L’Egypte à feu et à sang

Les choses empirent en Egypte, depuis que la police a dispersé mardi, des manifestations pro-Morsi qui protestaient contre le régime d’Al Sissi. A tel point que Mohamed El Barradei a démissionné de son poste de vice président. Le président François Hollande a appelé jeudi à  tout mettre «en oeuvre pour éviter la guerre civile» en Egypte. Dans un communiqué, l’Elysée rappelle que le président français a «convoqué l’ambassadeur d’Egypte pour qu’il transmette à  ses autorités la très grande préoccupation de la France face aux événements tragiques intervenus dans son pays». Le bilan s’alourdit de nouveau : le gouvernement évoque désormais 464 morts dont 421 civils. 3572 blessés ont également été recensés dans tout le pays, selon ces chiffres fournis par le ministère de la Santé. Selon ce bilan, près de 200 personnes ont péri sur les seules places Rabaa al-Adawiya et Nahda du Caire. l’Egypte a fermé mercredi son point de passage avec la bande de Gaza pour une durée indéterminée, annonce un responsable de la sécurité. Des centaines de travailleurs palestiniens traversent chaque jour le point de passage de Rafah, dans la péninsule du Sinaà¯, dans les deux sens.

Egypte : la police prête à intervenir contre les pro-Morsi

Les Frères musulmans et leurs alliés ont répondu à  l’appel du ministère de l’Intérieur par le défi. Ils ont déclaré que les sit-in et les manifestations allaient se poursuivre comme si de rien n’était. Joignant l’action à  la parole, des centaines d’islamistes ont manifesté en fin de soirée dans plusieurs stations du métro du Caire. Malgré les appels au calme de la communauté internationale, la police égyptienne se prépare à  intervenir pour disperser les manifestants islamistes qui refusent de quitter deux places de la capitale. Ils ne quitteront pas la rue. Les islamistes partisans de l’ex-président Mohamed Morsi, chassé du pouvoir par l’armée le 3 juillet, ont refusé de répondre aux injonctions du pouvoir. « Nous allons poursuivre nos sit-in et nos manifestations pacifiques », a déclaré une de leur porte-paroles, Ala Mostafa. Affichant sa détermination, son mouvement appelle même à  une nouvelle mobilisation massive, vendredi 2 août, « contre le coup d’à‰tat ». La veille, le ministère de l’Intérieur avait appelé ces milliers de manifestants à  lever « rapidement » les sit-in qu’ils maintiennent depuis un mois sur deux places du Caire, Rabaa al-Adawiya et al-Nahda, leur garantissant une « sortie en toute sécurité ». Selon l’agence de presse officielle Mena, des hélicoptères militaires survolaient Rabaa al-Adawiya en fin de journée. Forte d’un « feu vert » du gouvernement pour intervenir, la police a indiqué que ses chefs s’étaient réunis pour mettre au point une stratégie en vue de mettre fin à  ces rassemblements. Guerre des nerfs Une nouvelle fois, donc, la situation est explosive au Caire. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mounir Fakhry Abdelnour, a accusé les pro-Morsi d’être armés et dit espérer que l’intervention de la police se ferait « avec le moins de pertes humaines possibles », alors que 82 personnes ont péri le 27 juillet lors d’un rassemblement pro-Morsi. Une poursuite de la guerre des nerfs entre les Frères musulmans et le gouvernement intérimaire qui veut disperser ces sit-in qui, selon lui, portent atteinte à  l’ordre public. Jeudi 1er août, les hauts responsables du ministère de l’Intérieur ont tenu une réunion pour dresser la stratégie qui sera adoptée. Une des mesures proposées est d’assiéger les places de Rabaa al Adawiya et de l’université du Caire pour empêcher l’arrivée de vivres et de nouveaux manifestants. Une coupure d’eau et d’électricité a aussi été évoquée. Depuis fin juin, quelques jours avant la destitution de Mohamed Morsi, premier chef d’à‰tat égyptien élu démocratiquement, plus de 250 personnes – majoritairement des manifestants pro-Morsi – ont été tuées dans des affrontements entre forces de l’ordre et opposants au président déchu.

Egypte: nouveaux heurts, Morsi en préventive

Les autorités égyptiennes ont renforcé la sécurité au Caire et à  travers le reste du pays pour cette journée à  hauts risques o๠les deux camps entendent compter leurs forces dans la rue, alors que les violences liées aux troubles politiques ont déjà  fait plus de 200 morts depuis un mois. En début d’après-midi, des manifestants des deux camps ont échangé des jets de pierres et de bouteilles dans le quartier de Choubra dans l’est du Caire, après que des anti-Morsi ont brûlé des portraits du président renversé, selon des témoins. A l’appel des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, des milliers d’Egyptiens se regroupaient autour d’une trentaine de mosquées d’o๠des cortèges devaient partir vers les abords de l’Université du Caire, près du centre-ville, et ceux de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans un faubourg du nord-est de la capitale, o๠les pro-Morsi campent depuis près d’un mois. La confrérie dénonce sans relâche le « coup d’Etat » par lequel l’armée a déposé le premier président démocratiquement élu d’Egypte, après des manifestations massives fin juin pour réclamer son départ. Dans le camp opposé, plusieurs milliers de manifestants anti-Morsi ont également commencé de confluer place Tahrir, site traditionnel des grands rassemblements. Le général Sissi a appelé mercredi les Egyptiens à  descendre en masse dans la rue vendredi pour lui donner un « mandat » afin d’en « finir avec le terrorisme et la violence ». Mais l’armée a depuis jeudi fait alterner déclarations apaisantes et plus menaçantes. Elle a ainsi assuré que les propos du général Sissi ne visaient pas les Frères musulmans en particulier, mais leur a dans le même temps, dans une déclaration officieuse relayée sur internet, donné 48 heures pour renoncer à  toute violence et accepter le processus de transition politique. Morsi en prison Alors qu’à  l’international, les voix s’élèvent pour demander sa libération ainsi que celle d’autres dirigeants des Frères Musulmans, tous retenu depuis un mois sans charge, un tribunal a ordonné sa mise en détention préventive pour 15 jours renouvelables. Aucune indication sur un transfert effectif de son lieu de détention militaire vers une prison n’était immédiatement disponible. La justice invoque des liens présumés avec le Hamas qui l’aurait aidé à  s’évader de prison début 2011 au cours de la révolte qui avait chassé du pouvoir Hosni Moubarak. Les Frères musulmans ont vu dans cette décision un « retour en force du régime Moubarak », alors que le Hamas a dénoncé la décision égyptienne.

Egypte: 51 morts ce lundi, la tension augmente

51 morts, 435 blessées. C’est le lourd bilan, encore provisoire, des heurts qui se sont déroulés ce lundi matin. Un sit-in de partisans du président déchu Mohamed Morsi se déroulait devant le siège de la Garde républicaine au Caire,et selon les témoins des tirs à  balle réelle et des grenades lacrymogènes ont touchés les manifestants. La confrérie des Frères musulmans –dont est issu M. Morsi– accuse l’armée qui pointe du doigt des «terroristes armés». Ces derniers auraient attaqué le siège de la Garde républicaine, provoquant la mort d’un officier et laissant six conscrits dans un état critique, selon un communiqué militaire cité par le journal gouvernemental al-Ahram. l’armée égyptienne a appelé les partisans du président déchu Mohamed Morsi à  lever leurs sit-in, en assurant qu’elle ne tolèrerait aucune «menace à  la sécurité nationale». Dans les heures suivantes, le président par intérim, Adly Mansour, a ordonné l’ouverture d’une enquête sur ces violences. Le parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans dont est issu M. Morsi, a appelé au «soulèvement du grand peuple d’Egypte contre ceux qui sont en train d’essayer de lui voler sa révolution avec des chars», et mis en garde contre «l’apparition d’une nouvelle Syrie». Quelques heures après cette déclaration, les autorités ont décidé de fermer le siège du PLJ au Caire en raison de la découverte «de liquides inflammables, de couteaux et d’armes», a annoncé un haut responsable de sécurité. Tractations en cours, Al-Nour quitte les négociations Les discussions pour désigner le nouveau premier ministre égyptien se poursuivent. Dimanche soir, un porte-parole de la présidence intérimaire avait pourtant affirmé que Ziad Bahaa Eldin, un technocrate qui a dirigé plusieurs institutions économiques égyptiennes, serait « très probablement » nommé à  la tête du gouvernement. Selon cette même source, Mohamed El-Baradei, qui avait été annoncé à  ce poste samedi dans une grande confusion, hériterait finalement de la vice-présidence. Mais le parti salafiste Al-Nour a annoncé lundi qu’il se retirait des discussions, dénonçant le « massacre » de partisans des Frères musulmans devant le siège de la garde républicaine au Caire. Quelques heures plus tôt, le parti avait par ailleurs déclaré qu’il s’opposait à  la nomination du social-démocrate Ziad Bahaa Eldin. Younis Makhyoun, qui dirige Al-Nour, a expliqué que son parti rejetait, en outre, la désignation de Mohamed El-Baradei, figure de proue du camp laà¯c, à  la vice-présidence, car les deux hommes sont tous les deux membres de la coalition d’opposants du Front de salut national (FSN).

L’UA suspend l’Egypte après le renversement de Morsi

L’Union Africaine a pour politique de suspendre tout Etat-membre o๠se produit un « changement inconstitutionnel de pouvoir », généralement jusqu’au retour à  l’ordre constitutionnel. Elle a respecté ce principe en l’apliquant à  l’Egypte o๠l’armée a renversé le mercredi 03 juillet le président démocratiquement élu, Mohamed Morsi. « Le Conseil a décidé de suspendre la participation de l’Egypte aux activités de l’UA », a déclaré à  la presse le secrétaire du Conseil de paix et de sécurité, Admore Kambudzi, lisant ce communiqué, à  l’issue de plus de trois heures de réunion du CPS. « Le Conseil réitère la condamnation et le rejet par l’UA de toute prise illégale du pouvoir », a poursuivi M. Kambudzi, « le renversement du président (Morsi) démocratiquement élu n’obéit pas aux dispositions pertinentes de la Constitution égyptienne et correspond donc à  la définition du changement inconstitutionnel de pouvoir ». L’islamiste Mohamed Morsi, élu en juin 2012, a été déposé mercredi soir par l’armée de son pays, puis arrêté, après une semaine de manifestations populaires massives. Les militaires ont désigné le président de la Haute cour constitutionnelle, Adly Mansour, pour occuper le poste de président par intérim. Au début de la réunion vendredi, l’ambassadeur égyptien auprès de l’UA, Mohamed Edrees, avait tenté de convaincre le CPS de ne pas suspendre son pays, arguant que l’armée n’avait fait que répondre à  l’appel du peuple égyptien et que le renversement de M. Morsi n’était que le prolongement de la révolution populaire ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir en février 2011. Selon l’ambassadeur, « la voix et l’appel de dizaines de millions d’Egyptiens doivent être entendus, compris et respectés (…) le rôle de l’armée est de soutenir le peuple (…) pas d’organiser un coup d’Etat ». Le renversement de M. Morsi est une nouvelle « phase de ce qui s’est passé auparavant et mérite le même traitement », a-t-il argué, « ce à  quoi nous assistons est la volonté du peuple de voir sa révolution victorieuse ». La présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma a réagi en indiquant que « personne ne s’assiéra derrière le drapeau (égyptien à  l’UA), ni le précédent gouvernement ni le gouvernement provisoire, jusqu’à  ce qu’il y ait une élection qui soit évidemment l’expression de la volonté du peuple égyptien ». « Le retour à  l’ordre constitutionnel correspondra aux élections », a-t-elle ajouté, indiquant ne pas pouvoir donner de date pour ce futur scrutin.

Egypte: Morsi dégagé

l’armée égyptienne a annoncé mercredi soir une «feuille de route» destinée à  sortir le pays de la grave crise politique, après l’expiration d’un ultimatum lancé au président Mohamed Morsi dont le camp a crié au «coup d’Etat». Le ministre de la défense est apparu à  la télévision et a lu un discours annonçant que Mohamed Morsi n’était plus le président. Les dizaines de milliers d’anti-Morsi toujours massés au Caire et dans d’autres provinces,ont explosé de joie après le passage du discours qui met un terme à  plusieurs jours de manifestations pour exiger le départ de Morsi. Mohamed Morsi, retranché dans un camp de la garde présidentielle entouré par les militaires, appelle quant à  lui ses partisans à  résister « pacifiquement ». Sur son compte Twitter, il a estimé que l’annonce de l’armée est « un coup d’Etat complet ». «Un comité chargé d’examiner les propositions d’amendements constitutionnels sera formé», a poursuivi le général Abdel Fattah al-Sissi. De même, un gouvernement regroupant «toutes les forces nationales» et «doté des pleins pouvoirs» sera chargé de «gérer la période actuelle», a indiqué le général Sissi. Juste avant cette annonce, des sources de sécurité ont affirmé que M. Morsi et plusieurs dirigeants des Frères musulmans avaient été interdits de quitter l’Egypte. Parmi eux, le Guide suprême de la puissante confrérie Mohammed Badie et son «numéro 2» Khairat al-Chater. «La feuille de route» a été discutée lors de tractations entre le chef de l’armée, l’opposition et les chefs religieux du pays. Ces développements surviennent après l’expiration à  14H30 GMT de l’ultimatum de l’armée qui a menacé lundi d’imposer sa propre «feuille de route» à  M. Morsi s’il ne «satisfait pas les revendications du peuple», en allusion à  une partie de la population qui manifeste massivement depuis dimanche pour réclamer son départ. Ce bras de fer entre l’armée et le président constitue la plus grave crise depuis son arrivée au pouvoir en juin 2012, au moment o๠le pays est profondément divisé. Le chef de l’opposition, Mohammed ElBaradei estime que le « peuple égyptien a fait beaucoup de sacrifices pour retrouver sa liberté et sa diginité ». La feuille de route de l’armée répond selon lui à  la revendication du peuple.

Egypte : révolution bis?

La rue va-t-elle avoir raison du pouvoir du président islamiste Mohamed Morsi? A l’allure o๠vont les choses, les Frères Musulmans, regroupement politique dont est issu le président égyptien, ont bien du souci à  se faire. Il y a un peu plus de deux ans, c’est dans la rue et particulièrement sur la place Tahrir que s’est décidé le sort de l’ex-chef d’Etat Hosni Mubarrak. L’histoire semble se répéter puisque depuis plus d’une semaine maintenant, la même place du centre du Caire ne désemplit pas. Plusieurs millions de personnes y déferlent quasi quotidiennement pour demander le départ du Président Morsi, dont elles contestent désormais la légitimité après l’avoir porté au pouvoir il y a un an. Hier, c’est l’armée qui a enfoncé le clou. Elle a adressé à  Morsi un ultimatum, lui demandant de quitter son poste d’ici la fin de cette journée de mardi. Faute de quoi elle imposerait une feuille de route. « Si les revendications du peuple ne sont pas satisfaites durant cette période, (les forces armées) annonceront une feuille de route et des mesures pour superviser sa mise en œuvre », a annoncé le commandement militaire dans un message lu à  la télévision. « Morsi n’est plus notre président, Sissi avec nous », ont scandé les manifestants, fous de joie après l’annonce de l’armée. Ils font référence au général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l’armée et ministre de la Défense, dont le portrait est apparu à  l’écran durant la lecture de la déclaration militaire. Un appel bien évidemment rejeté par le président qui a renouvelé son offre de négociations à  l’opposition. Les Frères musulmans, la formation d’o๠vient M. Morsi, se sont contentés de déclarer qu’ils « étudiaient » la déclaration militaire. « Morsi m’a trahi » Sur la place Tahrir, site emblématique de la révolte contre Hosni Moubarak, la foule a afflué en brandissant des cartons rouges à  l’adresse du président. « Je suis ici parce que Morsi, pour qui j’ai voté, m’a trahi et n’a pas tenu ses promesses. L’Egypte va être libérée une nouvelle fois à  partir de Tahrir », affirmait Mohammed Samir, venu de Mansourah, dans le delta du Nil, pour manifester dans la capitale. Les manifestants se sont également massés sans incident aux abords du palais présidentiel, dans le quartier d’Héliopolis, et sur d’autres places de la capitale. Des manifestations anti-Morsi ont aussi eu lieu à  Alexandrie (nord), deuxième ville du pays, à  Menouf et Mahallah, dans le delta du Nil, ainsi qu’à  Port-Saà¯d et Suez, sur le canal du même nom, ou encore dans la ville natale de Mohamed Morsi, Zagazig, au nord-est du Caire. L’opposition reproche à  M. Morsi et aux Frères musulmans d’avoir engagé le pays dans une autre direction qui reflète surtout leur désir de dominer l’Etat, « ils n’ont pas construit une démocratie et ne sont pas parvenus à  améliorer les conditions de vie des Egyptiens», alors que la situation économique ne cesse de se détériorer. Pas de coup d’état militaire Que l’armée appuie les revendications des manifestants ne veut ps dire qu’elle va prendre le pouvoir. l’opposition égyptienne a tenu à  préciser les choses ce mardi en affirmant qu’elle ne soutiendrait aucun «coup d’Etat militaire». l’ultimatum lancé par l’armée au président islamiste Mohamed Morsi pour «satisfaire les revendications du peuple» ne signifiait pas que les militaires voulaient jouer un rôle politique.Le Front du salut national (FSN, principale coalition de l’opposition)dit «faire confiance à  la déclaration de l’armée (affirmant que les militaires) ne veulent pas s’investir en politique». On se souvient qu’après la chute de Moubarrak, les militaires avaient pris les rênes de l’exécutif pour un intérim controversé entre février 2011 et l’arrivée au pouvoir de M. Morsi, premier président démocratiquement élu du pays, en juin 2012. Au sein de l’attelage au pouvoir même, les défections se succèdent. Quatre membres du gouvernement ont ainsi présenté leur démission, accroissant l’isolement de M. Morsi. Par ailleurs, les autorités hospitalières ont fait état d’un bilan de 16 morts depuis le début de la vague de manifestations.

Egypte: Place Tahrir bis!

Toute la nuit dernière et même aux premières heures de ce mercredi, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la place Tahrir, haut lieu de la révolution qui a mené, il y a quelques mois, à  la chute du régime Moubarak. La police a tenté de contenir les manifestants qui ont scandé toute la journée des slogans hostiles au président Mohammed Morsi. Ce dernier a signé le 22 novembre un décret controversé par lequel il s’est autorisé à  prendre toute mesure jugée nécessaire pour « protéger la révolution ». Ce décret a provoqué la colère d’une grande partie du monde judiciaire et de la classe politique, en plaçant les décisions présidentielles à  l’abri de tout recours en justice. En plus de la manifestation de ce mardi au Caire, la plus importante depuis la chute du régime Moubarak, plusieurs autres se sont déroulées dans la plupart des 27 provinces du pays. Les affrontements avec la police ont causé la mort de trois personnes en une semaine. « La police nous tire dessus alors que nous n’avons lancé aucune pierre, J’en suis témoin ! Je le jure devant Dieu, à  l’instant même ils nous ont tiré dessus sans sommation » témoigne un manifestant à  Lemonde.fr. Non aux Frères Musulmans » Le mouvement des Frères musulmans, soutien du président Morsi, est également rejeté par les manifestants, qui craignent un effondrement du tout jeune processus démocratique égyptien. « Les Frères musulmans sont des menteurs », « Interdit aux Frères musulmans »pouvait-on lire sur les banderoles et autres pancartes brandies sur la place. En scandant « le peuple veut la chute du régime », un des slogans emblématiques de la révolte de l’an dernier qui mena à  la chute du régime de Hosni Moubarak, les manifestants entendent faire revenir Mr Morsi sur sa décision. Ils protestent contre ce qu’ils qualifient de « dérive dictatoriale » du nouveau pouvoir. « Nous resterons à  Tahrir tant que Morsi n’aura pas annulé sa déclaration », a déclaré Ahmed Fahmy, un chômeur de 34 ans qui campe sur cette place o๠un village de tentes a été érigé par les militants anti-Morsi. Ces accrochages étaient néanmoins dénoncés par de nombreux manifestants anti-Morsi présents à  Tahrir. Ces derniers sont désireux de garder un caractère pacifique à  leur manifestation. Pour les partisans de Mohamed Morsi, ces pouvoirs exceptionnels, loin de faire du régime une dictature, permettront au président d’engager des réformes indispensables pour le mieux-être du peuple égyptien. Ils précisent qu’ils cesseront avec l’adoption prévue dans quelques mois de la nouvelle Constitution. Dans son décret, le président a aussi demandé « de nouvelles enquêtes et jugements » »dans les affaires de meurtres de manifestants lors de la révolte de 2011. Il fait ainsi planer une menace sur certains hauts responsables militaires ou de la police, comme l’avait demandé l’opposition qui n’est pas satisfaite du traitement judiciaire des suites de la révolution de l’an dernier.

Mohamed Morsi, premier président de l’après-Moubarak

Quasi inconnu à  l’étranger il y a encore quelques mois, le Frère musulman Mohamed Morsi vient réussir le pari : porter son organisation, brimée pendant le régime Moubarak, au pouvoir. Il a en effet été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle ce dimanche par la Commission électorale avec plus de treize millions de voix contre douze millions à  son rival Ahmed Chafik, ex-Premier ministre de Hosni Moubarak. Les résultats ont été annoncés par le président de la Commission électorale Farouk Soltan. Autre chiffre de ces résultats, le taux de participation, qui a été de 51% lors du second tour du scrutin, le 16 et 17 juin et de 46% lors du premier tour, le 23 et 24 mai. La place Tahrir en liesse C’’est une explosion de joie sur la place Tahrir qui a accueilli l’annonce de la victoire de Morsi. La célèbre place est occupée depuis le jeudi dernier par des centaines d’égyptiens qui exigent que l’armée se retire des instances dirigeantes. Mohamed Morsi, né le 20 août 1951 devient donc le premier chef d’Etat élu en Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak, le 11 février. Il est aussi le premier islamiste à  parvenir à  la tête du pays. Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées lui a adressé ses messages de félicitations, selon la télévision nationale. Dans son premier discours à  la Nation après son élection, le nouveau président a rassuré ces compatriotes. « Je suis le président de tous les Egyptiens sans exception.[…]L’unité nationale est le seul moyen de sortir de ces temps difficiles », a-t-il déclaré, en faisant référence aux hommes, aux femmes, aux chrétiens comme aux musulmans. Il faut que la « révolution continue jusqu’à  la réalisation de tous ses objectifs, a-t-il ajouté. Inquiétudes et espoirs à  l’étranger Le nouveau président égyptien, l’islamiste Mohamed Morsi, a prôné un renforcement des relations entre l’Iran et l’Egypte, rompues depuis plus de 30 ans. Ce réchauffement permettra de créer « un équilibre stratégique régional et fait partie de mon programme », a déclaré M. Morsi qui a aussi annoncé qu’il souhaitait « réviser » les accords de paix avec Israà«l. Israà«l et les Etats-Unis qui ont félicité du bout des lèvres le nouvel homme fort, tandis que dans les territoires palestiniens, on estime que la victoire de Mohamed Morsi « est un moment historique ». « C’’est une nouvelle ère qui s’ouvre en Egypte. Il s’agit d’un revers pour le programme de normalisation et la coopération sécuritaire avec l’ennemi (israélien) » a déclaré le chef du Hamas, Ismael Hanniyeh. Les Emirats arabes unis ont, quant à  eux, « favorablement accueilli » son accession à  la tête du pays et exprimé leurs espoirs de voir l’Egypte retrouver sa stabilité.

Egypte : Les deux candidats finalistes se disputent la victoire

Mohammed Morsi, candidat des Frères Mulsumans et Ahmad Chafiq dernier Premier ministre sous l’ère Moubarak revendiquent chacun la victoire au second tour des élections présidentielles qui se sont tenues hier dimanche en Egypte. Des premières élections libres organisées après la révolution sociale qui a forcé le président Hosni Moubarak à  quitter le pouvoir en janvier 2011. Selon certaines informations rapportées, l’équipe de campagne de M. Morsi a affirmé ce lundi avoir obtenu 52% des voix contre 48% pour M. Chafiq, un chiffre non encore officiel mais repris par la télévision d’Etat. Cette annonce a aussitôt été rejetée par le camp de Mohammed Chafiq qui exprime pour sa part avoir recueilli 51,6% des voix sur la base de résultats partiels. Toujours selon la même source, Chafiq dans une déclaration officielle s’est engagé dans une allocution à  travailler, main dans la main avec les Egyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie et la paix. Il a aussi promis de servir tous les Egyptiens quelle que soit leur obédience politique ou religieuse. Quelqu’en soit le président qui sera élu à  l’issue des résultats officiels qui seront annoncés jeudi prochain, ses pouvoirs seront considérablement réduits. Après la dissolution du parlement par la cour constitutionnelle pour un vice juridique dans la loi électorale, C’’est à  l’armée que reviendra la responsabilité d’exercer le pouvoir législatif jusqu’à  l’organisation de nouvelles élections .Le nouveau scrutin ne pourra toutefois pas avoir lieu avant l’adoption d’une nouvelle Constitution, qui devra être rédigée par une commission représentant tous les segments de la société puis approuvée par référendum, précise le texte publié par la cour constitutionnelle. Cette décision très impopulaire au sein de la société à‰gyptienne, est vue par de nombreux observateurs comme une volonté de l’armée de rester au pouvoir et de saboter la révolution amorcée.