Iyad Ag Ghali ou la négociation impossible

Au moment des négociations à  Alger, il était clair pour tous qu’aucune discussion n’était possible avec les groupes terroristes qui avaient occupé le septentrion malien de 2012 à  2013. Depuis, l’accord a bien été signé sans eux et le processus de sa mise en œuvre avance tant bien que mal. Mais les attaques terroristes répétées et les menaces hypothèquent ce processus que beaucoup craignent de voir s’enliser. D’o๠les voix de plus en plus nombreuses qui demandent l’inclusion des djihadistes d’origine malienne. Dernière en date, celle de l’Amenokhal (chef traditionnel) de la tribu des Ifoghas de Kidal, Mohamed Ag Intallah. Intégrer les djihadistes maliens dans le processus de paix et de réconciliation équivaut aujourd’hui à  négocier avec Iyad Ag Ghali, Amadou Kouffa et autres. Cette option va à  l’encontre de la position officielle jusque-là  arrêtée aussi bien par le gouvernement, le Président Ibrahim Boubacar Kéà¯ta s’étant d’ailleurs publiquement opposé à  toute forme de négociation avec le chef d’Ançar Dine, que par la communauté internationale. On se souvient que lors de sa visite à  Bamako le 19 février dernier, le Premier ministre français, Manuel Valls, déclarait que l’ancien rebelle était la deuxième cible prioritaire de la force Barkhane, après l’Algérien Moktar Belmoktar, réitérant ainsi l’exclusion de tout dialogue avec les groupes terroristes. Cette option a pourtant ses défenseurs. Au nombre desquels Tiébilé Dramé, président du parti pour la Renaissance nationale (PARENA), ainsi que des leaders religieux qui multiplient les sorties pour que le « cas Iyad » soit posé. « De toutes les façons, tous les conflits finissent par la négociation. Si l’on veut en finir avec cette histoire au nord, et avoir la paix, il vaut mieux parler avec lui et les autres djihadistes maliens », assure l’un d’eux sous anonymat. Les initiatives sont ainsi de plus en plus nombreuses pour plaider cette « cause ». Le ministre de la Réconciliation, Zahabi Ould Sidi Mohamed, lui-même ancien chef rebelle pendant les années 1990, a ainsi déclaré sans citer de nom, qu’il aurait été sollicité pour négocier avec Iyad, l’argument principal étant que les cadres du Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad (HCUA), signataire de l’accord, ne sont autres que les anciens lieutenants d’Iyad Ag Ghali. Ouvrir la porte à  celui qui menace aujourd’hui le processus de paix avec des attaques répétées contre les populations et les soldats de l’ONU, ou continuer sans lui au risque de voir le processus s’enliser ? Tel est l’enjeu. Mais si le dialogue avec Ançar Dine venait à  se concrétiser, nombre de questions essentielles demeureraient. La première étant les termes mêmes de la négociation. Jusqu’ici, les ambitions du leader djihadiste sont toujours d’instaurer un à‰tat islamique avec la charia pour règle et rien ne porte à  croire qu’il y ait renoncé. Sans compter qu’on lui prête d’autres activités telles que le trafic de drogue, qui ne saurait s’accommoder d’un retour d’un à‰tat fort dans le septentrion. Alors, si inviter Iyad dans l’accord peut aider au retour de la sérénité, en particulier dans la région de Kidal, le prix qu’il pourrait réclamer, la paix contre la charia, risque fort de rendre la transaction impossible.

Alger IV enfin ?

Après une semaine intense de concertations, notamment à  travers la réunion d’urgence convoquée les 5 et 6 février dans la capitale algérienne, c’est reparti pour le quatrième round des négociations inter-maliennes de paix. Face à  la dégradation de la situation sécuritaire au nord du pays, en particulier dans la localité de Tabankort, les partenaires internationaux, tout comme le Conseil de Sécurité des Nations Unies avaient appelé à  cette reprise rapide des négociations. Il ne faut pas non plus omettre l’élan pris par les autorités maliennes avec la nomination de Modibo Keita, à  la Primature en début janvier. L’enjeu était de redonner un nouveau souffle à  ces négociations interrompues depuis le mois de Novembre 2014. D’ailleurs, la délégation malienne a déjà  rejoint Alger, et le Premier ministre malien est attendu dans la capitale algérienne mercredi. Alger IV promet: « Nous partons avec un esprit constructif et un grand sens des responsabilités avec le souci des enjeux et de notre responsabilité personnelle et collective dans ce processus. Nous ferons en sorte qu’il n’y ait pas de compromission et que l’intérêt supérieur du pays soit préservé lors du processus. Il faut une solution qui met tous les Maliens à  l’aise », a déclaré le chef de la délégation gouvernementale, Abdoulaye Diop, lors d’une conférence de presse. Dépasser le document de base Au delà  de la reprise des négociations, il faudra pour les parties aller au delà  des divergences déclarées depuis Novembre dernier et notamment sur le rejet du document de synthèse par une partie des acteurs de la coordination : « C’’est absolument normal que des points de vue divergents s’expriment sur la question. Même dans ces points de vue divergents, il y a des éléments qui nous aident. Tout le monde n’a pas à  être d’accord avec le gouvernement. C’’est une affaire nationale. C’’est trop dit de dire que C’’est largement rejeté », réitère Diop, qui n’omet pas les désaccords supplémentaires qui pourraient traver le processus de paix. De l’avis du ministre, des efforts sont menées pour l’arrêter les hostilités sur le terrain, et permettre aux protagonistes de reprendre le fil du dialogue…

Nord Mali : nouvelle rencontre entre les belligérants en Algérie

Alors que le Maroc a décidé de s’investir dans la quête d’une solution durable à  la crise au nord du Mali, l’Algérie n’entend pas se retrouver hors du processus. Les différents mouvements en conflit dans la zone depuis 2012 vont s’y retrouver autour d’une même table dans une tentative de parvenir à  une solution durable à  la crise qui secoue ce pays du Sahel. Selon une source algérienne, il s’agit du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), coté rebelles et du mouvement Ganda Koi (maà®tres de la terre), coté pro-gouvernemental. Moulay Ben Ammar al-Hassani, un notable et médiateur issu de la région d’Adrar (1.430 km au sud d’Alger), a précisé que ce round des négociations aura lieu dans la ville de Bordj Badji Mokhtar, dans l’extrême sud algérien, en attendant d’entamer un nouveau cycle de négociations de paix dans la capitale algérienne. L’Algérie qui est considérée par la communauté internationale comme étant un élément clé dans la résolution du conflit malien a par le passé accueilli les différentes factions et tenter de trouver une solution à  la crise politique de son voisin du sud. Pour une solution satisfaisante pour toutes les parties, Moulay Ben Ammar al-Hassani a révélé que l’Algérie proposera aux différents antagonistes, dont le gouvernement malien, l’installation de camps pour protéger les combattants des mouvements armés, la proclamation d’une amnistie par le gouvernement au profit des combattants touaregs, ainsi que l’organisation d’un référendum dans la région Azawad pour l’autonomie de la région du Nord Mali.

Abdoullahi Ag Mohamed: « L’OSCA est prête pour la négociation »

Après la signature de l’accord de Ouagadougou en juin dernier, le nouveau président Ibrahim Boubacar Keita aura comme tâche de poursuivre les négociations avec les représentants du MNLA. C’’est fort de ce constat que l’OSCA se porte garante de la voix de la société civile du Nord du Mali pour une sortie de crise. Joint par téléphone depuis la Mauritanie o๠il est réfugié, Abdoullahi Ag Mohamed El Maouloud pense qu' »il faut un dialogue inclusif pour qu’il y ait la paix. » Quelles sont les objectifs de l’organisation des sociétés civiles de l’Azawad (OSCA) ? L’Organisation des Sociétés Civiles de l’Azawad est l’instance créée pour parler au nom des habitants du Nord dans le dialogue inclusif prévu par l’accord de Ouagadougou, 60 jours après les élections. De 1960 à  nos jours, les Etats se sont succédé et n’ont jamais tenu compte de la diversité géographique, ethnique, culturel et économique du Mali. Nous pensons qu’il est temps que cela change. l’OSCA est prête pour la négociation. Nous avons voté massivement pour Ibrahim Boubacar Kéà¯ta que nous avons déjà  vu premier ministre dans une période difficile du pays, et il avait sauvé le Mali à  cette époque. Quel message l’OSCA veut-elle faire passer pour assurer la sécurité au Mali ? Sur le plan sécuritaire, nous voulons une armée républicaine égale pour tous les citoyens maliens. Il s’agira d’une armée composée de représentants de tous les fils du pays pour qu’il y ait paix et sécurité. Enfin, il ne faut qu’aucune arme ne circule illégalement dans le pays. Il faut une conjugaison de toutes les composantes de la nation malienne. Le Mali est un pays multi ethnie, multi culturelle, il faut que ce brassage soit respecté pour relever l’économie du pays, entre autres défis, il faut tenir compte de cette diversité. Quelle doit être la priorité du nouveau président de la République, Ibrahim Boubacar Kéà¯ta ? l’organisation de cette élection est un grand atout pour la sortie de crise au Mali. Nous avons milité en faveur des élections pour qu’elles soient organisées dans la paix. Nous serons prêts à  soutenir l’issue de cette élection. Il faut un dialogue inclusif. Nous voulons retourner au Mali, mais pour qu’il y ait retour, il faut un dialogue inclusif, il faut qu’il y ait la paix.

A Ouagadougou, accouchement difficile pour un accord crucial

Lancées le 8 juin, les négociations devaient être bouclées en trois jours en vue de permettre la tenue dans la ville de Kidal de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, élection cruciale selon la communauté internationale. Mais elles ont traà®né en longueur entre le centre de conférences de Ouaga 2000, quartier huppé de la capitale burkinabè, et un grand hôtel à  300 mètres de là , o๠les débats font rage du matin jusque tard dans la nuit. Le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé est patient. Eternelles lunettes et voix posée, celui qui a déjà  joué plusieurs fois les « facilitateurs » pour le compte de son président Blaise Compaoré (déjà  médiateur durant la longue crise ivoirienne, notamment) enchaà®ne conciliabules, réunions et points de situation devant des journalistes sans se départir de son style pondéré. « Il a le sens de l’écoute », dit à  l’AFP l’un des diplomates (ONU, Union africaine, Union européenne, France, entre autres) qui l’appuient dans ses efforts. De l’écoute, il en faut pour rapprocher les positions des émissaires de Bamako et de la délégation conjointe touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Chef de la délégation de Bamako, Tiébilé Dramé, conseiller spécial du président malien Dioncounda Traoré, a montré qu’il pouvait se montrer rugueux: le régime malien a obligé en début de semaine à  renégocier un premier projet d’accord qui avait été accepté par les rebelles. « Nous sommes pour la paix, mais une paix qui défende les intérêts du Mali », lance l’ancien ministre. Cependant, parmi les négociateurs internationaux, beaucoup s’interrogent sur son « agenda ». Car l’émissaire du pouvoir malien de transition est aussi candidat à  la prochaine présidentielle. Bamako « sous la pression de l’opinion Certains n’hésitent pas à  y voir l’explication de sa fermeté dans les discussions: l’opinion malienne est peu encline aux concessions, tant elle est remontée contre les rebelles touareg qui ont ouvert en 2012 les portes du nord du Mali aux groupes islamistes armés liés à  Al-Qaà¯da. l’expression revient d’ailleurs en boucle: les représentants de Bamako se disent « sous la pression de l’opinion ». En pleins débats à  Ouagadougou, Tiébilé Dramé prend même le temps d’intervenir lui-même sur des forums de sites internet maliens pour livrer sa vision d’une solution. Il sait prononcer les mots qui vont droit au coeur de nombre de ses compatriotes : « bientôt le drapeau malien flottera sur Kidal », promettait-il samedi, à  la veille d’une importante réunion sur un nouveau projet d’accord. Les représentants touareg donnent nettement moins de la voix. Emmenés par Mahamadou Djeri Maà¯ga (MNLA) et Algabass Ag Intalla (HCUA), un transfuge du groupe islamiste Ansar Dine, ils sollicitent plutôt sans cesse le ministre burkinabè des Affaires étrangères et les diplomates qui l’épaulent. Les concertations en interne se succèdent parmi la pléthore de négociateurs (une bonne trentaine) du bloc MNLA-HCUA. Des cadres touareg réfugiés depuis des mois à  Ouagadougou les rejoignent pour discuter, analyser, décortiquer propositions et contre-propositions. Les dà®ners souvent s’éternisent. Les mouvements touareg l’assurent sans relâche: ils ne seront pas « un obstacle pour les élections ». Mais la volonté de Bamako de désarmer leurs combattants sitôt les soldats maliens revenus à  Kidal les hérisse. Cantonnement d’accord, mais en gardant les armes à  portée de main: la méfiance règne, et chaque camp ramène l’autre à  ses exactions des derniers mois. Les mouvements armés touareg se sont installés fin janvier à  Kidal, à  la faveur de l’opération militaire française dans le nord du Mali qui a délogé les groupes jihadistes, dont le MNLA fut un temps l’allié avant d’être balayé par eux. Depuis lors, la question de Kidal est devenue de plus en plus centrale, jusqu’à  conditionner la tenue de la présidentielle. Dans un climat si tendu, la solidarité existe quand même. Un collaborateur de Tiébilé Dramé et deux représentants de la médiation ont accompagné samedi à  Kidal, pour un rapide aller-retour à  bord d’un avion militaire français, un négociateur des groupes touareg qui venait de perdre sa mère.

Bamako refuse de signer l’accord accecpté par le MNLA et le HCUA

Finalement, il n’y aura pas d’accord entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs qui occupent Kidal, dans la partie nord du pays. Du moins, la signature ne se fera pas cette semaine comme l’espérait la médiation burkinabè. Même les diplomates et partenaires internationaux (ONU, Afrique de l’Ouest, Union européenne, France, entre autres) qui se sont dépêchés, le 12 juin, à  Bamako n’ont pas réussi à  convaincre le président malien de la transition, Dioncounda Traoré. « Nous avons l’espoir d’aboutir dans quelques jours à  un accord », a tenté de rassurer Pierre Buyoya, chef de la force africaine déployée au Mali (Misma), à  la sortie d’une longue discussion de six heures avec le chef de l’à‰tat malien. Cet accord doit permettre un retour de l’armée malienne dans la ville de Kidal (nord-est), auparavant refusé par les mouvements armés touaregs, dans la perspective de la présidentielle prévue le 28 juillet dans tout le Mali, une élection jugée cruciale par la communauté internationale. Le chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé, et ses soutiens avaient fait cette visite impromptue, mercredi, dans la capitale malienne pour tenter d’arracher le feu vert de Bamako au compromis conclu avec les rebelles touaregs, issu des négociations menées avec des émissaires des deux camps depuis le weekend dernier à  Ouagadougou. La signature de l’accord entre la délégation des autorités maliennes, conduite par l’ex-ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe touarègue du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), était initialement attendue mardi dans la capitale du Burkina Faso. « Dès [jeudi], nous allons poursuivre les négociations à  Ouagadougou », a indiqué le chef de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Selon lui, l’entretien mené avec le président Traoré n’avait « pas du tout pour but de signer un document » le jour même. Pourtant beaucoup, y compris le chef de la diplomatie française Laurent Fabius – qui soutenait le « bon texte » mis au point – espéraient bel et bien l’épilogue pour ce mercredi. « Toutes les parties ont décidé de faire un effort pour aboutir à  une paix globale », a ajouté l’ancien président burundais. Blocage Selon des participants, si des avancées ont pu être enregistrées, les négociations bloquent toujours en particulier, du côté des autorités maliennes, sur le cantonnement et le désarmement des rebelles. Les groupes touaregs désarmer leurs éléments seulement une fois un accord final signé avec les autorités maliennes légitimes installées après la présidentielle, et conférant un « statut particulier » à  l’Azawad, terme par lequel les autonomistes désignent la région septentrionale du Mali. Mais, les autorités maliennes considèrent que le désarmement doit se faire dans la foulée du regroupement des combattants. Les discussions achoppent également sur la question des mandats d’arrêt lancés par la justice malienne contre des chefs du MNLA : ce mouvement en réclame la levée, mais Bamako y tient au nom de la lutte contre l’impunité. « On ne peut pas passer sous silence tous les crimes commis par les groupes armés », a expliqué un officiel malien.

Un « accord intérimaire » au centre des négociations de Ouagadougou

Les négociations entre le pouvoir malien et les rebelles touareg occupant Kidal, dans le nord-est du Mali, ont commencé samedi sous l’égide de la médiation burkinabè, qui a appelé à  une cessation des hostilités en vue de la présidentielle en juillet. Devant les délégations des deux parties réunies à  Ouagadougou, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, médiateur pour l’Afrique de l’Ouest, a jugé qu’une cessation des hostilités créerait « les conditions de sécurité indispensables à  la tenue d’élections libres et transparentes ». Le scrutin présidentiel, dont le premier tour est fixé au 28 juillet, est réclamé avec insistance par les partenaires du Mali, France en tête, pour sortir le pays de l’ornière. Sur le terrain, les hostilités ont brièvement repris cette semaine quand l’armée malienne a délogé mercredi, après des combats meurtriers, les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) de la localité d’Anefis, à  une centaine de kilomètres au sud de Kidal. Elle partait ainsi à  l’offensive quelques jours après des arrestations à  Kidal de membres des communautés noires par le MNLA, actions qualifiées d' »épuration raciale » par le régime malien. Cependant, les alliés de Bamako faisant pression pour une solution négociée, l’armée n’a pas continué sa marche vers Kidal. Redéploiement Il s’agit à  Ouagadougou de s’entendre sur « le redéploiement de l’administration générale, des services sociaux de base, des forces de défense et de sécurité au nord du Mali et en particulier à  Kidal, selon des modalités pacifiques qui seront à  négocier », a souligné M. Compaoré, sans s’avancer sur ces modalités ni le calendrier. Le MNLA et un autre groupe touareg, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), ont refusé jusqu’à  présent à  l’armée et à  l’administration maliennes d’entrer dans Kidal. Ils exigent la sécurisation du scrutin par la Minusma, la force de l’ONU qui doit prendre à  partir de juillet le relais de la mission panafricaine déployée au Mali (Misma). Selon le chef de l’Etat burkinabè, les pourparlers se poursuivront une fois les nouvelles autorités légitimes installées à  l’issue de la présidentielle, « en vue de l’établissement d’une paix définitive et d’un développement durable et inclusif dans le nord du Mali », région irrédentiste depuis des décennies. Les mouvements touareg armés se sont installés fin janvier à  Kidal, berceau de leur minorité ethnique, à  la faveur de l’intervention militaire française contre les groupes islamistes armés liés à  Al-Qaà¯da, qui occupaient tout le Nord malien depuis 2012 et auxquels les rebelles avaient été un temps alliés. Projet d’accord Les discussions de Ouagadougou dureront tout le week-end, a indiqué le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé, afin de parvenir lundi à  un « document » qui scellerait un accord intérimaire. Le président Compaoré a reçu samedi tour à  tour la délégation de Bamako, conduite par l’ancien ministre Tiébilé Dramé, et la délégation conjointe MNLA-HCUA. Il leur a remis un projet d’accord devant servir de base aux discussions. Une rencontre directe entre les parties adverses n’est pas programmée pour l’heure. Le médiateur régional a reçu ensuite un regroupement de mouvements « patriotiques », dont la milice d’autodéfense loyaliste Ganda Koy, puis le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). C’est un geste en direction de M. Dramé: l’émissaire des autorités maliennes avait fait reporter le lancement des négociations, initialement prévu vendredi, en réclamant à  la dernière minute que le MAA et Ganda Koy prennent part aux discussions. Discussions « inclusives » Selon la médiation, il n’est toutefois pas question que ces deux groupes, qui n’ont pas d’ancrage à  Kidal, soient directement impliqués dans les négociations. Pourtant, devant la presse, le chef de la délégation de Bamako a assuré que les discussions seraient « inclusives » et concerneraient « tous les groupes armés du nord du Mali ». La situation créée par les mouvements touareg à  Kidal, o๠environ 200 soldats français sont en outre stationnés à  l’aéroport de la ville, suscite une exaspération croissante au sein de l’opinion et de la classe politique maliennes. Une coalition de partis et d’organisations politiques avait d’ailleurs appelé à  une marche samedi à  Bamako pour réclamer la « libération de Kidal ». Mais le rassemblement a été annulé. D’importantes forces de sécurité étaient présentes sur le site prévu dans le centre de la capitale, mais pas de manifestants. L’état d’urgence en vigueur au Mali interdit toute manifestation pouvant troubler l’ordre public.

Kidal: à quoi jouons-nous?

D’aucuns affirment que la grande muette est déjà  présente à  Kidal, d’autres disent qu’elle n’est qu’à  quelques encablures de la ville. D’après le capitaine Modibo Traoré, l’un des porte-parole de l’armée malienne, « l’armée fait désormais la reconnaissance de la zone s’étendant entre Kidal et Anefis. Un petit groupe de militaires peut aller jusqu’à  35 km de Kidal et revenir en arrière. L’armée ne serait pas en mesure d’attaquer Kidal aujourd’hui, car il faut que la zone d’Anefis soit d’abord sécurisée». Le Chef de la diplomatie malienne avait déclaré lors d’une conférence de presse qu’«il est hors de question que les groupes armés continuent d’exister. Nous serons disposés à  discuter avec ceux qui déposeront les armes. Dans le cas contraire, nous serons obligés d’utiliser d’autres moyens que nous jugerons utiles pour reconquérir Kidal». A la veille des négociations officielles entre le gouvernement malien et le MNLA, qu’est-ce qui a pu motiver l’exécutif à  aller à  l’offensive ? Est-ce les récents évènements survenus à  Kidal o๠le MNLA affirme détenir des officiers du service de renseignement ? Est-ce les exactions commises par les rebelles et l’expulsion des jeunes à  « peau noire »? Est-ce une planification de longue date ? La promptitude avec laquelle la France a réagit face à  l’avancée des islamistes en janvier dernier a été saluée par tous. Pour que François Hollande mérite totalement le prix de l’Unesco pour la paix qui lui a été décerné, il devrait faire autant à  Kidal. Lors de la remise de ce prix, il a appelé au désarmement des groupes armés. La présence de l’armée française à  Kidal devrait en principe aider au désarmement de ces groupes. Pourquoi n’était-elle pas intervenue lors des exactions commises par le MNLA le weekend dernier contre de paisibles citoyens? Aujourd’hui C’’est comme si la France fait face à  un dilemme et joue à  la prudence pour des questions d’intérêts certainement. Qu’en sera-t-il du dialogue qui débute entre le gouvernement et le MNLA ce vendredi 7 juin à  Ouagadougou ? Wait and see !

Crise malienne: ça bouge enfin!

Les événements se sont succédé sans forcément se ressembler depuis le déclenchement de la crise politico-sécuritaire au Mali. Les uns et les autres ont fustigé la lenteur apparente avec laquelle la situation évolue depuis neuf mois maintenant. Mais, ces dernières 48heures, les choses se sont précipités. Quatre événements majeurs concernant notre pays font la une des médias nationaux et internationaux. Il s’agit de l’ouverture des pourparlers directs entre le gouvernement et les groupes armés présents au nord du Mali, de la visite du Premier ministre Cheick Modibo Diarra à  Ndjamena, de la déclaration de Alassane Dramane Ouattara sur l’urgence d’une intervention et enfin la libération des armes maliennes bloquées au port de Conakry depuis des mois. Planification ou coà¯ncidence? Que faut –t-il retenir sur la cascade d’événements survenus ces dernières heures? Le dialogue direct qui est en cours au Burkina Faso entre la délégation malienne et les groupes Ançardine et rebelle touaregs, est peut-être le premier pas vers une issue pacifique de la crise. Les pays occidentaux ont presque tous mis leur poids dans la balance pour que le Mali accepte de discuter directement avec les groupes armés. La France s’implique depuis le début dans le règlement de la crise par la voie de la négociation. C’est pourtant depuis ce pays que le président en exercice de la CEDEAO, Alassane Dramane Ouattara non moins président de la république de la Cote d’Ivoire a déclaré ce mardi que l’intervention militaire reste indispensable dans la résolution de la crise malienne. « Il faut bien sûr le dialogue politique mais une intervention militaire me paraà®t indispensable et dans les meilleurs délais », a déclaré M. Ouattara sur le perron de l`Elysée à  l`issue d`un entretien d`une heure avec le président François Hollande. Cette confusion de la communauté internationale a d’ailleurs été soulignée ce mercredi par le président tchadien Idriss Déby Itno, également en visite en France. « Il ne s’agit pas aujourd’hui de se demander ‘est-ce que le Tchad va envoyer des troupes ou bien non’, mais il (faudrait) aussi que les Maliens nous disent ce qu’ils veulent, que la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) nous dise (…) quelle feuille de route, il y a une confusion totale », a-t-il regretté, évoquant les propos du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, la semaine dernière. Or, hier lundi 04 décembre, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra était au Tchad. Que quelques heures plus tard le président de ce pays fustige l’attitude de la communauté internationale, est-ce un hasard? La question mérite d’être posée. L’Armée Malienne désormais équipée Pour « boucler la boucle », la dernière information annoncée ce jour, c’est la libération des armes bloquées au port de la Guinée Conakry. Elles ont été accueillies à  Bamako avec joie par le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l’ex-junte. Cette position de va-t-en guerre du président de la CEDEAO et l’arrivée des armes affecteront-elles le processus du dialogue amorcé entre le Mali et les groupes armés du Nord Mali? Avec l’arrivée des armes, l’Armée Malienne a-t-elle désormais les moyens de s’affranchir d’une aide extérieure et de partir à  la reconquête du nord? L’ONU va-t-elle finalement appuyer les pays de la CEDEAO et soutenir une intervention rapide? Autant de questions que les Maliens sont nombreux à  se poser.

Crise malienne : négociations bilatérales en vue

Le Premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra, est « déterminé à  initier des négociations bilatérales dès la fin de la réunion des experts internationaux sur le concept d’opération, pour concrétiser les engagements verbaux des pays et organisations partenaires du Mali », indique un communiqué de la Primature, déposé jeudi à  Xinhua. Le communiqué porte sur l’audience que le PM a accordée jeudi au ministre allemand des Affaires Etrangères, Westerwelle Guido. « Le Premier ministre s’est dit déterminé à  initier des négociations bilatérales dès la fin de la réunion des experts internationaux sur le concept d’opération, pour concrétiser les engagements verbaux des pays et organisations partenaires du Mali », indique le texte, en précisant : « Dans ce sens, il (le PM) a réitéré sa demande urgente d’aide pour assurer la sécurité des grandes villes ». Par ailleurs, le PM a aussi « sollicité l’assistance allemande, en vue de la mise en place d’un cadre de négociation avec les compatriotes maliens souhaitant revenir dans le giron républicain avec comme préalables, le renoncement à  toute forme de violence et le respect du caractère laà¯c de la République ». Le PM a, enfin, « tenu à  réaffirmer la ferme volonté du gouvernement d’organiser des élections libres, transparentes et démocratiques dans les meilleurs délais ». De son côté, le ministre allemand a « mis en exergue l’ engagement et la détermination personnels du Premier ministre qui ont conduit la communauté internationale à  se mobiliser pour une sortie de crise rapide dans notre pays », peut-on lire dans le communiqué. Selon M. Guido, « C’est un processus politique qui doit se manifester avec beaucoup de force de conviction », indique le texte. Pour rappel, la réunion des experts internationaux sur le concept d’opération, prendra fin dimanche prochain, avec pour objectif d’élargir et de renforcer le consensus autour de ce concept.