Malawi: Bingu Wa Mutharika n’est plus

Après huit ans à  la tête du Malawi, petit pays d’Afrique australe, Bingu wa Mutharika est décédé cette nuit, vers minuit, à  l’âge de 78 ans. Il s’était effondré jeudi matin au palais présidentiel et avait été transporté inconscient à  l’hôpital central de Lilongwe. Fils de directeur d’école, cet économiste avait travaillé dans plusieurs organisations internationales dont la Banque mondiale, avant de rentrer dans son pays se consacrer à  la politique, en tant qu’opposant à  la dictature de la dictature de Hastings Kamuzu Banda (1964-1994). Il co-fonda dans la clandestinité avec Bakili Muluzi un mouvement pro-démocratie, le Front démocratique uni (UDF), qu’il quitta ensuite en 1999 pour créer sa propre formation politique. Dans la foulée, il fait poursuivre son ancien mentor et ami pour corruption. Elu une première fois président en 2004, ses efforts pour développer son pays ont été salué de part le monde. En particulier en ce qui concerne la sécurité alimentaire et la lutte contre la corruption. Il s’était d’ailleurs targué d’avoir « éliminé la faim au Malawi », après une terrible famine en 2005. Et son programme en faveur des agriculteurs locaux lui a valu une réélection facile en 2009, avec 66% des voix. Mais ces dernières années, l’ex-opposant s’était montré dur envers ceux qui critiquaient sa gestion du pays. « Je suis une personne très ouverte. Je consulte tout le monde », disait de lui-même ce fervent catholique, père de quatre enfants. « Mais il faut aussi de la discipline. Aucune nation sur cette terre ne peut fonctionner sans discipline (…) La dictature n’est pas dans ma nature. Je suis un démocrate pur et dur». Cependant, en juillet 2011, des manifestations populaires dégénèrent et la police tire à  balles réelles, faisant 19 victimes. Et les appels à  sa démission se sont multipliés. Au mois de mars dernier, un comité d’opposants et personnalités de la société civile dénonçant sa dérive autoritaire et sa mauvaise gestion économique a du se réfugier dans une église pour échapper à  la police. Ils lui reprochaient essentiellement les pénuries chroniques, notamment de carburant et de devises étrangères. La plupart des donateurs étrangers avaient d’ailleurs coupé les vivres au pays, peuplé de 14 millions d’habitants. Répondant aux critiques, le président avait déclaré « je tiens à  informer le Malawi que Bingu ne démissionnera pas d’ici 2014 », en ajoutant « Bingu ne lâche pas l’affaire». Pendant que le corps du président se trouve en Afrique du Sud o๠il sera embaumé, les malawites s’interrogent sur la suite des évènements. Le pouvoir doit selon la Constitution être transmis à  la vice-présidente Joyce Banda, qui doit gouverner le pauvre pays d’Afrique australe jusqu’aux prochaines élections, fixées en 2014. Or, celle-ci est devenue une opposante majeure depuis que Bingu wa Mutharika l’a exclue du parti gouvernemental en 2010.Le frère du défunt président, le ministre des Affaires étrangères Peter Mutharika, a été choisi pour porter les couleurs de son Parti démocratique du peuple aux élections de 2014.

Côte d’Ivoire : En attendant l’UA

Le président de l`Union africaine (UA) Bingu wa Mutharika a quitté Abidjan o๠il était venu « écouter » le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara. Il soumettra à  l`UA, en sommet dimanche, les « propositions » de M. Gbagbo pour résoudre la crise. « Mon frère et ami (Laurent Gbagbo) m`a expliqué en détail ce qui s`est passé et il m`a aussi expliqué en détail ses idées » pour sortir de la crise née de la présidentielle ivoirienne du 28 novembre, a déclaré le chef d`Etat malawite et président en exercice de l`UA, à  l`issue d`un second entretien avec M. Gbagbo, après une rencontre avec M. Ouattara dont il n`a pas donné la teneur. « Je vais transmettre ses propositions et ses vues à  l`Union africaine, à  ses frères chefs d`Etat et de gouvernement de l`Union africaine, afin que ensemble, par la concertation, nous puissions trouver un moyen d`avancer », a ajouté M. Mutharika, sans plus de précision, sur les marches du palais présidentiel. A son côté, M. Gbagbo acquiesçait. Lors d`un sommet dimanche et lundi à  Addis Abeba, l`UA doit se pencher sur la crise ivoirienne, qui oppose M. Gbagbo à  M. Ouattara, reconnu président par l`organisation panafricaine comme par la quasi-totalité de la communauté internationale. Les chefs d`Etat africains essaieront d`harmoniser leurs positions lors du sommet de l`UA alors que le Nigeria pousse pour l`option militaire, à  la différence de l`Afrique du Sud et de l`Ouganda. Le président sud-africain Jacob Zuma souhaite que soit trouvée « quelque chose d`autre que demander à  l`un des deux chefs de partir » et son homologue ougandais Yoweri Museveni plaide pour « une approche sérieuse concernant l’examen du processus » électoral. Un conseiller du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema a indiqué qu’il allait proposer au sommet de l`UA la création d`une « commission spéciale sur le règlement » de la crise ivoirienne, privilégiant « une solution pacifique ». La France, qui est très discrète depuis le début de la crise ivoirienne, a indiqué préférer une issue pacifique. Le ministre de la Coopération Henri de Raincourt a déclaré « que si on peut parvenir à  un aboutissement par la voie pacifique c`est toujours préférable à  la voie militaire ». Rappelant les sanctions financières prises par la communauté internationale contre le clan du président sortant Laurent Gbagbo, il a indiqué qu`il fallait « persévérer ». A propos de l`option militaire, M. de Raincourt a indiqué qu`elle était « juridiquement ouverte » mais « il faut voir comment et par qui elle peut être appliquée ». M. Gbagbo refuse de céder le pouvoir depuis qu`il a été proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel, qui a invalidé en partie les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) ayant déclaré élu M. Ouattara. Le sortant a proposé à  maintes reprises un recomptage des voix du scrutin. Mais sitôt le président de l`UA parti, le camp Ouattara a redit son opposition à  un tel scénario. L`idée d`un recomptage, objet actuellement de « beaucoup de lobbying » de la part de M. Gbagbo, « n`a pas de crédibilité du tout », a déclaré Anne Ouloto, porte-parole de M. Ouattara, répétant que le locataire du palais présidentiel doit « partir ». Le 21 janvier, le Premier ministre kényan Raila Odinga, médiateur de l`UA dans la crise, avait plaidé en faveur d`un isolement diplomatique et de sanctions financières