Communauté Kel Ansar : « Quand on est républicain, on doit suivre les décisions de la cour constitutionnelle sans hésiter ! »

La Tribu Kel Ansar a annoncé, dimanche dernier, lors d’une conférence de presse à l’hotel Salam de Bamako, sous l’égide du chef de la tribu Abdoul Majid Ag Mohamed, son soutien au projet de référendum constitutionnel. Pour en savoir plus sur les raisons qui ont motivé ce soutien, le Journal du Mali s’est entretenu avec Mohamed Ag Ahmedou, personnalité de la tribu Kel Antessar.

Qu’est-ce qui a motivé le soutien de votre tribu au projet de révision constitutionnel ?

Ce qui nous a motivé tout d’abord, c’est notre volonté d’adapter les textes à l’environnement socio–politique et aux besoins du pays, c’est la première des choses. Notre constitution mérite d’être révisée. Il y a certains engagements très anciens de l’État, comme avec l’UEMOA, où il était question de créer une cour des comptes, chose qui n’est pas possible sans toucher à la constitution. Il y aussi le point relatif à la mise en œuvre de l’Accord. L’Accord prévoit la mise en place d’un Sénat or il est impossible de mettre en place ce Sénat sans toucher à la constitution. Donc, réviser la constitution est un passage obligé pour la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord. Pour nous, la mise en œuvre de l’Accord est cruciale pour l’avenir du Mali d’une manière générale. C’est pour cela que nous soutenons le projet de révision constitutionnel.

Est-ce que cette décision n’a pas été motivée par une possibilité que le chef de la tribu Kel Antessar intégre ce futur Sénat ?

Je ne pense pas du tout que ce soit lié à cela. C’est le président de la République qui choisira les chefs traditionnels qui rejoindront le Sénat. C’est à lui que revient cette décision. Je ne pense pas du tout que c’est un pré-positionnement pour être membre du Sénat, loin de là. Ce qui compte pour nous maintenant, c’est que cet Accord puisse avancer, le reste est secondaire.

Une partie de la population oppose comme arguments à la révision constitutionnel, l’insécurité, la menace sur l’intégrité territoriale, l’impossibilité de grarntir que tout les Maliens du territoire pourront s’exprimer. Qu’en dites vous ?

Nous pensons que dès que la cour constitutionnelle émet un avis c’est terminé. Quand on est républicain, on doit suivre les décisions de la cour constitutionnelle sans hésiter ! Cette cour a rendu un verdict clair sur la question en disant que la révision peut se faire. Si la cour constitutionnelle avait dit que l’environnement sécuritaire ne permet pas l’élection, naturellement on serait allé dans son sens parce que c’est à eux d’interdire où d’autoriser la révision. C’est notre position.

Beaucoup des gens disent que la révision de la constitution va favoriser les Touaregs, ils auront plus des droits. Une raison de plus pour vous d’avoir dit oui ?

Moi je ne vois pas comment la révision favorise une communauté par rapport à une autre. En réalité, la constitution ne s’impose que pour la deuxième chambre du parlement en ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord. Tout le reste, on peut le faire par la loi et les décrets. Si demain le Président de la République décide de nommer le tiers de sénateurs qui lui est réservé, il peut nommer des Touaregs tout comme il peut en nommer aucun. Il n’y a aucune disposition particulière qui favorise telle ou telle communauté, telle ou telle partie du territoire. C’est une révision qu’il faut faire, simplement parce que cela fait 25 ans que la constitution n’a pas été revue et qu’elle n’est plus en accord avec l’évolution du pays.