Washington réfléchirait à d’éventuels bombardements contre Aqmi

WASHINGTON — Les autorités américaines ont engagé une réflexion sur de possibles bombardements de drones dans le nord du Mali contre Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), affirme mardi le Washington Post. Le journal assure que le principal conseiller du président Barack Obama pour l’antiterrorisme, John Brennan, mène l’évaluation de la situation dans la région en coopération avec le département d’Etat et le Pentagone, et examine la possibilité d’une intervention américaine pour lutter contre ces groupes extrémistes. Le recours par les Etats-Unis à  des drones, déjà  opérationnels contre des groupes islamistes armés dans des pays comme le Pakistan, le Yémen ou la Somalie, est également à  l’étude, indique le Post, citant des responsables américains sous couvert de l’anonymat. Sollicité par l’AFP, un porte-parole de la Maison Blanche n’a pas démenti la tenue de réunions spécifiquement consacrées au Mali et à  Aqmi, mais a refusé d’entrer dans les détails. « Ce ne devrait pas être une surprise que la Maison Blanche organise des réunions sur toute une série de questions, dont des dossiers d’antiterrorisme. Le président a clairement énoncé son objectif de détruire le réseau d’Al-Qaà¯da et nous y oeuvrons tous les jours », a expliqué Tommy Vietor, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. « Nous n’entrerons pas dans les détails de ces discussions ou des préconisations » qui en sortent, a ajouté M. Vietor. L’attaque du consulat américain à  Benghazi le 11 septembre, un « acte terroriste » selon l’administration Obama, a renouvelé l’attention que les Etats-Unis portent à  Aqmi, soupçonné de connexions avec l’attentat, ont également affirmé à  l’AFP deux autres hauts responsables américains. « Manifestement il y a un regain d’intérêt pour Aqmi depuis l’attaque » au cours de laquelle l’ambassadeur en Libye Christopher Stevens et trois autres Américains ont été tués, a confié l’un de ces responsables s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. L’enquête se focalise sur « les groupes extrémistes dans la région des Benghazi ainsi que sur Aqmi », a-t-il ajouté. Lundi, un haut responsable de la diplomatie américaine avait affirmé que les Etats-Unis seraient prêts à  soutenir une intervention armée « bien préparée » et menée par des pays africains dans le nord du Mali pour en expulser la rébellion islamiste liée à  Al-Qaà¯da. « Il devra y avoir à  un certain moment une action militaire » contre les extrémistes liés à  Aqmi installés dans le nord du Mali, avait déclaré le plus haut responsable de l’Afrique au département d’Etat américain, Johnnie Carson. Le Premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra a appelé samedi les Occidentaux, et au premier chef la France, à  intervenir militairement dans le nord du Mali en envoyant avions et forces spéciales.

Mali: premières consultations jeudi à l’ONU sur la demande d’intervention

Présentant à  la presse le programme de sa présidence, M. Rosenthal n’a pas caché qu’il faudra du temps au Conseil pour adopter éventuellement une résolution soutenant une intervention, comme le demandent Bamako et la Cédéao (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest), qui doit fournir les troupes. « Jeudi il y aura une discussion préliminaire sur la manière dont le Conseil entend répondre à  cette demande (..) et je m’attends à  une autre réunion au moins au cours du mois d’octobre », a-t-il précisé. « Il faudra encore beaucoup de discussions entre les membres du Conseil eux-mêmes avant de pouvoir (en) discuter avec la Cédéao », a-t-il estimé. Si les membres du Conseil s’accordent généralement à  considérer « que la situation au Mali ne peut pas durer comme ça », la demande les laissent perplexes: « ce qui doit encore être clarifié, a énuméré M. Rosenthal, c’est qui fait quoi, quelle est l’ampleur de l’opération, à  quoi elle va ressembler, quelles en sont les implications budgétaires ». Le Conseil « invitera certainement la Cédéao » à  sa deuxième réunion sur la question, dont la date n’est pas encore fixéee, a conclu l’ambassadeur. Bamako a demandé officiellement à  l’ONU un feu vert pour une « force militaire internationale » avec un déploiement au Mali de troupes ouest-africaines qui l’aideraient à  reconquérir le nord du pays, contrôlé par des extrémistes islamistes. La France est en pointe sur ce dossier, que le président français François Hollande avait présenté comme une « urgence » dans son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU mardi dernier. Au lendemain d’une réunion au sommet sur le Sahel en marge de l’Assemblée générale, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait indiqué que Paris « avait plaidé pour qu’on aille vite ». « Notre attitude est de dire +le plus tôt sera le mieux+ », avait-il ajouté.

Occupation du Nord : la Coalition pour le Mali relance les débats

Après les assises de Décembre 2010 initiées par le parti PARENA et celles de Mai 2012 par la Coalition pour le Mali, le regroupement politique invite à  nouveau les élus du nord à  se faire entendre. Les Assises sur l’occupation du nord qui se tiennent les 3 et 4 octobre 2012 à  Bamako à  l’Hôtel Laico Amitié visent deux problématiques : – Comment l’occupation est vécue ? – Quelles solutions de sortie de crise préconisent-elles ? Libérer la parole Collectif d’organisations de la société civile, de regroupements politiques et de personnalités indépendantes, la Coalition pour le Mali, créée le 26 mai 2012, a envoyé à  la mi-août des délégations à  Kidal, Gao et Tombouctou pour exprimer sa solidarité aux populations des régions occupées et prendre contact avec les acteurs locaux. En démontrant qu’il est possible d’aller à  Kidal, Gao et Tombouctou, et de parler aux acteurs locaux, y compris aux forces vives locales et aux leaders des groupes armés, la Coalition pour le Mali a ouvert le chemin d’un dialogue qui, s’il est inclusif et bien conduit, est susceptible de produire des résultats probants. Pour ces assises, l’objectif est surtout de : – Donner la parole aux habitants des régions occupées afin qu’ils parlent de leur vécu sous l’occupation, et formulent eux- mêmes des propositions de sortie de crise ; – De débattre du rôle et de la place de la religion ; – D’examiner la relation à  l’Etat central. A quoi ressemblera le Mali post-crise ? – de projeter la place des populations et des communautés dans le Mali post-crise ; Synthèse A l’issue des débats, une synthèse sera réalisée et des recommandations en vue de disposer de témoignages, d’informations, d’analyses et des propositions de sortie de crise de ceux-là  mêmes qui subissent l’occupation et qui y résistent ; Et de mettre à  la disposition de l’Etat ces propositions de sortie de crise ; Notons à  l’ouverture de cette rencontre la présence de l’Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas, l’ambassadeur de France, Christian Rouyer mais aussi de Mahmoud Dicko du Haut conseil islamique du Mali qui a béni la rencontre par la récitation de la Fatiha. La première journée de ces assises verra le témoignage de ressortissants du nord sur les conditions de l’occupation. Nous y reviendrons.

Tombouctou : les islamistes exécutent un homme accusé de meurtre

« l’exécution s’est déroulée entre deux hôtels de la ville de Tombouctou » vers 17H30 locales et GMT, « J’ai vu l’homme tomber après les coups de feu », a déclaré à  l’AFP un premier témoin. l’exécution a été confirmée à  l’AFP par un conseiller municipal de Tombouctou, qui en a également été témoin. Selon lui, une centaine de personnes ont assisté à  la fusillade. l’homme exécuté est un membre de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) « qui avait tué par balle un pêcheur à  30 km de Tombouctou », a affirmé de son côté un troisième témoin, qui s’est identifié comme Bamoussa. Ville mythique, Tombouctou est contrôlée depuis début avril par Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), deux des groupes islamistes armés qui se partagent le vaste nord malien avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ces groupes jihadistes en ont évincé leurs ex-alliés du MNLA et ont commis depuis plusieurs exactions et violences au nom de leur interprétation rigoriste de la charia (loi islamique) dont ils prônent l’application dans tout le Mali. Mardi également, selon des témoins, quatre habitants de Douentza, ville de la région de Mopti (centre) située à  la limite du Nord, ont reçu chacun 40 coups de fouets par un responsable du Mujao, qui contrôle Douentza. La flagellation s’est déroulée devant « des centaines d’habitants », d’après un des témoins. Un élu de la région, autre témoin, a précisé que les quatre hommes avaient été arrêtés la semaine dernière dans un débit clandestin de boissons. Le propriétaire, un chrétien, a fui la ville et était recherché par les islamistes, a-t-il indiqué. Dans un rapport intitulé « Mali: Les groupes armés islamistes sèment la peur dans le Nord » publié fin septembre, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé les « graves abus à  l’encontre des populations » commis dans ces régions par les salafistes. « Les lapidations, les amputations et les flagellations sont devenues courantes dans une tentative évidente de forcer la population locale à  adopter leur vision du monde. Pour imposer leur interprétation de la charia, ils ont également organisé une parodie de justice tragiquement cruelle et ont recruté et armé des enfants dont certains n’avaient que 12 ans », affirme HRW. Le 10 septembre, cinq hommes accusés de vol ont été amputés, chacun d’une main et d’un pied, par le Mujao à  Gao (nord-est). Le 29 juillet, des membres d’Ansar Dine avaient lapidé à  mort, en public, à  Aguelhok (nord-est) un homme et une femme auxquels ils reprochaient d’avoir eu des enfants sans être mariés. D’autres couples jugés « illégitimes », des hommes accusés d’avoir bu de l’alcool, de fumer, ou encore d’être des voleurs ou des violeurs ont aussi été fouettés en public par les islamistes dans plusieurs villes, notamment à  Tombouctou o๠ils ont aussi détruit des tombeaux de saints musulmans vénérés par la population.

Younoussi Touré : « Les intégristes ne sont probablement que des instruments conscients et inconscients…  »

Le président de l’Assemblée nationale du Mali par intérim est un élu de Niafunké (ville sous contrôle des islamistes). Il ne pouvait donc faire l’impasse sur la question lors de l’ouverture de la session budgétaire 2012-2013. Pour l’éminent homme politique, «Â les indépendantistes et les intégristes ne sont probablement que des instruments conscients ou inconscients de cette stratégie de positionnement pour le partage des richesses de cette zone ». Ainsi la crise « qui se joue dans l’espace Saharo-sahélien, est aussi la conséquence des luttes d’influences des grandes puissances et de leurs alliés pour le contrôle des ressources potentielles du sol et du sous- sol  de cette vaste zone », a souligné l’honorable. Libérer le nord oui… mais avec une armée reconstruite s’adressant au chef du gouvernement, Cheick Modibo Diarra et à  ses collègues députés, Younoussi Touré, a expliqué la position de l’institution face à  l’occupation du Nord, «Â l’Assemblée nationale du Mali considère que tous les groupes armés qui ont agressé et occupé notre pays sont des terroristes qui doivent être traités comme tels  ». Et d’exhorter ses pairs à  la priorité des priorités , restaurer l’intégrité territoriale du Mali. Comment ? Avec l’aide de la Communauté Internationale évidemment. En clair, il faut éviter que la zone occupée ne devienne un sanctuaire à  partir duquel les intégristes disposeraient d’une base pour lancer des opérations  contre les pays voisins et le reste du monde. «Â Il y’a urgence à  libérer notre peuple de l’asservissement en ce 21è siècle.  l’Assemblée Nationale (du Mali) fait confiance à  notre Armée Nationale pour reconquérir les zones occupées ; elle ne pourra le faire qu’avec le réarmement moral de ses troupes et lorsqu’elle aura retrouvé son unité ». Sur la question des querelles entre corps d’élite de bérets, le président s‘est montré clair : «Â nous devons trouver la force et la sagesse de régler la question des bérets rouges et des bérets verts, comme l’a dit le Président de la République par intérim dans son allocution du 22 Septembre 2012 » et «Â effacer à  jamais ce malheureux épisode de notre mémoire ». l’impact de la crise sur l’économie malienne Outre la crise sécuritaire et institutionnelle, l’économie nationale du Mali est gravement affectée . Selon M Touré, le budget de l’Etat a été fortement réduit du fait de la baisse des recettes intérieures et de la suspension  de certaines aides extérieures. «Â Les  secteurs du tourisme, des transports  et des BTP sont les plus affectés. Les prix à  la consommation sont en hausse et le chômage augmente ». Et de rappeler la crise humanitaire et l’absence d’infrastructures socio-administratives, qui ont poussé des centaines de milliers de nos compatriotes à  l’intérieur du pays et dans les pays voisins o๠ils  bénéficient de la solidarité nationale et internationale.    

Nord Mali : Alger négocie avec les islamistes

«Il y a urgence à  trouver une solution pour empêcher une intervention militaire dans le nord du Mali. Nous devons absolument convaincre toutes les factions sur le terrain de rompre les liens avec les terroristes d’Aqmi et du Mujao.» à€ en croire une source proche des négociations, c’est en recevant en secret une nouvelle délégation d’Ansar Dine qu’Alger essaie de trouver au plus vite une issue politique à  la crise au ­Sahel. Les tractations avec le mouvement islamiste touareg, qui ont commencé depuis le rapt des diplomates algériens à  Gao en avril dernier, visent «à  unir les différents courants d’Ansar Dine»: la faction la plus radicale – et la plus influente – qui ne reconnaà®t pas Aqmi comme un groupe terroriste, la frange plus souple, qui souhaite faire du Mali un émirat islamique mais pourrait se démarquer d’al-Qaida, et le courant composé essentiellement d’anciens du MNLA qui veulent privilégier l’autonomie de l’Azawad. «Voilà  pourquoi cette délégation était menée par Tena Ould Ahmed (le père spirituel d’Iyad ag Ghali, chef d’Ansar Dine), tenant de l’aile dure, et Amada ag Bibi, plus modéré», explique un proche du mouvement. Des pourparlers qui ne sont pas du goût de Bamako, o๠le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a appelé samedi les Occidentaux à  envoyer avions et forces spéciales au nord du pays. «Nous ne reconnaissons pas ce type de rencontre informelle, commente . Le Mali compte exclusivement sur une résolution des Nations unies pour envoyer les 3300 hommes de la Cédéao qui se tiennent prêts. L’Algérie cherche à  protéger ses hommes, quitte à  sacrifier la population malienne. Elle ne doit pas se sentir obligée de s’impliquer dans une opération militaire, le Mali ne lui demande rien.» Partenariat américano-algérien Sur un autre front, les Algériens soignent leurs relations avec les pays acquis à  leur cause. Le ministre nigérien de la Défense, Mahamadou Karidiou, reçu par le président Bouteflika la semaine dernière a rappelé la «convergence de vues» entre les deux pays. Autres partenaires privilégiés, les Américains… même si leurs déclarations se contredisent parfois. Alors que le général Carter F. Ham, haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom) affirmait dimanche à  Alger que «la situation dans le nord du Mali ne peut être réglée que de manière diplomatique ou politique», le plus haut responsable de l’Afrique au département d’à‰tat américain, Johnnie Carson déclarait hier que les à‰tats-Unis «seraient prêts à  soutenir une intervention armée bien préparée, bien organisée, bien pourvue, bien pensée et agréée par ceux qui seront directement concernés». Les à‰tats-Unis semblent en fait garder deux fers au feu. Ils devraient soutenir au Conseil de sécurité des Nations unies le principe d’une intervention armée internationale aussi large que possible, mais tiennent à  s’assurer des conditions dans lesquelles elle pourrait se dérouler. Attendus le 19 octobre à  Washington pour la première session de dialogue Algérie-à‰tats-Unis, les Algériens martèlent qu’une telle opération serait «vouée à  l’échec». «Jeter quelque 3000 hommes dans un théâtre d’opérations de plus de 8000 kilomètres carrés serait insignifiant, s’emporte un haut gradé algérien. De plus, l’ennemi, invisible et insaisissable, mènera une guerre d’usure qu’il gagnera à  coup sûr contre une formation militaire telle que la pense la Cédéao, qui ne connaà®t pas, non plus, le terrain saharien. Enfin, les groupes armés s’appuieront sur la population locale, des Touaregs, pour qui une armée africaine équivaut à  une force d’occupation étrangère.»

Mali: « la seule façon de régler le problème est militaire », selon Abdou Diouf

« J’ai nourri l’espoir que ce problème se réglerait par la négociation mais j’ai perdu mes illusions. La seule façon de régler ce problème est militaire », a déclaré M. Diouf, dans un entretien à  la chaà®ne TV5 Monde. « Il n’y a pas d’alternative » face à  des « islamistes alliés à  des narcotrafiquants, à  des preneurs d’otages et à  des criminels frontaliers », a-t-il estimé. « Il faut que tout le monde s’y mette. Il ne faut pas être tiède dans cette affaire ». « La situation est extrêmement grave. Personne ne sera à  l’abri si ce cancer se développe », a-t-il insisté. Pour le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, « c’est un problème qu’on ne peut pas laisser entre les mains du Mali et de la Cédéao », la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui s’est dit prête à  déployer une force de 3. 300 hommes sur place. « Le gouvernement malien, la Cédéao seront en première ligne », a-t-il dit. « Mais toute la communauté internationale est concernée. Il faut les aider à  vaincre le terrorisme qui se développe dans le nord du pays », a-t-il estimé. « On n’a pas le choix. J’entends parler de gens qui ne veulent pas de troupes étrangères mais on n’a pas le choix. Il faut être sérieux! » s’est-il exclamé. Interrogé sur le XIVe sommet de la Francophonie, dont la tenue du 12 au 14 octobre à  Kinshasa a été critiquée, notamment par l’opposition congolaise et des organisations de défense des droits de l’homme, M. Diouf a affirmé que « personne n’a demandé sa délocalisation ». Rappelant que la République démocratique du Congo est « le premier pays francophone au monde », M. Diouf a jugé que « si on veut tirer la RDCongo vers le haut, il est bon d’aller à  Kinshasa dire ce que nous avons à  dire, en termes de bonne gouvernance, d’Etat de droit, de respect des droits de l’homme ». Interrogé sur une supposée hésitation du président François Hollande à  se rendre à  Kinshasa, M. Diouf a répondu: « Je ne conçois pas un sommet de la Francophonie sans la présence du chef de l’Etat français, tout comme mon homologue du Commonwealth n’envisagerait pas un sommet du Commonwealth sans la Reine d’Angleterre ». Lire l’article sur Jeuneafrique.com : Mali: « la seule façon de régler le problème est militaire », selon Abdou Diouf | Jeuneafrique.com – le premier site d’information et d’actualité sur l’Afrique

Interview de Cheick Modibo Diarra : « Au Mali, chaque jour, les terroristes se renforcent »

Le Premier ministre revient de New York oà¹, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, il a formellement demandé à  l’ONU une intervention militaire internationale afin de reconquérir le Nord du Mali contrôlé depuis six mois par des groupes islamistes armés. [Comment comptez-vous rétablir la souveraineté du Mali ?] Cheick Modibo Diarra : Nous avons défini une stratégie en cinq points. Il faut, dès maintenant, commencer à  sécuriser les grandes villes du Mali. Si vous regardez le modus operandi des terroristes qui occupent le Nord du Mali, ce sont des gens qui dès que vous les contrariez, commettent des actes de violences dans des zones peuplées. Il faut donc faire en sorte qu’il n’y ait pas d’infiltration, ni multiplication de cellules dormantes. La deuxième étape, accomplie à  New York, est de solliciter formellement l’aide de notre organisation sous régionale, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest [Cédéao], de l’Union africaine [UA], de l’Union européenne [UE] et de nos amis comme la France et les Etats- Unis et de transmettre au Conseil de sécurité notre requête d’intervention militaire internationale sous le chapitre 7 de la charte des Nations unies. Une fois votée, la résolution donnera une légitimité à  tous ceux qui veulent et qui peuvent nous accompagner dans la libération du nord. La phase deux se poursuivra avec des rencontres du gouvernement pour mobiliser toute la communauté internationale afin de voir qui veut participer, et comment, à  la libération du nord. La troisième phase consiste, avec nos partenaires, à  structurer et à  solidifier l’armée malienne qui doit être le fer de lance de cette affaire. Ces phases n’ont pas besoin d’être séquentielles. Elles peuvent se dérouler en même temps. La quatrième phase est de reconquérir le nord. Puis, enfin, il faudra sécuriser les régions libérées de façon durable. [Quel est votre calendrier ?] J’espère que les débats [sur la résolution] vont commencer au Conseil de sécurité dès la semaine prochaine afin qu’elle soit adoptée avant la mi-octobre. Chaque jour qui passe, nous avons davantage de mutilations, d’amputations, de viols, d’actes de barbarie dans le nord de notre pays. Le plus rapidement la résolution sera adoptée, le mieux ce sera. Et je suis convaincu que dès que nous aurons une résolution la plupart de ces malfrats et bandits essaierons de s’échapper avant même que les choses sérieuses commencent. Seuls les plus endurcis resteront. [Quand espérez-vous que la Cédéao enverra le contingent de 3 300 hommes qu’elle a promis de déployer au Mali ?] Une fois la résolution votée, on pourra immédiatement demander à  la Cédao de déployer des troupes qui nous aideraient à  sécuriser la ligne de séparation entre le nord et le sud. Parce qu’à  ce moment là , juste après le vote, les belligérants du nord et les narcotrafiquants vont se dire  » le Mali ne sera jamais plus aussi faibles, bientôt des soldats vont venir renforcer notre armée donc si nous voulons vraiment lui nuire, c’est le moment o๠jamais « . Il faut donc que la force de la Cédéao soit prête pour un déploiement presque immédiat dès l’adoption de la résolution. Hillary Clinton a estimé que « seul un gouvernement démocratiquement élu aura la légitimité pour parvenir à  une résolution négociée au Nord Mali et mettre un terme à  la rébellion ». N’est-ce pas le signe que les Etats-Unis sont opposés à  une intervention internationale ? Des élections… Quelle serait la légitimité d’un président élu dans un pays qui ne peut pas faire voter tous ses citoyens ? Je ne pense pas que les Etats-Unis bloqueront la résolution au conseil de sécurité de l’ONU Ils veulent participer au règlement de la situation dans le Sahel. Mais leur législation leur interdit de collaborer avec des gens arrivés au pouvoir après un coup d’Etat, jusqu’à  de nouvelles élections. Je ne pense pas que le désir des USA soit de faire perdurer la souffrance et le risque de globalisation des problèmes dans le Sahel. C’est juste une façon de nous dire ne pas prolonger inutilement la transition. Les Etats-Unis nous ont toujours demandé d’organiser, le plus rapidement possible, des élections crédibles. Ce message nous l’avons compris. [Si la résolution est votée en octobre, quand les forces de la Cédéao pourront-elles se déployer ?] On pourrait immédiatement demander à  la Cédao de se déployer pour nous aider à  sécuriser la ligne de séparation entre le nord et le sud. Parce qu’une fois que la résolution sera adoptée les belligérants du nord et les narcotrafiquants vont se dire « le Mali ne sera plus jamais aussi faible, des soldats vont venir le renforcer donc si nous voulons vraiment lui nuire c’est le moment o๠jamais ». La force en attente de la Cédéao peut donc être invitée à  renforcer les Maliens qui patrouillent dans cette zone et ainsi nous accorder un peu de tranquillité d’esprit pour préparer les autres phases. Donc j’inviterai la Cédéao à  se déployer presque immédiatement après l’adoption de la résolution. Même si ce n’est pas toute la force. Une fois la résolution adoptée, une stratégie consensuelle pourra être dégagée entre tous les participants. Mais sans attendre, il faudra renforcer la ligne de séparation pour que le problème ne gagne pas en complexité à  cause des infiltrations ou des tentatives pour casser cette ligne. [Sur quels pays comptez-vous ?] La question du Mali ne concerne pas seulement la Cédéao, mais toute la communauté internationale. Le Mali et la Cédéao joueront un rôle-clé mais il faut aussi inviter des pays du champ, tels que l’Algérie et la Mauritanie dont la participation est incontournable, des amis, comme le Maroc ou le Tchad. Bref, tous ceux qui pourraient venir nous aider à  contenir le problème à  une zone très restreinte en attendant que la communauté internationale – France, Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment – apprête sa force d’intervention pour faire un travail propre et rapide. [La Cédéao est-elle prête ?] Vue l’insistance avec laquelle cette organisation nous a demandé de faire une requête d’intervention internationale, j’imagine que cela veut dire qu’il existe une telle force, quelque part. On a même parlé d’une force de 3 300 hommes. Dans un premier temps, il ne s’agit pas de tous les déployer, mais peut être un tiers pour renforcer nos lignes. A propos de l’Algérie et de la Mauritanie, ce sont des pays avec lesquels nous partageons près de 4 000 km de frontières. Il est évident que leur participation est incontournable. La question n’est pas de savoir qui est pour ou contre une intervention. Chacun dans cette affaire a son opinion. Certains pensent même qu’il faut négocier. Mais avec qui négocier ? Et pourquoi, on ne l’a pas fait jusqu’à  présent ? D’o๠l’intérêt d’internationaliser la crise avec la résolution de l’ONU. Ce consensus prévaudra. C’est une initiative malienne, ça se passe au Mali, le gouvernement malien a une stratégie en 5 points pour demander l’aide internationale. Ca fait plus de huit mois que dure la crise et je n’ai pas vu de solution non militaire émerger. En revanche, la situation empire de jour en jour avec les amputations, les flagellations, les viols, les destructions de nos sites au nord. Tout cela s’est passé sans que ceux qui croient à  la négociation ne nous montrent le chemin pour ramener ces gens à  la raison. Parler de négociation en ce temps-là  en réalité ferait perdre un temps précieux. Chaque jour qui passe, ces terroristes se renforcent, mettent en place des infrastructures de plus en plus sophistiquées qui nous demanderont davantage d’avantage d’efforts pour sortir de la crise. Le temps pour ces négociations est passé. Nous avons utilisés tous les canaux possibles. Nous avons un médiateur désigné par la Cédéao [Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso] mais à  ce jour nous n’avons pas reçu, de la part des terroristes et des occupants, un seul signal disant  » nous voulons négocier « . Il ne faut pas faire d’amalgame. Ce n’est pas un problème entre Maliens mais un problème avec des terroristes, des narcotrafiquants, des preneurs d’otages, des bandits de toutes sortes…Il faut que la communauté internationale se soulève contre tout cela et qu’elle les repousse. Nous sommes prêts à  négocier, à  tout moment, avec le MNLA [Mouvement national de libération de l’Azawad]. Mais le MNLA ne représente, peut être, que 10% de la population au Nord et militairement il n’est plus sur le terrain. Les terroristes du MUJAO ont complètement décimé la branche militaire du MNLA. Il ne reste que la branche politique qui se promène à  travers le monde et qui demande des négociations. Mais cela n’a rien à  voir avec le plus gros problème du Sahel : la présence de trafiquants de tous ordres et de plusieurs groupes terroristes connus au niveau international. Les pays qui parlent de négociations nous ont fait perdre du temps. Six mois après, un millier de terroristes dotés d’armes sophistiquées se sont installés. Cela n’a rien à  voir avec les revendications de petits groupes dissidents du Mali. [Cette offre de dialogue provient pourtant du président malien, Dioncounda Traoré et de Blaise Compaoré…] Moi non plus je ne veux pas faire la guerre avec mes compatriotes. Les seuls avec lesquels on peut négocier ce sont ceux du MNLA. Ansar Dine ? Une de ses branches vient d’amputer des gens à  Tombouctou. J’appelle ça des extrémistes pas des séparatistes. Ce n’est pas la même chose. Il ne s’agit pas de mobiliser la communauté internationale pour aller combattre des Maliens qui ont des revendications que certains peuvent trouver justes. Il s’agit d’aller déloger des narcotrafiquants et des terroristes qui petit à  petit se sont installés et qui menacent non seulement le Mali et la sous région mais aussi, à  terme, le reste du monde. L’offensive du MNLA au début de l’année a ouvert la porte au chaos par laquelle sont entrés toutes sortes de terroristes : Boko Haram, le Mujao, Aqmi, des salafistes de tous bords et Ansar Dine qui se rapproche de plus en plus de la définition du terrorisme. Ils se sont infiltrés et ont fini par chasser ceux qui ont commencé ce problème. Il n’y a personne, actuellement sur le terrain, avec lesquels on peut nous suggérer de négocier. Ceux avec lequel nous sommes prêts à  négocier [le MNLA] sont éparpillés entre Nouakchott, Niamey et Ouagadougou. Mais cela ne doit pas retarder la résolution que nous avons prise au niveau du Mali et sur la base de laquelle on a invité d’autres à  venir nous aider pour débarrasser le monde entier de ce fléau. [Est-ce que tous les Maliens, au sud, sont d’accord avec le déploiement de forces étrangères sur leur sol ?] Premièrement, le capitaine Sanogo [ex-chef de la junte]… Notre décision de demander une intervention internationale est une décision politique dans laquelle il ne s’est pas impliqué. La position du président et du gouvernement représente celle de tout le Mali. Le capitaine Sanogo… C’est une décision politique dans laquelle il ne s’implique pas. La position du président et du gouvernement représente celle de tout le Mali. Comment demander à  des gens de venir nous aider sans qu’ils soient présents sur le territoire. Venir aider le Mali à  libérer le nord c’est une chose, stationner à  Bamako qui est à  600 km de la ligne de séparation en est une autre. Peut-être que les troupes qui vont aller au front vont transiter par Bamako. Des avions d’une certaine dimension devront nécessairement atterrir à  Bamako. On verra. Mais ce sont juste des forces qui doivent transiter vers la ligne de front. Mais une fois qu’on aura mutualisé les forces, les généraux diront o๠il faut stationner les forces… Mais on n’en est pas encore là . Aujourd’hui je ne vois pas la nécessité de stationner des troupes à  Bamako. Nous avons les effectifs nécessaires pour sécuriser les institutions de la République. J’ai créé une force de plus de 1 200 hommes pour sécuriser la présidence, la primature, l’Assemblée nationale, les cours suprême et constitutionnelle, les ambassades et faire des patrouilles en ville. Ils peuvent effectivement bénéficier d’un rafraichissement de leurs capacités antiterroristes dans les grandes villes, mais nous n’avons pas besoin d’aide extérieure pour sécuriser les organes de la République. Seulement les équiper et les former. Peut-être qu’à  Bamako les gens ne comprennent pas que la longueur de la piste d’atterrissage est supérieure à  celle de Mopti et qu’elle peut donc accueillir certains aéronefs et certaines personnes en transit. [On a pourtant parlé d’établir le quartier général (QG) de la force à  Bamako.] Un QG peut être n’importe o๠maintenant, compte tenu de la modularité des équipements de transmission. Bamako est une ville de 3 millions de personnes. Moi, si j’étais suis un tacticien militaire, et que je me battais contre un ennemi sophistiqué, je ne mettrais pas mon QG dans un endroit très peuplé. Aujourd’hui, on peut installer des QG n’importe oà¹. Pourquoi pas à  N’Djamena ? Il faut attendre que les experts, que tout ceux qui veulent nous aider se mettent ensemble, ce sont eux qui viendront avec une stratégie. Alors on verra. On met en avant la question de la stratégie avant même de connaà®tre les moyens dont nous disposerons, quels pays nous aideront pour la reconquête. [L’aéroport de Bamako pourrait-il être militarisé ?] On est d’accord avec tout ce qu’exigera la stratégie commune. Mais les villes concernées telles que Tombouctou et Gao sont plus proches de Ouagadougou ou de Niamey que de Bamako. On prendra notre part mais vous verrez aussi que beaucoup de possibilités s’ouvriront à  nous quand les pays intervenants se seront déclarés. [Tout cela va prendre un temps fou ?] Pas nécessairement. Une fois votée la résolution, en une semaine, tous ceux qui voudront intervenir pourront être connus. Leurs moyens, leurs ressources, leurs experts, le terrain sont connus. Je suis sûr que la surveillance satellitaire des bandits est en cours. Ca peut aller très, très vite. Le plus important, c’est la capacité des forces en attente de la Cédéao à  envoyer quelques hommes pour renforcer nos lignes et ne pas ajouter une complexité à  la résolution du problème. Si on tient cette ligne de séparation, les choses pourront aller vite. [Vous voulez que l’armée malienne soit en première ligne, est-elle capable d’assumer ce rôle ?] Depuis le début de la transition, l’armée se ressoude et renforce sa chaine de commandement. Elle a besoin d’être équipée et formée mais il existe déjà  un noyau très compétent. [Qu’attendez vous de la part de la France ?] J’ai été vraiment très, très frappé et ému par le leadership que le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, et le président François Hollande ont mis en œuvre à  New York. Cela ne me surprend pas au regard des relations anciennes entre nos deux pays. Mais ça a été un moment fort quand j’ai vu la France, membre permanent du conseil de sécurité, intervenir avec autant de détermination et de clarté. Je suis sorti en me disant  » c’est le début de la fin pour la crise au Mali « . [Qu’entendez-vous par leadership ?] C’est-à -dire faire voir aux autres la nécessité de s’attaquer au problème à  un moment o๠d’autres n’en sont pas encore conscients. Parce que problème est trop éloigné. La piste de Tessalit est une de plus longues du Mali. De là  on est à  2 h 30 de l’Europe ! Le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire sont menacé de façons immédiates. La Chine, la Russie, l’Amérique sont plus éloignés. Mais ceux qui sont capables de voir les ramifications et d’attirer l’attention des autres, ça c’est une forme de leadership. Un autre aspect est de s’impliquer pour qu’aux Nations unies le problème soit visible. Puis une fois que toute la communauté se sera décidée d’agir, il faut que la France fasse le premier pas. Aujourd’hui nous sommes dans la première phase de sécurisation des villes. C’est une phase pendant laquelle la France peut nous aider. Nous avons besoin de tous les équipements modernes pour détecter les bombes, les armes à  feu, besoin d’équipements de communication. On peut attendre ça de la France. Et puis, une fois que la communauté internationale sera convaincue de la nécessité d’agir, il faudra que la France fasse le premier pas. Le jour o๠la force internationale s’engagera, quand on aura besoin d’utiliser la troisième dimension, les Mirage français pourraient s’engager. Si la France le veut, ses forces spéciales pourront aussi se joindre à  nos forces armées. Tout est ouvert. Mais déjà , le fait d’avoir pris l’initiative d’expliquer au monde la nature globale du danger que nous courrons, c’est la preuve d’un leadership très fort. Parce que j’ai l’impression que beaucoup ne sont pas conscients de ce qui nous guette. Les gens pensent que le danger arrivera dans deux ou trois ans et que d’ici là , le danger pourra être contenu dans une zone du Sahel, sans déborder… C’est une erreur. Le danger est beaucoup plus imminent et immédiat. [Ne craignez-vous pas que la question des otages français ne paralyse l’action de Paris ?] C’est un problème très important, pour nous également. Nous sommes en train de chercher des informations. Mais justement, le leadership d’une nation se mesure aussi à  sa capacité de ne pas se faire prendre tout en entier en otage. Sans oublier ses otages, la République française est en train d’assumer son rôle de leader mondial. D’autres Etats se seraient recroquevillés, AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique] aurait dicté sa politique étrangère. Le fait que le président Hollande ait rejeté cela est remarquable et applaudi partout dans le monde. La communauté internationale devrait faire tout ce qu’elle peut pour aider la France à  libérer ses otages. Christophe Châtelot (propos recueillis par)

Mali: réunion à l’ONU la semaine prochaine, espère Laurent Fabius

Effectivement, la semaine prochaine, nous l’espérons, il devrait y avoir une réunion au Conseil de sécurité pour permettre d’aller de l’avant, a déclaré Laurent Fabius, sur la chaà®ne de télévision française BFM-TV. Le ministre était interrogé à  New York o๠il participe à  l’Assemblée générale de l’ONU. Cette semaine, Bamako a demandé officiellement à  l’ONU un feu vert à  une force militaire internationale avec le déploiement au Mali de troupes ouest-africaines qui l’aideraient à  reconquérir le nord du pays. Une résolution du Conseil de sécurité est désormais attendue. Nous avons plaidé depuis plusieurs semaines pour qu’on aille vite parce que pendant tout le temps o๠la communauté internationale n’agit pas, ces terroristes se renforcent. (…) Notre attitude est de dire le plus tôt sera le mieux, a souligné Laurent Fabius. Comme on veut agir sur la base d’une autorisation internationale, en l’occurrence les Nations unies, ça met toujours malheureusement du temps, a regretté le ministre ajoutant toutefois que cette autorisation est en bonne voie. Maintenant, il faut persuader un certain nombre de pays – et nous, nous jouons ce rôle au côté des Maliens – il faut convaincre les Russes, les Chinois, les Américains et d’autres encore, a relevé le ministre français. Nous espérons – je reste prudent quand même – que ceci va déboucher à  partir des jours qui viennent, ce qui permettra d’enclencher toute une série d’actions pour faire en sorte que les terroristes n’aient pas gain de cause, a-t-il ajouté. Interrogé sur la présence de forces spéciales françaises qui entraà®neraient déjà  des soldats africains, le ministre des Affaires étrangères a répondu: C’’est inexact. Plus tôt dans la journée à  Paris, un porte-parole du ministère de la Défense avait assuré qu’il n’y avait pas de planification militaire française actuellement pour le Mali. Nous devons évidemment être très attentifs parce que dans le même temps nous avons des otages là -bas, a rappelé Laurent Fabius. Il s’agit à  la fois de lutter contre le terrorisme et de faire un maximum pour récupérer nos otages. Le président français François Hollande s’était engagé mercredi à  New York à  utiliser tous les contacts possibles pour obtenir la libération des six ressortissants français pris en otages au Sahel par al-Qaà¯da. Il faut multiplier les canaux. C’’est ce que nous faisons en ce moment, a précisé Laurent Fabius.

Les djihadistes du Nord-Mali s’organisent en attendant « la bataille »

Doigt sur la gâchette, regard noir, un djihadiste de 14 ans ordonne au véhicule de se garer en contrebas du ruban de bitume reliant la frontière nigérienne à  Gao, plus importante des localités du nord du Mali sous contrôle de groupes islamistes armés. « Nous avons pris la décision de renforcer la sécurité ici et de prendre les mesures qui s’imposent », lance l’adolescent malien, Aziz Maà¯ga, rencontré par l’AFP à  Labézanga, localité malienne située à  plus de 200 kilomètres de Gao. Une fouille minutieuse du véhicule commence aussitôt. Rangers noirs et poussiéreux, fusil en bandoulière, des djihadistes emmitouflés dans des tenues militaires ou des vêtements kaki, inspectent tous les bagages et les passagers du véhicule. Première surprise: de la frontière nigérienne jusqu’à  Gao, quasiment tous les djihadistes croisés sont des Africains subsahariens. Ces derniers mois, on y rencontrait essentiellement de jeunes Maghrébins. « Moi même, je suis surpris », affirme le Nigérien Hicham Bilal qui dirige à  Gao une katiba (unité combattante). « Tous les jours, dit-il, nous avons de nouveaux volontaires. Ils viennent du Togo, du Bénin, du Niger, de la Guinée, du Sénégal, de l’Algérie et d’ailleurs ». « Puisque les gens veulent nous faire la guerre, il faut savoir qu’ici, il n’y a plus de Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et d’Aqmi (Al-Qaà¯da au Maghreb islamique). Nous sommes tous des moudjahidine. Demain, un Mujao peut se retrouver au sud, à  l’est ou ailleurs. Partout, nous sommes chez nous », dit-il. Sur la route, les postes de sécurité sont de plus en plus nombreux. « prêts pour la bataille » « Nous sommes prêts pour la bataille. Nous attendons que les troupes françaises ou africaines arrivent », assure un jeune Ivoirien, visiblement nouvelle recrue, alors que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) prépare l’envoi au Mali d’une force africaine pour aider Bamako à  reconquérir le Nord, avec l' »appui logistique » de la France. Dans Gao, passée fin juin sous le contrôle du Mujao, des pick-up chargés d’armes et de combattants font d’incessants allers-retours. Le drapeau noir des djihadistes flottent sur les pick-up. Les visages des combattants sont de plus en plus jeunes. Au siège de la police islamique de Gao, de nouveaux volontaires disent être venus prêter main forte à  leurs « frères moudjahidine ». « Je suis Khalil, Egyptien, et je suis venu donner un coup de main à  mes frères moudjahidine », dit un homme, grand de taille, dont les propos, en arabe sont traduits par son adjoint sierra-léonais. Un autre homme, s’exprimant en anglais, affirme qu’il est pakistanais et que « l’islam n’a pas de frontières ». Si des Egyptiens et Pakistanais ont repris en main la police islamique de Gao, les combattants algériens sont en première ligne au sud de la localité, sur la route menant à  Bamako. Quelques dizaines de combattants algériens y sont visibles, venus, selon un témoin, de la katiba du puissant chef d’Aqmi, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar alias Belaaouar, qui dirige la région. Pour empêcher d’éventuels atterrissages d’avions ennemis, des djihadistes ont éparpillé des carcasses de véhicules pour rendre la piste impraticable. Selon des habitants vivant près de l’aéroport, deux camps d’entraà®nement accueilleraient des dizaines de combattants. « J’en ai vu qui s’entraà®naient. Il y a des séances de tirs et de tactiques militaires. Beaucoup sont très jeunes, ils disent qu’ils sont prêts à  mourir », raconte un fonctionnaire de Gao. Dans les neuf quartiers de la ville, il y aurait des combattants « camouflés » dans des maisons, selon d’autres témoignages. J’ai vu deux armes lourdes dans une maison du quatrième quartier de Gao. C’est la première fois que je vois ça », affirme Djénakou, un jeune habitant. « Paracétamol » Les « occupants » de Gao, selon lui, ont encore durci, récemment, les conditions d’application de la charia (loi islamique) qu’ils imposent. Le 10 septembre, cinq hommes accusés d’avoir braqué un car ont été amputés d’une main et d’un pied chacun. Aucune radio privée de la ville ne diffuse plus de musique. Les femmes doivent se voiler sous peine de sanctions, voire d’emprisonnement. Et rares sont les habitants qui osent fumer en public. Pour acheter discrètement du tabac, un nouveau nom de code: « paracétamol ». Venu de Bamba (à  245 km de Gao), un homme se plaint que tout le monde soit « au chômage dans son village, parce que Bamba est la principale zone de production de tabac et qu’ils interdisent de le vendre ». Les islamistes, plutôt tolérés par les populations au début de leur occupation, semblent de plus en plus impopulaires. Mais le marché de la ville grouille toujours de monde et les denrées de premières nécessité n’y manquent pas. Les clients qui commentent une possible intervention militaire étrangère se disent globalement « contre ». « Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre. Les éléphants, ce sont les combattants d’ici et l’armée de Bamako avec ses soutiens extérieurs. L’herbe, ce sont les pauvres civils, nous », lance, fataliste, Mahamane, fonctionnaire à  la retraite.

Elèves déplacés, le geste du cœur de Tiken Jah Fakoly

C’’est sa conviction ! l’éducation est la base du développement. Aussi, l’enfant d’Odienné vient de réaffirmer une nouvelle partie de son projet «Â Un concert, une Ecole » en faveur des élèves déplacés du nord Mali. Pour la rentrée scolaire 2012-2013, il a mis à  leur disposition 200 kits scolaires composés de cahiers, livres, stylos, trousses etC’… La cérémonie de remise a eu lieu ce mercredi au complexe scolaire et universitaire Débou Gneri de faladjè. l’école en question n’a pas été choisie au hasard. Le Collectif des Ressortissants du Nord (COREN) et leurs partenaires ont mobilisé des moyens pour que les élèves déplacés puissent suivre des cours de rattrapages et aller sereinement aux examens. La directrice de l’Académie de la rive droite madame Dicko Balissa Cissé a tenu à  remercier l’établissement qui a fourni beaucoup d’effort pour faciliter la mise à  jour des élèves. l’acte posé par Tiken Jah est lui salutaire. Pour lui, ce geste s’inscrit dans la promotion de l’éducation sur le continent. « Les élèves d’aujourd’hui sont les cadres de demain. Travaillez pour être les meilleurs. Cela plaira à  vos parents mais vous le faites d’abord pour vous-même. l’Afrique compte sur vous demain », a déclaré Tiken aux élèves. «Â Un concert, une école » Depuis le lancement du projet qui consiste à  reverser le bénéfice de ses concerts pour la scolarisation des enfants, Tiken a fait plusieurs réalisations dans la sous région. Il a commencé par son village natal, en Côte d’Ivoire, Odienné o๠il a construit une école. Tout, récemment à  Tilabéri, l’artiste a offert 1 millions de francs CFA aux réfugiés maliens du Niger. La semaine dernière Tiken Jah a même organisé une série de concerts dans son espace culturel «Â Radio Libre » à  Bamako. Clou de la manifestation, une prestation mémorable le 22 septembre pour l’indépendance du Mali. Lancinet SANGARE

Port du casque, les Maliens mécontents

Mamoutou Diallo, commerçant de pièces détachées au grand marché de Bamako C’’est une déclaration de guerre que fait notre Gouvernement à  la population. Après la rupture de la subvention sur le gaz, voilà  que ce Gouvernement incompétent nous oblige à  payer des casques. Pourquoi en rajouter à  nos peines ? Le peuple qui doit se soulever contre les décisions de se Gouvernement qui relègue au second plan ses missions primordiales. Fatoumata Sangaré, élève au collège Horizon Le port du casque est une bonne chose. Seulement le moment est mal choisi. Nos parents ont trop de charges ces moments ci. Mon papa m’a demandé de garer la moto en attendant d’avoir un casque pour moi. Demba Coulibaly, enseignant : Je crois que sur ce coup, le Gouvernement a été très mal inspiré en prenant cette décision. l’urgence C’’est au nord. Des décisions de ce genre ne sont pas de nature à  apaiser le climat social qui se trouve déjà  surchauffé. Moumouni Sissoko, parent d’élèves : La rentrée des classes couplée au contexte de vie chère, font que nous parents d’élèves ploiyons sous le joug de multiples crises financières. Le Gouvernement aurait du ne pas prendre une telle décision maintenant. Il y a d’autres urgences. Qu’il s’attaque à  ça ! Alfousseà®ni Traoré, vendeur de casque devant l’Ecole normale supérieure de Bamako «Â La décision du Gouvernement de rendre obligatoire le port de casque est une aubaine pour nous vendeurs de casque. Mes affaires marchent beaucoup mieux qu’avant. Je peux gagner 150 000 par jour. Or, des fois, je pouvais passer la journée sans voir le moindre client.

C’est la rentrée scolaire, mais sans le Nord

La rentrée scolaire 2012-2013 a officiellement débuté ce 25 septembre sur tout le territoire malien excepté les trois régions du nord sous l’occupation des islamistes. Désormais, C’’en est fini des colonies de vacance, des grasses matinées et des petits commerces exercés par les élèves pendant les vacances, les élèves s’adonneront aux exercices, devoirs à  domicile et la lecture. Pour Clément Diawara enseignant à  Kita, « la rentrée est effective et les classes d’initiation ont même commencé. Cette année les élèves venus du nord Mali sont nombreux à  cause des déplacements dus à  la crise…» Face à  une situation de crise, les parents d’élèves ont remué ciel et terre pour répondre aux frais de scolarités de leurs enfants. Dans les établissements scolaires, ce mardi, un climat de camaraderie et de retrouvailles régnaient et ne laissaient pas apparaitre les angoisses et préoccupations des parents. La preuve : les cris de joie, accolades et autres embrassades qui fusaient dans les établissements fondamentaux publics ou privés, sous le regard des enseignants et de l’administration scolaire. Mohamed Touré, élève est lui tout heureux de se retrouver en clase de 9è au complexe scolaire du quartier Hamdallaye en commune V de Bamako. « J’étais pressé de voir mes camarades qui étaient en vacances à  Kayes. Dieu merci nous faisons tous la 9è année ensemble ». Effectifs pléthoriques Au niveau de l’école publique, les effectifs sont toujours pléthoriques, un découragement pour certains parents d’élèves qui envisagent plutôt un transfert dans les établissement privés. A Doumanzana, un quartier populaire de la commune I, beaucoup des parents comme Diakaridia Sidibé, se plaignent déjà . « J’ignorais à  quel point les classes étaient remplies à  ce point, autrement, J’allais inscrire ma fille dans une école privée ». Cette année la rentrée scolaire n’est pas effective sur tout le territoire notamment à  Gao, Tombouctou, Kidal. Selon le ministère de l’éducation de base, la rentrée scolaire 2012-2013 se limite de Kayes à  Mopti.

Mali : la France en pointe contre Aqmi

Le principe d’une intervention militaire contre Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) est désormais acquis. Les capitales des pays concernés travaillent activement à  l’élaboration d’un scénario politico-militaire destiné à  débarrasser la région de la menace terroriste. Parce qu’elle est ciblée par Aqmi, la France est à  l’avant-garde de la future opération, dont l’ossature sera composée des forces de la Cédéao, la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest. Enlisées en Afghanistan depuis plus de dix ans, victimes de coups de rabot budgétaires qui grèvent leurs effectifs, les armées françaises ont prévenu que leur participation aux opérations extérieures se limiterait dorénavant à  un cadre multilatéral. Le passé colonial de la France et la menace qui pèserait sur la vie des otages si Paris était en première ligne dans le Sahel plaident également pour la modération. «Nous voulons seulement avoir un rôle de facilitateur. Pas question d’envoyer des troupes au sol», explique un diplomate français. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a promis une «aide logistique» pour aider à  résoudre la crise. Des Forces spéciales françaises dans la région Mais la France s’impatiente. Une centaine de membres des Forces spéciales françaises ont déjà  été déployés dans la région. Ils devraient être prochainement renforcés, notamment par les commandos de la Marine nationale. L’aide française comprend également des avions de patrouille maritimes, qui récoltent du renseignement, et un système de surveillance basé au Niger. Selon les hypothèses envisagées, notamment à  Paris, il s’agirait de former une force d’action de quelques centaines d’hommes pour reconquérir le nord du Mali, occupé depuis plusieurs mois par les groupes armés islamistes. Un noyau dur de 40 hommes, un premier cercle de 200 à  400 hommes et une piétaille de 3000 à  4000 hommes forment cette nébuleuse islamiste. «Ce n’est pas la campagne de Russie», commente un bon connaisseur du dossier. «Ils sont finalement assez peu nombreux. Un millier d’hommes occupe une partie d’un à‰tat qui n’existait plus», poursuit-il. L’opération ne doit cependant pas se limiter à  «donner un coup de pied dans la fourmilière puis s’en aller, prévient un spécialiste du dossier. Il faut inscrire l’action dans la durée, sinon le problème resurgira six mois plus tard». Selon le quotidien el-Khabar, un journal algérien bien informé sur les questions sécuritaires, les forces spéciales françaises entraà®neraient des militaires africains en Libye. «Ce n’est pas une information qui m’étonne. Les Français ont des intérêts dans la région, en Libye comme au Niger. Mais une intervention demande de la prudence et du doigté en raison de l’enchevêtrement d’acteurs aux alliances incertaines et de l’influence de puissances étrangères qui ont leur propre agenda», estime Liess Boukra, l’ex-directeur du CAERT, un centre d’étude du terrorisme basé à  Alger. L’Algérie, qui tient à  maintenir la pression terroriste hors de ses frontières – et si possible à  la repousser vers les pays d’Afrique subsaharienne -, refuse toute ingérence dans le Sahel. Cette position ne l’empêche pas d’entretenir des liens ambigus avec certains protagonistes de la crise, comme les islamistes touaregs d’Ansar Dine qui contrôlent Kidal, l’une des grandes villes du nord du Mali. «Il y a un côté trouble dans l’attitude d’Alger», déplore un diplomate français. Les Tchadiens en embuscade Le dispositif français pourrait être renforcé pour combler les lacunes de la Force africaine d’intervention. Le Niger a annoncé son intention de fournir des troupes et le Burkina Faso ainsi que le Sénégal pourraient le suivre. Des renforts venus du Tchad, un pays o๠la France dispose de bases militaires, pourraient participer activement à  l’opération. Mais les combattants tchadiens, aguerris au combat dans le désert, font peur à  leurs voisins en raison de leur réputation de soldats incontrôlables. De leur côté, les Maliens sont divisés et leur armée détruite. Or tout le monde sait que la Cédéao ne pourra guère jouer davantage qu’un «rôle tampon» dans cette affaire, selon les mots d’un diplomate. «Ses capacités militaires sont limitées. La Cédéao ne pourra jamais être en mesure de former le noyau dur de l’intervention.» Pour épauler les Africains, la Grande-Bretagne s’est rangée aux côtés de la France. Entre les deux pays, «la coopération est excellente», confie un officier. Les Allemands et les Polonais ont promis un soutien en matière de renseignement. Les Italiens et les Espagnols, leur concours politique. Les Russes ont assuré qu’ils ne bloqueraient pas le Conseil de sécurité de l’ONU pour une opération destinée à  lutter contre le terrorisme international. Les Chinois semblent partager ce point de vue. Quant aux Américains, ils ont offert leur soutien, en matière de renseignement notamment, tout en refusant le premier rôle. Plusieurs étapes, difficiles à  négocier, doivent encore être franchies avant le déclenchement de l’opération. Le président par intérim Dioncounda Traoré a demandé à  la Cédéao d’aider le Mali à  restaurer son intégrité territoriale. Il pourrait adresser la même demande à  New York le 26 septembre, à  l’occasion d’une conférence internationale qui se tiendra en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU. Si les Maliens refusent tout déploiement de forces étrangères au Sud, Bamako a donné un discret feu vert à  la reconquête du Nord. Un émissaire spécial pour le Sahel va être nommé. Le nom du diplomate gabonais Jean Ping est évoqué. Son rôle serait d’associer l’Union africaine (UA) au dossier.

La France en quête d’une solution pour le Mali

Le sort des otages français aux mains d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) semble de plus en plus lié à  celui du Mali. Dans un communiqué publié mercredi soir, la nébuleuse terroriste a pour la première fois clairement menacé d’exécuter ses prisonniers enlevés il y a deux ans à  Arlit, au Niger, si une intervention militaire était mise sur pied pour tenter de remédier à  la crise qui secoue ce pays depuis six mois. Aqmi est l’un des principaux bénéficiaires du coup d’à‰tat du 22 mars, qui a vu la sécession du nord du pays désormais sous le contrôle de groupes armés qui lui sont apparentés. Les terroristes, s’ils se disent ouverts aux négociations en vue d’une libération, laissent aussi entendre que les captifs sont aussi des boucliers humains contre une éventuelle intervention qui viserait à  les priver de ce nouveau fief. L’à‰lysée assure «tout mettre en œuvre » pour obtenir une libération. Sous couvert d’anonymat, un officiel français assure que des négociations ne sont pas écartées. Mais Paris n’entend pas pour autant ralentir ses efforts pour mettre en place une opération militaire pour bouter les islamistes hors de la zone. «Le danger de voir l’émergence d’un Afghanistan au C’œur du Sahel, avec les risques que cela ferait peser sur les pays voisins, mais aussi sur la France, est trop grand », souligne le diplomate. Aussi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a-t-il réaffirmé jeudi soir que la France apporterait bien son «soutien logistique» à  une éventuelle intervention militaire dans le nord du Mali. Reste que, pour la France, la question des otages n’est pas le seul obstacle à  surmonter avant de pouvoir envisager une solution militaire. Il faut aussi convaincre Bamako de se joindre aux efforts. Mais les autorités au pouvoir au Mali, très divisées, rechignent à  donner leur feu vert. Option armée «rapide» Jeudi, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a reçu le premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra. à€ l’issue de l’entretien, un porte-parole de la délégation malienne n’a pas levé les ambiguà¯tés. Tout en se disant favorables à  une option armée «rapide », les Maliens semblent néanmoins vouloir continuer à  privilégier la carte d’un dénouement pacifique. Ces contradictions laissent sceptiques sur les chances de voir émerger une solution lors de la réunion sur le Sahel, qui doit se tenir la semaine prochaine aux Nations unies. D’autant que le premier ministre est loin d’être le seul décisionnaire. Si cet ancien scientifique sans grande expérience politique apparaà®t comme le nouvel homme fort du pays, le président par intérim, Dioncounda Traoré, entend aussi jouer son rôle. Quant au capitaine Sanogo, le chef de la junte militaire officiellement dissoute, il ne cesse d’intervenir sur la scène politique. «La situation à  Bamako est devenue aussi inquiétante qu’au nord. Le pays navigue à  vue, car le pouvoir malien est une hydre à  trois têtes o๠chacun joue sa partition. Dès que l’on obtient l’accord de l’une des parties, les deux autres le contestent immédiatement », se lamente un dirigeant ouest-africain. Coincées dans un imbroglio qui les dépasse, les familles des otages essaient de ne pas perdre espoir. Marie-Line Bondu, la belle-mère de Pierre Legrand, l’un des otages, se refuse ainsi à  «baisser les bras ». «En ce qui concerne les négociations, nous n’avons pas de prise, les cartes sont dans les mains du gouvernement », dit-elle.

Nord : les Dogons entrent dans la danse

3568 kilomètres avalés en dix jours. l’association Ginna Dogon («Â grande famille dogon ») avait des choses à  raconter après son long périple dans les trois régions du Nord du Mali. Une mission composée du président de l’association Mamadou Togo et de plusieurs adjoints, destinée à  manifester sa solidarité à  ses cousins du septentrion, à  s’enquérir de la situation sur le terrain et à  s’entretenir avec les différentes parties prenantes. Des chrétiens toujours présents Aux dires des conférenciers, le cousinage à  plaisanterie a été la porte d’entrée des Dogons dans cette zone o๠l’on ne plaisante plus beaucoup. Sur le terrain, Ginna Dogon aurait constaté la présence de chrétiens qui pratiquent toujours leur religion. Selon les membres de l’association, les groupes amés islamistes ne comprennent pas qu’un pays à  95% musulman comme le Mali refuse d’instaurer la charia. Son application est selon eux non négociable. Retour des services de l’Etat ? Dans ses recommandations, Ginna Dogon a suggéré à  l’Etat d’engager un dialogue direct avec les occupants pour un retour à  la normalité, et de prendre des dispositions afin d’alléger les souffrances des populations. En ce sens l’association a manifesté une grande envie de voir le retour des opérateurs de télécommunication ainsi que les services de l’Etat. La division du Mali n’a pas été évoquée au cours des discussions. Selon le président Mamadou Togo, il y a un grand espoir de régler ce conflit de manière pacifique et l’Etat à  un grand rôle à  jouer pour que le Mali tourne cette page sombre de son histoire.

60 jeunes déplacés du Nord à l’école des nouvelles technologies

l’association malienne pour l’initiation et la sensibilisation aux technologies de l’information et de la communication (AMISTIC) a organisé ce week-end une formation en informatique pour les élèves déplacés du Nord. Pendant 15 jours, une soixantaine de jeunes ont découvert Microsoft Word, Excel Power Point et surtout Internet. Pour l’occasion, l’Agence des technologies de l’information et de la communication (AGETIC) – une structure gouvernementale – a mis à  disposition une salle équipée de 60 ordinateurs connectés à  l’Internet. l’objectif de l’AGETIC est de former en quelques années 1000 jeunes à  ces outils. Premier contact avec Internet Les jeunes bénéficiaires de cette formation n’ont pas caché leur joie. Alors que certains d’entre eux touchaient pour la première fois un ordinateur, ils se disent aujourd’hui capables d’écrire sur un clavier, d’envoyer des messages sur Internet et de faire des recherches via la toile mondiale. Selon Moussa Belem, le président de l’AMISTIC, C’’est un devoir pour l’association d’œuvrer à  la sensibilisation aux technologies de l’information et de la communication. Représentant du ministre de la Poste et des nouvelles technologies, Souhahébou Coulibaly a souhaité l’organisation d’une autre séance. Créée en 2007, l’AMISTIC se veut un cadre de formation et de lobbying pour l’accès du maximum de maliens aux technologies de l’information et de la communication.

Otages au Mali: Paris pris dans le piège d’al-Qaida

Dimanche marquera l’anniversaire des deux années de captivités pour quatre hommes, quatre Français otages aux confins du désert malien d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Deux ans qui sonnent comme le symbole d’une certaine impuissance de la France à  endiguer l’expansion des idées djihadistes dans le Sahel. Car, depuis leur capture dans la nuit du 16 septembre 2010 à  Arlit, au Niger, o๠ils travaillaient pour la société Areva ou pour Sogea-Satom, peu d’avancées ont été enregistrées sur le sort et l’avenir de ces détenus. «On vit un enfer», raconte René Robert, le grand-père de l’un des séquestrés qui reconnaà®t «ne pas savoir grand-chose». Aqmi a pignon sur rue au Mali Pierre Legrand, Marc Ferret, Daniel Larribe et Thierry Dol sont aux mains d’Abou Zeid, un islamiste algérien, chef d’une des principales brigades d’Aqmi au Mali. «C’est un vrai intégriste, très décidé mais très versatile, ce qui ne facilite pas les choses», souligne un négociateur ouest-africain. La libération en février 2011 de Françoise, l’épouse de Daniel Larribe, et deux codétenus de nationalité togolaise et malgache pris eux aussi à  Arlit avait soulevé un peu d’espoir, vite douché. Les ravisseurs n’ont fait qu’espacer les nouvelles jusqu’au 8 septembre dernier et la diffusion par un site Internet mauritanien d’une vidéo. Ce film, datant du 29 août, montre les otages fatigués mais vivants. «C’est le signe que les négociations sont en ce moment bloquées», explique Mohammed Mahmoud Abou el-Maali, un journaliste mauritanien bon connaisseur de la nébuleuse islamiste. Pour lui, le fait qu’aucun ultimatum n’ait été posé est un «bon signe». Mais l’homme se garde de pousser plus loin l’analyse. Car ces derniers mois, la situation du Mali, et donc celle des otages, a radicalement changé. L’effondrement, fin mars 2012, du régime du président malien Amadou Toumani Touré puis l’irruption d’une rébellion au Nord a brouillé les cartes. «Cela gêne beaucoup la France dans les négociations. Les intermédiaires classiques, comme les Touaregs ou certains responsables maliens, ne sont plus efficaces», assure Abou el-Maali. Dans le même temps la puissance d’Aqmi s’est multipliée. à‰normité de la rançon demandée Les islamistes contrôlent maintenant directement ou au travers d’Ansar Dine et du Mouvement unicité et djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) tout le nord du pays et les villes de Gao, Kidal et Tombouctou, dont Aqmi a fait sa capitale. Le groupe qui ne comptait que quelques centaines de combattants peut maintenant disposer de plusieurs milliers d’hommes et d’un armement considérable. «Dans sa fuite l’armée malienne a abandonné un véritable arsenal. Les islamistes possèdent maintenant plus de matériel que le Burkina, le Niger et la Côte d’Ivoire réunis», assure-t-on dans l’entourage d’un dirigeant ouest-africain. Au final, Abou Zeid, l’ancien djihadiste traqué, s’est mué en un homme de poids. «Il a une adresse et un numéro de téléphone. Il faut cesser de le considérer comme un paria et négocier avec lui», affirme même un dirigeant arabe malien. Dans ce contexte, la diffusion de la vidéo a laissé perplexe. «Soit les gens d’Aqmi ont besoin d’argent pour financer leur extension, soit ils cherchent simplement à  replacer les otages dans le jeu médiatique pour faire pression sur le gouvernement français et s’en servir comme bouclier humain», explique un spécialiste. L’énormité de la rançon demandée, près de 100 millions d’euros, plaide pour la première hypothèse. Mais la France peut-elle payer, même une somme plus modeste, au moment o๠elle soutient l’option d’une intervention armée africaine contre Aqmi et ses alliés? Pour Paris, le dossier des otages maliens ressemble de plus en plus à  un piège.

Maliens, la Suisse nous a bifé !

Bifer le Mali des pays sûrs ? Que veut dire encore ce nouveau terme? D’après le dictionnaire, bifer signifie, rayer, effacer, exclure. En résumé, la confédération helvétique au demeurant l’un de nos partenaires à  la coopération les plus sûrs, a estimé : «Â compte tenu de la détérioration de la situation des droits de l’homme au Mali après le putsch militaire survenu au printemps, que ce pays africain n’est plus considéré comme sûr » et après avis du Département fédéral de justice et police (DFJP). Donc, si vous décidiez de demander l’asile en Suisse, les procédures en seront plus compliquées et dépendront de votre situation matérielle. La Suisse est réputée être un pays d’asile et connu pour sa neutralité et son cosmopolitanisme. Les rues de Genève, Lausanne, Berne ou Zurich comptent une multitude de ressortissants étrangers qui enrichissent la culture locale et apprécient le chocolat des monts alpins. Réfugiés bifés Faut-il se réjouir de cette décision du Conseil Fédéral hélvétique de nous exclure de la liste des Etats sûrs en ouvrant l‘asile à  nos concitoyens mais sous réserve de la qualité de réfugiés. Ou pleurer de reconnaissance. En fait, on ne pourra plus se rendre en Suisse comme de simples voyageurs maliens sans avoir l’impression d’être de pauvres réfugiés fuyant une terre invivable. Non seulement notre pays est aux deux tiers occupés par des groupes armés, voilà  qu’on nous pointe du doigt à  nouveau. Comme si cela ne suffisait pas, notre économie et notre tourisme sont en berne. Alors Berne viendra-t-il à  notre secours ? Le pays de Guillaume n’a visiblement pas dépassé son quota de réfugiés qui envahissent les bords du lac Léman l’été. Maliens patriotes La Suisse, n’est plus ce qu’elle était. Avec la montée d’une extrême droite radicale qui stigmatise davantage les étrangers, il est utile de signaler qu’un petit groupe de sympathisants et amis du Mali ont organisé une manifestations à  Genève en fin avril, pour dire non à  l’occupation des groupes rebelles au nord du Mali. Ils n’étaient pas nombreux ce jour là , mais ils ont fait savoir à  l’opinion suisse, que de partout dans le monde, leur C’œur était au Mali. Au-delà  de cette déclaration incongrue de nous « bifer » de la liste des pays sûrs, comme si la Suisse avait le monopole de la sécurité mondiale, il est temps de mettre fin à  l’ère de la dépendance, aux diktats verbaux ou économiques de ceux qui nous assistent avec leurs aides et décident qui est fréquentable et qui ne l‘est pas. Il est bien connu que la main qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit, mais la Suisse compte dans ses institutions internationales, de nombreux ressortissants maliens, sénégalais, guinéens, ou autres, qui doivent aujourd’hui se sentir bien mal à  l’aise face à  la situation que vit la mère patrie. Bifé ou pas de leur liste de pays sûrs, il s’en trouvera pourtant des Maliens qui resteront jusqu’à  leur dernier souffle sur cette terre du Mandé. Acculés et sous la menace des islamistes fous, il s’en trouvera encore de dignes fils du Mali pour lutter pour leur pays. Et une fois l’affaire terminée, il ne leur viendrait pas à  l’idée d’aller se reposer en Suisse, mais sur les belles dunes de sable de Tombouctou l’éternelle…

Crise malienne : prélude à la réunion de la CEDEAO

« Cette réunion est d’importance car elle succède à  plusieurs autres et se tient après la requête tant attendue du président malien à  la CEDEAO », a déclaré le général Soumaà¯la Bakayoko, président du Comité des chefs d’état-major des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). « Il s’agit d’examiner la requête du Mali et de faire des propositions concrètes sur notre concept d’opération consensuelle », a-t-il poursuivi, précice l’agence Xinhua. Après la requête officielle envoyée le 4 septembre, par le président malien Dioncounda TRAORE aux instances de la CEDEAO, en vue de recouvrir l’intégrité de son territoire national, l’heure est à  l’urgence. Dioncounda Traoré souhaite également, dans son courrier, un appui aérien et l’envoi de cinq bataillons à  partir de la ligne de front qui seront « graduellement engagés pour contrôler les villes reconquises ». Il demande aussi un soutien pour acheminer de l’aide humanitaire et pour aider à  neutraliser les mines qui ont pu être posées dans le nord du pays. Propositions pertinentes La réunion des chefs d’état-major, qui se tient ce vendredi 14 septembre à  Abidjan, vise à  faire des « recommandations pertinentes » pour l’engagement de la Force en attente de la CEDEAO. Le 17 septembre aura lieu à  Abidjan, une autre réunion, celle des ministres des Affaires étrangères et de l’Intégration de la CEDEAO. Ce conclave ministériel se penchera lui sur les travaux de ce vendredi pour fixer les grandes lignes d’une possible intervention ou en tout un cas un soutien logistique et humain des forces de la CEDEAO au Mali. . Pour la CEDEAO, la force en attente de 3 300 soldats, maintes fois proposée, devrait sécuriser les institutions de transition dans la capitale, renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité maliennes, soutenir les troupes maliennes dans la reconquête du nord et apporter une aide humanitaire aux populations déplacées ou réfugiées.

Citoyenneté : les « Sofas de la République » en remettent une couche

Les SOFAS de la République, un mouvement militant composé de jeunes leaders, estime que la question du nord si elle est complexe, n’empêche pas une bonne préparation des futures élections au Mali. l’organisation a tenu une conférence de presse jeudi 13 septembre, au Carrefour des Jeunes de Bamako pour lancer un appeler la jeunesse malienne au sursaut. Esprit civique Convaincus que la crise malienne est la conséquence d’élections frauduleuses, les SOFAS de la République estiment que pour maintenir la paix et de la démocratie, il faut la tenue d’élections libres et crédibles. Avec une meilleure implication des jeunes qui ont trop souvent été instrumentalisés par les politiques. «Â Ce mauvais comportement des dirigeant a été dicté par l’ignorance. Inconsciemment , la jeunesse a toujours eu une attitude de foule et non civique lors des élections », rappelle l’un des leaders. [«Â  Ma carte d’électeur, mon arme civique » ] Pour remédier à  tout ca, les SOFAS ont initié une vaste campagne civique intitulée «Â Ma carte d’électeur, mon arme civique ». Elle vise à  apporter aux jeunes des connaissances pour «Â mesurer la valeur du bulletin de vote et de sa portée sur l’avenir du citoyen et son pays », précise Mohamed Bathily, porte-parole du Mouvement. Le combat de Rass Batch et de ses amis, est d’aller à  la rencontre des jeunes pour cultiver en eux l’esprit de civisme. «Â Nous irons partout o๠nos moyens nous permettront d’arriver. Nous ne comptons que sur nous même », ajoute-t-il. l’ ignorance des populations sur les institutions de la République (telle l’Assemblée nationale), le sens du vote sont autant de phénomènes auxquels les SOFAS de la République veulent s’attaquer. Sur la question de la rétention des armes du Mali à  la frontière guinéenne, et qui fait les choux gras de la presse, Rass Batch s’est montré ferme, indiquant que la CEDEAO doit se ressaisir pour ne pas constituer un obstacle aux intérêts du Mali : «Â Il n’y a aucune raison qui puisse justifier la rétention des armes » a t-il déclaré. Organisation politique du point de vue philosophique, les SOFAS ne veulent plus cautionner «Â l’attitude passive de la jeunesse malienne ». Elle doit se faire entendre !

Crise: pourquoi l’Eglise du Mali se tait ?

Epine dorsale de la religion chrétienne au Mali, les Eglises catholiques et protestantes ont toujours entretenu une position floue sur les questions d’intérêt national. Complexe de la minorité? Crainte d’être mal compris? Consultées à  l’aune des grandes prises de décision, leur position s’aligne d’ordinaire sur celle des musulmans, ultra-majoritaires. La fuite des chrétiens du Nord La crise actuelle ne déroge pas à  la règle. Alors que le moindre petit regroupement donne de la voix pour faire entendre sa position, que les partis, les personnes et les coalitions s’entredéchirent, l’Eglise préfère garder le silence. l’offensive des islamistes avec à  la clé l’occupation des 2/3 du territoire national et son corollaire de chasse aux chrétiens, pas plus que l’instauration d’une charia qui risque de se propager, ne l’ont fait sortir de son mutisme, qui peut passer pour de l’indifférence. Elle sait pourtant bien que C’’est elle qui serait menacée la première si la charia venait à  se répandre. La prise des régions du Nord a jeté sur les routes les rares chrétiens qui prêchaient le nom de Jésus. «Les chrétiens de Kidal, Tombouctou, Gao ont tous fui. Depuis le 1er avril, les lieux de culte comme l’Eglise de Gao et la chapelle de Tombouctou seraient occupés par le groupe Ansar Dine», témoigne un chrétien déplacé. à€ Bamako, les chrétiens – qui représentent moins de 2 % de la population – sont de plus en plus inquiets de la tournure des événements. Monseigneur Jean Zerbo de l’Eglise catholique, tout comme le pasteur Daniel Coulibaly de l’Eglise protestante se font de plus en plus rares. Aux premières heures du coup d’Etat, on les avait pourtant vus avec Mahmoud Dicko du Haut Conseil Islamique (HCI), à  Kati comme à  Ouagadougou. Depuis plus rien. Seul le président du HCI est visible. Est-ce à  dire que ces trois personnalités n’ont pas la même vision des choses? « On n’est pas sûr d’être compris de la même façon par tout le monde » Ce n’est pas la première fois que l’Eglise disparait en temps de crise. En 2009 elle était restée muette lors du tourbillon politique et social qui avait entouré la réforme du code de la famille. Même après le renvoi du code en seconde lecture, aucune autorité de la confession n’avait pipé mot. Le combat des leaders musulmans visait pourtant à  réduire les droits de la femme. Très souvent, la voix des chrétiens ne se fait entendre que via quelques fidèles qui n’approuvent d’ailleurs pas le mutisme des dirigeants. «Les responsables de l’Eglise doivent se mettre en tête que la religion est là  pour aider les hommes à  vivre. Il y a donc pas de mal à  ce que l’Eglise fasse part de sa vision sur des questions d’intérêt nationales », lâche Théophile Mounkoro, ancien séminariste. Selon George Koné, un proche collaborateur de l’archevêque de Bamako, l’Eglise n’aimerait pas se mettre au devant de la scène pour faire des déclarations officielles. Et pour cause, soutient-t-il, «le pays est fragilisé. Il faut se garder de faire toute déclaration susceptible d’attiser le feu. Car on n’est pas sûr d’être compris de la même façon par tout le monde ». Il faut cependant souligner que le Pape Benoà®t 16 s’est exprimé à  plusieurs reprises sur la crise que traverse le Mali. D’abord, au lendemain du coup d’état et la prise des régions nord, pour prier pour la paix.Et ensuite, pour condamner la destruction des mausolées à  Tombouctou. Mais l’Eglise du Mali, elle reste dans son silence, qu’elle juge plus prudent.

Edito: Sanogo, la politique de l’autruche?

Il était resté en retrait de la scène ces derniers temps, sans pour autant lâcher prise dans la gestion des affaires de l’Etat. Le capitaine Sanogo, chef de l’ex-junte, est réapparu à  la télévision pour rassurer sur l’armée. C’’est concentré et plus sûr de lui que jamais que le capitaine Sanogo est apparu sur les écrans de l’ORTM ce lundi. Celui qui dirige l’ex-junte est venu en opération de communication avec un objectif double : clarifier la position de l’armée, dont il semble aujourd’hui être le leader et le porte-parole, et dissiper les rumeurs qui faisaient état de divisions dans les rangs des ex-putschistes et de l’armée toute entière. Comme pour répondre à  ceux qui l’accusaient de mettre des bâtons dans les roues de la transition en ne respectant pas ses engagements, Amadou Haya Sanogo s’est posé en défenseur des institutions. Il a déclaré épouser totalement les points de vue et les initiatives du président Dioncounda Traoré dont il a par ailleurs salué « la largesse d’esprit, la considération et le sens élevé du patriotisme». Faire taire les rumeurs et se positionner en décideur Au sujet de la demande d’appui envoyée la semaine dernière par le président à  la CEDEAO, Sanogo a expliqué qu’il n’y était nulle part écrit qu’il y aurait déploiement de troupes. Peut-être, « lorsque l’armée malienne en sentira le besoin », a-t-il tenu à  préciser. C’’est cette intervention éventuelle de troupes de la CEDEAO qui aurait mis le feu aux poudres à  Kati, siège de l’ex-junte. Des informations avaient même fait état d’une nouvelle tentative de putsch tant les « camarades » du capitaine sont réfractaires à  ce déploiement. Les camps des pro-CEDEAO et anti-CEDEAO se seraient ainsi regardés en chiens de faà¯ence. Le capitaine Sanogo, selon des sources à  Kati, aurait passé une grande partie de la journée du samedi 8 septembre à  discuter avec la troupe pour calmer les esprits. « Assez de discours! » Mais, pour lui, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, « l’armée malienne est plus que jamais unie comme un seul homme. Il n’y pas de problème à  Kati ni dans les autres garnisons », a-t-il déclaré avant de rassurer que la seule priorité reste celle de « restaurer l’intégrité territoriale ». « Assez de discours! » C’’est le point de vue unanime des Maliens au lendemain de cette intervention qui finalement n’aura apporté aucun élément nouveau en ce qui concerne les enjeux actuels pour le pays. Les commentateurs ont tôt fait de décortiquer le message du capitaine qui, selon eux, tente de se repositionner comme « maà®tre du jeu » dans l’armée. Or, de l’avis général, il n’est plus temps de savoir qui est chef de quoi, mais de définir que faire, quand et surtout comment. Et pour l’instant, C’’est l’option du déploiement de troupes africaines dans le Nord aux côtés de l’armée malienne pour combattre les islamistes qui reçoit le plus de suffrage. « Notre armée ne peut pas et elle l’a prouvé », déclare un bamakois, fort désabusé.

Vidéo: le Capitaine Sanogo s’adresse aux Maliens

Le capitaine Amadou Aya Sanogo s’est adressé à  ses compatriotes ce lundi 10 septembre 2012 sur les ondes de la télévision nationale ORTM. Il a évoqué les rumeurs sur les mésententes entre les militaires à  Kati et appeler les Maliens à  faire bloc autour de leur armée qui a besoin de leur soutien. Il a également parlé de la demande faite par le Président de la transition, Dioncounda Traoré, à  la CEDEAO pour lui demander d’aider le Mali à  libérer le nord de son territoire.

Horreur à Gao : 5 hommes amputés d’une main et du pied par le MUJAO.

l’horreur a une nouvelle fois eu lieu à  Gao, la cité des Askia. Ce lundi, aux environs de 13h, cinq personnes ont été punies par le MUJAO pour avoir prétendument braqué un car de la compagnie Ringo Transports. Selon des témoins sur place, les islamistes du Mujao ont d’abord amputé de la main et du pied, quatre présumés braqueurs, avant d’appliquer la même sentence au 5è homme sur la place publique. « Lorsque les gens du Mujao ont amené cet homme à  la place publique de Gao, nous leur avons demandé ce qu’ils reprochaient à  ce jeune d’une trentaine d’années. Les mêmes gens du Mujao nous ont fait savoir que cet homme et quatre autres personnes avaient volé », ont indiqué les témoins de la scène. « Nous avons décidé d’amener le 5e sur la place publique de Gao afin que tout le monde le voit »», ont répliqué les membres du Mujao, qui avaient déjà  coupé la main d’un présumé voleur à  Ansongo au début du mois d’Août. Promettant de récidiver, les hommes du Mujao n’ont eu aucune pitié pour ceux à  qui ils reprochent d’avoir voulu braquer un car de voyageurs en partance pour Niamey. Charia pure et dure Installés depuis plus de cinq mois dans le nord du Mali, avec d’autres groupes comme Ansar Dine et Aqmi, les islamistes du Mujao, prétendent appliquer la charia pour donner l’exemple et ne comptent pas s’en arrêter là . «Â Nous avons appliqué la charia à  quatre personnes (lundi). Dans les prochains jours, nous allons continuer à  appliquer la charia aux voleurs », a indiqué un responsable du Mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest. A Gao, l’indignation est palpable et la population est choquée : «Â C’est terrible ! Je ne peux que condamner, je ne peux que pleurer, la communauté internationale nous abandonne ! » a déclaré Amadou Sidibé un député de la ville, selon l’agence Xinhua.

Mali : pas de psychose dans la zone tampon

« Nous ne sommes pas inquiets », affirme un habitant de Sévaré, qui abrite l’aéroport de Mopti, capitale de la 5ème région, situé à  quelques kilomètres plus au nord. Depuis la « prise » de Douentza par le mouvement extrémiste MUJAO, on a quand même entendu les rumeurs les plus folles circuler dans la ville. Certains auraient aperçu des véhicules arborant le drapeau des islamistes, d’autres en auraient vu dans la ville de Mopti en train de tenter des recrutements locaux. « C’’est des histoires », nous rétorque notre interlocuteur, employé de bureau, qui a requis l’anonymat. Il est vrai que la ville de Douentza, située à  une centaine de kilomètres à  peine de Mopti apparaissait déjà  aux mains des islamistes qui y maintenaient une présence discrète. Leur montée en puissance ces derniers jours avec l’annonce du ralliement des milices d’auto-défense locales et l’instauration de la charia, aurait de quoi faire monter la tension. Mais, contrairement à  ce que l’on aurait pu s’attendre, les habitants de Sévaré, véritable ville garnison, et ceux de Mopti continuent à  mener leur quotidien comme si de rien n’était. Ils se sont maintenant habitués à  partager leur quotidien avec les militaires qui seraient plusieurs milliers dans la ville, en plus de ceux qui peuplent d’ordinaire les camps des environs. Même les mouvements de véhicules militaires et les barrages installés depuis quelques jours à  tous les points d’entrée de la ville de Mopti ne semblent pas les perturber. En effet, depuis l’annonce du contrôle de Douentza par les islamistes, les patrouilles se sont renforcées et dès la nuit tombée, il faut montrer patte blanche avant de pouvoir entrer ou sortir de Mopti et Sévaré. Tout le monde est très prudent et il est difficile d’obtenir l’avis des uns et des autres sur ce qui se passe dans Sévaré. Dans les grins, on discute de tout mais surtout pas de la situation sécuritaire de la ville. Quelques jeunes osent cependant avouer qu’ils se demandent bien ce que font les militaires dans leur ville au lieu d’aller combattre jusque quelques dizaines de kilomètres plus au nord, o๠se trouvent les vrais enjeux. Certains habitants et particulièrement les commerçants et autres tenanciers de bars disent prendre les choses du bon côté puisque les affaires continuent de marcher, et plutôt bien… Et prient pour que la situation reste stable. Surtout que de nouvelles rumeurs ont fait le tour de la ville de Sévaré ce jeudi. Il « parait » que les islamistes ont juré de venir faire leur prière du vendredi dans la ville. Si cela s’avérait, comment les populations vont-elles l’interpréter ? Provocation ou tentative de conciliation ?

Vidéo : Le collectif « Cri de Coeur » dresse l’état des lieux de la situation humanitaire à Youwarou

Cette vidéo montre des images de la mission d’assistance humanitaire du collectif Cri de Coeur dans la ville de Youwarou située dans la région de Mopti. L’état des enfants malnutris, le cheptel décimé ou les populations privées de soins de santé ou de nourriture sont évoquées dans ces images qui peuvent choquer.

La rentrée des classes sans les élèves du nord

A partir du lundi 24 septembre prochain 2012 que les élèves du Mali reprendront les chemins de l’école au titre de l’année académique 2012-2013. Fixée par la décision n° 2012-MEA, elle concerne l’Enseignement fondamental préscolaire et spéciale, l’Enseignement normale (2ème et 3ème année cycle DEF), l’Enseignement secondaire général (les 11ème et 12ème) et l’Enseignement technique et professionnel (2ème CAP et 2ème et 3ème BT). La rencontre du 28 aout dernier entre le Ministre Adama Ouane et les acteurs sociaux de l’Ecole de tabler sur les préparatifs de la rentrée scolaire 2012-2013. La question qui taraude les esprits C’’est de savoir si les classes s’ouvriront aussi pour les élèves du nord contraint à  l’exil par la crise qui frappe. En effet, la surprise est qu’elle se fera sans les élèves déplacés du nord pour lesquelles le Gouvernement n’aurait pris aucune disposition pour l’instant. Quel sort pour les élèves du nord ? Alors que la rentrée des classes se précise pour les élèves du sud, elle est incertaine pour ceux du nord qui devront prendre leur mal en patience pour attendre leur sort. Le cas des élèves déplacés laisse planer une grande incertitude. Au Ministère de l’Education, on laisse entendre : « uniquement les enfants ayant pu examiner sont concernés par cette rentrée ». Ainsi, nous affirme-t-on au secrétariat général de ce département, aucune disposition n’est prise par rapport aux élèves du nord. s’agissant des élèves non déplacés les djihadistes ont posé leurs conditions, tout en affirmant leur volonté de permettre la rentrée des classes à  date échue. Toutefois, les fondamentalistes de l’islam exigent que chaque classe soit tenue par des enseignants uniquement de confession musulmane et de même sexe que ses élèves. Ils posent aussi la condition de dissocier les sexes. Aussi, ils veulent la suppression de certaines matières comme la philosophie. Cette discipline serait contraire aux préceptes de la Charia. Le Gouvernement n’a toujours pas réagi à  ces propositions. C’’est dire que l’année académique est menacée pour les élèves du nord. Affliction Mahmoud Cissé, un déplacé du nord, se dit désemparé par la situation. Lui qui pensait que les choses allaient s’arranger avant la prochaine rentrée, ne sait pas comment plus comment tenir la situation de ses 3 enfants. « Ici aucune condition n’est réunie pour moi pour que je réinsère mes enfants. Le Gouvernement devra prendre au sérieux notre cas », lance-t-il. Comme lui, plusieurs déplacés se disent préoccupés. Au camp de réfugié de Niamana, « on se soucie pour la survie plutôt que de la rentrée des classes », nous affirme une source de ce centre hébergeant une cinquantaine de déplacés. Il est admis de tous que cette année rentrée intervient dans un contexte particulier et difficile. Du fait non seulement de la crise qui frappait déjà  de système éducatif, mais aussi de la forte migration des élèves des régions du nord à  cause de l’invasion des groupes rebelles. Mais, gageons que Cheick Modibo et les siens sauront remettre l’école en selle.

Reconquête du Nord : le Mali a lancé le SOS

C’’est en fin de journée, ce mardi 05 septembre, que la nouvelle est tombée. Apres des mois de tractations, perçues par beaucoup comme des tergiversations, les autorités maliennes viennent de franchir un pas important vers la reconquête des régions nord, sous occupation islamiste depuis cinq mois. En effet, la CEDEAO attendait une demande formelle de Bamako pour déclencher le déploiement de sa force d’attente, prête depuis plusieurs mois déjà  à  intervenir. Ce déploiement butait sur deux points : le mandat ou non de l’ONU pour appuyer cette force et la mission qui lui sera confiée, sécuriser les institutions à  Bamako ou aller directement faire la guerre au nord aux côtés des troupes maliennes. Voila chose faite avec la requête adressée par le président Traoré en vue d’obtenir une contribution de nature militaire pour la stabilisation du pays et surtout à  la reconquête du Nord. « Un développement important » La CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) s’est déclarée prête, en avril dernier, à  envoyer au Mali une force de quelque 3.300 soldats. l’organisation souhaite cependant obtenir un mandat formel du Conseil de sécurité des Nations unies et un soutien logistique occidental pour ce déploiement. En cela, elle a le soutien de la France dont le représentant spécial, Jean Felix-Paganon, a salué un « développement important ». C’’est d’ailleurs lui qui a donné l’information de la requête malienne, après un entretien avec le Président de la CEDEAO, l’ivoirien Alassane Ouattara. La majorité des maliens saluent cette annonce, même si au départ, ils n’étaient pas nombreux en faveur d’une intervention militaire étrangère. Mais la situation au nord est allée en s’aggravant, avec la prise récente du Douentza par les islamistes du MUJAO. l’armée malienne, même si elle a été récemment dotée de nouveaux matériels, aura certainement besoin d’un appui conséquent pour agir. D’autant plus que les islamistes sont surarmés et qu’ils se sont préparés à  faire face à  une action militaire de Bamako. Autant de raisons qui ont fait disparaitre ou du moins diminué les réticences à  la force de la CEDEAO pour le Mali. Mais, de la demande formelle du Mali à  un déploiement proprement dit, il y a encore du chemin. Du mandat onusien Il reste en effet à  savoir comment l’intervention va se mettre en place. Selon Jean-Felix Papagnon, le président Ouattara entend maintenant procéder à  des consultations avec les pays membres de la CEDEAO sur la requête des autorités de Bamako pour voir ce qu’il convient d’en faire. s’en suivra, en principe, une procédure auprès du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour obtenir un mandat clair, définissant la missions des troupes ouest-africaines sur el terrain. La CEDEAO va également certainement demander à  son tour un appui logistique aux pays occidentaux pour sa mission. En attendant, l’Union Africaine également sera saisie pour agir elle aussi dans le sens de sa mise en œuvre rapide. A Kidal, Gao et Tombouctou, l’espoir renaà®t peut-être aujourd’hui. Ces trois régions administratives composant le nord du Mali, sont tombées depuis cinq mois aux mains du Mujao et d’autres groupes armés, dont des rebelles touareg et jihadistes liés à  Al-Qaà¯da. Les populations qui y vivent un véritable calvaire, privées de nourriture, de soins mais surtout de leurs droits fondamentaux, attendent que les politiciens passent rapidement à  l’acte et ne se perdent pas dans des fignolages qui ne feront qu’aggraver leur situation.