Retour du calme à Gao, les islamistes font la police

Les hommes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) ont mené des patrouilles toute la nuit de mercredi à  jeudi pour sécuriser la ville de Gao dont ils ont pris le contrôle après plusieurs heures de combats. Ces affrontements qui les ont opposés aux rebelles touareg du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) ont causé la mort d’une vingtaine de personnes, essentiellement des combattants touareg. Au cours de leur opération nocturne, ils ont procédé à  des arrestations, notamment, celles de civils armés. La débandade du MNLA C’’est un sérieux revers que vient de subir le MNLA. En perdant leur quartier général pour tout le nord du Mali installé dans le palais du gouverneur de Gao, les rebelles perdent une part importante de leur assise dans le nord, déjà  fragilisée par les islamistes qui contrôlent Tombouctou depuis le mois d’avril. Ces derniers ont également pris le camp militaire qu’ils contrôlaient près de l’aéroport. La tension entre les alliés d’hier est née dès le lendemain de la prise des trois régions du Nord, fin mars-début avril 2012. Le MNLA qui réclame l’indépendance de l’ « Azawad »(vaste zone couvrant les 2/3 du territoire malien) s’est opposé à  la volonté des islamistes d’y imposer la loi islamique. Très vite, les touareg perdent la ville symbolique de Tombouctou, o๠Ançar Dine fait régner la charia. Les autres mouvements présents dans la région ont également eu des frictions avec le MNLA. Ce sont les manifestations du 26 juin dernier réprimées dans le sang par des hommes présumés du MLNA qui ont déclenché les affrontements d’hier. Des jeunes étaient sortis massivement protester contre l’assassinat la veille d’un élu local. Les islamistes leur auraient demandé de rentrer chez eux et de les « laisser retrouver les coupables ». Et ils sont allés encore plus loin, en repoussant hors de la ville les « indépendantistes ». Possible contre-offensive du MNLA ? Des habitants de Gao ont confirmé que le calme régnait à  présent dans la ville. Mais en ce qui concerne les forces en présence, les informations restent à  confirmer. Si dans les rues de Gao, ce sont les hommes du MUJAO qui sont visibles, Moussa Salem, un combattant du MNLA a affirmé à  l’AFP qu’il était faux de dire que le camp militaire proche de l’aéroport était entièrement hors de leur contrôle. « Nous avons toujours le contrôle d’une partie du camp », a-t-il dit, n’excluant pas une contre-offensive du MNLA. C’’est surtout cette éventualité qui inquiète les habitants de la ville. Au vu de l’arsenal déployé ce mercredi lors des combats, de nouveaux affrontements feraient de nombreuses victimes, même parmi les civils auxquels se sont mêlés les hommes du MNLA en fuite. Du côté du MUJAO, on se montre rassurant. Un porte-parole du Mouvement, Abu Wali Sahraoui, a déclaré à  l’AFP que « tout est sous notre domination ». Selon lui, « le MNLA a complètement quitté Gao » et « nous les poursuivrons partout jusqu’à  la défaite finale de ce mouvement ».