvient de la France. Naturellement ce dont on se souvient là  n’est pas l’ensemble des outrages de l’autorité coloniale aux pouvoirs et aux intérêts économiques locaux… Ce dont on se souvient, c’est que le colonisateur respectait la religion, et que la France a une armée. La France à  ce moment est gouvernée par un nouveau président, que de mémoire historique personne n’a jamais vu aux prises avec des problèmes de cette nature. La France est seule appelée. François Hollande décide seul. L’approbation internationale est immédiate, générale, et vient notamment de beaucoup de pays d’islam. Même notre opposition, surprise peut-être mais convaincue, approuve. Il faut féliciter ici vigoureusement, notre président et aussi nos forces armées, dont les hommes et les chefs furent capables d’un déploiement incroyablement rapide. Car le premier succès est là . Bamako est sauf, les colonnes motorisées rebelles ne sont pas passées et ne passeront pas. Gao et Tombouctou sont reprises. L’affaire n’en est pas terminée pour autant. S’ils ne peuvent probablement plus se motoriser puissamment par groupes nombreux ni déplacer massivement des armes lourdes, des centaines, peut être des milliers d’islamistes radicaux demeurent disséminés en Afrique avec l’intention et, même réduits, des moyens de tuer. Il y faudra d’autres méthodes, d’autres moyens, d’autres hommes à  la foi et à  la langue différente, mais la seule chose certaine est qu’il y faudra bien des mois, sans doute des années. Que défendons-nous dans cette histoire ? Assurément pas des à‰tats: celui du Mali a déjà  disparu ; celui de la Côte d’Ivoire ne vaut guère mieux, les autres voisins sont embryonnaires… guère d’avantage des dirigeants en place, ceux du Mali ont déjà  disparu, leurs remplaçants sont des intérimaires… Nous défendons certes quelques centaines de nos concitoyens, et de maigres reliefs d’intérêts économiques qui furent autrefois coloniaux. Nous défendons surtout, des peuples désireux de vivre en paix et de vérifier que leur religion leur permet parfaitement de respecter et de cohabiter avec ceux qui ne prient pas comme eux. Rà‰FORMER L’ISLAM L’islam fut grand, créateur de culture, de science et de droit, rayonnant. Voilà  cinq siècle qu’il ne l’est plus. Il fut aussi humilié par la colonisation que par l’absence d’usines. Or le développement économique c’est une révolution des comportements. Ce n’est jamais ni spontané ni facile. Au Japon l’ère Meiji fut « musclée ». En chrétienté il est visible qu’il a fallu les succès politiques et militaires de la réforme pour permettre le capitalisme et la démocratie. En islam les à‰tats ont à  peu près toujours réussi à  éliminer ou tuer leurs réformateurs. Il survit depuis dans la crispation et surtout la rigidité. Sur un milliard et demi de croyants quelques petits milliers de ses fils, contrairement à  leur prophète qui ne prêche ni la guerre ni l’extermination des non croyants, en sont venus dans la colère au projet fou de détruire les infidèles. Tous les alliés sont bons pour cela : certains de ces intégristes islamiques ont trouvé dans le désordre sahélien des touaregs indépendantistes et trafiquants, pas du tout arabes et assez peu musulmans. Cela ne change guère le problème. Tant au Moyen-Orient qu’en Afrique, les peuples musulmans, leurs gouvernants et leurs dirigeants qui dans leur quasi totalité veulent vivre en paix, mais sont depuis longtemps perturbés par les ondes de choc de la guerre froide, du pétrole, de l’intégrisme et de quelques autres, sont impuissants à  traiter le problème. Le silence assourdissant des autorités religieuses n’arrange rien. LES TUEURS USURPANT FAUSSEMENT LE NOM DU PROPHàˆTE Il se comprend, devant la profondeur des crises de l’islam d’aujourd’hui, mais il est coupable. Finalement les polices et les armées musulmanes ne seront légitimes à  traquer les tueurs usurpant faussement le nom du prophète que si cette fausseté est religieusement établie. Le Prophète n’a jamais édicté l’ordre de tuer des non croyants, bien au contraire. En urgence et en anticipation de nécessaires décisions religieuses ce sont les pouvoirs civils qui sont en charge. Et faute de pouvoir faire autrement devant un problème devenu militaire ils demandent à  la France son aide militaire pour une mission qui consiste, au Sahel d’abord à  rendre de nouveau possible la cohabitation des chrétiens et des musulmans. Bien au delà  du Sahel, cela concerne toute l’Afrique et notre propre territoire. C’est un problème de civilisation. Dans pareille affaire il n’y a de résultat positif possible que si pendant une longue continuité l’Islam pacifique confirme sa demande et en assume la justification religieuse, et si du côté français la compréhension de cette mission confirme la volonté de l’accomplir jusqu’au bout. L’OPPOSITION N’EST PAS à€ LA HAUTEUR L’opposition politique française avait commencé par approuver. C’était magnifique, c’était montrer qu’elle aussi a le sens de l’état, et qu’elle savait remplir là  une des conditions du succès de la mission. Tout cela n’a pas encore duré huit jours, que déjà  la mise en cause insidieuse apparaà®t. Une phrase indigne de Giscard d’Estaing, surprenante chez lui, nie l’évidence : « c’est une guerre post coloniale »… Un autre incrimine l’impréparation… Comme si l’attaque avait été prévisible. Il faut saluer au contraire la rapidité de riposte dont furent capables les autorités politiques et nos forces armées. Un autre incrimine le coût. Il est encore modeste, surtout comparé à  l’enjeu de civilisation auquel il répond. Tout cela laisse deviner l’incapacité de certains membres de l’opposition à  soutenir des actions qu’ils approuvent lorsqu’elle sont conduites par un gouvernement qu’ils n’approuvent pas. Le contraire s’appelle le sens de l’à‰tat. C’est dommage, grave et dangereux. Dans peu de semaines, les opérations « lourdes » seront terminées et victorieuses. Mais il restera à  reconstruire des à‰tats, à  reformer des forces armées, à  entraà®ner et appuyer des polices. Il y faudra une autre forme de présence, moins coûteuse heureusement. Il y faudra surtout le maintien d’une vraie confiance mutuelle. C’est là  que la cohésion de la très grande majorité des français est nécessaire. C’est là  que l’islam pacifique doit entendre et confirmer l’appel qui lui vient du Mali. C’est à  la France seule qu’il fut fait appel. C’est bien, pourtant, pour des raisons de civilisation, qu’en l’absence de toute défense européenne la Grande-Bretagne, sourcilleuse sur sa souveraineté et en train de quitter l’Europe, décida comme nation de soutenir la France. Comment certains autres osent-ils faire grief à  l’Allemagne de garder de son histoire récente une extrême réticence à  procéder à  des actions armées ? Comment certains osent-ils faire grief à  l’Europe de ne s’être pas mobilisée alors que personne n’a jamais voulu la saisir de compétences dans ce domaine ? La vérité est que le devoir de civilisation n’a pas encore sa place dans le droit international. Mais il faudra bien la lui faire. Les pays d’islam ne sortiront de leur longue crispation qu’au prix de choix et de réformes douloureuses. Il leur y faut une aide extérieure. Pour la première fois certains la demandent. L’action ne pourra être continue que s’ils confirment cette demande. L’enjeu est immense : oublier les croisades pour se battre ensemble pour les droits de l’homme. Bien d’autres nations musulmanes et européennes devraient pouvoir s’y joindre. Elles ne le feront que si elles en comprennent et assument le sens. Michel Rocard , ancien premier ministre, président du conseil d’orientation scientifique de Terra Nova

Quand le MNLA veut piéger la France…

Depuis quelques semaines, le Mouvement National pour la Libération de l’AZAWAD est en train de faire le tour des medias occidentaux et magrébins pour parler de sa volonté de combattre aux côtés de l’opération Serval de la France au Mali contre les islamistes. Il y a un an de cela, ce même mouvement allié aux mêmes groupes islamistes avait déclaré une guerre sans merci à  l’armée malienne au nord. La suite est connue de tous, un tiers du territoire malien occupé, des populations brimées et victimes des pires exactions, le patrimoine culturel détruit et maintenant la guerre… MNLA, le cheval de Troie des islamistes Pourtant, le duo MNLA et Ancardine a fait long feu. N’ayant pas les mêmes aspirations politiques mais revendiquant plutôt l’instauration de la charia, les groupes islamistes ont tôt fait de se débarrasser d’alliés devenus encombrants. Les indépendantistes du MNLA sont chassés de leur « Assawad » fictif par les islamistes suite à  une répression sanglante à  Gao. Evaporés dans la nature, avec ses leaders réfugiés au pays du médiateur de la crise, le Burkina Faso, les « azawadiens » sont retournés à  leur première tribune, les plateaux télé internationaux. Ils veulent à  tout prix revenir dans le jeu d’o๠ils ont été éjectés, surtout depuis le début de l’offensive militaire. Le MNLA souhaite maintenant « prêter main forte à  la France » dans les combats qu’elle livre avec l’armée malienne aux djihadistes. Cette nouvelle position des indépendantistes Touareg est perçue au Mali comme une manœuvre dilatoire et un piège par les Maliens qui les considèrent comme la cause de tous les maux que connaà®t le pays. « La France doit être vigilante » l’opinion malienne a depuis le début de la rébellion touareg en 2012, trouvé que la France accordait trop de crédit et de visibilité à  ses leaders. Yaya Diakité professeur de lycée à  Bamako rappelle que le MNLA a ouvert la porte du nord aux islamistes. Il met en garde les autorités françaises sur la non-représentativité de ce groupe. « Ces rebelles touareg n’ont rien derrière eux si ce n’est leur nuque ». «La France doit être vigilante de ne pas accepter la proposition de ces rebelles touareg au risque de voir la joie malienne pour l’intervention française à  la haine » menace un autre intervenant. Rokiatou Dramé, administratrice sociale affirme qu’ « aucun malien n’acceptera ces rebelles touareg qui ont divisé le Mali. Si la France veut que les maliens continuent à  l’applaudir, elle ne doit pas prêter oreilles aux ragots de ces apatrides et traitres. Pas question d’accepter le MNLA sur la table de négociation. Sinon les maliens nous allons nous lever comme un seul homme pour combattre nos ennemis ».

Hollande et le Mali : quelques voix discordantes à droite et à gauche

« La Constitution dit qu’il peut être organisé un débat sans vote au Parlement dans les prochains jours. Je souhaite qu’il ait lieu rapidement. Nous nous mettrons certainement rapidement d’accord », avec les responsables des deux assemblées reçus lundi soir, a-t-il dit à  la presse en marge d’un déplacement à  Caen. De fait, l’intervention au Mali met tout le monde d’accord, ou presque. L’opposition, en pleine préparation de la manifestation contre le « mariage pour tous », a mis de côté ses griefs ce week-end pour saluer l’engagement des forces françaises, décidé par le président de la République. SOUTIEN A l’UMP ET CENTRE Jean-François Copé a publié un communiqué dans lequel il « apporte son soutien à  la décision prise par le président Hollande d’engager les forces françaises au Mali afin d’entraver l’établissement d’un Etat narcoterroriste ». Le président de l’UMP ajoute, un brin critique : « Il était grand temps d’agir. » Jean-Louis Borloo, le président de l’UDI, s’est joint au chœur : « Je salue l’esprit de responsabilité du président de la République et du premier ministre dans cette situation d’extrême urgence et de danger pour la population malienne et pour les ressortissants français. » Le centriste estime que tous les partis doivent être solidaires : « La décision d’engager les troupes françaises est un acte grave qui nécessite un débat. Même si l’unité nationale ne se décrète pas, le rassemblement des forces politiques qui concourent à  la démocratie est nécessaire dans ces moments-là . » DEUX MESSAGES AU FN Même la présidente du FN Marine Le Pen a appuyé la décision de François Hollande, lundi 14 janvier : « Je la crois légitime », a-t-elle déclaré Marine Le Pen sur RTL. Pas question en revanche de donner un satisfecit global à  la politique étrangère française : « Je pense que le développement des islamistes au Nord-Mali est la conséquence directe de l’action, des choix, des erreurs manifestes, stratégiques, qui ont été faits notamment en Libye et en Syrie. » Jean-Marie Le Pen s’est lui insurgé contre ce déploiement de force : « Nous avons soutenu, avec M. Sarkozy et le soutien du PS, des rebelles djihadistes en Libye, même militairement, considérablement. D’ailleurs, c’est le boomerang : nous retrouvons en face de nous l’armement qu’on a parachuté aux djihadistes de Libye. Idem en Syrie, on souhaite la victoire des djihadistes de Syrie, et on la combat au Mali : comprenne qui pourra, c’est la démarche de la bonne femme saoule qui titube d’un bord à  l’autre de la route. » LA VOIX DISCORDANTE DE DOMINIQUE DE VILLEPIN Une voix discordante s’est tout de même élevée ce week-end, celle de l’ancien premier ministre, Dominique de Villepin. Dans une tribune au Journal du dimanche, il estime qu' »aucune des conditions n’étaient réunies pour décider de cette intervention ». Celui qui fut ministre des affaires étrangères, et partisan de la non-intervention en Irak en 2003, développe son argumentaire : « Nous nous battrons à  l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le Sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique], sont autant de guerres différentes. » Il évoque l’isolement de la France sur ce dossier : « Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide. Eviction du président en mars et du premier ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous ? (…) Nous nous battrons dans le vide, faute d’appui régional solide. La Communauté des Etats de l’Afrique occidentale reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses réticences. » Le texte intitulé « Non la guerre, ce n’est pas la France », s’interroge : « Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? » SOUTIEN ET RESERVES A GAUCHE François Hollande ne bénéficiera pas non plus d’un soutien appuyé sur sa gauche. Jean-Luc Mélenchon a critiqué la position du président. « L’intérêt d’une intervention militaire extérieure pour régler le problème posé au nord du Mali est discutable. En décider alors que les intérêts fondamentaux de la France ne sont pas en cause, selon le chef de l’Etat lui-même, et alors que les troupes africaines sont engagées, est discutable », écrit le leader du Front de gauche dans un communiqué. Il regrette que le Parlement et le gouvernement n’aient pas été consultés. Le PCF aurait souhaité de son côté que l’intervention se déroule « dans le cadre d’une mission de l’ONU et de l’Union africaine, réalisée sous drapeau de l’ONU, par des forces maliennes et africaines, dans le strict respect de la Charte des Nations-Unies, dans les limites imposées par l’exigence de la souveraineté malienne ». « La France, ancienne puissance coloniale, ne peut apparaà®tre comme voulant poursuivre les pratiques dominatrices de la ‘françafrique’. » La méthode choque également Noà«l Mamère qui s’étonne « que le président de la République reproduise les mêmes méthodes que son prédécesseur en ne saisissant le Parlement qu’une fois les opérations lancées ». Le député écologiste rejoint ses collègues communistes dans sa critique : « On a le triste sentiment de revenir aux méthodes anciennes de la Françafrique. S’il y avait un vote au Parlement, je refuserai de participer à  cette mascarade. » Europe Ecologie-Les Verts a une position moins tranchée. Réservé sur la forme, le parti écolo admet la nécessité d’une opération « limitée dans le temps » dans un communiqué : « Conscients de la gravité de la situation, en ayant une pensée pour les otages retenus dans la région, EELV, tout en regrettant que le Parlement n’ait pas été consulté en amont de cette décision, souhaite que l’opération engagée par la France soit strictement limitée dans le temps et que l’armée française laisse très rapidement la place à  une force d’intervention africaine qui aura pour mission de veiller à  la mise en place, en accord avec les populations concernées, d’un processus démocratique et d’une paix durable. » L’EXTRàŠME GAUCHE CONDAMNE EN BLOC Le NPA d’Olivier Besancenot a réagi via un communiqué à  l’annonce de la mise en place de l’opération Serval : « Le NPA dénonce cette intervention militaire impérialiste décidée par Hollande, une fois de plus sur le dos des peuples ! Ce n’est pas de cette façon que les Maliens se libéreront de tous les fondamentalismes. » « Qui a dit que la Françafrique c’était fini ? » s’interroge le parti, qui dénonce un double discours de François Hollande, destiné à  « protéger les intérêts » de la France sur place. La porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, met dans le même sac l’opération avortée en Somalie pour libérer l’otage et l’intervention au Mali. Elle dénonce l’attitude des soldats français, venus libérer « un barbouze », qui « ont assassiné indifféremment preneurs d’otages et civils ». « L’attitude de l’armée française en Afrique, qui se considère là -bas comme en terrain conquis, est révoltante. Troupes françaises hors d’Afrique ! » conclut-elle.

Il est mort pour le Mali !

Le lieutenant Damien Boiteux, 41 ans, a été mortellement blessé vendredi au Mali au cours des combats qui ont opposé l’armée française et les combattants islamistes. Le lieutenant Boiteux était à  bord de son hélicoptère Gazelle au 4ème régiment d’hélicoptères des forces spéciales (4ème RHFS) de Pau, une unité de l’armée de terre relevant du Commandement des opérations spéciales. Il a reçu un éclat dans la jambe qui lui a sectionné l’artère fémorale. Ses obsèques auront lieu samedi à  14h30 à  l’Eglise du Russey dans le Doubs. Né le 24 novembre 1971, Damien Boiteux était pacsé et père d’un fils de 15 ans. Il était militaire depuis 22 ans. Damien Boiteux était franc-comtois, originaire du Russey, dans le haut Doubs. Plus d’infos sur le site du Progrès et de l’Est républicain. En 1991, après son bac à  Pontarlier, il s’était engagé à  l’école nationale des sous-officiers d’active de Saint-Maixent, o๠ses résultats lui permettent d’intégrer l’aviation légère de l’armée de Terre. Depuis son enfance, il rêvait de piloter des hélicoptères. Breveté pilote, il est d’abord affecté au 1er régiment d’hélicoptères de combat de Phalsbourg, puis comme instructeur à  l’école d’application de Dax avant de rejoindre le le 6e régiment d’hélicoptères de combat de Compiègne En 2007, il est sélectionné pour rejoindre le détachement de l’aviation légère de l’armée de Terre des opérations spéciales (DAOS) de Pau, qui se transformera en 4ème RHFS en 2009. En 2008, Damien Boiteux devient officier. Ce pilote de Gazelle était un spécialiste des interventions en milieu désertique de jour comme de nuit. Il a été engagé à  de nombreuses reprises dans des missions extérieures : Djibouti (3 fois), ex-Yougoslavie, Cote d’Ivoire (3 fois), Mauritanie et Burkina Faso (3 fois). (La biographie du lieutenant Boiteux diffusée par l’armée de terre confirme pour la première fois de manière officielle la présence, depuis 2010, de militaires français des opérations spéciales en Mauritanie et au Burkina Faso)

Oumar Daou (Etat major) : « l’armée malienne est en mesure de reprendre Konna »

O๠se cache la vérité sur la situation au centre du Mali ? Konna est-elle vraiment tombée ? La ville a-t-elle été reprise d‘ailleurs ? Pour Oumar Daou, chef militaire de l’Etat major, il faut se garder d’annoncer certaines informations trop vite ! Ce message va à  l’encontre de la presse, dans son ensemble, pour éviter de créer la psychose ou la désinformation ou encore l‘intoxication au sein du peuple malien. C’’était tout l’objet de cette conférence de presse organisée ce vendredi à  la base militaire de Bamako par la DIRPA. Sauf qu’en matière de secrets défense, on ne peut pas tout dire. Les confrères le savent et on bien voulu jouer le jeu en allant écouter les hauts gradés nous dire d‘être prudents. l’armée malienne le sait, et les autorités aussi, il ne faut plus rien cacher au peuple et surtout, ne pas réitérer le «Â gros mensonge dAguel’hoC’ » qui a conduit l’an dernier à  la chute du régime d’ATT et à  la prise du nord Mali… «Â  l’armée malienne est en mesure de reprendre Konan » Aussi, les animateurs de la conférence de presse, même si on n’y a pas appris grand-chose, ont quand même rétabli quelques vérités. La première, C’’est cette volonté d’informer les populations maliennes sur ce qui se passe au centre, depuis que les islamistes ont repris leur offensive contre l’armée. Deuxièmement, bien expliquer le concept harmonisé de la MICEMA, la force africaine de soutien à  l’armée malienne. «Â  Depuis Avril, nous avons jusqu’ici fourni énormément d’efforts et de ressources dans le rééquipement de l’armée malienne, aussi bien et les délais d’intervention ont été revus ». C’’est un euphémisme de le dire, car sur le terrain, la guerre elle a déjà  commencé. Sur Konan, Daou est optimiste : «Â Oui l’armée n’est pas à  Konna actuellement. Mais l’armée est en mesure de reprendre Konna ». La prise de la ville se voit donc confirmée par le responsable militaire, qui demande de se garder de toute exagération. «Â  Nous demandons aux confrères de s’adresser à  la DIRPA pour toute information, nous sommes là  pour ça ». Un changement de stratégie qui intervient à  un momen crucial pour nos forces armées aux prises avec les islamistes. Reste que la presse a jusqu’ici toujours été confrontée au silence assourdissant des autorités militaires. Faut-il se réjouir de cette nouvelle posture ? Pour le Conseiller Technique chargé des opérations auprès du Ministère de la défense et des anciens combattants, Colonel Abdramane Baby, l’aide du peuple est cruciale pour laréussite de la mission de libération du Nord du Mali. «Â Cette conférence a été autorisée par le ministère de la Défence et sachez le, la mobilisation internationale est en cours. Les partenaires sont là  en discussion. Mais certaines infos concernant Konan doivent rester entre les mains de l’opérationnel… » Préoccupations des confrères Quelles forces sont en présence sur le terrain ? Quel est le bilan des affrontements à  Konna ? Comment Konan est-elle tombée ? Que peut la France pour le Mali à  l’heure actuelle après que François Hollande ait déclaré l’Etat d’urgence et promis d’aider le Mali ? Les hommes de la DIRPA se veulent toujours prudents face aux questions des confrères. On savait et on le sait d’autant plus, d es forces étrangères sont à  Mopti. «Â Nigérianes, sénégalaises, françaises », répond le colonel Baby. «Â Par ailleurs, des missions opérationnelles sont en cours sur le terrain et dans le cadre de la résolution ». s’agit-il des avions arrivés la veille à  Mopti ? Les militaires français censés former l’armée sont-ils déjà  sur place ? Sur le bilan de Konna, on n’en saura pas davantage, sinon le maigre espoir qu’une contre offensive de l’armée est en cours, grâce à  des hélicoptères, des blindés. Mais des blessés, il y en a : «Â Comprenez, affirme le colonel Baby, qu’on ne pourra tout vous dire sur ce qui se passe à  Konan, mais nous ferons le point et cela demande du temps ». La veille, des rumeurs avaient parlé elles de camions remplis de cadavres entrant à  Sévaré ou encore de soldats égorgés par les islamistes… La peur a dominé alors à  Sévaré, ville garnison, mais pour les militaires, il faut rester calme. «Â  Le Mali a besoin de l’aide de tous et de son peuple », conclut Baby. La DIRPA, est désormais le relais. A tout journaliste de se référer à  l’institution pour valider, vérifier ou confirmer une information. Nous sommes en temps de guerre !

Ansar Eddine durcit le ton avant de nouvelles discussions avec Bamako

Le groupe islamiste armé Ansar Eddine, l’un des maà®tres du nord du Mali, a durci ses positions, réclamant l’autonomie et la loi islamique pour cette région au sein d’un à‰tat malien proclamé « islamique », avant des discussions avec Bamako le 10 janvier autour du médiateur burkinabè. Défense de l’identité touareg et de la charia (loi islamique) : c’est le coeur de la « plateforme politique » remise le 1er janvier par une délégation d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam) au président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Dans ce document de 17 pages que s’est procuré vendredi le correspondant de l’AFP à  Ouagadougou, le mouvement du charismatique Iyad Ag Ghaly, surtout composé de Touareg maliens comme lui, se livre à  un réquisitoire contre les régimes maliens successifs qui ont traité, selon lui, les habitants du Nord en « citoyens de seconde zone ». Conscient que la communauté internationale est « hostile » à  toute partition du Mali, il affirme renoncer dans l’immédiat à  une sécession, qui était la revendication initiale du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), rébellion touareg laà¯que d’abord alliée puis marginalisée sur le terrain par les islamistes. Il réclame donc une « large autonomie », mais dans le cadre d’un Etat malien qui proclamerait dans sa Constitution son « caractère islamique », au motif que « le peuple malien est musulman à  plus de 95% ». Dans le Nord, l’application « stricte » de la charia est « un impératif non négociable », insiste le groupe. Il justifie les châtiments corporels mais promet de tenir compte de « l’air du temps » dans l’application de certaines dispositions. Nouveau rendez-vous à  Ouagadougou Cette « plateforme » a de quoi hérisser le gouvernement malien, pour lequel le respect de l’intégrité du territoire du Mali et de la laà¯cité de l’Etat sont des pierres angulaires. Si une autonomie du Nord – et non une indépendance – peut a priori ne pas être un casus belli, trouver un terrain d’entente sur la charia paraà®t pour l’heure impossible. Le prochain test sera le 10 janvier: le président Compaoré a invité ce jour-là  les émissaires de Bamako, d’Ansar Eddine et du MNLA à  Ouagadougou pour de nouvelles discussions, a-t-on appris de source proche de la médiation. Il s’agira du second rendez-vous après les premières discussions directes qui s’étaient tenues dans la capitale burkinabè le 4 décembre 2012. Ansar Eddine est l’un des groupes islamistes armés dominant le nord du Mali depuis juin, avec les jihadistes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Tous prônent l’application de la charia, au nom de laquelle ils commettent de nombreuses exactions. Intervention militaire Sous la pression du Burkina Faso et de l’Algérie, les deux pays médiateurs, Ansar Eddine avait annoncé fin 2012 renoncer à  appliquer la charia dans tout le Mali, mais seulement dans ses zones d’influence, un périmètre qui s’agrandit peu à  peu. Il avait également pris, au moins verbalement, ses distances avec Aqmi et le Mujao en rejetant le « terrorisme », et s’était dit disposé au dialogue avec Bamako. Iyad Ag Ghaly avait annoncé jeudi que son groupe retirait son offre de cessation des hostilités, en accusant le pouvoir malien de ne pas être prêt au dialogue. Mais sans fermer la porte à  de nouvelles discussions, désormais fixées à  la semaine prochaine. Le 20 décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution approuvant le déploiement d’une force armée internationale au Mali pour déloger les islamistes armés, sans préciser de calendrier. L’ONU a toutefois indiqué que ce déploiement était programmé par étapes et a appelé les autorités maliennes au dialogue avec les groupes armés rejetant le terrorisme et la partition du Mali. (AFP)

L’ONU donne son feu vert au déploiement d’une force internationale

La résolution ne fixe pas de calendrier précis pour le déclenchement d’une offensive au Nord-Mali afin d’en chasser les groupes islamistes extrémistes qui contrôle cette région depuis six mois. Le texte a été mis au point par la France et était soutenu par les Etats-Unis, le Royaume uni, le Maroc et le Togo. Cette résolution 2085 comporte un volet politique appelant Bamako à  lancer un « dialogue politique pour rétablir pleinement l’ordre constitutionnel », notamment en organisant des élections présidentielles et législatives avant avril 2013. Elle invite aussi les autorités maliennes de transition à  engager des négociations « crédibles » avec les groupes présents dans le nord du pays, essentiellement les Touareg, qui se dissocieront des « organisations terroristes » contrôlant cette région dont Al-Qaida au Maghreb islamique et Mujao. Sur le plan militaire, il s’agira d’abord, parallèlement aux efforts de réconciliation politique, de reconstruire l’armée malienne et d’entraà®ner les troupes panafricaines qui feront partie de la force — appelée Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) — afin de les rendre prêtes à  reconquérir le Nord. Mais il faudra que le Conseil de sécurité s’estime « satisfait » de l’état de préparation de cette force, à  partir de certains critères précis (entraà®nement, efficacité de la structure de commandement, équipement, adaptation au terrain) avant qu’elle puisse se déployer au Nord. Des responsables de l’ONU et des diplomates estiment que la reconquête de cette partie du pays ne pourra en tout état de cause pas commencer avant l’automne 2013, pour des raisons climatiques et de préparation.

Mali: Paris et l’Afrique veulent aller vite, Washington freine

« Les Etats-Unis ne sont pas satisfaits des préparatifs de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) pour cette mission, ils n’ont pas confiance dans la capacité des troupes africaines et de l’armée malienne à  faire le travail », a expliqué un diplomate occidental. Washington, explique-t-il, « voudrait deux missions différentes: une pour soutenir l’armée malienne et faciliter le dialogue politique, et une autre pour combattre les groupes terroristes » comme Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont pris le contrôle du nord du Mali. Bamako et la Cédéao ont soumis à  l’ONU des plans pour une force internationale de 3.300 hommes et demandent au Conseil de sécurité d’autoriser rapidement son déploiement. Le Conseil doit se prononcer sur la base d’une résolution préparée par la France, qui espère son adoption avant Noà«l. Pour le secrétaire d’Etat américain adjoint aux affaires africaines Johnnie Carson, qui témoignait mercredi devant une commission du Sénat, les plans de la Cédéao « ne répondent pas à  plusieurs question essentielles », dont les « capacités des forces maliennes et internationales de réaliser les objectifs de la mission » et son financement. Lors de consultations à  huis clos mercredi au Conseil, la France et les pays africains, notamment l’Afrique du sud, ont poussé à  une adoption rapide de la résolution. Le texte, qui doit être soumis par Paris à  ses 14 partenaires en début de semaine prochaine, autorisera l’envoi à  Bamako de la force, baptisée Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Des instructeurs européens s’efforceront de rebâtir l’armée malienne, en piteux état, en prévision d’une reconquête du nord qui ne pourra pas commencer avant l’automne 2013, selon le patron des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous. « Poker » Parallèlement, la résolution appellera à  un dialogue national à  Bamako et à  une réconciliation entre le gouvernement malien et les touaregs sécessionnistes du Nord. Washington traite cette crise comme « un problème de terrorisme », déplore un diplomate qui souligne cependant que tout le monde s’accorde sur la menace que fait peser la présence au Nord-Mali de groupes comme Aqmi. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a publié de son côté un rapport o๠il souligne abondamment les risques de l’opération, notamment en termes de violations des droits de l’homme, ce qui a refroidi les ardeurs guerrières et fortement irrité les Africains. Dans ces conditions, les tractations autour de la résolution risquent d’être ardues même si, souligne un diplomate occidental, il n’y a « pas d’objection fondamentale à  l’approche française, en dehors des Etats-Unis ». Au final, affirme un autre diplomate, « il y aura une résolution autorisant la force mais ça va être compliqué ». « C’est un jeu de poker, les Américains ne vont pas mettre leur veto », ajoute-t-il. Les autres Européens du Conseil, Royaume uni et Allemagne, sont en faveur de l’autorisation, avec des précautions comme une priorité donnée à  la réconciliation politique sur le volet militaire, et Russie et Chine ne devraient pas s’y opposer. Des questions se posent cependant sur le passage de la phase d’entraà®nement à  la reconquête du nord, ou sur le financement d’une opération qui devrait coûter au moins 200 millions d’euros. Paris a demandé au secrétariat général de l’ONU d’estimer une éventuelle aide logistique de l’ONU à  l’opération, qui serait aussi financée par l’Union européenne, les Etats-Unis et la France.

Mali: 3.300 soldats seront déployés par La Cedeao

Depuis dimanche 12 novembre 2012, les pays de l’Afrique de l’Ouest ont convenu de déployer 3 300 soldats pour aider à  reprendre le contrôle du nord du Mali. Une partie du pays, o๠les extrémistes islamistes se sont imposés il y a un peu plus de six mois. Ce déploiement qui va durer un an va intervenir dès validation par l’ONU du projet d’intervention élaboré par les experts africains, onusiens et européens réunis à  Bamako la semaine dernière. A cet effet Alassane Ouattara actuel président de l’organisation a dit espérer une approbation pour fin novembre ou début décembre du conseil de sécurité, qui permettrait aux troupes d’être sur le terrain quelques jours plus tard. Les troupes viendraient essentiellement du Nigeria, du Niger et du Burkina Faso. Il pourrait aussi y avoir une contribution venant d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest et de certains pays non-africains en renfort d’environ 5000 militaires maliens. Le Tchad risque aussi d’être présent bien que jusqu’ici le pays n’ait pas encore donné sa réponse. Selon le communiqué final de la réunion extraordinaire, les dirigeants africains ont adopté un plan appelé «Concept harmonisé des opérations pour le déploiement de la force internationale conduite par l’Afrique». Ce plan doit être transmis à  l’ONU avant le 26 novembre, via l’Union africaine. Dans ce document qui a été publié pour l’occasion, le dialogue reste l’option préférée pour la résolution de la crise politique au Mali. Toutefois, en ce qui concerne la situation sécuritaire, l’usage de la force s’avère indispensable contre les réseaux terroristes et de criminalité transnationale qui menacent la paix et la sécurité internationales. D’ici là , les négociations se poursuivent, notamment à  Ouagadougou, entre les autorités burkinabè et une délégation du groupe islamiste armé Ansar Dine. Il faudra également régler la question du financement de cette éventuelle intervention militaire. Depuis que des combats ont éclaté dans le nord du Mali en janvier dernier entre les forces gouvernementales et les rebelles liés à  al-Qaà¯da, le pays est confronté à  des problèmes de sécurité ainsi qu’à  des problèmes économiques, politiques et humanitaires.

« Réconciliation nationale” version malienne ?

La position de l’Algérie face à  la virtualité d’une intervention militaire au Nord-Mali est trop subtile pour que nous puissions la comprendre. C’’est pour cela que notre gouvernement ne prend pas la peine de nous l’expliquer. Ceux qui n’ont pas le privilège d’accéder “aux sources officielles qui ont requis l’anonymat” sont alors réduits à  guetter les déclarations de Laurent Fabius et d’Hillary Clinton pour tenter de saisir la profondeur du point de vue national. Après avoir été opposé à  cette intervention, notre pays s’est donc montré plus compréhensif. Il convient finalement d’une solution militaire aux conditions que soit préalablement tentée une solution politique, que son armée ne soit pas sollicitée pour opérer hors de nos frontières et que nulles troupes étrangères ne stationnent ou transitent par notre territoire. Mais à  part cela, l’Algérie a participé, à  Bamako, à  une réunion autour des aspects stratégiques concernant l’intervention au Nord et à  une réunion d’experts pour la définition de ses aspects opérationnels. Ce qui nous replonge en plein mystère. Malgré cela, et aux dires des analyses “sourcées” des confrères, Hillary Clinton se serait déplacée à  Alger pour enregistrer notre position et pour nous dire qu’elle la comprend. Et tout en signalant l’utilité de notre expérience “unique” et le caractère déterminant de notre potentiel de lutte antiterroriste, elle serait repartie sans rien nous demander de spécial. Du coup, les pressions de moyenne puissance de la France perdraient de leur effet devant la compréhension de l’hyperpuissante Amérique. Il faudrait donc noter la réalisation diplomatique qui aboutit à  redessiner, à  notre avantage, le rapport de force international autour de l’idée d’intervention au Nord-Mali. N’est-ce pas ? Sauf que l’intervention a été décidée. La France l’a voulue, l’à‰tat malien, malgré son piteux état, l’a demandée, la Cédéao, malgré la faiblesse de ses moyens, s’y prépare et le Conseil de sécurité l’a avalisée. En en précisant les délais de préparation. Du point de vue international, “la solution politique” préconisée par l’Algérie est donc bien dépassée. Pour l’Europe et pour les à‰tats-Unis, le Nord-Mali est bien en phase de se transformer en base terroriste. Et s’il y avait moyen de “solution politique” avec Al-Qaà¯da, il l’aurait justement démontré. Douze des concessions unilatérales ne sont pas parvenues à  nous soulager de la menace et de la nuisance des groupes islamistes. Seule l’efficacité coûteusement accumulée de nos forces de sécurité a permis de réduire progressivement la capacité de nuisance des groupes islamistes qui continuent à  faire ce qu’ils peuvent en matière de crimes. Bien sûr, la question Azawad est une question politique. Qui appelle certainement “une solution politique”. Mais maintenant qu’Ansar Eddine est homologué pour s’exprimer dans la presse algérienne, voici ce qu’a déclaré son porte-parole qui vient de concéder une interview à  un site algérien d’information : “Ceux qui veulent combattre Al-Qaà¯da doivent se tourner vers la religion et là , se demander s’ils doivent combattre Al-Qaà¯da, la religion.” Il paraà®t que pour la paix au Sahel, il serait incontournable de négocier avec ce partenaire. Comme “la réconciliation” avec les éléments du GSPC le fut pour la paix en Algérie.

Johnnie Carson :  » Le gouvernement doit tendre la main aux Touaregs »

SlateAfrique – Comment les Etats-Unis peuvent-ils aider le Mali? Johnnie Carson – Les Etats-Unis essayent de trouver des solutions pour collaborer avec les Etats de la région, les organisations régionales, les pays amis comme la France, la Belgique et l’Union européenne, afin d’aider dans la mesure du possible le Mali, afin qu’il puisse faire face à  la crise politique et humanitaire qui le frappe. Nous allons également encourager le Mali à  avancer sur la voie de la réforme démocratique. Les Etats-Unis avaient pris des mesures coercitives à  l’encontre du Mali. En effet, la loi américaine exige de ne fournir de l’assistance qu’à  un gouvernement légitime et démocratique. A la suite du coup d’Etat de mars 2012, nous avons réduit toutes les aides au développement à  caractère non humanitaire au Mali. Nous avons conservé un certain nombre de programmes mis en place comme les programmes de prévention du VIH/sida, du paludisme mais aussi continué à  fournir des médicaments. Il est nécessaire de préserver ce type d’assistance, afin de ne pas pénaliser les malades. Nous avons adopté la même politique pour les programmes agricoles s’ils sont nécessaires à  la population. l’un des défis que le Mali doit relever est humanitaire. La sécheresse et l’insécurité alimentaire ont été aggravées par les mouvements massifs de population, C’’est pourquoi nous avons maintenu nos programmes de sécurité alimentaire. Nous avons également mis fin à  la construction d’une piste d’autoroute à  Bamako, et le terminal que nous avions débuté, nous ne l’avons pas achevé. La construction a été interrompue car ce projet n’est pas de nature humanitaire. Nous avons coupé toutes nos aides militaires, interrompus tous nos programmes «Peace corps» (coopérants) et tous ceux qui n’étaient pas de nature humanitaire. Plus de 400 millions de dollars ont été investis au Mali et dans plusieurs autres pays depuis les problèmes qui affectent la région depuis ces 12 derniers mois. Nous avons également sanctionné le capitaine Sonogo (auteur du coup d’Etat de mars 2012) et d’autres dirigeants maliens sont interdits d’obtention de visa des Etats Unis: ils ne sont pas non plus autorisés à  d’entreprendre des transactions financières qui impliquent les Etats-Unis. Il est important de maintenir une pression, afin que les militaires ne soient pas engagés dans la politique au Mali. La politique n’est pas du ressort des militaires. SlateAfrique – Vous proposez de négocier avec les Touaregs, mais ceux qui sont prêts à  négocier ont été marginalisés militairement. Est-ce vraiment efficace de négocier avec les mouvements qui ont été marginalisés? Johnnie Carson – Il y a deux approches: le gouvernement doit tendre la main aux Touaregs et aux autres communautés marginalisées dans le nord et de leurs dirigeants qui ne sont pas, je le souligne, des salafistes ou des terroristes. Il faut inciter ces groupes à  négocier avec le gouvernement, mais un gouvernement qui reconnaà®t qu’il doit améliorer le quotidien de ces populations du nord, plus qu’il ne l’avait fait auparavant. s’assurer qu’il y ait un engagement à  respecter les promesses d’intégration politique et de développement économique. Il est crucial de savoir que le gouvernement s’engage dans la construction des écoles, des cliniques ou des infrastructures gouvernementales, et qu’il s’y tiendra. La deuxième approche concerne la communauté malienne, en plus d’aider leur pays et les communautés régionales à  chasser les terroristes, la population doit également s’engager à  aider le gouvernement à  respecter toutes les promesses de développement faite à  l’encontre des Touaregs. SlateAfrique – Est-il possible de trouver une solution à  la crise malienne sans l’aide de l’Algérie? Ce pays n’est il pas la «grande puissance» régionale? Johnnie Carson – l’Algérie est un pays important au Maghreb, et un acteur clé car, il partage la deuxième plus grande frontière avec le Mali. Les populations qui vivent dans le sud de l’Algérie et celles du nord du Mali ont beaucoup de point commun: le Sahara, les Touaregs, les Arabes contribuent à  l’économie de la région en effectuant des va-et-vient de chaque côté de la frontière. On souhaite que l’Algérie puisse jouer un rôle positif et utile pour résoudre la crise malienne. Il est dans l’intérêt de l’Algérie d’incarner ce rôle, vu la longueur de la frontière qu’elle a en commun avec le Mali, la population qu’elle partage avec le Mali mais aussi les relations commerciales qui existent entre ces deux pays. l’Algérie a un poids considérable dans la région et C’’est très important. Ses préoccupations doivent être prises très au sérieux. On souhaite qu’il soit un acteur majeur dans la résolution de cette crise en phase avec la Cédéao (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et les autres communautés régionales et nationales. SlateAfrique – Barack Obama ne s’est rendu qu’une seule fois en voyage officiel en Afrique lors son mandat, le continent intéresse-t-il les Etats-Unis? Johnnie Carson – Le président des Etats-Unis est profondément et passionnément intéressé par l’Afrique. Notre intérêt pour l’Afrique est de nature historique, économique, commerciale et politique. Barack Obama a eu un calendrier serré. Il a donné la priorité à  l’économie américaine qui a présenté de nombreux défis en raison de la crise économique dans laquelle nous sommes plongés actuellement. SlateAfrique – Le président américain a effectué son discours phare à  Accra, au Ghana, le 11 juillet 2009. Comment expliquer qu’il ne se soit pas rendu au Nigeria? Est-ce à  dire que le Nigeria n’était pas considéré comme aussi démocratique que le Ghana? Johnnie Carson – Il a confié la responsabilité des Affaires étrangères à  Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat. En trois ans et demi, elle s’est rendue à  deux reprises au Nigeria, o๠elle a rencontré le président Goodluck Jonathan. En outre, avant la mort de Umaru Musa Yar’Adua en août 2009 (l’ex-président décédé avant le terme de son mandat), je me suis rendu au Nigeria. SlateAfrique – Pourquoi le Nigeria est-il un partenaire aussi important? Johnnie Carson – Il existe au moins une dizaine de raisons qui expliquent en quoi le Nigeria est un interlocuteur essentiel pour le président américain: le Nigeria possède la population la plus importante du continent avec ses 160 à  170 millions d’habitants. C’’est le plus grand pays d’Afrique. Le Nigeria est le 6e pays o๠l’on trouve la plus forte population musulmane du monde, l’Egypte est le premier pays africain mais devrait bientôt être supplanté par le Nigeria. Ce pays est le cinquième pays exportateur de pétrole. D’ailleurs le Nigeria est l’un des plus grands partenaires commerciaux des Etats-Unis en Afrique. s’ajoute à  cela le fait que les Etats-Unis investissent énormément au Nigeria. Enfin, nous partageons des liens historiques, politiques qui contribuent à  perpétuer nos intérêts communs.

Clinton pousse Alger sur la voie d’une opération au Mali

La visite de Hillary Clinton ce lundi en Algérie n’a officiellement pas d’objectif précis. Dans les faits, la rencontre de la secrétaire d’à‰tat avec le président Abdelaziz Bouteflika sera consacrée pour une large part à  la situation au Mali. Washington veut convaincre Alger du bien-fondé d’une intervention militaire dans le nord du Mali et obtenir son accord pour déloger les terroristes d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Puissance militaire et diplomatique régionale, l’Algérie a un rôle clé dans la crise malienne. D’une part car les autorités algériennes possèdent des renseignements de première main sur Aqmi, dont la plupart des cadres sont issus du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), un mouvement algérien actif durant la guerre civile. D’autre part grâce aux liens forts qu’Alger entretient avec les leaders touaregs maliens. Enfin parce que l’Algérie possède 2000 kilomètres de frontières avec le Mali, par lesquels transite la majorité des biens, en particulier l’essence, dont a besoin le «Malistan». «Ce dernier point est le plus important», souligne un diplomate français. Au départ hostile à  voir des troupes dans ce qu’elle considère comme son pré carré, l’Algérie a fini par infléchir sa position. Alger aurait désormais donné son accord tacite à  l’opération à  condition qu’elle ne comporte que des troupes africaines. Signe de cette évolution, des militaires algériens participeront, les 3 et 4 novembre, à  une réunion de planification avec leurs homologues ouest-africains même si une participation directe des Algériens reste exclue. Pour une solution politique Les points de vue ne sont pas pour autant accordés. Les Algériens estiment ainsi que la solution au problème malien est avant tout politique. Ils demandent qu’un plan pour l’avenir des populations du Nord soit adopté avant toute opération. Contrairement à  la France, ils n’écartent pas non plus le dialogue et particulièrement avec les Touaregs d’Ansar Dine, qu’ils considèrent avant tout comme des nationalistes. Ce groupe islamiste, dirigé par Iyad ag Ghaly, un très proche des Algériens, est l’un des principaux acteurs au nord du Mali. «Les Algériens pensent qu’Ansar Dine peut rejoindre dans son ensemble le front antiterroriste», indique, dubitatif, un spécialiste français du dossier. Les à‰tats-Unis n’excluent pas non plus qu’Ansar Dine puisse tenir un rôle. Washington partage avec Alger une autre divergence d’avec Paris: le timing. Alors que la France entend intervenir le plus tôt possible, les Américains veulent prendre leur temps. «Une telle opération doit être préparée, bien financée et bien renseignée», ne cesse de répéter Johnnie Carson, du département d’à‰tat. C’est sur ce dernier point, le renseignement, que Hillary Clinton souhaite le plus l’aide des Algériens, qu’elle voudrait également voir plus souples sur l’avenir du nord du Mali. Seule certitude, les à‰tats-Unis, longtemps prudents sur le sort du Mali, sont clairement engagés. Le remplacement annoncé du général Ham par l’expérimenté général Rodriguez à  la tête de l’African Command sonne comme une preuve de plus.

Comment la France planifie l’intervention au nord du Mali

L’opération militaire destinée à  reconquérir le nord du Mali occupé par des groupes islamistes liés à  al-Qaida n’est plus, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, «qu’une question de semaines». Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné 45 jours aux pays d’Afrique de l’Ouest pour proposer un plan concret d’intervention. Poussée par la France, l’Union européenne proposera dans les mêmes délais un projet de gestion de crise. Après, la voie sera libre. «Si on rate la fenêtre météo, nous serons obligés d’attendre un an», prévient une source proche du dossier. Tout doit être largement engagé avant la fin du mois de mars, date du début de la saison des pluies. Concrètement, dans l’entourage de Jean-Yves Le Drian, on planche sur un programme en trois phases: un, stabiliser le sud du Mali et protéger Bamako dès la fin du mois de novembre ; deux, mettre en place la formation des armées africaines en janvier ; trois, amorcer la reconquête du nord début mars au plus tard. Officiellement, ce sont les armées africaines qui mèneront l’opération. Bien qu’étant désigné comme l’ennemi principal par Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique), Paris, qui prétend rompre avec les habitudes passées de la «Françafrique» et ne veut pas se voir reprocher une nouvelle fois son passé colonial, refuse d’être en première ligne. La France se cache derrière l’Europe, elle se pose en soutien des pays africains qui seront assistés dans la planification et la logistique et promet qu’il n’y aura «pas de troupes au sol». Trois mille hommes Les autorités françaises communiquent plus discrètement sur les forces spéciales à  pied d’œuvre dans la région, dont la mission est indépendante du calendrier officiel. Elles se préparent à  intervenir en amont pour fournir du renseignement et guider les forces africaines sur place. Elles pourraient agir plus rapidement encore si les intérêts de la France ou la vie des otages venaient à  être menacés. Comme en Libye et en Côte d’Ivoire en 2011, des moyens clandestins sont mis en place pour épauler les forces locales, notamment l’armée malienne, sous-équipée et démoralisée après sa défaite contre les islamistes. Dans l’ombre, Paris a aussi pris en charge l’élaboration du programme d’intervention qui doit être proposé par les pays de l’Ouest africain. Restés jusque-là  en retrait sur le dossier du Sahel, les à‰tats-Unis ont changé de posture après l’attaque commise contre leur représentation diplomatique à  Benghazi, le 11 septembre dernier, qui s’est soldée par la mort, dans des «conditions atroces», de leur ambassadeur Chris Stevens. «Le Sahel est devenu un enjeu pour eux. Ils veulent désormais être associés de manière plus étroite à  l’intervention», confirme un proche du ministre français de la Défense, lequel s’est longuement entretenu du sujet avec son homologue américain, Leon Panetta. Les Américains, qui ont des drones armés dans la région, n’excluent plus d’intervenir directement au nord du Mali, en menant par exemple des frappes aériennes ciblées. Tous les détails de l’opération militaire ne sont pas encore réglés. Si les pays africains doivent normalement fournir 3000 hommes, la liste des à‰tats qui participeront à  l’intervention contre les combattants islamistes, qui sont armés de lance-missiles et de lance-roquettes, n’est pas encore finalisée. Pas plus que le règlement politique. Or tous les pays candidats en sont conscients: sans solution diplomatique durable, l’intervention militaire ne sera pas suffisante pour régler le problème d’Aqmi au Sahel.

Mourad Medelci : » L’Algérie a toujours affirmé son intention de lutter contre le terrorisme… »

Mourad Medelci a été reçu vendredi 18 octobre, par Tiéman Hubert Coulibaly, son homologue malien à  Koulouba pour évoquer la situation au Mali et dans la sous-région. Cette rencontre s’inscrit dans la suite d’une discussion qui avait commencé entre les deux personnalités tout récemment à  New York aux USA. Discussion qui a été initiée par les plus hautes autorités des deux pays. Monsieur Medelci a exprimé qu’il est confiant pour le développement du dialogue entre maliens et l’existence de moyens plus efficaces pour lutter contre le terrorisme, à  savoir la lutte contre le sous – développement. Il dit croire en l’efficacité de ce combat. Le chef de la diplomatie Algérienne reconnait la nécessité de la conjugaison des efforts des pays limitrophes du Mali pour trouver la meilleure solution. Son pays mise sur la rencontre de Bamako pour apporter sa contribution positive à  trois dimensions. La première porte sur la dimension politique, la seconde sur l’aspect humanitaire et la troisième sur le partage d’informations sur la lutte contre le terrorisme. l’Algérie veut rendre ce troisième point cohérent entre les pays concernés C’’est-à -dire ceux du Champ ( Niger, Mauritanie, Algérie) En l’interrogeant sur la question portant sur la position de l’Algérie par rapport à  une intervention militaire au Nord du Mali, le ministre Algérien des Affaires Etrangère Mourad Medelci a répondu : «Â Si l’intervention au nord du Mali a pour objectif la lutte contre le terrorisme, l’Algérie s’est déjà  exprimé sur ce sujet et elle a déjà  dit, je le confirme son intention de persévérer dans la lutte par tous les moyens contre le terrorisme. Mais nous considérons cela comme un objectif important qui ne doit pas faire oublier que pour bien lutter contre le terrorisme, il faut également refaire l’unité nationale du Mali autour de la fraternité, de la réconciliation et mobiliser l’ensemble des Maliens qui veulent construire le Mali de demain. » l’audience a pris fin par la remise de cadeaux que le ministre des affaires étrangères d’Algérie a offert à  son homologue du Mali, Tieman H Coulibaly. l’emballage masquait des livres sur l’Algérie.