Mali : l’ONU déçue de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix

Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies au Mali a animé ce jeudi à la maison de la presse une conférence. Le chef de la MINUSMA a présenté les innovations apportées au nouveau Mandat de la mission, mais aussi fait part de la frustration de la communauté internationale dans la mise en œuvre de l’Accord.


« Cette résolution 2423 ne fixe pas uniquement le mandat de la MINUSMA, elle adresse également un certain nombre des messages forts du Conseil de sécurité aussi bien aux Maliennes et Maliens, mais surtout aux trois parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation », a déclaré dans son introduction, le chef de la mission Mahamat Saleh Annadif.

Ladite résolution qui renouvelle le mandat jusqu’à a juin 2019, fixe en même temps, les orientations et agissements de la MINUSMA dans les domaines qui lui sont confiés. Elle intervient suite à la récente visite du secrétaire général de l’ONU au Mali et le troisième anniversaire de la signature de l’Accord.Cependant, trois ans après, c’est le désenchantement non seulement chez la CMA, la Plateforme et le Gouvernement, mais aussi chez les partenaires internationaux.


La situation au nord et au centre s’aggrave. L’accroissement des violences intercommunautaires, des violations des droits de l’homme et des attaques terroristes installent un climat de constante préoccupation. « Pour la communauté internationale, ces retards qui persistent dans la mise en œuvre des principales dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation interpelle. La résolution exprime cette frustration en dépit de l’appui et de l’assistance considérable reçus de la part de la communauté internationale », rapporte le chef de la MINUSMA.


Le dernier rapport trimestriel du secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali et le premier rapport de l’Observateur indépendant dirigé par la fondation Carter ont souligné l’urgence d’aller aux priorités. « Les sujets centraux de l’Accord, à savoir une nouvelle architecture institutionnelle pour le Mali, une armée nationale représentative, reconstituée, et redéployée, y compris la démobilisation des anciens combattants; et une zone de développement au Nord semble avoir été délaissée au profit des éléments qui revêtent un caractère plus périphérique ou de préalable, tels que les autorités intérimaires, le MOC, et l’opérationnalisation des régions des Ménaka et Taoudéni », décris le rapport de l’Observateur. Pour le chef de la mission des Nations Unies, la dégradation de la situation au centre du pays est la conséquence du non-application de l’Accord.


C’est pourquoi, dans la nouvelle résolution, à la différence de la précédente, le conseil invite la CMA, la Plateforme et le Gouvernement « à s’acquitter rapidement de leurs obligations restantes au titre de l’Accord’’.
Désormais, il tient à des résultats, faute de quoi, le mandat de la MINUSMA cessera d’être renouvelé automatiquement. « Le statuquo actuelle ne peut pas continuer », estime le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU. Face à l’ampleur de la déception, Annadif exprime son sentiment. « J’avoue que je suis frustré par le fait que depuis deux ans, nous avons construit au moins huit camps pour le cantonnement des combattants et que jusque-là ces camps demeurent vides », a regretté, d’un ton las, le chef de la MINUSMA.


Des sanctions imminentes
Pour la première fois, le conseil de sécurité a évoqué la possibilité de faire usage des mesures prévues dans la résolution 2374 ayant mis en place un régime des sanctions sur le Mali. Si ces mesures ne semblent pas effrayer les parties, elles s’avèrent de plus en plus possibles au regard des timides avancées dans le processus. «Je crois que maintenant les choses vont commencer à mûrir. Le Conseil de sécurité a réuni suffisamment d’éléments. Je ne serai pas surpris si bientôt quelque chose se déclare dans ce sens », avertit Mahamat Saleh Annadif.

Mahamat Saleh Anandif, RSSG, chef de la MINUSMA : « Il faut repenser le concept de maintien de la paix »

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies a pris part, les 18 et 19 juin à Rabat, à la 2ème Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique (APSACO) organisée par le think tank marocain OCP Policy Center.  

Quel intérêt présente l’APSACO 2018 sur le maintien de la paix en Afrique ?

C’est bien qu’il y ait des cadres de réflexion sur les opérations de maintien de la paix. Il y en a 13 dans le monde, 7 en Afrique, dont les 5 plus grandes, parmi lesquelles la MINUSMA. Nous sommes dans une évolution positive : des missions ont fermé au Libéria et en Côte d’Ivoire. Contrairement au passé, les coups d’État sont l’exception. Les élections se tiennent. Elles ne sont pas parfaites, mais elles ont lieu. Maintenant, il faut repenser le concept des opérations de maintien de la paix. Telles qu’elles ont été pensées, dans les années 50, elles ne sont plus adaptées. J’estime que nous sommes statiques. Au Mali, le terrain actuel, caractérisé par une guerre asymétrique et des mouvements terroristes, n’est plus le cadre classique de déploiement d’une mission de maintien de la paix. Il est extrêmement important que les Nations Unies s’interrogent et s’adaptent.

On parle d’une reprise en main des opérations sur le continent par l’Union Africaine…

L’Union africaine veut s’approprier les opérations de maintien de la paix, mais elles coûtent cher. A-t-elle les moyens d’assumer ce rôle ? Les réformes parrainées par le Président rwandais Kagamé sont en cours. J’ose espérer qu’elles apporteront des solutions.

Maintenir la paix dans des pays en guerre, n’est-ce-pas paradoxal ?

J’entends cela. On ne maintient pas une paix qui n’existe pas. Au Mali, il y a un Accord pour la paix et la réconciliation. Il n’est pas idéal, mais il existe. Comparé aux arrangements antérieurs, il apporte certaines solutions. C’est également le premier accord garanti par la communauté internationale, d’où la présence des Nations Unies, qui n’est pas négligeable.

Dans un mois, la présidentielle. Comment l’appréhendez-vous ?

Les élections sont organisées pour résoudre les conflits, comme en 2013, après le coup d’État et l’invasion du territoire. Les résultats ont été acceptés par tous les acteurs et l’ordre constitutionnel rétabli. Nous allons vers l’élection du 29 juillet 2018, qui doit démontrer que la démocratie est irréversible et que le processus fait son chemin. Il faut qu’en sortent des résultats consensuels, dans une atmosphère apaisée. Nous intervenons pour que le dialogue au sein de la classe politique malienne soit maintenu. Même si la période qui précède des élections est une période de tension, nous disons toujours que le Mali est différent, que les choses sont fragiles et qu’il faut tout faire pour ne pas revenir en arrière.

Election présidentielle : la MINUSMA appuie le processus

La Mission des Nations Unies au Mali réaffirme son accompagnement au  processus électoral en cours dans le pays. Lors de sa conférence de presse bimensuelle le 21 juin la porte-parole de l’organisation a rassuré de leur engagement aux côtés des autorités.

Toutes les attentions convergent sur la présidentielle prévue dans un mois. Malgré la volonté des autorités à tout mettre en œuvre pour la réussite de ce scrutin du 29 juillet, des difficultés d’accès aux régions du nord et le centre demeurent. C’est dans ce cadre que la MINUSMA appuie déjà le gouvernement dans l’acheminement du matériel électoral, formation des agents  et sécurisation du processus. « La MINUSMA apporte un appui à l’organisation des prochaines élections générales de 2018 (présidentielle de juillet et législatives de novembre), a déclaré Mme Myriam Dessables, porte-parole de la mission. Ainsi,  4,798 Tonnes de matériel (nouvelles cartes d’électeurs) pour les quatre  régions : Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal.

La division des Affaires électorales de la MINUSMA a organisé le 12  et 13 juin une session de renforcement des capacités de 64 agents d’appui logistiques recrutés. « Ces agents d’appui équipés chacun d’un véhicule 4X4 et de moyens de communication (ordinateurs, cellulaires) seront déployés dans les prochains jours dans les 49 cercles du Mali y compris le District de Bamako dans le cadre de la mise en œuvre de toutes les opérations électorales y compris la distribution des cartes d’électeurs biométriques dont le lancement officiel a eu lieu ce 20 juin sur toute l’étendue du territoire national », a fait savoir la porte-parole de mission lors de cette conférence de presse.

Dans le même but, la Division des Affaires électorales de la MINUSMA a pris part aux travaux du séminaire international  ayant lieu du 19 au 20 juin à Bamako. Ladite rencontre organisée par la CENI en collaboration avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), s’est déroulée en présence de plusieurs représentants des Institutions, du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, la Délégation générale aux élections(DGE), la Cour Constitutionnelle, les représentants des partis politiques et des experts internationaux. Objectif : échanger  sur le rôle de la CENI dans le processus électoral.

Des campagnes de sensibilisation des leaders communautaires et des médias sur leurs rôles respectifs en tant qu’acteurs dans la promotion d’une culture de paix, de la cohésion sociale et de la prévention des conflits ont également été organisées à Gao. Deux autres sont prévues  à Mopti ce 22 juin et à Tombouctou le 13 juillet. « Plus de 10 sessions de sensibilisation communautaire ont eu lieu à Bamako et dans les régions avec plus de 5000 personnes participantes », comptabilise Mme Myriam Dessables.

 

« Le Mali parle désormais d’une seule voix »

Le Secrétaire général des Nations Unies, qui vient de clore une visite de deux jours au Mali, a déclaré à la presse ce mercredi soir quitter le pays satisfait de voir que « les protagonistes de l’accord pour la paix et la réconciliation du Mali étaient présents et ont parler d’une seule voix, la voix du Premier ministre ». António Guterres s’est dit confiant face aux « progrès extraordinaires faits dans la concrétisation de l’accord de paix et de la feuille de route adoptée le 22 mars ». « Voir qu’il n’y a plus qu’une partie malienne qui représente la pluralité de la Nation, […] c’est quelque chose qui a une valeur symbolique très importante a-t-il poursuivi.

Le premier responsable des Nations Unies a, entre autres sujets évoqués au cour de cette conférence de presse, évoqué la question du mandat de la MINUSMA mais aussi celles de la situation humanitaire au nord et au centre du Mali et la présidentielle de juillet prochain au Mali. M. Guterres a rappelé l’intérêt pour la communauté internationale de se tenir aux côtés du Mali pour faire face au terrorisme qui « menace la stabilité dans le monde entier ». En ce qui concerne l’élection de juillet 2018, il a assurer que les Nations Unies appuieront le processus mais sans jouer le « rôle d’arbitre ». L’opposition, qu’il a rencontré en fin d’après-midi, lui avait demandé que l’organisation mondiale « accrédite le scrutin. « C’est au Conseil de sécurité de prendre cette décision et il faut pour ce faire des circonstances particulières », a souligné le SG de l’ONU, répondant aux journalistes à ce sujet. « C’est aux acteurs maliens de créer un cadre de dialogue pour que cette élection soit vue comme un moment important, une chose normale et qu’ils en acceptent l’issue quelle qu’elle soit ».  Il a en outre plaidé pour un appui « bien plus fort » de la communauté internationale qui doit aider le « peuple qui souffre mais qui est déterminé à construire la paix ».

Au cours de son séjour, António Guterres a rencontré les autorités politiques, les acteurs du processus de paix et la société civile. Il s’est rendu dans la journée de mercredi à Mopti où il a pris la mesure de la situation d’urgence humanitaire, compliquée par la question de la sécurité. Seulement 19% des besoins de financement pour l’aide humanitaire sont couverts à ce jour, a-t-il déploré, lançant un appel à une mobilisation plus forte en ce sens.

 

70ème anniversaire des casques bleus : Que des sacrifices pour le Mali

Le  Secrétaire général des Nations Unies, accompagné de plusieurs  personnalités dont le Premier ministre du Mali,  a rendu hommage  le 29 mai  à Bamako aux Casques bleus. Le thème  de cet anniversaire est «  70 ans de service et de sacrifice », tout un engagement. Antonio Guterres a exprimé sa fierté à ceux de la MINUSMA pour leur sacrifice au nom de paix. La mission  reste  la plus meurtrière dans le monde.  Ainsi, 99 membres du personnel de la Minusma ont été tués et 358 autres grièvement blessés lors des attaques depuis son déploiement en juillet 2013 jusqu’à la date du 31 mars 2018. Parmi les quatre missions encours, celle au Mali demeure la plus couteuse en vie humaine.  C’est dans ce contexte des sacrifices ultime pour la paix qu’Antonio Guteress a choisi de rendre un hommage appuyé à ceux qu’ils considèrent comme ses ’’ collègues’’.  Au cours de son séjour, le Secrétaire général de l’ONU observe le jeûne en solidarité à la communauté musulmane du Mali  et du monde entier.

Il a souligné tout en exprimant son admiration au travail qu’effectuent les soldats de la paix au Mali, dans un environnement hostile et dangereux. « Vous êtes  en tant que casques bleus le symbole le plus évident  des Nations Unies elles-mêmes », a ainsi déclaré le patron de l’organisation.  Il dans ce contexte d’hommage déposé une gerbe de fleurs au mémorial de la Minusma.  Une visite dans certaines  régions de déploiement de la force  devra être effectuée demain 30 mai 2018.

MOC de Tombouctou et de Kidal : Gao a servi de leçon

Le 23 mai, le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) de Tombouctou a été lancé en présence du commandant de la force de la Minusma. Celui de Kidal a démarré deux semaines plutôt. A la différence de l’installation du Moc de Gao en 2016, endeuillé par l’attentat,  le mode de déploiement et de sécurisation de cet outil dans les deux régions s’opère avec mesure.

Jeudi 24 mai, la conférence de presse bimensuelle de la MINUSMA s’est tenue au siège de la mission à Badalabougou. Animée par  Madame Myriam Dessables, chef de bureau de la communication stratégique et de l’information publique et le commandant de la force, le Général Jean Paul Deconinck en direct de Tombouctou.

Après la revue sur les différentes activités menées par la MINUSMA et sa force de police dans le pays, l’interaction sur  l’opérationnalisation du mécanisme opérationnel de coordination de façon générale a été engagée entre le commandant de la force de la mission des Nations Unies et les journalistes dont certains étaient en direct de Gao.

« J’étais il y a quelques instants dans le camp de MOC de Tombouctou où j’ai pu assister à l’inauguration officielle de ce  bataillon MOC  comme on l’avait fait le 11 mai à Kidal. Je retiens une certaine fierté d’avoir pu souligner les efforts consentis  par les parties tant au niveau politique, opérationnel que  tactique », s’est réjoui le General Jean Paul Deconinck.

Plusieurs fois annoncé, le lancement de ces deux MOC constitue un pont indispensable pour la poursuite de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Comme dit un adage, « vaut mieux tard  que jamais ». Au-delà de la symbolique,  le Général Deconinck pense qu’il s’agit de bien plus. « Nous avons constitué aujourd’hui le socle du panthéon de Tombouctou, c’est-à-dire un commandant  intégré et cohérent», se félicite-t-il.  51 éléments, soit 17 pour le gouvernement, la CMA et la plateforme sont ainsi déployés à Tombouctou et à Kidal. Une compagnie de 150 hommes sera dans une semaine à Kidal et une autre dans deux semaines à Tombouctou selon le général.

Un acheminement progressif qui n’a rien avoir avec les 500 et  quelques éléments fournis d’un coup au MOC de Gao. Un  mécanisme  qui a subi un attentat terroriste incroyable et qui, depuis laisse à désirer. « Certaines  lacunes au niveau de Gao, ont été relevées dans le sens où nous étions allés trop vite. Il fallait atteindre certains objectifs alors que certaines conditions n’étaient pas remplies », regrette le commandant. C’est pourquoi, cette fois ci,  « ce n’est pas pour rien que nous commençons par le socle. On va les former, leur inculquer des éléments indispensables au niveau de la conduite militaire, de la discipline », réajuste-t-il. En même temps,  les équipes d’entrainement à Gao seront renforcés pour  rendre opérationnel ce MOC comme les deux autres. « Nous avons tiré des enseignements sur le plan sécuritaire, des aménagements du site, sur le progressivité  dans les  installations, aussi au niveau humain et inclusivité des différents mouvements signataires », conclut le commandant, appelant à la collaboration de la population pour parvenir à des résultats tangibles.

La force de la  MINUSMA assure pour le moment la sécurité de ses éléments à Tombouctou et à Kidal.  Mais « petit à petit ces unités » prendront la relève.

Ainsi, à terme, 600 éléments, dont 200 pour chacune des parties seront acheminés dans  chacune de deux régions. La mise en place des  MOC de Gao, Tombouctou et Kidal  ouvre la voie au processus démobilisation désarment et réintégration sans lequel la sécurité serait impossible.

Election du 29 juillet : Le ministère de l’Administration Territoriale fait le point

Le secrétaire général du ministère  de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation a animé une conférence de presse le 17 mai. Il a rappelé les mesures prises et à venir pour la bonne tenue de l’élection présidentielle du 29 juillet, y compris la livraison des cartes d’électeurs.

La date du 29 juillet approche à grand pas. Les préparatifs pour la bonne tenue de l’élection présidentielle se poursuivent. C’est dans ce cadre que le secrétaire général du ministère de l’Administration Territoriale  et de la Décentralisation, Babahamane Maiga,  a tenu une conférence de presse le jeudi 17 mai dans les locaux du ministère.

Pour couper court aux doutes sur le respect du chronogramme, le secrétaire général rassure.  «  Je peux vous affirmer qu’à la date d’aujourd’hui tous les actes législatifs et règlementaires devant encadrer le scrutin sont prêts et ont été publiés. Le collège électoral a été convoqué le 28 avril et la campagne électorale débutera le 7 juillet », rappelle-t-il.

De même, les cartes d’électeurs biométriques, sans lesquelles le vote est impossible, seront bientôt délivrées. « La première semaine de juin inch’Allah, toutes les cartes d’électeurs biométriques seront là à Bamako et la distribution se fera dans la foulée», informe le secrétaire général du ministère. Chaque région aura droit à son lot de cartes pour une distribution rapide et efficace. La MINUSMA qui est un partenaire de l’État intervient aussi pour couvrir « les régions les plus difficiles ». « Tout ce qui concerne les régions du Nord,  la MINUSMA va nous aider au transport logistique du matériel électoral et documents, l’acheminement  des cartes d’électeurs et agents électoraux », souligne le conférencier.

Il assure que les concertations avec les partis politiques vont reprendre bientôt.  « Dans les jours à venir, le ministre sera là avec les partis politiques pour s’entretenir de toutes ses innovations », fait-il savoir.

Si l’organisation matérielle de cette élection est sur la bonne voie, le problème d’insécurité dans plusieurs parties du territoire reste entier. « Toutes les dispositions  sont en cours pour juguler cette insécurité et permettre à l’administration de prendre place dans certaines localités  où elles n’étaient pas pour mener à bien le travail », déclare Babahamane Maiga.

Un discours qui ne convainc point à deux mois du scrutin. Au moins 56 communes n’ont pas participé aux élections  communales de 2016. La situation, deux ans après est toujours complexe. Absence de l’administration dans certaines  localités, attaques des groupes armés terroristes au nord et au centre, conflits intercommunautaires,  le tableau est loin d’être idoine. Mais l’impératif de tenir ce scrutin à date et dans des conditions acceptables passe avant tout.

Du côté de l’opposition, on prévient que ‘’la fraude comme en 2013’’ ne sera pas tolérée cette fois ci. D’ailleurs, la coalition pour l’alternance et le changement, regroupant des partis politiques de l’opposition et d’autres mouvements  prévoit le 2 juin une marche pacifique pour  ‘’la tenue d’élection crédible, inclusive et transparente’’.

Que protègent les forces militaires étrangères au Sahel ?

Officiellement, elles cherchent à lutter contre le terrorisme, mais les interventions des acteurs extérieurs s’inscrivent davantage dans la défense de leurs intérêts.

L’empreinte militaire extérieure, notamment celle des États-Unis et de la France, s’accroît en Afrique de l’Ouest et particulièrement au Sahel. Pourtant, face à des opinions publiques de plus en plus hostiles à cette présence jugée envahissante, ces interventions risquent de s’avérer inefficaces ou, pire, contre-productives.

Le 6 avril 2018, le président ghanéen Nana Akufo-Addo déclarait : « Il n’y aura pas de base militaire américaine au Ghana ». Il répondait ainsi aux protestations soulevées par la signature d’un accord de coopération en matière de défense avec les États-Unis. Quatre mois plus tôt, au Niger, les autorités avaient démenti avoir autorisé l’envoi de soldats italiens dans le Nord du pays, où des bases américaines et française étaient déjà positionnées.

Autrefois limitées au conseil, à la formation et à l’équipement des armées nationales de la région, les forces militaires étrangères, depuis le déclenchement de la crise malienne de 2012, ont accru le déploiement de troupes au sol ainsi que l’installation des bases logistiques ou militaires. Au Mali, en 2013, l’intervention des troupes françaises dans le cadre de l’opération Serval a permis de stopper l’avancée des groupes extrémistes violents vers le sud du pays et leur éviction des grandes villes.

Présenter cette zone du Sahel, comme la nouvelle frontière d’un « djihad » mondial comporte des risques importants

Dans ce capharnaüm militaire, le Mali et le Niger, au carrefour de l’instabilité régionale, sont devenus des terrains privilégiés pour les puissances occidentales. Ces dernières, bien qu’ayant recours aux mêmes arguments sécuritaires pour justifier leur présence, poursuivent des objectifs parfois différents.

Si la lutte contre le terrorisme demeure l’enjeu principal pour les Américains dans la région, il semble que des partenaires européens, comme l’Allemagne et l’Italie, soient aussi motivés par la question migratoire. L’annonce du gouvernement italien, en décembre 2017, de sa décision d’envoyer des troupes au Niger pour combattre le terrorisme répondrait davantage à une volonté d’exercer un contrôle plus étroit sur les flux migratoires. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus de 75 % des migrants et réfugiés parvenus en Europe en 2017 sont entrés par l’Italie et nombreux sont ceux ayant transité par le Niger.

La participation de l’Allemagne à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) avec un millier de soldats et l’ouverture d’une base logistique au Niger consolide sa présence au Sahel, une zone au cœur des dynamiques migratoires.

La montée en puissance des groupes extrémistes violents et de la criminalité organisée au Sahel, ayant conduit au renforcement de la présence militaire étrangère, a été précédée d’un affaiblissement des États de la région. La situation de ces pays, qui font face à une mauvaise gouvernance caractérisée par une corruption endémique, un système de justice défaillant, une incapacité à fournir les services sociaux de base et à intégrer les espaces périphériques, favorise l’ancrage local et la résilience des groupes extrémistes violents de la violence auprès des populations.

Au Mali, forces françaises sont de plus en plus critiquées par l’opinion publique

Si la France est intervenue à la demande des autorités maliennes de transition de l’époque, au nom d’un passé commun, elle l’a fait aussi et surtout pour protéger ses ressortissants et défendre ses intérêts stratégiques, y compris économiques, dans la région.

À titre d’exemple, le pays continue d’importer du Niger voisin la majeure partie de l’uranium indispensable à son énergie nucléaire. L’intervention de la France, baptisée Serval, en janvier 2013, a laissé la place, six mois plus tard, à l’Opération Barkhane – au coût financier d’environ un million d’euros par jour – dont la zone d’action est élargie aux cinq pays du G5 Sahel : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad.

Tandis que la présence française est fortement médiatisée, d’autres pays tels que les États-Unis et l’Allemagne, se font plus discrets. En octobre 2017, quatre commandos américains et cinq militaires nigériens ont perdu la vie à Tongo Tongo, localité située à la frontière avec le Mali, dans une embuscade revendiquée par l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Cette attaque a révélé au grand public l’ampleur de la présence militaire des États-Unis au Niger, et plus largement dans la région.

Elle a également démontré, une fois de plus, que les groupes terroristes, bien que traqués par les pays de la région et leurs alliés, conservent une capacité de nuisance et recourent à des modes opératoires de plus en plus complexes. Cependant, la présentation de cette zone du Sahel, dans la rhétorique qui a suivi l’attaque de Tongo Tongo, comme la nouvelle frontière d’un « djihad » mondial comporte des risques importants.

De nombreuses études soulignent en effet la nécessité de prendre en compte les dynamiques locales dans le développement et l’expansion des groupes armés terroristes dans la région. Ces groupes exploitent, entre autres, les griefs des populations contre la gouvernance étatique ainsi que les tensions entre les différentes communautés socioprofessionnelles – à l’image des conflits pouvant opposer les éleveurs aux agriculteurs – pour s’ériger en garant de l’ordre social.

La décision des États-Unis de donner plus d’autonomie aux troupes déployées sur le terrain paraît dangereuse

Par ailleurs, la décision des États-Unis de donner plus d’autonomie aux troupes déployées sur le terrain paraît dangereuse. Dans un tel contexte, les erreurs de ciblage risquent d’être exploitées par les groupes extrémistes violents pour consolider leur présence et d’affecter l’efficacité des interventions.

Ces derniers mois, les signes d’un mécontentement populaire contre la présence militaire extérieure se sont multipliés dans la région. Accueillies dans un consensus quasi-général au Mali, en janvier 2013, les forces françaises sont de plus en plus critiquées par l’opinion publique.

Cette hostilité a débouché sur l’émergence de mouvements de protestation au cours des derniers mois, à travers le pays, pour dénoncer la politique de la France, accusée parfois d’accointance avec les anciens groupes rebelles. Au Niger, également, des manifestants, répondant à l’appel d’une coalition d’organisations de la société civile, scandaient en février dernier : « Armées française, américaine et allemande, allez-vous en ! », accusant leurs autorités de brader la souveraineté du pays.

La multiplication des interventions au Sahel répond d’abord à une volonté des puissances occidentales de défendre leurs intérêts stratégiques, qu’ils soient d’ordre sécuritaire, politique, diplomatique ou économique. Le masquer ou tenter de le dissimuler contribuerait davantage à renforcer l’image d’une région victime de simples calculs géopolitiques de la part d’acteurs extérieurs.

 

 

 

Cet article est d’abord paru sur le site de l’Institut d’études de sécurité.

MINUSMA : Le point sur la police Onusienne

La MINUSMA a tenu le jeudi 15 mars 2018 dans son quartier général à Badalabagou son traditionnel point de presse bimensuel. Animé par Myriam Dessables, Directrice de la communication stratégique et de l’information publique de la MINUSMA, ce point de presse a été l’occasion pour la Mission de faire le point sur ses dernières activités. Invité spécial, le commissaire Issoufou Yacouba, chef de la police Onusienne UNPOL, a aussi évoqué les actions et démarches qu’ils mènent conformément à leur mandat et dans le cadre d’un accompagnement au gouvernement malien pour la mise en œuvre des mesures sécuritaires.

Du 26 février au 11 mars 2018, la police Onusienne a effectué un total de 838 patrouilles dont 93 conjointes avec les forces de sécurité maliennes à Bamako et dans les régions. À en croire Mme Dessables, de nombreuses formations notamment en techniques d’enquête, en contre-terrorisme, en criminologie, en détection de documents falsifiés sont en cours au profit de 87 agents des forces de sécurité maliennes à Bamako et sur la sécurité de proximité à Mopti. La MINUSMA, a de son côté effectué 514 patrouilles dont 41 escortes du 6 au 13 mars, a-t-elle indiqué.
Et de poursuivre en évoquant une visite du commandant de la force de la MINUSMA, le Général de division Jean-Paul Deconinck dans le nord du pays. Du 8 au 9 mars, il s’est rendu à Kidal, Gao et Tessalit pour y rencontrer les troupes des Nations Unies qui y opèrent. « Le Commandant a pu constater que des progrès significatifs ont été accomplis et que les contingents sont maintenant plus à même de faire face à la menace grâce à une formation et à un positionnement renforcé. » a confié la Directrice de la communication.
Elle a informé que la Force de la MINUSMA, prenant en compte la détérioration de la situation sécuritaire dans la région du centre, a réaménagé son dispositif sécuritaire pour renforcer sa présence dans la zone et assurer une meilleure protection des populations conformément à son mandat. « L’opération «Foronto » est d’ailleurs en cours dans la région de Mopti et Djénné depuis le 5 mars. Elle a déjà permis de détecter et de désamorcer plusieurs engins explosifs improvisés dans la zone, notamment le mardi 13 mars dans les environs de Kouakoro » a précisé Mme Dessables. Dans le but de faire respecter par les groupes armés les règles décidées par la commission technique de sécurité pour restreindre entre autres les mouvements d’armes lourdes et de munitions associées, une autre opération dénommée « FARRIER » est également menée dans les secteurs Nord, Est et Ouest du Mali par la Force Onusienne.
Le commandant de la Force de la MINUSMA et le Chef d’État Major Général des armées ont discuté des priorités de coopération entre la Force et les FAMA et selon la Directrice de la Communication, il est prévu la construction de check points à Mopti, Tombouctou et Gao ainsi que l’appui à la constructions des camps de Ténenkou, Goundam et autres. D’autres activités ont été également menées dans les différentes régions du pays.
À la suite de Myriam Dessables, le chef de la police onusienne UNPOL au Mali, le Commissaire Issoufou Yacouba a pris la parole pour évoquer les actions menées à leur niveau. « Nous ne pouvons pas nous substituer aux forces maliennes, nous les accompagnons à travers une série d’activités que nous menons. » a-t-il insisté d’emblée. À l’en croire, UNPOL, a un effectif prévu de 345 Officiers de police individuelle, 11 Unités de police constituée et une unité spéciale d’intervention. Mais à ce jour sur le terrain, on ne compte que 305 Officiers de police individuels et 10 unités de police constituée. « Conformément au mémorandum d’entente que le ministre de la Sécurité a signé avec le Secrétaire général des Nations Unies depuis 2014, nous intervenons en terme de formation à deux niveaux. Avec le plan d’action que nous avons signé avec les partenaires, nous faisons une planification des besoins en formation et au regard de ceux identifiés, nous délivrons des séances de formation au profit des structures telles que demandées » a-t-il déclaré. L’effectif de la police Onusienne est composé d’éléments venant de 28 pays et plus de 26.000 policiers et gendarmes ont été déjà formés à ce jour.
En plus de la formation, UNPOL a aussi à son actif d’autres réalisations dont le montant s’élève à 3.424.181.050 Francs de 2013 à ce jour, telles que les réhabilitations de la brigade des mineurs, des écoles de formation, de la Police, de la Gendarmerie et de la Garde Nationale, uniquement dans la zone de Bamako. D’autres régions du pays à savoir entre autres Tombouctou, Gao et Ménaka ont aussi bénéficié des réalisations.
« Notre rôle est d’accompagner et de renforcer les capacités de toutes les missions des services maliens en attendant la mise en œuvre de la Réforme du Secteur de la Sécurité. » a conclu le Commissaire de la police onusienne.

Jean Paul Deconinck : « Pas question que la force G5 Sahel intègre la MINUSMA »

La MINUSMA a tenu le 22 février dans son quartier général à Badalabougou un point de presse sur l’état de ses dernières activités. Occasion pour l’invité spécial, le général Jean Paul Deconinck, commandant de la force, de revenir sur les différentes opérations menées sur le rôle de la mission.

Le traditionnel point de presse bimensuel de la Mission Internationale intégrée de Nations Unies pour la Stabilisation au Mali s’était tenu le jeudi 22 février à Badalabougou. Animé par Mme Myriam Dessables, Directrice de la Communication Stratégique et de l’Information Publique, ce rendez-vous a reçu la présence du Commandant de la force de la MINUSMA.

Introduit par la directrice de la communication, le général Jean Paul Deconinck Commandant de la force a fait un rappel des opérations menées depuis fin novembre jusqu’aujourd’hui. Selon lui, la lutte contre la menace passe par une accélération d’un rythme opérationnel de la force de la MINUSMA. Il s’était inscrit en faux contre l’opinion courante qui accuse la MINUSMA d’ « immobilisme ».
Fin novembre, une opération dénommée ‘’Futuri’’ a été menée dans la zone d’Indelimane « avec l’équivalent de dix compagnies, avec mobilisation des forces de main d’œuvre, des moyens logistiques, de renseignement au sol et dans l’aire », indique le commandant. Trois casques bleus ont été tués suite à une attaque terroriste, lors de cette opération, mais une dizaine d’assaillants ont été neutralisés, a t-il tenu à faire savoir. Une autre opération ‘’ Foradji’’, a été menée en janvier dans la région du Centre avec des matériels conséquents. Une coordination avec les forces de défense malienne et celles du G5 Sahel a été entreprise pendant cette période. Une troisième opération dénommée ‘’Foronto’’ aura lieu toujours selon Jean Paul Deconinck sans dévoiler la zone d’intervention.
Face à l’ampleur des menaces et aux difficultés de financement auxquelles fait face la Force du G5 Sahel, l’actuel président de l’organisation, le Président nigérien, Mahamadou Issoufou aurait voulu que la force sous-régional soit ‘’une brigade de la mission des Nations Unies au Mali’’. Sur le sujet, le Commandant de la MINUSMA est catégorique : « Chaque force à son mandat, il n’est pas question que des unités du G5 Sahel deviennent une brigade de la force de la MINUSMA », a écarté le General Jean Paul Deconinck. Selon lui, le mandat du G5 Sahel est orienté vers la lutte contre le terrorisme et la criminalité alors que la MINUSMA ne peut opérer en dehors des frontières maliennes. « Nous devons veiller à ce que ce mandat reste comme tel, il n’est pas question d’intégrer le G5 Sahel à la MINUSMA », a-t-il insisté.
Première à intervenir, la directrice de la communication a abordé les dernières activités réalisées par la mission à Bamako et dans les autres zones d’intervention. Ainsi, du 16 au 18 février le représentant spécial du secrétaire général de Nations Unies, Mahamat Saleh Annadif, a participé au forum de Munich sur les politiques de défense. Un évènement qui « se tient chaque année, depuis sa création en 1963 sur la politique de défense et qui se veut une rencontre entre Chefs d’Etat et responsables de haut rang en politique de défense et de sécurité pour s’entretenir des tendances globales en matière de politique de sécurité », a informé Myriam Dessables . Elle a aussi indiqué que le chef de la MINUSMA est en déplacement en Belgique dans le cadre de la réunion haut niveau entre les Etats membres du G5 Sahel et l’Union européenne pour le financement de la force conjointe. Dans la suite de ses activités d’appui, la division des affaires électorales de la MINUSMA a rencontré le 19 février, le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation pour discuter de la révision exceptionnelle des listes électorales que le gouvernement a autorisé sur toute l’étendue du territoire national. En outre, la directrice de la communication a informé que « durant la période écoulée la police de la MINUSMA a effectué 576 patrouilles et assuré 51 escortes.» Le 14 février, une équipe de l’unité de police de la MINUSMA s’est rendu au centre de santé de référence de Ménaka où elle a procédé à une remise des médicaments au profit de la population selon Myriam Dessables. D’autres activités ont été également menées par la mission de Nations Unies dans la région de Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti.

MINUSMA : actions et droits de l’homme au menu

La Mission multidimensionnelle intégrée des  Nations Unies pour la stabilisation au Mali,  a tenu son point de presse bimensuel,  le 8 février à Badalabougou. Après une mise au point par le porte-parole  sur les  dernières actions, le Directeur de la division des droits de l’homme  de la mission est revenu sur le dernier rapport conjoint MINUSMA- Haut-Commissariat des droits de l’homme des Nations Unies.

Le porte-parole de MINUSMA, Olivier Salgado a animé le jeudi 8 février,  un point de presse  au quartier général de la mission sur ses dernières actions menées au Mali. C’était en présence de Guillome Nguefa, directeur de la division de droit de l’homme de la MINUSMA.

Le porte-parole de la mission onusienne a évoqué le dernier rapport réalisé par la MINUSMA et le Haut-Commissariat des droits de l’homme des Nations Unies, publié le 1 février 2018. Ce rapport qui porte  sur la situation des droits de l’homme et du processus de paix au Mali  a couvert la période de janvier 2016 à  juin 2017. Il ressort de ce document que la situation des droits de l’homme reste préoccupante en dépit de la signature de l’Accord pour la et la réconciliation, issu du processus d’Alger. Le porte-parole a rapporté les propos du chef de la MINUSMA, selon qui ce rapport « fournissait un éclairage utile sur les défis et les avancés en matière des droits de l’homme dans le Nord et le Centre du  Mali ». Selon Mahamat Saleh Annadif, « le respect des droits de l’homme, loin d’être un générateur des tensions  peut contribuer au contraire à créer un climat et un environnement propice à la mise en œuvre de l’Accord », a fait savoir le porte-parole de la mission.

Olivier Salgado a par la suite passé en revue les dernières actions entreprises par la MINUSMA au Mali. Il a ainsi rappelé qu’elle  apporte un soutien important aux forces de défense et de sécurité malienne pour que celles-ci accomplissent leur tâche. C’est ainsi que l’UNPOL, la police des Nations Unies a conduit au cours de deux derniers mois écoulés,  1967 patrouilles dont plus d’une centaine conjointement avec les forces de défense et de sécurité malienne.

Du 1ER juillet 2017 au 30 janvier 2018, UNPOL a formé 4 946 agents des forces de sécurité malienne, de la police, de la garde nationale, de la protection civile et de la douane et des eaux et forêts. Toujours selon le porte-parole de la MINUSMA, du  31 au 6 février,  484 patrouilles ont été menées ainsi que  66  escortes dans le Nord du Mali. Dans le processus de mise en œuvre de l’Accord, Olivier Salgado a informé de la tenue d’un atelier du 8 au 9 février de renforcement des capacités pour 50 représentants de la société civile pour les différentes techniques de plaidoyer de lobbying à adopter pour aborder les questions de sécurité et de lutte contre l’extrémisme violent. Une initiative de la section Réforme du secteur de la sécurité et DDR.

Dans le cadre de la prévention des accidents liés aux engins explosifs, la MINUSMA prévoit une session d’éducation à l’endroit des conducteurs de véhicules travaillant pour les ONG au Centre et au Nord du pays. Dans sa démarche de stabilisation, la MINUSMA a réalisé de 2013 à nos jours, 350 projets à impact rapide avec un montant de 15,9 millions de dollars. La mission prévoit en 2018, plus de 100 projets partout au Mali, surtout dans les régions du Nord pour un montant de 4 millions de dollars.

Par ailleurs, la 24ème session du Comité de Suivi de l’Accord se tiendra du 12 au 13 février à l’ex-CRES de Badalabougou.

Point sur la situation des droits de l’homme

Le directeur de la division des droits de l’homme de la MINUSMA, Guillome Nguefa, après la publication du rapport conjoint MINUSMA- Haut-Commissariat des droits de l’homme des Nations Unies est revenu, en tant qu’invité spéciale de ce point de presse sur les dernières évolutions sur la question. Selon lui, le dernier trimestre de l’année 2017 a été marqué ‘’ une situation de droits de l’homme constamment préoccupante’’. Selon Guillome Nguefa, elle a été caractérisée par une expansion des activités des groupes terroristes dans le Centre du pays. Ces attaques avaient visé des forces internationales et les forces de défense et de sécurité maliennes. Le directeur de la division a ainsi indexé l’implication des forces de défense et de sécurité malienne, des groupes armés signataires et non signataires dans les violations et abus de droits de l’homme.

La situation des droits de l’Homme au Mali

La MINUSMA et le Haut-Commissariat des Nations Unis aux  droits de l’homme  ont publié le 1 février, un rapport sur l’état de droits de l’homme dans le cadre du processus de paix au Mali. Ce rapport brosse l’état d’une situation des droits de l’homme  ‘’préoccupante ‘’ malgré la signature de l’Accord de paix.

Plus de 6000  cas de violations et abus des droits de l’homme. C’est le bilan dressé par le rapport conjoint MINUSMA-Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au Mali.  Le travail ayant abouti à ce rapport a été mené entre janvier 2016 et juin 2017. Quatre domaines déterminants pour les parties signataires ont été examinés : le niveau d’implication dans des violations et abus des droits de l’homme ; les détentions  en relation avec les conflits, « y compris celles liées aux opérations anti-terroristes » ; les efforts dans la lutte contre l’impunité ; et l’établissement de justice transitionnelle.

Selon le communiqué de la MINUSMA datant du 1 er février, plus de 800 incidents impliquant des hommes armés non identifiés et mettant en danger la vie de civils ont également eu lieu. Au total, souligne le communiqué, la violence a fait  2 700 victimes parmi lesquelles 441 ont été tuées. Des hommes et enfants constituent la majorité. Tous les mouvements armés et  d’autres acteurs sur le terrain sont impliqués dans ces violations, abus  et incidents, avec plus de 78%. Qu’ils s’agissent des mouvements signataires de l’Accord, des non signataires, des éléments armés non identifiés ou des membres des mouvements terroristes, AQMI, Ansar Eddine et autres, le rapport a relevé le degrés plus ou moins de leur implication dans les violations des droits de l’homme. Aussi, les forces de défense et de sécurité malienne, ainsi  que les forces internationales  présentes  dans le pays sont indexées. Le rapport souligne que tous ces actes dénoncés ont été  causés par un certain nombre d’éléments. «Les diverses confrontations entre les groupes armés signataires dans la région de Kidal, l’expansion des activités d’AQMI, Ansar Eddine et autres groupes similaires, la recrudescence du banditisme local dans la région du centre du Mali et enfin, les opérations anti-terroristes conduites par les forces maliennes constituent les principales causes de ces violations et abus », estime le communiqué de la MINUSMA. La division des droits de l’homme et de la protection  de la MINUSMA a fortement prêté attention aux  violations commises à l’encontre des personnes arrêtées et détenues dans les cadres des opérations anti-terroristes. Dans la même logique de lutte contre l’impunité,  la division a suivi « les procédures judiciaires relatives à des violations commises par des éléments des mouvements armés entre 2012 et 2013, et celles impliquant les forces de défense et de sécurité pendant la période de leur reconquête du nord ou après 2013», précise le rapport. 

Toutefois, le rapport salut la mise  en place de la Commission Vérité Justice et Réconciliation et le lancement de la réception des témoignages des diverses victimes.

Conférence de presse de la MINUSMA : MOC et  DDR  dans l’attente

 

Le directeur de la section de la Réforme du Secteur de la Sécurité et du DDR  a tenu une conférence de presse  le 25 janvier au quartier général de la MINUSMA à Badalabougou. Elle intervient  à  la veille de la présentation aux membres du conseil de sécurité, du rapport  trimestriel du secrétaire général de l’ONU  sur la situation au Mali. Dans son exposé, Samba Tall a établi l’état d’avancement du mécanisme opérationnel de coordination et du processus de cantonnement, démobilisation désarmement et réinsertion.

Longtemps attendu, l’opérationnalisation du mécanisme opérationnel de coordination (MOC) de Kidal et Tombouctou et le processus de cantonnement, désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) ne sont pas encore lancés. Selon Samba Tall,  directeur de la section du Secteur de la Sécurité et du DDR le mode opératoire de cantonnement  qui est un préalable a été déjà adopté  depuis octobre 2015 par le gouvernement et les groupes signataires.

Il a précisé que ces mouvements signataires  ont déposé les listes de leurs combattants pour les Mocs mais ils n’ont pas jusque-là soumis les listes globales certifiées  comme prévue par l’Accord de paix. Nonobstant,  des points pour l’avancement du processus sont toujours en discussions, notamment sur la question des critères d’éligibilités  pour  le DDR et l’intégration. « Globalement c’est fait, mais il y a quelques discussions en cours  pour les  finaliser »,  rassure le responsable du DDR. En principe c’est après toutes les phases préparatoires qu’intervient la phase de cantonnement. « La MINUSMA a déjà construit huit  sites de cantonnement  et le gouvernement est en train d’en aménager deux autres », informe  Samba Tall. Toutes les procédures administratives et financières pour soutenir les combattants sont remplies. « Les budgets  sont  totalement mobilisés et à disposition»,  rassure le directeur.

Relatif au DDR, Samba Tall souligne que le désarmement est volontaire. La  procédureconduite par commission nationale de DDR avec l’appui de la MINUSMA consistera  à vérifier le statut du combattant. « On en enregistre ses données, son arme  et on lui donne une carte de démobilisé », explique Samba Tall.  Il est prévu de faire des séances de formation aux  personnes qui seront réinsérées dans la vie civile et d’autres séances pour celles qui évolueront dans l’armée. « Ceux qui n’ont jamais eu un métier, nous les formerons à un métier pour qu’elles reprennent pied dans la société », souligne le directeur.  « Ceux qui seront choisis pour intégrer les forces de défense et de sécurité, seront conduits  dans des centres de formation de l’armée », poursuit Samba Tall.  Tout ce processus ne saurait démarrer selon le directeur du DDR sans le mécanisme opérationnel de coordination qu’il considère comme « un préalable au cantonnement ».  « Il y a des discussions en cours en ce moment entre les trois partis,  sous la  houlette  du  haut représentant du chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’Accord  sur les derniers détails pratiques pour la  mise en œuvre du Moc deTombouctou et de Kidal  et aussi le renforcement de celui de Gao », le directeur Samba Tall. Selon lui,  les Mocs de Tombouctou et de Kidal seront mis en œuvre dans le mois de février, permettant ainsi enchaînement avec le cantonnement. Les membres du conseil de sécurité de l’ONU ont  exprimé le 24 janvier  impatience face à la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord. « Les membres du conseil ont exprimé d’une même voix leur voix leur impatience face aux retards qui continuaient d’entraver la mise en œuvre intégrale des principales dispositions  de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali », souligne la déclaration à la presse faite par le conseil.

 

 

 

MINUSMA : reprise des rencontres avec la presse

La rencontre hebdomadaire de la mission onusienne au Mali a repris après quelques semaines de pauses. Les journalistes ont été reçus ce jeudi 11 janvier au siège de la MINUSMA où ils ont, comme à l’accoutumée, écouté en première partie un point délivré par la porte-parole de l’organisation.

La principale information à retenir concerne la visite aux Etats-Unis d’une délégation de la CMA. « Il ne s’agit pas d’une initiative de l’ONU. Cette visite n’a pas été organisée par l’ONU mais plutôt par une ONG, Independant Diplomats. Les membres de la CMA ne sont pas non plus en visite officielle à l’ONU », a tenu à préciser Myriam Dessables.

La deuxième partie a été consacrée à l’exposé du Commandant de la Force de la MINUSMA, le Général de division belge Jean-Paul Deconinck, qui a présenté les priorités de la Force de la MINUSMA et défis opérationnels de l’année 2018. L’opérationnalisation  de la force avec le déploiement souhaité de tous les contingents pour atteindre la capacité maximale, mais aussi l’arrivée sur le terrain d’équipements devant permettre aux hommes déployés de faire leur travail avec plus d’efficacité et de sécurité. Le renforcement des efforts sur la région Centre du Mali, en collaboration avec ensemble avec les autorités maliennes, dans le cadre du Plan de Sécurisation Intégré des Régions du Centre du pays (PSIRC) se poursuit pour créer un environnement sécurisé et plus particulièrement, protéger les civils. En ce qui concerne l’appui au redéploiement des Forces de défense et de sécurité du Mali, la MINUSMA met en œuvre plusieurs projets dans la région du centre, notamment à Youwarou et Téninkou. La coopération entre les différentes forces sur le terrain reste une priorité et des cadres de concertation existent pour asseoir leur complémentarité. «  Nous continuons de réfléchir ensemble, de nous entrainer ensemble et d’opérer ensemble », a expliqué le Général Deconnick.

Mali : mort d’un soldat malien et d’au moins trois casques bleus dans le nord-est

C’est dans un communiqué de la MINUSMA que la nouvelle a été donnée. Hier matin, le 24 novembre, la force armée des Nations-unies au Mali, a repoussé une attaque lors d’une opération conjointe avec les FAMas dans la région de Ménaka.

Dans le document, nous apprenons que « trois Casques bleus de la MINUSMA ont été tués, et plusieurs ont été blessés, certains sont dans un état critique. Un soldat FAMa a aussi perdu la vie lors de l’attaque, un autre a été blessé. »

Du côté des assaillants, il y a, également, des morts et des blessés. Une logistique s’est rapidement mise en place avec des renforts aériens pour renforcer la sécurité des hommes de la MINUSMA et des FAMas.

Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du Secrétaire général du Mali (RSSG) et Chef de la MINUSMA, condamne cette attaque qui survient au moment où les forces armées procédaient à une assistance auprès des populations de la région. « Je condamne avec la plus grande énergie cette attaque qui endeuille une nouvelle fois la Force de la MINUSMA, ainsi que les FAMas. J’adresse mes condoléances aux familles des victimes et souhaite un prompt rétablissement aux blessés », a déclaré le RSSG avant de surenchérir :

« Cette opération, qui entrait dans le cadre de la protection des civils de la région, avait également pour but d’apporter une assistance médicale aux populations dans le besoin. Je salue la bravoure de nos contingents et des FAMas dont l’engagement a permis de neutraliser plusieurs terroristes. J’en appelle à la vigilance, à la solidarité et à l’unité des Maliens pour faire face à la lâcheté de nos adversaires », explique-t-il, en faisant une allusion très claire aux groupes terroristes.

 

3 casques bleus du Bangladesh tués ce dimanche

C’est l’explosion d’un engin explosif quia causé la mort des trois Casques bleus de l’ONU au Mali dans la matinée du dimanche. L’attaque s’est produite contre leur convoi sur l’axe Anefis-Gao, dans le nord du pays. La MINUSMA a anoncé dans un communiqué un «premier bilan» de trois morts et cinq blessés graves dans cette attaque lancée vers 7h. L’armée bangladaise a confirmé ce bilan dans un communiqué, ajoutant que son contingent au sein de la force de l’ONU avait repoussé une autre attaque samedi. La force onusienne avait déjà été endeuillée début septembre par la mort de deux Casques bleux dans une attaque similaire contre un convoi logistique. Koen Davids, numéro deux de la Minusma, a condamné l’attaque, réitérant «avec force l’engagement de la Minusma auprès du gouvernement du Mali et des mouvements signataires dans leurs efforts de mise en oeuvre de l’accord de paix» de 2015.

Déployée depuis juillet 2013, la Minusma est la mission de maintien de la paix de l’ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie (1993-1995), avec plus de 80 Casques bleus tués en opération.

 

Attaque d’une rare intensité contre le camp de la Minusma à Kidal

Ce mercredi 20 septembre aux environs de 5h30 du matin, deux postes avancés de la Minusma ont été attaqués par des hommes armés, puis les assaillants ont ciblé le camp de la Minusma avec de nombreux tirs d’obus avant de lancer un assaut. Si aucune victime n’est à déplorer, pour le moment, les dégâts matériels à l’intérieur du camp semble importants.

C’est à l’heure de la prière, vers 5h30 du matin que la ville de Kidal a senti plusieurs fois la terre trembler et entendu de nombreuses détonations provenant de deux postes avancés de la Minusma à l’entrée Est qui va vers l’aéroport tenu par des Guinéens et vers la sortie de Gao, tenu par des Tchadiens. « Cette attaque contre des positions de la Minusma à Kidal a été plus violente que les fois précédentes. Ils ont attaqué ces positions de la Minusma tenues par des forces africaines, car ils ont compris qu’après un petit échange de tirs, ils fuient. Seul les Tchadiens leur ont tenu tête, non seulement, ils tiennent leur positionet en plus ils avancent », témoigne cet habitant de Kidal joint au téléphone.

Après avoir attaqué les deux postes avancés, les assaillants ont ciblé de tirs d’obus nourris, le camp de la Minusma avant de tenter un assaut à l’arme automatique. Les forces internationales ont très rapidement répliqué, les nombreux tirs échangés, ont secoué la ville. Plusieurs obus tirés pas les assaillants sont tombés à l’intérieur du camp principal causant de nombreux dégâts. Les combats ont duré environ 45 minutes avant que les assaillants ne disparaissent. « Avec les nombreux tirs qu’il y a eus, ça a dû faire des dégâts matériels importants dans le camp, c’est sûr, parce qu’il y a eu une très grosse et épaisse fumée noire qui a jailli du camp, pendant un bon moment, on a senti qu’il y a quelque chose de très gros qui a brûlé, ça a créé des nuages de fumée noire et ça a recouvert une grande partie du camp et ses alentours », poursuit ce même habitant.

Selon un employé du camp de la Minusma à Kidal, joint au téléphone, des maisons du personnel auraient été touchées et fortement endommagées par les tirs d’obus. Une autre source interrogée avance que « les réserves de carburant à l’intérieur du camp ont été touchées ».

Cette attaque contre des positions de la Minusma est loin d’être inédite. Mardi 19 septembre, dans le quartier Aliyou, un véhicule de la Minusma avait heurté un engin explosif improvisé. Cependant, l’attaque a surpris à Kidal, une ville ou pourtant les échanges de coups de feu ne surprennent plus vraiment les habitants. « Il y a eu des attaques de ce genre plusieurs fois, mais les tirs d’obus ont été cette fois-ci très nombreux et très intense des deux côtés », explique cet employé humanitaire résident du quartier Aliyou. « Vous savez les tirs chez nous, c’est quotidien. La veille au soir, pour le mariage de la fille de la co-présidente des femmes du MNLA avec un gars de la CMA, il y avait eu de gros tirs à l’arme automatique, à la mitrailleuse lourde, à une cadence très élevée, on pensait même que c’était des combats qui avaient débuté. Mais ce matin, avec les détonations et la terre qui a tremblé ce n’était pas habituel », ajoute-t-il.

À Kidal alors, quel les forces de la Minusma patrouillent les rues et que les hélicos surveillent le ciel, les rumeurs vont déjà bon train concernant les raisons de cette attaque. « Il y a des gens qui pensent que cette attaque est arrivée en réaction à la non-obtention de visa d‘Alghabass pour les USA, je trouve que c’est un peu exagéré, mais des gens interprètent ça comme ça ici », indique cette source proche des mouvements. « Cette attaque peut-être une sorte de défi des djihadistes pour dire qu’ils sont toujours là, qu’ils sont toujours capables de perpétrer de tels actes au moment où il y a l’assemblée générale des Nations-unies à New-York. Mais, ils ont leur agenda propre, il y a non seulement les Nations-unies, mais aussi les négociations pour la paix entre la CMA et la Plateforme et le retour de l’administration à Kidal. Ça ne les arrange pas eux. Car dans la région de Kidal, c’est Ansar Dine qui opère », conclut cette même source.

IBK à TOMBOUCTOU trois jours après l’attaque terroriste

Revenu de Ouagadougou où il s’était rendu le mardi passé, dans l’optique de présenter ses condoléances à ce pays frère, endeuillé par l’attentat le dimanche passé ; IBK est aujourd’hui jeudi 17 août à Tombouctou où également le deuil est encore vif. Soucieux de maintenir des relations amicales et diplomatiques avec l’extérieur sans pour autant être absent à l’intérieur du pays : un pari incompris.

Apres la visite du premier ministre Idrissa Abdoulaye Maiga et le représentant spécial du secrétaire général des nations unies, Mohamed Saleh Annadif le 15 août à Tombouctou ; c’est le tour du président de la république de s’y rendre 72 heures après l’attaque. Atterri à l’aéroport de Tombouctou aux environs de 12 heures, IBK s’était rendu au quartier général de la MIINUSMA mais aussi à la légion de gendarmerie qui lui est contiguë. Il s’agissait de témoigner et réaffirmer le soutien et la solidarité du gouvernement et du peuple malien à l’endroit des familles de victimes, des forces armées maliennes et la mission onusienne. IBK et sa délégation dont les ministres de la Défense et des anciens combattants Tienan Coulibaly, de l’Administration territoriale Tieman Hubert Coulibaly, le secrétaire général de la présidence Soumeilou Boubeye Maiga, le médiateur de la république Baba Akhib Haidara, ainsi que l’ancien premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, s’étaient rendues au camp des Forces Armées Maliennes pour les encourager et réaffirmer sa détermination à lutter contre le terrorisme. Une journée chargée, car le chef de l’État s’estt aussi rendu au domicile de l’imam de la grande mosquée Djingareyber. Des personnalités et notabilités de la ville l’attendaient déjà chez Abdarahmane Ben Essayouti imam de ladite grande mosquée. Selon Yehia Tandina, journaliste à Tombouctou, Le président très marqué par la perte brutale de ces compatriotes a affirmé que « quand un père perd ses enfants, il ne peut que s’en remettre à Dieu. C’est lui qui donne et c’est lui qui retire ». IBK avait au préalable expliqué les raisons qui l’ont poussé à se rendre à Ouagadougou au Burkina, bien que Douentza et Tombouctou aient été ciblées. « Je suis le président du G5 Sahel, un pays frère, ami et membre de cette organisation. C’est pourquoi j’ai dépêché le premier ministre et des membres du gouvernement à Tombouctou en attendant mon retour » avait justifié l’hôte de la cité de 333 saints. La délégation s’était ensuite rendue dans la famille du gendarme mort dans l’attaque, ainsi que dans les familles des six autres victimes de la barbarie. IBK n’a pas manqué d’opérer des gestes à l’endroit des notables et des parents des familles attristées.

Cette visite a été saluée par la population de Tombouctou, qui y voient un signe de considération du président à leur égard et à l’égard des victimes. Des voies s’étaient levées pour s’indigner de son déplacement à Ouaga alors que la même tragédie endeuillait son pays. Dans les régions du Nord qui ont souffert des affres de l’occupation, les populations ne cachent plus leur malaise face au pouvoir central. Certains pensent que le gouvernement ne se soucie pas de leur sort, les laissant livrer à l’insécurité chronique et au terrorisme.

Guillaume Ngefa : « Notre rôle, c’est d’établir la vérité »

 La Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP) de la MINUSMA est un pilier fondamental de la mission onusienne. Les personnes qui y travaillent assurent la protection et la promotion des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire national. La découverte récente de fosses communes dans la région de Kidal et la libération de 9 enfant soldats enrôlés dans les mouvements armés ont, pour un temps, mis sur le devant de la scène cette division très informée et qui cultive la discrétion. Guillaume Ngefa, son Directeur, a répondu aux questions du Journal du Mali sur son travail quotidien dans un contexte de violence et d’insécurité.

Quel est le rôle de la division des Droits de l’Homme de la Minusma ?

C’est la composante de la mission qui a reçu mandat de surveiller la situation des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire national, d’aider à enquêter sur les abus et les violations des droits de l’homme, de les documenter et de les rendre publics et de contribuer au renforcement des capacités des institutions nationales, ainsi que des organisations non-gouvernementales. Nous aidons aussi à l’administration de la justice.

Faites-vous aussi de la sensibilisation ?

Le volet sensibilisation est une composante essentielle de notre travail. Nous conduisons une série de formations des forces de défense et de sécurité maliennes, en coopération avec l’EUTM et l’EUCAP, qui forment la police et la gendarmerie. Nous avons des programmes de renforcement des capacités des organes chargés de l’administration de la justice. Chaque année nous organisons une formation avec l’institut des droits de l’homme de Strasbourg sur le droit international, les droits de l’homme et le droit humanitaire, nous en sommes à la quatrième.

Quel est votre rôle face à des abus et des violations graves des droits de l’homme ?

Les violations du cessez-le-feu peuvent s’accompagner d’abus ou de violations des droits de l’homme. Nous devons enquêter, faire la lumière et rendre nos conclusions accessibles au public via un rapport. Nous recevons toutes sortes d’allégations, de plusieurs sources : victimes, chefs de villages, sources journalistiques, témoins. Nous les vérifions pour les corroborer, voir si elles sont vraisemblables. Car elles peuvent être fictives, minimisées, exagérées ou utilisées à des fins totalement politiciennes. Vu la complexité de certaines situations, on déploie d’abord une mission d’investigation. Quand on a assez d’éléments, on déploie une mission d’établissement des faits pour les vérifier et les déterminer. Ce devoir de vérification permet aux victimes de connaître la vérité et à la justice d’ouvrir des enquêtes pour que les auteurs répondent de leurs actes.

Comment cela s’est- il passé pour les fosses communes découvertes dans la région de Kidal ?

Nous documentons et suivons cela depuis juillet 2016, lorsque les affrontements ont commencé entre le Gatia et la CMA. Après vérification, nous sommes arrivés à 67 allégations de violations des droits de l’homme. C’est dans l’établissement des faits que nous avons découvert deux fosses communes et deux tombes individuelles. Jusqu’à maintenant, nous avons 34 cas d’abus sérieux qui ont été commis aussi bien par le GATIA que par la CMA. Les conclusions de nos enquêtes sont partagées avec les groupes armés. Le but est qu’ils assument la responsabilité de ce qui s’est passé. Les faits commis peuvent faire l’objet d’enquêtes judiciaires.

Comment faites-vous pour ne pas être manipulés par les uns ou les autres ?

On tente de nous manipuler, ça fait partie du jeu, mais les informations sont collectées, vérifiées. On ne s’appuie que sur des fait établis. Si ce n’est pas vérifié, on parle d’allégation. Il y a eu un mois d’enquête en ce qui concerne les fosses communes de Kidal. Les 33 allégations qui restent doivent passer par tout ce processus. L’enquête doit continuer, il y a des éléments manquants.

Une fois les responsabilités établies, que va-t-il se passer ?

Nos enquêtes ne sont pas des enquêtes criminelles. Ce sont des informations mises à la disposition de la justice pour qu’elle ouvre une enquête criminelle. C’est à elle de dire le droit, de qualifier les faits et de déterminer la sanction prévue par la loi malienne. Il est important que la justice fasse son travail.

 La justice s’est-elle saisie de précédents rapports que vous lui avez transmis ?

Nous avons produit trois rapports, sur Kidal et Tin Hama notamment. Ils ont été transmis à la justice. Maintenant, il faut leur poser la question. Notre travail est important dans le processus de paix, ça rassure les gens, au moins ils savent que l’impunité ne continue pas.

Polémique autour de la visite du président IBK à Ouagadougou

Le Président de la République IBK s’était rendu le mardi 15 août 2017 au Burkina Faso pour témoigner de sa solidarité après l’attentat du dimanche à Ouagadougou qui a fait 18 victimes. Ce déplacement apparait normal, mais il a fait polémique par le fait qu’à Douentza et à Tombouctou, le lendemain, le terrorisme à fait aussi des victimes, sans qu’IBK ne se déplace sur le terrain.

L’attentat du dimanche dernier qui a fait 18 morts au Café restaurant Aziz Istanbul de Ouagadougou a motivé le déplacement du président IBK dans la capitale burkinabé. Le geste était fort et symbolique. Il s’agissait de témoigner de son soutien à son homologue Roch Marc Christian Kaboré et au peuple burkinabé en des moments aussi tragiques. Sur place, IBK a déclaré que « le G5 sahel est uni dans ces circonstances » face au terrorisme. Il a en outre visité avec son homologue, les décombres du restaurant Aziz Istanbul. Pour Ibrahim Boubacar Keita, « le doux temps de l’insouciance est terminé » et que «  nous sommes obligés d’accepter aujourd’hui, qu’à tout moment nous pouvons être agressés » a t-il souligné. Quoi de plus normal qu’un président aille s’incliner devant la mémoire des victimes d’un fléau devenu mondial et en plus s’il s’agit du Burkina, pays frontalier et membre du G5 Sahel. Seulement, la même barbarie qui a arraché la vie à des innocents n’a pas épargné le Mali.

Tombouctou et Douentza Au lendemain de l’attaque d’Ouagadougou, lundi 14 août, le camp de la Minusma à Douentza au centre du Mali, a subi une attaque terroriste qui a coûté la vie à (1) un soldat des casques bleus et à (1) un autre de l’armée malienne. Quelques heures plutard, c’est le camp de la mission internationale des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Tombouctou qui a été pris pour cible. Là aussi des victimes à l’issu des combats ont été déplorées. Neuf personnes, toutes maliennes, ont trouvé la mort dans cette attaque contre la mission onusienne. En dénombrant tout les morts dans les deux attaques y compris les assaillants, les pertes seraient de 19 morts. Sur les réseaux sociaux, certains internautes reprochent au président son «  manque de considération » aux morts du Mali. En se rendant dans ce pays voisin, IBK s’est attiré, comme le plus souvent ces derniers temps, le mépris de ceux qui pensent qu’ils auraient pu rendre hommage à « ceux qui sont morts en défendant la patrie ». Le premier ministre Idrissa Abdoulaye Maiga et le Représentant spécial du secrétaire général de Nations unies, Mahamet Saleh Annadif, ont effectué le déplacement le 15 août dans la ville de 333 saints pour constater les dégâts et témoigner leur solidarité et soutien aux blessés et aux forces en présence. Une fausse note pour le président IBK dont la côte de popularité a considérablement baissé depuis 2013.

Attaque contre un camp de l’ONU à Tombouctou, 9 morts.

Neuf personnes, dont un Casque bleu et cinq agents de sécurité maliens, ont été tuées lundi lors de deux attaques distinctes contre la mission de l’ONU au Mali (Minusma).

Ces attaques sont survenues la veille d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la paix et la sécurité en Afrique.

 Une première attaque d' »hommes armés non identifiés » a visé des camps de la Minusma à Douentza dans le centre du pays, a annoncé la force de l’ONU au Mali.

Un Casque bleu, dont la nationalité n’a pas été précisée, et un soldat malien ont été tués, selon la Minusma. Un autre Casque bleu a été blessé. En outre, deux assaillants ont été tués dans la riposte des soldats de l’ONU.

« Un premier groupe d’assaillants a tiré sur un camp de la Minusma à partir d’une colline adjacente. En réaction, les forces armées maliennes, établies à proximité du camp, ont riposté », a expliqué la Minusma.
« Un deuxième groupe se dirigeant à pied vers l’autre camp de la Minusma a ouvert le feu. Les Casques bleus ont riposté et deux assaillants ont été abattus », a ajouté la Minusma, qui a condamné « cette attaque terroriste révoltante ».

Lors d’une deuxième attaque, des hommes armés ont attaqué le QG de la Minusma à Tombouctou (nord-ouest).
Selon « des éléments préliminaires », cinq gardes de la Minusma, tous de nationalité malienne, un membre de la gendarmerie malienne et un agent civil contractuel de la Minusma, ont été tués, a indiqué la Minusma. En outre, un garde de sécurité malien et six Casques bleus ont été blessés, dont deux grièvement.
« Six assaillants ont été abattus lors de la riposte de la Minusma à l’attaque », a précisé l’ONU.
La Minusma a ensuite déployé une force de réaction rapide destinée à « sécuriser le quartier général de la Mission et des hélicoptères d’attaque pour traquer d’éventuels assaillants », a-t-elle expliqué.

Le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Saleh Annadif, a condamné un « acte lâche et ignoble ».

Un peu plus tôt, un responsable du gouvernorat de Tombouctou avait indiqué que les « terroristes » étaient armés de grenades et de Kalachnikov.
« Dès qu’ils sont arrivés devant l’entrée principale de la Minusma à Tombouctou, ils ont ouvert le feu sur les agents de sécurité d’une société de gardiennage qui travaille pour la Minusma », avait déclaré de son côté à l’AFP une source sécuritaire malienne, ajoutant que « six terroristes » avaient été tués.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Ces groupes armés en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré l’accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.

Mardi, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU doit se tenir sur la paix et la sécurité en Afrique.
Les 15 membres du Conseil doivent notamment parler de la force en cours de création par les pays du G5 Sahel (Bukina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) qui vise à combler les lacunes des dispositifs militaires nationaux et multinationaux dans la région, qui semblent avoir du mal à enrayer l’expansion des groupes jihadistes.
Cette force de quelque 5.000 hommes devrait être opérationnelle à l’automne mais son financement est encore loin d’être assuré.

L’ONU enquête sur de possibles fosses communes au Nord Mali

La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a fait savoir samedi qu’elle enquêtait sur l’existence de fosses communes et sur de nombreuses accusations de violations des droits de l’homme par des groupes armés tentant de contrôler la région.

Dans un communiqué, la Minusma indique avoir été informée « d’allégations d’abus et de violations graves des droits de l’homme, imputées respectivement (aux) mouvements signataires » de l’accord de paix signé en mai-juin 2015 entre les groupes armés pro-gouvernementaux, réunis au sein de la « Plateforme », et les groupes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg). Cet accord de paix est régulièrement violé depuis juin.
La Minusma a annoncé samedi avoir déployé « des équipes de la Division des droits de l’homme et de la protection, afin d’enquêter et de documenter ces éventuels abus et violations, notamment à Anéfis (région de Kidal, NDLR), où l’existence de charniers a été rapportée », ajoute le communiqué.
« Sur les 67 allégations, 34 ont pu être corroborées et confirmées, parmi lesquelles figurent notamment des disparitions forcées d’individus, y compris celles de mineurs, des cas d’enlèvement et de mauvais traitements, ainsi que des cas de destructions, d’incendie et de vols », rapporte la Minusma.
Les équipes de la Minusma ont « constaté sur place l’existence de tombes individuelles et de fosses communes », sans être en mesure d’établir pour le moment le nombre de personnes enterrées et les circonstances de leur décès, poursuit le communiqué, qui ajoute que les enquêtes vont se poursuivre notamment sur le sort des personnes disparues.
La Minusma s’est dite « aussi extrêmement préoccupée de la possible présence de mineurs dans les rangs des mouvements signataires, ce qui constitue de graves violations des droits de l’enfant en période de conflit armé ».
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Des centaines de manifestants contre la France

Des manifestants se sont regroupés hier devant l’ambassade de France pour dénoncer « la partialité » de la France et « la passivité » de la MINUSMA.

« Non au silence coupable de la France » ou encore « Nous avons enfin compris : la France et Barkhane, on en a marre » c’est sous ces slogans que des centaines de manifestants se sont massés jeudi 3 août devant l’ambassade de France pour dénoncer la « partialité » de la France dans le Nord-Mali. Une toute nouvelle association a été créée pour la circonstance. Le mouvement Waati Sera (le temps est venu) on a tout compris, uniquement composé de jeunes de la société civile. « Nous avons décidé de manifester après les évènements de Menaka, nous avons eu des informations très sûres, sur le terrain qui attestent que la CMA a pris la ville sous l’œil assistante de la MINUSMA et avec la complicité de la France » soutient Moussa Coulibaly, du mouvement Waati Sera. Malgré la faible affluence lors de la marche, les organisateurs se montrent satisfaits. « Nous l’avons organisé en 24 heures, sans parti politique, mais la manifestation a tout de même regroupé des maliens de tous bords qui ont répondu à l’appel pour le pays » affirme Coulibaly. Ils estiment également avoir été victime d’intimidations de la part des forces de l’ordre présentes, pour encadrer la manifestation. « Ils nous intimaient l’ordre de mettre fin à notre sit-in mais il n’y a pas eu de débordement » explique le chargé de communication du néo-mouvement, qui réclament plus d’action de la part de la mission onusienne également.

Pour les initiateurs, ce n’est que le début, de ce qu’ils espèrent être des manifestations qui regrouperont plus de monde pour un plus grand impact. « Il faut que les religieux, que les manifestants du Oui et du Non, qui ont beaucoup de monde, s’unissent pour plaider la cause de notre pays » conclut Coulibaly.

 

Deux Casques bleus meurent dans un crash d’hélicoptère

Deux Casques bleus allemands sont morts mercredi dans le crash vraisemblablement accidentel de leur hélicoptère dans le nord du Mali, ont annoncé les Nations unies et Berlin, alors que de nouveaux affrontements étaient signalés dans ce pays particulièrement instable du Sahel.

L’hélicoptère faisait partie du contingent allemand de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma).

« Nous avons la triste certitude que deux soldats de la Bundeswehr (armée allemande, ndlr) ont donné leur vie pour notre pays », a indiqué la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, lors d’une courte déclaration prononcée dans la soirée à Berlin.

Dans un communiqué, la Minusma avait auparavant annoncé « avec consternation la survenue d’un crash d’hélicoptère de la mission onusienne (…) au sud de Tabankort dans la région de Gao ».

« L’hélicoptère avait à son bord deux Casques bleus constituant l’équipage et qui, malheureusement sont tous décédés », selon ce texte.

« Les indications préliminaires font état d’une défaillance technique. Les enquêtes détermineront les circonstances exactes du crash », ajoute la Minusma.

Selon le vice-amiral Joachim Georg Rühle, adjoint du chef d’état-major de la Bundeswehr, l’accident s’est produit vers 12H20 GMT, « à environ 70 km au nord de Gao ».

L’équipage n’a lancé « aucun appel de détresse », selon M. Rühle, qui s’exprimait aux côtés de Mme von der Leyen.

« On ignore totalement » la cause de l’accident mais « aucun indice » n’indique pour l’instant une « intervention extérieure », selon lui.

Selon la Bundeswehr, l’hélicoptère a été victime « d’une défaillance technique massive », affirmait mercredi soir le magazine allemand Der Spiegel.

A New York, au siège de l’ONU, un porte-parole a expliqué que l’hélicoptère « surveillait des affrontements au sol ».

En mars 2015, deux militaires néerlandais de la Minusma avaient péri dans un accident d’hélicoptère, près de Gao.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013, à l’initiative de la France, toujours en cours.

Mais des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de la Minusma (12.000 hommes), régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler les jihadistes.

Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali. Le phénomène gagne les pays voisins, comme le Burkina Faso et le Niger.

De violents affrontements entre groupes armés ont été signalés mercredi dans la région de Kidal (nord), à plusieurs centaines de kilomètres du crash.

Ces combats ont opposé le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, progouvernemental) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg), signataires de l’accord de paix, selon une source militaire au sein de la mission de l’ONU.

Les belligérants, interrogés séparément par l’AFP, se sont rejeté la responsabilité de la reprise des hostilités.

L’armée allemande a renforcé depuis début 2017 sa présence au Mali, avec l’arrivée de huit hélicoptères et de plusieurs centaines d’hommes, décision emblématique de la montée en puissance européenne que la France souhaite en Afrique.

Le contingent allemand de la Minusma compte actuellement 639 membres, le plus gros déploiement de la Bundeswehr à l’étranger.

Les quatre hélicoptères de combat Tigre ont pour fonction d’assurer la sécurité rapprochée des troupes et de participer à des missions de reconnaissance, au côté de blindés légers et de drones allemands.

Suite au crash, leurs vols de routines sont « pour le moment suspendus », selon Mme von der Leyen.

Début juillet, les dirigeants des pays du G5 Sahel (Mali, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso et Niger), aiguillonnés par la France, ont acté la constitution d’une force antijihadiste conjointe et débloqué des fonds pour commencer son déploiement en septembre-octobre, dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Avec un effectif initial de 5.000 hommes, elle s’ajoutera aux troupes de l’opération Barkhane et de la Minusma.

Mise en œuvre de l’Accord : La paix au Mali à bout de bras

Après deux ans et les nombreux efforts consentis, les résultats de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, peinent à se faire sentir. Si la communauté internationale préfère parler de « retard » plutôt que de panne, elle en appelle à la responsabilité des parties signataires, car, si elle est garante du processus, c’est aux « Maliens de faire la paix ».

Pour accélérer la mise en œuvre de l’accord, les parties signataires, la communauté internationale et les partenaires du Mali se sont réunis à Bamako, du 17 au 19 juillet 2017, pour valider la Stratégie spécifique de développement intégré des régions du Nord, destinée à « hisser les régions du Nord au même niveau que le reste du pays en termes d’indicateurs du développement et ce dans un délai n’excédant pas une période de 10 à 15 ans ».

S’il n’est pas dans une impasse, l’accord signé il y maintenant deux ans « connaît des retards » dans son application, reconnaît ce haut diplomate français. D’autant que certaines dispositions, comme la mise en place du programme DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion), censé être effectif au cours des six premiers mois après la signature de l’accord, ne sont toujours pas mises en œuvre. « Je ne suis pas aveugle. Je crois que la lassitude vient du fait qu’on a été un peu optimiste sur la mise en œuvre de l’accord. Aujourd’hui, on est confronté à la réalité. Il faut la prendre en compte et continuer d’avancer », note cet interlocuteur, ajoutant que « nous n’avons pas droit à la lassitude, car les populations du Nord sont dans l’attente et qu’il y a le terrorisme à combattre.

Autre difficulté, la complexité de l’accord, selon l’Ambassadeur allemand au Mali, Monsieur Dietrich Becker, une difficulté qui n’empêche pas cependant que soit mis en œuvre ce document de référence. D’autant que l’accord « n’est pas fait seulement pour Kidal, Ménaka ou Gao. Il y a des choses pour tout le Mali, notamment la décentralisation, qu’il faut mettre en œuvre au plus vite ».

L’épreuve du terrain Annoncées pour ce 20 juillet, la mise en place du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) et celle des autorités intérimaires, le 31 juillet, à Kidal, est remise en cause, dû aux affrontements opposant sur le terrain les groupes signataires depuis le 6 juillet. Ce regain de tension est « compliqué par une nouvelle donne, la dimension communautaire. Vous savez, dans les conflits communautaires, la raison n’est plus là, ce sont les sentiments qui dirigent. Nous disons au gouvernement, aux groupes armés, hâtons le pas pour accélérer la mise en œuvre de l’accord », déclare le Représentant Spécial du Secrétaire général des Nations unies, Mahamat Saleh Annadif, chef de la MINUSMA.

Un avis que partage Ahmed Boutache, président du CSA, qui estime que la solution à la crise, qui est encore bien loin d’être totalement résorbée, se trouve dans l’Accord de Paix. « Il n’y a tout simplement pas d’autre alternative comme en attestent les déclarations récurrentes des parties signataires au sujet de leur attachement à l’Accord et à sa mise en œuvre ».

Pointée du doigt pour son immobilisme ou même sa partialité, la MINUSMA fait l’objet de nombreuses critiques, comme lors de la manifestation organisée le 14 juillet, après le début des affrontements à Kidal. Garante du respect des termes de l’accord, la mission de l’ONU appelle cependant les parties à prendre leurs responsabilités. « Il y a une véritable crise de confiance entre les parties signataires. Au départ, c’était deux mouvements qui étaient ensemble jusqu’aux évènements de Kidal en 2016. Le gouvernement a traîné le pas. On a pris des libertés sur certaines choses. Aujourd’hui, dans cette nouvelle phase, ce sont deux mouvements qui se font face dans une confrontation armée ».

Pourtant, la MINUSMA reste très attendue par tous les acteurs, y compris le gouvernement, qui a sollicité en juin dernier un mandat « plus  robuste » pour permettre à la mission de faire face aux menaces multiformes auxquelles elle est confrontée sur le terrain. Et en dépit de ses faiblesses, la MINUSMA reste indispensable pour la stabilité au Mali, note le diplomate allemand, qui reste convaincu que la mission améliorera son efficacité grâce aux mesures qui seront envisagées par son leadership. Une exigence que Dietrich Becker souhaite voir observée de la part du gouvernement, pour améliorer la gestion des ressources humaines au sein des forces armées et de sécurité.

La MINUSMA n’est cependant qu’une force d’interposition, destinée à maintenir la paix entre les différents protagonistes. Et si la communauté internationale est garante de la mise en œuvre de l’accord, c’est aux parties maliennes de mettre en œuvre leurs engagements, renchérit le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), Monsieur Pierre BUYOYA. « Il faut que les parties s’engagent à appliquer l’accord, ce qui demande une confiance mutuelle qui n’est pas toujours là. Parce que la mise en œuvre de l’accord est l’affaire des parties. La communauté internationale est là pour soutenir, pour accompagner. Il s’agit de paix, c’est un processus long », conclut-il.

Regrettant le fait « qu’à chaque fois qu’une avancée se fait jour, et qu’il semble qu’un consensus soit trouvé sur telle ou telle question, de nouvelles difficultés surgissent, comme c’est le cas avec les affrontements à Kidal », l’ambassadrice de France au Mali met en garde « les responsables de ces violations répétées de l’accord de paix et leur rappelle qu’au delà de leurs différends communautaires et intérêts économiques, c’est la liberté de leur région et l’intégrité du Mali qui sont en jeu, ainsi que les vies humaines qui continuent d’en payer le prix ».

L’œil du cyclone Pourquoi alors ne pas sanctionner ceux qui violent l’accord ? « Parce que les sanctions constituent le dernier recours et qu’après il faut toujours négocier pour trouver un terrain d’entente », soutient le Haut représentant de l’Union africaine. Si son gouvernement est pour le principe des sanctions, l’Ambassadrice de France, Mme Evelyne Decorps, estime qu’avant de les évoquer, « il faut adopter une attitude responsable, il faut rétablir la confiance entre les uns et les autres. Et, pour cela, il faut un arbitre. Même si les groupes armés et le gouvernement le demandent, la communauté internationale ne peut pas être cet arbitre. Elle est là pour apporter la sécurité, elle n’est pas là pour remplacer l’action du gouvernement ou des groupes armés. C’est leur bonne foi à eux qui doit être totale ».

Continuer donc à mettre en œuvre l’accord dans ses dispositions qui peuvent l’être et à Kidal, « quand elle sera prête », c’est aussi l’option préconisée par l’ambassadeur d’Allemagne, pour qui Kidal doit cesser d’être « le fétiche du gouvernement dans ce processus de paix ». D’autant que « toute personne qui croit qu’elle peut conquérir ou garder Kidal par la force se trompe. Ils (les signataires) seront obligés de s’asseoir pour parler », déclare le chef de la MINUSMA. Un énième chronogramme consensuel sera donc nécessaire pour que toutes les parties acceptent enfin le retour de l’administration à Kidal. C’est en tout cas l’une des recommandations de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), partie prenante de la médiation internationale.

Mettre en œuvre l’accord en l’état suppose du pragmatisme et un volontarisme sans faille. Maintes fois repoussée, l’installation des autorités intérimaires à Kidal semble être un véritable goulot d’étranglement au processus.

En attendant, le temps joue contre le processus de paix. Ce temps profite aux groupes extrémistes désireux d’étendre leur influence. Le retard dans le processus a une autre conséquence : provoquer la lassitude de la communauté internationale, qui le finance et le supervise. « On a laissé trop d’espace pour les jeux politiques entre Maliens et, un jour, on sera fatigué de ces jeux », tranche Dietrich Becker, qui ajoute que la MINUSMA est financée par des milliards d’euros qu’il vaudrait mieux investir dans le développement.

 

 

Le chef de la Minusma face à la presse

Après le renouvellement de son mandat le 29 juin 2017, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali a tenu une conférence de presse, mardi 18 juillet, à la Maison de la presse à Bamako. Animée par le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et chef de la MINUSMA M. Mahamat Saleh Annadif, accompagné d’une délégation dont son adjointe Madame Mbaranga Gasarabwe . L’objectif de cette conférence était d’informer la presse sur les priorités stratégiques du nouveau mandat de la Mission consacré dans la résolution 2364 du Conseil de Sécurité de Nations Unies.

Intervenant au Mali depuis 2013 par la  résolution 2100 du 25 avril de la même année, le conseil de sécurité de Nations Unies a renouvelé encore une fois le mandat de la mission le 29 juin dernier.

C’est suite à ce renouvellement que le secrétaire général des Nations Unies a souhaité échanger avec la presse sur le mandat de la Minusma, la situation actuelle qui sévit dans le pays, le processus de paix encours et autres développements connexes qui concernent le pays.

Le chef de la MINUSMA a remercié la presse pour avoir répondu à l’invitation, et a situé le contexte dans lequel cet échange intervient. Pour lui, l’échange intervient après trois semaines du renouvellement du mandat de la MINUSMA, il intervient aussi au moment où l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger a dépassé ses deux ans. La rencontre intervient également après la résolution 2359 qui annonce la mise en place d’une force conjointe des pays du G5 Sahel, une force saluée par le conseil de sécurité des Nations Unies, selon son représentant spécial.

Les éléments novateurs dans le nouveau mandat de la MINUSMA sont entre autres : la volonté des chefs d’Etat du G5 sahel à mettre en place une force conjointe soulignée pour la première fois dans la résolution, le processus électoral au Mali et le soutien réaffirmé par la résolution aux Forces de Défenses et de Sécurité Maliennes en lui donnant un soutien conséquent. « La MINUSMA est entrain de finaliser un protocole qui la liera avec les Forces de Défenses et de Sécurité Malienne », ajoute le représentant spécial.

Concertant le retour de l’Administration à Kidal prévu ce 20 juillet, M. Annadif estime que l’Accord a accusé un retard énorme. «  L’accord pour la paix et la réconciliation se définit par un certain nombres d’actions à mener pendant la période intérimaire, parmi lesquelles le retour de l’administration à Kidal. Il y a eu énormément de retard pour mettre en place ces mesures, qui sont des mesures pour restaurer la confiance, parmi lesquelles les autorités intérimaires et ce qui s’ensuit » a souligné le chef de la MINUSMA. « Mais depuis un certain temps les parties maliennes ont un cadre formel pour discuter entre elles. Le CSA intervient seulement quand il y a des blocages a précisé M.Annadif.

Les affrontements entre la CMA et la Plateforme interviennent aussi alors que le retour de l’Administration était prévu pour ce 20 juillet à Kidal. « Les discussions continuent entre les mouvements et le gouvernement pour annoncer un cessez-le-feu et acter de façon définitive ce chronogramme. » Le représentant spécial tout en reconnaissant la lenteur dans la mise en œuvre de l’Accord, regrette que les deux ans soient écoulés sans qu’on puisse installer les mesures intérimaires. Mais de même le secrétaire général reste optimiste même s’il estime l’Accord complexe et difficile. « Tant qu’il y a des discussions, tant que le dialogue existe on peut dépasser ces difficultés » temporise t-il. Pour lui la crise du Nord n’est pas née en 2012, c ‘est depuis les années 60 qu’elle existe. « l’Accord de paix est parrainé pour la première fois par la communauté internationale et tous les pays voisins du Mali », assure M. Annadif

Le commandant de la force a fait état de la nature du soutien de la MINUSMA aux Forces des Défenses et de Sécurité Malienne. Il y aura un partenariat avec les forces de défenses et de sécurité maliennes, des opérations, la coordination des opérations, échange de renseignements, soutien logistique, soutien à la formation et à l’entraînement, évacuation médicale etc.

Le chef de la MINUSMA a rappelé que la MINUSMA n’a pas pour mission de lutter contre le terrorisme. Elle a une mission de stabiliser. La force du G5 Sahel qui aura pour mission de lutter contre le terrorisme, contre la criminalité organisée et le trafic de drogue est une décision africaine et qui a été soutenue par le Secrétaire général des Nations Unies. Mais les attentes par rapport aux financements n’ont pas été comblées par le conseil de sécurité de l’ONU.

Sur le sujet qui divise le plus les Maliens aujourd’hui, le représentant spécial du secrétaire général parlant de la constitution dira que « la constitution c’est un débat interne aux Maliens » , « mais depuis quelques temps nous avons constaté qu’il y a deux camps qui ont commencé à se former ». C’est dans ce cadre que la MINUSMA a discuté avec la majorité présidentielle et les parties de l’opposition démocratique pour renouer le dialogue et trouver un consensus autour de la constitution. « Nous suivons les débats, nous essayons d’apaiser la tension » a indiqué M. Annadif. Il a aussi évoqué l’impartialité de la MINUSMA entre les groupes armés «  quand vous êtes accusés par les uns et les autres cela veut dire que vous faites votre travail de façon impartiale » a-t-il souligné.

M. Annadif n’a pas manqué d’évoquer le terrorisme qui ne connaît pas de frontière. Pour lui  «  La lutte contre le terrorisme est un phénomène plus complexe » et « sa réponse devrait être collective » a-t-il martelé. Répondant aux manques des sanctions vis-à-vis de ceux qui violeraient l’Accord, le chef de la MINUSMA pense que les sanctions constituent le dernier recours.

Annadif a appelé a « sauvegarder l’Accord avec beaucoup de précaution » car dira t-il les problèmes maliens sont un problème politique, la crise malienne n’a pas de solutions militaires.

Koen Davidse : « La protection des civils incombe aux autorités maliennes »

Le mandat de la MINUSMA arrive à son terme le 30 juin prochain. Il sera renouvelé sans surprise pour une durée d’un an. Insécurité, force de réaction rapide, efficacité de la mission onusienne, Koen Davidse, Représentant spécial adjoint de la MINUSMA, a livré au Journal du Mali son point de vue sur ces questions d’importance, alors qu’une majorité de Maliens doute de l’impact réel des actions de la mission onusienne.

 Quel bilan faites-vous, au regard du processus de paix, de la situation sécuritaire au Mali et dans la région ?

La situation sécuritaire dans le Nord demeure fragile avec une recrudescence de l’activité des extrémistes violents et des éléments terroristes dans les régions centrales, ciblant entre autres des responsables étatiques et alimentant diverses tensions, notamment communautaires. Depuis juin de l’année dernière, 201 attaques ont été menées contre les forces maliennes, internationales et la MINUSMA, ainsi que contre les mouvements signataires. Par ailleurs, l’implication de certains de ces groupes au sein de réseaux criminels transnationaux, souligne l’urgente nécessité de contrer l’expansion du terrorisme dans la zone sahélo-saharienne. À cet égard, l’initiative du G5 Sahel de déployer une force conjointe au Mali répond aux défis sécuritaires transfrontaliers. Il convient de souligner que la responsabilité première d’assurer la protection des civils menacés de violences physiques incombe aux autorités maliennes.

Le mandat de la MINUSMA prendra fin le 30 juin prochain. Que peut-on attendre de ce nouveau mandat qui devrait lui être accordé ?

On ne doit pas s’attendre à des changements majeurs. Les principes clés et les objectifs sont clairs et inscrits dans le mandat actuel. Les rôles de bons offices du Représentant spécial et de la Mission sont appelés à se poursuivre dans le cadre des mécanismes de suivi et d’appui au processus de paix afin d’accélérer la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix. Par ailleurs la MINUSMA entend soutenir le PSIRC (Plan de sécurisation intégrée des régions du Centre), mis en place par le gouvernement afin de faire face aux défis sécuritaires dans le Centre du pays et ceci en étroite concertation avec d’autres acteurs, notamment l’Union européenne. Une réflexion est sur le point d’être engagée sur un transfert progressif des responsabilités de consolidation de la paix aux autres membres du système des Nations unies, notamment des agences, en fonction de leurs avantages comparatifs et de leurs expertises.

Pourquoi la force d’intervention rapide n’est-elle toujours pas opérationnelle alors qu’elle devait être déployée en février ? Pouvez-vous nous dire quand elle le sera ?

Le déploiement du premier détachement de cette force de réaction rapide est prévu courant du mois d’août 2017. Il importe de rappeler que cette force a pour vocation, entre autres, de renforcer la protection de la population.

Le rôle de la MINUSMA est aussi de protéger les populations. Pourquoi n’y parvient-elle pas où plutôt pourquoi les populations ont l’impression qu’elle n’est pas là pour les protéger et remettent en cause son efficacité ?

La MINUSMA opère au quotidien dans un environnement particulièrement complexe et vaste. Pourtant, face à ces défis quotidiens, la Mission, par son engagement et ses actions, a évité à bien des égards, des dénouements tragiques. Ainsi, lors des combats entre les mouvements armés signataires aux abords de la ville de Kidal en août 2016, la MINUSMA a rapidement déployé ses moyens de surveillance et de force de maintien de la paix ainsi qu’un cordon sécuritaire, contribuant ainsi activement à la cessation des hostilités. Plus récemment, en mars 2017, la présence de certains groupes armés aux abords de la ville de Tombouctou a entrainé de la part de la MINUSMA un renforcement de ses capacités de surveillance, d’intervention, et de police en ville, contrant avec succès cette menace potentielle. Enfin, la recrudescence de la violence dans la région de Kidal, il y a dix jours, a conduit la Mission a déployer des patrouilles renforcées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, dans la ville de Kidal et à Aguelhok, destinées à apaiser les tensions et à protéger les civils conformément à son mandat. Il importe de rappeler que la protection des civils est l’affaire de tous. La MINUSMA ne saurait accomplir cette responsabilité seule. L’engagement des autorités maliennes et d’autres partenaires impliqués dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité est indispensable dans un cadre concerté.

Quelles voies et moyens préconisez-vous pour faire avancer la paix et la stabilisation dans le contexte actuel ?

Le dialogue constructif et inclusif, notamment à l’égard des femmes et des jeunes, est le seul moyen de faire face aux défis et d’avancer ensemble sur le chemin de la paix. Car il n’y pas d’autre alternative pérenne. La solution à la crise malienne est avant tout politique. Seule la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix peut assurer au Mali de renouer avec la nécessaire stabilité et prospérité.

Trois casques bleus tués dans une attaque à Kidal

Trois casques bleus ont été tués, jeudi soir, dans le nord-est du Mali lors d’une attaque combinée qui a également fait huit blessés, a annoncé, vendredi 9 juin, la Mission des Nations unies (Minusma) dans un communiqué.

« Hier, le camp de la Minusma à Kidal a été la cible de tirs intensifs de roquettes » qui ont fait cinq blessés parmi le personnel de la Minusma, selon le texte.

« Les informations préliminaires indiquent qu’une dizaine d’obus de différents calibres ont ciblé le camp », ajoute la Mission de l’ONU, précisant que « quelques-uns ont atterri dans les quartiers avoisinants le camp ».

« Peu après, une position de la Force a été attaquée à l’extérieur du camp. Trois casques bleus ont été tués et trois autres blessés », selon le communiqué, qui ne donne aucune indication sur leur nationalité. Les contingents guinéen et tchadien forment l’essentiel des troupes de l’ONU à Kidal.

Un habitant de la région avait fait part à l’AFP jeudi soir de tirs d’une dizaines d’obus en début de soirée, sans autre indication.

« La Minusma condamne dans les termes les plus vigoureux ces attaques lâches et abjectes contre son personnel et la mise en danger de la population civile. Elle exhorte les parties présentes à Kidal à assumer leur pleine responsabilité pour identifier les responsables afin d’assurer leur traduction devant la justice », dénonce le communiqué.

 

Près de la moitié des Maliens, satisfaits de Barkhane, estiment que le nouveau mandat de la Minusma ne changera rien

Selon une étude réalisée par la Fondation (allemande) Friedrich Ebert au Mali, près de la moitié (48,6%) des Maliens estiment être satisfaits du travail de l’opération militaire française Barkhane (13,2% très satisfaits et 35,6% plutôt satisfaits) contre 36% qui ne le sont pas (16,6% de plutôt satisfaits et 19,8% de très insatisfaits). Les contrastes régionaux sont très forts, puisque la satisfaction l’emporte très nettement à Koulikoro, Mopti, Tombouctou, Gao (87,7%), Ménaka, Taoudénit, contrairement à Kayes (67,6%), Kidal (72%), Bamako (52,6%)où les insatisfaits l’emportent.

Concernant l’avis des sondés sur la durée de l’opération Barkhane au Mali, il ressort que 34% des Maliens estiment que les forces armées françaises devraient rester « moins d’un an » au Mali; ils sont 22% à penser qu’elle pourrait encore rester entre « un et trois ans ». Seul 6% d’entre eux, considèrent que  Barkhane pourrait faire plus de 15 ans au Mali.

Sur l’impact que pourrait avoir le nouveau mandat de la MINUSMA sur l’efficacité de celle-ci, 48% des Maliens estiment qu’il ne va rien changer à son efficacité et pour 20% il changera « juste un peu » l’efficacité de la MINUSMA. Cet avis l’emporte dans les régions de Koulikoro (76,9%), Ségou (60%), Bamako (56%) qui pensent que le nouveau mandat de la MINUSMA ne changera rien à son efficacité. A Ménaka, cet avis est partagé par toutes les personnes enquêtées (100%). Les avis sont partagés à Kayes et Gao (50%).

 

 

Barkhane touché par des tirs d’obus à Tombouctou

Plusieurs militaires français ont été blessés hier dans une attaque au mortier à Tombouctou. L’un d’eux est dans un état grave.

Les djihadistes ne faiblissent pas, et continuent d’attaquer de manière sporadique les forces étrangères en position au Mali. Comme en atteste, hier jeudi, l’attaque qui a touché le camp de la Minusma à Tombouctou. « A 8h 40, des mortiers ont atteint le camp, quatre au total ont été tirés, un seul a pu atteindre le super camp et est tombé à proximité de soldats de Barkhane » raconte le porte-parole de la force française. Le camp en question est occupé par les forces de la Minusma, des Famas et par Barkhane. Le nombre de blessé n’a pas été communiqué par Barkhane, mais un des soldats est dans un état grave. « Il est actuellement pris en charge dans un hôpital militaire de Paris, les autres qui sont des blessés légers, seront pris en charge à Tombouctou ou en Algérie » continue-t-il.

Le groupe Nusrat Al-Islam Wal Muslimin a revendiqué l’attaque. « En prenant pour cible les forces d’invasion françaises, les moudjahidines ont bombardé l’aéroport de Tombouctou. Ce qui par la grâce d’Allah a provoqué un nombre de blessés dans les troupes françaises, dont certains grièvement » a déclaré la mouvance dans un communiqué hier dans la soirée.

Juste après l’attaque, des hélicoptères de la Minusma, ont décollés avec à leurs bords des militaires de force Barkhane pour ‘’reconnaître’’ la zone de tir. Une traque est en cours pour dénicher les auteurs de l’attaque. « Barkhane ne fait pas rien, la force a mis en place des mesures actives et passives pour juguler ces attaques djihadistes » assure-t-on du côté de la force française.

Malgré ces mesures, les attaquent ne font que se multiplier. Un mois plus tôt, une attaque du même type avait fait un mort chez les casques bleus. En avril, un soldat français avait perdu la vie lors d’un accrochage avec des djhadistes. C’était le 17ème soldat, tombé au Mali depuis le début de l’opération Serval en 2013, remplacé par la suite par Barkhane en 2014.