Le « Nafiguiya » : Sport national ou déformation professionnelle des journalistes et autres experts ?

s’il est un défaut de l’être humain, C’’est bien celui de divulguer ce qu’on lui a confié en secret. Au Mali, en langue bambara, on appelle ça faire du « Nafiguiya » ou « dénonciation ». A l’origine, il s’agit d’une information qu’untel vous a confié sur quelqu’un. Cette information détenue par vous, peut soit rester un secret ou devenir une véritable boà®te de pandore. Elle peut aussi vous influencer, vous convaincre ou semer le doute en vous, car vous connaissez la cible de l’information. Il y a alors plusieurs manières de réagir face à  cela : Méthode 1, la loi du silence Motif 1, minimiser cette information qui ne doit en rien influencer ce que vous pensez de la personne concernée ou détruire l’ordre social, polluer l’environnement, gâter vos plans. Motif 2 : vous appréciez cette personne, mais le doute est en vous… Motif 3, vous n’êtes pas un « Nafigui », un rapporteur professionnel, et vous n’avez pour habitude de divulguer ce qu’on vous dit sur quelqu’un. Et d’ailleurs, l’Islam prône ceci : « Si vous savez quelque chose de « mal » sur quelqu’un taisez le ! Vous pourriez avoir à  en rendre compte un jour ». Méthode 2 : Prêcher le faux pour savoir le Vrai Ah les Curieux, voilà  leur arme : essayer de deviner, de confirmer l’information détenue en posant milles et une questions détournées à  d’autres. « Mais au fait, comment va Lalla ? Est-ce qu’elle a le moral ces jours-ci ? Ca fait longtemps que je l’ai pas vu celle là  , ah Lalla, elle m’a lâché Walai ! Tu as de ses nouvelles, dis ? Alors que vous savez déjà  par un tiers que Lalla est entrain de divorcer et que les choses vont mal dans sa vie. Vous voulez confirmation en fait. Méthode 3 : Le téléphone arabe -Oumou à  Safi : « Eh Safi, il parait que Lalla divorce, toi tu savais ah ? Et Allah, vraiment, les divorces là , ça n’arrête pas ici ! Vraiment, je suis surprise. Bon je te laisse, tu n’es pas au courant ! » – Safi à  Fanta : « Eh Fanta, tu as entendu la nouvelle ? Lalla divorce ! Pardon, C’’est Safi qui m’a dit, je t’ai rien dit hein ». -Fanta à  Oumar : « Oumar, tu savais toi que Lalla divorçait, chut ne le dis pas hein ? » -Oumar à  Thiékoro : « Thiékoro, notre sœur Lalla est entrain de divorcer, walai, ce sera la honte dans sa famille ! » Méthode 4 : La dénonciation pure et simple Dans ce cas précis, on a pas pu retenir sa langue. Cela peut arriver si l’on est excédé, à  tort ou à  raison, alors, on jette à  la figure de quelqu’un l’information détenue pour lui faire mal, obtenir un résultat hypothétique sans trop en dire. Après, on se rend compte qu’on aurait mieux fait de se taire. Nota bene : Donc, s’il vaut mieux tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de parler, ou retourner 10 fois sa plume avant d’écrire, parce que les écrits restent, et les paroles s’envolent, le « Nafiguiya », ne profite jamais, au contraire entraine t-il la confusion, crée la méfiance, brise la confiance, le respect et J’en passe ! Et souvent, le Nafigui est un personnage qui ne se respecte pas lui-même. Nafiguis professionnels Et nous autres journalistes, qu’on traite parfois de « Nafigui professionnels » ou « dénonciateurs publics » au Mali, il faut pouvoir juger si l’information est d’utilité publique ou non ? La déontologie du métier impose le respect, l’information vraie, et désavoue l’intoxication médiatique, la kabbale personnalisée ou la surinformation. Parce que C’’est ainsi que les autorités nous craignent. Il existe une pratique, faire du chantage à  des hommes politiques et négocier contre « Nafiguiya » une monnaie sonnante et trébuchante! Ah les tares du métier… Conclusion : Un proverbe du Nord, dit qu’il vaut mieux avaler ce qui brûle ta langue, que de laisser le vent l’emporter et tout détruire sur son passage… Il y a manière et manière de faireÂ