Mali: pourquoi il faut renforcer Barkhane et Minusma

Au Mali, face à la menace de plus en plus grandissante des groupes terroristes, la question du renforcement des forces onusiennes et françaises devient crucial.

Plus de 101 attaques ont été attribuées à Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), c’est le journal américain « Long War journal » qui l’a révélé début juin. Ces attaques ont eu lieu, pour la plupart, au Mali, où le mouvement terroriste et ses alliés (Al-Mourabitoune, Ansar Dine) ont battu en retraite depuis 2013, après l’intervention militaire française. C’est le nord du Mali qui est le plus touché, avec 36 attaques dans la région de Kidal où Ansar Dine, groupe terroriste allié d’Al-Qaeda, continue de semer la terreur. Selon « Long War Journal », qui craint que l’année 2016 soit la plus meurtrière depuis 4 ans, Al-Qaeda a revendiqué des attaques en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso ainsi qu’au Niger.

Voilà qui remet au centre des débats la question du renforcement des forces militaires présentes dans le nord du Mali. C’est le mercredi 29 juin prochain que le vote du nouveau mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) aura lieu. Durant ces dernières semaines, un changement de ton important a été constaté dans le discours du patron de la mission onusienne, Mahamat Saleh Annadif, qui a fait clairement comprendre que ses troupes devaient se dégager de la posture de « chair à canon » à laquelle leur mandat les confine :

« On ne peut continuer à accepter l’insupportable. Il est temps de s’engager à une profonde introspection accompagnée par des mesures tangibles, car il est indéniable que certaines pertes auraient pu être évitées si nos contingents étaient mieux formés, mieux équipés, particulièrement de véhicules blindés ».

Ces propos, qui ont permis à M. Annadif de monter très haut dans l’estime des Maliens qui ont toujours souhaité une Minusma « agressive », prouvent à suffisance que les nations se trouvent dans l’urgence de changer leur fusil d’épaule et de revoir leur copie. Aujourd’hui, tout le monde s’attend à ce que, après le vote, la mission onusienne soit renforcée avec des soldats, des hélicoptères et des capacités supplémentaires.

Et Barkhane ?

Selon « Zone militaire », blog spécialisé sur les questions de défense et de sécurité, l’opération Barkhane compte actuellement entre 3.500 et 3.800 hommes répartis sur deux fuseaux (est à partir de N’Djamena et ouest à partir de Gao). La question de son renforcement a aussi été abordée par le président nigérien, Mahamadou Issoufou, lors de sa visite officielle en France, quelques jours après des incursions de Boko Haram sur son territoire. Ainsi, dans une interview accordée au quotidien français Le Monde, M. Issoufou a déclaré : «Il faut renforcer Barkhane. Nous avons fait un excellent travail avec l’armée française aux confins nord de notre pays [avec la base avancée de Madama, ndlr], où nous avons verrouillé les points de passage des trafiquants et des jihadistes en provenance de Libye. (…) Mais face au renforcement de l’activité des groupes terroristes dans la région (…) nous pensons qu’il faut renforcer la présence de Barkhane, y compris autour du lac Tchad. »

Il est difficile de dire si renforcement de Barkhane est à l’ordre du jour dans l’agenda des autorités françaises. Mais la force française a rééquilibré son dispositif dans la région de Kidal pour contrer Ansar Dine. Lors de la visite de Mahamadou Issoufou en France, le président François Hollande a reconnu qu’au Mali « il y a cette tentative toujours répétée des groupes terroristes de faire en sorte que le nord du Mali puisse être déstabilisé. »

 

Violences sexuelles liées au conflit : 600 cas recensés au Mali

Les auteurs de ces actes sont essentiellement des groupes armés et des djihadistes (AQMI, MUJAO, Ansardine), surtout pendant l’occupation des régions du nord. Mais également des forces de la MINUSMA ou quatre cas de viols ont été confirmés, entrainant le rapatriement des auteurs dans leurs pays d’origine.

Le 19 juin marquera la première édition de la journée mondiale des Nations Unies pour l’élimination des violences sexuelles en période de conflit. Invitée à la conférence de presse hebdomadaire de la MINUSMA, la conseillère principale pour la protection des femmes, Mme Bernadette SENE, a profité de l’occasion pour faire le point sur la question des violences sexuelles liées au conflit. « La violence couvre les actes allant du harcèlement verbal à la pénétration forcée, ainsi que des formes de contrainte très variées allant de la pression et de l’intimidation sociale jusqu’à la force physique », a-t-elle expliqué.

Le conflit armé qui a touché le Mali dans sa partie septentrional en 2012 a amené une crise politique, institutionnelle et sécuritaire, qui a profondément déstabilisé le pays. Cette situation a engendré une crise humanitaire et affaibli les capacités de réponse de l’État dans lesdites régions. Comme le démontrent plusieurs rapports depuis l’occupation du Nord, des femmes et des filles ont été victimes de plusieurs formes de violences sexuelles, comprenant le viol, parfois collectif, l’esclavage sexuel et le mariage forcé. Sur le nombre total de viols signalés en 2013, 25% ont été perpétrés sur des mineurs et, pour plus d’un tiers, par plusieurs individus. Pour plusieurs raisons, les violences sexuelles demeurent un sujet tabou dans notre pays.

En effet, la stigmatisation, le rejet des victimes par la société et même par leur propre communauté et famille ainsi que l’absence de lois spécifiques sur les violences basées sur le genre contribuent à l’impunité des auteurs. Pour circonscrire cet état de fait, le 8 juin dernier, le bureau de la conseillère principale pour la protection des femmes a participé à la réunion mensuelle de l’association Accès à la Justice et Etat de droit (AJED) présidée par la division des droits de l’homme de la MINUSMA. Cette réunion a été l’occasion de faire l’état d’avancement des dossiers des 80 victimes de violences sexuelles déposées dans la commune III du District depuis novembre 2014. À la date d’aujourd’hui, 37 victimes ont été entendues. La MINUSMA, à travers son mandat donné par le conseil de sécurité de l’ONU dans les résolutions 2100 et 2227, s’engage dans lutte contre les violences sexuelles liées au conflit.

Il a été constaté que beaucoup d’auteurs qui avaient été arrêtés pour violences sexuelles ont été libérés dans le cadre de négociation pour obtenir l’Accord de paix. Ce qui accentue, selon elle, la peur des victimes. « Dans cette lutte contre l’impunité, le gouvernement malien se doit de jouer un rôle régalien, en veillant à ce que les questions liées aux violences sexuelles soient incluses et fasse l’objet d’un suivi dans la mise en œuvre de l’accord de paix » a-t-elle indiqué.

Hervé Gomart : « il faut davantage de coopération des Maliens vis-à-vis de la MINUSMA »

La présence de la MINUSMA a toujours suscité quelques controverses, surtout lorsqu’il a été question d’attaques terroristes contre les populations civiles, les FAMas, la mission onusienne elle-même. Ces détracteurs estiment qu’elle ne protège pas assez les populations ou qu’elle ne fait pas bien son travail.

Les dernières semaines du mois de mai ont été dures pour la mission onusienne en perte en vie humaine. Rien qu’entre le 18 et le 29 mai, une dizaine de soldats a été tués. Invité, à la traditionnelle conférence de presse hebdomadaire, le chef d’état-major de la force de la MINUSMA, au Mali depuis un an, le général Hervé Gomart a éclairé la lanterne des hommes de média sur d’autres points du travail de la MINUSMA. Pour lui, la perception générale de cette situation, c’est que la plupart pensent que les Casques bleus sont là, pour se faire tuer. À quoi servent-ils ? Que font-ils ? Faut-il maintenir cette force ? Ont-ils les moyens pour remplir leur mission ?

Le premier constat qu’il a fait face aux nombreuses attaques subies par la Minusma, c’est que les forces ne sont pas restées sans agir face à l’agression. « Nous avons cinq morts togolais, ces morts sont dus à une mine ou un EID, en plus de çà il y a eu des tirs à la Kalachnikov qui n’ont tués ou blessés personnes, parce que les Togolais ont réagi, ils ont ouvert le feu, mettant en fuite les assaillants ». Parlant de l’attaque du camp chinois de Gao, le 31 mai, qui a fait un mort, et quatre blessés, il a souligné qu’il s’agit d’un véhicule suicide qui a tenté de pénétrer le camp. Grâce, à la réactivité du contingent chinois et la rapidité des soldats sénégalais du ‘’Super camp’’, venus en secours, les dégâts ont pu être limités. «Ces deux exemples, pour vous montrer qu’on n’est pas resté sans réagir et qu’on n’est pas là comme des agneaux qui vont à l’abattoir ». Pour lui, même avec les meilleurs moyens du monde que la mission onusienne n’a pas, on ne peut pas détecter tous les engins explosifs. Pour preuve, il a dit que l’opération Barkhane qui a plus de moyens que la MINUSMA a été victime des engins explosifs, il y a deux mois environ faisant trois morts. Cependant souligne-t-il, «On continue à s’entrainer, à se préparer à ce genre de mission, et demain si on est attaqué on réagira ».

Pour ceux qui critiquent la mission et son immobilisme, le général Gomart a répondu que les forces de la MINUSMA sont en permanence sur le terrain et cela uniquement dans but de remplir le mandat des Nations unies qui les oblige à sécuriser la population et à permettre la mise en œuvre de l’accord de paix. Afin d’agir contre les groupes terroristes, il faut selon Hervé Gomart, savoir où ils sont, combien ils sont et comment ils agissent. « Cela demande des moyens techniques qu’aujourd’hui nous n’avons pas, et du renseignement humain : des gens qui sont au quotidien en contact avec les populations capables de donner ces renseignements ». Il y a des millions de Maliens sur le terrain. Il y en a qui savent des choses et il faut nous transmettre ces renseignements ». Au-delà de la population, il a également demandé aux groupes armés à coopérer avec la MINUSMA. Sans cette franche coopération, le général Hervé Gomart estime qu’on n’avancera pas.

 

Hommage au Casque bleu chinois de la Minusma

L’hommage au sergent-chef chinois de la Minusma, tué à Gao, a été rendu hier au quartier général de la Minusma. La recrudescence des attaques contre les forces onusiennes a décidé le chef de la Minusma à renforcer le mandat opérationnel de la mission onusienne au Mali.

L’étendard bleu des Nations Unis a de nouveau drapé la tombe d’un Casque Bleu hier, mardi 7 juin, au quartier général de la Minusma à Bamako. C’est la troisième cérémonie funèbre présidée par le Chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, après l’hommage rendu aux 5 Casques bleus tchadiens tombés dans une embuscade et froidement abattus aux alentours d’Aguel’hok mercredi 18 mai, aux 5 soldats Togolais victimes du même mode opératoire dans la région de Mopti près de Sévaré, et au sergent-chef chinois Shen Liangliang tué le 31 mai dernier dans une double attaque djihadiste à Gao au Nord-Mali. « Nous nous retrouvons encore une fois ce matin pour rendre un ultime hommage à un soldat de la paix des Nations unies, Shen Liangliang, venu pour aider à restaurer la paix et la stabilisation au Mali », a solennellement déclaré M. Annadif, lors de la cérémonie. Quelque 200 personnes étaient présentes lors de cette hommage: le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, le commandant de la force militaire de la Minusma, le général Michael Lollesgaard, l’ambassadrice de Chine Lu Huiying et le général chinois Su Guanghui, ainsi que des officiers de la Minusma.

La mission onusienne au Mali, qui est la plus meurtrière des missions de maintien de la paix des Nations unies, déplore depuis le début de l’année 2016, la mort de plus de 80 de ses soldats dont 66 de nationalité africaine. Pour ce dernier mois, pas moins de 11 soldats onusiens sont morts du fait d’attaques djihadistes. « Nous allons renforcer les mesures sécuritaires et mettre à la disposition de nos braves soldats de la paix les équipements nécessaires leur permettant de mieux faire face aux défis auxquels ils font face », a ajouté, Mahamat Saleh Annadif, lors de la cérémonie. Cette déclaration fait suite à la demande du secrétaitre général de l’ONU Ban Ki-Moon, qui dans un rapport de 40 pages remis au conseil de sécurité, souhaite le renforcement du mandat de la Minusma et l’envoi de quelque 2.049 militaires et 480 policiers, ainsi que des moyens supplémentaires pour renforcer cette mission. C’est le 29 juin prochain, lors du renouvellement du mandat de la mission des Nations unies au Mali, que le Conseil de sécurité devrait confirmer un renforcement de la mission onusienne au Mali.

Mahamat Saleh Annadif : « Nous devons être plus dissuasifs »

Le chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, a tenu a rencontré la presse, pour faire le point sur la situation sécuritaire au Nord, cela avant son départ à New-York pour le débat sur le mandat.

Depuis plusieurs semaines, le nord du Mali connait un regain de l’insécurité. En l’espace de dix jours, la Minusma a perdu six Tchadiens, cinq togolais, un chinois et trois autres civils, qui ont péri dans des attaques menées par des groupes djihadistes. Idem pour les FAMA qui ont subi aussi des pertes. Toute chose qui fait dire le représentant du secrétaire général de l’ONU,chef de la Minusma que le Mali vit des moments difficiles. Le mandat de la mission sera rediscuté dans quelques jours au siège des Nations Unies et le RSSG qui se prépare pour cette rencontre a tenu à rencontrer la presse pour faire le point de la situation.

Il urge de reconsidérer la situation, en raison des récents événements. Une tendance qui se précise d’ailleurs puisque dans un rapport transmis ce mardi au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a recommandé d’envoyer 2500 casques supplémentaires pour renforcer la MINUSMA. « Nous devons nous montrer plus proactifs, plus dissuasifs » a déclaré le chef de la mission. Pour Mahamat Saleh Annadif, il y a un lien entre tout ce qu’on est en train de vivre aujourd’hui et le non progrès du processus de paix. « ceci est une évidence il faut partir du fait la crise malienne est d’abord une crise politique » a-t-il dit. Pour lui, si tout le monde a placé d’immenses espoirs sur l’accord pour la paix et la réconciliation, parce que l’on espérait que sa mise œuvre allait changer quelque chose. A ses dires, l’accord n’avance pas aujourd’hui,  » j’ai toujours dit et répété que la meilleure manière de ramener paix au Mali c’est de mettre en oeuvre de façon intégrale l’accord. La meilleure façon de combattre et d’isoler les terroristes c’est la mise en œuvre effective d’accord. Toute minute, tout temps perdu dans la mise en œuvre de cet accord est autant du temps gagné par les ennemis de la paix. L’insécurité, n’est pas un phénomène isolé, il est le résultat d’un certain nombre de chose ». « C’est le retard que connait la mise en œuvre cet accord qui est la cause fondamentale de cette recrudescence de l’insécurité. Il ne faudrait pas qu’on se le cache » a-t-il ajouté.

Gao: forte explosion et tirs entendus ce mardi

La ville de Gao est en état d’alerte dans la nuit de 31 mai 2016. Deux personnes ont été tuées dans une attaque avant qu’une voiture piégée n’explose devant le camp de la MINUSMA

Ce mardi 31 mai, aux alentours de 20h45, la ville de Gao a été secouée par une violente explosion. Des témoins évoquent des tirs d’armes automatiques, d’autres parlent d’obus, toutes les déflagrations provenant du même secteur de la ville. Il s’agirait d’une attaque visant le camp abritant le contingent chinois de la MINUSMA aux environs du quartier Chateau-Extension. Des hélicoptères ont survolé la ville cette nuit du mardi au mercredi pour renforcer la surveillance aérienne. Selon les rapports préliminaires de la MINUSMA, un casque bleu été tué, trois casques bleus grièvement blessés et plus d’une dizaine des membres du personnel de la MINUSMA, dont des civils, ont été légèrement blessés et ont reçu le traitement médical requis. Les dégâts matériels sont en cours d’évaluation et les informations préliminaires indiquent que des conteneurs de logement du personnel ont été détruits.

Cette attaque au mortier ou à la roquette contre la MINUSMA a été suivie d’une autre attaque. Des tirs à l’arme légère ont été dirigés contre le batîment abritant des prestataires de service de l’agence de lutte anti-mines UNMAS. Deux agents de sécurité ont été tués tandis qu’une autre personne a été blessée. Selon le compte Télégram D’AQMI, la katiba Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar aurait revendiqué l’attaque.

10 militaires tués dont 5 FAMA et 5 soldats de la MINUSMA

Le mois de mai s’achève avec un bilan des plus sanglants. Depuis une dizaine de jours, le pays connaît une recrudescence des attaques meurtrières contre l’armée et les forces onusiennes. Vendredi 27 mai, 5 militaires maliens ont trouvé la mort sur la route d’Ansongo-Indelimane. Dimanche, 5 soldats de la MINUSMA ont été tués dans la région de Mopti.

Les attaques visant les forces de sécurité ne cessent de s’amplifier au Nord du Mali malgré la signature de l’Accord de paix et de la réconciliation, il y a un an, entre les autorités maliennes et les groupes armés. Ce sont des dizaines de victimes, civiles et militaires qui sont à dénombrer.

Cinq soldats maliens ont été tués et quatre blessés vendredi 27 mai par l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule. Pour l’instant l’attaque n’a pas été revendiquée, mais le mode opératoire rappelle de récentes attaques djihadistes. Selon la direction de l’information et des relations publiques de l’armée (DIRPA), deux véhicules des forces armées maliennes ont sauté sur une mine entre Ansongo et Indelimane. Il s’agissait d’un convoi de ravitaillement de carburant de l’armée escorté par des Fama.

Même mode opératoire, ce dimanche 29 mai, alors que le monde célébrait « la journée internationale des casques bleus ». Aux environs de 11h00, 5 Casques bleus de nationalité togolaise de la MINUSMA sont tombés dans une embuscade dans la région de Mopti près de Sévaré, dans le centre du pays. Ils ont explosé sur une mine avant d’essuyer les tirs de leurs assaillants. Bilan 5 morts et un autre soldat blessé grièvement, selon la mission onusienne qui a condamné cet acte « odieux ».

Le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, a condamné ce crime qu’il a qualifié « d’abjecte » et qui constitue selon lui un crime de guerre. La mission onusienne a assuré que cette attaque n’entamera en rien sa détermination à soutenir le peuple malien.

Un nouveau mandat pour la MINUSMA ?

Selon la porte-parole de la mission, Radhia Achouri : « notre mandat est clair ». Et en attendant la prochaine session du Conseil de Sécurité qui doit plancher sur son renouvellement en juin, une évolution ne semble pas d’actualité. Les membres du Conseil de Sécurité, en visite au Mali en mars dernier, avaient d’ailleurs indiqué que le mandat de la MINUSMA était « suffisamment robuste pour les besoins des tâches qui lui sont assignées ». Le fait est, cependant, que le gouvernement du Mali et les populations des zones encore soumises à l’insécurité dans le nord du pays espèrent voir des soldats de la paix plus présents et avec les moyens de les défendre et de « se défendre eux-mêmes ». Radhia Achouri rappelle que c’est Barkhane, la force française, qui « est mandatée pour combattre le terrorisme aux cotés de l’État malien. […] La MINUSMA, pour sa part, participe à la lutte contre le terrorisme en réduisant et empêchant les mouvements des groupes terroristes sur plusieurs parties du territoire malien, par le biais des patrouilles qu’elle effectue, les opération coordonnées avec Barkhane et les FAMAs, et aussi par la fourniture d’informations aux autorités maliennes ».

Il existe un problème de compréhension du mandat de la mission qui est essentiellement orienté sur la mise en œuvre de l’accord de paix et la supervision du cessez-le-feu. « La MINUSMA ne peut pas être partout où la population est menacée, vu le vaste territoire, les conditions d’accès difficile à certaines zones, et ses moyens qui demeurent malgré tout limités (hélicoptères, avions et véhicules blindés) », assure la porte-parole. Présente au Mali depuis juillet 2013, la mission compte 10 400 soldats et 1 105 policiers, dont plus que 90% sont déployés dans le nord du pays. Elle est à ce jour, après l’ONUSOM en Somalie dans les années 90, la mission de paix la plus meurtrière pour les casques bleus dont certains, à l’image des Guinéens qui ont perdu 6 des leurs lors d’une attaque en février dernier à Kidal, commencent à réclamer eux aussi un renforcement de leur mandat.

Abus sexuels : le Mali n’est pas à l’abri

On en parle en Centrafrique, en Côte d’Ivoire ou sur d’autres théâtres d’intervention des Nations unies. La mission onusienne au Mali n’a pas non plus échappé à des accusations d’abus sexuels. Les premiers ont fait surface à Gao, quelques mois après sa création en 2013, faisant cas de la mauvaise conduite de certains casques bleus et de témoignages des populations dénonçant des viols contre des jeunes filles. On reconnait au sein de la mission que 6 cas d’allégations d’abus sexuels ont été enregistrés, dont un en 2016 pour le moment. « Sur les six cas, quatre sont en cours d’investigation de la part des pays contributeurs de troupes concernés et un cas est en cours d’investigation par le Bureau des services de contrôle interne de l’ONU. Pour l’un d’entre eux, les allégations se sont avérées infondées », explique Radhia Achouri, porte-parole.

Pour cette habitante de Tombouctou, qui était à Gao en 2013, il faut cependant faire attention : « les filles qui y vont sont consentantes. Ce sont les dollars qui parlent ». Elle révèle par ailleurs le cas d’un casque bleu yéménite, basé dans la Cité des 333 saints en 2014, qui a voulu épouser une jeune fille âgée de 16 ans au moment des faits. Ce que confirme Mme Achouri, qui assure que « les services des Nations unies ont mené l’enquête, le casque bleu a été renvoyé et interdit de participer aux actuelles et futures missions de maintien de la paix ».

La MINUSMA a ainsi été amenée à prendre des mesures préventives dans les zones de déploiement, notamment, la non fraternisation, ce qui signifie l’interdiction stricte des relations étroites des forces de maintien de la paix avec la population locale, la mise en place de locaux hors limites d’accès pour le personnel de la MINUSMA, l’institution d’un couvre-feu entre 21h00 et 6h00 du matin dans les régions, et la sensibilisation de tout le personnel sur les normes de conduite de l’ONU, y compris la prévention de l’exploitation et des abus sexuels.

Minusma business, qui en profite ?

De l’avis général, la présence de la mission onusienne et de ses milliers d’agents ont eu un impact sur l’économie malienne. Si dans l’immobilier on se frotte les mains et que des immeubles « standard international » sortent de terre chaque jour, tous les opérateurs économiques ne tirent pourtant pas leur épingle du jeu. En effet, en ce qui concerne l’agro-alimen-
taire, en dehors de quelques produits dont l’eau, l’essentiel des besoins de la mission onusienne est assuré par des entreprises étrangères. « Il faut montrer patte blanche », affirme un opérateur pour qui les critères ne sont pas seulement liés à la qualité des produits proposés. « J’ai cessé de les contacter »,  explique Mamadou Traoré, directeur de Laham industrie, qui emploie une centaine de personnes et est spécialisée dans l’abattage pour la production et la commercialisation de viande. « L’attitude de la MINUSMA est incompréhensible : malgré le fait que la viande produite dans nos installations respecte toutes les normes de bonnes pratiques alimentaires, elle importe de la viande à partir des pays voisins.

Nous avons contacté le service en charge, et sa réponse a été que l’affaire est complexe, sans d’autres explications ». « Le quartier ACI est inondé par les gens de la MINUSMA et nous, en tant qu’agence immobilière, on n’a aucun contrat avec eux. On ne sait pas par qui ils passent pour louer les maisons », regrette Sohoye Touré, responsable commerciale chez l’agence immobilière Le Prestige. Pour devenir fournisseur de la MINUSMA, des formations sont proposées aux opérateurs économiques. Si elles espèrent profiter de la « manne MINUSMA », les entreprises maliennes doivent se restructurer, estime un autre  opérateur qui lui a des contrats avec la mission. Le manque d’organisation, c’est également l’argument du directeur général de Z Travel, une agence de voyage et de location de véhicule. « Je suis à mon 3ème contrat avec la MINUSMA. C’est aux entreprises maliennes de s’organiser davantage pour pouvoir répondre aux critères et standards internationaux afin de bénéficier de ce business ». Avant d’ajouter, avec résignation, que « les autorités maliennes ne peuvent pas faire grand chose pour changer la donne en faveur des entreprises maliennes ». La mission avait pourtant, dans un passé récent, organisé des formations à l’intention des opérateurs économiques pour les familiariser à ses exigences et procédures.

Deux poids, deux mesures

Les derniers chiffres fournis par la MINUSMA sur son site font état d’un personnel civil de 1 180 personnes dont 542 nationaux et 648 internationaux (dont 125 volontaires des Nations unies). Dans les rangs du « national staff », on retrouve toutes les compétences, allant de la logistique à la communication, en passant par la gestion financière. Les critères de recrutement sont ceux appliqués à tous les fonctionnaires du système des Nations unies, avec des différences de traitement substantielles entre les agents recrutés sur place et les expatriés. En effet, la grille salariale des employés internationaux commence, avec un salaire minimal de 2 000 000 francs CFA, là où s’arrête celle des agents locaux qui ont un salaire maximal de 2 500 000 francs CFA.

Ce que déplore cependant l’Association nationale du staff de la MINUSMA, c’est l’inégalité dans les opportunités offertes au personnel. « Les étrangers, en plus de leurs meilleurs salaires, sont privilégiés pour les missions à l’extérieur, explique un ancien employé local. Nos durées de contrat ne sont pas les mêmes et sur le terrain nous ne sommes pas logés à la même enseigne ». Témoignage corroboré par l’un de ses collègues, qui assure que dans les zones dangereuses, « les Maliens sont hors du camp, tandis que les autres sont dans le bunker, à l’abri. On nous assure qu’en cas de pépin, on sera pris en charge, mais qui sait ? », s’interroge-t-il. On se souvient qu’au début du mandat, des considérations similaires avaient secoué les rangs de l’effectif militaire. Les Tchadiens, las d’être envoyés avec les autres Africains dans les zones dangereuses et de payer un lourd tribu à chaque attaque des insurgés, avaient protesté contre cette situation.

Un appui social aux populations

Depuis le début de son mandat en juillet 2013, la MINUSMA s’est également illustrée sur le terrain du retour de l’État au plus près des populations, en aidant à la réinstallation des services sociaux de base. Plus de 150 projets ont ainsi été menés ces trois dernières années, pour un montant de 4 millions de dollars américains.  Ces projets sont réalisés dans les régions de Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti, ainsi qu’à Bamako, partout où des appuis sont nécessaires et concernent pour la plupart les infrastructures, l’appui aux services publics, la réhabilitation de systèmes d’alimentation en eau, l’accès à la justice, les activités génératrices de revenus, la culture et le sport, explique-t-on au sein de la mission. Ce sont des forages pour l’eau, des centres de santés mais aussi des tribunaux et des prisons qui ont été construits ou réhabilités. Sans oublier l’électricité pour les populations les plus isolées. Autant de bons points reconnus par les principaux intéressés, à l’image de Fatouma, habitante de Gao qui « salue l’action humanitaire de la MINUSMA qui apporte le soulagement aux couches les plus fragiles ». « L’objectif sous-jacent est de soutenir les initiatives de stabilisation, répondre aux besoins pressants des communautés pour un meilleur accès aux services sociaux de base, dont la justice et la sécurité », affirme la porte-parole de la MINUSMA selon qui, grâce à certains de ces projets, de nombreuses populations, notamment à Kidal, ont été dotées d’infrastructures et d’accès à l’eau et l’électricité.

Mikado, la voix de la MINUSMA

Créée pour « accompagner le processus de paix et de réconciliation nationale », la radio de la mission onusienne émet en direct 24h/24 depuis plus d’un an. Émettant à Bamako sur les 106.6 FM, Mikado FM est également écoutée sur les 94.00 FM à Gao, Ménaka et Kidal, 92.8 FM à Tombouctou, 91.6 FM à Mopti. Si elle propose des débats et autres émissions interactives, la radio des Nations unies veut être également une radio d’informations avec des productions en langues nationales (bamanankan, songhaï, tamasheq, fulfulde et arabe). Animée à 80% par un personnel originaire de toutes les régions du Mali, la radio doit son nom à un célèbre jeu japonais se jouant avec des bâtonnets qui, tant qu’ils restent ensemble, forment un ensemble uni et solidaire : une image pour le Mali qui doit reconstruire sa cohésion pour retrouver la paix.

Minusma : mission impossible ?

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) est présente sur le sol malien depuis juillet 2013. Fin juin, son mandat sera réexaminé par le Conseil de Sécurité des Nations unies. Alors que le Mali continue de réclamer une évolution pour mieux lutter contre l’insécurité, dont sont victimes les casques bleus et les populations, les signaux ne semblent pas aller dans ce sens. Les propos des membres du Conseil de sécurité en mars dernier puis les récentes déclarations du Secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, indiquent que le mandat de la mission est déjà assez robuste pour faire face à la situation au Mali. Des ajustements sont cependant annoncés dans le « modus operandi » avec l’arrivée de nouveaux matériels militaires, mais aussi d’un contingent allemand qui doit renforcer l’effectif déjà déployé. Trois ans après, alors que la mise en œuvre de l’accord de paix avance poussivement, la MINUSMA se pose en acteur clé, tant sur le plan social, politique que militaire…

Une chose est déjà certaine : le mandat de la MINUSMA sera renouvelé au mois de juin prochain. Créée en 2013 pour aider à la stabilisation du Mali qui luttait encore contre des groupes armés dans son septentrion et concluait son processus de retour à la norme constitutionnelle, la mission onusienne a, au fil des années, imprimé son empreinte sur tout le territoire national. Difficile d’échapper aux véhicules estampillés UN (1, comme le lisent la plupart des Maliens) qui sillonnent les routes, tant à l’intérieur du pays que dans la capitale, Bamako. En trois années, elle a d’abord cristallisé les espoirs, puis les frustrations avant de s’engager dans un travail d’information pour mieux faire comprendre son rôle, même s’il reste encore méconnu de la plupart des Maliens.

Sur le plan social, on peut dire que le bilan est plus que positif. Plus de 2,5 milliards de francs CFA ont été investis dans des projets à impact rapide qui ont sensiblement amélioré la vie des populations bénéficiaires. L’éducation, la santé, mais aussi les infrastructures sont au nombre des actions prioritaires de la mission qui fait aussi de l’humanitaire, directement ou à travers l’appui à d’autres organisations. Le déploiement du personnel civil et militaire contribue de manière appréciable à l’économie du pays, même si les critères de choix des prestataires handicapent nombre d’opérateurs économiques peu aguerris au fonctionnement onusien. Le marché de l’immobilier mais aussi de la restauration se porte bien et ses acteurs reconnaissent volontiers le devoir « un peu à la demande des gens de la MINUSMA ». Avec comme corolaire une hausse des prix de certains produits.

Sur le plan sécuritaire, l’année qui s’achève pour la MINUSMA a été tout aussi difficile que les précédentes, avec de nombreuses pertes en vies humaines dans ses rangs. Les attaques contre les camps et surtout les convois provoquent à chaque fois un vif émoi et relancent le débat sur le renforcement du mandat de la mission. « Tout cela va être discuté évidemment, mais je crois que nous avons en face une menace terroriste qui ne se dément pas et qui, au contraire, s’est accélérée, s’est accentuée […] Il faut de ce point de vue, et nous y travaillons activement, tout faire pour que les moyens soient mis à la disposition de la MINUSMA. Des moyens humains, et nous avons de nouvelles unités qui sont sur le point de se déployer, nous avons de nouveaux équipements, y compris les nouvelles technologies de pointe », déclarait Hervé Ladsous lors de sa visite au Mali début mai. Dans ce sens, l’Allemagne devrait envoyer un contingent de 600 à 650 hommes qui renforceront activement la mission. À cela s’ajoute la mise en place d’un dispositif pour mieux sécuriser les hommes et femmes qui composent la force militaire et la police de la MINUSMA. Comme confirmé par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, lors d’un entretien sur Radio Mikado FM, Mahamat Saleh Annadif, un bataillon de logistique de convoyage, sera opérationnel d’ici le mois de juillet. « Pour nous, ce sera un grand changement dans l’accomplissement de notre mission ». En plus de permettre de mieux sécuriser nos forces (les plus touchées des 16 actuellement déployées dans le monde), le nouveau dispositif libérera des effectifs qui pourront être redéployés à la sécurisation des populations à travers les patrouilles militaires et de police. En outre, la porte-parole de la mission, Radhia Achouri insiste sur le fait que « la protection des civils n’est pas seulement militaire. La MINUSMA a usé et continue d’user de ses bons offices pour empêcher des conflits communautaires, de déployer des missions des droits de l’Homme et des affaires civiles pour des fins de protection préventive ou intervention post-conflit/incident, et même de mobiliser et d’assister des missions humanitaires pour venir en aide aux communautés affectées ».

En attendant le renouvellement, le travail de communication continue par tous les canaux, et depuis quelques mois à travers la Radio Mikado, dont l’une des missions est d’expliquer le mandat de la MINUSMA, afin que les Maliens appréhendent mieux ce que font les hommes et femmes de l’ONU au Mali depuis 2013 et apparemment encore pour longtemps.

Hommage de la MINUSMA aux 5 Casques bleus tués

Une cérémonie a eu lieu ce mardi 24 mai 2016 en hommage aux cinq Casques bleus tchadiens tués mercredi 18 mai lors d’une embuscade dans la région de Kidal, au Nord Mali.

Depuis son installation au Mali, la force onusienne paie un lourd tribut dans le cadre de sa mission de stabilisation et de sécurisation des biens et des personnes. Pour leur mémoire, le chef de la MINUSMA, M. Annadif a rappelé leurs noms afin que tous puissent se souvenir : le lieutenant Abdrahamane Abderahim abdallah, le sergent Abdelkerim Ramat Abdelkerim, le sergent Abdelhadi Abdoulaye Yacoub, le sergent Ibrahim Hallaye Babouri et le 2ème classe Taoudoum Eric Alladoum , ont trouvé la mort lors de cette attaque.

« Le sacrifice de ces Cinq casques bleus qui nous ont quittés, s’inscrit malheureusement dans une liste longue, trop longue, de ceux et celles, Maliens et amis du Mali, qui sont tombés sur le champ d’honneur au service de la paix dans notre pays qui nous est si cher. La récente disparition du colonel Salif Baba Daou nous le rappelle à juste titre. La dernière attaque qui a coûté la vie à 3 éléments de la force Barkhane est une preuve supplémentaire de cette union dans l’épreuve » a rappelé M. Annadif. « Toutes ces pertes, sont la conséquence de cette situation de ‘’ni guerre, ni paix’’ que nous sommes en train de vivre, et ce, malgré la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation dont nous venons de célébrer l’anniversaire. Ceci ne doit pas continuer. Il est temps de savoir qui est qui», a poursuivi le chef de la Minusma. Et d’ajouter « des cercueils de ce genre, nous en avons beaucoup étalé. Des cérémonies de ce type, nous en avons beaucoup faites. Nous ne devrons pas les banaliser, elles doivent être l’exception et non la règle ».

Après cette cérémonie d’hommage à Bamako, les corps des cinq Casques bleus ont été transférés à N’Djamena, pour un dernier hommage et y être inhumés.

5 Casques bleus tués, ce que l’on sait

Mercredi 18 mai dernier, en fin d’après-midi, un convoi logistique de la MINUSMA était attaqué au nord d’Aguel’hok, dans la région de Kidal (Nord-Mali), faisant 5 morts et 3 blessés parmi les Casques bleus tchadiens

Le convoi logistique de la Minusma comportait une dizaine de véhicules dont des camions, chargés de containers remplis de vivre et d’eau minérale. La Minusma fait habituellement venir ses vivres par camion de Bamako jusqu’à Gao. De Gao, le chargement est dispatché vers Kidal, Anéfis, Aguel’hok et Tessalit.

Ce long convoi était escorté par des soldats tchadiens. C’est mercredi en fin d’après-midi qu’ils sont tombés dans une embuscade. Le véhicule de tête à d’abord explosé en passsant sur une mine, créant beaucoup de poussière. «Ça a été le signal pour les djihadistes pour ouvrir le feu. Les soldats tchadiens nombreux ont été surpris par l’explosion. Le convoi étant long, les Tchadiens étaient dispersés tout au long de ce dernier pour en assurer la protection », révèle une source bien informée. L’attaque s’est déroulé sur un terrain plat, le convoi a essuyé le feu nourri de plusieurs assaillants positionnés de part et d’autre de la route. 5 Casques bleus Tchadiens sont morts, portant désormais le nombre de soldats tchadiens, engagés dans la mission de protection et de pacification de la Minusma, à 30 victimes, et 3 ont été blessés gravement.

Selon nos informations, l’attaque avait pour but d’empêcher que le convoi de ravitaillement arrive à bon port. Les attaques visant le dispositif de ravitaillement de la Minusma ne sont pas une première dans la région. Auparavant ces convois n’étaient pas protégés, les djihadistes les attaquaient, brûlaient la nourriture et parfois même les camions. Cette méthode qui consiste à couper la ligne de ravitaillement de l’ennemi est une stratégie de guerre ancienne est éprouvée visant à harceler et démoraliser l’adversaire. Des mesures de sécurité ont par la suite été prise et les convois ont été escortés par des contingents tchadiens. L’attaque a été revendiquée par Ansar Dine dès le lendemain, qui a juré que les attaques continueront, « jusqu’au départ des ennemis de l’islam et de leurs complices ». Le but des djihadistes et de leur chef Iyag Ag Ghali semble clair : le départ de la région des forces onusiennes et françaises de l’opération Barkhane.

À Kidal, la population n’a pas été surprise, « les gens s’attendaient à ça, c’est Ansar Dine qui contrôle la zone là-bas. Ils ont des complicités dans les villes, on leur dit qu’il y a tel convoi qui est sorti et ils ont le temps de planifier leurs attaques », résume fataliste un habitant.

Depuis l’attaque à Kidal, il y a une intensification des patrouilles de la Minusma, en ville et dans les marchés. Dans la zone où s’est déroulé l’attaque, la force Barkhane a procédé à l’arrestation de 3 personnes pour interrogatoire. L’un des suspects arrêtés est décédé peu de temps après son interpellation, les circonstances de sa mort restent à élucider. La Minusma a indiqué, samedi dernier que, « pour des considérations procédurales » et en attendant la conclusion de son enquête sur l’attaque du convoi, les deux autres suspects « seront remis en liberté et seront reconduits dans leur localité dès que possible ». Les corps des 5 soldats tchadiens, quant à eux, devraient être rapatriés sous peu à N’Djamena la capitale tchadienne où il leur sera rendu un dernier hommage en présence du chef de la Mission des Nations unies au Mali, Mahamat Saleh Annadif.

Région de Kidal : 5 casques bleus tués et 3 suspects arrêtés.

Jeudi 18 mai vers 17 heures, cinq Casques bleus du contingent tchadien de la force de l’ONU au Mali ont été tués et trois grièvement blessés lors une embuscade au nord d’Aguelhok, dans la région de Kidal.

Les soldats déployés par l’ONU sont depuis un certain temps des cibles de choix pour les djihadistes et les groupes armés. Hier mercredi, le contingent tchadien a perdu cinq de ses hommes. L’attaque, selon la porte-parole de la MINUSMA, Radhia Achouri, s’est déroulée alors que les soldats de la paix escortaient un convoi logistique. Après avoir heurté un engin explosif, le convoi a été la cible de tirs. Les soldats du contingent tchadien de la mission onusienne ont perdu la vie lors des échanges avec un nombre indéterminé d’assaillants. Suite à l’attaque, trois suspects ont été capturés et seront remis aux autorités maliennes. M. Koen Davidse, chef de la MINUSMA par intérim, a condamné dans les termes les plus forts cette attaque abjecte visant une fois de plus les Casques bleus au Mali. Il a présenté ses condoléances les plus attristées aux familles des cinq casques bleus et souhaité aux blessés un prompt rétablissement. Il a renouvelé l’engagement de la MINUSMA aux côtés des Maliens pour la stabilisation du pays, ainsi que pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Aussi, il a déploré les trop nombreuses pertes dans les rangs de la MINUSMA et exprimé son soutien sans failles aux autorités maliennes et aux forces partenaires dans leur combat contre l’obscurantisme, le terrorisme et l’extrémisme sous toutes ses formes. Il faut rappeler que la MINUSMA, déployée depuis juillet 2013, est l’une des missions de maintien de la paix de l’ONU la plus meurtrière.

Le nord du pays était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes, qui l’ont ensuite évincée. Ces groupes djihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés du nord à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit toujours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature d’un Accord de paix entre le gouvernement et les groupes armés.

Aéroport de Kidal : les femmes ont levé le camp

C’est vendredi 29 avril au soir, que les femmes menées par Zeina, femme du N°2 du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), qui occupaient depuis une quinzaine de jour l’aéroport de Kidal, ont levé le camp.

« elles ont été approchées par des leaders de la CMA qui leur ont demandé de partir. Elles ont dit qu’elles resteraient vigilantes quant à  la satisfaction de leurs doléances. Mais les gens ici savent que ces revendications ne viennent pas d’elles », confie cette source. Ces évènements ont érigé Zeina en femme leader du clan HCUA à  Kidal, face à  Aminatou, la soeœur du député d’Abeibara, Ahmada Ag Bibi, désormais ex-leader des femmes, auparavant à  la tête de ces marches de protestation. Cette dernière était opposée à  la manifestation de Kidal et l’occupation de l’aéroport qui s’en est suivi. Ces tensions qui existent depuis longtemps entre le MNLA et le HCUA, sont aussi présentent en interne au sein du MNLA. La récente démission du porte-parole pour l’Europe, Moussa Ag Assarig, a révélé ces dissensions, « Ce qu’a souligné Moussa Ag Assarig n’est pas faux mais il n’est pas écouté, il y a des gens de Kidal qui s’accaparent les pouvoirs au sein du MNLA. Lui n’est pas de Kidal mais de la région de Gao et il vit en France, sa démission n’a pas eu d’effet », explique un observateur local.

Au lendemain des manifestations, l’aéroport de Kidal est presque complètement détruit et sera inutilisable pour un bon moment. Des 4/4 et une dizaine d’hommes de la CMA lourdement armés assurent désormais la sécurité des lieux. Il faudra quelques dizaines de millions de Fcfa pour réparer les dégâts et faire repartir l’activité aéroportuaire. La Minusma semble la seule organisation sur place capable de payer les dégâts. Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint des nations-unis pour la paix au Mali, arrivé dimanche dernier en hélicoptère à  Kidal, a déclaré qu’il est nécessaire de trouver un accord entre les différentes parties qui pourraient garantir que des événements comme la manifestation de Kidal ne se reproduisent pas.

Pour rappel, l’aéroport de Kidal est aussi utile aux populations qu’à  la Minusma et à  Barkhane, il sert à  acheminer les personnes, du matériel, des médicaments mais aussi à  faire atterrir les gros porteurs militaires et leurs chargements. Les manifestations, même si c’était leur but, ne seront pas parvenus à  stopper Barkhane dans sa traque. à€ Kidal, Tessalit ou Abeibara, les Français sont lancés dans une opération pour traquer les coupables responsables de la mort des 3 militaires français qui ont explosé sur une mine, sur la route de Tessalit. Chaque jour, ils survolent Kidal en hélicoptère. Samedi dernier une opération menée par la force Barkhane, à  Akomass située à  environ 80 km de Kidal, à  permis l’élimination d’Attiyoub Ag Eghya et l’arrestation de Assafagh Ag Attiyoub, tous deux djihadistes d’Ansar Dine, le mouvement qui a revendiqué la mort des Français. « Les opérations de ratissage par Barkhane continuent, elles montrent leur efficacité et sont appréciées par la majorité. Il y a ceux que ça dérange car ils ne sont pas très habitués à  ça et aussi parce que certains coopèrent avec les djihadistes. Les français ne savent pas qui est qui, donc ils fouillent un peu tout le monde », confie une source locale.

La tension des dernières semaines est un peu retombée sur la ville-bastion, une autre séquence s’ouvre, et en dehors des problèmes inhérents aux différentes parties : groupes armés, Minusma ou Barkhane, les populations doivent aussi faire face à  l’écrasante chaleur de la saison chaude qui a asséché les nappes phréatiques et causé une pénurie d’eau.

Hervé Ladsous au Mali : accélérer la mise œuvre de l’accord d’Alger

Dans le cadre du renouvellement du mandat de la MINUSMA au mois de juin prochain par le Conseil de Sécurité de l’ONU, le secrétaire général adjoint M. Hervé Ladsous vient de boucler une visite de travail de trois jours dans notre pays. Objectif amener les différents acteurs impliqués dans le processus à  travailler en totale harmonie pour une mise en œuvre rapide de l’accord d’Alger gage d’un développement durable tant souhaité. Cette visite tombe à  point nommé, car elle intervient à  un moment ou le gouvernement et les groupes armés s’accusent mutuellement de la lenteur de la mise en œuvre cet accord. A moins de deux semaines du premier anniversaire de la signature de l’accord (15 mai) complété le 20 juin 2015, M. Hervé Ladsous estime qu’il est temps que les acteurs se donnent la main et parlent le même langage. ‘’Le plus important est d’avancer sur le maximum de points, C’’est un effort qui doit être partagé par les uns et les autres ». Indique M. Ladsous. s’il a reconnu que d’importants progrès ont été réalisés pour mettre en œuvre l’accord, notamment l’adoption de plusieurs textes de loi qui définissent les modalités de fonctionnement des administrations transitoires à  Gao, Kidal, Ménaka, Taoudéni et Tombouctou, il a aussi jugé que les efforts étaient trop lents. Partant de là , il a appelé le gouvernement et les groupes armés signataires à  définir un calendrier d’exécution de toutes les questions pendantes qui sont prévues dans l’accord. Le secrétaire général adjoint a affirmé qu’il était urgent de rendre fonctionnel le mécanisme de coordination et de lancer les patrouilles mixtes qui joueront selon lui un rôle essentiel dans la sécurisation du cantonnement et du désarmement, démobilisation et réinsertion(D. Il a aussi appelé les groupes armés signataires à  fournir sans plus tarder les listes de leurs combattants censés être enrôlés dans le processus de cantonnement. Concernant le mandat de la MINUSMA et pour faire face aux menaces terroristes, M. Hervé Ladsous a confirmé que la MINUSMA sera renforcée dans sa posture avec des nouvelles unités. En ce qui concerne, les incidents survenus à  Kidal, il a affirmé que les enquêtes sont en cours pour situer les responsabilités. Cependant, souligne-t-il, des questions demeurent : comment un tel incident a pu se produire ? Comment peut-on mettre en avant des enfants comme des boucliers humains ? Comment peut-on lancer des cocktails sur les casques bleus ? ‘’Rien de tout cela n’était innocent » a-t-il déclaré. Pour ce qui est de la rénovation de l’aéroport, il dira qu’il faudra du temps et de l’argent. Il a surtout insisté sur fait que cela se fera en accord avec toutes les parties sur place pour qu’un tel incident ne se reproduise pas.

Resultats préliminaires sur la manifestation violente à Kidal

Bamako, 26 avril 2016 – L’équipe d’enquête interne de la MINUSMA mise en place afin d’établir les faits concernant une manifestation violente qui a eu lieu le 18 avril dernier à  l’aérodrome de Kidal, au Mali, a remis le 26 avril son rapport préliminaire au Représentant spécial du Secrétaire Général et Chef de la MINUSMA, M. Mahamet Saleh Annadif.

 Le 18 avril 2016 avait débuté une manifestation sur la Place de la Liberté à  Kidal. Selon les premières informations disponibles, la foule, qui comprenait des enfants, s’était ensuite dirigée vers l’aérodrome de Kidal o๠la manifestation a dégénéré. Les manifestants, dont certains étaient munis notamment de cocktails Molotov, s’étaient alors introduits par effraction sur la piste sécurisée par la MINUSMA, saccageant et mettant le feu aux installations sécuritaires, un incident qui a fait deux morts et plusieurs blessés parmi les manifestants.

 La MINUSMA, a immédiatement diligenté une enquête préliminaire interne selon les procédures applicables des Nations Unies, afin de déterminer les faits et circonstances de ce grave incident au cours duquel des vies humaines ont été perdues. Les premières constatations n’ont, à  ce stade de la procédure, pas permis de déterminer l’origine des tirs meurtriers avec certitude. Cette enquête se poursuit et sera complétée dans les meilleurs délais par une deuxième phase plus approfondie qui devrait permettre d’établir les causes exactes de l’incident et de dégager des responsabilités éventuelles à  la lumière des éléments que les enquêteurs auront pu recueillir.
 l’enquête préliminaire indique que les Casque bleus ont effectué des tirs de sommation alors que, repliés dans un container, des manifestants y mettaient le feu. Des postes d’observation ont également été enflammés par les manifestants. Afin de protéger ses installations et son personnel de la violence de la foule, les forces de maintien de l’ordre de la MINUSMA ont également utilisé du gaz lacrymogène afin de disperser les manifestants, puis se sont retirés quand la situation est devenue incontrôlable. 

 « La MINUSMA déplore et regrette profondément les pertes en vies humaines et les blessures occasionnées suite cet événement . Cependant, le recours à  la violence, sous quelque forme que ce soit, envers nos forces, ainsi que la destruction de nos installations au niveau de l’aérodrome sont inacceptables. Ce sont des actes délictueux qui n’honorent personne et bénéficient avant tout aux ennemis de la paix, à  moins que les instigateurs de ces manifestations soient eux-mêmes contre la paix. La MINUSMA est par ailleurs vivement préoccupée par l’instrumentalisation d’enfants lors de telles manifestations violentes et la condamne vigoureusement », a déclaré M. Annadif. «Nous allons donc procéder à  une investigation plus approfondie pour établir les faits exacts car malheureusement, aucun des éléments recueillis dans le cadre de l’enquête préliminaire n’a pu établir avec certitude la provenance des tirs meurtriers, ni le, ou les auteurs. A cet effet, nous aurons besoin de la pleine coopération de toutes les parties pour compléter l’investigation », a-t-il souligné. La MINUSMA regrette les retombées négatives de ces évènements sur les efforts engagés pour venir en aide aux populations. « Cette piste d’atterrissage de Kidal est un élément essentiel pour l’approvisionnement de l’aide humanitaire, le soutien aux populations locales, ainsi que pour les opérations de la MINUSMA et des forces partenaires. Une fois de plus, plusieurs mois de réhabilitation et de lourds moyens financiers seront nécessaires avant de la rendre opérationnelle, pénalisant lourdement les populations du Nord dans l’acheminement des dividendes de la paix. La MINUSMA ne pourra pas renouveler la réhabilitation de l’aérodrome sans des garanties politiques et sécuritaires. Après avoir été dévastée, la piste est à  présent occupée », a précisé le RSSG, tout en encourageant la coopération effective de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) pour assurer la sécurisation de la zone de l’aéroport. En conclusion, M. Annadif a réitéré l’engagement continu de la MINUSMA à  soutenir la stabilisation du Mali et la mise en œuvre de l’Accord de paix conformément à  son mandat.

Kidal : 5 jours après la manifestation, l’aéroport toujours aux mains des manifestants

Depuis jeudi, une vingtaine de femmes ont dréssés des tentes sur la piste d’atterrissage de l’aéroport de Kidal contrôlé par des manifestants et s’y sont installés de jour comme de nuit. Elles ont exprimé, hier, une liste de doléances parmi lesquelles : La remise à  la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) de toutes les personnes détenues par la force Barkhane qu’elles soient coupables ou non, l’arrêt immédiat des perquisitions de domicile par les forces françaises, la reconnaissance par la Minusma des deux victimes décédées lors de la manifestation de lundi dernier, l’évacuation urgente par les forces onusiennes des blessés et la délocalisation de l’aéroport de Kidal loin des habitations de la ville. Selon une source sur place, « Ces femmes sont instrumentalisés par leurs maris, des gens du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Tous les gens qui ont été arrêté sont liés au narco-traffic ou avec les djihadistes, ils veulent faire cesser les arrestations de Barkhane parce qu’ils trempent dans beaucoup de choses. Ils souhaitent aussi devenir leader par rapport au MNLA. ». Pour cet autre, « C’est la Minusma qui a provoqué ce vide et les femmes en ont profité. La Minusma ne sécurise ni ne maà®trise la situation à  l’aérodrome. », conclut-il. Sur place on attend les résultats de l’enquête onusienne qui doivent déterminer les circonstances ayant mené à  la mort des deux jeunes abattus lors de la manifestation de lundi. Même si pour beaucoup, il ne fait aucun doute que les balles mortelles ont été tirées par les forces de la Minusma qui tentaient d’empêcher des manifestants de prendre le contrôle d’un de leurs véhicules armés. « ils disent qu’ils sont en train d’enquêter mais ils ont déjà  toutes les images. Il y a un grand ballon gonflable au-dessus du camp, une sorte de drone statique équipé de caméra, ce ballon-là  regarde tout ce qui se passe en ville et aux alentours », confie un habitant. à€ Kidal, l’occupation de l’aéroport inquiète. Une majorité pense que sa fermeture est néfaste pour la ville, « Les personnes qui voyagent utilisent l’aéroport et les vols de la Minusma. Les médecins, les médicaments, viennent par ces vols. Depuis que l’aéroport est fermé, ce sont les hélicos de la Minusma qui font le lien entre ici et Gao, ces hélicoptères ne peuvent prendre que 22 personnes environ, les voyages sont devenus restreints », maugrée un commerçant. Au sein des mouvements la tension est montée d’un cran, le MNLA accepte mal que deux de ses jeunes, instrumentalisés par le HCUA, soient mort. « Il y avait des véhicules qui emmenaient les gens à  la manifestation un peu partout en ville, ils sont passés dans les écoles, ils ont fermé les classes pour les emmener là -bas », révèle un témoin qui était à  la manifestation. De plus, le fait que les femmes du HCUA occupent l’aérodrome leur donne une plus grande notoriété par rapport aux femmes du MNLA. Zeina Wallet llady, la femme de Cheick Ag Aoussa le N°2 du HCUA et ex-chef militaire du groupe djihadiste Ansar Dine, est d’ailleurs à  la tête de ces femmes qui campent sur la piste d’atterrissage de l’aérodrome. La Plateforme, quant à  elle, ne semble pas impliquée dans les évènements. Ses membres n’ont pas participé aux marches de protestation. « Il y a deux individus du Gatia qui ont été arrêté par Barkhane vers Aguel’hoc, ça n’a pas suscité de marche n’y rien. », ajoute cet habitant du quartier Aliou. On ne sait pas à  l’heure actuelle qu’elle sera l’issu de ce bras de fer entre la minorité influente qui manifeste et les forces étrangères, mais on craint sur place que ces événements déclenchent une nouvelle source de radicalisation des populations qui ne viendrait qu’envenimer une situation déjà  très préoccupante.

Manifestation sanglante à Kidal : le HCUA mis en cause

Lundi 18 avril, des manifestants, quelques dizaines de personnes pour la plupart des jeunes, se sont massées devant l’aéroport de Kidal pour protester contre la vague d’arrestations d’une dizaine de suspects par la force Barkhane, dans le cadre de la lutte antiterroriste. Des slogans anti-barkhane ont fusé, accompagnés de jets de pierres, puis des coups de feu ont éclaté. « Les manifestants ont voulu s’en prendre à  un véhicule armé de la MINUSMA pour en arracher la mitrailleuse. C’’est ce qui a déclenché les coups de feu », explique un habitant présent lors de la manifestation. Le bilan faisait état deux morts et d’une dizaine de blessés dont 3 cas graves. Une enquête diligentée par la MINUSMA devra faire la lumière sur les circonstances ayant mené à  la mort des deux victimes. Dans le chaos, des manifestants sont parvenus à  rentrer dans l’aéroport, occasionnant beaucoup de dégâts, « les gens ont tout saccagé, ils ont arraché les barbelés qui entourent l’aéroport, emportés des tonnes de ciment et pillé ce qui pouvait être emporté », révèle une source locale. Une réunion d’urgence a été organisée au camp de la MINUSMA, en présence de responsables de la CMA, et des forces onusienne et française. Un communiqué de la MINUSMA, puis un autre de la CMA, condamnant les actions des manifestants et appelant au calme, ont été diffusés le jour même, suite à  cette réunion. Au lendemain des évènements, la tension était un peu retombée sur la ville et le but poursuivi par les manifestants semblait plus clair : « cette manifestation était organisée par des jeunes et des femmes du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Elle visait à  faire pression sur Barkhane pour stopper les arrestations et dans un deuxième temps, faire pression pour que les personnes arrêtées soient libérées, car la plupart sont du même clan que Cheick Haoussa, le numéro 2 du HCUA », révèle cette même source. L’aéroport de Kidal est pour le moment fermé à  tout trafic, la MINUSMA devant procéder à  une inspection des sols pour détecter la présence de mines qui auraient pu être enfouies durant le chaos de la fusillade. Sur place, ces évènements ont amené une grande tension entre le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le HCUA. « Les deux jeunes qui sont morts sont du MNLA. Ils étaient à  l’école quand ils ont été amenés jusqu’à  la manifestation par des anciens leaders du MNLA qui se sont joints à  la femme de Cheick Haoussa, ce qui a créé des conflits entre les femmes et les jeunes des deux mouvements », décrit cet habitant. De plus, selon nos informations, l’un des otages de l’équipe du CICR, libéré dimanche dernier, beau-frère de Cheick Haoussa, aurait été un meneur dans les évènements survenus lundi. à€ sa libération, cet employé du CICR, était porteur d’un message des ravisseurs destiné à  la force Barkhane, demandant la libération des personnes arrêtées en échange des otages de la Croix-rouge. Enfin, et toujours selon notre source, ce guide, également apparenté à  Cheick Haoussa, serait actuellement détenu à  Gao, car il est soupçonné de connivence avec les ravisseurs. Pour rappel, quatre employés (trois humanitaires locaux et un chauffeur) du CICR ont été enlevés le 13 avril dernier à  Abeà¯bara, au nord de Kidal.

Kidal: tension toujours vive

Selon les informations en provenance de la ville, certains des manifestants de lundi occupent toujours la piste de l’aérodrome et y plantent même des tentes. Cela malgré l’ouverture d’une enquête par la mission onusienne pour situer les responsabilités. En effet, le 18 avril dernier, une manifestation avait débuté sur la place de la liberté à  Kidal. La foule s’est ensuite dirigée vers l’aérodrome de la ville o๠la manifestation a dégénéré. Les manifestants dont certains munis de cocktails Molotov, se sont introduits par effraction sur la piste sécurisée par la MINUSMA, saccageant et mettant le feu aux installations sécuritaires. Lors du point de presse hebdomadaire de ce jeudi 21 avril, le porte-parole de la MINUSMA, a déclaré que ces manifestations ont un lien avec les activités de leurs partenaires. En effet, la force française Barkhane avait mené des arrestations menées dans le cadre de l’enquête concernant la mort militaires français survenue la semaine dernière. Au lendemain des événements, soit le 19 avril, le représentant spécial adjoint du secrétaire général pour le pilier politique, Monsieur Koen Davidse, et le commandant de la force de la MINUSMA, le général de division Michael Lollesgaard, s’étaient pourtant rendus à  Kidal o๠ils ont rencontré des leaders de la CMA, de la plateforme et des membres du comité de gestion de Kidal. Ils ont demandé aux acteurs de continuer à  agir en faveur du processus de paix et de soutenir les efforts de reconstruction de l’aéroport de Kidal. Aujourd’hui, selon la Minusma, ce qui est important, C’’est le retour du calme et la réouverture de l’aérodrome qui est l’axe stratégique pour développement de la ville, a expliqué le porte-parole.

Manifestation anti-Minusma à Kidal: ça dégénère!

Une fusillade a éclaté, dans la matinée, à  l’aéroport de Kidal entre un petit groupe de manifestants qui entendait protester contre la vague d’arrestations menées par la force Barkhane la semaine dernière à  Kidal dans le cadre de la lutte anti-terroriste. Pour rappel, 3 militaires français de la force Barkhane, ont été tués la semaine dernière au passage de leur véhicule sur une mine. Suite à  cette attaque, Barkhane a mené une vague d’arrestation dans la ville qui s’était conclue par l’interpellation de 8 membres du MNLA dont deux haut gradés. La manifestation a quelque peu grossi en arrivant devant l’aéroport de Kidal, certains jeunes armés ont tenté de forcer le passage en ouvrant le feu, les forces de la Minusma ont riposté. On déplorait, selon une source sur place, une dizaine de blessés et 2 morts côtés manifestants. Ces derniers ont réussi à  pénétrer dans l’enceinte de l’aéroport, nouvellement refait à  neuf, et ont incendié des générateurs. « La Minusma a riposté en tirant des gaz lacrymogènes » révèle une source sur place. La fusillade était toujours en cours au moment o๠ces lignes ont été écrites. à€ Kidal, les boutiques et une partie des marchés sont restés fermés. « les gens sont surpris, ils ne s’attendaient pas du tout à  ça, parce que c’était une toute petite manifestation au début…La population s’est enfermée et les gens ils guettent ce qui se passe à  leurs fenêtres », explique un habitant. LA CMA et la Plateforme, en présence en ville et qui en gèrent la sécurité, ne sont pour le moment pas intervenu selon un observateur sur place. Aux dernières nouvelles, la manifestation partie avec quelques dizains d’individus est en train de grossir. Des femmes et des jeunes gens sont venus rejoindre le flot qui tient tête aux éléments de la Minusma positionnés sur place.

Exclusif / Maire de Kidal: « Pour leur sécurité, les populations se débrouillent »

À Kidal, le communiqué conjoint de la CMA et de la Plateforme, suivant l’entrée du GATIA dans la ville, a été suivi d’une attaque terroriste le 12 février, visant le camp de la Minusma, relançant la question du défi sécuritaire dans la région. Le maire RPM « sans pouvoir » de Kidal, Arbakane Ag Abzayack, s’exprime sur cette situation.

Journal du Mali : Quelle est la situation à  Kidal actuellement ?

Arbakane Ag Abzayack : La situation à  Kidal est calme. Les populations sont dans l’attente d’une paix totale, dans l’esprit de l’accord signé. Si la cohabitation est effective entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme, la cohésion sera possible, les choses iront mieux et cela pourra encourager les réfugiés à  rentrer au pays, ainsi que le redémarrage effectif de l’administration.

Depuis l’attaque du camp de la mission onusienne à  Kidal, la ville est-elle plus sécurisée par la Minusma ?

La Minusma se sécurise elle-même d’abord, ce qu’elle a déjà  du mal à  faire. Il n’y a aucun check-point à  Kidal à  part ceux de la Minusma qui donnent sur son camp. Elle ne sécurise rien pour le moment. Normalement, la protection des populations sur le territoire relève de sa mission. On ne devrait donc pas avoir besoin de la démarcher pour ça. […] Pour leur sécurité, les populations se débrouillent donc elles-mêmes. Moi, je suis maire et je fais de même, je n’ai pas d’armes, je n’ai pas d’éléments armés avec moi, j’essaye de ne pas avoir de problèmes.

Kidal reste donc un point de haute tension malgré l’accord ?

Oui c’est une poudrière, surtout si on parle des armes, des masses d’armes, dans la ville ou aux alentours. Cela est dû à  un conglomérat de mouvements armés : les mafias, les narcotrafiquants, les salafistes, c’est une vraie « salade composée » de différentes catégories de personnes. Tout le monde est là . Je pense que ces gens veulent que la situation reste ainsi puisque ça leur permet de continuer leur trafic. La Minusma ou Barkhane ont la volonté de sécuriser cette zone mais peut-être que cela les dépasse. La situation nécessite d’y mettre plus d’efforts, en tout cas.

Quelles sont les attentes de la population sur place par rapport aux derniers événements ?

Le souhait le plus cher de la population maintenant c’est la mise en application rapide de l’Accord pour la paix et la réconciliation, qui passe nécessairement par le DDR (Désarmement, démobilisation et réintégration) et le cantonnement. Tant que ça ne sera pas fait, on n’en sortira pas. C’est ce qu’on attend le plus. On ne peut pas avoir d’autres souhaits tant que ce n’est pas effectif. On ne peut pas penser au développement, même pas à  l’école.

Après l’entrée du GATIA dans la ville, le gouvernement est resté muet. Que pensez-vous de cette attitude de Bamako ?

Je pense que quelque part ça les arrange. Qui ne dit mot consent, comme disent les Français. Mais je pense que cela ne s’est pas fait sans l’assentiment des Français, justement. Parce que je sais qu’un général qui commande l’opération Barkhane au Tchad était à  Gao environ trois semaines avant que les troupes du GATIA entrent dans Kidal, et je sais qu’il a rencontré certains éléments de la Plateforme à  Gao. Je me demande si les Français ne sont pas derrière tout ça.

Formation droits de l’homme: Bamako abrite la 3ème session

L’Ecole de Maintient de la Paix (EMP) a abrité ce lundi 15 février l’ouverture de la 3ème session de formation sur les droits internationaux, droits de l’homme, droits pénaux et droits des réfugiés. Elle a été organisée par la fondation Friedrich Naumann en collaboration avec la MINUSMA et plusieurs autres organisations internationales. La cérémonie d’ouverture a été présidée par Mme Sanaogo Aminata Malle, ministre de la justice et des droits de l’homme; garde des sceaux. Venus de différents pays de la sous région notamment le Tchad et la Côte d’Ivoire, les 80 participants bénéficieront du 15 au 20 février prochain de l’enseignement et de l’accompagnement du corps professoral mobilisé en grande pompe pour l’occasion. Pour Giles Huberson, Ambassadeur de la France au Mali, cette session est d’actualité car expliquera t-il elle pourrait apporter des solutions à  tout ce qui se passe au niveau sécuritaire. Me N’Gueffa, représentant des Nations Unies quant à  lui ajoutera que la formation se tient dans un contexte local et international dont l’état de la situation sécuritaire porte à  discussion. Organisée pour a troisième fois consécutive au Mali, ladite session est une nouvelle opportunité d’approfondir la réflexion sur les problématiques majeures de la sécurité et des réfugiés. Le ministre quant à  elle rappellera que le Mali est engagé dans une dynamique visant à  solder, de façon durable, son passé récent tout aussi marqué de graves violations et abus de droits de l’homme commis lors de la crise de 2012.

Kidal: deux casques bleus guinéens tués, plus de 30 blessés

La Mission onusienne a de nouveau été visée, une semaine après l’attaque de sa base de Tombouctou qui avait fait un mort dans les rangs de l’armée malienne. Revendiquée par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), la même vers laquelle vont les soupçons pour cette nouvelle offensive. « Notre camp à  Kidal a été attaqué ce vendredi tôt le matin par des terroristes. Nous avons riposté, mais deux Casques bleus ont été tués, et 30 autres blessés », a déclaré à  l’AFP une source sécuritaire au sein de la Minusma. Les « terroristes ont attaqué à  l’aide de roquettes. Il y a au moins deux heures d’échanges de coups de feu », a indiqué cette source. Confirmant l’information, un militaire guinéen de la Minusma a précisé que les Casques bleus tués appartenaient à  ce contingent. Trente autres personnes ont été blessées dont « sept sont dans un état grave », a ajouté le militaire guinéen de la Minusma.

Débat public: La MINUSMA explique son mandat

Suite à  l’établissement de la zone de sécurité au nord du Mali par la MINUSMA ( Mission Internationale des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali) qui on se rappelle a suscité de part et d’autre des interrogations sur sa mission fondamentale voir même des mises en cause de la part d’une franche de la population. Il était donc plus que nécessaire d’organiser un panel afin d’apporter des réponses à  ces interrogations. C’est dans ce contexte que le groupe de réflexion « Think Peace » et ses partenaires ont organisé ce samedi un débat public sur les véritables missions de ladite force. L’occasion a donc été offerte à  200 jeunes venus des quatre coins du district de Bamako pour échanger sans intermédiaire avec les personnalités clés de la Minusma. Il s’agissait entre autre du général Hervé Gomart, chef d’Etat major de la force MINUSMA, Mme Loubna Benhayoune, directrice de la section stabilisation et relèvement. Nombreux étaient les participants qui attendaient une occasion de ce genre car dira un représenta de la société civile » nous avons beaucoup à  dire et nous voudrions comprendre exactement son mandat ». Il est claire que très souvent la population malienne en générale et celle vivant à  Bamako s’est longuement questionnée sur les missions assignées à  la force onusienne au Mali. Le débat a certes été houleux entre les participants et les responsables de la Minusma mais ce sont des participants heureux avec un esprit ouvert qui ont quitté la salle de l’hôtel salam ce jour-ci. « Nous avons compris que la MINUSMA est pressente pour le Mali et non contre notre pays » a lancé fièrement un participant.

Hamdi MONGI: « Quelle serait la situation sans la MINUSMA? »

Journaldumali.com: Quel bilan peut-on tirer des deux années de présence de la MINUSMA sur le sol malien? Hamdi Mongi:La MINUSMA s’est énormément investie dans l’ensemble des domaines confiés par le mandat du Conseil de sécurité. Je vais vous citer quelques exemples si vous le voulez bien. – La Résolution 2100 du Conseil de sécurité a demandé à  la MINUSMA de déployer ses forces au nord, notamment dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Ce déploiement s’est accru et la mission compte aujourd’hui 9,250 militaires sur 11,200 autorisés, dont 90% sont déployés sur 12 sites dans 3 régions susmentionnées et 1 062 policiers sur 1440. l’objectif primordial est d’appuyer les autoritésmaliennes à  stabiliser les principales agglomérations et de protéger les civils dans la limite de nos capacités et nos moyens. Sans préjudice de la responsabilité des autorités maliennes.La MINUSMA a effectué à  cet effet plus de 24 mille patrouilles depuis son établissement et a détruit ou stocké plus de 6 mille tonnes d’armes et de munitions. Toutefois, au regard de l’étendue du territoire, la MINUSMA ne saurait être partout.Elle n’en a ni les moyens, ni établie pour se substituer à  l’Etat malien. Le lourd tribut payé par la MINUSMA jusqu’à  présent avec le décès de 35 casques bleus et plus de 150 blessés graves démontre à  quel point la MINUSMA est confronté à  un environnement particulièrement difficile et volatil. – En matière de restauration de l’autorité de l’Etat:la MINUSMA a facilité le retour de3 à  4 gouverneurs17 préfets et 78 sous-préfets; le retour du personnel judiciaire:magistrats, greffiers et personnel d’appui à  l’administration territoriale dans la région de Gao.La Mission a assuré la réhabilitation et la construction de locaux des justices de paix et des prisons d’Ansongo, Boureim et Menaka ; facilité la réouverture du tribunal de paix de Gao avec un effectif minimum de 3 magistrats sur 11 prévus, suivi d’une formation de 20 agents pénitentiaires / surveillants de prison, remise en état de la prison, du commissariat de Tombouctou et du commissariat de police et de la gendarmerie de Gao). – En matière de droits de l’homme dans le pays : la MINUSMA a effectué entre juillet 2014 et avril 2015, 128 missions d’établissement des faits suite à  des allégations de violations des droits de l’Homme. Ce travail contribue activement à  la protection des civils en prévenant les violations et en répondant aux violations avérées par l’engagement direct avec les parties concernées. Il s’agit de s’assurer in fine de la cessation de ces violations. La présence de nos équipes des Droits de l’Homme dans le nord du pays, notamment dans les localités o๠les autorités de l’Etat ne sont pas présentes, constitue un rôle prépondérant. Tout comme, la mise à  disposition d’un numéro vert gratuit vers lequel la population peut nous contacter 24/7 et ce dans leslangues locales. Nous avons aussi établi un compte fiduciaire (Trust Fund) pour assister les victimes dans la participation aux procédures judiciaires. Nous avons contribué au rafraà®chissement des compétences de plus de 350 avocats, juges et journalistes dans le domaine des droits de l’Homme. – En matière de coopération avec l’Autorité malienne de l’aviation civile avec laquelle la MINUSMA a entamé un projet de développement des infrastructures maliennes d’aviation civile dans le nord du pays: Kidal, Tombouctou, Tessalit et Gao. Les travaux, dont certains sont terminés (piste d’atterrissage/décollage à  l’aéroport de Gao), comprennentla mise en place de clôtures, portes d’entrée de véhicules, l’amélioration de pistes, l’agrandissement des rampes pour les hélicoptères. C’’est un apport vital non seulement pour les besoins propres de la MINUSMA, mais également pour le développement et la croissance économique de ces régions en termes de désenclavement et de création d’emplois. – La MINUSMA également lancé un grand nombre de projets a impact rapide dans les régions du Nord (fiche ci-jointe qui peut être communiquée au journaliste) qui visent à  soutenir des initiatives qui améliorent sensiblement le bien-être de la population. – s’agissant du processus politique, la MINUSMA continue à déployer inlassablement son soutien et son expertise en étroite en coordination étroite avec la Médiation internationale sous les auspices de l’Algérie. Ces efforts conjugués ont conduit à  la signature de l’Accord de paix et de réconciliation. Point besoin de vous listerles actions,les activités, sur le plan interne, régional età  New-York visant à  soutenir, rapprocher, convaincre et aboutir à  des compromis. Autant d’initiatives qui visent à parvenir à  une paix inclusive et pérenne au Mali. Pour conclure sur ce point, je souhaiterais souligner qu’il serait utile de se poser la question suivante : quel aurait été le bilan de la situation au Mali en l’absence la MINUSMA ? Certes, on pointe du doigtsans cesse, ce que la MINUSMA n’a pas pu faire, même si elle n’est pas en position de le faire, car effectivement la MINUSMA n’a pas vocation à  tout faire, tout régler. Toutefois pense-t-on à  toutes les femmes, les enfants et les hommes que la MINUSMA a pu protéger et épargner des effetsdes violentes confrontations armées?A Ménaka actuellement, pour ne citer que cet exemple.A-t-on idée du nombre de personnes auxquelles l’aide humanitaire a pu parvenir grâce aux efforts de sécurisation effectués par la MINUSMA? Aux centaines de blessés maliens évacués et parfois soignés? Aux milliers de personnes, officiels, société civiles etc. transportées de Bamako vers les régions du Nord, aux capitales des régions et vice-versa pour contribuer aux efforts de paix et de réconciliation? Les exemples sont très nombreux et méconnus. Pour ma part, il me semble essentiel de se concentrer sur la moitié pleine du verre plutôt que sur la moitié vide. Surtout, si ce vide ne relève pas uniquement de la responsabilité de la MINUSMA. Aujourd’hui, la Mission est critiquée, et par les autorités et par les citoyens. A votre avis, pourquoi cette situation et que peut-on faire pour la corriger? La MINUSMA, nous l’avons évoqué et le répèterons sans cesse, s’acquitte de son mandat avec toute l’impartialité requise. Cela étant dit, je crois qu’il ne faut pas trop généraliser quand on parle de critiques au sujet de la MINUSMA. Nous avons de bonnes relations de travail avec le Gouvernement et les parties prenantes au processus de paix, lesquelles comprennent le mandat de la MINUSMA et ses limites. Nous avons également de très bons rapports avec la société civile malienne. Ses membres et ses structures savent également que nous sommes ici pour les soutenir dans leurs efforts quotidiens visant à  stabiliser le pays et à  parvenir à  une paix inclusive et pérenne. Actuellement, nous intensifions nos efforts, et devons le faire davantage, pour bien expliquer notre mandat au public : ce qu’il nous ait permis de faire et ce qu’il ne nous ait pas permis de faire ; pourquoi nous le faisons et comment nous le faisons. Nous allons continuer à  expliquer que la MINUSMA est ici en qualité d’ami, de partenaire de confiance.Que notre rôle et nos capacités ont des limites. Que nous ne sommes pas ici pour prendre parti ni pour imposer la paix aux Maliens, ni pour nous substituer aux autorités du Mali, qui est un pays souverain. Néanmoins, cela aiderait énormément si tout le monde focalise ses efforts, y compris en termes de communication, sur l’objectif ultime auxquels tous les maliens sont profondément attachés, à  savoir mettre fin à  la crise malienne par la voie du dialogue, plutôt que de se concentrer sur des rhétoriques sulfureuses et démagogiques. Elles ne servent nila cause de la paix et nila réconciliation nationale. [b Sur les évènements de Gao, l’enquête a établi la responsabilité des casques bleus. Quelle suite sera apportée à  ce dossier?} La suite nécessaire a déjà  été donnée à  ce dossier et ce conformément à  la décision du Secrétaire général. l’unité de Police à  laquelle appartiennent les éléments impliqués dans les tirs sur les manifestants durant les évènements tragiques de Gao,a fait l’objet d’un rapatriement à  destination du pays d’origine. Conformément aux règles établies par l’Assemblée générale de l’ONU, le pays concerné a entamé une enquête et les Nations Unies continuent à  suivre de près ce dossier pour s’assurer que les responsables répondent de leurs actions. La MINUSMA a également initié avec diligence les mesures nécessaires aux fins de réparationscompensatoires aux victimes et familles des victimes concernées. Nous travaillons aussi à  mettre en œuvre les mécanismeset les dispositions appropriésafin d’éviter de tels drames à  l’avenir. Les attaques contre la MINUSMA se multiplient tant à¡ Bamako que dans les zones de conflit. Allons-nous vers un renforcement du mandat après son réexamen dans quelques jours? C’’est une réalité hideuse mais hélas on ne peut plus présente : les attaques asymétriques contre la MINUSMA se sont accrues. Ces attaques sont le fait de terroristes qui ne sont habités que par un seul objectif: effectuer un maximum de dégâts sans aucune considération pour la vie humaine. A cet égard, nous faisons tout pour limiter ces attaques et les prévenir en étant activement présent à  travers des patrouilles terrestres et aériennes. Nous essayons également de réduire leur impact sur la sécurité de notre personnel en répondant à  ces attaques. Toutefois, il faut clairement réitérer que la MINUSMA n’est pas mandaté pour lutter contre le terrorisme. Cette responsabilité relève de l’opération Barkhane et des autorités maliennes. N’oublions pas que C’’est le Conseil de sécurité qui a défini le mandat de la MINUSMA. La question de revisiter et de renforcer ce mandat a été soulevée par le Mali l’année dernière.En revanche,le Conseil de sécurité a jugé que celui-ci était suffisamment robuste. Je ne peux me substituer au Conseil de sécurité, mais notre mandat lors de son prochain examen au mois de juin, ne comprendra pas une composante de lutte active contre le terrorisme, même s’il sera révisé à  la lumière des récents développements dans le processus de paix.

Un Casque Bleu tué, un autre blessé dans une attaque à Bamako

Les deux soldats de la paix sont du Bangladesh. Ils sont tombés dans une embuscade en revenant de l’aéroport international de Bamako, situé au nord de la ville. On déplore un mort et un blessé grave. Pour l’instant, la MINUSMA n’a pas encore communiqué sur cet évènement, confirmé par des sources sécuritaires maliennes. « Des hommes armés que nous n’avons pas encore identifiés ont tiré sur deux casques bleus qui étaient à  bord d’un véhicule de l’ONU. l’un des deux a été tué, l’autre grièvement blessé », a déclaré à  l’AFP une source de sécurité malienne. « Ce forfait doit être qualifié d’“acte terroriste”. Les auteurs sont les ennemis de la paix », a de son côté déclaré une source de sécurité de la Minusma. Deuxième attaque en une semaine Cette nouvelle attaque fait suite à  celle perpétré le 20 mai dernier contre une résidence abritant des agents de la Mission. Un homme armé avait tenté d’incendier un véhicule de l’ONU garé devant une résidence de personnels de la Minusma, blessant un gardien et causant des dégâts matériels. l’attaque avait apparemment pour objectif de faire sortir les casques bleus pour les attaquer à  l’arme automatique et à  la grenade, selon un enquêteur malien.