Banques – Opérateurs de téléphonie : Concurrents ou partenaires ?

À travers le « mobile money », les opérateurs de téléphonie font-ils une concurrence déloyale aux banques ? Non, pour les principaux acteurs, qui préfèrent plutôt le vocable partenariat. À Orange Finances mobiles, on met un point d’honneur à se « placer » dans un régime juridique, celui d’établissement de monnaie électronique (EME). Ces entités proposent des services de monnaie électronique à leurs clients, qui disposent donc d’un « portefeuille numérique ». Régis par la BCEAO, ces établissements ne sauraient offrir les services habituellement réservés aux banques, ne disposant pas de licence. Quid donc des comptes Orange Money ou MobiCash, dont les services ressemblent à ceux d’une banque ? Des différences existent et les démarquent. Avec les entités susmentionnées, il n’est pas possible de stocker dans son compte plus de 2 millions de francs CFA et les transactions ne peuvent également pas dépasser un certain volume (1,5 million par jour, 20 millions par mois).

Bank to wallet

Pour autant, ces EME proposent à leurs clients d’effectuer leurs paiements depuis leur mobile. Segment sur lequel évoluent aussi certaines banques. Concurrence donc. « Toute petite », relativise un acteur, qui admet toutefois que cela pourrait prendre de l’ampleur une fois que l’adhésion au paiement marchand aura atteint un certain seuil. En attendant, des partenariats ont été noués entre certaines banques et Orange Finances mobiles notamment. Ils permettent aux clients d’approvisionner leur compte bancaire depuis Orange Money et inversement. Les banques bénéficient du très large réseau d’Orange Money, qui compte, à en croire ses responsables, 25 000 kiosques et 3,5 millions de clients au Mali. Une aubaine dans un pays où le taux de bancarisation est de 23%. MobiCash, qui n’a pas encore noué de partenariats, prévoit une vaste offensive en 2020, pour se connecter à la totalité des banques du pays.

Monétique : Le futur de l’économie ?

Née il y a plus d’une trentaine d’années de deux inventions simples que sont la carte magnétique et l’appareil pour la lire, la monétique apparait aujourd’hui comme un maillon essentiel de l’économie sur le plan mondial. En Afrique de l’Ouest et particulièrement au Mali, son ancrage est en pleine expansion. Plusieurs analystes économiques estiment qu’elle a de très beaux jours devant elle.

Informatiser les transactions bancaires, faciliter les échanges d’argent entre les communautés via le Mobile Money, disposer de grosses sommes en toute fluidité sur sa carte magnétique, autant de raisons qui font de la monétique un système non seulement fiable mais aussi attrayant pour les acteurs économiques. « Aujourd’hui, nous sommes obligés de faire avec la monétique non seulement pour notre propre sécurité et la sécurisation de notre monnaie mais aussi parce que c’est un défi du développement », avance Seydou Diawara, économiste et financier membre de l’Association malienne des jeunes économistes du Mali.

Au Mali, le nombre peu élevé de personnes détenant un compte bancaire, constitue un défi que l’inclusion financière tente de combler. Les transactions mobiles, Orange Money et Mobi Cash de plus en plus prisées attirent des Maliens de diverses classes. Les coopératives agricoles rurales et les commerçants détaillants, acteurs non négligeables dans l’économie du pays, y trouvent une garantie de transaction simple et accessible partout. « L’un des objectifs d’Orange Money c’est d’apporter une solution aux problèmes de transfert d’argent en milieu rural afin que les flux ne s’entassent pas uniquement en milieu urbain », précise Aboubacar Diarra, ex-agent d’Orange Money à Sikasso.

Avenir monétique Beaucoup demeurent réticents. En cause notamment les garanties sécuritaires des transactions sur téléphone portable ou des payements en ligne qu’ils ne jugent pas toujours fiables. L’économiste Seydou Diawara, pour sa part, rassure. « C’est vrai, c’est de l’informatique, un programme qui peut être craqué. Mais en contrepartie, quand quelqu’un conçoit un outil, il met un système de sécurisation en place et continue à le développer afin d’aboutir à plus de sécurité ».

Le GIM-UEMOA, groupement interbancaire monétique dans les 8 pays de la zone dont le Mali, a été créé en 2003 et regroupe plus de 80 banques. Régulateur principal de la monétique dans ces pays représentant plus de 80 millions d’habitants, son objectif est de promouvoir l’utilisation de la carte bancaire en Afrique de l’Ouest.  Au Mali, comme l’indique Seydou Diawara, il y a beaucoup de jeunes entrepreneurs qui sont déjà engagés avec le GIM-UEMOA. Selon lui, les prévisions dans les cinq années à venir sont prometteuses.