Bénin : nouveau gouvernement sans premier ministre

Le président béninois Thomas Boni Yayi a rendu publique dimanche soir la liste de son nouveau gouvernement. Trois jours plus tôt, il avait mis fin brutalement aux fonctions de l’ensemble de la première équipe de son second mandat. « Des désaccords opposaient le président Boni Yayi et le Premier ministre » (Pascal Iréné Koukpaki), explique un proche du président béninois pour expliquer que ce poste ait été supprimé. La fonction de Premier ministre n’est pas inscrite dans la Constitution béninoise. Ce nouveau gouvernement comporte 26 membres comme le précédent, mais il ne comporte plus de poste de Premier ministre. 13 membres du gouvernement précédent sont reconduits et parmi les nouveaux entrants il y a cinq femmes et un nouveau ministre à  la tête du ministère de la Défense, jusque-là  conduit par le président lui-même. « A travers ce nouveau gouvernement, le président Boni Yayi a congédié trois personnalités dites importantes du régime (Pascal Koukpaki, Kogui N’Douro et Reckya Madougou). Ce qui constitue un signal fort pour les autres », a affirmé un proche du président Boni Yayi. La proximité présumée de deux des trois « poids lourds » du régime (MM. Koukpaki et Madougou) avec l’homme d’affaires Patrice Talon est la raison de leur départ, indique un conseiller technique du président. M. Talon est accusé d’avoir été le cerveau d’un complot présumé visant à  empoisonner le président Boni Yayi.

Edito : Remaniement ministériel, à quoi joue donc ATT ?

En France, la presse peut enfin s’en donner à  C’œur joie. Enoncer appréciations, commentaires et analyses pour le nouveau gouvernement Fillon III annoncé dimanche soir par l‘Elysée. Nicolas Sarkozy, le tout puissant chef de l’état français, vient de reconduire son premier ministre François Fillon, après six mois de rumeurs intenses. A Bamako, ATT préfère jouer la carte du suspense et continue de frustrer les journalistes, en alimentant les rumeurs sur d’éventuels ministres éjectables, tandis que Modibo Sidibé, son premier ministre, garde toute sa sérénité. On serait tenté de faire une comparaison entre François Fillon, le PM français et Modibo Sidibé, l’imperturbable PM malien. Tous deux personnalités jugées fidèles, hauts cadres de l’administration, plusieurs fois ministres, ils n’ont jamais débordé dans le jeu politique, se contentant d’être de loyaux vassaux de leurs chefs d’états respectifs. Pourtant, quand Fillon, dit aux médias français : «Â Nicolas Sarkozy n’est pas mon mentor mais j‘ai fait alliance avec lui pour le porter à  la présidence », Modibo Sidibé reste silencieux, ne dévoile rien de ses ambitions, ignorant les spéculations sur d’hypothétiques prétentions à  la présidentielle 2012 et garde sa carapace en toutes circonstances. ATT et son PM, eux ne veulent décidément pas jouer le jeu démocratique des médias et nous servir le remaniement tant attendu. Sauf lors de la traditionnelle conférence du 8 juin dernier, o๠ATT avait déclaré en substance : «Â Remanier, je n’ai rien décidé pour l’instant, ce n’est pas la presse qui décide du remaniement, mais le chef de l’état ! ». On reste un peu sur notre faim, et on se tourne la plume, en se demandant quoi écrire, quant à  l’inefficacité de certains ministres qu’on aimerait bien voir remplacés pour mauvaise gestion. Ou gloser sur de nouvelles têtes à  la primature…Que nenni ! Alors que Sarkozy reconduit son PM qui a pourtant présenté sa démission la veille, démontrant là  ses prérogatives de super chef de l’exécutif, il ne faut pas s’attendre à  la démission d’un ministre d’ATT, qui décide seul de qui reste ou part. Ou ne décide rien ! C’’est aussi une forme de communication bien africaine : la non réponse. Mais nos ministres connaissent rarement la honte. Exemple : Oumar Ibrahim Touré, ministre de la santé, en plein C’œur du scandale du Fonds Mondial, n’a rien déclaré de «Â fort » aux médias et s’en est allé prêcher au sommet de Berlin, tandis qu’un Jean Louis Borloo, ministre français de l’environnement, pourtant pressenti nouveau PM, face à  la reconduction de Fillon, déclare digne à  la presse : «Â Je ne souhaite pas faire partie du gouvernement Fillon III ». Il a été entendu et a retrouvé sa liberté. Mais au Mali, on s’accroche à  son siège et l’on se méfie des médias, à  qui l’on distribue des communiqués insipides et souvent mal rédigés, qui creusent la faim de nos journalistes-scribouilleurs sous-payés. Hormis quelques nominations issues de conseils des ministres sans grand éclat, notre gouvernement manque de personnalité, de verve, de caractère et ATT le sait. Cela fait peut être même son jeu. Car au lieu de se retrouver face à  des ministres dissidents ou trop affirmés, il préfère être suivi par une cohorte dévouée pour des poses de pierre qui n‘en finissent pas. Ainsi va la république au Mali. Le jeu démocratique, Pouvoir contre Médias, ce dernier étant habituellement considéré comme le 4è pouvoir, (certainement pas au Mali) demeure biaisé chez nous, ce qui justifie les rumeurs les plus absurdes et les spéculations les plus folles dans la presse, quant à  un remaniement qui ne viendra pas de sitôt si l’on s’en tient à  l’air serein qu’ATT affiche lors des inaugurations officielles, voyages à  l’étranger ou dans ses longs discours nostalgiques qui brassent une enfance perdue à  Mopti… La seule fois, o๠il a dû monter au créneau et contenter la presse en même temps, C’’est lors de l’épisode du code de la famille, lorsque les religieux ont fait monter la température à  Bamako. Il a donc fallu calmer le jeu. Aussi reproche t’on souvent à  ATT cette image lisse, l’air de dire : «Â Tout va bien, je contrôle la situation ». Mais à  quoi joue donc notre cher président, tout puissant chef de l’exécutif au Mali ? A savoir : La liste des nouveaux membres du gouvernement français est disponible sur le site de l’Elysée. www.elysee.fr