C’est parti pour Alger II

C’’est hier, lundi 1er septembre, que la seconde phase des pourparlers inclusifs inter maliens a commencé à  Alger, la capitale algérienne. Ces pourparlers réunissent autour d’une même table l’Etat malien et les groupuscules armés du nord du Mali, et doivent aboutir à  un accord définitif et global qui permettra au Mali de tourner la page de la crise l’ayant fortement ébranlé. Aussi interviennent-ils après la signature le 24 juillet dernier d’une feuille de route entre les parties concernées. A quelques jours de l’ouverture de cette seconde phase des négociations, les groupuscules armés se sont rencontrés à  Ouagadougou, oà¹, dans une déclaration finale datée du 29 août, ils ont uni leur voix pour demander qu’il soit conféré à  ce qu’ils appellent « l’Azawadord Mali », « un statut spécifique conforme à  ses réalités géographiques, économiques, sécuritaires, sociales et culturelles; ». Une demande qu’ils posent en lieu et place des revendications d’autonomie et d’indépendance, lesquelles avaient suscité une poussée de réactions négatives, surtout au sein de l’opinion publique nationale. Tandis que du côté des autorités maliennes, la tendance était plutôt à  la communication, à  la sensibilisation à  destination du peuple. A l’ouverture de ces négociations, hier à  Alger, le ministre malien des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop, a exprimé sa satisfaction de « la nouvelle dynamique imprimée à  l’élan unitaire des mouvements du Nord du Mali à  Ouagadougou. ». « Je vois là , devant moi, certains leaders qui n’étaient pas avec nous à  la phase initiale et qui ont courageusement décidé de nous rejoindre, ici à  Alger, pour sortir notre pays de l’ornière. Je les en félicite chaleureusement. », a dit le ministre. Pour le ministre Abdoulaye Diop, la sécurité et le développement du Mali sont une affaire que les Maliens eux-mêmes doivent prendre en main ; même s’il n’a pas aussi manqué de reconnaitre l’insuffisance des efforts consentis dans ce sens. A cela, selon le ministre, « il n’y a pas que la volonté des autorités qui soit en cause, il y a une responsabilité partagée dans la gouvernance passée qui nous oblige aujourd’hui à  nous nourrir de l’expérience du passé pour construire un avenir radieux. » Cela appelle, à  l’en croire, une réflexion, globale et intégrée, sur la formule institutionnelle favorisant le bien être des communautés, « réflexion sur les politiques institutionnelles actuelles en vue d’en tirer le meilleur dénominateur commun qui préserve l’intérêt suprême de notre Nation » A ses dires, les nouveaux schémas institutionnelles et sécuritaires qui seront issues de ses réflexions seront renforcés par des projets et programmes qui créent de « créent de la richesse et de l’emploi dans les terroirs, stimulent la croissance nationale et permettent un développement économique, social et culturel harmonieux de nos régions et de notre pays. » Il faut relever que l’enthousiasme qui anime le ministre Abdoulaye Diop n’est pas partagé par beaucoup dans l’opinion publique. Voire même dans la presse. Certains commentateurs disent même que ce n’est loin d’être une discussion profonde sur le Nord du Mali, car pour eux il y a un problème de légitimité qui se pose du côté des groupuscules armés. Ainsi pour le journaliste et écrivain Intagrist El Ansari, «ce que je peux dire sur les négociations, c’est qu’on ne peut pas prétendre discuter d’un problème, qui concerne des populations dans leur globalité, en excluant leurs plus légitimes représentants ! Donc pour, moi, de fait, le gouvernement, en excluant les notabilités traditionnelles et anciennes, assimile systématiquement « Tous les Touaregs » aux groupes armés, ce qui est un non sens, puisqu’il (l’état) a toujours mis en avant l’argument selon lequel les rebelles ne représentent pas tous les Touaregs ».

L’OSCA veut un dialogue 100% inclusif

l’Organisation des Sociétés Civiles de l’Azawad(Osca), qui représente des réfugiés, des déplacés, des populations des régions du Nord Mali, la voix des autorités coutumières et traditionnelles de ces régions du septentrion malien, s’inquiète de la démarche partielle de la préparation des négociations, entamée jeudi 13 février 2014, par les autorités maliennes, sous le parrainage de Bert Koenders, le représentant spécial de l’ONU au Mali. Si nous saluons vivement, le retour à  la table des négociations, des belligérants armés, (groupes armés du Nord, et l’à‰tat malien), pour la poursuite d’une recherche de paix durable, les rencontres préparatoires en cours, en ce moment, ne tiennent cependant pas compte, de l’article 21, de l’Accord de Ouagadougou, qui mentionnait : « le nouveau gouvernement du Mali, entamera, avec l’accompagnement de la communauté internationale, des pourparlers de paix avec toutes les communautés du nord, les signataires ainsi que les groupes armés ayant adhéré au présent accord en vue d’aboutir à  l’établissement d’une paix globale et définitive », « Ce dialogue inclusif » porterait, entre autres, sur les questions suivantes : – l’organisation administrative et institutionnelle du Mali, en particulier les régions du nord du Mali désignées par certains sous le terme Azawad ; – l’amélioration de la gouvernance administrative, économique et politique ; – la protection et la promotion des droits de l’Homme au Mali ; – la justice et la réconciliation. Or, « la feuille de route de sortie de crise » élaborée par le ministère de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du nord, fixant les éléments du calendrier pour la suite des négociations, ne mentionne à  aucun moment, de manières précise et pertinente, les points cruciaux mentionnés ci-dessus, dans les thèmes des discussions, prévus par l’agenda de cette feuille. Deuxièmement, la mise en œuvre, de cette « feuille de route de sortie de crise », consultée et divulguée par la presse internationale, omet, (volontairement ?), l’implication des représentants, de certaines communautés, pourtant, éligibles au dialogue inclusif, car acteurs «des sociétés civiles», «représentants de communautés du nord» et «forces vives des trois régions du Nord», mentionnées, noir sur blanc, dans les parties III et V de ladite feuille de route. Nous ne pourrons, de fait, plus parler de dialogue inclusif, et de solutions viables pour tous, si les représentants d’environ 80% des populations, notamment de la région de Tombouctou, sont écartés des pourparlers en cours. Avaient-ils eu tort, de n’avoir pas pris les armes contre leur pays ? Ou de l’avoir, au contraire défendu ? Sont-ils écartés voire ignorés pour leur pacifisme ? Pour le bien, et pour l’avenir de ce pays, nous dénonçons avec la plus grande énergie, la gestion, inappropriée, parfois clanique, voire familiale, ou issue du copinage ou des relations d’intérêts, qui s’opère, dans le choix des interlocuteurs du nord, pour discuter d’un problème aussi grave qu’est la crise cyclique que connaà®t le Mali, et dont nos populations innocentes souffrent affreusement. Nous nous étonnons, par exemple, que «l’Organisation des Sociétés Civiles de l’Azawad » mobilisatrice des masses, depuis 2012, contre les groupes armés, groupuscules terroristes et djihadistes, opérants dans le Nord-Mali ; pionnière pour le plaidoyer, du dialogue inclusif, (C’’est-a-dire incluant toutes les sociétés civiles, ainsi que les représentants traditionnels et coutumiers de toutes les communautés du Nord-Mali), comme seule voie possible pour poser, pertinemment, le problème récurrent au Nord-Mali, et y trouver des solutions, adéquates, consensuelles et définitives, ne soit ni impliquée, ni même informée du déroulement du processus en cours et à  venir. Alors que tant de citoyens sont représentés par notre organisation. Nous tenons à  la rappeler : l’équilibre du Mali ne pourra être retrouvé durablement qu’avec l’implication de tous, sans exception, et en premier lieu, les chefs coutumiers qui tiennent les bases populaires et traditionnelles de toutes les régions maliennes. Comme nous le disions, dans nos précédentes communications : les pourparlers de paix doivent se poursuivre sous l’égide d’un conseil des sages. Nous interpellons les autorités maliennes, ainsi que la communauté internationale, afin qu’elles veillent scrupuleusement, dans la durée, à  la question de la justice et de la réparation, pour assurer une vie paisible entre les populations, particulièrement au nord, pour garantir la reconstruction d’un tissu social complètement déchiré par des crises répétitives. Enfin, nous tirons la sonnette d’alarme : il faut à  tout prix, éviter de rassembler, aujourd’hui,les ingrédients d’une future rébellion. En n’impliquant pas tous les acteurs concernés par le dialogue inclusif et en ne discutant pas des questions de fond, cela ne présagera rien de bon pour l’avenir du Mali. Bamako, le 14 Février 2014, « l’Organisation des Sociétés Civiles de l’Azawad », Le président, Abdoullahi Ag Mohamed El Maouloud

Rendez-vous raté pour l’ouverture de nouvelles négociations avec les groupes armés

Ce n’est pas à  Alger que les négociations maliennes vont pouvoir être relancées. Jeudi, le casting préparé par Alger n’était pas du goût de tous : les Algériens avaient invité entre autres des personnalités arabes, basées à  Bamako. Parmi elles, le nouveau député de Bourem, Ould Matali, présenté par nombre de ses frères arabes comme un des parrains du Mujao. Une présence que n’ont pas appréciée les instances du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) ni même le MNLA qui a ni plus ni moins claqué la porte de cette rencontre informelle d’Alger. Le MNLA est pourtant le premier, depuis des semaines, à  souhaiter une reprise des négociations avec Bamako. Il n’est pas le seul : officiellement, tout le monde s’émeut que ce soit la Minusma, la France, la Cédéao. Ils rappellent à  l’unisson la nécessité de réactiver l’engagement de l’accord de Ouagadougou signé par Bamako et par les groupes armés, en juin dernier Dans les faits, rien ne bouge et Bamako ne semble pas du tout pressé de relancer un processus, rejeté par une large majorité de son opinion publique. La partie malienne assure qu’elle ne discutera désormais qu’avec des groupes désarmés. La médiation lui répond que le désarmement est justement l’enjeu de ces négociations. Un jeu de dupe, très dangereux, qui pourrait faire les affaires de tous les extrémistes. L’ONU s’inquiète du manque d’avancées politique Le Conseil de sécurité de l’ONU constate l’absence de progrès au Mali. Sur le plan politique, les négociations sont au point mort et sur le plan militaire, la Minusma se déploie trop lentement, malgré l’arrivée du premier contingent chinois à  Gao. Ces 245 soldats chinois sont une addition bienvenue à  la force de l’ONU au Mali, car la Minusma est encore loin du compte. Sur les 11 200 casques bleus autorisés par le Conseil de sécurité, seule la moitié est effectivement sur place. Le déploiement des casques bleus accuse de sérieux retards. La Chine, le Salvador, les Pays-Bas ont promis des troupes, suffisamment, dit l’ONU, pour couvrir 90% des besoins, mais les délais s’allongent. Conséquence : les troupes françaises devront sans doute se retirer plus lentement que prévu. La situation n’est guère plus réjouissante sur le plan politique. Le Conseil de sécurité ne peut que constater l’absence de progrès dans les négociations entre Bamako et les Touaregs du Nord. Les diplomates onusiens pointent les réticences de Bamako à  engager le dialogue. Le représentant de l’ONU, Bert Koenders, parle d’un manque de confiance et de la nécessité pour chacun de prendre des mesures de bonne volonté.

Vers des Assises nationales du Nord

Le Mali organisera bientôt «des assises nationales du Nord», discussions destinées à  permettre «le règlement définitif» des rébellions récurrentes dans cette partie du pays depuis son indépendance, a annoncé lundi le président Ibrahim Boubacar Keà¯ta, sans fournir de date. «Il nous appartient de régler définitivement la question du Nord en forgeant une paix durable fondée sur la confiance entre toute les composantes de la Nation malienne», a déclaré le président Keà¯ta lors de la première réunion avec son Premier ministre Oumar Tatam Ly et son gouvernement, lundi matin à  la présidence à  Koulouba (près de Bamako). Sa déclaration a été diffusée dans la soirée par la télévision publique malienne ORTM. «Dans les jours à  venir, nous engagerons sans tarder des actions en vue d’organiser les assises nationales du Nord, qui permettront (…) de forger un consensus national favorisant le règlement définitif du problème dit du Nord», a-t-il ajouté. Ces assises répondent à  l’urgence de la réconciliation nationale, vaste chantier destinée à  restaurer l’unité du Mali mais surtout à  circonscrire la menace rebelle. Depuis son indépendance, en 1960, le Mali a connu plusieurs rébellions touareg, dont la dernière en date, déclenchée entre fin 2011 et début 2012 par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), a ouvert la voie à  la crise la plus grave de l’histoire du pays. Vivant essentiellement dans le Nord, la communauté touareg – quelques centaines de milliers de personnes sur une population totale d’environ 15 millions d’habitants – s’estime mise à  l’écart du développement du reste du pays. Le MNLA, allié à  divers groupes armés dont des djihadistes, a lancé en janvier 2012 des attaques contre l’armée dans le nord du Mali, qui ont servi de prétexte à  des militaires pour renverser le 22 mars 2012 le président Amadou Toumani Touré en l’accusant d’incurie dans la gestion de cette offensive. Le MNLA s’est félicité de l’élection d’un président légitimement élu tout comme plusieurs organisations de l’AZAWAD comme l’OSCA par la voie de son président. Il reste à  engager les discussions…