Comment Trump va mettre le Mexique dos au mur ?

Le projet de construction d’un mur à la frontière avec le Mexique du nouveau Président américain a créé des tensions diplomatiques, au point que son homologue mexicain a annulé sa visité aux Etats-Unis prévue pour le 31 janvier. Pour Trump, c’est le Mexique qui va payer pour la construction du mur.

C’était le projet le plus emblématique de sa campagne : construire un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique pour contenir l’immigration clandestine. M. Trump a annoncé que le mur coûtera de 4 à «environ 10 milliards» de dollars et est d’ailleurs passé à la vitesse supérieure en signant le décret autorisant sa construction. Par contre, selon la Tribune de Genève, qui cite le MIT Technology Review, les architectes qui ont étudié le projet, ont estimé que « 1609 km de mur coûteraient entre 27 et 40 milliards de dollars. » Le MIT technology Review s’avance jusqu’à dire qu’au-delà du débat sur la pertinence ou non de la construction du mur et de la question du financement, « cela ne peut tout simplement pas être réalisé au prix annoncé par Donald Trump ».

Qui payera le mur ?

Le mercredi, sur la chaîne télévisée ABC, Donald J. Trump a déclaré que ce serait le Mexique qui prendra en charge le coût de la construction du mur. Comment ? « Je vous le dis : il y aura un paiement, même si le montage sera peut-être compliqué », a-t-il déclaré. A en croire le porte-parole du président Trump, Sean Spicer, les Etats-Unis envisageraient de financer les travaux en imposant une taxe de 20 % sur tous les produits venus de Mexique. « En faisant cela, nous pouvons récolter dix milliards de dollars par an et facilement payer pour le mur grâce à ce seul mécanisme », a-t-il déclaré, avant de préciser plus tard qu’il s’agissait juste d’une proposition. Seul problème : ce sont les consommateurs qui paieront une telle taxe et donc la construction du mur, ce qui est contraire à ce qu’avait prévu Trump. «De nombreux mécanismes de financement peuvent être mis en œuvre. A ce stade. Son objectif est de lancer le projet aussi rapidement que possible en utilisant les fonds et les ressources disponibles et, à partir de là, travailler avec le congrès sur un projet de loi de crédit », a ajouté M. Spicer.

Quelle a été la réaction du Mexique ?

Ce projet du président américain a tendu les relations entre les deux pays, au point que le Président mexicain, Enrique Peña Nieto, sur Twitter, jeudi 26 janvier, a annulé sa rencontre avec Trump, prévue pour le 31 janvier. Quelques heures avant, M. Trump avait écrit sur Twitter que « Si le Mexique n’est pas prêt à payer le mur, qui est vraiment nécessaire, ce serait mieux d’annuler la rencontre à venir. » Que dit encore le projet ? Il est également prévu le déploiement de 5 000 policiers supplémentaires pour protéger les frontières et de créer des centres de rétention pour les clandestins.

Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Luis Videgaray, qui était présent à Washington pour préparer la venue de son président, a fait savoir,jeudi, que son pays ne payera pas le mur. « Il y a des choses qui ne sont pas négociables, des choses qui ne peuvent ni ne seront négociées (…) Le fait de dire que le Mexique puisse payer pour le mur est une chose qui n’est simplement pas négociable », a déclaré le ministre.

Obstacles

Selon la Tribune de Genève, le mur doit être composé de blocs de béton armé, renforcé avec des tiges en acier. Ses fondations devront être assez profondes pour empêcher de creuser d’éventuels tunnels. Mais, explique le journal, il y a des obstacles qui pourraient freiner la construction du mur comme le fleuve Rio Grande, qui forme une frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Outre le fait que la loi interdit d’entraver la gestion des ressources en eaux, un traité empêche les deux pays de détourner les eaux du fleuve.