Adieu, Madame Liberté!

Première dame de France du 21 mai 1981 au 16 mai 1995, Danielle Mitterand née Danielle Emilienne Isabelle Gouze, aura été, coup sur, une figure marquante de la vie politique et sociale française. D’abord, en tant qu’épouse de François Mitterand, seul président de gauche de la 5ème République, puis en tant que Présidente de la Fondation France Libertés qui a soufflé en octobre dernier ses vingt-cinq bougies. Une femme « engagée »… Dans tous les sens du terme! Née le 29 octobre 1914 à  Verdun, Danielle Mitterrand est fille d’un directeur d’école et d’une institutrice. Elle a toujours refusé de joué un rôle de figurante aux côté s de son époux et s’est très vite engagée dans de nombreux combats pour la justice sociale et la démocratie. Cet engagement date de sa jeunesse puisque C’’est dans la résistance qu’elle rencontrera celui qu’elle épousera le 27 octobre 1944. Il se faisait appeler à  l’époque « Morland » et elle lui sauve la vie en faisant semblant dêtre sa compagne devant les allemands. Danielle sera l’une des plus jeunes médaillées de la Résistance. Alors que son époux gouverne la France, Danielle Mitterrand se consacre à  la défense des droits de l’Homme et des causes dites perdues. En 1986, elle crée la fondation France Libertés regroupant sous ce nom trois associations tiers-mondistes fondées après 1981. L’organisation a pour but de répondre aux appels des opprimés en lançant des campagnes d’information et en finançant des actions sur le terrain, portées par les populations locales. Les causes ardemment défendues sont diverses et variées : soutien aux peuples kurde, tibétain, à  Cuba, au sous-commandant Marcos (Mexique), partage équitable de l’eau ou dénonciation de l’esclavagisme… Au Mali comme dans de nombreux pays d’Afrique ce sont des écoles, des points d’eau qui seront construits grâce à  elle. Pas que cela diront certains qui pensent savoir que la Fondation a joué un rôle actif dans les luttes pour la démocratisation dans de nombreux pays africains. Elle n’hésitera pas non plus à  intervenir en politique intérieure, critiquant le Premier ministre de cohabitation Jacques Chirac ou bien encore plus tard, lors du second septennat de son époux, la politique d’immigration menée par Charles Pasqua alors ministre de l’Intérieur. Françoise Xenakis qui lui a consacré un livre dit d’elle que C’’est une femme touchante, courageuse, obstinée. Toute sa vie, elle ne s’est pas satisfaite des privilèges que lui offrait sa vie. Elle s’est au contraire résolument engagée aux côtés de ceux qu’elle estimait en avoir le plus besoin. En lançant la campagne pour le droit universel à  l’accès à  l’eau potable, sur le site internet de sa fondation France Libertés, Danielle Mitterrand déclare : « Le destin m’a donné l’occasion de fouler de nombreux tapis rouges… mais il m’a surtout permis de côtoyer des populations de tous les continents… J’ai vu s’effondrer des dictatures et d’autres se constituer… Aujourd’hui j’observe un capitalisme qui se fissure et se détruit lui-même, victime de sa démesure totalitaire et de son mépris des valeurs humaines non-marchandes. » Les hommages ont fusé de par le monde à  l’annonce de son décès ce mardi 22 novembre 2011, quinze ans après son mari dont elle a porté l’héritage (socialisme, mais aussi casseroles familiales) comme un sacerdoce. Tous saluent la mémoire d’une femme qui, assurément, aura marqué son temps.