IBK…dans la peau d’un président pas ordinaire…

Il faut dire qu’Ibrahim Boubacar, notre nouveau président, a du pain sur la planche. A l’heure o๠il consulte pour former son gouvernement et reçoit également de nombreux diplomates à  son domicile de Sébénicoro, les supputations enflent quant à  la nomination du PM, la deuxième personnalité du pouvoir. Soumeylou Boubèye Maiga ? Ancien ministre et chef des services de renseignements, fin connaisseur du champ politique malien. « Non, ils se connaissent depuis trop longtemps et même s’il l’a rallié, rien n’est certain », confie un proche d’IBK. Tiéman Hubert Coulibaly ? L’actuel ministre des Affaires étrangères, leader de l’UDD, ancien du FDR et qui a haut et fort affiché son soutien pour IBK, à  la veille des élections :  » Il est compétent, fringant, bon orateur », de là  avoir une carrure de PM, dans le contexte difficile que nous vivons, je ne suis pas certain qu’il soit nommé », précise cet éditorialiste, proche du gouvernement de transition. Du reste, il se murmure, qu’IBK contre toute attente, et elles sont immenses devant sa résidence, pourrait nommer une personnalité de l’extérieur comme Premier Ministre, ce qui ferait grincer les vieux cadres du RPM, lâche une source. Après, la République bananière de Kati et la République hôtelière du Salam, place à  la Cour royale de Sébénicoro… « Voilà  un premier caillou dans la chaussure du président », juge ce consultant et observateur politique. « IBK va forcément décevoir beaucoup de politiques qui l’ont rallié et attendent leur part du gâteau ». Autre solution, affirment certains , « Le président, malin comme le lièvre, va nommer un gouvernement consensuel et dans trois mois, les dribbler et les faire sauter pour placer ses vrais gars ! » Propos de grin ! Une hypothèse qui fait enrager les détracteurs de l’ère ATT : « On ne veut plus du consensus de l’ancien régime. Si IBK tombe dans cette logique, alors, pourquoi l’a t-on élu », s’indigne Mariam Kamissoko, étudiante. Côté RPM, rien ne filtre des consultations, mais le vieux briscard politique qu’est IBK a plus d’un tour dans son sac et pourrait surprendre… ou bien décevoir tous ceux qui attendent de lui « le vrai changement » ! Du reste, le président doit étirer ses oreilles à  droite comme à  gauche pour écouter les doléances et conseils de son staff. Il faudra attendre la nomination du gouvernement et avant cela l’investiture, o๠c’est sûr, toute la République défilera, aux couleurs du grand Maliba. D’ici là , prenons notre mal en patience…

Sidi Sosso Diarra et Diango Cissoko, deux nominations polémiques

«Â Pour atteindre nos objectifs, nous devons faire nôtres les valeurs de bonne gouvernance, en refusant le népotisme. Ceci est d’autant plus important qu’il permet à  notre pays, d’avoir un environnement des affaires favorable. Les Maliens attendent beaucoup de nous. » C’’est en ces termes que le Premier ministre Cheick Modibo Diarra s’est exprimé le 12 mai devant ses ministres, à  la faveur du séminaire gouvernemental. On comprend ainsi son intention de rompre avec les anciennes pratiques qui ont fait la réputation du régime défunt d’Amadou Toumani Touré. Seulement, des paroles à  l’acte, il y a un pas que le chef du gouvernement semble tarder à  franchir. Un frère, des casseroles En témoigne la nomination de l’ancien Vérificateur général Sidi Sosso Diarra comme son conseiller spécial. A première vue, rien d’anormal à  cela, sauf que le promu n’est autre que le grand frère de lait du Premier ministre. La fibre parentale a fortement motivé cette promotion, pensent certains. «Â Le Mali ne manque pas de cadres jeunes, patriotes et compétents pour assumer les responsabilités de ce poste. A la place de Cheick Modibo Diarra je me serais passé de cette décision que je trouve contraire à  son discours », dénonce un responsable politique du front anti-putsch. La situation politique est trop incertaine pour assumer de telles critiques, précise-t-il pour justifier son anonymat. Il y a une autre dimension, non moins importante, dans la nomination de l’ancien Vérificateur général à  la Primature : ses démêlés avec la justice. Interpellé en 2009 par le Tribunal de première instance dans une affaire qui l’oppose à  certains travailleurs de l’institution, Sidi Sosso Diarra avait été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction Dramane Diarra. Il n’avait dû sa libération en fin de journée qu’à  l’intervention du chef de l’Etat. Le dossier n’est toujours pas clos. Les professionnels du droit sont formels : Sidi Sosso reste en liberté provisoire, car son jugement n’a pas encore eu lieu. Un Médiateur en perte d’indépendance l’autre nomination polémique à  la Primature est celle de Diango Cissoko, l’actuel Médiateur de la République nommé pour un mandat de sept ans. Les textes en la matière sont clairs : «Â le Médiateur de la République a été institué par la loi n°97-022 du 14 mars 1997, en tant qu’autorité indépendante intervenant dans le règlement des litiges entre l’administration et les administrés dans l’exécution de ses missions de service publiC’ ». Il ne doit donc recevoir d’instruction d’aucune autre autorité. Or, dans le cas présent, Diango Cissoko n’est plus une «Â autorité indépendante » dès lors qu’il est devenu membre du cabinet du Premier ministre. Ce qui fait dire aux observateurs qu’il y a incompatibilité et cumul des fonctions. «Â Les héritiers de Moussa Traoré de retour » Au même titre que la nomination de certains ministres, celle de Django Cissoko donne du grain à  moudre à  ceux qui avaient dénoncé, après la formation du gouvernement, la réhabilitation des héritiers du régime de Moussa Traoré. Le Médiateur a été ministre de la Justice en 1988, secrétaire général de la Présidence de 1988 à  1989, puis ministre secrétaire général de la Présidence jusqu’au coup d’Etat du 26 mars 1991. «Â Sous ATT on a reproché la promotion d’un homme et de son clan. Aujourd’hui, nous assistons à  la promotion d’un homme, de sa famille et des amis de son gendre », ironisent un ancien baron du régime ATT.