Bocar Cissé, inspecteur des sables, témoin du Mali du XXè siècle

Mais aussi la vie au front des tirailleurs sénégalais, les écoles de brousse, l’engagement des instituteurs dans le nationalisme africain. Il s’agit d’un témoignage capital pour comprendre le Mali contemporain. Une telle somme de témoignages est d’autant plus précieuse que les personnalités de la génération de Bocar Cissé ont eu une existence d’une profondeur historique unique : leur enfance a été bercée du souvenir encore présent de la vieille Afrique. Elles ont connu également la période coloniale, la période des indépendances et l’irruption du monde moderne. à‰ducateur né, Bocar Cissé a tenu une place dans la construction du Mali : comme instituteur, comme père d’enfants dont certains jouent aujourd’hui des rôles de premier plan, puis comme chercheur à  l’Institut des sciences humaines. Bocar Cissé (1919-2004) est un ancien élève de l’à‰cole William Ponty de Sébikhotane près de Dakar (Sénégal), instituteur au Soudan français puis au Mali, a transmis ses souvenirs lors d’entretiens qui eurent lieu à  Bamako en 2001 et 2002. Bernard Salvaing, aidé par l’écrivain malien Albakaye Ousmane Kounta, en a tiré l’ouvrage qui est présenté ici. Bernard Salvaing est professeur d’histoire contemporaine à  l’Université de Nantes (CRHIA).

Après le rejet de la motion, réactions de députés

Seydou Diawara, URD, opposition « La motion de censure a produit les effets escomptés. Ce ne sont pas seulement les députés de l’opposition qui ont désapprouvé la politique du gouvernement mais aussi d’autres élus. Nous savons dès le départ qu’une majorité écrasante était contre. Cela ne nous a pas empêché de poser le problème. Lorsque les gens disent qu’il était prématuré de déposer cette motion de censure, je réponds que l’on ne peut rester assis en spectateurs. Il faut dénoncer ce qui ne va pas ! C’est cela l’exercice démocratique. Ce débat a été une occasion pour le peuple malien de mieux comprendre les griefs reprochés au gouvernement. Chacun a pu noter les arguments de l’opposition comme dela majorité. N’ayons surtout pas peur de parler ! ». Issa Diarra, élu du RPM J’ai tenu à  soutenir le gouvernement de Moussa Mara par conviction. Je connais l’homme depuis qu’on était étudiant. Quant il était maire de la commune IV moi, J’étais maire de ma commune. Je l’ai toujours cité comme un exemple. Amadou Maiga, secrétaire parlementaire Nous sommes satisfaits, car certains de la majorité présidentielle ont malgré tout voté pour cette motion. C’’était un véritable débat démocratique. Nous étions dans la confrontation des idées malgré le fait que certains se sont attaqués à  Soumaila Cissé personnellement. Toute chose qui est formellement interdite par le règlement intérieur de l’Assemblée nationale

Motion de censure rejetée, l’opposition désavouée

La motion de censure n’a recueilli que 24 voix pour et 91 contre. Or pour renverser le gouvernement, il fallait réunir 98 voix. Par ce rejet, l’assemblée nationale renouvelle sa confiance à  l’équipe gouvernementale dirigée par Moussa Mara. Pendant 8 heures d’horloge, l’opposition et la majorité se sont affrontés à  boulets rouges. Si les députés de la majorité ont jugé cette motion inopportune et déstabilisatrice, les députés de l’opposition ont pris le peuple à  témoin pour dénoncer la « gestion calamiteuse » du Mali sous le gouvernement Mara. Les arguments n’ont manqué ni du coté de la majorité ni du côté de l’opposition. Nombreux sont les députés de la majorité à  accuser l’opposition de tirer à  terre en demandant la démission du premier ministre Mara dans le contexte post-crise que vit le Mali. Certains se sont même attaqués au chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé, qu’ils accusent de vouloir faire échouer le président de la république et son premier ministre : « Si IBK parvient a réussir son mandat, cela veut dire la fin politique de certains, raison pour laquelle on cherche à  le déstabiliser », a déclaré Moussa Diarra du RPM. Même son de cloche du coté de l’Alliance pour le Mali. L’honorable Zoumana NTji a lui jugé la motion sans fondements ni preuves à  l’appui : « je ne voterai pas cette motion de censure qui n’a d’autre objectif que de briser l’élan du gouvernement dans la recherche de solutions à  la sortie de crise. Cette motion de censure n’a même pas de fondement juridique ». Du coté de l’opposition les arguments n’ont pas fait défaut. Le député Alkaid Touré est revenu sur l’achat de l’avion présidentiel, qui a tant fait polémique, en indexant une dépense extrabudgétaire Le député Mamadou Hawa Gassama de l’opposition a enfoncé le clou en demandant au Premier ministre de présenter ses excuses au peuple malien pour avoir humilié le Mali après sa visite mouvementée à  Kidal le 17 Mai. En réponse le premier Moussa Mara a fermement déclaré qu’il ne démissionnerait pas. Pour le chef de l’exécutif, l’ancien avion d’ATT ne présente aucun document juridique qui atteste qu’il appartient au Mali. Moussa Mara a aussi saisi cette occasion pour expliquer aux députés que la Minusma et la Force serval ont bel et bien été informés un mois à  l’avance de sa visite à  Kidal. D’autres points comme les fuites de sujet au DEF et au Bac ont été soulignés. Au terme des débats, la motion a donc été rejetés par l’ensemble des députés acquis à  la majorité, et une fois de plus, c’est l’opposition qui sort désavouée de cet exercice. Nous y reviendrons.

Vote de la motion de censure : joutes verbales entre députés

Des débats précéderont donc l’adoption ou non de cette motion de censure. Et sur les motifs énoncés dans le texte, les différents députés des groupes parlementaires ont eu à  déclamer, leur adhésion ou non aux griefs formulés à  l’encontre du gouvernement Mara. «Dà®tes la vérité à  votre peuple. Etre de la majorité ne fait pas de vous un sain, tout comme être de l’opposition ne fait pas de vous une canaille » , a souligné Soumaila Cissé dans son introduction Imperturbable, Mara a fait face aux nombreuses questions et critiques. Lorsqu’il prend la parole pour répondre à  la première série d’interventions, certaines de ses phrases font mouche, surtout lorsqu’elles ciblent l’adversaire : « C’est vous de l’opposition qui ne savez plus o๠donner de la tête »» lancera t-il après l’entrée en matière de Soumaila Cissé. Un à  un, Mara va démonter les arguments énoncés dans la motion, tout fier dira t’il de participer à  cet exercice démocratique : « La motion de censure est un exercice qu’on avait oublié au Mali et qui était devenu tabou » Tout comme il réfute l’argument principal des signataires : « Non, le Mali ne s’enfonce pas, il sort de la crise Plus acérée, cette vraie petite pique de Mara, va aussi susciter des applaudissements dans la salle : « Ce n’est pas moi qui escalade un mur à  la moindre occasion ». En deuxième partie de séance, le débat a eu du mal à  redémarrer. Excédé par la cacophonie entre députés et non inscrits pour la prise de parole, Issiaka Sidibé, le président de l’Assemblée Nationale, ira jusqu’à  dire que : « Le règlement intérieur de l’Assemblée est fatigué et muet!» Toujours dans la série des interventions de députés, on entendra des phrases fortes comme : « Les Maliens vous regardent, ils ne sont pas fous » dixit Adama Kané, député de l’opposition. De son côté, le député FARE, Bakary Woyo Doumbia s’attaquera au sujet sensible des examens de fin d’année et des fuites de sujets à  tous les niveaux. Ce à  quoi Mara répondra avec assurance et réfutant toute idée de démission de l’actuelle ministre de l’éducation nationale : «L’année scolaire 2013-2014 s’est bien passée, parce qu’il n’y a pas eu de fuites de sujets au bac » . Inévitablement la question de l’avion présidentiel a été évoquée. Mara de répondre : « Je le dis, je persiste et je signe, l’ancien avion n’a aucun papier qui prouve qu’il appartient au Mali. Quant à  l’actuel avion, vous aurez toutes les informations sur son achat dans le prochain collectif budgétaire » « Il y aura une réduction des frais de voyage du pèlerinage à  la Mecque . Voilà  l’une des annonces que Mara fera au détour de ses réponses aux députés. Quant au voyage à  Kidal, Mara réaffirmera que l’annonce en avait été faite longtemps à  l’avance : « Tout le monde a été informé de mon voyage un mois avant, la Minusma, Serval ont tous été informés. Personne ne nous a avisé de menaces sur notre voyage. Nous n’avons provoqué personne et ce sont les groupes armés qui ont attaqué notre armée au gouvernorat. D’ailleurs, je ne me suis pas sauvé à  la première occasion, je ne suis pas de ce genre… Autre phrase, celle de l’honorable Moussa Timbiné du RPM: « à€ chacun de choisir son camp, soit celui de la fraude et de la perdition ou celui de la transparence et d’un avenir meilleur pour notre pays ». Il faut aussi souligner la réponse claire et ferme de Mara à  l’honorable Gassama Diaby qui lui demandera de rendre le tablier : « Je ne démissionnerai pas ! Nté ta yorochi!

Vote de la motion de censure : les députés de la majorité excluent le débat

Dans les couloirs de l’hémicycle ce mardi, il nous revient que les députés des majorités ont décidé de s’abstenir de participer au débat au risque de renforcer la position de l’opposition Désormais, tous les yeux sont rivés sur l’Assemblée Nationale pour le vote de la motion de censure mercredi 18 juin. Depuis ce mardi, les députés des groupes parlementaires sont en réunion pour préparer cette plénière importante. Pour la circonstance, Moussa Mara et son gouvernement seront face aux députés pour se défendre face aux griefs formulés par l’opposition dans la motion de censure déposée vendredi dernier. Vote à  bulletin secret En principe, un débat doit précéder le vote de la motion de censure, un vote qui s’effectuera à  bulletin secret. Des sources formelles nous indiquent que les députés de la majorité qui en temps normal, ont le maximum de temps de parole, conformément à  leur poids parlementaire, ont décidé de s’abstenir du débat. Et pour cause, les députés de la majorité jugent que leurs interventions pourraient soutenir l’opposition dans son rôle de contre pouvoir. Quelques doutes planent également sur la position des députés de l’Adema, puisque d’autres sources à  l’Assemblée indiquent que certains élus Adema auraient reçu la consigne du Secrétaire général du parti de voter pour la motion. Ce qu’a démenti Issa Togo, président du groupement parlementaire ADEMA : « Nous resterons derrière le gouvernement ». Du côté du groupe « Sadi Républicain », auparavant groupe Sadi- Fare, pas question de voter la motion de censure : « Nous sommes de la majorité présidentielle et nous ne voterons pas cette motion de l’opposition », a affirmé Amadou Nago Mariko, président dudit groupement parlementaire. Cependant, le groupe parlementaire pour le Mali(APM) risque de voir le parti ASMA-CFP de Soumeylou Boubèye Maiga, se désolidariser pour rejoindre l’opposition, car leur mentor vient tout juste d’être débarqué du gouvernement après le voyage mouvementé de Moussa Mara à  Kidal en mai. Pour d’autres députés, ni de la majorité, ni de l’opposition, comme ce dépué du PDES, l’occasion est bonne pour exprimer son opinion. Tout comme cet assistant parlementaire, juge l’opposition dans son rôle. Si l’on s’en tient aux chiffres, l’opposition minoritaire (22 députés) ne devrait pas obtenir le renversement du gouvernement Mara. Puisqu’il faudrait 98 voix sur les 147 élus de l’hémicycle pour obtenir le vote de la motion de censure.

Edito : la motion du désaveu

Cette motion intervient quelques jours après la grande rencontre d’IBK avec les chefs de file des partis politiques maliens, y compris ceux de l’opposition, Soumaila Cissé en tête. Le député de Niafunké fait partie des 15 élus signataires de la Motion de censure, déposée vendredi dernier à  l’Assemblée. Une motion de censure est une forme de désaveu de l’action gouvernementale et qui si elle votée par une majorité de députés, à  savoir les 2/3, renverse le gouvernement en place. Malgré tout, il y a peu de chances qu’elle entraà®ne une chute de l’équipe Mara, puisque la majorité de l’Assemblée est acquise au parti présidentiel. Seulement 22 députés composent l’opposition et la vigilance démocratique républicaine. De l’autre côté, avec 70 députés RPM, 27 pour l’APM, et les 16 de l’Adema, acquis au régime d’IBK, la motion risque d’avoir valeur symbolique. Les derniers évènements ont donné du grain à  moudre aux détracteurs du pouvoir et surtout aux leaders de l’opposition. : indique une partie du texte. En outre, précisent les signataires, la situation socio-politique, guère satisfaisante, donne toutes les raisons pour intenter l’action en question. Pour justifier leur motion, les 15 signataires évoquent notamment, « la gestion calamiteuse des finances publiques avec des dépenses extrabudgétaires importantes en si peu de temps au moment o๠2014 a été déclarée Année de lutte contre la corruption. Autre mal criant, le système éducatif avec, poursuit le texte, « les incertitudes de l’année universitaire 2014 et des examens du D.E.F. et du BAC émaillés de fraudes graves sans précédent ». l’avion présidentiel, les hostilités à  Kidal etc.), le début lent des négociations sur Kidal, donnent matière à  actionner l’un des leviers constitutionnels qu’est la motion de censure. Mercredi, la motion doit être soumise à  un vote à  bulletin secret. Aux environs de 10h à  Bagadadji.