Nafissatou a (encore!) parlé

La dernière sortie date de ce jeudi 28 juillet. Nafissatou Diallo est apparue accompagnée de son avocat Kenneth Thompson dans un centre religieux chrétien d’un quartier pauvre de Brooklyn o๠elle a adressé quelques mots à  une foule compatissante. Elle a parlé à  sa fille (absente) et lui a promis « d’être forte » et de continuer le combat contre cet homme qui « est puissant ». l’apparition de la femme de chambre la plus célèbre du monde sur la chaà®ne de télévision ABC hier mercredi, au lendemain d’une interview exclusive accordée à  l’hebdo «Newsweek» est à  n’en point douter l’événement de la semaine dans le feuilleton DSK. « Sa » version Nafissatou raconte ainsi être entrée dans la suite de DSK, pensant qu’il n’était pas là , «puis il est arrivé, tout nu et je me suis écrié Je suis vraiment désolée ! » DSK aurait alors répondu «Vous ne devriez pas être désolée» avant que la plaignante ne lui intime d’arrêter, «je ne veux pas perdre mon travail !». En guise de réponse, celui qui était encore patron du FMI lui aurait dit : «Vous êtes si belle». «Il m’a poussé, j’étais assise», raconte Nafissatou Diallo avant d’entamer le récit de l’agression sexuelle avec foce détails. «Il a essayé de mettre son pénis dans ma bouche. J’ai serré les lèvres et je me suis levée […] Il m’a poussée vers le couloir […] Il a remonté ma robe et a mis sa main entre mes jambes…Il m’a attrapée si fort !» Après quelques sanglots, elle reprend, en mimant la scène :«J’ai tiré sa main vers le haut pour m’extirper, mais il m’a poussée au sol, j’étais coincée […] Il tenait ma tête serrée». Finalement, elle parvient à  se lever. «j’ai couru, j’ai eu tellement peur !» Interrogée sur la réaction de DSK, elle répond avec stupéfaction : «Il n’a rien dit. Je ne sais pas comment il s’est habillé si vite mais après quelques minutes, je l’ai vu avec ses bagages, sortir de l’appartement». «Je ne savais pas quoi faire» se souvient-elle. Lorsqu’un supérieur hiérarchique la trouve et lui demande ce qu’il s’est passé, elle lui raconte tout. «C’est un client très important», apprend-elle alors de sa supérieure, qui lui apporte son soutien immédiat. « « Il » sait que je dis la vérité » Dans la suite de l‘entretien, Nafissatou parle de l’enquête qui a suivi et notamment des mensonges qu’elle aurait proféré lors de ses dépositions. Elle affirme ainsi n’avoir jamais dit «Ce type a beaucoup d’argent » lors d’une conversation téléphonique avec un détenu après l’agression. «J’ai dit : je sais ce que je fais», dit-elle en mentionnant qu’elle parlait alors de prendre un avocat. Quant à  la nature de cet interlocuteur, elle affirme qu’il est son «ami» dont elle ne connaissait pas l’implication dans un trafic de drogue, comme l’ont découvert les enquêteurs. Ces derniers avaient également découvert un transfert bancaire de 100.000 $ de l’homme sur le compte de Nafissatou. «Je lui avait donné mon numéro de compte mais je n’avais pas connaissance de ce montant», affirme la femme de chambre. Elle admet des erreurs dans ses dépositions successives, mais estime que celles-ci ne devraient pas entraver l’enquête du procureur. «Dieu peut témoigner que je dis la vérité, assure-t-elle, la main sur le coeur. Dieu le sait, et lui aussi (ndlr :Dominique Strauss-Kahn) le sait.» [ Et maintenant ?] Selon l’entourage de Nafissatou, sa sortie de ce jeudi sera la dernière sur la scène médiatique. Pendant que la presse du monde entier se demande si cette vague d’apparition ne la dessert plutôt que ne lui rende service, l’avocat de Nafissatou a l’air de savoir ce qu’il fait. l’élan de solidarité s’est renforcé autour de la jeune femme, resserrant ainsi l’étau autour du procureur Cyrus Vance Jr qui ne sait plus dans quel sens ramer sans y laisser des plumes. Hier, les longues heures d’interrogatoire auraient permis d’établir de manière irréfutable que Nafissatou n’a pas prononcé ces fameux mots « il a de l’argent, je sais ce que je fais » que les avocats de Strauss-Kahn avaient utilisé pour appuyer la thèse de la cupidité de la jeune femme. l’avocat de Nafissatou Diallo, Kenneth Thompson , entend à  présent tirer profit du boom médiatique qu’il a savamment orchestré ces derniers jours. Il a annoncé aujourd’hui qu’il engagerait prochainement des poursuites au civil contre l’ancien directeur général du FMI. Il n’a pas indiqué la date exacte à  laquelle il intenterait une action au civil. « J’ai dit bientôt. Bientôt, c’est bientôt », a-t-il déclaré aux journalistes. Il semble donc qu’outre l’offensive médiatique lancée par sa cliente, l’avocat a décidé de poursuivre son combat judiciaire contre Dominique Strauss Kahn.

Affaire DSK : ces détectives qui fouillent le passé de la plaignante

Ils tentent de trouver toute information qui leur permettrait de mettre en doute la crédibilité de son témoignage. O๠est-elle ? Depuis ses accusations lancées contre Dominique Strauss-Kahn, la femme de chambre du Sofitel de Times Square a été placée sous protection policière. Elle est introuvable, injoignable… et la police tente tout particulièrement de la protéger des pressions qu’elle pourrait subir de la part du camp DSK. Qui est-elle ? D’origine guinéenne, elle est âgée de 32 ans, mère d’une adolescente, sans histoire. Apparemment, du moins. Mais des détectives privés chevronnés, embauchés au service de la défense de Dominique Strauss-Kahn, tentent en ce moment même de savoir ce que pourrait cacher cette vie « sans histoire ». Ils travaillent de manière discrète, et si l’embauche par DSK d’une star du barreau new-yorkais, l’avocat Benjamin Brafman, pour assurer sa défense, a focalisé l’attention des médias américains, peu se sont intéressés à  cette embauche de détectives privés – des anciens procureurs, d’ex-enquêteurs et des retraités du FBI – pour fouiller dans le passé de la plaignante. Selon le New York Times, la société Guidepost Solutions, qui offre des services de sécurité et de renseignement, travaille pour le compte de Me Brafman. Un avocat travaillant pour Dominique Strauss-Kahn a refusé de commenter cette information, mais selon des spécialistes en la matière, l’embauche de détectives privés est courante pour des clients fortunés. Leur mission : trouver les failles dans la version des faits avancée par le procureur. « Ils vont probablement essayer de découvrir quels jours et à  quelles heures (la plaignante) travaillait, savoir s’ils (Dominique Strauss-Kahn et la jeune femme) ont eu des contacts par le passé, sexuels ou non » afin de prouver éventuellement qu’ils se connaissaient au moins un peu, explique Todd Henry, d’un cabinet d’avocats qui travaille avec des enquêteurs privés. Les détectives de DSK vont aussi tenter de savoir si la jeune femme a déjà  été arrêtée, si elle consomme de la drogue, si elle boit beaucoup, des éléments « qui pourraient miner sa crédibilité », ajoute-t-il. « Il n’y a peut-être rien à  trouver sur elle » Benjamin Brafman sera limité par les lois new-yorkaises qui protègent les victimes présumées de viols. Par exemple, il ne sera pas autorisé à  parler des relations sexuelles que la jeune femme a pu avoir par le passé. Mais ses enquêteurs peuvent lui fournir des munitions pendant un procès et même avant, s’il tente par exemple de négocier une peine. L’avocat pourrait tenter de convaincre le procureur d’abandonner les accusations si des informations très compromettantes sont débusquées. Si les détectives de DSK établissent que la victime présumée a déjà  menacé de faire chanter des hommes pour leur extorquer de l’argent, « cela pourrait clore » l’affaire, estime Beau Dietl, un enquêteur respecté de New York. L’équipe de DSK pourrait aussi recourir à  des médecins légistes afin d’étudier toutes les données disponibles comme des échantillons de sang, de salive, éventuellement de sperme, ou des traces de blessures. « Il est rare que des clients aient les meilleurs détectives et experts au monde à  leur service », remarque Matthew Galluzzo, un ex-procureur devenu avocat. Mais le pire scénario pour l’équipe de défense de Dominique Strauss-Kahn serait de découvrir que la victime présumée est telle que son avocat la présente : une jeune immigrante, humble, qui travaille honnêtement pour se faire sa place au soleil en Amérique. « Elle pourrait tout à  fait être normale. Il n’y a peut-être rien à  trouver sur elle », souligne Todd Henry.

A toutes les Nafissatou d’Afrique !

Elle s’appelle Nafissatou Diallo. C’’est elle qui a osé ! Elle a porté plainte le samedi dernier contre l’un des hommes les plus puissants de la planète parce qu’il a voulu exercer ce que sous certains cieux, on apelle « le droit de cuissage » ! Parce qu’il est qui il est, parce qu’il est puissant, parce que le poids de son portefeuille n’a pas à  être proportionnel à  celui de sa conscience ! Depuis que ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire DSK a éclaté, tout le monde plaint le pauvre homme « dont tout le monde connaissait les faiblesses et qu’on a piégé » !Eh bien, si tout le monde connaissait ses penchants pourquoi ne pas avoir protéger ses potentielles victimes ? Enfin… Les questions sont si nombreuses dans cette histoire et le temps certainement nous permettra d’obtenir des réponses à  certaines d’entre elles. Mais depuis samedi et surtout dimanche dernier, quand il a été plus ou moins confirmé que la « plaignante » était une américaine d’origine guinéenne, mère célibataire de surcroit, C’’est-à -dire tout ce qu’il y a de plus précaire comme situation au pays de l’oncle Sam, J’ai dit chapeau ! Que ce soit cette femme-là  qui a eu le courage de crier à  la face du monde ce qu’on lui avait fait, C’’est une victoire pour la gent féminine. A-t-elle eu conscience en ce moment-là  de qui elle envoyait en enfer, je ne le sais pas. Mais une chose est sure, elle a dit NON. Non au silence, non à  l’acceptation, à  la résignation. Non à  l’ordre établi des choses dans une société encore, malheureusement, phallocratique. Non à  ce monde qui veut que l’homme puissant manifeste sa puissance en disposant selon son bon vouloir des « femelles » qui passe devant lui ! En écrivant cette phrase, je ne sais pas pourquoi l’image du roi du Swaziland s’impose à  moi. Ce jeune monarque qui organise chaque année une cérémonie pour se choisir une nouvelle épouse parmi les vierges de son royaume. Et tout le monde fait mine de croire que C’’est un honneur pour les jeunes filles dont la vie s’arrête ainsi !Je ne suis pas féministe, je ne veux pas m’approprier le combat dans lequel se sont lancés les combattantes du monde entier pour défendre « l’honneur de la victime de cet horrible crime ». Moi, avec ma toute petite voix, je voudrais dire merci à  Nafissatou. Merci d’avoir en notre nom à  toutes, au nom de toutes les Awa, Silvia, Christine, Macha, Petra ou que sais-je encore, de par le monde qui se sont tues parce que C’’était un ministre, un député ou pire un frère ou un père. Et je lance un appel à  toutes celles qui ont jusqu’ici gardé le silence, à  toutes les Nafissatou d’Afrique, d’essayer, au moins essayer, de suivre l’exemple de Nafi des Etats Unis.