Alliance dissidente de la CMA : « Nous ne pouvons accepter l’inacceptable ! »

Le torchon n’en finit pas de brûler entre mouvements, au sein de la CMA. Le point de discorde ? le décret de nomination des autorités intérimaires, validé le 14 octobre dernier par le gouvernement et jugé ‘‘non-inclusif’’ par 4 mouvements de la CMA : le Congrès pour la justice de l’Azawad (CJA), le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), la Coalition des Peuples de l’Azawad (CPA) et la Coordination des mouvements, Forces Patriotiques de Résistance CMFPR2, entrés depuis en dissidence, et qui pourraient remettre en cause, si une solution n’est pas trouvée, la mise en œuvre de l’Accord à quelques jours de l’application des autorités intérimaires et du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC).

« Ce décret qui a fait l’objet des autorités intérimaires en désignant un certain nombre de personnes, sans concertation, sans consultation préalable est dangereux pour notre pays, il met nos régions sous tutelle d’un agenda que nous ne maîtrisons pas. Parce qu’ils ont été désignés sans nous, en ignorant la majorité des populations du Nord, pour être plus précis, les populations de Taoudénit, de Tombouctou de Gao et de Ménaka », assène Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, Secrétaire général de la CPA, lors de la conférence de presse qui a réuni hier à l’hôtel Laico El Farouk, les 4 leaders des mouvements dissidents de la CMA : Hama Ag Mahmoud secrétaire général de la CJA, Ahmed Mohamed Ag secrétaire général du MSA, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune secrétaire général de la CPA et le Professeur Younossa Touré, secrétaire général CMFPR2. Ils étaient rassemblés pour faire entendre leurs voix, alerter la communauté nationale et internationale et le peuple, afin qu’ils comprennent leur combat dans toute sa dimension et dans toute sa diversité.

Depuis ce décret, au sein de la CMA dont les relations étaient déjà orageuse, rien ne va plus. Les mouvements dissidents ont fortement insisté, lors de la dernière réunion du Comité de Suivi de l’Accord (CSA), sur cette question d’inclusivité, point d’orgue de la crise, mais rien n’y a fait. Des tentatives de discussion et de conciliation ont également été organisée, sous l’arbitrage du gouvernement mais la MNLA et la HCUA ont refusé de rencontrer les mouvements dissidents. « Ils soutiennent que l’Accord c’est 3 parties, la CMA, la Plateforme, le gouvernement, et la CMA c’est eux, les autres ce n’est rien », déclare Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, alors que l’article 67 de l’Accord de paix, stipule que : « La Coordination et la Plateforme sont entendues comme incluant toutes les entités qui en font partie à la date de la signature du présent Accord. Les signataires au nom de la Coordination et de la Plateforme le font au nom de chacune et de toutes ces entités ». Pour Younoussa Touré du CMFPR2, allié de ce regroupement encore informel, « Le gouvernement doit tenir compte des voix discordantes qui viennent de tous les côtés. Il doit être vigilant quand on lui présente une liste, être capable de dire si cette liste va poser problème. Quand vous avez une liste pour Tombouctou où vous avez entièrement des arabes, des nomades des songhai, c’est du devoir du gouvernement de moraliser ces choses-là »

Malgré la contestation, les autorités intérimaires seront mise en place le 15 novembre prochain et seront précédées par l’installation du MOC. Une session extraordinaire de la Commission Technique de Sécurité (CTS) s’est tenue au CRES, depuis le 8 novembre, pour parler de la mise en œuvre des ces deux dispositions de l’Accord et pour essayer de trouver une solution à la crise. « Nous tous ça ne nous intéressent pas, la patrouille mixte, le MOC pour l’instant ce n’est pas ce qui nous intéresse, le message qu’on a passé à la CTS était clair, on règle les questions politiques et les problèmes d’exclusion sans lesquels ils ne pourront rien faire » indique l’alliance. Hier, dernier jour de session de la CTS, une solution n’avait toujours pas pu être dégagée et l’alliance des mouvements dénonçait des tentatives de pression sur le gouvernement pour signer un nouveau décret qui continuerait de les exclure. « Au moment ou je vous parle, certains sont en train de forcer les portes pour pondre de nouveaux décrets, notamment la commission DDR, la commission d’intégration, la commission nationale de réforme du secteur de la sécurité, ils sont en train de mettre la pression et bousculent le gouvernement, ils utilisent leurs cadeaux pour l’amener à pondre un décret dans les mêmes conditions que pour les autorités intérimaires », dénoncent Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune.

Si le decret de nomination des autorités intérimaires n’est pas arrêté pour laisser place à des concertations et si ce nouveau décret passe, les 4 mouvements, qui disent représenter une partie écrasante de la CMA, préviennent que la mise en œuvre des patrouilles mixtes ne sera pas appliquée, « Il n’y aura pas de patrouille mixte, parce que les combattants c’est nous, nos frères, nos enfants », lance le secrétaire général de la CPA. Et d’ajouter, « Nous défendrons nos droits, quoique cela puisse nous coûter, même si ça doit nous amener à la résistance physique, parce qu’il s’agit de notre dignité en tant que malien et en tant que citoyen qui sommes chez nous ».

11ème session du CSA : des sanctions pour les fauteurs de troubles

Dans une sorte d’adresse de clôture de la 11ème session du Comité de suivi pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, la médiation avait cru bon de rappeler le rôle et la responsabilité des mouvements armés signataires dudit Accord. Elle menace désormais de sanctionner les auteurs des actes pouvant entraver la bonne marche du processus de paix.

La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le président du CSA, Boutache Ahmed. Étaient également présents, l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus de paix au Mali, notamment Koen Davidse de la MINUSMA, le haut représentant du Chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’Accord, Mahamadou Diagouraga. L’ordre du jour de cette 11ème session portait sur une présentation par le gouvernement des suites à données aux recommandations formulées lors de la dixième session du CSA, notamment en ce qui concerne la mise en place des autorités intérimaires dans les cinq régions (Gao, Ménaka, Tombouctou, Kidal et Tessalit) et la fonctionnalité du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à travers des patrouilles mixtes. La session a aussi enregistré les présentations et discussions de chacun des sous-comités qui concernent les questions politiques et institutionnelles, les questions de défense et de sécurité, le développement socio-économique et culturel ; la réconciliation, la justice et les questions humanitaires. La médiation internationale très préoccupée par les graves affrontements et leur poursuite sporadiques dans la région entre les mouvements signataires, a condamné ces violations du cessez-le-feu. Elle estime par ailleurs que cette situation ne saurait perdurer plus longuement, sans compromettre l’essence même de l’Accord pour la paix et la réconciliation. « En absence de toute volonté manifeste ou la persistance d’entraves à la mise en œuvre de l’Accord, ceux reconnus responsables à titre individuel ou collectif s’exposeront à des sanctions de la part de la communauté internationale qui pourrait diligenter une enquête destinée à situer les responsabilités », souligne le communiqué de la médiation.

Cette 11ème session a été marquée aussi par des actes concrets, le dépôt des listes pour la patrouille mixte par les groupes armés, convergence de vue des acteurs sur la responsabilité des groupes armés à résoudre leurs différends par le dialogue et l’engagement du gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour une mise en œuvre diligente de l’Accord. « Plus que jamais, la paix un impératif incontournable pour la stabilité et la prospérité des pays de la zone sahélo-sahariennes et la situation à Kidal ne saurait prendre tout le processus en otage  et nous sommes heureux de constater que les mouvements veulent aller dans ce sens. Et la CMA a déposé la liste de ses 200 éléments devant participer aux patrouilles mixtes dans le cadre du MOC», a expliqué M. Boutache Ahmed.

Pour le représentant de la MINUSMA, la 11ème session a été très importante pour avoir mobilisé de nouveau la communauté internationale pour le Mali, afin d’améliorer son soutien et coordonner les stratégies en faveur du pays. « On a dit aux mouvements qu’il est important d’avoir de bonnes nouvelles et également demandé qu’il était important de respecter la cessation des hostilités, de faciliter l’assistance humanitaire, de continuer le dialogue mais aussi et surtout de continuer avec la mise en œuvre de l’Accord », a-t-il souligné. De l’avis du secrétaire permanent de la Commission nationale de mise en œuvre de l’Accord, M. Inhaye Ag Mohamed, la volonté affichée par le gouvernement, les groupes armés signataires de l’Accord ne s’est jamais démentie au cours de cette 11ème session. « Leur credo commun, la paix rien que la paix. Malgré les incidents enregistrés par ci par là, notamment à Kidal, il est heureux de constater que le processus est en marche, lentement mais sûrement », conclut-il

 

10ème  session du CSA : Large convergence de vue des participants

C’est dans un climat de sérénité et surtout de compréhension mutuelle qu’ont pris fin les travaux de la 10ème  session du Comité de suivi de l’Accord d’Alger, tenus au CICB du 25 au 26 juillet dernier. Les participants ont eu une convergence de vue sur les points qui étaient à l’ordre du jour. En ce qui concerne la situation de Kidal, les groupes armés ont décidé de laver leur linge sale entre eux.

Le week-end passé avait été émaillé par des rumeurs les plus folles sur un clash autour de la 10ème session du CSA, vue la tension entre les groupes armées signataires de l’Accord. Malgré cette forte tension qui planait sur le processus, les travaux se sont bien déroulés et les divergences de vue sur les deux principaux points qui étaient  à l’ordre du jour ont été traitées à la satisfaction générale des participants. Il s’agit du mécanisme et les modalités pratiques de la mise en place des autorités intérimaires, le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC).  « Les choses se sont bien déroulées, il n’y a pas eu de problèmes majeurs, les points qui étaient sur la table de discussion ont été traités d’un commun accord dans l’intérêt général de chacune des parties », explique Inhaye Ag Mohamed, Secrétaire permanent de la commission nationale de mise en œuvre de l’Accord d’Alger.

Pour la mise en pratique des patrouilles mixtes dans le cadre du MOC, le gouvernement et les groupes armés se sont mis d’accord pour commencer par la région de Gao où les véhicules ont déjà été mis à disposition. Un avis partagé par les groupes armés, faisant un sursaut à leur exigence de démarrer les patrouilles dans les cinq régions du Nord. « Nous avons accepté d’aller avec les moyens du bord, en attendant que le gouvernement et les partenaires techniques et financiers mobilisent des moyens pour l’opérationnalisation du MOC dans les autres régions », souligne Mamadou Djéri Mali de la CMA.  Concernant l’installation des autorités intérimaires, il y avait des divergences entre les deux camps. Le gouvernement voulait que celles-ci soient mise en place sans tenir compte du calendrier de déploiement des patrouilles mixtes dans le cadre du MOC.

Alors que pour les groupes armés cet aspect sécuritaire est un préalable à l’installation desdites autorités. « Là également, une issue favorable été trouvée  aux termes des discussions. Nous sommes convenus de faire des sensibilisations constantes, tous ensemble, gouvernement, CMA et plateforme pour d’abord afficher notre volonté commune d’aller de l’avant et en même temps motiver la population pour une adhésion massive », ajoute M. Maiga.  Dans un communiqué ayant sanctionné les travaux, le président du CSA, Ahmed Boutache a salué les résultats de la Commission ad hoc, mise en place par les parties chargées de réfléchir l’opérationnalisation du MOC et des patrouilles mixtes.

DDR : coup de fouet au processus

L’Entente signée à la veille du premier anniversaire de la signature de l’accord de paix entre le gouvernement et les groupes armés, doit permettre la mise en place des autorités intérimaires pour accélérer la mise en œuvre de l’accord. Dans ce sens, le processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) connait une accélération afin de régler la question des combattants des groupes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme. Les sites de cantonnement de Likrakar, Fafa, Inaggar, Tinfadimata, Ilouk, Tabankort, Tessalit, Ber, etc, sont d’ores et déjà prêts à accueillir ceux qui veulent s’engager pour la paix.

Il va sans dire que la bande sahélo-saharienne connait de fortes turbulences. Du Mali au Tchad, en passant par le Niger, des armes continuent de crépiter. Au Mali, après la signature de l’accord de paix, les combattants des groupes armés se sont de nouveau affrontés, fragilisant le processus enclenché. La signature d’un accord entre eux, à Anefis, le 15 octobre 2015, puis d’une « Entente » entre le gouvernement et les groupes armés CMA et Plateforme, relance l’espoir de paix et de développement dans les régions du nord. Mais tout cela n’est guère possible sans le retour de la sécurité dans la zone, raison pour laquelle des efforts sont faits pour accélérer le processus de Démobilisation, désarmement et réinsertion.

DDR accéléré Conformément au mécanisme opérationnel de coordination (MOC), des dispositions sont prises actuellement pour que des patrouilles mixtes puissent opérer dans les meilleurs délais entre les forces de défense et de sécurité malienne et les deux principaux groupes. La commission technique de sécurité (CTS), avait, au cours de sa dernière réunion le 20 juin, examiné le cadre permettant un DDR accéléré pour les éléments des groupes armés signataires, qui feront partie des premiers bataillons des patrouilles mixtes du MOC. Ce DDR accéléré sera coordonné par un groupe composé des représentants du gouvernement, des groupes armés signataires et de la MINUSMA. Selon une source proche du dossier, il ne viserait que 200 ex-combattants de la Plateforme et de la CMA chacun, qui participeront aux patrouilles mixtes. Ces derniers seront enregistrés et subiront un test médical. Les armes et les munitions individuelles seront vérifiées et stockées par le MOC, a-t-on précisé. À la date d’aujourd’hui, le gouvernement et les parties signataires se sont déjà entendus sur les deux commissions qui doivent statuer, la commission nationale de DDR et la commission d’intégration. Le projet de décret a été adopté et signé. Il ne reste qu’à en nommer les membres, qui devront travailler sur les critères du DDR et de l’éligibilité pour les forces de sécurité.

Quasi opérationnels Depuis le 29 décembre 2015, la MINUSMA a commencé à construire et aménager les sites de cantonnement qui ont été validés par la CTS. Au total, 24 sites ont été proposés par les groupes armés, 12 par la plateforme et 12 par la CMA. « Actuellement, nous avons 8 sites prêts à accueillir 6 000 combattants au total. La plateforme et la CMA avaient demandé un total de 24 sites, mais à la date d’aujourd’hui, les deux mouvements n’ont pas donné la liste certifiée de leurs combattants et de leurs équipes à la commission technique de sécurité, tel que prévu par l’accord de paix, pour justifier la construction des sites additionnels », explique M. Samba Tall, le directeur de la réforme du secteur de la sécurité et du DDR de la MINUSMA. Le mode opératoire de cantonnement définit exactement les critères selon lesquels quelqu’un est considéré comme combattant, et qui doit être cantonné. Ce document conjoint a été élaboré et signé par les trois parties, sous l’égide de la commission technique de sécurité depuis octobre 2015. Il appartient maintenant aux mouvements d’amener des combattants remplissant ces critères, pour qu’ils soient cantonnés. Mais tous les combattants ne pourront certainement pas être versés dans l’armée. « Ils ne resteront pas les bras croisés », rassure-t-on, puisque un volet réinsertion socio-économique sur le long terme sera mené par le gouvernement, avec le soutien des bailleurs de fonds.

Réalités du terrain « Par rapport au retard, il faut retenir qu’on est dans un processus de paix avec des facteurs internes et externes. Mais il y a eu une grande accélération ces derniers mois et surtout ces dernières semaines, notamment la signature de l’ « Entente » entre les différentes parties », a ajouté M. Samba Tall. Ce qui n’est pas l’avis de Mahamadou Djéri Maïga, de la CMA. Il estime que depuis la signature de ce document, les choses n’ont pas bougé. « Nous n’avons pas d’interlocuteur depuis la signature de l’Entente. Auparavant, c’était avec le ministre de l’Action humanitaire qu’on traitait les dossiers, mais depuis la nomination du Haut-représentant du chef de l’État pour la mise en œuvre de l’accord, on ne voit plus personne. Le MOC devait être opérationnel depuis le 1er juillet », a-t-il déclaré. Sur le terrain, ce mécanisme qui est un état-major opérationnel composé d’officiers des trois parties signataires, et de la MINUSMA et de Barkhane, est déjà opérationnel à Gao. Il y a également, les éléments mixtes d’observation et de vérification qui comprennent aussi les signataires et la MINUSMA. À cela s’ajoute le sous-comité défense et sécurité du comité de suivi de l’accord, qui regroupe au niveau stratégique les représentants en matière de défense et de sécurité des parties, de la MINUSMA et de la médiation internationale. « Il y a encore un travail politique qui est en train d’être fait, sous la direction du gouvernement qui est le maitre d’œuvre de tout le processus de mise en œuvre de l’accord, les partenaires internationaux, qui sont en appui et jouent aussi leur part. Concomitamment à l’installation de ces deux commissions, la MINUSMA a aussi l’obligation et la tâche de construire les sites de cantonnement », explique Samba Tall.

Scepticisme Oter les germes des crises armées, c’est là le but ultime du processus DDR, qui doit permettre aux anciens combattants de redonner un sens à leur vie post-conflit. Les Maliens suivent le début de ce processus avec scepticisme, se souvenant que ce sont souvent les « reversés dans l’armée » qui ont de nouveau pris les armes contre le pays. La plupart veulent cependant espérer que cette fois-ci, le DDR sera la solution pour que les armes se taisent définitivement au nord, comme partout ailleurs au Mali.

Décrispation au CSA : une « entente » affichée par les acteurs

Les travaux de la 9ème session du comité de suivi de l’accord, CSA, s’est achevé le 14 juin dernier au CICB sous la présidence de l’Algérie, chef de file de la médiation. À la fin des travaux, on apercevait des sourires sur les visages souriants des uns et des autres, comme pour dire qu’un espoir est permis avec l’entente entre le gouvernement et les groupes armés pour la mise en œuvre de l’accord.

Deux points étaient à l’ordre du jour de la 9ème session : la mise en place des autorités intérimaires et les arrangements sécuritaires notamment l’opérationnalisation du mécanisme opérationnel de coordination(MOC). « À la clôture, c’était la satisfaction totale », explique M. Inhaye Ag Mohamed, Secrétaire Permanent du Comité National de coordination de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Ainsi, le comité a salué l’adoption, par les parties de l’« ENTENTE » sur les modalités pratiques de mise en place des autorités intérimaires, des chefs de circonscriptions administratives, le redéploiement des services déconcentrés de l’État et le mécanisme opérationnel de coordination ». Cette entente constitue à n’en pas douter, une avancée significative dans le processus de paix. C’est dans cette optique que le comité a exhorté les parties au respect des engagements et d’en assurer une mise en œuvre diligente dès sa signature. Dans le cadre de l’opérationnalisation du MOC, il y aura une unité de six cents hommes qui seront déployés dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Elle sera composée de : deux cents soldats des FAMA, deux cent combattants de la CMA et deux cents combattants de la Plateforme. Les effectifs des régions nouvellement créés, (Ménaka et Taoudénit) ne sont pas encore connus et il faudra attendre les prochaines réunions pour être fixé. L’objectif de ces patrouilles est d’assurer la sécurité des autorités intérimaires qui vont être mises en place dans les jours à venir.

Concernant la mise en place des autorités intérimaires, il a été convenu de les mettre en place partout où les organes élus des collectivités territoriales ne sont pas fonctionnels. Ce qui est le cas spécifique des régions de Ménaka et de Taoudénit. Il y aura des collèges transitoires qui préfigureront les futures autorités intérimaires avant la création des collectivités territoriales dans les nouvelles régions. Pour ce qui est des compétences des autorités intérimaires, le président de chaque autorité intérimaire sera le chef de l’exécutif local. À ce titre, les services techniques déconcentrés de l’État, dans les domaines de l’enseignement préscolaire, primaire, secondaire, technique et professionnel, les centres de santé communautaires, les centres de santé de référence et les hôpitaux, l’hydraulique rurale et urbaine etc. relèveront de son autorité.

En vue de faciliter le retour de l’administration, il est prévu que la Plateforme et la CMA désignent des conseillers spéciaux à raison de : deux auprès du représentant de l’État dans chaque région et un auprès du représentant de l’État au niveau cercle et arrondissement. Pour le financement des autorités intérimaires, des dotations spéciales, sous forme de subventions, dons, et legs, seront mobilisés pour en assurer le fonctionnement, afin de leur permettre de remplir leurs missions. À cette fin, le gouvernement, la Plateforme et la CMA organiseront, très prochainement, après la signature de l’ENTENTE, une réunion conjointe avec les partenaires techniques et financiers (PTF). En ce qui concerne, les dispositions spéciales, les parties ont convenu que lorsque l’ordre public est menacé, le représentant de l’État et le président de l’autorité intérimaire prendront de manière consensuelle les mesures de police nécessaires au rétablissement de l’ordre.