Retour des déplacés de Niamana au Nord : l’espoir est permis

Cinq cents déplacés du Nord du Mali sont repartis entre les trois sites d’accueil dans la capitale malienne. Le site de Niamana compte 130 déplacés de 18 familles « quand nous sommes arrivés ici en avril 2012. Nous sommes une communauté à  majorité chrétienne mais des familles musulmanes également sont avec nous » explique Pasteur Algousseini Coulibaly, deuxième responsable du site de déplacés de Niamana. Les familles sont logées dans des chambres uniques d’une superficie d’environ six mètres sur quatre. La plus petite famille compte cinq membres. Depuis la tenue des deux tours de l’élection présidentielle, un seul mot hante nombre de déplacés : retour. Un comité de gestion existe dans les trois sites à  savoir Niamakoro, Niamana et Baco Djicoroni. A Niamana, un deuxième comité est créé pour s’occuper uniquement du retour des déplacés « Nous avons mis en place un comité de retour. Maintenant que le Président est élu, et que le Nord est plus calme, nous voulons rentrer. Mais pour l’instant nous n’avons pas encore reçu d’aide dans ce sens » relate Pasteur Aziz Cissé, premier responsable du site de déplacés de Niamana et originaire de Gao. Le retour, oui mais avec quel moyen ? Mariama est âgée de 23 ans, elle est originaire de Tombouctou. Le site l’accueille ainsi son mari et ses quatre enfants. Ce jeudi, elle est affairée et joviale « un bienfaiteur m’a fait don de cet arachide. Je suis en train de le griller pour en faire ensuite de la pâte d’arachide que je vendrai » explique-t-elle le sourire aux lèvres. A la question de savoir « qu’en est-il de votre retour à  Tombouctou », Mariama perd le sourire et les yeux ambrés, le regard lointain, en disaient long sur son état d’esprit « je ne sais pas… » bredouille-t-elle après quelques secondes de silence elle ajoute « je veux bien rentrer, revoir mes enfants sur le chemin de l’école et reprendre mon activité comme d’habitude. J’espère que ce rêve ce réalisera ». Pour Mariama, ce retour est comme un « rêve ». Elle n’est pas seule dans cette situation. Certains déplacés sont accueillis chez leurs parents à  Bamako. C’’est le cas de Minty Djitteye, venue avec 13 autres membres de sa famille. Un de ses frères lui avait prêté sa concession en attendant qu’il en ait besoin. « Aujourd’hui, je rends grâce à  Dieu car je ne paie plus de loyer. Mais nous voulons retourner, sincèrement, ce que nous vivons ici n’est pas supportable encore longtemps. Sans aide extérieure nous ne pouvons pas grand-chose. Avec ma fille, J’essaie de ne pas rester sans occupation, nous faisons du macaroni à  base de blé que nous revendons » confie Minty Djitteye, présidente de l’association Alahidou (la confiance en langue sonrhaà¯). Quelques déplacés ont pu retourner dans leurs villes par leurs propres moyens. A Kayes, première région du Mali, dans l’ouest du pays, 250 déplacés ont pu retourner au Nord dans les trois régions (Tombouctou, Gao et Kidal). Ce retour a été organisé par l’association des ressortissants du Nord à  Kayes avec l’appui du conseil régional de Kayes.

Les mairies de Bamako et de Kalanbancoro se disputent le « trésor » de Niamana

A quelque 10 km de Bamako en allant vers Ségou, tout le monde s’arrête au poste de péage de Niamana. Chaque jour des centaines de véhicules versent entre 500 à  1000 FCFA chacun et font vivre une multitude de vendeurs à  la sauvette. Une juteuse machine à  sous qui rapporterait plus de 5 millions de FCFA à  la mairie de district. La commune de Kalabancoro réclame désormais sa part du gâteau en invoquant la loi. Une situation validée par le gouvernement Depuis plus d’une décennie, la mairie centrale prélève les taxes d’entrée et de sortie de Niamana, l’un des 6 grands postes d’entrée dans la capitale. «Â C’’est suite à  une délibération du conseil du district, approuvée le ministère de l’Administration territoriale, que la mairie du district s’est attribué le droit de gérer les taxes d’entrées et de sortie », explique un agent technique de la mairie centrale. Pourtant, selon les dispositions réglementaires, aucune collectivité ne peut se permettre de faire des prélèvements sur le territoire d’une autre sans en reverser une partie à  cette dernière. Le maire déterminé à  se battre pour sa commune Estimant que le poste de Niamana relève du giron territorial de Kalabancoro, le maire de la commune, Issa Bocar Diallo, entend désormais faire appliquer la loi et utiliser les taxes de Niamana pour réaliser des infrastructures socio-éducatives. «Â Ce comportement est déplorable. La justice reste notre dernier recours si la mairie du district venait à  persister dans son entêtement », avertit-il. Ni les correspondances, ni les injonctions qu’il a adressées à  la mairie du district n’ont fait plier cette dernière. Pour le directeur de la régulation de la circulation et des transports urbain, «Â si la loi est là , il l’appliquer », dit-il en ajoutant que le code des collectivités est très explicite sur les ressources de la mairie du district. Le gouverneur du district de Bamako, Souleymane Diabaté, se dit incompétent pour se prononcer sur l’affaire, mais estime que force devra revenir à  la loi.