Moussa Sinko Coulibaly : « IBK reste le problème du Mali »

L’ancien candidat à la présidentielle de 2018 a fait muter sa plateforme politique en parti (ligue démocratique pour le changement) début juin. Dans cet entretien, il en explique les raisons.

Début juin, votre plateforme  est devenue un parti politique. Qu’augure ce changement ?

C’est pour nous inscrire dans la durée. L’objectif du mouvement était de préparer les élections présidentielles qui étaient déjà en vue, il s’agissait de rassembler différentes entités qui envisageaient tous de porter le changement. Nous avons représenté ce candidat du changement. La présidentielle. est passée, nous voulons désormais dans une seule structure, fédérer toutes les énergies qui veulent continuer à travailler pour aboutir au changement.

Un parti politique alors que vous avez eu moins de 1% à la présidentielle…

Quand nous avons pris la décision de quitter l’armée et ensuite de nous lancer dans la vie politique, c’était pour dire que nous avons une contribution à apporter, et nous le ferons. Peu importe que cela mène à un résultat dans l’immédiat, nous sommes convaincus que c’est la seule voie, pour nous permettre de sortir définitivement et durablement de la crise que nous connaissons aujourd’hui. Nous nous inscrivons dans la durée, aujourd’hui plus hier nous sommes engagés à apporter notre expérience et notre vision au Mali et aux Maliens.

Un de vos chevaux de bataille est la prorogation du mandat des députés. Pourquoi ce combat ?

La prorogation des députés viole allègrement la constitution. Nous sommes aujourd’hui dans une zone grise que personne ne maitrise. Nous ne pouvons accepter que ceux censés être les garants de la constitution soient les premiers à la violer.

Le dialogue politique inclusif a été officiellement lancé le mardi 25 juin. Allez-vous y prendre part ?

Nous n’avons pas été invités à la cérémonie. Un vrai dialogue est toujours utile et nécessaire. Si c’est un dialogue sincère, un dialogue franc, nous nous y inscrirons. Mais, pour nous, IBK reste le problème du Mali. Un dialogue piloté par ce dernier ne va pas résoudre le problème. Il ne peut être le problème et la solution. Nous avons demandé un dialogue national piloté par une personnalité, neutre, impartiale et ce n’est pas ce que nous voyons. Les trois personnes désignées par le président, nous ne savons pas dans quelles conditions elles ont été désignées, pour quelle feuille de route ni quelles sont les manœuvres derrière. Nous voulions une personnalité étrangère avec suffisamment de distance avec le jeu politique intérieur pour diriger ce dialogue. Nous voulons mettre sur la table le départ du président, et évidemment vu qu’il pilote le dialogue il n’acceptera pas que cela soit inscrit à l’ordre du jour.

Moussa Sinko Coulibaly, en lice pour 2018

Cet ancien général de l’armée fut ministre de l’Administration Territoriale sous le gouvernement de Cheick Modibo Diarra, en 2012. À présent, il souhaite se porter candidat à l’élection présidentielle afin de succéder à IBK. 

Après l’annonce de Kalifa Sanogo, maire de Sikasso, c’est au tour de Moussa Sinko Coulibaly de déclarer son intention d’être le futur locataire de Koulouba.

L’information a été relayée par nos confrères de l’Agence France Presse qui s’est procuré une copie de sa lettre de démission où il évoque son intention de « contribuer autrement à trouver les solutions aux défis politiques, économiques, éducatifs, culturels et sociaux auxquels le Mali est confronté ». Cette démission survient quelques jours seulement après celle de l’ancien ministre de la Justice, Mamadou Ismaël Konaté.

Aux cotés d’Amadou Haya Sanogo en étant membre de la junte après le coup d’État de 2012, M. Coulibaly fut ministre de l’Administration Territoriale, poste qu’il a conservé quelques mois après le début du mandat d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Son entourage affirme que le candidat a « de nombreux soutiens », notamment dans l’armée. Ce qui peut être une force pour 2018, pour celui qui souhaite devenir le commandant des Armées. Ayant fait ses armes à l’école militaire française Saint-Cyr, il dispose de compétence en la matière.

Son parcours 

Avant d’étudier à Saint-Cyr, M. Coulibaly a commencé son parcours militaire au Mali, au Prytanée militaire de Kati. C’est au cours des années 1990, que le futur colonel s’établit en France pour parfaire sa formation. Après avoir fait ses classes préparatoires du lycée de La Flèche, il sort diplômé de Saint-Cyr, en 1995 avant de terminer sa formation, en France, par un passage à l’École supérieure du génie d’Angers, un an plus tard.

Quelques mois plus tard, de retour au Mali, Moussa Sinko Coulibaly est nommé instructeur permanent à l’École militaire inter-armes (EMIA) de Koulikoro, ensuite, il devient commandant de compagnie de la 261e compagnie et de support de 2000 à 2001.

Jusqu’à sa nomination au poste de Directeur de cabinet du Président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), le colonel Moussa Sinko Coulibaly était directeur de l’instruction de l’École de maintien de la paix  Alioune Blondin Bèye (EMP-ABB) depuis 2010. Puis, sa nomination en tant que ministre de l’Administration Territoriale lui permet de goûter à la chose politique. En mai 2014, son portefeuille ministériel ayant pris fin, il regagne son poste de directeur général de l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye, à Bamako.

« Pour faire de la politique, la loi obligeait le général Moussa Sinko Coulibaly à démissionner de l’armée. C’est fait. Maintenant, nous voulons avec lui, réaliser l’alternance en 2018 », a déclaré Idrissa Diakité, un de ses principaux soutiens, estimant que « l’actuel président a échoué ».