Accord de paix au Mali: Gao et Tombouctou appellent à la signature de l’accord pour construire le pays

Des manifestations et des rassemblements ont eu lieu à  Gao et à  Tombouctou, au Mali, o๠les participants ont appelé ceux qui n’ont pas encore paraphé l’accord de paix et de la réconciliation d’Alger du 1er mars à  le faire « dans le but de construire le pays », a rapporté samedi la presse locale, citant les organisateurs. « Nous demandons à  nos frères de déposer les armes et de nous rejoindre pour construire ensemble notre cher pays, le Mali », a expliqué Abdoul Karim Samba, membre du Conseil régional de la jeunesse de Gao. C’était aussi l’occasion pour les participants de démontrer leur engagement pour la paix et la cohésion sociale. « On veut la paix, on est pour la paix, et on signe la paix », clame Nourdou Ould Mohamed, président des jeunes arabes de Gao. Il en était de même à  Tombouctou o๠les leaders communautaires, au cours de leur rencontre, ont appelé à  parapher cet accord, qui selon eux, « un atout pour une sortie de crise ». « L’accord est une voie qui va nous permettre de nous asseoir et discuter honnêtement, en croyant en nos forces de persuasion, pour pouvoir nous mettre dans une dynamique de réalisation de nos vœux », a expliqué Diadié Hamadoun Maà¯ga, président de la société civile de Tombouctou. « On peut juger l’accord satisfaisant dès lors que ça prend en compte, l’essentiel des préoccupations des communautés », a-t-il ajouté. Les parties maliennes au dialogue pour le règlement de la crise dans la région nord du Mali ont paraphé le 1er mars dernier à  Alger un accord de paix et de réconciliation sous la supervision de la médiation internationale, conduite par l’Algérie, en tant que chef de file. Le document a été paraphé par le représentant du gouvernement malien, les mouvements politico-militaires du nord du mali engagés dans la plateforme d’Alger (le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA, dissident), la Coordination pour le peuple de l’Azawad (CPA) et la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR) et par l’équipe de la médiation conduite par l’Algérie. Cependant la CMA regroupant (le Mouvement national de libération de l’azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’azawad (MAA) a demandé « une pause » pour consulter leur base militante avant de parapher le document.

Edito : Alger, quand l’histoire s’accélère…

Tous les groupes armés ne l’ont pas encore « paraphé » pour reprendre le terme qui fait force. l’accord de paix définitif devra être signé quelques semaines plus tard à  Bamako. Rien n’indique cependant que ce sera facile. La veille, des manifestants, emmenés par le MNLA et alliés rejetaient la dernière version du texte remise par la médiation aux parties le 25 février, pour aboutir à  un consensus global. Sept long mois… Cela fait sept long mois qu’Alger abrite les négociations inter-maliennes inclusives de paix. Ouvrir un autre round à  cause de divergences sur le fond et sur la forme, la médiation emmenée par l’Algérie, ne le souhaite pas. C’’est pourquoi, ses représentants, ont allègrement signé le document en question, ce dimanche à  Alger. Quant aux hérauts de la coordination des mouvements de l’Azawad, ils sont mécontents. Ils n’ont pas paraphé le document, à  l’inverse de la plateforme et ne se laisseront pas forcer la main aussi aisément que le veut la logique du processus entier. Si le terme est « Azawad » est réduit à  sa plus simple expression, et non plus à  une réalité géographique voulue, il faudra pour les parties au conflit, admettre l’inviolabilité du principe d’unité nationale et d’intégrité territoriale du Mali. Aussi toute forme d’autonomie est exclue. C’’est là  que le bât blesse. Pour les mouvements de la coordination, leurs revendications ont été complètement écartées du processus de paix et de réconciliation. Pour Bamako, C’’est enfin l’aboutissement de longs efforts : « Je sais que certains protagonistes, certains mouvements armés hésitent encore à  s’engager pour des motifs que nous respectons mais que nous comprenons difficilement de la part de ceux qui ont à  C’œur de construire l’édifice de la paix, du développement juste équilibré, avec l’accompagnement de la communauté internationale à  laquelle nous exprimons et nos remerciements et notre reconnaissance », a déclaré Modibo Keita face à  la classe politique malienne. Une large place est pourtant donnée à  la décentralisation poussée, avec une dotation de 30% du budget national, aux régions, qui devront à  terme se hisser vers ce développement intégré. Autre bémol, la réintégration des rebelles dans l’armée, le cantonnement et le désarmement, des chantiers de longue date. Cela à  condition que toutes les parties signent. Il y a quelques jours, le nouvel Aménokal de Kidal affirmait ne pas rejeter ce Mali, si contraignant, voire inenvisageable, pour certains ressortissants du nord du Mali. Mohamed Ag Intalla, aura t-il assez d’influence sur ses pairs du HCUA ou du MNLA, que la France, par la voie de son ministre des affaires étrangères, presse de signer ce qui devra être l’Accord définitif de paix ? Mais rien n’est encore joué, surtout si l’histoire soudain s’accélérerait…

Négociations d’Alger : Un nouveau projet d’accord à la loupe

Les travaux du 5ème round des pourparlers inter-maliens se poursuivent dans la capitale algérienne. Dans la soirée du mercredi dernier, l’équipe de médiation internationale a remis aux différentes parties un nouveau projet d’accord mercredi soir. Ce nouveau document n’est rien d’autre qu’une synthèse des remarques et observations faites par les protagonistes sur le projet d’accord de paix et de réconciliation au Mali au mois de novembre dernier. Le gouvernement du Mali, les mouvements armés de la plateforme et ceux de la coordination ont juste quelques jours pour plancher sur le document. La médiation internationale emmenée par l’Algérie compte déployer sa diplomatie, voire une petite dose de pression pour que les parties puissent signer un préaccord en terre algérienne au plus tard en fin de semaine. En attendant la signature d’un accord de paix global et définitif au Mali. D’ici là , les différentes parties sont en train de passer au crible le document, pour y apporter leur suggestion. Pour l’heure, elles se gardent de tout commentaire sur le document. Même si l’on n’a pas encore connaissance de l’intégralité du document, des informations filtrent à  son sujet. En effet le nouveau projet respecte bien les lignes rouges indiquées par le gouvernement du Mali, à  savoir l’intégrité territoriale du Mali et le caractère laà¯c et républicain du pays. Exit le fédéralisme ou l’autonomie du nord comme le réclamaient la coordination des mouvements armés de l’Azawad. Le projet d’accord accorde plus de pouvoir et de moyens aux régions selon le vœu du gouvernement exprimé à  travers le concept de décentralisation poussée. Par contre, le terme Azawad utilisé par les mouvements de la coordination pour désigner les régions du nord du Mali et rejeté vigoureusement par le gouvernement du Mali et la société civile, figure dans le document. « l’appellation Azawad recouvre une réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du nord Mali, constituant des composantes de la communauté nationale. Une compréhension commune de cette appellation qui reflète également la réalité humaine, devra constituer la base du consensus nécessaire, dans le respect du caractère unitaire de l’Etat malien et de son intégrité territoriale », dit un passage du document. Si l’on ignore la réponse que donnera le gouvernement malien sur ce point, on commence déjà  à  grincer des dents du côté de certains Maliens. La réaction des protagonistes est attendue pour appréhender la suite à  donner à  ce 5ème round…