Ghana : Adieu John, vive John

Le monde entier compatit à  la douleur des ghanéens qui ont perdu leur président. John Atta Mills, qui dirigeait le pays depuis 2009, est décédé hier à  68 ans des suites d’une très courte maladie. Les messages de condoléances se sont succédé dès l’annonce de sa mort, faite dans le courant de l’après-midi du 24 juillet par la présidence ghanéenne. Le communiqué ne précise pas les circonstances du décès du président mais parle seulement d’une maladie de « quelques heures ». Mais selon plusieurs sources essentiellement proches de la famille, il aurait été foudroyé par une crise cardiaque. Des rumeurs parlaient il y a quelques mois d’un cancer de la gorge. JAM, le visionnaire Le choc est immense au Ghana. Depuis ce mardi soir, C’’est une ambiance de tristesse qui règne dans les rues de la capitale Accra o๠un seul sujet domine les conversations, la disparition du président. Personne ne s’y attendait, même si l’homme avait quelques soucis de santé, bien normaux pour ses presque 70 printemps. John Atta Mills avait en effet fêté son anniversaire le 21 juillet dernier. Né à  Tarkwa, il a fait des études supérieures chez lui au Ghana puis en Grande Bretagne o๠il a obtenu un doctorat en études orientales et africaines de la School of Oriental and African Studies (SOAS) de l’Université de Londres. Il enseigna ensuite le droit à  l’Université Stanford avant de rentrer offrir ses services à  l’Université du Ghana. Mû par une grande ambition pour son pays dont il voulait faire une nation émergente, démocratique et économiquement puissante, JAM, comme l’appelaient ses compatriotes était un visionnaire. Celui qui voulait rendre son pays meilleur « Better Ghana » le quitte en pleine croissance, essentiellement portée par le pétrole dont le Ghana est devenu troisième producteur africain il y a quelques années. Sur le plan de la gouvernance également, le pays est l’un des plus avancé sur le continent, ce qui lui a valu de recevoir la toute première visite du président américain Barack Obama en Afrique après son élection en 2008. Des élections générales sont d’ailleurs prévues pour la fin de l’année. John Atta Mills que l’on surnommaient aussi « the Prof » souhaitait briguer un second mandat. Strict respect de la Constitituon Ce décès prématuré a été l’occasion, si besoin en était, pour le Ghana de montrer sa maturité démocratique. Alors que les conflits socio-politiques secouent de nombreux pays sur le continent, dont le Mali, le Ghana s’est doté, dans le calme et le respect de la Cconstitution, d’un président intérimaire. C’’est le vice-président John Dramani Mahame qui a immédiatement prêté serment pour diriger le pays jusqu’à  la présidentielle prévue en décembre. La cérémonie s’est déroulée devant une session extraordinaire du Parlement quelques heures après la mort du chef de l’Etat.Une nouvelle preuve de bonne conduite de ce pays présenté comme un rare exemple de démocratie en Afrique de l’Ouest. Pour la petite histoire, John Atta Mills avait succédé à  John Kufuor, lui-même avait eu comme prédécesseur un certain…John Jerry Rawlings. Le prochain John candidat à  la présidentielle sera l’homme à  suivre…

Discours d’ Obama à Accra : « l’Afrique a besoin d’institutions fortes ! »

Prononcé depuis le centre International de conférence d’Accra, le discours de Barack Obama est révélateur d’une Amérique ouverte sur le monde, et non plus enfermée dans ses obsessions sécuritaires. Opérant une rupture avec son prédecesseur, Obama veut responsabiliser les africains sur leur propre sort. Seuls responsables de leur bonheur, c’est en partenaires stratégiques qu’ils doivent aujourd’hui se positionner pour peser dans l’échiquier mondial : Et pour appuyer l’essence de ce discours qui mentionne aussi la jeunesse, Obama s’appuie sur l’exemple du Ghana comme modele de stabilité politique et de démocratie, justifiant aussi le choix de ce pays, pour sa premiere visite en Afrique Subsaharienne : Extraits : ‘Je suis venu ici au Ghana pour une raison simple: Le 21e siècle ne sera par ce qui se passe à  Rome, à  Moscou ou à  Washington, mais aussi par ce qui se passe à  Accra ou ailleurs en Afrique… Nous vivons une époque o๠les frontières entre peuples sont etroites Votre prospérité contribue aussi la prospérité de l’Amérique. Votre santé et votre sécurité est aussi la notre. Et la force de votre démocratie peut aider à  promouvoir les droits de l’homme pour les peuples du monde. Donc, je ne vois pas le pays et les peuples de l’Afrique comme un monde à  part, je vois l’Afrique comme un élément fondamental de notre monde interconnecté … et en tant que partenaires de l’Amérique, ceci pour assurer l’avenir de nos enfants. Ce partenariat doit être fondé sur la responsabilité mutuelle et de respect mutuel. Nous devons commencer par ce principe : ‘ l’avenir de l’Afrique appartient aux Africains ! Mon père a grandi dans un petit village du Kenya, loin des universités américaines, o๠il est venu pour recevoir une éducation. Les luttes de son propre père ont donné naissance à  de nouvelles nations, en commençant ici, au Ghana. Les Africains ont été pourl’éducation et l’affirmation de soi avec de nouveaux moyens, et l’histoire, je vous le dis, est en mouvement. Dans de nombreux endroits, l’espoir de la génération de mon père a cédé la place au cynisme, même au désespoir. Maintenant, il est facile de pointer du doigt et à  cerner la responsabilité de ces problèmes sur les autres. Oui, une carte coloniale a contribué à  élever les conflit. Et L’Occident a souvent abordé l’Afrique source de ressources plutôt que comme partenaires. Mais l’Occident n’est pas responsable de la destruction de l’économie zimbabwéenne ou des guerres dans lesquelles les enfants sont enrôlés comme combattants. Dans la vie de mon père, il a été en partie le tribalisme et le clientélisme et le népotisme dans l’indépendance du Kenya, qui pour une longue période de sa carrière a déraillé, et nous savons que ce type de corruption est encore une réalité quotidienne pour de nombreux pays. Maintenant, nous savons que c’est pas toute l’histoire. Ici, au Ghana, vous nous montrez un visage digne de l’Afrique, qui est trop souvent négligé par un monde qui ne voit que la tragédie ou la charité. Le peuple du Ghana a travaillé dur pour instaurer une démocratie solide, avec les transferts pacifique du pouvoir, même dans le sillage des élections contestées de près. Et en passant, je dirai que la minorité mérite autant de crédit que la majorité. Avec l’amélioration de la gouvernance et une société civile naissante, l’économie du Ghana a montré des taux de croissance impressionnants. [bJe crois donc que ce moment est tout aussi prometteur pour le Ghana et l’Afrique comme le moment o๠mon père est venu et de nouvelles nations sont entrain de naà®tre.] Seulement, cette fois, nous avons appris que ce ne seront pas des géants comme Nkrumah et Kenyatta qui vont déterminer l’avenir de l’Afrique. Ce seront des hommes et des femmes comme vous, ici au parlement du Ghana – Ce seront des jeunesdébordant de talent et d’énergie et d’espoir qui pourront prétendre à  l’avenir que les générations précédentes n’ont jamais pu réaliser. Maintenant, pour réaliser cette promesse, nous devons d’abord reconnaà®tre que vous avez donné vie au Ghana: le développement dépend de la bonne gouvernance. C’est l’ingrédient qui fait défaut dans beaucoup d’endroits et depuis trop longtemps. Seul le changement peut débloquer le potentiel de l’Afrique. Et c’est une responsabilité qui ne peut être satisfaite que par les Africains. Quant à  l’Amérique et l’Occident, notre engagement ne doit plus être mesurée par les dollars que nous dépensons. J’ai promis des augmentations substantielles dans notre aide exterieure et qui est dans l’intérêt de l’Afrique et de l’Amérique. Le véritable signe de réussite n’est pas de savoir si nous sommes une source perpétuelle de l’aide mais de savoir si nous sommes ds partenaires dans notre capacité de changement et de transformation…