Mali : réunis à Alger, le MNLA et Ansar Dine s’accordent sur l’idée de discuter avec Bamako

Le MNLA et Ansar Dine ont signé un accord en fin d’après-midi, vendredi 21 décembre, à  Alger. Les représentants des deux entités, Mohamed Ag Akharib pour Ansar Dine et Bay Dikmane pour le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ont notamment prévu de négocier avec Bamako. Sécuriser la zone du nord du Mali, assurer l’aide humanitaire à  la population et enfin travailler ensemble pour éviter toute atteinte à  l’intégrité territoriale du pays. Voilà  les priorités des deux mouvements. Les deux chefs de délégation ont aussi répété qu’ils s’opposaient à  une intervention militaire internationale. Ils assurent qu’ils éviteront toute hostilité ou situation de confrontation et qu’ils veulent aider à  la libération des otages dans la région. Ils assurent par ailleurs qu’ils permettront la libre circulation des personnes, et la relance des activités économiques, politiques, sociales et éducatives. Enfin, l’accord prévoit que le MNLA et Ansar Dine négocient avec les autorités de transition à  Bamako pour trouver une solution pacifique. A la fin de la réunion, le représentant d’Ansar Dine a réaffirmé qu’il n’était pas question de négocier sur la charia. Mais l’accord prévoit malgré tout « le respect des valeurs authentiques du peuple de l’Azawad ». La charia Sur le terrain, à  Gao, le Mujao a repris sa campagne de châtiments corporels et de mutilations en public. Hier matin, un jeune homme a eu la main tranchée et quatre autres ont reçu des coups de fouet. Cet habitant de Gao qui souhaite conserver l’anonymat a assisté à  ces punitions infligées au nom du respect de la charia, au moment même o๠le Conseil de sécurité vient d’autoriser le déploiement d’une force d’intervention, et pour lui, ce n’est pas une coà¯ncidence.

« La démission du Premier ministre malien ne doit pas nous poser des difficultés particulières »

Depuis son pied-à -terre de Koudougou, o๠il a pris part à  la commémoration du 52e anniversaire de l’indépendance du Burkina, le président du Faso, Blaise Compaoré, par ailleurs médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne, a tenu à  se prononcer sur les récents évènements au Mali. « Nous avons d’abord été inquiets, comme l’ensemble de la Communauté internationale, parce que le processus qui a conduit au départ du Premier ministre n’a pas suivi les règles de droit », a-t-il indiqué. Une situation qui n’a cependant pas surpris le médiateur. Car « si vous vous souvenez, J’ai eu plusieurs fois à  attirer l’attention du monde sur le manque de cohérence, de visibilité dans les choix politiques de l’Etat malien. Cela pouvait bien sûr conduire à  des situations plus graves que celles que nous avons pu vivre ces derniers jours », a-t-il ajouté. Fort heureusement le pire a été évité. Et pour le chef de l’Etat, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour la suite de la médiation. « Les contacts que nous avons toujours eus avec le président Dioncounda indiquent que le président malien est entièrement disposé à  travailler avec nous sur le processus de paix que nous conduisons. Donc je ne pense pas que nous allons avoir des difficultés particulières », foi de médiateur. Mais pour Blaise Compaoré, sa préoccupation a toujours été le répondant du côté de Bamako. « Je me dis que ce qui était difficile était de ne pas savoir avec qui discuter à  Bamako. Je crois que C’’est ce qui a causé le plus de problèmes », ce qui explique que le président du Faso fonde ses espoirs sur le nouveau Premier ministre, Diango Cissoko. « Nous espérons que cette fois-ci le droit constitutionnel a indiqué l’homme qui doit être à  la tête des orientations pour ce dialogue avec les mouvements rebelles », a souhaité le président du Faso. Sur le rôle de la communauté internationale dans la résolution de la crise malienne, Blaise Compaoré s’est voulu clair. « Nous attendons que les Nations unies clarifient la place de la Communauté internationale qui, pour nous, doit être aux côtés du Mali », a-t-il indiqué.

Dialogue avec le MNLA et Ançardine : cacophonie au sommet de l’Etat

Dans la capitale burkinabé, la délégation malienne et les groupes islamistes et les rebelles touaregs ont été reçus par le médiateur de la crise malienne Blaise Comparé accompagné de son ministre des affaires étrangères Djibril Bassolé. Ce dialogue entre le Mali et les groupes islamistes divise non seulement au sein du pouvoir mais aussi les Maliens qui n’y sont pas favorables, dans leur grande majorité. La Primature à  travers son directeur de cabinet Oumar Kanouté affirmait ce mardi dans un journal que le ministre des affaires étrangères Tieman Coulibaly n’a pas reçu mandat du gouvernement pour aller parler en son nom avec les groupes touaregs et Ançardine. Et le directeur de cabinet du Dr Cheick Modibo Diarra d’ajouter que C’’est une mission envoyée « par Bamako et non le gouvernement ». Volte-face de la primature ? Le Premier Ministre malien est lui-même actuellement à  Ndiamena(Tchad) dans le cadre de la résolution de la crise. Il s’était auparavant rendu à  Paris à  l’invitation du chef de la diplomatie française Laurent Fabius, dont le pays appuie fortement l’option de la négociation avec les rebelles touaregs. A titre de rappel, M. Diarra avait fait une déclaration à  Ouagadougou à  la veille de sa visite à  Paris pour annoncer que le dialogue était inévitable avec le MNLA et Ançardine pour la résolution de la crise du Nord. Une déclaration qui a provoqué l’ire de la population, avec des manifestants qui sont descendus dans la rue pour demander son départ de la tête du gouvernement. La question que beaucoup se pose est de savoir pourquoi prôner la négociation et se désolidariser de l’émissaire malien qui s’y rend au nom du gouvernement ? Ce qui se passe à  Ouagadougou depuis hier, n’entre-t-il pas en droite ligne de la volonté affichée par le Premier Ministre et les « amis » du Mali, pour sortir le pays de la crise sans forcément recourir aux armes ? Diplomatie parallèle ? On pourrait répondre par l’affirmative, tant les signaux envoyés par la Primature créent la confusion. Le chef du gouvernement qui se déplace sans son ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale à  la table de négociations, apparemment sans l’aval du premier. A la mise en place du gouvernement d’union nationale, et après la nomination de Tiéman Coulibaly à  la diplomatie, le Premier ministre s’était démarqué de ce choix en maintenant ses anciens ministres des affaires étrangères et de la communication au sein du gouvernement comme des conseillers spéciaux. Des conseillers spéciaux qui l’accompagnent partout dans ses différentes missions en lieu et place de Tieman Coulibaly. Bruits de chaises et murmures en coulisses, l’exécutif malien ne montre décidément pas un front commun face aux maux de l’heure…

Mali: premières discussions directes entre pouvoir et groupes armés

Rendez-vous a été pris à  16H00 (locales et GMT) au palais présidentiel de Ouagadougou. Autour du président burkinabè Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), se retrouveront une délégation du gouvernement malien, conduite par le chef de la diplomatie Tiéman Coulibaly, et des émissaires d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes occupant le Nord malien, et de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Mais l’heure n’est pas encore à  des négociations de paix pour régler la crise dans le nord du Mali aux mains des islamistes qui en ont évincé en juin les rebelles du MNLA avec qui ils avaient mis en déroute l’armée malienne début 2012. Face à  une situation « critique », il s’agit pour l’instant de « trouver un cadre pour engager le processus de dialogue direct entre les parties », expliquait dimanche M. Compaoré. A la sortie d’un entretien lundi avec lui, le ministre malien des Affaires étrangères a également indiqué que la rencontre de mardi devait servir à  examiner « les possibilités d’amorcer un dialogue ». Il a surtout rappelé les lignes rouges fixées par Bamako à  toute négociation: respect de l’intégrité territoriale du Mali et du caractère laà¯c de l’Etat. Côté Ansar Dine, on se disait mardi prudemment prêt à  « écouter » les émissaires de Bamako. Ce mouvement essentiellement composé de Touareg maliens a, au moins dans son discours, fortement évolué sous la pression du Burkina et de l’Algérie, l’autre pays médiateur: il a dit renoncer à  imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, mais pas dans les zones sous son contrôle, et s’est déclaré prêt à  aider à  débarrasser le Nord du « terrorisme ». L’Afrique attend l’ONU pour un recours à  la force Il a ainsi pris ses distances avec les deux autres groupes islamistes contrôlant la zone, les jihadistes surtout étrangers d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avec qui il impose une version rigoriste de la charia. Marginalisé sur le terrain, le MNLA reste considéré comme un acteur-clé, d’autant qu’il a enterré sa revendication d’indépendance pour ne plus plaider que « l’autodétermination ». Sur cette base, « nous sommes aujourd’hui dans (une) disposition de négociation » avec Bamako, a indiqué à  l’AFP l’un de ses porte-parole, Moussa Ag Assarid. Les délicates discussions qui s’amorcent à  Ouagadougou ne font pas l’unanimité: certains acteurs politiques et de la société civile à  Bamako sont hostiles à  tout compromis. Mais si elles aboutissent, l’intervention militaire africaine actuellement en préparation devrait ne viser que les « terroristes », Aqmi et le Mujao. Les Nations unies doivent se prononcer en décembre. Après la Cédéao, le chef de l’Etat béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine, et le président tchadien Idriss Deby ont lancé mardi « un appel » à  l’ONU pour qu’elle autorise « d’urgence » le déploiement de cette force. Les dirigeants africains ont été très déçus par le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Tout en jugeant que la force serait « sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes » des groupes armés, il a averti des risques sur la situation humanitaire et les chances d’une solution politique. Quant à  Aqmi, il menace la France, qui soutiendrait logistiquement une opération armée, et ses alliés en Afrique. « Le Sahara sera un grand cimetière pour vos soldats », a lancé dans une vidéo son chef Abou Moussab Abdel Wadoud, alias Abdelmalek Droukdel, menaçant aussi la vie des sept Français otages dans la région.

Moussa Mara :  » Comment le Mali peut sortir gagnant des négociations ? »

A leur écrasante majorité, nos compatriotes sont hostiles à  toute négociation avec les forces occupantes du nord de notre pays. On les comprend, quand on sait à  quel point ceux qui se sont rebellés contre le Mali avaient été choyés par ce dernier. Quand on sait que ceux qui réclament à  cor et à  cri la charia sont bien éloignés de l’islam. Quand on sait que les terroristes et autres djihadistes n’ont pas d’agenda compatible avec celui d’un Etat moderne. Et surtout quand on sait le niveau de barbaries des exactions commises sur nos frères, sœurs, mères, pères, enfants…Mais nos compatriotes qui écoutent beaucoup leur C’œur en ce moment devraient se dire que la résolution de cette grave crise appelle de notre part une grande capacité de dépassement de nos douleurs légitimes, une bonne dose de patience et une profonde aptitude à  mettre la raison au dessus de la passion. Un adage de chez nous dit : «à  vouloir prendre immédiatement sa revanche après un coup, on risque un second coup » ou encore : «Â Le jour o๠on vous inflige une douleur n’est pas celui o๠il faut se rendre justice ». Nous devons apprendre la patience et nous organiser à  solder certains comptes plus tard. Nous devons apprendre la patience compte tenu de l’environnement international, de la réalité de nos forces et de l’inclinaison des grands de ce monde pour l’engagement de négociations pour accepter clairement de négocier le règlement du conflit. Accepter clairement d’aller aux négociations nécessite pour le Mali de se préparer afin d’en sortir vainqueur car les négociations sont aussi une confrontation o๠le mieux armé, le plus préparé, celui qui se donne les meilleurs atouts s’impose. Pour une fois, faisons en sorte que le Mali soit le vainqueur des négociations. Dans cette optique, nous devons nous doter d’une force efficace de négociation, nous fixer des objectifs précis à  atteindre pour dégager les moyens permettant d’y arriver et enfin nous organiser à  définir à  l’issue de ces négociations les contours du Mali de demain o๠vivront des populations dans l’harmonie, à  jamais débarrassé de toutes velléités de rébellion ! Nous doter d’une force de négociation ! Le Mali ne dispose pas encore de capacité de négociation. Nous nous bornons pour l’instant à  dire au médiateur ce que nous voulons et à  laisser ce dernier en tête à  tête avec certains groupes armés. Nous sommes absents de la scène, ce qui fait jouer au médiateur un rôle plus significatif que ce qu’il doit traditionnellement faire. Il faut sortir de cette situation le plus rapidement possible, en tout cas avant la fin de l’année 2012. La force de négociation de notre pays doit comporter deux caractéristiques : une reflétant la diversité des populations du pays et une autre comportant les compétences techniques appropriées pour ce genre d’exercice. Nous devons intégrer dans les discussions les communautés à  travers leurs leaders, les autorités religieuses et la diaspora pour sortir du «tête à  tête» avec certains acteurs, souvent les mêmes depuis vingt ans. Cela favorisera une plus grande appropriation populaire de futurs accords, décloisonnera quelque peu les communautés et les libérera de l’emprise de certains leaders n’ayant rien à  envier aux responsables féodaux du moyen âge en Europe. Le Président Modibo KEITA a souligné cet aspect dans une de ses interventions concernant le nord, la pertinence de ces propos demeure d’actualité près de cinquante ans après ! La force de négociation du Mali doit refléter les diversités ethniques du Nord. Il est même souhaitable que le responsable de l’équipe des négociateurs soit un représentant du Nord et si possible de la communauté touarègue. l’équipe de négociateurs de l’Etat doit également être suffisamment compétente pour mener à  bien les discussions avec des chances sérieuses de réussite. Elle doit être composite c’est-à -dire contenir des politiques, des administrateurs territoriaux, des historiens et des géographes, des hommes de culture et des traditionalistes, des spécialistes de la décentralisation et des reformes publiques, des experts des questions de ressources publiques et de finances publiques, des spécialités en matière de fonction publique et d’agents publics, des experts de reforme territoriale en particulier de processus ayant conduit à  la définition de statuts particuliers de zones en Afrique ou ailleurs, des spécialistes de droit public international, des experts des questions de répartition des revenus miniers, des spécialistes des questions de sécurité …. l’équipe doit travailler avec les objectifs énoncés ci dessous afin d’aboutir à  des accords évitant au pays des troubles ultérieurs. Nous devons mettre en place la structure de négociation à  l’occasion des assises nationales. Si ces dernières ne devaient pas se tenir, il est souhaitable que le chef de l’Etat en étroite concertation avec le gouvernement et les autres autorités publiques, mette en place cette structure qui devrait fonctionner comme une administration de mission, dotée des moyens nécessaires et rattachée à  la Présidence de la République. Les textes préciseront ainsi son organisation et ses modalités de fonctionnement afin qu’elle puisse être fonctionnelle d’ici la fin de l’année 2012. Elle travaillera en collaboration avec les autorités nationales et les éventuels accords à  conclure seront soumis à  celles-ci pour endossement et partage avec les différentes composantes de la nation. Nous doter d’une feuille de route de négociation ! l’équipe de négociation seule ne suffit pas à  sortir vainqueur de l’exercice. Nous devons nous fixer des objectifs, définir des moyens pour les atteindre et nous organiser en fonction de ceux-ci. Au préalable il convient de tracer des lignes rouges à  la négociation, lignes rouges à  ne jamais franchir pour ne pas tomber dans les mêmes errements que par le passé. Ces lignes rouges sont nettement plus importantes que les interlocuteurs pendant les négociations. Qu’importe celui qui est en face si nous obtenons ce que nous cherchons ! Les lignes rouges sont des éléments qui ne peuvent être discutés car substantiels d’un Etat responsable. Il convient de les noter pour ne jamais les remettre en cause ni de manière formelle ni par allusion. La laà¯cité de l’Etat est inscrite dans notre constitution et elle trouve son fondement dans la laà¯cité de la société malienne. Elle ne saurait être remise en cause ni globalement ni partiellement. Cela doit être clair et clairement indiqué. Le pouvoir central portant sur les aspects régaliens de l’Etat ne peut faire l’objet de négociation, aucune parcelle de cette autorité ne doit faire l’objet de transfert. C’’est le cas notamment de toutes les administrations régaliennes comme les affaires étrangères, la défense nationale, la sécurité nationale, la politique financière nationale et la justice. C’’est également le cas de la fonction publique nationale avec un même dispositif de gestion des agents publics quelque soit leur lieu de service ou le niveau d’exécution de leurs activités ou encore le niveau de paiement de leur rémunération. Le territoire ne sera évidemment pas un sujet de discussion. l’intégrité de notre territoire est un déterminant de notre indépendance nationale et de notre souveraineté internationale. Il en est de même du drapeau national et de l’hymne de la République. Au niveau des forces armées et de sécurité, leur déploiement sur l’ensemble du territoire national ne doit pas être négocié. C’’est un facteur de stabilité et un déterminant de souveraineté. Leur déploiement doit répondre à  des impératifs de sécurité intérieure, de défense nationale et de respect des engagements internationaux. Il ne doit en aucun moment être la traduction d’ententes politiques. Il en est de mêmes des forces de sécurité et des organisations paramilitaires de sécurité (gardes, forestiers, douaniers, protection civile…). Il peut être envisagé une police municipale, locale ou régionale pour des fonctions d’ordre civile ou de sécurité de niveau primaire. Cela peut être envisagé pour tout le pays donc pour le nord également. Nous devons aussi aborder les négociations avec l’objectif de ne pas répéter les mêmes erreurs que par le passé afin de jeter les bases d’une entente éventuelle qui évitera au pays les travers passés. Il ne faut plus constituer d’unités ethniquement homogènes dans l’armée ou dans d’autres corps de défense ou de sécurité. Dans la même veine, il n’est plus acceptable qu’une recrue décide de son lieu de service. Partout sur le territoire, un agent public doit pouvoir être déployé. Partout sur le territoire un citoyen doit se sentir chez lui. Encourageons la mobilité et la mixité pour accroà®tre l’intégration sociale du pays ! Toute recrue dans la fonction publique doit se faire au mérite. C’’est encore plus vrai pour l’armée et les forces de sécurité. A l’inverse toute mutinerie, toute rébellion d’un élément des forces de sécurité doivent entraà®ner sa radiation irrévocable des effectifs. Des mesures de désarmement, démobilisation et de réinsertion peuvent être envisagées mais pas la réintégration sous les drapeaux ! l’Etat doit avoir des sanctuaires et la défense et la sécurité en sont les premiers. Dans le même état d’esprit, toute faveur donnée, tout droit conféré doit avoir sa contrepartie. Il ne faut plus jamais donner l’impression aux rebelles qu’ils sont dans leurs droits en demandant tout et n’importe quoi sans contrepartie. Essayons de fixer des contreparties en termes d’efforts, de performances, d’actes à  poser allant dans le sens du renforcement du tissu social, de la lutte contre l’insécurité, de la génération de revenus…Ces actes de contrepartie sont à  quantifier de même que seront quantifiés tous les engagements de l’Etat pour faciliter les évaluations et les rectifications éventuelles. Nous devons enfin négocier avec l’objectif d’obtenir la justice pour toutes les exactions commises pendant ces périodes de trouble. Il faut penser évidemment aux soldats suppliciés d’Aguel HOC, aux viols commis sur des innocents et à  toutes les autres exactions quelques soient leurs auteurs. La réconciliation nationale, la reconstruction du tissu social et le rétablissement du vivre ensemble nécessitent aussi que la justice passe. Nous ne devons pas oublier cela. Si ces objectifs sont acquis à  la suite des négociations, le Mali peut s’estimer heureux. A contrario, si on cède sur l’un de ces éléments significatifs, on établira le lit pour de futures confrontations ! Les contours du Mali de demain : un objectif de la négociation ! Il est impérieux que le Mali sorte de cette période avec un Etat renforcé par la justice et l’équité entre les maliens, qui bannit à  jamais la féodalité et les citoyens de seconde zone au service d’une poignée de malfaiteurs nuisibles et profiteurs. Nous pouvons y arriver si nous nous armons de courage et si nous évitons d’être obnubilés par la fin des hostilités à  tous les prix. Nous en avons les moyens comme nous disposons aujourd’hui d’un corpus juridique, avec le dispositif de décentralisation actuelle, pouvant servir de base à  une plus grande autonomie accordée aux régions du Nord. La véritable issue souhaitable de la négociation ne sera pas de respecter les lignes rouges. Elle sera l’entente de tous sur les fondements du Mali de demain qui consacrera un vivre ensemble harmonieux pour tous les citoyens avec pour chacun des droits et devoirs à  respecter par tous. Ce sont ces fondements que nous devons poser. Les règles de coexistence entre les communautés avec la systématisation du recours aux valeurs socio culturelles et traditionnelles, aux modes traditionnels de règlement des conflits, le recours à  toutes les légitimités traditionnelles et religieuses, une place significative aux élus dans ce processus sont à  fixer pour que les différentes communautés du nord se parlent et travaillent à  l’établissement des contours d’une vie harmonieuse entre elles. Il est indispensable de fixer les grands axes qui délimiteront ce cadre de restauration des tissus sociaux au nord du Mali. Sur le plan institutionnel et politique, nous pouvons travailler à  donner plus de marge de manœuvre aux régions du nord avec un approfondissement de la décentralisation et de l’organisation des pouvoirs : un exécutif régional fort, choisi à  travers des élections pour mettre en place une assemblée régionale et un Président en charge du développement et de certains sujets complexes ou transférés par l’Etat (infrastructures, économie, énergie, enseignement supérieur…), en application du pacte national. Les communes et les cercles peuvent avoir de nouveaux domaines de compétences. Les régions collaboreront avec l’Etat dans la mise en œuvre de toutes les politiques sectorielles avec la prédominance de la règle de subsidiarité. Ce que l’Etat central peut mieux faire, il le conduit, ce que la région peut mieux faire, elle le conduit avec les ressources appropriées. Il peut également être envisagé l’accroissement de la marge de manœuvre des trois régions du nord avec un approfondissement de la répartition des ressources minières et minérales présentes et futures et donc une plus grande responsabilité en matière d’infrastructures et d’équipement. Pour les ressources présentes par exemple, on pourrait accepter un transfert avec une contrepartie et donner à  la région des chances d’accroà®tre les ressources à  son seul avantage, pour les ressources futures on pourrait accorder 50% des revenus nets à  la région avec des obligations en contrepartie. Il est envisageable de faire bénéficier les autres régions de ces reformes qui pourront se traduire soit par une modification de nos législations soit par la signature de contrats de plan entre l’Etat central et les régions dans la mise en œuvre des activités de transfert. l’Etat pourrait ainsi s’engager dans un transfert plus significatif avec une coresponsabilisation des régions, en particulier celles du nord. Ce transfert se traduirait par quelques innovations sur une période d’environ quinze ans (cinq ans pour le nord) : par exemple affectation du tiers des ressources du fond de péréquation au Nord (5 milliards de FCFA chaque année), Idem pour le fond d’investissement des collectivités (6 milliards de FCFA), transfert de tous les projets du Budget spécial des investissements destinés aux régions du nord sous l’égide des assemblées régionales (au moins 20 milliards de FCFA par an), accroissement des marges de manœuvre en matière de taxation (de niveau local et de niveau national) pour favoriser les initiatives dans ce domaine, adapter la fiscalité aux réalités locales avec un renforcement des capacités des administrations locales, transfert de certains impôts et taxes de niveau national et/ou de certains droits de douane pour permettre d’accroà®tre les marges de manœuvres des régions en rapport avec les transferts de compétences, accroà®tre les relations entre les établissements financiers et les collectivités pour favoriser le financement des activités. Nous pouvons également envisager des relations directes entre les partenaires techniques et financiers et les collectivités térritoriales, l’instauration de la possibilité des collectivités à  s’adresser directement aux bailleurs de fonds…Les possibilités existent. Il faut les mettre en œuvre et transférer aux responsables locaux le devoir de réaliser les conditions d’un mieux être pour les populations. Si on arrive à  approfondir la décentralisation au point de transférer aux collectivités de véritables moyens de réaliser leur essor, nous créerons une opportunité d’ancrage démocratique et d’édification d’un leadership plus sain dans ces zones et au-delà . Personne ne pourrait ainsi accuser l’Etat central de tous les maux. Il suffirait simplement de s’organiser pour accéder démocratiquement au pouvoir local et de travailler à  la réalisation de ses ambitions ! Le Mali a l’occasion de transformer la crise actuelle en opportunité pour sa démocratie, la crédibilité de son Etat, le renforcement de son armée, l’intégration de sa société et l’essor de son modèle social tant vanté ailleurs. Au tissu social fragmenté d’aujourd’hui pourrait succéder une société multiethnique, laà¯que, ouverte au monde mais fortement ancrée dans sa culture et ses traditions. A l’environnement actuel caractérisé par la prolifération de tous les trafics et de tous les comportements malsains pourrait se substituer un espace de convivialité, de paix et d’entente ou la sécurité est réelle, car ses premiers remparts sont les citoyens qui par leur attitude et leur aptitudes combattront fermement tout comportement fractionnaire et négatif. Nous avons l’occasion de réaliser cela. Par notre ferme résolution à  faire triompher la justice, l’équité, l’esprit de sacrifice, le goût de l’effort et par notre capacité à  régler nos désagréments quotidiens sans remettre en cause nos intérêts à  long terme ! Nous pouvons y arriver au terme des négociations qui sont annoncées, si nous avons l’intelligence nécessaire et l’engagement suffisant pour nous organiser vers ce but. C’’est ainsi que le Mali sortira gagnant des prochaines discussions, non pas contre des maliens mais pour nous tous ! Moussa MARA moussamara@moussamara.com

L’Algérie soutient l’idée d’une intervention militaire au Mali

Au lendemain de la visite de la secrétaire d’à‰tat américaine Hillary Clinton à  Alger, lundi 29 octobre, la participation de l’Algérie à  « la planification militaire » de l’intervention de la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans le nord du Mali semble acquise. Plusieurs sources concordantes l’affirmaient mardi 30 octobre à  Alger : « Les discussions entre le président Bouteflika et Mme Clinton ont plus porté sur les modalités de la participation algérienne que sur son principe », affirme ainsi un proche du ministère des affaires étrangères. Concrètement, « il n’y aura pas de soldats algériens sur le sol malien, pas plus que de soldats français ou américains. Mais l’ANP (l’armée algérienne) sera associée à  la programmation des opérations militaires pour reconquérir le Nord-Mali. » des engagements « contre le terrorisme » Cette visite de la secrétaire d’à‰tat américaine aurait ainsi permis une clarification de la position algérienne. Jusqu’à  maintenant, Alger n’était pas favorable à  une intervention étrangère. Pour l’obtenir, Hillary Clinton a combiné flatteries de « la puissance militaire » et diplomatique de l’Algérie et rappels de ses engagements vis-à -vis de la communauté internationale « contre le terrorisme » . « Le président Bouteflika a longuement expliqué à  Mme Clinton que la solution ne pouvait pas être strictement militaire. l’écoute de Washington est apparue plus sérieuse que celle de Paris », souligne la même source. l’Algérie revendique plus de temps, afin, d’une part, de remettre sur pied l’armée malienne et, d’autre part, d’obtenir une évolution favorable dans les alliances sur le terrain dans le nord du Mali. Alger veut détacher la principale faction des insurgés, Ansar Eddine, de « ses alliés terroristes » . la diplomatie algérienne a été prise de cours dans la région La radicalisation salafiste, au début de l’année, de Iyad Ghaly, le chef du groupe touareg Ansar Eddine, avait marginalisé la faction laà¯que des indépendantistes du Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) et pris de cours la diplomatie algérienne dans la région. Mais celle-ci refuse encore d’admettre qu’Ansar Eddine ne peut plus faire partie de la solution dans le nord du Mali. Paris, à  l’inverse, assimile ce groupe aux autres organisations salafistes classées « terroristes » dans la région : Aqmi et le Mujao. Personne ne dit, à  Alger, si Abdelaziz Bouteflika a convaincu Hillary Clinton d’attendre encore que ses services « retournent » le leader Targui, devenu islamiste radical après un passage dans les années 1990 comme vice-consul du Mali en Arabie saoudite. En attendant, des experts africains, y compris Algériens, européens et onusiens, se réunissaient à  Bamako, mardi 30 octobre, pour mettre au point le « concept d’opération » d’une intervention armée dans le nord du Mali. Amine KADI, à  Alger

Nord Mali : Alger négocie avec les islamistes

«Il y a urgence à  trouver une solution pour empêcher une intervention militaire dans le nord du Mali. Nous devons absolument convaincre toutes les factions sur le terrain de rompre les liens avec les terroristes d’Aqmi et du Mujao.» à€ en croire une source proche des négociations, c’est en recevant en secret une nouvelle délégation d’Ansar Dine qu’Alger essaie de trouver au plus vite une issue politique à  la crise au ­Sahel. Les tractations avec le mouvement islamiste touareg, qui ont commencé depuis le rapt des diplomates algériens à  Gao en avril dernier, visent «à  unir les différents courants d’Ansar Dine»: la faction la plus radicale – et la plus influente – qui ne reconnaà®t pas Aqmi comme un groupe terroriste, la frange plus souple, qui souhaite faire du Mali un émirat islamique mais pourrait se démarquer d’al-Qaida, et le courant composé essentiellement d’anciens du MNLA qui veulent privilégier l’autonomie de l’Azawad. «Voilà  pourquoi cette délégation était menée par Tena Ould Ahmed (le père spirituel d’Iyad ag Ghali, chef d’Ansar Dine), tenant de l’aile dure, et Amada ag Bibi, plus modéré», explique un proche du mouvement. Des pourparlers qui ne sont pas du goût de Bamako, o๠le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a appelé samedi les Occidentaux à  envoyer avions et forces spéciales au nord du pays. «Nous ne reconnaissons pas ce type de rencontre informelle, commente . Le Mali compte exclusivement sur une résolution des Nations unies pour envoyer les 3300 hommes de la Cédéao qui se tiennent prêts. L’Algérie cherche à  protéger ses hommes, quitte à  sacrifier la population malienne. Elle ne doit pas se sentir obligée de s’impliquer dans une opération militaire, le Mali ne lui demande rien.» Partenariat américano-algérien Sur un autre front, les Algériens soignent leurs relations avec les pays acquis à  leur cause. Le ministre nigérien de la Défense, Mahamadou Karidiou, reçu par le président Bouteflika la semaine dernière a rappelé la «convergence de vues» entre les deux pays. Autres partenaires privilégiés, les Américains… même si leurs déclarations se contredisent parfois. Alors que le général Carter F. Ham, haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom) affirmait dimanche à  Alger que «la situation dans le nord du Mali ne peut être réglée que de manière diplomatique ou politique», le plus haut responsable de l’Afrique au département d’à‰tat américain, Johnnie Carson déclarait hier que les à‰tats-Unis «seraient prêts à  soutenir une intervention armée bien préparée, bien organisée, bien pourvue, bien pensée et agréée par ceux qui seront directement concernés». Les à‰tats-Unis semblent en fait garder deux fers au feu. Ils devraient soutenir au Conseil de sécurité des Nations unies le principe d’une intervention armée internationale aussi large que possible, mais tiennent à  s’assurer des conditions dans lesquelles elle pourrait se dérouler. Attendus le 19 octobre à  Washington pour la première session de dialogue Algérie-à‰tats-Unis, les Algériens martèlent qu’une telle opération serait «vouée à  l’échec». «Jeter quelque 3000 hommes dans un théâtre d’opérations de plus de 8000 kilomètres carrés serait insignifiant, s’emporte un haut gradé algérien. De plus, l’ennemi, invisible et insaisissable, mènera une guerre d’usure qu’il gagnera à  coup sûr contre une formation militaire telle que la pense la Cédéao, qui ne connaà®t pas, non plus, le terrain saharien. Enfin, les groupes armés s’appuieront sur la population locale, des Touaregs, pour qui une armée africaine équivaut à  une force d’occupation étrangère.»

Ansar Dine : la charia toujours sous le manteau

Après avoir rencontré le 9 juin une délégation de rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pour des négociations de paix, Blaise Compaoré a reçu des émissaires d’Iyad Ag Ghaly à  Ouagadougou. Dès lors, beaucoup se demandent ce que la médiation peut bien négocier avec les islamistes qui occupent les trois régions du nord du Mali. l’objectif d’Ansar Dine est clair : islamiser le Mali. Dans une interview accordée à  notre confrère de l’Essor, Iyad Ag Ghaly déclarait : «Â Nous sommes tous Maliens et nous sommes contre la division du Mali ». Au nord pourtant, de nombreux citoyens ne partagent pas l’idée de vivre selon la charia et l’ont fait savoir à  travers des manifestations populaires notamment à  Kidal le 5 juin. La menace AQMI Autre écueil. La présence d’AQMI dans la zone. La médiation burkinabè a demandé à  l’organisation de rompre avec les « terroristes » d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). « Nous acceptons la médiation du Burkina Faso, nous empruntons la voie de cette négociation », a répondu Cheick Ag Wissa, porte-parole d’une délégation d’Ansar Dine en tamasheq (langue touareg). Pour les autorités burkinabè, le groupe islamiste, qui veut imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali reste en position de force dans le Nord, mais doit « clarifier (ses) positions ». «Â En tout état de cause, nous avons le devoir de nous acheminer tous ensemble vers une solution globale négociée de paix », a insisté Djibril Bassolé, ministre des Affaires étrangères du Faso. Pour Farouk Ag Issa, ressortissant de Kidal, ce comportement est assimilable à  un retour de manivelle qui cache mal la précarité qui pourrait gagner l’organisation islamiste. La rupture avec AQMI et l’alliance ratée avec le MNLA, pourrait affaiblir Ansar Dine, sur le plan de l’occupation du territoire et de la mobilité des troupes. Or témoigne, un ressortissant du nord, le groupe recrute dans ses rangs de jeunes nordistes et les forme à  l’art de la guerre. Ansar Dine peut-il réellement se passer d’AQMI, qui connaà®t bien le désert pou y avoir opéré durant de longues années etorchestré de nombreux enlèvements d’occidentaux ? Si la délégation d’Ansar Dine a manifesté sa volonté à  s’engager dans la voie d’une solution politique négociée, son idéal d’islamiser le Mali reste un problème. Le principe de laà¯cité, consacré par la Constitution malienne, ne pouvant pas faire l’objet de concessions.

Durban joue les prolongations

Les ministres et délégués de près de 200 pays jouaient les prolongations, vendredi 9 décembre au soir, à  Durban (Afrique du Sud), pour arracher un accord redonnant du souffle et un calendrier à  la lutte contre le changement climatique. Entamées le 28 novembre, les négociations marathon, largement éclipsées par la crise de l’euro, devaient se poursuivre toute la nuit et très probablement samedi dans la journée. Un projet de texte, âprement discuté derrière des portes closes, évoquant un « cadre légal applicable à  tous » après 2020, a suscité de vives réactions, en particulier chez les pays les plus vulnérables face à  la montée du thermomètre. « Il est difficile pour nous d’accepter un nouveau processus qui s’achèvera en 2015 et qui ne sera pas opérationnel avant 2020 au plus tôt ! », a réagi Karl Hood, au nom des petits Etats insulaires, directement menacés par la montée du niveau des océans. Un échec pourrait sonner le glas du protocole de Kyoto, seul traité juridiquement contraignant sur le climat, dont la première période d’engagement s’achève fin 2012 et qui revêt une forte charge symbolique pour les pays en développement. Son effondrement serait un signal très négatif deux ans après le psychodrame du sommet de Copenhague. La méfiance est à  son comble Pour Sunita Narain, qui dirige le Centre for Science and Environment, ONG indienne basé à  New Dehli, « Cette conférence montre vraiment que la méfiance est à  son comble : entre les riches et les pauvres, entre l’UE et les BRICS [groupe des pays émergents qui regroupe le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine], entre les Africains et l’UE, entre toutes les parties. » La question du degré d’ambition des actions annoncées par les différents pays pour limiter ou réduire leurs émissions de gaz à  effet de serre (GES) est également au C’œur des débats. Pour l’heure, elles sont loin de répondre à  l’objectif, affiché à  Copenhague en 2009 et réaffirmée à  Cancun l’an dernier, de limiter à  2 °C la hausse de la température du globe. La volonté des Européens est d’esquisser un nouveau cadre qui imposerait des objectifs de réduction de GES à  tous les pays du monde alors que Kyoto ne s’applique ni aux Etats-Unis, qui ne l’ont jamais ratifié, ni aux grands émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. L’Inde a exprimé des réticences et les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler à  ce stade d’un « accord juridiquement contraignant ». La position de la Chine restait quant à  elle difficile à  décrypter. « La Chine a soufflé le chaud et le froid. Si elle jetait tout son poids derrière la proposition européenne, cela mettrait la pression sur les Etats-Unis », estimait Thomas Spencer, de l’Institut du développement durable et des relations internationales, à  Paris. Faute d’accord sur une « feuille de route », l’Europe menace de ne pas reprendre d’engagements dans le cadre de Kyoto, ce qui viderait de son contenu ce traité emblématique signé en 1997 au Japon. « Tous les pays, petits comme grands, ont besoin d’être écoutés », a souligné la ministre des affaires étrangères sud-africaine, Maite Nkoana-Mashabane, actrice clé des dernières heures de négociations en tant que présidente de la conférence qui a rassemblé quelque 130 ministres et qui pourrait se prolonger jusqu’à  samedi.

Dernier virage à Durban

Les nuis blanches s’enchainent pour les negociateurs sur qui le monde entier a les yeux braqués depuis le 28 novembre dernier. A Durban, les ultimes tractations se deroulent dans un climat de suspicion entre les differents groups presents. 200 pays participent à  cette rencontre qui est quaiment celle de la derniere chance pour la suite à  donner au Protocole de Kyoto, seul instrument juridique contraignant qui existe en ce qui concerne les réductions des émissions responsables du réchauffement climatique. Pour le moment et à  moins de 24 heures de la fin officielle du sommet, ce sont les Americains qui sont montrés du doigt, eux qui ne semblent guere decidés à  se joindre au Protocole qu’ils n’ont d’ailleurs pas signé. Or, il ne saurait être question aujourd’hui de donner une suite à  ce protocole sans l’engagement de grandes puissances que sont la Chine et les Etats Unis d’Amerique. La communauté internationale s’est fixée comme objectif de limiter la hausse de la température mondiale à  +2°C. Les promesses de reduction faites par les pays ne permettent pas d’atteindre cet objectif, qui pourrait meme s’averer insuffisant selon de nombreux scientifiques. Il s’agit donc non pas d’obtenir de nouvelles promesses, mais de faire en sorte que les pays-parties tiennent les engagements déja pris et se mettent dans la dynamique d’une seconde periode d’engagement(post 2012). l’Union Europeenne et les pays africains se sont déja annoncés comme partants pour un second round de Kyoto. L’UE martèle cependant que cela ne peut être qu’une solution transitoire et qu’elle ne le fera que si elle a l’assurance, dès Durban, que les autres la rejoindront plus tard dans un nouvel accord global juridiquement contraignant. [ b Espoir d’avancées] Ce jeudi, les Etats Unis réticents sur le point de Kyoto 2 ont tenté de donner de gages de bonne volonté sans toutefois convaincre les ONG. »Il est complètement erroné de dire que les Etats-Unis proposent de retarder l’action jusqu’à  2020″, a déclaré le représentant américain Todd Stern. Soulignant que les Etats-Unis « soutenaient » l’idée d’une « feuille de route » défendue par l’Europe depuis des mois, il s’est cependant gardé de donner plus de précisions. Mais tous à  Durban semblent déja se preparer à  un accord a minima. Les USA ayant categoriquement rejette l’idée d’un accord juridiquement contraignant, les discussions s’orientent vers la recherche d’une formule moins forte qui permettrait, malgré tout, d’engager tout les pays du monde vers un cadre global. l’un des points qui suscite le plus d’espoir est le Fonds vert qui a pour objectif d’aider les pays en développement à  faire face aux conséquences de la hausse du thermomètre mondial. »D’ici la fin de la semaine, le Fonds vert devrait être opérationnel », estimait le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg. Toutefois, ajoutait-il aussitôt, « cela ne sert à  rien d’avoir un fonds s’il n’est pas alimenté ! », rappelant que l’engagement pris à  Copenhague était d’aboutir à  100 milliards de dollars par an à  compter de 2020. Les negociateurs africains quant à  eux affichent un optimisme à  toute épreuve. « Il y a de grandes chances pour que cette Conférence soit un succès » et le Protocole de Kyoto ne doit pas mourir en Afrique, a déclaré Tosi Mpanu-Mpanu, président du Groupe des négociateurs africains, lors d’une conférence de presse. Ce 8 decembre etait “Jour de l’Afrique” à  la COP17. Le Premier Ministre ethiopien Meles Zenawi, président du Groupe des Chets d’Etats sur les Changements Climatiques, le Président de la Commission de l’Union Africaine, Jean Ping et de nombreuses autres personnalités du continent ont animé une conférence au Pavillon Africain. Tous ont mis l’accent sur la nécessité pour le continent d’investir dans une “révolution industrielle verte”. l’Afrique, selon eux, ne doit pas reproduire les schemas utilisés en Occident mais doit penser son développement en s’adaptant au changement climatique. “Nous pouvons compter sur le dynamisme , l’esprit d’innovation des africains. A présent, il faut que suive la volonté politique sans laquelle rien ne peut reussir de manière pérenne” a declaré M. Zenawi.

Les 5 piliers de la position africaine

Un accord multilatéral qui respecte les principes de la Convention et prend en compte le contenu et les ambitions du plan d’action de Bali. Un second round pour le Protocole de Kyoto basé sur les nouvelles données scientifiques disponibles. Il est nécessaire que les pays développés qui ne sont pas partie au Protocole (Etats Unis d’Amérique) fassent des efforts conséquents pour éviter qu’un vide juridique ne s’installe à  la date d’échéance du protocole qui est le 31 décembre 2012. Un accord sur les sources de financement à  long terme à  partir de 2013, avec des procédures d’accès simplifiées. Il faut la mise en place d’un processus pour déterminer les niveaux de financement nécessaire pour la mise en œuvre de la Convention l’opérationnalisation complète des résultats de Cancun. La COP16 en 2010 avait produit un certain nombre de résolutions qui peinent encore à  être mise en œuvre. Les pays africains veulent qu’à  Durban, le Fonds Vert soit une réalité dans le sens des premiers financements qui ont été attribués à  des projets d’urgence en faveur de l’adaptation. Par exemple, A Cancun, « il a été question de réduction de l’augmentation à  2° d’ici 2020. Si ce n’est pas fait, on court à  la catastrophe » selon Syni Nafo, porte parole du Groupe Africain. Imaginer la température augmentant à  plus de 4°, qu’adviendrait-il de l’agriculture ? l’agriculture doit être prise en compte tant dans les négociations sur l’adaptation que de l’atténuation. Un accord sur un programme de travail sur l’adaptation pour l’établissement d’un mécanisme international sur les effets négatifs des changements climatiques dans les pays en développement. Les négociateurs africains ont transmis leurs conclusions du groupe Afrique qui défend un position commune et qui met l’accent sur la notion d’équité et de justice envers les plus pauvres qui ont besoin que ceux qui sont les responsables de la situation actuelle jouent leur partition dans la prise en charge des conséquences de leurs actes. Pour le moment, seule l’Union Européenne a clairement déclaré qu’elle s’engagerait pour un second round de Kyoto. Il y a en ce moment des discussions bilatérales en l’Afrique et l’UE à  Durban pour que les pays européens qui sont déjà  engagés au niveau national à  faire en sorte que cet engagement national soit un engagement sur la scène international à  travers la signature de Kyoto 2.

Cancun : Optimisme mesuré à l’entame des négociations sur le climat

l’après Copenhague Les représentants de 194 pays et des centaines d’ONG sont réunis depuis le 29 novembre dernier au chevet de la planète à  Cancun. A l’évidence, cette 16è Conférence des parties à  la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP) n’a rien à  voir avec la 15è qui a eu lieu à  Copenhague en 2009, en terme de battage médiatique. l’année dernière, les médias avaient réussi à  mobiliser l’opinion mondiale en faveur du climat en soulignant l’urgence des mesures pour réduire les émissions de gaz à  effet de serre et pour financer les projets d’atténuation et transférer des technologies d’adaptation aux effets des changements climatiques en faveur des pays en développement. La grosse montage de la mobilisation – 130 chefs d’Etat et de gouvernement et pas des moindres comme Barack Obama ont fait le déplacement de Copenhague – a accouché d’une petite souris en terme d’accord. Le document final adopté à  l’arraché dans la capitale danoise n’a aucun caractère contraignant pour les gros pollueurs qui sont aussi ceux qui doivent mettre la main à  la poche pour aider les pays pauvres. Les promesses n’ont pas été tenues Même l’annonce apparemment alléchante d’un fonds de 30 milliards de dollars de 2010 à  2012, ainsi que du Fonds vert de Copenhague de 100 milliards de dollars par an de 2013 à  2020, n’a pas permis d’atténuer la déception. Les faits semblent donner raison aux sceptiques qui ont évoqué un simple effet d’annonce pour sauver les meubles de Copenhague. A présent, rien n’est mis en place quant aux 30 milliards à  mobiliser de 2010 à  2012. Même si selon les négociateurs, des avancées ont été enregistrées depuis Copenhague sur le financement et le transfert de technologie. Il importe de préciser qu’après le fiasco de Copenhague, les négociations dites intermédiaires se sont poursuivies tout le long de l’année 2010 dans diverses rencontres pour minimiser les points d’achoppement. Dans ce cadre, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Tiémoko Sangaré a participé à  une consultation ministérielle informelle à  Genève en octobre dernier en tant que président de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement. Birama Diarra, un des négociateurs maliens présents à  Cancun, assure qu’un accord est possible dans la station balnéaire mexicaine en ce qui concerne la tutelle du fonds et le mode de gouvernance. « La tendance est à  la création d’un nouveau mécanisme différent du Fonds mondial de l’environnement (FEM) et de la Banque mondiale », précise-t-il. Pour la gouvernance du fonds rapide C’’est-à -dire les 30 milliards de dollars, l’on s’achemine vers un conseil d’administration avec une égale représentation des pays développés et des pays en développement. Il reste aussi à  définir la source qui alimentera le fonds. l’argent sera-t-il d’origine public ou privé ? La question fait encore l’objet de discussions. Enfin, l’engagement ? s’il y a une lueur d’espoir quant au financement, sur la question de la réduction des émissions de gaz à  effet de serre, les négociateurs ne cachent pas leur pessimisme. Après Copenhague, les annonces de réduction des émissions par les pays développés sont de 19% au lieu des 25 à  40 % recherchés à  Copenhague. Il n’y a rien qui laisse penser que les gros pollueurs en l’occurrence les Etats-Unis la Chine accepteront de se soumettre à  un accord juridiquement contraignant. Tout au long des négociations intermédiaires, la lumière a été faite sur le bras de fer opposant la Chine et les Etats-Unis sur le dossier de la réduction des émissions de gaz à  effet de serre. Quoique les déclarations de bonnes intentions des Américains confortent un peu l’espoir. « Je pense qu’à  court terme, il est assez envisageable et équitable de permettre aux pays en développement confrontés à  des difficultés de développement évidentes de continuer à  augmenter leurs émissions », Jeffrey Miotke, coordonnateur du bureau de l’envoyé spécial des à‰tats-Unis en matière de changements climatiques lors d’un forum en ligne organisé le 10 novembre par le département d’à‰tat. Pas de place à  l’échec Les Etats-Unis annoncent par la même occasion qu’ils sont prêts à  réduire, d’ici à  2020, la totalité de leurs émissions de 17 % par rapport aux niveaux de 2005 sur une base absolue – ce qui veut dire qu’ils obtiendront une réduction nette des émissions responsables de la hausse des températures mondiales. La Chine, de son côté, a déclaré qu’elle réduirait ses émissions par unité de PIB au maximum de 45 % d’ici à  2020. Inquiétant. Les experts assurent que les émissions de gaz à  effet de serre augmentent dans le monde. Une étude parue dans « Nature Geoscience » le 22 novembre 2010 révèle que les émissions dues aux charbon, gaz, pétrole ou fabrication du ciment ont généré 30,8 milliards de tonnes de gaz carbonique en 2009. La teneur de l’air en gaz carbonique a atteint 387 parties par million (ppm) en 2010. Depuis plus de 800.000 ans, cette teneur n’avait jamais dépassé 300 ppm. A l’entame des négociations de Cancun qui se poursuivront jusqu’au 10 décembre prochain, un échec total n’est pas envisagé par les participants. Car un fiasco entamerait le processus négociation dans le cadre Nations-Unis et ouvrirait la voix à  des pourparlers dans les enceintes plus restreintes du genre du G20 et du G77. Ce qui éloignerait encore plus un accord entre pays riches et pays pauvres. Dans ce cas, le tsunami de la mobilisation en faveur du climat se réduirait en clapotis, augmentant les dangers pour notre planète qui se dirige rapidement vers un réchauffement de +4% alors que les experts plaident pour une limitation du réchauffement à  1,5 %.