Au Japon, entre tradition et modernité…

Au Tokugawa Art Museum de Nagoya, la nuit est tombée sur le petit lac. Autour, une fontaine scintille et les arbres émettent un parfum délicat de fleurs. Tout est paix et sérénité dans cet endroit dédié à  la mémoire des « shoguns » ou « gouverneurs militaires» du Japon ancestral. Pendant la dynastie Edo(1603-1868), la branche Owari de la famille Tokugawa régna à  Nagoya. Le musée Tokugawa renferme leur héritage. Leur collection est de loin la plus importante et surpasse celle des autres familles «daimios» qui possédaient la terre au Japon. Du shogun Iyeasu, les Owari Tokugawa héritèrent de nombreux objets d’arts qui traversèrent les siècles… Le château de Nagoya est aussi un symbole de cette époque… La période EDO (1603-1867) sera appelée l’âge d’or du Japon. C’’est cette période que l’on peut comparer à  la Renaissance européenne : l’économie, l’architecture baroque, la culture et les traditions se sont formées et développées pendant cette période. Beaucoup de lieux de distraction (les théâtres par exemple) sont construits à  cette époque. La philosophie est aussi touchée par ce développement culturel grâce à  l’essor du néoconfucianisme. En 1583, la ville d’Edo est fondée. Edo deviendra plus tard Tokyo, la capitale actuelle du Japon. Kimonos royaux, sabres géants à  la lame acérée, théières ancestrales qui illustrent la cérémonie rituelle du thé, le Musée Tokugawa est un haut lieu de curiosité historique sur le japon féodal avec ses samurais, ces guerriers au service des shoguns. On y trouve aussi une fresque géante de faits héroà¯ques du conquérant Genji, et ce merveilleux jardin japonais, o๠rien ne peut perturber la quiétude du C’œur… A Nagoya, il y a aussi d’autres jardins. Le Shirotori, le Noritake. Des endroits o๠la sérénité dispute à  la modernité accélérée des rues du centre ville. Les rues des quartiers Sakae, Fushimi ou Kanayama station sont des lieux pleins de vie et de boutiques, de lumières et d’écrans géants. Là  vous croiserez des créatures perchées sur de hauts talons et milles et un petit restaurants o๠l’on sert des sushis, soupes de nouilles et autres légumes colorés cuits à  la japonaise… A quelques kilomètres de Nagoya dans la préfecture d’Aichi, il ya l’usine mère de Toyota, la célèbre marque de voiture, qui a envahi la planète. Là , montage, assemblage des pièces et vous voici devant une Japonaise puissante et scintillante. Et pour célébrer tout ça, n’oubliez pas de faire un tour au Toyota Commemorative Museum de Nagoya, en marge de la conférence mondiale de l’Unesco sur l’éducation au développement durable… Konnichiwa!

Aichi Nagoya 2014 : Une nouvelle décennie s’ouvre pour l’EDD

Ce qu’il faut retenir de cette rencontre qui ouvre une nouvelle décennie pour les défis liés à  l’EDD, C’’est d’abord une prise de conscience grandissante du rôle de l’éducation dans l’avenir de la planète. Il faut entendre par là , une éducation classique, réinventée, revisitée vers les besoins et attentes des générations futures. Les ateliers qui ont ponctué la conférence de Nagoya, ont montré posé des questions essentielles : Pourquoi éduquons-nous ? Et pour quel futur ? Que pouvons-nous changer dans nos compétences futures ? De plus en plus, l’éducation au développement durable, s’intègre aux programmes scolaires dans le monde entier. Au Japon, il y a déjà  803 écoles, qui en ont fait une priorité. Ailleurs, les écoles associées de l’Unesco, ont inclus les notions de changement climatique, de biodiversité ou de prévention des risques liés aux désastres écologiques dans les curriculums du primaire et du secondaire. Un peu partout, les « green schools » ou « éco-schools » se sont multipliées. Mais cela suffit-il ? «l’EDD, C’’est aussi nous-mêmes ! La communauté, la famille, et comment vivre mieux ensemble », témoigne cette jeune enseignante. Pour Ralph, néozélandais, il faut déconstruire. Bannir l’éducation classique, pour proposer autre chose. « Les bases sont essentielles, précise Kumiko, mais, il faut laisser la place à  la créativité, à  la citoyenneté, promouvoir une citoyenneté globale sur le développement durable ». Et davantage développer d’autres compétences telles que la communication, l’estime de soi, l’esprit critique pour mieux enseigner aux autres… Nouvelles perspectives pour le Programme d’Action Mondial : 5 axes prioritaires La déclaration d’Aichi Nagoya ouvre désormais une nouvelle décennie pour l’éducation au développement durable. Elle appelle à  renforcer le plaidoyer et l’action dans l’agenda post-2015. Elle reconnaà®t que les hommes sont au centre de ce défi. Elle met l’accent sur le potentiel de l’EDD pour renforcer les capacités des enseignants en leur fournissant de nouvelles clés pour se transformer eux-mêmes et développer des savoirs, des attitudes, des compétences et valeurs universelles, dans des contextes locaux. Car l’EDD C’’est aller du global vers le local également. Il y a désormais cinq axes prioritaires pour l’EDD : le premier est d’appuyer les politiques publiques dans ce sens. Le deuxième est de favoriser une approche globale institutionnelle. Troisièmement, mettre l’accent sur les Educateurs, la jeunesse et enfin, les communautés du monde. Face à  ces défis, plus de 80 pays ont répondu à  l’appel et se sont engagés sur plus de 300 engagements liés à  l’EDD. La déclaration d’Aichi Nagoya a été adoptée à  l’unanimité et ces engagements seront renouvelés en 2015 lors du Forum Mondial sur l’Education à  Incheon en République de Corée en Mai 2015. Pour Hideki Niwa, le ministre japonais de l’éducation et de la culture : « Nous devons augmenter les efforts pour s’engager plus durablement et aller beaucoup plus loin dans toutes les expériences faites jusqu’ici. Pour les jeunes qui ont assisté à  la conférence de Nagoya, demain ne se fera pas sans eux. « En leur donnant de nouvelles armes et une plateforme pour s’exprimer, les adultes permettent aux jeunes d’agir », signale Sybren Bosh, jeune leader ESD ;

De Lagos à Nagoya, Funmi Oyatogun milite pour l’environnement

Un visage souriant. De grands yeux vifs et une tête bien faite. On peut dire de Funmi qu’elle est une « community shaper », quelqu’un qui agit pour impacter dans sa communauté au Nigeria. Et ce n’est pas un hasard si la jeune étudiante est présente à  Nagoya. Funmi poursuit en effet un Master en développement et environnement à  l’université d’Edimburg en Ecosse et anime une plateforme pour sensibiliser sur les questions environnementales, mais aussi la sécurité alimentaire et l’agriculture durable. Au cours d’une conférence de presse, nous l’avons rencontré. Journaldumali.com : Bonjour Funmi, parles- nous de la rencontre des jeunes tenue le 7 novembre dernier à  Okayama au Japon Funmi : Nous étions près de 52 jeunes sélectionnés de plusieurs pays, dont deux japonais. Et nous sommes venus au Japon pour représenter la voix de ces milliers de jeunes dans le monde, qui font de belles choses sur l’éducation au développement durable et agissent tous les jours pour répandre ces valeurs. Pour résumer, nous représentons tous ceux qui dans nos pays respectifs, font le plaidoyer auprès des gouvernements et des décideurs, qui sont actifs et constants sur les changements nécessaires, sur ce qui marche, et ce qui doit changer dans nos communautés. Quand as–tu commencé à  t’impliquer dans les questions liées à  l’éducation au développement durable (EDD) ? J’ai commencé à  m’engager dans ce sens en 2004 lorsque J’avais seulement treize ans ou peut être douze ans ; Pour être honnête, l’EDD n’est pas un concept que J’utilise souvent. Il s’agit pour moi d’un concept, d’une marque. Je suis plutôt intéressée par cette autre formulation qu’est l’éducation environnementale, l’agriculture durable et les questions liées à  la sécurité alimentaire et par extension le développement durable. Alors, je me suis vraiment mise à  fond dedans. En ayant une approche académique, ce qui explique le Master que je poursuis actuellement. Ensuite, J’ai monté une plateforme pour sensibiliser mes compatriotes tout en augmentant mes compétences sur le long terme, ce qui me semblait essentiel, acquérir des connaissances pour ensuite vulgariser… Pourquoi l’agriculture en particulier ? C’’est une question très peu attractive pour les jeunes africains en général ? Cela est bien dommage. Parce que manger est un besoin vital. Au Nigeria, nous avons la plus grande population en Afrique et qui atteindra bientôt 200 millions. Alors, plus il y a de croissance démographique, plus les problèmes surgissent, mais aussi les solutions qui vont avec. Quel est le défi en matière alimentaire selon toi en Afrique ? Dans mon pays, la majorité des nigérians ne sont pas autosuffisants sur le plan alimentaire ; Nous n’avons pas encore atteint cette sécurité alimentaire, ce qui fait de nous des consommateurs de produits importés particulièrement, la classe moyenne. Il y a comme une dichotomie entre cette première catégorie et cette autre qui consomme localement. D’un autre côté, ce n’est pas non plus parce que nous consommons notre propre nourriture, que nous mangeons de la meilleure façon ou de manière durable, et de façon à  préserver durablement la nature. Alors, je m’intéresse à  toutes ces questions liées ç l’importation, l’exportation, la sécurité alimentaire et l’équilibre qu’il faut trouver entre tout cela ! Puisque nous consommons beaucoup de feuilles, celles de citrouille. On appelle ça «Ugu leaves », pour faire les sauces avec des légumes, des pommes de terres, du manioc etC’… Une nourriture très riche et diversifiée(rires) Qu’apprends-tu avec ton master en Environnement et développement durable ? C’’est un master pluridisciplinaire. Nous y apprenons les principes du développement, les pratiques du développement durable. Comprendre et appliquer dans un contexte bien particulier le développement dans tous ses aspects. Ensuite, il faut choisir un domaine. Beaucoup s’intéressent à  l’énergie, d’autres à  l’alimentation comme moi, ou d’autres aux questions de Genre. Et cela me permet de développer un esprit critique, d’appréhender les politiques, comment elles fonctionnent, leurs failles et limites etc. Que faut-il attendre de cette conférence de Nagoya ? Je tiens à  rappeler que je suis très honorée d’être ici à  Nagoya au Japon. Mais nous les jeunes, espérons être entendus dans cette conférence, sur l’EDD. Je pense que de plus en plus, on va nous écouter. La voix des jeunes ne doit pas être séparée du reste des questions sur l’Education au développement durable, car nous représentons plus de la moitié de ceux qui sont les garants des valeurs véhiculées par l’EDD et particulièrement sur l’environnement.

Aichi Nagoya accueille la conférence mondiale sur l’éducation au développement durable

En présence du Prince Héritier du Japon et de son épouse, la cérémonie d’ouverture de la conférence mondiale de l’Unesco sur le développement durable a débuté lundi 10 novembre à  Aichi Nagoya au Japon. « Pour parvenir au développement durable, la technologie, les règlementations et les incitations financières ne suffisent pas. Nous devons aussi modifier notre façon de penser et d’agir, en tant qu’individus et en tant que sociétés. Et C’’est l’objectif de l’éducation au développement durable », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. Son Altesse impériale le Prince héritier du Japon a également souligné la nécessité pour l’éducation d’être à  la pointe du changement. « Pour parvenir au développement durable, chacun de nous doit reconnaà®tre que notre existence est liée à  celle des autres habitants de la planète et aux générations à  venir, ainsi qu’à  notre environnement naturel. Nous devons envisager les différents problèmes mondiaux dans une perspective internationale renforcée. Je suis certain que l’éducation est à  la base de cette démarche », a-t-il déclaré. Lalla Hasnaa, Princesse royale du Maroc a souligné que l’éducation est la clé de voûte de toute cette démarche, en rappelant que la vision de la Fondation Mohamed VI est d’impliquer les enfants comme vecteurs du changement. La Princesse Lalla Hasnaa s’est dite encouragée d’observer l’implication profonde de la jeunesse dans les enjeux du développement durable. Prix Unesco-Japon pour l’Education au développement durable « Cette conférence est très importante. Elle sera l’occasion de revenir sur la décennie écoulée et de débattre de la façon de promouvoir désormais l’ESD. J’espère que les enseignements qui en sortiront permettront d’accélérer la promotion de l’ESD, aujourd’hui et à  l’avenir, et qu’ils modifieront l’éducation partout dans le monde », a déclaré le ministre japonais de l’Education, du Sport, de la Science et de la Technologie, Hakubun Shimomura. Hakubun Shimomura a également annoncé la création du Prix UNESCO-Japon de l’éducation au développement durable. Ce prix a pour objectif de renforcer la visibilité du Programme d’action global (GAP) de l’ESD, qui constitue le prolongement de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation au service du développement durable (2005-2014), en récompensant au cours des cinq ans à  venir des travaux individuels ou collectifs. Le prix, doté de 50 000 dollars, sera remis tous les ans à  trois lauréats qui auront apporté d’importantes contributions à  la promotion de l’ESD dans une ou plusieurs des cinq priorités d’action du Programme d’action global. Dix enseignement clés l’UNESCO a présenté le Rapport final de la Décennie (Dessiner le futur que nous voulons) lors de la séance plénière d’ouverture. Il évalue l’impact de la Décennie à  tous les niveaux et secteurs de l’éducation, il tire les leçons principales pour le travail à  venir. Le rapport, qui s’appuie sur les réponses aux questionnaires envoyés aux Etats membres, aux agences des Nations Unies et à  d’autres parties prenantes, comprend aussi une vaste recherche. Le Rapport identifie dix enseignements clés. Notamment la reconnaissance accrue au plan mondial du rôle de l’éducation en tant qu’outil fondamental pour orienter les sociétés vers le développement durable. Des pays et des entités locales, du Manitoba à  l’à®le Maurice, ont rendu l’éducation plus efficace face aux défis économiques, sociaux et environnementaux que le monde doit relever aujourd’hui et demain. Le Rapport montre que les deux tiers des pays qui ont répondu aux questionnaires disposent déjà  d’une stratégie nationale ou d’un plan en matière d’ESD ; la moitié a intégré l’ESD dans leurs politiques concernées. Parmi les sujets mis en avant dans le Rapport, on peut citer la nécessité d’aligner l’éducation sur le développement durable afin de garantir que l’éducation soutient les objectifs du développement durable et que les décideurs en matière de développement durable apportent leur soutien à  l’éducation. Un appui politique généralisé, affirmé et durable est également nécessaire pour passer de la création d’un environnement favorable à  la réalisation des actuels changements de programmes et de pratiques éducatives à  tous les niveaux de l’éducation. Le Rapport demande aux gouvernements et aux autres parties prenantes d’étendre les actions en vue d’un futur plus durable. Après la plénière d’ouverture, Irina Bokova et Hakubun Shimomura ont co-présidé une table ronde de haut niveau. Au cours des trois jours de la Conférence se tiendront 4 sessions plénières, 34 ateliers, 25 événements associés et 42 stands d’expositions. Cela permettra aux participants de montrer leur travail, de débattre de sujets ESD particuliers et de partager des réussites d’un peu partout dans le monde. Lors de la plénière de clôture, une Déclaration d’Aichi-Nagoya sera adoptée à  partir des réalisations de la Décennie et des délibérations de la Conférence et des rencontres tenues à  Okayama la semaine précédente. La Conférence est co-organisée par l’UNESCO et le Gouvernement du Japon.

Professeur Houénou : « L’Afrique francophone doit rattraper le retard »

Le professeur Pascal Valentin Houénou est l’un des doyens de l’Université Félix Houphouà«t Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire et membre du Groupe mondial de référence de l’Unesco sur l’Education au développement durable. En marge d’un atelier tenu à  Abidjan sur « Médias, Changements climatiques et Education au développement durable » tenu du 13 au 17 octobre 2014 à  Abidjan, il a répondu à  nos questions. Le professeur Houénou est un expert de la question et a participé à  plusieurs conférences mondiales sur le climat. Il estime qu’aujourd’hui, un appel doit être lancé à  l’Afrique francophone, afin qu’elle se saisisse durablement des questions de changements climatiques. Puisque le continent est appelé à  être affecté par ses effets négatifs, il urge de faire le bilan. Et à  quelques jours de la conférence mondiale de l’Unesco sur le développement durable à  Nagoya au Japon, l’occasion est toute trouvée de renforcer le plaidoyer… Journaldumali.com : A quel stade se situe l’Afrique de l’ouest et sub-saharienne en matière de changements climatiques et d’adaptation ? Professeur Houénou : au niveau des politiques nationales et régionales, les pays, collectivement et/ou individuellement, ont davantage pris conscience des menaces qui pèsent sur le continent en matière de changement climatique. L’option préférentielle a été celle de l’adaptation tenant compte des contextes environnementaux locaux, mais nous avons vite fait d’accepter également les solutions d’atténuation pour diminuer notre emprunt écologique en adoptant le mécanisme de développement propre (MDP) issu du Protocole de Kyoto qui nous charme à  travers les crédits carbone. Nous devons résolument nous attaquer à  la question de la pollution de l’air aux effets néfastes sur la sante humaine (maladies respiratoires, cardio-vasculaires, cancer, etc). Journaldumali.com : ces dernières, la pluviométrie a baissé, tout comme les aires sèches s’élargissent ainsi que l’ensablement dans plusieurs pays sahéliens, comment lutter contre ces phénomènes ? Pour ce qui a trait à  la pluviométrie, il est patent que la situation est grave. En certains endroits on assiste à  l’apparition et à  la persistance des pluies. Les conséquences sont nombreuses. Par exemple, les inondations provoquent de nombreux dégâts matériels, humains, économiques, en l’absence de mesures d’assainissement adéquates et d’éducation aux bonnes pratiques quant à  la gestion déchets de toutes sortes qui finissent par boucher les caniveaux. Par ailleurs, on observe des insuffisances notoires en matière de gestion de risques en amont et de résilience des populations souvent marquées par la pauvreté ou l’extrême pauvreté. Notre région est à  haut risque climatique ! Mais les réponses aux menaces (sécheresses, inondations, risques et catastrophes naturelles, etc) sont encore insuffisantes. On attend beaucoup des partenaires techniques et financiers qui apportent fort heureusement leur appui de façon de plus en plus intégrée. Les recherche-actions en cours qui visent la durabilité constituent une stratégie à  encourager en mettant à  la disposition des chercheurs les moyens financiers pour un plateau technique local en vue de la veille environnementale et de l’alerte précoce. Journaldumali.com : Que va dire l’Afrique à  la conférence de Nagoya prévue du 10 au 12 novembre 2014, sur son bilan en terme de développement durable ? Je sais que le bilan reste mitigé en Afrique, mais l’Afrique en ses différentes parties prenantes doit résolument adopter l’éducation au développement durable La conférence de Nagoya au Japon est, une bonne occasion pour amplifier ce remède qui contribue déjà  à  guérir l’humanité malade de ses malades et de ses maladies. Les ingrédients de cette potion magique sont : d’une part faire la promotion des valeurs à  travers des attitudes et comportements favorisant le développement durable; d’autre part, mettre en œuvre des méthodes éducatives innovantes, participatives, transdisciplinaires prenant en compte toutes les formes d’éducation formelle, non formelles et informelles). Et dans ce domaine, les médias ont un rôle de premier plan à  jouer car ils constituent un outil ou moyen de communication de masse. Communiquer, n’est pas éduquer, et l’éducation au développement durable prévoit une session de haut niveau notamment pour les ministres. La question centrale à  laquelle il convient de répondre est la suivante : comment faire face aux menaces diverses qui pèsent sur notre planète, et surtout comment faire face aux menaces du changement climatique à  travers l’éducation au développement durable ? La réponse à  ces questions ne suffira, il faudra surtout agir immédiatement, car nous sommes déjà  en retard. Nous devons hâter le pas et ne point désespérer de la capacité de l’humain à  résoudre les problèmes de notre temps.

Biodiversité à Nagoya, un accord historique?

Un accord historique Ce protocole concerne les conditions d’utilisation et de commercialisation des ressources génétiques et des produits dérivés utilisés principalement dans l’industrie pharmaceutique et cosmétique. Ce protocole ouvre la voie à  une nouvelle répartition des bénéfices entre les utilisateurs de ces ressources ou des produits issus de ces derniers comme des médicaments et les détenteurs de ces dernières, comme les pays du Sud ou les communautés autochtones. Pour le Ministre malien de l’Environnement et de l’Assainissement, leader du groupe Afrique à  cette 10e conférence des parties à  la Convention sur la biodiversité, les négociations ont été très ardues autour des représentants du continent. l’Afrique a joué le rôle moteur à  Nagoya en se présentant en front uni. Le Protocole de Nagoya implique des engagements financiers importants de la part de certains pays, dont particulièrement les pays du groupe Europe. L’Afrique est très intéressée par ce Protocole parce qu’elle sera la première bénéficiaire de sa mise en œuvre. L’Afrique est dépositaire de 40 % de la biodiversité et tout protocole qui réglemente l’utilisation des ressources de la biodiversité sera en sa faveur. Nagoya a, pour une fois, été un succès de la communauté internationale. Le Mali, qui assure la présidence de la Conférence des ministres africains de l’environnement (CMAE), a joué le rôle de coordonnateur de cette dynamique. La conférence de Nagoya a été une consécration pour notre pays. Tous engagés pour le futur Point de blocage depuis la création de la CBD (Convention sur la Diversité Biologique) en 1993, ce protocole enfin adopté va permettre d’accélérer la signature de la création de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), l’équivalent du Giec pour la biodiversité. Cette décision pourrait être prise en novembre de cette année avant la conférence de Cancun sur le climat. Concernant, les autres enjeux de cette conférence, le plan stratégique, non contraignant a été adopté par les pays signataires. La stratégie est déclinée en 20 objectifs qui doivent notamment permettre de réduire au moins de moitié la perte des habitats naturels, incluant les forêts. Il est bien sûr indiqué que l’objectif à  terme est d’atteindre une perte zéro d’habitat naturel. Concernant, les objectifs en termes d’aires protégées, les engagements pris concernent 17% d’aires terrestres à  protéger (pour 12% actuellement sous protection) et 10% pour les zones marines d’ici 2020 (pour 1% de zones actuellement protégée). Cet objectif est en deçà  de l’engagement de 20% d’aire marine protégée pris à  Johannesburg en 2002. Enfin les pays se sont engagés, en termes de conservation et de restauration à  restaurer 15% des terres dégradées. En termes de financement, à  l’exception de quelques engagements importants comme ceux du Japon (deux milliards de dollars) et de certains pays ou régions comme la France et l’Union européenne, les pays ont seulement réussi à  se mettre d’accord sur une stratégie de mobilisation de fonds d’ici 2012. Ce qui gène… Pour les ONG, cet accord est le “fruit d’un consensus” et ne sera donc que “partiellement contraignant“: “sa plus grande faiblesse réside dans la définition trop vague des points de vérification (check-points) dans les pays exploitant ces ressources. Sans davantage de contrôles, les violations des règles éthiques de la Convention sur la diversité biologique vont persister ». En gros, retenez qu’aucune sanction n’est prévue pour celui qui ne respecte pas ses engagements. En outre, les Etats-Unis ne font pas partie des signataires et il est nécessaire de poser la question des financements: la manière dont sera financée les mesures adoptées reste très floue. Les mesures décidées ont un coût, et un groupe de travail en charge d’évaluer les besoins en financement devra rendre ses conclusions en 2012. Le fonds mondial pour l’environnement devrait être sollicité, un fonds finançant « un mécanisme multilatéral de partage des avantages », financé par les entreprises exploitant la ressource génétique, pourrait aussi être créé. Un premier pas au finish positif et de l’espoir pour le futur Au final et très concrètement, “cet accord implique désormais que les pays donnent leur consentement pour l’exploitation de leurs ressources et que les savoir traditionnels qu’ils abritent soient reconnus. Ainsi, une entreprise ou un organisme de recherche devra déposer une demande officielle auprès des autorités du pays concerné, qui donnera son consentement pour l’utilisation de la ressource. Ce consentement pourra également être demandé aux communautés locales le cas échéant. Un centre d’échanges sur l’accès et le partage des avantages enregistrera les dossiers, contrôlés ensuite par une procédure de surveillance mise en place dans chaque pays.” Tout n’a pas été résolu, évidemment, mais une grande étape a été franchie par 193 pays (à  l’exception des Etats-Unis qui n’ont jamais ratifié cette convention) engagés ensemble aux côtés de la biodiversité. Longue vie à  cette décennie de la biodiversité à  venir.

10è Conférence des Nations-Unies sur la biodiversité : l’Afrique fixe ses priorités

La 10è Conférence des Parties à  la Convention sur la diversité biologique est prévue à  Nagoya (Japon) du 18 au 29 octobre 2010. Il s’agira d’une grand’messe qui réunira les représentants du monde entier autour de la diversité biologique. La rencontre de Nagoya est similaire à  celle qui a mobilisé la planète entière pour les changements à  la fin de l’année dernière à  Copenhague. Même si à  l’évidence, Nagoya soulève moins d’intérêt médiatique que Copenhague. Qu’à  cela ne tienne l’Afrique se prépare activement pour la conférence de Nagoya. Après la 13è Conférence ministérielle africaine sur l’environnement que notre pays a abritée en juin dernier, les ministres africains se sont rencontrés à  Libreville du 12 au 17 septembre 2010 à  l’occasion d’une conférence qui avait pour thème : «Â Biodiversité et lutte contre la pauvreté ». l’objectif de la conférence ? Affiner la position africaine, élaborée à  Bamako, en vue de la 10è Conférence des Parties à  la Convention sur la diversité biologique. Cette réunion était présidée par le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Tiémoko Sangaré qui assure actuellement, pour un mandat de 2 ans, la présidence de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE). Dans la capitale gabonaise, les ministres africains de l’environnement ont d’abord présenté la situation de la biodiversité dans leurs pays respectifs. C’’est ainsi que le ministre Sangaré a rappelé que notre pays a ratifié la Convention sur la diversité biologique le 29 mars 1995. Il a laissé entendre aussi que le Mali comporte 5 types d’écosystèmes et présente une grande variété d’espèces. Notre pays compte 1739 espèces spontanées ligneuses reparties entre 687 genres provenant de 155 familles. La faune du Mali ne compte pas moins de 136 espèces de mammifères dont 70 grands mammifères. Tiémoko Sangaré a également fait savoir à  ses homologues africains que la préservation des écosystèmes pourra bénéficier au Mali de l’application de la loi portant sur l’Etude d’impact environnemental et social qui stipule que : «Â les projets, qu’ils soient publics ou privés, consistant en des travaux, des aménagements, des constructions ou d’autres activités dans les domaines industriel, énergétique, agricole, minier, artisanal, commercial ou de transport dont la réalisation est susceptible de porter atteinte à  l’environnement, sont soumis à  une Etude d’impact environnemental et social (EIES) ou à  une Notice d’impact environnemental et social (NIES) ». Plaidoyer du Mali Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement n’a pas manqué d’évoquer les principales menaces qui pèsent sur la conservation de la diversité biologique dans notre pays. Il a cité à  ce propos la désertification qui touche les 2/3 du territoire, la déforestation surtout dans les zones de fort peuplement humain, les feux de brousse qui ravagent les forêts en saison sèche, le surpâturage lié à  l’augmentation des troupeaux et le braconnage qui décime la faune. A ces nombreux défis, il urge de faire face au plus tôt. Pour ce faire, le Mali, au même titre que de nombreux pays africains, a besoin de l’appui des bailleurs de fonds pour financer la mise en œuvre de sa stratégie nationale pour la conservation de la biodiversité, élaborée en 2000. D’o๠la nécessité d’un plaidoyer commun de l’Afrique à  Nagoya pour attirer l’attention sur les défis de notre continent en matière de conservation de la diversité biologique. A l’issue de la conférence de Libreville, les ministres africains de l’environnement ont adopté la «Â Déclaration de Libreville sur la biodiversité et la lutte contre la pauvreté », dans laquelle ils conviennent de renforcer l’intégration et la prise en compte de la biodiversité dans les stratégies et politiques intersectorielles. Ils s’engagent à  actualiser leurs stratégies et plans nationaux d’action en matière de biodiversité. La position africaine commune, adoptée à  Libreville, soutient que le régime international sur l’accès aux ressources génétiques et le partage des avantages issus de leur utilisation doit bénéficier en priorité aux pays en développement, en particulier à  l’Afrique. Convention pour la biodiversité Les ministres africains soutiendront à  Nagoya le Plan stratégique actualisé de la Convention sur la biodiversité pour la période 2011-2020. En ce qui concerne la stratégie de mobilisation des financements, les Africains penchent pour l’amélioration du soutien financier, y compris par des moyens novateurs pour mobiliser les ressources permettant aux communautés locales de préserver leurs écosystèmes. Les ministres africains sollicitent auprès du Fonds mondial de l’environnement et d’autres donateurs, un soutien financier, technique et technologique additionnel pour assurer l’élaboration et la révision des stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité. Les Africains soutiennent l’établissement d’une Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité. A cet effet, un comité panafricain sera créé afin que l’Afrique soit un partenaire à  part entière de cette initiative. l’Afrique s’engage aussi à  Âœuvrer à  la mise en place de programmes d’économie verte avec des technologies propres, le recours aux énergies renouvelables, le développement de systèmes d’approvisionnement en eau, les transports écologiques, la gestion des déchets, l’éco-construction et la promotion d’une agriculture durable.