Mokhtar Belmokhtar serait vivant

Le chef d’Al-Mourabitoune, Mokhtar Belmokhtar ne serait pas décédé dans la frappe aérienne menée par la France dans le sud-ouest de la Libye. C’est ce que l’on a appris des aveux d’un infirmier nigérien, qui aurait soigné le chef djihadiste.

Selon, les services de renseignements algériens qui collaborent avec les services nigériens, Mokhtar Belmokhtar se serait pas mort dans la frappe aérienne menée par la France en novembre dernier. Il aurait réchappé à cette tentative d’assassinat et grièvement blessé, aurait été soigné par un médecin de Ghadamès actuellement recherché, et par un infirmier nigérien qui a été arrêté.

Après interrogatoire, ce dernier a confié que Belmokhtar souffrirait d’une grave blessure dans le dos qui l’empêcherait de se mouvoir, ainsi que de brûlures au deuxième degré, et une blessure au pied causée par un éclat de missile.

D’autres éléments laissent penser que celui que l’on surnomme « Le Borgne » (il a perdu un œil en Afghanistan) est toujours vivant.

Les mouvements des forces libyennes du Gouvernement d’union nationale (GNA) dans la région de Traghen, au sud-ouest de la Libye, alertées, seraient actuellement à sa recherche

Récemment au Nord Mali, à Boghassa, des militaires français de la force Barkhane sont venus pour effectuer des prélèvements sur le fils de Belmokhtar, qu’il a eu avec sa seconde épouse qui est de la tribu Amhar. L’Algérie dispose de l’ADN du terroriste depuis 2013.

Un autre élément pourrait laisser penser que l’insaisissable Belmokhtar est toujours vivant : le dernier communiqué d’Al-Mourabitoune revendiquant l’attaque qui a ciblé une position de l’armée malienne à 50 km au sud-est de Gao le 11 novembre ne fait pas mention de la disparition de son chef.

Mokhtar Belmokhtar est-il mort ?

Mokhtar Belmokhtar, le chef djihadiste, serait mort en Libye. La France, aidée par les Etats-Unis, aurait, par une frappe aérienne, tué le djihadiste d’origine algérienne, selon un responsable américain.

Mokhtar Belmokhtar est il vraiment mort ? C’est en tous cas ce qu’affirme un responsable américain dans le Wall Street Journal. Le bombardement français qui l’aurait visé a eu lieu au mois de novembre, avec le concours de renseignements américains, et dans le Wall Street Journal, les responsables américains estiment que la frappe « a probablement été réussie », « étant donné le calibre du renseignement ».

Interrogé à ce sujet le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, en visite à Washington lundi, n’a pas souhaité faire de commentaire. C’est la quatrième fois qu’est annoncé la mort du vétéran djihadiste rallié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Celui qu’on surnomme « Le Borgne » a déjà été donné pour mort à plusieurs reprises : en 2012 lors de la crise malienne entre islamistes et séparatistes touaregs à Gao, au mali par l’armée tchadienne en 2013, lors d’un raid aérien américain en Libye en 2015, et empoisonné en mars dernier selon un quotidien algérien. Cette nouvelle mort annoncée du leader du groupe Al-Mourabitoune serait-elle la dernière ?

Un porte-parole de la Défense, s’est montré dimanche dernier prudent, « nous continuons à évaluer les résultats de l’opération et fournirons plus de précisions de manière appropriée », a-t-il déclaré. En attendant cette ‘‘évaluation des résultats de l’opération’’, l’information de la mort de Mokhtar Belmokhtar reste donc pour le moment à prendre au conditionnel.

Le chef Djihadiste qui a survécu à des nombreuses tentatives d’assassinat, a fait partie du Groupe islamique armé (GIA), puis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), une dissidence du GIA soutenue par Ben Laden, qui deviendra l’Aqmi, et avec lequel il entretiendra des rapports conflictuels.

Destitué en 2012, pour insubordination, en 2013, il fusionne son groupe armé avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), visées par l’opération française Serval, lancée en janvier 2013. Al Mourabitoune, le nouveau groupe dont il prend la direction, officialise son ralliement à Aqmi en décembre 2015. Belmokhtar aurait commandité l’assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre 2007, les enlèvements de deux Canadiens en 2008, et de trois Espagnols et deux Italiens en 2009, l’attaque de l’exploitation gazière d’In Aménas en 2013 et l’attentat du Radisson Blu le 20 novembre 2015.

Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, La tête du chef djihadiste était mise à prix à prix pour cinq millions de dollars.

Radisson : 9 heures sous les balles des terroristes

Vendredi 20 novembre 2015, Bamako a vécu dans l’incertitude et l’effroi, alors qu’une prise d’otages était en cours dans l’établissement le plus chic de la ville, l’hôtel Radisson Blu. Des terroristes ont ouvert le feu et pris en otage 170 clients et employés de l’hôtel. C’est au bout de 9 heures d’âpres combats, qu’une opération conjointe et massive a fini par neutraliser les terroristes. Retour sur une prise d’otages sanglante.

Il est 6h45 quand Mohamed, 25 ans, serveur au sein du “service banquet”, pénètre dans l’enceinte de l’hôtel Radisson, situé dans le quartier ACI 2000. Comme tous les jours, il prend son service à 7h. Tout est calme. Il gagne le vestiaire, en sous-sol, avec d’autres collègues, pour enfiler sa tenue de service. À 6h50, des membres du personnel font brutalement irruption dans le vestiaire. « Sortez, sortez, il y a des hommes en haut, ils sont en train de tirer ! », hurlent-ils. Mohammed se fige, effaré, ses collègues paniqués, se ruent vers l’extérieur. Ne manquant pas de sang-froid, le jeune homme décide d’aller voir ce qui se passe. Il remonte le couloir, entrouvre la petite porte de service et glisse sa tête à l’extérieur : « c’est à ce moment que j’ai vu un Blanc (NDLR – client de nationalité russe) se faire égorger. À l’intérieur il y avait des cris partout, ceux des clients, des djihadistes criant « Allahou akbar », partout des coups de feu, ils tiraient sur tout ce qui bougeait, tout était mélangé. Je n’ai plus cherché à savoir… J’ai refermé la porte et je suis redescendu en courant». À ce moment, la prise d’otages meurtrière du Radisson vient de débuter, il est 7h du matin. Tandis que Mohamed ressort à l’air libre, Konaré, un autre employé qui travaille au room service, se cache pour tenter de sauver sa peau. Il n’oubliera jamais le moment où il s’est retrouvé face à face avec deux des terroristes : « quand j’ai entendu les coups de feu, je me suis réfugié dans la salle des bagages, j’ai éteint les lumières et mon portable, et je suis resté dans l’ombre sans bouger. Ils sont entrés. Ils avaient la peau noire, étaient vêtus de chemises et de pantalons jean, et parlaient en anglais. L’un a aperçu mon pied qui dépassait de l’ombre et m’a tiré vers lui. J’ai pensé que c’était la fin ! Je me suis relevé, je me suis présenté à eux en récitant des sourates du Coran. Ils m’ont regardé sans ciller, puis l’un à parlé à l’autre dans une langue que je ne connaissais pas, et l’a tiré par le bras pour sortir de la pièce. Ce dernier a hésité, puis l’a suivi. Je les ai entendu partir, puis de nouveau des coups de feu. Je me suis enfermé, silencieux, dans l’obscurité, sans bouger ». L’attente sous les balles, pour les otages du Radisson pris au piège, durera 1h30 avant l’arrivée des premières forces de sécurité.

Une opération policière d’ampleur  L’alerte est donnée peu après 7 h, les premières forces de police à être sur place sont celles du commissariat du 14ème arrondissement, qui gère la commune IV où se trouve l’hôtel. Ils sont rapidement rejoints par les hommes de la BAC, les forces d’intervention de la police nationale (FIPN) et le peloton d’intervention de la gendarmerie nationale (PIGN). Pour ces unités surentraînées, c’est une première. «Nos forces d’intervention étaient physiquement et mentalement prêtes à intervenir sur le terrain malgré l’inconnu des lieux, ils étaient parés pour s’adapter à la situation», explique un gradé des forces de sécurité. En une vingtaine de minutes, les forces maliennes bouclent le périmètre de l’hôtel et commencent à planifier l’assaut.

Du côté du Radisson, des employés qui ont pu s’échapper se réfugient dans le salon de coiffure qui jouxte l’hôtel et tentent tant bien que mal d’aider les forces de sécurité. « Ils m’ont demandé si je pouvais localiser les issues de secours pour eux, et j’ai fait un schéma. On a essayé de leur donner un maximum d’informations sur l’hôtel, les clients », témoigne un serveur. Vers 8h, un important dispositif composé de la garde nationale, d’officiers de police et d’éléments d’intervention de la MINUSMA, de la protection civile, et de la brigade spéciale d’intervention a rejoint les unités déjà présentes. Ils sont appuyés par des forces spéciales française et américaine. Ces dernières apportent un appui logistique et de renseignement, permettant de se faire une idée plus précise de ce qui se passe à l’intérieur du bâtiment. Un PC de sécurité, une cellule de première urgence, pour assurer la prise en charge médicale des blessés ainsi qu’un soutien psychologique aux personnes évacuées, sont mis en place non loin du théâtre d’opération par la MINUSMA. Un centre de gestion de crise est constitué sous l’autorité directe du ministre de la Sécurité intérieure et du ministre de la Défense. Le Palais des sports de Bamako est réquisitionné pour accueillir et regrouper les otages qui seront exfiltrés lors de l’opération. Sur le terrain la tension est palpable, les véhicules blindés et les pick-up de la police arrivent et démarrent en trombe. Les premiers journalistes sont sur place, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. De nationale, la prise d’otages du Radisson de Bamako devient une information internationale, dont les rédactions mondiales se font l’écho. Le nombre et l’identité des terroristes, restent confus. La gorge serrée, l’angoisse et la peur dans le regard, des rescapés de cet enfer échangent avec les forces de l’ordre, sur ce qu’ils ont vu : «j’ai pu apercevoir au moins 3 terroristes différents », « ils venaient de plusieurs directions, ça tirait dans tous les coins, ils devaient être au moins une dizaine !». « Ils devaient avoir des complices qui étaient déjà à l’intérieur! ». Officiellement, les autorités font état de 2 à 3 terroristes dans l’établissement.

Top assaut  À 9 h, l’assaut est donné. L’objectif principal des forces d’intervention est la libé- ration des otages. En première ligne, ils investissent les lieux, bouclier pare-balles en avant, le sang macule les rangers, les victimes jonchent le sol. « Dès qu’ils sont arrivés les terroristes ont commencé à tirer. Nos forces d’intervention les ont repoussés dans les étages. La configuration des escaliers de l’hôtel et leur position en hauteur, leur permettaient de tirer sur tout ce qui se présentait dans l’escalier », confie une source appartenant aux forces de sécurité maliennes. Les unités d’intervention parviennent à se tailler un passage dans les premiers niveaux de l’hôtel, forçant les djihadistes à se retrancher aux derniers étages. Cette action permet l’exfiltration progressive des otages. Les informations arrivent au compte-gouttes. Les rumeurs vont bon train. Les bilans divergent sur le nombre de morts de part et d’autre : 10, 18 puis 27 victimes. Selon les médias, les terroristes se trouveraient reclus au 7ème étage de l’hôtel Radisson, qui n’en compte que 5… Les caméras retransmettent au monde entier la situation en direct. À 11h, on dénombrait déjà 80 otages exfiltrés, mais aucune nouvelle quant au sort des terroristes. Pendant 3 heures, la situation semble figée. Un officier malien s’énerve: « l’opération a pris du temps parce que les Français ont fait appel à quarante éléments des forces spéciales françaises positionnées à Ouagadougou. L’ordre implicite était d’attendre pour pouvoir conjointement terminer l’opération ». Ce n’est qu’à 14h30 qu’ils arrivent sur le théâtre d’opération, 133 otages ont déjà été exfiltrés par les forces maliennes. À 15h les deux terroristes, quelque part dans les étages de l’hôtel, n’ont plus aucun otage à exécuter entre leurs mains. L’étau peut se resserrer. Dans le même temps, la chaîne de télévision pan-arabe, Al-Jazeera, diffuse la revendication de l’assaut par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune dans une opération avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). À 16 h, tout s’accélère. Un assaut conjoint est lancé. Les Maliens montent les escaliers pour se porter au-devant des deux forcenés, acculés au quatrième étage devant une porte bloquée menant sur une terrasse. Les Français les prennent à revers, passant par l’extérieur, et les balles pleuvent. Les terroristes, criblés d’impacts, s’écroulent morts, sans avoir pu utiliser les grenades offensives qu’ils portaient sur eux.

Le bilan de l’attaque est lourd. Officiellement on dénombre 22 morts : 18 clients, 3 membres du personnel de l’hôtel, 1 gendarme malien et deux terroristes, et 7 blessés dont 3 policiers. La majorité des victimes sont d’origine étrangère: six Russes, trois Chinois, deux Belges, une Américaine, un Sénégalais et un Israélien. L’épisode sanglant de la prise d’otages de l’hôtel Radisson s’achève à la nuit tombée. Pour les forces de sécurité maliennes c’est une réussite. Ils accusent des pertes mineures et grâce à leur courage, 133 otages ont pu être sauvés. Le président IBK sur l’ORTM, décrète 10 jours d’état d’urgence et un deuil national de 3 jours.

Le calme revient peu à peu dans les rues de Bamako, et avec lui un malaise lancinant, mélangeant choc et peur de l’avenir. Une seconde séquence commence, celle de l’enquête, qui devra amener des réponses, sur de nombreux points.

Belmokhtar, vivant et toujours dangereux

Non, Mokhtar Belmokhtar n’est pas mort. Il n’a pas été tué comme annoncé par Paris. Il se trouverait, selon AQMI, en Lybie d’o๠il planifie sa prise de contrôle sur tout le Sahel. «Depuis quelques temps, nous avons la preuve que Mokhtar Belmokhtar, de nationalité algérienne, l’un des plus dangereux islamistes algériens qui opérait dans le nord du Mali, s’est retiré en Libye pour éviter d’être arrêté ou tué. Du territoire libyen, il entend contrôler tout le Sahel», a déclaré une source sécuritaire malienne. L’information a été confirmée par une source sécuritaire nigérienne et par une autre source proche de la mission de l’Onu au Mali (Minusma). Les chefs jihadistes revenants ? Celui qu’on surnomme «Belawar» («le borgne» en arabe) ou Khaled Abou al-Abbas, Belmokhtar serait donc encore vivant, alors qu’il avait été donné pour mort, «tué» par l’armée tchadienne au Mali le 2 mars 2013, une information ensuite démentie par Al-Qaà¯da et qui avait été toujours démentie par le gouvernement français. «Tout le monde est d’accord aujourd’hui qu’il n’était pas mort. Il était toujours actif mais s’est installé depuis un moment en Libye», a précisé la source sécuritaire proche de la Minusma. Belmokhtar avait en 2012 fait scission d’avec Aqmi et crée son propre mouvement, «Les Signataires par le sang», avec lequel il a mené la prise d’otages sanglante d’In Amenas. Cette attaque avait eu un retentissement planétaire en raison de la présence de nombreux étrangers parmi les otages, dont 37 ont été tués. Le 3 juin 2013, la tête de Belmokhtar a été mise à  prix par les à‰tats-Unis. Washington le considère comme «l’un des plus dangereux terroriste du Sahel» et sa tête a été mise à  prix. On apprend également ce lundi 14 avril par l’agence privée d’information mauritanienne ANI qu’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) a démenti, samedi dernier, la mort d’un de ses chefs annoncée par Paris et un responsable de l’armée malienne en mars dernier. Dans un entretien avec un porte-parole de l’organisation, Abou Assem Al-Mouhajir, ce dernier déclare que “M. Omar Ould Hamaha est bien vivant. Il n’a pas été tué par les Français contrairement aux déclarations du ministre français de la Défense (Jean-Yves Le Drian) et des médias français”. « Les Français ont annoncé ces derniers temps la mort d’un grand nombre de moudjahidine, mais ceci est sans fondement » a-t-il encore déclaré. Il a mis Paris en demeure de fournir “la moindre preuve” de ses déclarations sur la mort de djihadistes. M. Le Drian avait annoncé le 20 mars la mort au Mali d’une quarantaine de djihadistes, dont Omar Ould Hamaha. « Depuis quelques semaines, nous avons mené des opérations qui ont permis de neutraliser plusieurs dizaines de terroristes qui tentaient de se regrouper », avait-il déclaré sur une chaine de télévision française. La mort d’Omar Ould Hamaha, surnommé “le Barbu rouge” et recherché, notamment, par le Mali et les à‰tats-Unis, avait déjà  été annoncée le 14 mars par un haut responsable de l’armée malienne. On serait tenté de se demander sur quelles informations étaient fondées les précédentes annonces. La recrudescence de la violence dans le nord du Mali et l’instabilité chronique en Lybie laissent aujourd’hui voir que ces chefs jihadistes conservent de l’influence et des militants dans ces pays. Une menace à  prendre au sérieux, au vu de la capacité de nuisance de ces individus. Et de leurs groupes (katibas) respectifs. On craignait d’avoir affaire à  une hydre, il semble que ce soit plutôt des phoenix…

« Al Mourabitoune », du nouveau chez les terroristes

« Signataires par le sang », groupe terroriste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, katiba rendue tristement célèbre par les attentats du site gazier In Amenas en Algérie. Mujao, né au nord-Mali, auteurs d’exactions pendant les mois d’occupation de trois régions maliennes. Ces deux mouvements terroristes ont annoncé hier 22 août qu’ils fusionnaient. Leur nouvelle organisation se nomme désormais « Al Mourabitoune », les Almoravides en français. « Les Signataires par le sang et le Mujao ont décidé de s’unir au sein d’une même Jamaa, dénommée « Al Mourabitoune », dans la perspective de réaliser l’unité des musulmans du Nil à  l’Atlantique », a indiqué la nouvelle organisation dans un communiqué diffusé par l’agence de presse mauritanienne AP. Le nouveau groupe terroriste appelle toutes les organisations islamiques à  unir leurs efforts « pour contrecarrer les forces laà¯ques qui s’érigent contre tout projet islamique ». La France est particulièrement dans le collimateur du nouveau groupe terroriste qui lui reproche son engagement aux côtés des autorités maliennes. La nouvelle « brigade » semble avoir porté allégeance à  Al Qaida dont elle s’inspire sur le plan idéologique, saluant ses leaders respectifs, Ayman Al Zawahiri et le Mollah Omar. La direction de la nouvelle organisation a été confiée à  un vétéran d’Afghanistan qui a combattu au Nord-Mali. Pour le moment son identité n’est pas encore connue. Une chose est sûre, ce ne sera pas Mokhtar Belmokhtar, terroriste le plus recherché dans le Sahel. « Le borgne » est recherché par toutes les polices du monde depuis que sa tête a été mise à  prix pour 5 millions de dollars par les Etats-Unis. C’est lui qui a créé en 2012, après avoir rompu les liens avec AQMI, les « Signataires par le sang ». Cette dernière est à  l’origine des attentats du site gazier In Amenas, en janvier 2013, dans le sud de l’Algérie, qui ont fait plusieurs dizaines de morts, dont de nombreux Occidentaux. Il est aussi à  l’origine du double attentat, en mai 2013 au Niger, sur un site d’Areva à  Arlit et une caserne militaire à  Agadez, qu’il a mené conjointement avec le Mujao. Ces attaques qui ont fait 20 morts signent le début de la coopération entre les deux groupes. Leur fusion n’est donc pas une surprise quand on sait les liens qu’entretiennent Mokhtar Belmokhtar et le chef du Mujao Oumar Ould Hamada dit « Barbe rousse », depuis 2009. Elle n’augure en tout cas rien de bon pour la zone du Sahel et particulièrement le Mali o๠le « nettoyage » des groupes islamistes n’est pas encore achevé.

Belmokhtar, vivant et toujours actif

Le djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar a « supervisé lui-même » les attentats meurtriers commis jeudi 23 mai au Niger contre l’armée nigérienne et le groupe français Areva, a affirmé le porte-parole de son groupe, « Les Signataires par le sang », cité par l’agence mauritanienne en ligne Alakhbar. |b Opération « Abou Zeid »] D’après El-Hassen Ould Khlil, alias « Jouleibib », « plus d’une dizaine de combattants ont participé à  ces attaques », menées conjointement selon lui avec le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui avait auparavant revendiqué les attentats. Jouleibib a indiqué que l’opération avait été nommée du nom d’Abou Zeid, un des dirigeants d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), tué fin février dans le massif des Ifoghas (nord du Mali) par l’armée française. Mokhtar Belmokhtar, un ancien dirigeant d’AQMI, avait quitté ce groupe fin 2012 pour créer son propre mouvement, dont la première action d’envergure avait été une prise d’otages massive et sanguinaire en janvier sur un site gazier à  In Amenas, dans le sud de l’Algérie. La vengeance du « Borgne » Le président tchadien, Idriss Déby, dont l’armée intervient au Mali avec l’armée française, avait affirmé en avril que Belmokhtar s’était « fait exploser » peu après la mort d’Abou Zeid. La France avait confirmé le 23 mars la mort de ce dernier, mais pas celle de Mokhtar Belmokhtar, dit aussi « le Borgne ». « Nous allons lancer plus d’opérations » au Niger, affirme le groupe, en menaçant également la France et tous les pays engagés militairement au Mali. Le groupe, Les signataires par le sang, écrit dans son communiqué que les deux attentats de jeudi étaient sa « première réponse à  une déclaration du président du Niger, Mahamadou Issoufou, inspirée de ses maà®tres à  Paris, affirmant que les jihadistes ont été écrasés militairement » dans la région. Il menace de « déplacer la guerre (au Niger) si ce pays ne retire pas ses troupes de mercenaires engagées » au Mali. Menaces directes contre la France et la MISMA « Que la France sache qu’elle n’a réalisé qu’une victoire médiatique dans sa croisade », ajoute le groupe, en affirmant que son retrait des villes maliennes n’était qu’un « choix imposé par la loi de la guerre et la volonté de préserver le sang des musulmans ». « La France tente actuellement de fuir (le Mali) et d’y engager des mercenaires à  sa place », affirme encore le groupe en référence au remplacement progressif des troupes françaises par des unités africaines. « Nous prévenons tous les pays qui ont l’intention de participer à  cette croisade, même au nom du maintien de la paix, que nous allons leur faire goûter la saveur de la mort », poursuit le communiqué. « Les colonnes de jihadistes et de candidats au martyre se tiennent prêtes et n’attendent qu’un ordre pour foncer sur leurs cibles », indique le texte.

La photo qui fait dire au Tchad que Belmokhtar est mort

Madjiasra Nako y a été emmené dimanche 3 mars par l’armée tchadienne. Les militaires tchadiens revenant du front lui ont alors montré des photos prises sur leur téléphone portable, en affirmant que ce cadavre est bien celui de Mokhtar Belmokhtar, qui aurait été tué samedi dans la vallée d’Ametetai. Sur le cliché, l’homme présenté comme celui qui était surnommé «le borgne», est en treillis. Son visage est maculé de sang. Pour l’heure, aucune confirmation n’est venue certifier cette mort annoncée samedi soir par l’état-major à  Ndjamena. Ce lundi, le président tchadien Idriss Déby a une nouvelle fois affirmé que ses troupes avaient abattu Mokhtar Belmokhtar et que sa dépouille, ainsi que celle d’Abou Zeid, n’ont pas été exposées par respect des principes de l’Islam. Par ailleurs, lors de son voyage à  Tessalit, l’envoyé spécial de RFI a pu voir huit prisonniers faits par les soldats tchadiens. Parmi eux, il y aurait des Maliens, un Tunisien, un Marocain, des Nigériens et des Burkinabè. Des documents en arabe et des armes lourdes ont également été récupérées. Plus surprenant : une pelleteuse fait partie des prises de guerre. Celle-ci permettait aux jihadistes de creuser des tranchées pour se dissimuler. Madjiasra Nako a pu voir une photo du passeport de Michel Germaneau, l’otage français mort en 2010 après l’échec de sa tentative de libération dans le nord du Mali. Sur place, l’envoyé spécial de RFI a pu constater que les armées tchadienne et française travaillent ensemble avec quelques éléments fidèles au colonel malien El Hadj Ag Gamou. Enfin, les militaires affirment que les katibas jihadistes ont été décapitées, mais admettent que la guerre n’est pas finie, car des combattants se sont éparpillés en petits groupes.

Mali: la mort d’Abou Zeid semble se confirmer, doute sur celle de Belmokhtar

La mort d’Abdelhamid Abou Zeid, un des chefs au Mali d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, semblait se confirmer lundi, l’armée française la qualifiant de « probable » et un membre d’Aqmi l’ayant admise. Celle d’un autre dirigeant jihadiste, Mokhtar Belmokhtar, était en revanche beaucoup plus incertaine. La mort au cours de combats dans le nord-est du Mali d’Abou Zeid et de Belmokhtar dit « Le Borgne », tous deux Algériens, avait été annoncée par le Tchad en fin de semaine dernière. Sous couvert d’anonymat, un jihadiste d’Aqmi a lui aussi déclaré lundi qu’Abou Zeid était bien mort mais il a démenti le décès de Mokhtar Belmokhtar, selon l’agence mauritanienne d’informations en ligne Sahara Médias (privée). Abou Zeid a été tué « par un bombardement aérien français dans les montagnes » des Ifoghas (nord-est du Mali) « et non par les Tchadiens » qui étaient « à  plus de 80 km » lors du bombardement, affirme ce jihadiste qui a l’habitude d’écrire pour des sites jihadistes, selon Sahara Médias. Il a en revanche démenti la mort de Mokhtar Belmokhtar, « pour la simple raison qu’il se trouve dans la région de Gao (dans le nord du Mali, mais plus au sud du massif des Ifoghas) o๠il mène les combats contre l’ennemi ». « Il est bien vivant, il n’a pas été tué par les Tchadiens », dit le jihadiste cité par Sahara Médias. Selon lui, Mokhtar Belmokhtar va publier « une déclaration dans un proche avenir pour démentir les allégations mensongères du président tchadien (Idriss Deby Itno) renégat ». La mort d’Abou Zeid, annoncée par le président tchadien, est « probable » mais la France n’a pas de « certitude » faute d’avoir récupéré le corps, a de son côté déclaré le chef d’état-major des armées françaises, l’amiral Edouard Guillaud. Concernant Belmokhtar, il a dit être « d’une extrême prudence ». Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, issus des groupes islamistes qui ont terrorisé l’Algérie dans les années 1990, ont été ensuite à  la tête de leurs katibas (unités combattantes) respectives les maà®tres d’oeuvre d’Aqmi au Mali, o๠ils se sont implantés, au Niger et en Mauritanie. Ils y ont commis de nombreux enlèvements et exécutions d’Occidentaux, attentats ou tentatives d’attentats, s’y sont également livrés à  divers trafics, dont celui de la drogue. Belmokhtar a quitté Aqmi fin 2012, pour créer son propre groupe, « Les signataires par le sang », dont la première action d’envergure a été une prise d’otages massive et sanguinaire en janvier sur un site gazier du sud de l’Algérie, In Aménas. « Casser les reins d’Aqmi » « Nous sommes en train de casser les reins d’Aqmi et ça, c’était bien l’objectif tel qu’il nous avait été fixé par le président de la République », François Hollande, a assuré l’amiral Guillaud. Il a précisé qu’une « organisation industrielle du terrorisme » avait été découverte dans le nord-est du Mali, citant « plus d’une cinquantaine de caches dans des maisons, des hangars ou des grottes », « plus d’une dizaine d’ateliers de fabrication y compris de bombes dans l’un des ateliers », « vingt bombes artisanales en cours de fabrication simultanément ». Concernant les sept otages français détenus par des groupes islamistes que l’on pensait être dans le massif des Ifoghas, l’amiral Guillaud a reconnu que l’armée française ne savait pas o๠ils se trouvaient. « Il est possible qu’ils aient été déplacés, pas forcément vers un autre pays », a-t-il dit. Le président Hollande avait affirmé début février à  Bamako que les forces françaises au Mali étaient désormais « tout près » des otages français. Quinze otages français sont retenus en Afrique, dont au moins six au Sahel par Aqmi, un septième ayant été enlevé au Mali par un autre groupe islamiste armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Les familles de quatre otages au Sahel ont estimé lundi que leurs proches ne seraient pas sauvés par les opérations militaires et ont appelé le gouvernement français à  « négocier » avec Aqmi. « La France doit donner à  Aqmi des signaux clairs montrant une volonté de négocier, en lien avec les sociétés Areva et Vinci », estiment dans un communiqué les familles des quatre otages enlevés le 16 septembre 2010 par Aqmi dans le nord du Niger, à  Arlit, un site d’extraction d’uranium de la société française Areva. Ces développements coà¯ncident avec la visite de quelques heures lundi à  Bamako du ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, la première d’un haut responsable occidental au Mali depuis celle, le 2 février, de François Hollande. Le Royaume-Uni contribue par une aide logistique à  l’offensive contre les islamistes armés au Mali, menée depuis le 11 janvier par l’armée française, alliée à  l’armée malienne et celles d’autres Etats africains, dont le Tchad. Cette visite « souligne la volonté du Royaume-Uni de travailler avec ses partenaires internationaux pour aider le Mali et les (autres) pays de la région à  lutter contre le terrorisme et à  rétablir la sécurité » au Mali, a souligné M. Hague à  son arrivée.

Mokhtar Belmokhtar, le renard du désert

De l’armée rouge à  l’armée française. Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Aboul Abbas, a successivement combattu en Afghanistan, en Algérie puis dans le Sahel. Pour les services de renseignements occidentaux, cet Algérien est un brigand de grand chemin, un voyou islamisé partagé entre la défense de ses intérêts et un fanatisme débridé. Né en 1972, il part à  l’âge de dix-sept ans pour l’Arabie saoudite, le pays de transit des candidats au djihad en Afghanistan, o๠il passe par des camps d’entraà®nement et participe à  des combats. Touché par un éclat d’obus, il perd un œil et gagne un surnom: «le borgne». Dans une rare interview accordée en 2007 à  un forum salafiste, l’Algérien affirme avoir été captivé dès l’adolescence par le récit des exploits des moudjahidines afghans et d’avoir trouvé sa vocation dans la rudesse des maquis. Mokhtar Belmokhtar est de retour chez lui au début des années quatre-vingt dix. L’Algérie vient de basculer dans la guerre civile. à€ Ghardaà¯a, il créé la katibat Echahada, la «brigade du martyre». En 1993, il tue 13 policiers. C’est d’après les comptes rendus de ses procès par contumace, son principal fait d’armes de la guerre civile. Sa katibat est proche des GIA, les Groupes islamiques armés accusés de massacres à  grande échelle à  partir de 1996. Elle rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) à  sa création deux ans plus tard. L’expérience acquise par Mokhtar Belmokhtar lui permet d’accéder au statut d’émir. Il est le chef de zone 9, le sud algérien. Le territoire est immense. Le djihadiste a pris l’habitude d’effectuer des séjours au Mali pour se procurer des armes et des munitions provenant des stocks de l’armée de Bamako et de se livrer à  la contrebande. «Mister Marlboro» Son rôle dans le trafic de cigarettes, une spécialité locale, lui vaut le surnom de «Mister Marlboro». On le dit présent sur le marché des clandestins subsahariens qui traversent en camion le Sahara dans l’espoir de rejoindre l’Europe. Belmokhtar tisse peu à  peu des liens avec des commerçants arabes de la région de Tombouctou. Il épouse une fille de notable, prend ses aises. En 2003, il est mêlé avec le groupe d’El Para à  la prise d’otage de 17 motards allemands et autrichiens en virée dans le sud du Sahara. Les touristes sont libérés contre le versement de cinq millions d’euros selon la télévision publique allemande. Belmokhtar s’installe alors au Mali pour développer le business des otages. Il est mêlé à  l’enlèvement de deux jeunes français à  Niamey. L’affaire finit mal. Les forces spéciales interviennent contre un de ses commandos mais ne parviennent pas à  sauver Antoine de Léocour et Vincent Delory Sa katibat compte de 200 à  300 combattants. Durant les neuf mois d’occupation par les islamistes du nord du Mali, il s’est rapproché du Mujao et se montre plus souvent à  Gao qu’à  Tombouctou, son ancien fief dont il s’est fait éjecter par Abou Zeid, lui aussi prétendument tué. Rupture avec AQMI Il annonce en décembre sa rupture avec AQMI et la formation de sa nouvelle katibat baptisée «Les signataires par le sang». Il en profite pour mettre en garde la «France mécréante» contre toute intervention dans la région et qualifie les élites algériennes politiques, militaires, économiques et culturelles de «fils de France». Cinq jours après le déclenchement de l’opération française au Mali, c’est le coup de tonnerre. Des terroristes attaquent le site algérien gazier d’In Amenas. Ils lancent en pénétrant sur le site gazier: «nous sommes d’al-Qaida et notre chef est Mokhtar Belmokthar». L’émir apparaà®t tête nue et en veste kaki dans une vidéo pour célébrer son 11-Septembre qui se solde par 38 otages tués. Quelle mouche a piqué Belmokthar? Que viennnent faire ses hommes si loin des combines maliennes et ses caravanes du Sahara? S’il est bien mort comme l’annonce l’armée tchadienne, le renard du désert emporte avec lui ses secrets.

Exclusif: Au Mali, dans la maison du djihadiste Mokhtar Belmokhtar

C’est une villa jaune, quelconque, entourée d’un muret, dans le quartier de Bourgoundjé, à  Gao, dans l’est du Mali. Mokhtar Belmokhtar et ses hommes y ont passé leurs dernières heures avant de quitter précipitamment les lieux, le 19 ou le 20 janvier, lors des premiers bombardements français sur la ville. Depuis le début du conflit, selon les habitants de Gao, la présence d’un des fondateurs du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) n’a jamais été mise en doute, mais elle s’apparente à  celle d’un fantôme. Une des dépendances de la petite villa est remplie de grenades, de boà®tes de munitions, et d’engins explosifs artisanaux. Dans le bâtiment principal, pillé par la population, il reste seulement quelques documents sur le sol. Parmi eux, les pages du Coran, des manuels de propagande djihadiste, un dossier complet sur la conduite à  tenir pour communiquer secrètement par Internet. Sur des cahiers d’écolier, écrites à  la main et en arabe, des listes de noms auxquels sont liées d’importantes sommes d’argent. Ce dernier refuge mis à  part, l’Algérien a passé ces derniers mois à  Gao dans au moins deux autres demeures. Dans la première, o๠il a vécu un mois entre avril et juin 2012, il était accompagné de son épouse malienne. Selon des témoins anonymes, des membres du Mujao ont pris sa suite dans la villa, o๠ils fumaient cigarettes et marijuana – deux plaisirs interdits à  la population locale. Une ex-clinique de la Croix Rouge a été la seconde maison de Mokhtar Belmokhtar, entre juin 2012 et janvier 2013. Il ne sortait que la nuit Pendant ces mois passés à  Gao, Mokhtar Belmokhtar s’est très peu montré. « Il semblait toujours fâché », raconte Ibrahim, jeune habitant voisin de la clinique. « Les rares fois o๠je l’ai aperçu, il était entouré de 30 ou 40 hommes costauds, enturbannés et bien armés. » Des témoins ont vu son enfant, âgé de 10 ans, tenir tête aux représentants du Mouvement Indépendantiste Touareg (MNLA), en avril dernier, Kalachnikov à  la main, lors des affrontements entre factions rivales. Le visage entouré d’un turban beige, Belaghouar (« Le Borgne »), sortait uniquement la nuit. Seuls ses amis proches, au demeurant, pouvaient le surnommer de la sorte, car l’agressivité que l’homme a pu manifester lors de ses rares échanges avec la population semble constituer une de ses caractéristiques.  » Il disait seulement :  »Salam alekoum ». Il était très intimidant « , raconte Mohamed, qui, pour 2000 francs CFA par jour (2,90 euros), lavait son linge. Ibrahim, comme d’autres jeunes du quartier, passait régulièrement à  son domicile, afin d’y récupérer du carburant pour les motos, des puces de téléphones, des cartes mémoires. Il prépare sa revanche La vie de Mokhtar bel Mokhtar à  Gao, selon les témoins, semblait réglée comme une horloge. Chaque soir, il partait à  20 heures dormir dans le désert, et revenait le lendemain au lever du soleil. S’il quittait la ville pour une de ses missions « extérieures », à  bord d’un Land Cruiser blanc, sans plaque d’immatriculation, il revenait toujours à  Gao pour la grande prière du vendredi. Dans les jours qui suivent les bombardements, on perd sa trace. La dernière vidéo de lui, au cours de laquelle il a revendiqué la prise d’otages d’In Amenas, montre un homme qui s’est défait de son éternel turban – le symbole, chez les djihadistes, qu’il est désormais prêt au martyr. Selon des sources sécuritaires, il pourrait se trouver à  80 kilomètres de Gao, dans la brousse, à  proximité du village de Téméra. L' »émir du Sahel » préparerait sa revanche. L’attaque suicide à  Gao, le vendredi 8 février au matin revendiquée par le Mujao, les missiles envoyés en direction de Gao ces derniers jours, et les mines antichars qui ont explosé sur les routes menant à  la ville, constitueraient les premières preuves de cette promesse.