Bac 2012, une session particulière

Les épreuves du Baccalauréat , session 2012 ont démarré ce matin mardi le 10 juillet 2012 sur toutes les étendues du térritoire sauf les régions occupées par les groupes armés. A Bamako, les épreuves ont démarré avec quelques difficulté ça et la. Ces difficultés sont entre autres l’absence de certaines surveillants, oubli de carte d’identité de la part de certains candidats. Ils sont au total 103185 qui tentent cette année leur chance pour décrocher le diplôme afin d’accéder à  l’enseignement supérieur. Parmi eux, 180 sont des élèves déplacés venus du nord du Mali, occupé par les groupes armés. L’administration étant absente de ces régions, il a été impossible d’y organiser des examens. Le gouvernement a cependant annoncé il y a une dizaine de jours qu’une session spéciale sera organisée pour les élèves de ces régions. Plus de candidats que l’an dernier Le nombre de candidats a augmenté cette année par rapport à  2011 o๠ils n’étaient que 95000 environs. Les candidats sont repartis entre 189 centres d’examens et 4079 salles d’examens. Sur le nombre total des candidats, le district de Bamako compte à  lui seul 52 106 candidats pour 100 centres et 2148 salles. Les candidats libres sont au nombre de 13601 dont 5320 candidats à  Bamako. Ce nombre est aussi à  la baisse, contrairement à  2011 o๠les candidats libres étaient au nombre de 14207. Les candidats sont répartis entre sept académies d’enseignement. Il s’agit de celles des rives droite et gauche du district de Bamako, de Kati, de Sikasso, de Koutiala, de Ségou et Mopti. Les régions du nord ne sont pas concernées par les examens. Une session spéciale est prévue pour les régions du nord . Accès interdit Au niveau de la rive Gauche de Bamako, nous avons sillonné certains centres. Au lycée Fily Dabo Sissoko les épreuves ont démarré à  8 heures. Là -bas les problèmes rencontrés par certains candidats sont l’oubli de la carte d’identité . Force est de constater quelques difficultés se sont présentés aussi au moment de la distribution des sujets. Si nous avons été acceptés au lycée Fily Dabo Sissoko, par contre l’accès au centre du lycée Bouillagui Fatiga nous a été refusé par la force de l’ordre. « Vous ne pouvez pas rentrer ici, nous avons reçu l’ordre du président du centre de ne laisser personne rentrer, même la presse » martèle un jeune policier à  l’endroit des hommes de media. Il est de même qu’au lycée Bah Aminata Diallo ou l’accès était formellement interdit à  tout le monde. Malgré tout, nous avons recueilli le témoignage d’une candidat de la série science humaine(SH) Fatoumata Dounkara qui témoigne n’avoir « pas eu des problèmes avec la philosophie ». Bonne chance pour la suite des épreuves.

Ces Maliens qui veulent la guerre !

Les exactions des islamistes et des rebelles touareg ont provoqué un afflux de 200.000 réfugiés à  l’étranger et déplacé 150.000 personnes à  l’intérieur du pays. Un début d’épidémie de choléra s’est déclaré et une grave crise humanitaire se profile, faute de nourriture et de médicaments. Indignation A quand l’intervention, une menace brandie par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dès le putsch du 22 mars dernier? C’est la question que beaucoup se posent. «On sait bien que C’’est l’Algérie qui pose problème, parce que ça les arrange de ne pas avoir les islamistes chez eux», commente Moussa, un immigré à  Paris, Malien d’ethnie songha௠et originaire de Gao. De plus en plus, cet argument ressassé sonne faux. Car les islamistes d’Aqmi sont bel et bien présents sur le territoire algérien, o๠ils ont commis une série d’attentats meurtriers, faisant notamment 30 morts et 220 blessés à  Alger le 11 avril 2007. Aqmi a aussi tué 11 gendarmes algériens en juillet 2010 lors d’une embuscade à  Tamanrasset, dans le sud algérien. Alors que l’Algérie donne des signes de changement d’attitude, les Maliens ordinaires ont du mal à  s’expliquer l’inertie de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). «Ce sont les grandes puissances qui sont derrière les islamistes, assure un chauffeur de taxi parisien originaire du Mali… Quatre hommes de la Croix-Rouge du Qatar sont à  Gao et distribuent des vivres sous la protection du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest). Dites-nous ce que fait le Qatar à  Gao? à‡a les arrange tous d’avoir du bordel au Nord parce qu’il y a du pétrole!» Des jeunes prêts à  l’autodéfense l’impatience monte, du côté des jeunes prêts à  en découdre avec les islamistes ainsi qu’avec les rebelles touareg. D’autant que l’armée malienne, forte de 33 000 hommes, semble bien décidée à  ne rien faire au Nord, depuis qu’elle est partie en débandade, fin mars. A cette époque, elle faisait face à  3.000 hommes, rebelles et islamistes confondus. Des groupes qui ne cessent d’étoffer leurs rangs depuis, et qui se préparent à  la guerre, dans l’attente d’une intervention militaire ouest-africaine qui aurait le soutien logistique de la France et des Etats-Unis. C’’est dans cette optique, aussi, qu’il faut analyser les destructions de mausolées à  Tombouctou, une démonstration de force avant l’hypothétique bataille. Paris reste paralysé par la présence de six otages français aux mains d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), et une ancienne colonie qui n’a pas souhaité la présence militaire française, depuis son indépendance. Bientôt, ce sont des villes entières, comme Gao, entourée de mines posées par les islamistes, qui serviront de boucliers humains. Selon des témoignages recueillis par RFI, le Mujao recrute à  tour de bras des jeunes, voire des enfants à  Gao. Déjà , au moment de la chute des villes du Nord, des jeunes de Mopti, effrayés par l’arrivée des rebelles touareg et des islamistes, avaient demandé aux militaires en déroute de leur donner des armes pour défendre eux-mêmes leur pays. La guerre semble incontournable Aujourd’hui encore, un Collectif des ressortissants du Nord (Coren) avertit sur la mobilisation des jeunes, qui se sont organisés en brigades de surveillance pour empêcher les viols, entre autres. Selon le Coren, ces jeunes sont brimés par les barbus, interdits de se promener le soir, de jouer au football ou de regarder la télévision. Prêts à  intervenir pour empêcher la destruction des mausolées de Tombouctou, des jeunes de cette ville en ont été dissuadés par leurs aà®nés… Face à  la situation dramatique du Nord-Mali, le Coren, qui se revendique comme l’un des groupes les plus représentatifs de la population du Nord-Mali (les Touaregs restant minoritaires), a demandé poliment, le 9 juillet lors du sommet de la Cédéao à  Ouagadougou, que cessent les palabres et qu’on passe enfin à  l’action. «Pour nous, la négociation est incontournable pour sortir de la crise. Encore faudrait-il savoir avec qui négocier; négocier quoi; quand négocier? Pour nous, l’intégrité du territoire n’est pas négociable. Pour nous, la forme républicaine n’est pas négociable. Pour nous, la laà¯cité de la République du Mali n’est pas négociable. La question de faire la guerre ou pas pour libérer les régions occupées est au centre de la médiation. Nous constatons que, malgré la disponibilité de la Cédéao à  appuyer notre pays, à  aider notre armée, malheureusement les autorités de la transition ne semblent pas mesurer l’ampleur et l’urgence de la mission. Sans être des va-t-en-guerre, nous estimons que, quel que soit le bout par lequel on appréhende la crise au Mali, la guerre aux envahisseurs semble une solution incontournable. Ne serait-ce que pour bouter hors de nos frontières les différents groupes terroristes.» Bamako fait la sourde oreille Seul problème: l’absence d’un seul interlocuteur solide à  Bamako, o๠la dispute autour du pouvoir préoccupe plus les acteurs politiques et militaires que la situation dans le nord. «Au moment o๠nous vous parlons, le gouvernement malien n’a posé aucun acte concret allant dans le sens de la résolution de la crise, poursuit le Coren dans sa déclaration faite à  Ouagadougou. Nous avons rencontré le Premier ministre le 7 mai (2012), puis son ministre de la Communication le 29, pour leur apporter les messages de détresse des populations et le sentiment d’abandon. Nous venons de tenir un sit-in, le mercredi 4 juillet, pour exiger du gouvernement qu’il affiche sa volonté politique de résoudre la crise et qu’il prenne des initiatives sur le terrain militaire. Nous devons vous avouer que nous n’avons pas l’impression d’avoir été entendus dans la mesure o๠même nos demandes d’audiences sont refusées.» Les heures de gloire de Cheick Modibo Diarra, actuel Premier ministre, pourraient être comptées. Il est question de former un autre gouvernement d’union nationale, qui mettrait un terme à  toutes les querelles autour de l’actuel gouvernement, soumis face aux militaires, peu représentatif des partis politiques et de la société civile. De même, les heures de Dioncounda Traoré à  la présidence intérimaire du Mali pourraient toucher à  leur fin. Soigné en France depuis son agression au palais présidentiel de Koulouba le 21 mai, l’ancien président de l’Assemblée nationale n’est pas très pressé de rentrer à  Bamako. Il n’a pas non plus daigné faire le déplacement à  Ouagadougou, lors du dernier sommet de la Cédéao sur le Mali –malgré l’urgence.

Des rebelles touareg de plus en plus divisés (2/3)

Slate Afrique: Si la force est dans le camp des islamistes d’Ansar Dine, pourquoi ont-ils été disposés à  négocier avec leurs alliés d’hier du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad)? Mathieu Guidère : En réalité C’’est parce que le MNLA s’est retrouvé très isolé, mais l’intérêt se situe des deux côtés: Lorsque le MNLA a proclamé l’Etat indépendant de l’Azawad de façon unilatérale, il n’a reçu aucun soutien des pays voisins et puissances occidentales. D’un point de vue militaire, il n’était pas en position de créer cet Etat. Il avait donc tout intérêt à  s’allier à  ceux qui disposaient du territoire et de la force militaire, c’est-à -dire les islamistes touareg d’Ansar Dine. De l’autre côté, les islamistes touareg avaient intérêt à  rechercher l’alliance avec le MNLA. Parce que, dans le cas contraire, cela obligeait Iyad Ag Ghali à  devoir tuer d’autres Touaregs, ce qu’il ne voulait pas faire pour des raisons idéologiques et politiques. Il ne souhaitait pas apparaà®tre comme celui qui tue d’autres Touaregs. Par ailleurs, seul, il lui était difficile de déclarer son Etat islamique au risque de provoquer une levée de boucliers dans la région et à  l’intérieur du pays ayant parmi ses alliés al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). MNLA et Ansar Dine vont donc se réunir et discuter des termes d’une alliance en faisant chacun des concessions. Le MNLA va céder sur l’appellation de l’Etat qui ne devait plus s’appeler «Etat de l’Azawad», mais «Etat islamique de l’Azawad». De son côté, Ansar Dine va accepter que ses forces se mettent à  la disposition du nouvel Etat Azawad et qu’elles le protègent contre toute incursion. Il va donc accepter le principe d’une autonomie de cette région. Alors que, auparavant, il se situait plutôt dans un objectif panislamique de Califat. Ansar Dine souhaitait que l’islamisme s’étende d’avantage et ne s’arrête pas au nord du Mali. Son optique n’était pas du tout indépendantiste, localiste. Chacun a mis un peu d’eau dans son vin et ils sont parvenus à  cet accord. «Il y avait un intérêt réciproque à  négocier» Sauf que, quelques jours plus tard, l’accord a donné lieu à  des interprétations diverses à  l’intérieur d’Ansar Dine et du MNLA. Chez Ansar Dine, certains se sont dit que si l’Etat devenait officiellement islamique il était donc possible d’appliquer la charia. Ils ont aussitôt commencé à  mettre en place un système juridique de «cadis» (juges islamiques) dans les villes en vue d’appliquer la charia. De l’autre côté, le MNLA a estimé que, si désormais, il s’agit d’un Etat islamique, par conséquent on ne se trouvait plus dans un Etat laà¯que. Cela a été rejeté par une faction du MNLA qui a dénoncé l’accord refusant catégoriquement de participer à  une coalition avec des islamistes prônant la charia. A noter que cette scission post-accord provient, du côté d’ansar Dine, d’une faction interne de Touaregs ayant un ancrage local qui voulaient absolument appliquer la charia pour mettre de l’ordre dans les villes, alors que du côté du MNLA, la faction qui a contesté l’accord est ce que l’on appelle «le MNLA de l’étranger». Mais le MNLA, composé de militants de terrain, partageant l’espace avec les islamistes n’était pas farouchement hostile à  l’idée d’appliquer la charia. Ils se disait de toute façon, celle-ci se ferait «à  la malienne». Mais la branche étrangère du MNLA, en particulier celle qui se trouve en France, a fait pression pour dénoncer l’accord qui n’a pas pu aller jusqu’au bout. Il y a donc une compétition entre les Touaregs de l’intérieur et les Touaregs de l’extérieur dans le règlement de la situation au nord du Mali. Il y a donc des divisions profondes chez les Touaregs? Absolument! Chacune de ces factions a des prolongements dans les pays voisins, ce qui constitue une troisième complication. Ces fractures sont de trois ordres: D’abord, la fracture interne touareg entre Touaregs islamistes et Touaregs laà¯cs qui a abouti à  l’échec de l’accord cité plus tôt. Ensuite, la fracture entre les Touaregs de l’intérieur et Touaregs de l’extérieur qui sont globalement en France. La plupart sont des Maliens installés en France. La troisième fracture se situe au niveau du prolongement de chacun de ces camps: islamistes et laà¯cs dans les pays voisins de la région. Si l’on considère la faction islamiste d’Iyad Ag Ghali, on constate qu’elle est soutenue par des Algériens et en sous-main par des Mauritaniens. Si l’on s’intéresse aux rebelles laà¯cs, on s’aperçoit qu’ils sont soutenus par des Touaregs nigériens et par un certain nombre de personnes au Burkina Faso, en particulier, le président Blaise Compaoré. Cela fait donc deux pays qui interfèrent en plus avec l’Algérie et la Mauritanie. Si l’on considère les Touaregs de l’extérieur, ceux-là  ont leurs entrées à  la fois chez les Français, auprès du ministère des Affaires Etrangères français et sa diplomatie. Ils ont également leurs entrées chez les Américains. Tout ce petit monde s’est retrouvé sur le seul acteur qui pouvait donner de la voix, C’’est-à -dire la Cédéao, (la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Et à  l’intérieur de la Cédéao on retrouve également les mêmes rapports de force et d’influence Comment expliquer la désignation du président burkinabè, Blaise Compaoré comme médiateur de la Cédéao? Il semble qu’il a ses entrées dans les milieux rebelles. Quels sont ces interlocuteurs? M.G – Si Compaoré s’est mis en avant, C’’est parce que personne ne voulait ou ne pouvait le faire sur ce dossier. La médiation Compaoré s’est imposée par défaut. Personne ne dit ou ne pense que Compaoré est l’homme de la situation. Bien au contraire, tout le monde pense que ce n’est probablement pas la bonne solution que Compaoré soit le médiateur attitré. C’’est une solution par défaut qui bénéficie à  une des factions en particulier, celle des Touaregs laà¯cs. Elle estime qu’en phagocytant le processus en cours au nord du Mali, elle pourrait éventuellement négocier par la suite avec Compaoré une sorte de ralliement des Touaregs qui sont au Niger et au Burkina dans le cadre d’un Etat qui ne serait pas dans les frontières (du Nord Mali), mais dans les frontières historiques des Touaregs «pan-national». De son côté Compaoré dispose là  d’une occasion rêvée d’occuper son armée. Cela fait des décennies qu’il est au pouvoir et à  présent le climat social gronde. Il est contesté alors qu’il vient d’être réélu dans des conditions contestables. Pour lui C’’est l’occasion de se donner un rôle et d’occuper son armée. En l’absence de bonnes volontés, il y a un vide politique et diplomatique dans lequel Compaoré s’est engouffré pour se forger une stature de médiateur. Absence de volontés occidentales aussi. Puisque, en France, on était dans un contexte de campagne présidentielle, jusqu’il y a peu. Aux Etats-Unis, il y a une campagne présidentielle en cours. Ces interlocuteurs ne sont pas très motivés pour intervenir d’autant plus qu’au sud, à  Bamako, il n’y a toujours pas de pouvoir stable. Il n’y a pas de solution durable de résolution de la situation politique à  Bamako. Les émissaires du MNLA et d’Ansar Dine ont été aperçus successivement à  Ouagadougou pour négocier avec le médiateur de la Cédéao. Qu’est-ce que Ansar Dine peut bien vouloir négocier? M.G – La première chose à  négocier C’’est l’intervention militaire. l’agitation politique et diplomatique n’affecte absolument pas les Touaregs au nord du Mali. La situation y est globalement sous le contrôle essentiel d’Ansar Dine. C’’est une région totalement autonome aujourd’hui. Elle est sous administration juridictionnelle et policière des Touaregs qu’ils soient islamistes ou du MNLA. Leur seule peur est celle d’une intervention militaire. Menace que tout le monde brandit puisque la Cédéao s’est exprimée dans ce sens. Elle a même donné le chiffre du nombre d’hommes qu’elle enverrait sur place. Il s’agit donc pour les rebelles de connaà®tre les raisons, les objectifs et les modalités éventuelles d’une intervention militaire. La négociation se fait actuellement sur ce dernier point. Si Compaoré est décidé à  envoyer des soldats, les siens o๠ceux de la Cédéao, C’’est-à -dire, d’autres pays africains, il faut savoir dans quel objectif cela se fera. Devront-ils être considérés comme des ennemis ou non? s’agit-il d’une force de stabilisation? s’agit-il d’une force d’aide à  la gestion? Est-ce que C’’est une force ennemie qui va arriver sur le territoire, C’’est tout cela qui se négocie. O๠vont-ils s’installer? Viennent-ils véritablement pour faire la guerre aux Touaregs? C’’est tout ceci est encore en discussion. De son issue dépendra la position que vont prendre les touaregs au nord du Mali et surtout Iyad Ag Ghali. Parce que, bien évidemment, s’il y a «invasion» des troupes de la Cédéao au nord malien pour chasser ou anéantir les Touaregs, il est évident qu’il se produira une alliance sacrée des Touaregs maliens du nord contre toute intervention étrangère. Propos recueillis par Pierre Cherruau et Abdel Pitroipa

L’ONU appelle à sanctionner les rebelles liés à Al-Qaida

La résolution « appelle les Etats membres à  soumettre (..) les noms des individus, groupes et entités qui sont associés à  Al-Qaida, y compris dans la région du Sahel et en particulier dans le nord du Mali » afin qu’ils fassent l’objet des sanctions prévues par l’ONU contre ceux qui soutiennent Al-Qaida. Elle « demande instamment aux groupes rebelles au Mali de s’abstenir de toute forme d’association avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et de lutter contre la menace représentée par des groupes terroristes au Mali ». PAS DE MANDAT POUR UNE INTERVENTION MILITAIRE La résolution « soutient pleinement » les efforts des organisations régionales, dont la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union africaine, pour régler la crise au Mali. Mais elle ne leur donne pas encore de mandat de l’ONU pour déployer une force africaine contre les rebelles du Nord. La résolution, présentée notamment par la France, « prend note de la demande de la Cédéao et de l’Union africaine d’un mandat du Conseil de sécurité autorisant le déploiement de la force ». Le Conseil se contente « de se déclarer prêt à  examiner plus avant cette requête une fois que des informations supplémentaires auront été fournies en ce qui concerne les objectifs, les moyens et les modalités du déploiement envisagé ». La Cédéao prépare depuis plusieurs semaines l’envoi éventuel d’une force au Mali, dont l’effectif est actuellement fixé à  environ trois mille trois cents hommes. Ses dirigeants avaient appelé vendredi dernier le Conseil de sécurité à  « accélérer » l’adoption d’une « résolution autorisant le déploiement » de ses troupes contre les groupes armés qui contrôlent le nord du Mali. CONDAMNATIONS DES DESTRUCTIONS DU PATRIMOINE La résolution adoptée jeudi avertit aussi les islamistes qui ont détruit des mausolées musulmans à  Tombouctou qu’ils pourraient être traà®nés devant la Cour pénale internationale (CPI). Le texte souligne que de telles attaques contre le patrimoine culturel ou religieux « peuvent constituer des violations des lois internationales », aux termes du statut de Rome, qui a créé la CPI, ainsi que des conventions de Genève. Le document appelle ainsi « toutes les parties au Mali à  prendre toutes les mesures appropriées pour assurer la préservation » des sites qui appartiennent au Patrimoine mondial.

Ansar Dine est le véritable maître du Nord-Mali» (1/3)

Slate Afrique – Au cours de leur offensive rebelle conjointe lancée mi-janvier 2012, les islamistes d’Ansar Dine ont progressivement marginalisé leur alliés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Quel est le rapport de force au Nord-Mali? Mathieu Guidère – La situation est la suivante, aujourd’hui. Au nord du Mali dont la frontière s’arrête à  Tombouctou, il y a quatre forces politiques et militaires qui se partagent le territoire et le pouvoir. La première force est le MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad, dirigé par un bureau politique plus ou moins fantoche. En réalité, celui qui en tient les rênes est le chef du bureau militaire, le colonel Mohamed Ag Nejim. Il s’agit d’un colonel du régime de Kadhafi qui tenait la région sud de la Libye. A la chute de Kadhafi, il est rentré dans sa région d’origine avec armes et bagages: des véhicules blindés, du matériel neuf, rutilant. Mais il est surtout rentré avec son régiment, plus de 1.000 hommes qui étaient sous son autorité dans le sud libyen. En majorité des Touaregs intégrés dans l’armée libyenne pour la protection de la frontière sud. Ne se sentant plus en sécurité à  la chute du guide libyen, ils ont traversé le désert en passant par l’Algérie et ont rejoint le nord du Mali. Cette première force politico-militaire reste non négligeable, mais elle a perdu certains de ses hommes. Certains Touaregs qui forment l’armature militaire de cette faction se sont faits récupérer par l’autre faction touareg. Cette deuxième faction, qui représente une force politique dans la région, est celle que tout le monde connaà®t sous l’appellation Ansar Dine. Les médias ne voulaient sans doute pas effrayer le public occidental, mais le nom exact est «Jum’a Ansar al-din al salafiya», ce qui veut dire «le groupe des défenseurs salafistes de la religion». Ils se réclament clairement du salafisme. Ce sont des islamistes touareg, il ne faut pas les confondre. Ils sont dirigés politiquement, militairement et idéologiquement par un seul et même homme, Iyad Ag Ghali. C’’est un vétéran de la rébellion touareg, qui n’a pas toujours été islamiste. Il y a vingt-deux ans, en 1990, il avait déjà  fondé le premier groupe rebelle touareg appelé le Front populaire (et non national) de libération de l’Azawad. Il a participé à  toutes les rébellions de la région (1990, 1996) dont la dernière date de 2006. «Ansar Dine se réclame clairement du salafisme» La médiation algérienne qui a réuni tout le monde autour de la table à  cette occasion, a permis de pacifier la situation. A l’issue de ce règlement, le président malien de l’époque, Amadou Toumani Touré (ATT), avait proposé aux différents chefs touareg des fonctions et des gratifications. Il a intégré les hommes qui étaient sous leur autorité dans l’armée malienne, en les laissant, la plupart du temps, dans les casernes de leur région, au nord du Mali o๠il est très difficile d’installer des Maliens du Sud. Ils ont donc été intégrés dans l’armée malienne de façon formelle, mais ils sont restés ensemble dans leurs casernes, à  tenir le pays. Pour achever de régler le problème, ATT avait proposé à  Iyad Ag Ghali, un poste de conseiller au consulat de Djeddah, en Arabie Saoudite, ce qu’il a accepté. Il y passe deux ans et à  ce moment-là , il va se convertir au salafisme, considérant que C’’est la vraie voie de l’islam. Fin 2010, au moment o๠commencent les révolutions arabes en Tunisie et en Egypte, il rentre au Mali et refuse que l’on renouvelle son détachement en Arabe Saoudite. Quasi-immédiatement, il recrute parmi sa tribu des Ifoghas (touareg). Il enrôle les soldats qui étaient sous son autorité avant 2008. Iyad Ag Ghali instaure Ansar Dine, groupe islamiste touareg, d’obédience salafiste, qui se fixe comme objectif de mieux faire connaà®tre cet islam au nord du Mali et, dans un deuxième temps, d’appliquer la charia sur les territoires touareg maliens. Peu à  peu, cette deuxième force va monter en puissance. Tout au long de l’année 2011, Iyad Ag Ghali va s’ancrer territorialement et rallier un certain nombre de chefs de tribus arabes, touareg en plus de quelques chefs Songhaà¯s. Il va devenir la principale force avant le retour du colonel Ag Nejim de Libye qui ne rentre qu’en fin novembre 2011. A ce moment-là , C’’est Ansar Dine qui est la principale force politico-militaire au nord du Mali. Slate Afrique – Il s’agit des deux principales forces au nord du Mali… M.G. – Dans cette région-là , on trouve également une troisième force. Il s’agit d’Al Qaida au Maghreb islamique, (Aqmi) qui contrôle globalement la région de l’Adrar des Ifoghas, (la région montagneuse située au nord-est du Mali). Dans un modus vivendi avec les forces gouvernementales maliennes, Aqmi a réussi à  s’installer sur place, établir un certain nombre de camps et sanctuariser un certain nombre de territoires dans lesquels il agit. La condition étant de ne pas s’attaquer aux forces maliennes et de ne pas importuner les populations locales. Cette force est relativement bien implantée notamment auprès d’un certain nombre de tribus. Avec la tribu Berabiche par exemple elle a noué des alliances matrimoniales. Globalement, Aqmi était sur un mode de contrebande, d’enlèvements d’occidentaux. En fait une position entre le djihad et le banditisme. C’’est la troisième force politico-militaire qui a bénéficié de la déstabilisation de la Libye. A la faveur de cette guerre elle a pu récupérer une certaine quantité d’armements, de véhicules ainsi qu’un certain nombre de combattants et de miliciens. Elle s’est renforcée militairement même si au niveau des effectifs elle ne s’est pas véritablement renforcée. Quatrième force de la région, nouvelle venue, C’’est le Mujao, mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’ouest. Ce mouvement dissident considérait qu’Aqmi n’en faisait pas suffisamment contre les Algériens, une cible qu’il faut attaquer d’avantage selon eux au même titre que l’Afrique de l’ouest. En revanche, le mode opératoire est, à  peu près, le même que celui d’Aqmi. Des coups ponctuels contre les installations et les militaires avec une idéologie affichée qui est celle de l’ancien GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) algérien avant qu’il ne devienne al-Qaida. Ce sont donc les quatre forces politico-militaires qui existent à  ce moment-là  et qui donnent lieu à  la situation actuelle. Slate Afrique – Comment ce rapport de force dans le Nord Mali s’est-il établi? M.G. – Le premier à  avoir lancé les hostilités est le colonel Mohamed Ag Nejim, le chef militaire du MNLA qui a attaqué début janvier, une caserne au nord. Au cours de son avancée fulgurante il va massacrer un certain nombre de soldats maliens provoquant une panique générale, une déroute des forces gouvernementales avec parfois des redditions et des ralliements. Assez rapidement, la nouvelle se répand que le MNLA veut autonomiser le nord du Mali. Au même moment, C’’est la catastrophe à  Bamako. Situation instable et troubles vont mener au putsch du 22 mars. Pendant ce temps-là , le MNLA va continuer à  connaà®tre un certain nombre de victoires militaires. Il va le faire sans consulter, la principale force politique et militaire de ce côté-là  qui est Ansar Dine. Rapidement, il va se produire un «modus vivendi», une alliance objective entre les quatre forces. Chacune va prendre le contrôle complet du territoire sur lequel elle agissait auparavant. Aqmi, du côté de l’Adrar, au nord-est, le Mujao au niveau de la position juxtaposée, au nord à  Kidal; le MNLA autour de Gao et Ansar Dine qui a pris Tombouctou et ses alentours. Une répartition globalement objective. Mais le MNLA voulait avoir le contrôle de tout le nord malien pour déclarer son Etat indépendant de l’Azawad. En attaquant les autres régions, ils se sont immédiatement affrontés aux forces d’Ansar Dine, du Mujao et d’Aqmi. Le rapport de de force ne leur étant pas favorable, ils ont préféré ne pas renter en confrontation et ont cédé un certain nombre de territoires. Slate Afrique – Les rebelles touareg détiennent-ils encore des positions fortes dans les territoires du Nord? M.G – Ils tiennent encore un certain nombre de positions dans le sud-est du nord malien. La zone qui est autour de Gao, globalement. Pour le reste, le territoire est essentiellement détenu par une coalition d’islamistes. Parce qu’entretemps, Iyad Ag Ghali se sentant en position de force a réuni l’ensemble des factions islamistes: Ansar Dine, le Mujao et Aqmi. Il a réuni tous les chefs à  Tombouctou et a obtenu un accord entre eux. Cet accord stipule qu’il ne peut pas y avoir de concurrence entre islamistes, et que l’unité est nécessaire. Ils se sont entendus sur une charte signée par tout le monde. Ils se sont entendus sur la nécessité d’un Etat islamique et l’application de la charia. La condition: qu’Aqmi et le Mujao ne procèdent pas à  des enlèvements sur le territoire touareg. Pour le reste Aqmi et le Mujao ont le droit de pratiquer leurs activités habituelles. Propos recueillis par Pierre Cherruau et Abdel Pitroipa

Nord Mali : pourquoi Bamako tarde à intervenir ?

En perte de vitesse, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a cédé la place à  des islamises déterminés à  élargir leur influence au nord du Mali. Les approches récentes avec la médiation burkinabè montrent qu’Ansar Dine veut rester le seul interlocuteur légitime du Mali dans la sortie de crise. Crise qui s’aggrave de jour en jour puisque les hommes d’Iyad Ag Ghaly ont profané les symboles qui font la grandeur et la mystique de la cité des 333 Saints. En face, l’inaction d’un gouvernement malien, hésitant entre négociation et guerre, exaspère les ressortissants du nord qui multiplient les actions de soutien ou se révoltent contre les groupes armés. En dépit des alertes de l’Unesco, Ansar Dine mène désormais une guerre médiatique et politique. l’assassinat d’un élu à  Gao suivi d’affrontements entre le Mujao et le MNLA, la destruction des 7 mausolées saints à  Tombouctou exacerbe le sentiment d’injustice des populations du nord. La crainte d’une chariaisation progressive ont été illustrés avec les images de la punition en pubic d’un couple sur les écrans du monde. Prudence à  Bamako A Bamako, la prudence règne. Aux Nations Unies, on invite à  préciser les contours d’une intervention de la Cédéao dans le nord du Mali. Face à  une armée en reconstruction et coupée de ses tête de commandement, la remobilisation des troupes et leur équipement reste la priorité. A cela devront s’ajouter des appuis logistiques de la France et des Etats-Unis en matière de renseignements. l’une des bases américaines, établie à  Ouagadougou, agirait dans ce sens en survolant régulièrement la zone avec de petits appareils discrets à  l’œil nu dans le ciel subsaharien. Malgré tout, les hésitations du gouvernement de Cheick Modibo Diarra font monter la psychose dans la capitale malienne : « Si les islamistes ont détruit les mausolées, qu’est-ce qui peut les empêcher de perpétrer des attaques au sud ? », déplore Ibrahim un jeune étudiant.   Qui veut la paix, prépare la guerre Deux schémas se dessinent désormais pour la sortie de crise. Une double médiation menée par la CEDEAO avec d’un côté les islamistes, qui ont pris contact avec Blaise Compaoré pour réaffirmer leur position. l’islam radical ou rien ! De l’autre, la stabilisation de la transition et un gouvernement plus inclusif pour mener une opération conjointe CEDEAO-ONU-Mali. l’intégrité territoriale du Mali n’étant pas négociable au risque de créer une poudrière dans la région, les diplomates de CEDEAO s’accordent sur cette voie sans réussir à  mettre une quelconque pression sur le gouvernement de Cheick Modibo Diarra. Pour que l’institution sous régionale puisse actionner ses 3 300 hommes au nord Mali, une simple demande du Mali ne suffit plus : «Â Tout dépend de Bamako qui doit préciser les contours de cette intervention. Cheick Modibo Diarra avait plaidé pour la négociation, mais sur quelle base, pour négocier, il faut être en position de force ? », analyse Tiégoum Boubèye Maiga, directeur de la Nouvelle République. Le ballet diplomatique du Premier ministre (Alger, Paris, Nouakchott, Niamey et dernièrement Yamoussoukro) pour harmoniser les positions de sortie de crise, ravive les critiques dans la presse malienne. «Â On a parfois l’impression que CMD (surnom du Premier ministre) est plus occupé à  faire des nominations à  chaque Conseil des ministres qu’à  gérer la crise du nord », témoigne Aminata, journaliste. Sanogo définitivement hors-jeu ?   Quant à  Sanogo qui a toujours rejeté une intervention de la CEDEAO à  Bamako, est-il définitivement hors jeu ? Cheick Modibo Diarra a une nouvelle fois salué le vote par l’Assemblée nationale de la loi d’amnistie des putschistes et la transformation du CNRDRE en Comité militaire chargé du suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité ( CMSRDFS) : «Â Sanogo est le maà®tre de l‘armée, tous lui obéissent, les hommes, les ministres qu‘il a fait nommer et si demain le Mali était prêt à  intervenir au nord, son veto pourrait bloquer le processus », précise un spécialiste de la crise. Le vrai problème, C’’est l’armée malienne. Elle n’est tout simplement pas prête pour reconquérir le nord ». Les pleins pouvoirs de Cheick Modibo Diarra ne suffisent pas. La convalescence prolongée de Dioncounda Traoré, le Président de transition nommé par la Cédéao pour douze mois, n’accélèrera pas non plus le processus. s’il est des secrets militaires qu’on ne doit pas révéler, le gouvernement de Cheick Modibo Diarra fait sien cette maxime célèbre et prépare la guerre pour avoir la paix ! Comme à  l’accoutumée, Bamako bruisse de rumeurs qui font du bien à  la population, car pendant que le MNLA et Ansar Dine s’étripent, l’armée malienne encerclerait lentement mais surement le nord. La libération est-elle proche ?

« L’Etat au Mali » : Moussa Mara livre le deuxième tome

Pour l’auteur, l’écrit rime avec tout. Son statut d’expert comptable, de professeur d’enseignement supérieur, de Consultant de réputation internationale, ou encore d’élu municipal… n’ont jamais pu l’empêcher de prendre la plume pour exprimer sa pensée. Composé d’environ 500 pages, le Tome 2 de «Â l’Etat au Mali » temoigne sans doute de l’esprit de partage de l’auteur, dans un contexte mondial o๠l’essence du développement C’’est d’abord des idées. l’œuvre prodigieuse et monumentale est entièrement rédigé de ses propres mains, est cédé à  un prix subventionné (5 000 F CFA). Donnant la latitude aux lecteurs de se faire une meilleure idée des dysfonctionnements dans les relations gouvernants et gouvernés, l’ouvrage est sorti à  propos à  un moment o๠on parle beaucoup de la défaillance de notre Etat. «Â C’’est mon quatrième ouvrage après le premier livre sur la comptabilité sorti en 2000, le second intitulé « pour un Mali meilleur », et le troisième qui constitue le tome 1 de « l’Etat au Mali »Â », indique l’auteur. Diagnostic sans complaisance l’évaluation de la problématique des rapports administration et administrés d’un pays sous développé n’est pas tache aisée. Si le Tome 1 de cet ouvrage portant sur l’Etat décrypte de manière approfondie ce qui met à  mal le pacte entre le malien et l’Etat -que l’Etat soit responsable et que le Malien soit citoyen -, le Tome 2 s’évertue à  jeter les bases d’un nouveau contrat qui verra un fonctionnement plus efficient de l’Etat. «Â Il s’agira simplement de donner un nouveau sens à  notre outil commun de bien être, en l’occurrence notre bonheur dans le vivre ensemble. Pour que chacun s’épanouisse et que personne ne soit laissé au bord du chemin. C’’est cela l’ambition de l’Etat. C’’est aussi sa vocation et sa raison d’être ». l’auteur se réfère surtout aux pratiques et à  la qualité des prestations des acteurs gouvernementaux qui affectent négativement la sûreté et le bien-être des citoyens. «Â Les conséquences, telles le manque de communication, d’éducation, de promptitude pour les prises de décisions appropriées et d’organisation sont clairement cernées dans votre livre », témoigne Ousmane Issoufi Maà¯ga, ancien Premier Ministre. « La responsabilité de l’Etat ? » Dans le mot introductif de l’ouvrage, Moussa Mara confère à  l’Etat tout son rôle de responsabilité et la culture citoyenne qui incombe à  chaque Malien. Comme pour couper court aux questionnements du genre «Â l’Etat n’est il pas à  réinventer ? Ne faut-il pas tout reprendre ? », l’auteur répond : «Â Il n’y a pas de fatalité à  la crise de l’Etat au Mali ». Et Moussa Mara de poursuivre, «Â il nous faut nous remettre simplement à  la tâche. Avec l’intelligence, l’engagement et l’esprit de sacrifice qu’il faut. Avec finalement l’amour de notre pays qu’il faut, nous arriverons ainsi à  faire de l’Etat malien un véritable Etat ! ». En définitive, l’ouvrage sonne comme une véritable invitation à  l’amélioration continue des pratiques et prestations administratives. l’optimisme de son auteur ne se démontre pas : «Â Ce sera difficile. Mais pas impossible ! », espère t-il;

Alerte choléra au nord du Mali

Deux personnes sont mortes du choléra sur 28 malades recensés en deux jours à  Gao, dans le nord du Mali contrôlé depuis plus de trois mois par des groupes armés dominés par des islamistes, a appris l’AFP mercredi de sources concordantes. Les premiers cas de choléra ont été recensés mercredi « à  Wabaria, dans la commune de Gounzouray (périphérie sud-ouest de Gao) », sur le fleuve Niger, a affirmé Ibrahima Maà¯ga, un responsable de la santé à  l’hôpital de Gao, joint depuis Bamako.  » 27 cas recensés à  Gao  » Toujours d’après l’agence France Presse, 27 cas ont été recensés par les médecins de l’hopital de Gao, qui ont affirmé que les malades étaient pris en charge avec l’aide d’organisations humanitaires présentes dans la ville. La présence du choléra à  Gao a été confirmée par Almahdi Cissé, président de l’ONG Cri de coeur pour le Nord, qui intervient au plan humanitaire dans cette région sous contrôle de groupes armés, essentiellement des islamistes. « Nous avons envoyé quelqu’un à  Wabaria aujourd’hui pour voir les cas de choléra » et évaluer les besoins, a-t-il indiqué. Selon Yacouba Ag Namoye, un jeune de Gao, les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), maà®tres de la ville, ont exhorté les populations à  ne pas utiliser l’eau du fleuve pour éviter une propagation du choléra. « Eviter l’eau du fleuve » « Le Mujao a passé un communiqué à  la radio pour inviter les gens à  ne pas boire l’eau du fleuve et à  ne pas se laver avec », les islamistes « ont aussi placé des gens au niveau des berges (du fleuve) pour empêcher les enfants de se baigner dans l’eau et de la boire », a expliqué cet habitant. Ces informations accroissent l’inquiétude des humanitaires, qui expriment régulièrement leurs préoccupations pour les populations des trois régions administratives formant le Nord sous contrôle des groupes armés: Kidal (extrême nord-est), Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest).

Libération du nord : un sit-in sous la pluie à Bamako

Malgré la pluie, ils étaient plusieurs centaines à  se rendre au sit-in organisé par le Collectif des Ressortisssants du Nord(COREN) à  la place de l’indépendance. Prévu pour commencer en début de matinée, ce ne sera que vers 10h30 que les manifestants ont convergé vers le point de rendez-vous, la place de l’Indépendance. Tout un symbole poru dire encore une fois que le Mali de 1960 reste et restera uni. Plusieurs leaders politiques du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie(Font également fait le déplacement. l’objectif de ce sit -tin, selon le secrétaire général Abdoulaye Dicko, est d’appeler l’armée à  aller au front pour libérer les régions du nord et aussi d’attirer l’attention de tous les maliens sur la déception et la désolation des populations du nord par rapport à  la situation qui va du mal en pire. « Nous condamnons avec la dernière énergie la destruction des mausolées et la mosquée à  Tombouctou » a dit le sécretaire général du COREN. Nous y reviendrons.

Destructions à Tombouctou : « Les musulmans sont choqués »

Du samedi 30 juin au lundi 2 juillet, les islamistes d’Ançar Dine et d’AQMI ont détruit sept des seize mausolées que compte Tombouctou et ont cassé la porte d’entrée de la mosquée Sidi Yeyia. Un tollé général a suivi ces actes, condamnés tant à  l’intérieur qu’à  l’extérieur du pays. Au-delà  de la richesse culturelle des sites détruits, ce sont bien des monuments religieux o๠des milliers de fidèles musulmans se rendaient chaque année pour se recueillir et prier. Alors, à  Bamako comme ailleurs, on en comprenait pas le silence des autorités religieuses face à  ces destructions. Approbation ? Refus de prendre position ? Si oui pourquoi ? Ces incompréhensions peuvent désormais être dissipées. Le Haut Conseil Islamique s’est réuni le lundi dernier, au moment même o๠les occupants de Tombouctou brisaient la porte de la mosquée. Et voici son point de vue, présenté au Premier Ministre hier mardi lors d’une audience à  la Primature. Selon El Hadj Mahmoud Dicko, président du HCI tous les musulmans ont le C’œur meurtri suite aux événements survenus à  Tombouctou. Ce qui est en train de se dérouler présentement à  Tombouctou les a énormément « choqués ». « La religion musulmane n’a jusqu’ici jamais accepté de tels comportements et la société a une éthique et la religion musulmane ont pour référence Tombouctou » affirme-t-il. Indignation et implication l’objectif de la rencontre avec le chef du gouvernement était d’abord de dire la « profonde indignation devant des agissements qui ne font pas honneur à  la religion musulmane ». Il est difficile pour des musulmans de comprendre qu’on puisse se réclamer de l’islam et poser de tels actes. Le HCI a donc décidé de mettre en place un groupe de hauts dignitaires musulmans qui auront pour mission d’expliquer le droit musulman à  l’opinion. Ceci dans le but de dissiper les malentendus existants sur divers sujets par des arguments convaincants. Au cours de cette même rencontre à  laquelle ont pris part plusieurs personnalités du monde islamique malien dont Ousmane Chérif Haà¯dara , il a été proposé Premier ministre une implication du HCI dans la recherche de solution à  la crise du nord. l’objectif serait de permettre aux autorités maliennes de rencontrer le chef rebelle, Iyad Ag Ghaly, de discuter avec lui et de « trouver ensemble un accord pour faire cesser la souffrance de nos compatriotes dans le nord du Mali ». « Nous pensons qu’il y a aujourd’hui des aspects de cette crise qui sont religieux, nous sommes en train de faire en sortes que tous les érudits du Mali se réunissent pour qu’ensemble nous étudions ce problème », selon le président du Haut conseil islamique, l’Imam Mahmoud Dicko.

Les voisins du Mali veulent en finir avec l’impuissance du pouvoir à Bamako

Alors que sept mausolées de saints musulmans et l’entrée d’une des plus grandes mosquées de Tombouctou ont été démolis, ces derniers jours, par le groupe islamiste Ansar Eddine, la médiation ouest-africaine a dénoncé mardi 3 juillet ces actes de destruction. Le ministre des affaires étrangères burkinabé, Djibrill Bassolé, dont le pays conduit la médiation, a déploré la « destruction de monuments historiques » qui « déchire le C’œur des Maliens et de tous ceux qui ont connu ces lieux saints ». Les affrontements récents à  Gao et « la destruction des mausolées sont pour nous de graves incidents qui, de toute façon, ne vont pas dans le sens de l’apaisement », a-t-il ajouté. GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE Depuis un coup d’Etat qui a renversé, le 22 mars, le président Amadou Toumani Touré, les autorités de transition mises en place après le retrait des militaires n’ont pas pu empêcher la fulgurante progression dans le Nord des groupes islamistes alliés à  Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) – Ansar Eddine (Défenseur de l’islam) et le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). De nombreuses exactions sont, depuis, commises dans cette région aride o๠l’administration centrale a disparu, de même que l’armée, humiliée, démoralisée et sous-équipée. Le président guinéen, Alpha Condé, a donc jugé prioritaire de former un « gouvernement d’union nationale », qui aura seul « la légitimité pour demander l’intervention d’une force africaine ». Il faut, selon lui, régler en premier lieu « le problème de Bamako ». Un mini-sommet de chefs d’Etat ouest-africains, avec des représentants de la classe politique et de la société civile du Mali, aura lieu samedi à  Ouagadougou afin de mettre en place ce gouvernement. Ce gouvernement de « large consensus » devra créer les « conditions » pour « la tenue d’élections présidentielles pour sortir de la transition », selon la médiation. Le défi de la crise au nord du Mali sera sa seconde priorité, tout aussi urgente : « Plus on perd du temps, plus AQMI s’installe », a ajouté le président guinéen. INTERVENTION MILITAIRE « Il faut aider l’armée malienne à  se reconstituer. Une intervention se fera nécessairement avec l’armée malienne », a aussi souligné Alpha Condé, ajoutant que l’appui des puissances occidentales était souhaité, mais qu’il n’y aurait « sur le terrain que des troupes africaines ». A Paris, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est dit optimiste, mardi, sur l’adoption prochaine d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU permettant le déploiement d’une force africaine dans le nord du pays. RECONQUàŠTE DES TERRITOIRES OCCUPà‰S « Tout ce qui peut être fait dans le sens pour nous d’une reconquête des territoires occupés, nous l’acceptons volontiers, que ces efforts viennent de l’Algérie ou, je ne sais pas, de la Suède ou de Monaco ou de la France, quand ces efforts vont dans ce sens-là , nous sommes d’accord », a déclaré le ministre des affaires étrangères malien, Sadio Lamine Sow. Interrogé sur un possible engagement d’Alger dans l’option militaire, le ministre s’est refusé à  toute réponse. L’Algérie est pour l’instant impliquée dans la recherche d’une « solution politique », que les deux parties croient toujours possible, a notamment rappelé, lundi, le ministre délégué aux affaires africaines et maghrébines algérien, Abdelkader Messahel.

Le COREN entre en « guerre » !

Obtenir des mesures concrètes urgentes en vue de la libération du nord du pays, C’’est le leitmotiv du collectif des ressortissants du nord et d’autre élus du nord sensibles au sort de leurs frères. Des affrontements ont opposé à  Gao, des combattants d’Ansar Dine et du Mujao, une mouvance d’AQMI et du MNLA pour le contrôle de la ville la semaine dernière, faisant près de 40 morts en confinant les habitants chez eux. C’’est dans ce climat de terreur que les populations du nord appellent le gouvernement malien au secours. Malgré tout, l’option militaire tarde, piétine même alors que la Cédéao a mobilisé près de 3000 hommes. Pour que cette intervention puisse avoir lieu, il faut l’aval du conseil de sécurité des Nations Unies, qui demande plus de précisons sur les contours de l’opération militaire. Autant dire que ce n’est pas pour demain ! La guerre ou la rébellion «Â Des coups de fouets distribués à  de vieilles personnes pour avoir fumé de la cigarette, des mégots de cigarette éteints dans la paume de la main des jeunes, l’humiliation de jeunes couples pour adultère, des mariages forcés pour organiser le viol, la démolition des mausolées après leur profanation », un chapelet de malheurs égrainé par l’honorable El Hadji Baba Haà¯dara, élu à  Tombouctou, président du Collectif des élus du Nord, et fils du premier président de l’Assemblée nationale du Mali indépendant (Alhassane Mahamane Haà¯dara).  » Si une action urgente n’est pas entreprise immédiatement, le collectif promet de se rebeller contre toute forme d’autorité ». La réunion de la CEDEAO à  Ouagadougou samedi 4 juillet, devrait faire le point de l’action gouvernement de transition, en trois mois de présence, avec un élargissement à  la classe politique et à  la société civile. De son côté, le Front Uni pour la sauvegarde de la démocratie(F soutient l’action du COREN et ses amis et a fermement condamné les actes crapuleux qui ont conduit à  l’assassinat de l’élu local de GAO et la profanation de mausolées à  Tombouctou. De fait, la coalition soutient l’action immédiate de libération du nord du Mali.

La colère du diplomate

Invité à  participer aux activités du «Forum pour une transition apaisée» organisé par la presse malienne ce week-end, le diplomate a très mal pris les propos de certains intervenants. On le sait, depuis le début de la crise au nord du Mali, la France est régulièrement accusée de soutenir les indépendantistes du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Cette thèse s’est invitée lors des échanges au cours de la rencontre qui a regroupé plus de 200 participants. « C’’est faux, ce sont des mensonges ! » Au premier jour de la rencontre qui avait pour but de sensibiliser et mobiliser autour de la lutte contre la violence et pour une transition apaisée au Mali, plusieurs communications ont été présentées. Au nombre desquelles, celle portant sur les causes et les responsabilités dans la crise au nord. Le conférencier, l’ancien Ministre de l’Agriculture, Seydou Traoré, membre de l’ADEMA, a fait un rappel des derniers évènements ayant conduit à  l’occupation du nord par le MNLA. Il a notamment mentionné la responsabilité de la France et de la communauté internationale dans l’annexion des régions du nord. Tout en passant en revue les massacres d’Aguel hoc, sous les yeux médusés de l’assistance, Seydou Traoré a situé la complicité de la France surtout quand celle-ci n’a condamné que mollement les exactions perpétrées sur les populations civiles et militaire, et a reçu les représentants du MNLA au Quai d’Orsay. Quand, soudain, une voix s’éleva dans l’assistance : «C’’est faux, ce sont des mensonges !». l’auteur de cette interruption n’était autre que l’ambassadeur de France au Mali, Christian Rouyer. Ulcéré par les propos du conférencier, il n’a pu garder son calme et s’est lancé dans une joute verbale avec le conférencier, qui lui a rétorqué : « C’’est vrai Monsieur ! ». En ajoutant « pouvez-vous nier que la France a reçu des représentants du MNLA au Quai d’Orsay ? ». Une question qui a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements dans la salle. Il a fallu l’intervention énergique du président de séance, Ali Nouhoum Diallo, pour ramener le calme et faire reprendre les travaux. Cet incident illustre le malaise qui existe entre la France et les populations du Mali qui ne comprennent pas pourquoi les représentants du MNLA ont été reçus par les plus hautes autorités françaises. Et pourquoi la France n’affiche pas une position plus offensive quant à  la reconquête du Nord.

Mali : une nouvelle donne régionale après l’échec de la rébellion touarègue du MNLA

Né fin 2011, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) était pourtant considéré comme le grand bénéficiaire du coup d’Etat militaire du 22 mars contre le régime d’Amadou Toumani Touré. Il se présentait lui-même comme un « rempart » contre Al-Qaà¯da au Maghreb (Aqmi), cherchant à  s’attirer les sympathies d’un Occident inquiet face à  la menace terroriste. Comment ce mouvement d’enfants du pays, héritiers d’une longue tradition de luttes indépendantistes, a-t-il pu être chassé de ses terres en quelques mois, jusqu’à  la déroute cinglante de jeudi avec la chute de son quartier général de Gao Le chercheur Pierre Boilley, directeur du Centre d’études des mondes africains (Cémaf) à  Paris, avance plusieurs explications, dont « l’existence de courants antagonistes au sein du MNLA » et l’incapacité des touareg à  fédérer « l’ensemble des populations du nord, notamment les arabes et les songha௠». « La crise en Libye, qui a fourni hommes et armes aux factions armées du Nord-Mali (MNLA comme islamistes), a précipité le déclenchement de la rébellion sans que le projet du MNLA pour un Etat indépendant au Nord soit très abouti », ajoute-t-il. Pour l’islamologue Mathieu Guidère, les combattants du MNLA « se sont démobilisés après la prise des grandes villes » alors que les islamistes locaux d’Ansar Dine, commandés par le charismatique leader touareg Iyad Ag Ghaly, « ont labouré le terrain, restauré l’ordre dans les villes, rassuré les commerçants ». Et Ansar Dine, relèvent les chercheurs, a continué « à  revevoir un soutien logistique et financier », notamment de personnalités en Arabie Saoudite et en Algérie, alors que le MNLA s’isolait par sa déclaration unilatérale d’indépendance de l’Azawad. « Les islamistes du Nord-Mali ont reconnu Iyad Ag Ghaly comme le maà®tre du territoire » La situation est aujourd’hui « plus claire au nord qu’au sud du Mali. Le Nord est clairement contrôlé par des islamistes, avec un groupe dominant qui est Ansar Dine », affirme Mathieu Guidère. « Avec Aqmi et Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, groupe dissident d’Aqmi), ils se sont mis d’accord il y a deux mois sur une plateforme commune, pour l’instauration d’un Etat islamique au Nord-Mali », dit-il. L’islamologue explique que les liens hierarchiques entre eux sont très codifiés: « les islamistes du Nord-Mali ont reconnu Iyad Ag Ghaly comme le maà®tre du territoire. Ce qui signifie que les responsables d’Aqmi comme Mokhtar Belmokhtar ou Abou Zeid ont fait allégeance à  Ghaly ». Pour le spécialiste des mouvements islamistes Dominique Thomas, de l’Ecole pratique des hautes études en sciences sociales (EHESS), « Aqmi a effectivement trouvé un sanctuaire dans la zone controlée par Ansar Dine ». Mais il souligne que les membres d’Aqmi « sont eux-mêmes implantés depuis des années, ont noué des liens avec les habitants à  travers leurs trafics et des mariages ». Nouvelle donne Face à  cette « nouvelle donne », la communauté internationale est hésitante. Réunis vendredi à  Yamoussoukro, les dirigeants d’Afrique de l’Ouest ont à  nouveau exhorté le conseil de sécurité de l’ONU à  autoriser l’envoi d’une force au Mali. Mais ils ont aussi réitéré leur préférence pour la négociation. Les Etats-Unis, qui emboitent généralement le pas à  la France sur ce dossier, ont aussitôt mis en garde contre une « entreprise très lourde ». A Paris, on attend des Etats africains qu’ils définissent clairement le cadre et les objectifs d’une telle intervention. Les experts relèvent aussi les divisions régionales, l’Algérie étant tradionnellement très hostile à  toute intervention, contrairement au Nigeria ou à  la Côte d’Ivoire, et jugent qu’une intervention militaire est très risquée. Elle serait vécue au Nord « comme une occupation par des troupes étrangères » et au Sud comme « une sorte de mise sous tutelle », relève Mathieu Guidère. « Si Ansar Dine est vaincu, les islamistes vont rejoindre Aqmi. Cela ne fera que gonfler les rangs d’Aqmi de façon terrifiante », estime-t-il. Reste aussi « une inconnue », pour Pierre Boilley: « la capacité ou pas du MNLA de préparer une contre-offensive ».

Washington met en garde contre une intervention au Nord du Mali

Les Etats-Unis ont mis en garde vendredi la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays) contre une éventuelle intervention dans le Nord du Mali, tombé aux mains d’islamistes armés. Lors d’une audition au Congrès, le secrétaire d’Etat adjoint chargé des questions africaines, Johnnie Carson, a apporté son appui à  la Cédéao, actuellement réunie en sommet en Côte d’Ivoire, dans son projet d’envoyer une force de 3.300 hommes au Mali. Mais M. Carson a estimé que ce contingent devrait s’efforcer de stabiliser le Sud du pays et ne pas s’aventurer dans le Nord. « Il faut se rendre compte que le gouvernement au Sud n’a plus de force armée digne de ce nom », a déclaré M. Carson devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. « Il a perdu la moitié de son équipement quand il a quitté le Nord.’ « Une éventuelle reconquête du Nord serait une entreprise très lourde pour la Cédéao », a averti M. Carson, soulignant qu’une éventuelle mission dans cette partie du pays devrait être préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence. Les islamistes renforcent leur emprise La Cédéao, dont les dirigeants se sont retrouvés en sommet vendredi à  Yamoussoukro, prépare l’envoi éventuel d’une force de quelque 3.300 hommes au Mali. Mais elle a besoin, avec l’Union africaine (UA), d’un soutien international à  une telle opération, et d’un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France. Un premier projet a été jugé beaucoup trop imprécis au Conseil de sécurité de l’ONU, et la Cédéao revoit sa copie. Les islamistes viennent de renforcer spectaculairement leur emprise sur le Nord du Mali, qu’ils ont conquis avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) depuis fin mars, chassant mercredi et jeudi le MNLA de Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest). Pas dangereux pour les à‰tats-Unis Devant les parlementaires, M. Carson a plaidé pour une solution politique au Mali, estimant qu’il n’y aurait pas de solution durable aux problèmes du Nord du Mali sans un interlocuteur légitime à  Bamako. Il lui a paru crucial de répondre aux demandes légitimes de la rébellion touareg et de soutenir des négociations avec des mouvements prêts à  dialoguer avec Bamako. Le responsable de la diplomatie américaine a qualifié Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI) et le mouvement islamiste Ansar Dine de dangereux et mortels, tout en soulignant qu’ils étaient relativement petits et ne faisaient pas peser de menace sur les Etats-Unis. Ils ne sont pas représentatifs de l’immense majorité des Maliens du Nord, a-t-il observé, notant que ces mouvements étaient nourris par l’apport d’étrangers venus de pays de la région comme l’Algérie, la Libye et la Mauritanie. « Comme l’Algérie a réglé efficacement les problèmes de l’extrémisme islamiste et du terrorisme, beaucoup de gens ont traversé la frontière pour passer au Mali, un territoire immense et très peu peuplé », a observé M. Carson.

90 jours d’occupation du Nord, c’en est assez!

Malgré la pluie qui a arrosé la capitale malienne toute la journée, des militants et sympathisants de cette association ont fait le déplacement pour soutenir les organisateurs. « Aujourd’hui 28 juin 2012, jour pour jour, cela fait 90 jours que les populations du Nord sont sous occupation. A l’heure o๠nous vous lisons cette déclaration, la situation sécuritaire au nord du Mali, particulièrement dans la ville de Gao, est tombée dans une situation dramatique sans précédent », souligne le collectif dans une déclaration signée de son président, Almahady Moustapha Cissé. Pour lui, cette action a été aussi initiée en réaction aux événements dont Gao a été le théâtre du 25 au 27 juin. Il s’agit notamment de l’assassinat d’un élu local (Idrissa Omorou), la répression dans le sang d’une marche pacifique de protestation des jeunes de la Cité des Askia, et les combats meurtriers entre le MUJAO et le MNLA chassé de Gao. « Déjà  frappées par deux années de pénurie alimentaire, les populations du nord subissent un double traumatisme psychologique et moral, réduites aux pires privations d’eau, de médicaments, d’électricité, d’aliments de subsistance, les populations sont au bord du gouffre et chaque heure qui passe asphyxie davantage », déplore M. Cissé. Ce collectif a été la première association à  envoyer une caravane humanitaire dans les régions occupées. « l’inertie et l’inaction du gouvernement de la République du Mali, l’attitude de la communauté internationale et le comportement ambigà¼e de certains pays voisins qui continuent à  servir de bases arrières aux mouvements armés », indique le Collectif. Il invite le gouvernement à  prendre les mesures urgentes pour mettre fin à  l’occupation et réitère son soutien aux populations du nord du Mali. « Nous souhaitons la libération sans délai des régions occupées, la poursuite et l’arrestation des auteurs et complices de ces atrocités et assassinats ainsi que leur traduction devant les institutions judiciaires compétentes, la prise en charge des victimes et leurs ayants droits », exige le collectif dans la déclaration remise aux participants du sit-in et à  la presse. Pour sortir le Mali de cette impasse politique et sécuritaire, le Collectif Cri de Coeur et ses partenaires appellent les Maliens à  « la cohésion et la solidarité ».

« Forum pour la paix et une transition apaisée»

Depuis le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012, le Mali vit une situation exceptionnelle, que d’aucuns qualifient de déplorable pour sa démocratie. Compte tenu de ce qui s’y passe aujourd’hui, et avec le rôle de la presse, la Maison de la presse entend jouer tout son rôle dans la recherche de solutions à  la crise malienne. Pour sensibiliser et mobiliser autour de la lutte contre la violence et pour une transition apaisée au Mali, il a été décidé – avec l’accord des autres structures de la presse malienne, de plusieurs intellectuels et diplomates maliens – l’initiation d’une pétition qui aboutira à  la mise en place d’une plateforme. Il s’agira, autour d’une grande rencontre de trois jours, de débattre des différents thèmes et sous-thèmes s’y rapportant. Forum pour la paix dans une transition apaisée. C’’est l’intitulé des assises qui s’ouvriront ce vendredi à  la Maison de la presse du Mali à  Bamako sous la coupole des Associations Professionnelles de la Presse (Assep-Urtel-Groupe) et la Délégation de l’Union Européenne. Echanges francs Les trois ateliers thématiques porteront sur les thèmes  : «Â Rôle et responsabilité de la presse pour une transition apaisée », «Â Comment instaurer un dialogue national pour une transition réussie ? » et «Â Quelle contribution de la classe politique et de la société civile pour la libération par le dialogue des régions du nord du Mali occupées par les rebelles ? ». Différentes communications meubleront cette première journée qui sera présidée par Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali, avec pour modérateur Mamadou Konaté, avocat. Il sera question de savoir si « le débat politique doit-il être objectif ? » Les participants entendront les points des principaux tendances qui ont marqué l’après putsch. Il faut citer entre autre, le Front uni pour la démocratie et la République (F, la Copam, l’Alliance des démocrates et patriotes pour une sortie de crise (ADPS), IBK 2012 et la Coalition sauver le Mali. « La société civile dans et face au débat politique » est un autre sous thème qui sera présenté par les représentants de la société civile. Le sous thème 3 qui porte sur la « Communications et échanges spécifiques » enregistrera le point de vue des religieux et des traditionnels. Le rôle du journaliste Le second thème de la journée est d’une pertinence avérée. Il traite de la « Liberté de communiquer et limites absolues ». Il sera conduit par un autre panel conduit par Sambi Touré et Mahamane Hamèye Cissé, respectivement directeur de publication de «Â Info matin » et du journal «Â Le Scorpion ». Les journalistes, peuvent-ils tout dire ? Peuvent-ils tout montrer ? Ces professionnels de la presse écrite donneront des éclaircissements à  l’opinion par rapport à  ces questionnements. Le dernier sous thème traitera du « Respect de la loi et violations nécessaires ». s’agissant du thème 3 : « Le Mali, entre soulèvements, guerre, rébellions au Nord et crise institutionnelle au Sud : Solutions ? » il sera développé par les politiques comme Tiébilé Dramé (Président du Parena), Moussa Mara (Yelema) et Mountaga Tall. Si le premier volet de leurs intervention se penchera largement sur «Â les causes profondes de la crise », le second dégagera les voies et moyens pour une transition apaisée au Mali. Par ailleurs, les thématiques « Sommes-nous en panne de solutions ? » et «Â Quelles solutions par le dialogue ? » seront élucidées par le représentant du Collectif des ressortissants du nord, les représentants des religieux et de l’armée. l’élaboration des résolutions et recommandations clôtureront la journée du dimanche 1er juillet. Au terme des trois jours de travaux, «Â les populations doivent avoir compris les exigences liées à  la non-violence. Toutes devront s’impliquer pour une transition apaisée », indique Makan Koné, président de la Maison de la presse du Mali.

Jeunes du COREN : « Nous sommes prêts à libérer nos frères»

Après la mort d’un élu local à  Gao, les populations ont battu le pavé à  Gao hier mardi pour dire leur colère au MNLA, accusé d’avoir tiré sur les manifestants. Le bilan est lourd, un mort et une douzaine de blessés. Pour manifester leur solidarité avec leurs familles victimes de l’occupation du nord et protester contre l’incident de ce 26 juin, les jeunes du Collectif des Ressortissants du Nord organisent un sit-in à  Bamako. Vive colère Ils pointent du doigt la lenteur du gouvernement Docteur Cheick Modibo Diarra qui réchigne à  libérer le nord Mali des mains des rebelles. Ils étaient plus d’une cinquantaine à  se regrouper sous le monument de la Paix pour exprimer leur mécontentement. « Libérer le nord », « libérer nos frères et nos parents des envahisseurs » tels sont leurs slogans que scandent les jeunes manifestants. Sur les banderoles qu’ils brandissent on pouvait lire les noms des victimes à  Gao: « Mandé Kanté, bléssé, il a 21 ans domicilié au 4ème quartier à  Gao, Idrissa Oumarou, tué par Balle, élu local, domicilié au 8ème quartier » etc. Selon leur porte-parole, Mamadou Diouara, l’objectif principal du sit-in est d’interpeller le gouvernement du Mali afin qu’il envoie l’armée libérer leurs parents. « Nous sommes indignés de la lenteur de l’armée malienne à  récupérer les trois régions du Mali. Nos parents n’ont plus le droit de s’exprimer, de revendiquer sans se voir arroser par les balles des rebelles. Si l’armée est incapable d’y aller, elle n’a qu’à  nous donner les moyens, nous les jeunes sommes prêts à  libérer nos frères au prix de notre sang » dit-t-il. Boubacar Maiga, un manifestant s’indigne que le gouvernement malien ait oublié le nord pour s’intéresser à  d’autres problèmes inutiles. «Nous avons été délaissés par le gouvernement du Mali et nos militaires n’ont même pas la volonté d’aller se battre » se lamente –t-il. Pour montrer leur attachement au Mali est UN et Indivisible, les jeunes manifestants ont bloqué les deux voies aller et retour et ont exécuté l’hymne national du Mali. Avant l’organisation de ce sit-in, les jeunes avaient marché déjà  hier mardi.

Tombouctou bientôt plongée dans le noir

A Tombouctou, il n’y a presque plus d’électricité, ni d’eau potable, ce qui complique la vie quotidienne des citoyens de la ville. En cause, l’acheminement du gazoil par l’EDM pour faire tourner l’unique centrale électrique de la zone. D’après les responsables de la structure, d’ici 24h, la ville pourrait être plongée dans le noir total, sans parler du manque d’eau. La zone est contrôlée par les islamistes et l’acheminement des vivres est également à  la peine. La centrale électrique était auparavant approvisionnée tous les trimestres en carburant par Bamako. Les deux sociétés chargées de l’alimentation en eau et électricité du pays ne savent aujourd’hui pas comment faire parvenir du carburant dans le Nord du pays sans que celui-ci ne tombe aux mains des islamistes. Santé publique Cette situation pourrait avoir de graves conséquences sur le fontionnement de l’hôpital de la ville en empêchant les opérations chirurgicales et la prise en charge médicale des patients, selon le docteur Ibrahim Maiga, interrogé par RFI. Depuis la prise de Tombouctou par les islamistes d’Ansar Dine, l’aide humanitaire parvient au compte goutte. En attendant, le Haut conseil islamique du Mali qui est de fait le principal interlocuteur des groupes islamistes du Nord a décidé d’agir. Plusieurs convois de vivres ont déjà  été envoyés et le HCI n’entend pas rester les bras croisés. « Dans quelques jours, nos frères musulmans de Tombouctou et d’ailleurs risquent d’être plongés dans le noir et nous battons pour trouver une solution rapidement », a affirmé l’un des porte paroles du HCI. La collecte des fonds pour convoyer rapidement du carburant vers Tombouctou se poursuit. Téléthon pour le nord ? A Bamako, la mobilisation n’est pas en reste et un téléthon pour le nord a permis de récolter plus de 36 millions de francs pour venir en aide aux citoyens du nord Mali. Espérons que ces dons pourront être acheminés à  leurs bénéficiaires, qui subissent un quotidien de plus en plus difficile. En clair, il s’agirait de convoyer du carburant rapidement pour alimenter la ville en électricité.

Déplacés du nord: OPEN Mali solidaire

Depuis le début de la crise qui sévit au nord Mali, avec son lot de déplacés et de réfugiés, plusieurs actions ont été menées. Avec pour objectif de soulager la détresse de ces milliers de maliens qui se retrouvent loin de chez eux, dépourvus de l’essentiel. l’association Oui Pour une Enfance Noble a apporté sa pierre à  l’édifice de solidarité en remettant ce matin des vivres et des produits de première nécessité. Un convoi contentant ces dons s’est ébranlé du terrain de football de la commune 5 du district de Bamako. Destination Mopti o๠ils seront distribués à  20 000 personnes. Cette première édition du convoi humanitaire est pilotée par Louis Cheick Sissoko, président de l’association. Avec l’espoir d’en faire plus Le président de l’OPEN, Louis Cheick Sissoko a indiqué que ces dons sont composés de 200 sachets pour 100Kg de vitablé, 2500 kg de riz, 10001 litre d’huile, 1000kg du sucre, 1200 unités de l’eau de javel et 1600 d’unités de savons. «Ce convoi était à  l’origine destiné aux régions occupées, mais après avoir pris les renseignements nous avons su que toutes les conditions sécuritaires ne sont pas réunies. C’’est pour cette raison que nous avons décidé d’amener ces vivres à  Mopti pour les déplacés. C’’est la première édition et l’espoir est permis d’élargir nos actions vers les villes occupées » dira-t-t-il. OPEN MALI est une association composée à  100 % d’élèves et d’étudiants. Elle œuvre dans le domaine humanitaire. Elle organisé entre autres des ateliers de sensibilisation de lutte contre le sida, des dons de fournitures scolaires. Son activité phare est le parrainage de plus de 500 enfants démunis qui ont, grâce à  OPEN Mali, retrouver le chemin de l’école.

Concert géant pour le nord, rendez-vous le 28 juin!

Journaldumali.com : Pourquoi un méga concert pour le nord Mali ? Quel est l’objectif visé ? Fatou Faye: Cette initiative, nous la voulons comme une véritable occasion de communion, une initiative de partage, de solidarité en faveur des populations du nord. C’’est une activité qui va réunir le peuple malien dans sa globalité. Voilà  ce qui justifie le choix du Stade Modibo Keà¯ta. J’avoue que chaque spectateur de ce Concert pourra demain « se glorifier » d’avoir contribuer à  changer des vies par ces 2000 F CFA qu’ils payeront à  l’entrée. Nous avons voulu que tout le peuple malien participe ainsi à  cette initiative pour créer un élan de solidarité en faveur de nos frères et sœurs du nord. Vous me donnez l’occasion d’adresser mes sincères remerciements à  la Croix Rouge qui nous a fait confiance dans le cadre de cette action humanitaire. Qui sont vos partenaires ? En étant sous la coupole de l’Organisation internationale à  caractère humanitaire qu’est la Croix Rouge, nous co-organisons l’évènement avec l’Union des associations de producteurs du Mali (UAPREM) qui était dans l’optique d’organiser un concert pour les populations du nord, et aussi avec « Maliba production » qui se prépare à  fêter ses 3 ans d’existence. Nous nous sommes donc joints à  eux en vue de fédérer nos efforts. Rien ne sert de disperser les énergies pour une même cause. Le concert VIP du 21 juin dernier a-t-il répondu à  vos attentes ? Le concert VIP combiné au téléthon a porté beaucoup de fruits. l’évènement s’est très bien déroulé. Nous sommes satisfaits par l’élan de générosité des uns et des autres. Parvenir à  avoir une promesse de dons de plus 36 millions de F CFA, malgré le moment de crise économique que le pays traverse, C’’est déjà  une grande chose. En dehors des 10 millions F CFA du Premier ministre et les 5 millions de Orange Mali, l’essentiel des dons viennent de la population. Des gens qui ont donné 5 000, 6 000, 50 000… C’’est ce qui est intéressant dans cette initiative. En définitive, je crois que le message est bien passé, la population a compris ce qu’on recherchait derrière ce projet et s’est manifestée en conséquence. Qu’est-ce que vous y gagner en tant qu’Agence de communication ? De la visibilité. Rien d’autre. Journaldumali.com : Parlez nous de votre Agence de communication « Audacity » « Audacity » a une histoire très intéressante qui se révèle comme une mission. l’Agence veut se démarquer et miser sur la qualité. Notre domaine phare C’’est le « Conseil stratégique ». Elle a eu son statut le 20 mars 2012, la veille même du coup d’Etat. Nous ne nous y attendions pas et avons connu des moments de flottement. Cette activité apparait comme la toute première que nous co-organisons avec nos partenaires. Nous invitons le peuple malien à  sortir massivement ce 28 juin à  partir de 16 heures, non pas pour venir fêter, mais pour communier, partager et manifester sa solidarité afin de contribuer à  changer des vies au nord.

Téléthon pour le nord: plus de 36 millions récoltés

La fête de la Musique a rimé cette année avec élan de solidarité. AUDACITY Services et la Croix Rouge Malienne ont en effet choisi la soirée du 21 juin pour organiser un grand concert de collecte de fonds au profit des populations du nord du Mali dans le cadre de l’initiative « Un Geste de C’œur ». Et C’’est le Premier ministre de la transition au Mali, Cheick Modibo Diarra en personne, qui a présidé l’événement. Un parterre de personnalités politiques, du monde sportif, associatif et de nombreux artistes étaient présents dans la grande salle du Centre International de Conférences de Bamako. A l’origine de ce projet l’Union des associations des artistes producteurs et éditeurs du Mali, qui est présidée par Salif Kéita. Une pluie de dons Comme le dit un proverbe bamabara « quand on donne, cinq francs, C’’est beaucoup, cinq mille, ce n’est pas trop ! ». Et les maliens, quelques soient leurs ressources ont tenu à  dire à  leurs frères et sœurs du nord du pays qu’ils n’étaient pas oubliés. Du Premier Ministre qui a donné la somme de 10 millions de francs CFA aux jeunes écoliers qui se sont sans doute privés de leur gouter du lendemain pour offrir 100 francs, ils étaient des milliers à  se manifester. Les artistes eux aussi n’ont pas ménagé leur peine. Dans leurs prestations, toutes gracieusement offertes, ils ont passé des messages d’unité, de réconciliation, de paix pour le Mali. Salif Kéita, Babani Koné, Baba Salah, Aria Arby, Bako Dagno, Oumou Dédé Damba, Vieux Farka Touré, ont joué, cela va sans dire, leur rôle de leaders d’opinion, d’éveilleurs de conscience. La soirée qui a pris fin aux environs de 1 heure du matin a permis de récolter quelque 36,6 millions de franc CFA. Mais les personnes de bonne volonté sont appelées à  continuer à  se manifester. Pour être encore plus fédérateur, les organisateurs invitent le public bamakois à  un autre concert qui se tiendra le 30 juin prochain au Stade Modibo Kéita, au prix de 2 000 FCFA l’ entrée. Pour faire des dons Coordonnées bancaires Account Name : CRM POUR UN GESTE DU C’ŒUR Bank Code: ML 090 Branch Code: 01001 Account Number: 0010181500034628 Clé RIB: 37 Code Swift Ecobank: ECOCMLBA Ecobank Mali – BPE 1272, Bamako Mali

AFLED soutient les femmes déplacées du nord Mali

C’’est lors d’une conférence débat organisée à  la Maison de la Femme, que l’Association Femmes Leadership et Développement (AFLED) a tenu à  sensibiliser sur le sort des femmes du Nord. Qu’elles soient de Gao, de Tombouctou ou de Kidal, il faut les écouter, les aider à  sortir du cycle de la violence subie au lendemain de l’occupation du nord par les groupes armés et rebelles. Lors de cette conférence, une ressortissante de Gao a pu témoigner des souffrances vécues lors de la prise de sa ville. Un témoignage qui montre la réalité ardue de ces personnes, déplacées aujourd’hui, mais qui ont été meurtries dans leur chair et dans leur âme. Entretien avec Mariam Diallo Dramé, la présidente d’AFLED. Journaldumali.com : Afled a organisé une journée de débats et témoignages sur les femmes du nord, parlez-nous de cette journée ? Mariam Diallo Dramé : l’objectif était surtout de sensibiliser tous les acteurs et les décideurs politiques pour mettre fin à  ces violences. l’ Association Femmes Leadership et Développement Durable (AFLED) en collaboration avec le Ministère de la Famille de la Promotion de la Femme et de l’Enfant et l’appui technique et financier du Programme d’appui au renforcement de l’équité hommes/femmes pour la réduction des disparités économiques et sociopolitiques (PAREHF3), se sont associés pour organiser cette conférence, qui est revenue sur les violences faites aux femmes et aux filles dans le Nord du Mali. La conférence s’est déroulée à  la maison de la femme rive droite de Bamako le 16 juin et nous espérons avoir eu un impact. Journaldumali.com : Beaucoup d’associations font de la collecte de dons et de vivres pour envoyer au nord ? Malgré tout, les dons n’arrivent pas toujours aux destinataires, interceptés par les rebelles ? D’après vous, comment peut-on aider autrement ces populations du nord ? Les populations du Nord n’ont pas uniquement besoin de vivres. Il y’a le problème d’eau et d’électricité. Le manque de médicaments et de soins de santé approprié. l’Association femmes Leadership et Développement Durable se positionne pour apporter un soutien psychologique, matériel et médical a tous les déplacés et surtout aux fillettes et femmes victimes de violences comme le viol. Le problème du nord est un sujet difficile, mais nous devons le dénoncer pour faire en sorte que les victimes ne soient pas stigmatisées et qu’elles bénéficient du soutien médical adéquat. Un intervenant lors de la conférence l‘a souligné, la honte doit changer de camp et ce sont plutôt les agresseurs qui doivent avoir honte de leurs actes. Journaldumali.com : Vous avez rencontré des femmes de Gao, de Tombouctou, déplacées à  Bamako, dont l’une a témoigné à  votre rencontre, que fait AFLED vous pour elles ? Nous leur donnons une voix car ces femmes et filles sont entrain de souffrir en silence, elles ne savent pas exactement les recours juridiques dont elles disposent. C’’est pourquoi nous les avons invités pour témoigner mais aussi pour les informer des instruments juridiques nationaux et internationaux qu’elles peuvent utiliser pour traduire leurs agresseurs devant la justice. Journaldumali.com : Des personnalités comme Maitre Djourté étaient présents, concrètement, de quels instruments juridiques disposons nous pour défendre ces femmes du nord, victimes de viols ? Le Mali peut saisir la CPI au nom des traités internationaux qui condamnent ces crimes de guerre. De nombreuses dispositions sont prévues aussi dans notre Code pénal. Les résolutions 1325, 1820 et 1888 des Nations Unies condamnent les violences basées sur le genre. Maitre Djourte a mis l’accent sur la nécessité pour le Mali d’adopter un texte sur les violences basées sur le genre. Journaldumali.com : Aujourd’hui, la solution passe t’elle par la négociation ou les armes ? Nous ne saurions dire quelle est la meilleure solution à  la crise du nord Mali. Mais une chose est sûre, tant qu’il y aura l’occupation et les affrontements, les femmes continueront de subir des violences. C’’’est pourquoi nous avons interpellé le Ministère de la famille de la promotion de la femme et de l’enfant sur la nécessité d’agir pour que la paix revienne. Le département nous a assuré qu’une place majeure sera accordée aux violences faites aux femmes dans le plan d’urgence qu’ils sont entrain de mettre en place. D’ici là , pour soulager les victimes AFLED continuera son programme de plaidoyer pour dénoncer les crimes, fournir une assistance psychologique et médicale aux victimes et s’assurer que les auteurs ne resteront pas impunis Journaldumali.com Pour rappel, l’association œuvre pour le leadership des femmes et le développement des communautés ? AFLED est une association de jeunes femmes qui a pour devise de faire émerger une nouvelle génération de leaders. Nous formons les jeunes femmes à  s’intéresser à  la vie publique, à  s’éduquer pour participer au développement du Mali et du continent en général.

Sidafoot 2012 : sous le signe du pardon et de la réconciliation

Selon l’initiateur de Sidafoot, Bouba Fané, par ailleurs directeur de l’agence «Â Mali Evènements », le sceau de la lutte contre le Sida doit être un facteur de cohésion et de réconciliation pour les Maliens. «Â Nous nous sommes dit qu’il fallait créer un évènement en lien avec les stars du ballon rond en l’inscrivant dans le cadre de la lutte contre la pandémie qu’est le VIH Sida », indique t-il. La nuit Sidafoot Œuvrant mains dans les mains avec le Haut conseil national de lutte contre le Sida (Hcnls), Bouba Fané, indique que les innovations de la présente édition sont importantes. «Â Les joueurs de football sont des vrais stars d’autant qu’ils sont très aimés par les populations jeunes ». «Â Nous avons approché les anciens et nouveaux talents du foot pour les intéresser au projet Sidafoot en espérant qu’ils serviront de vecteur pour lancer des messages forts dans le cadre de la lutte contre le Sida ». Au menu de cette 2 édition, la nuit du Sidafoot qui aura lieu au « Byblos » à  Bamako. Elle sera suivie mardi par le match gala qui opposera les anciens joueurs internationaux à  l’Association des journalistes sportifs du Mali (Ajsm). Une grande nuit de diner gala clôturera la 2ème édition de Sidafoot dans un hôtel de la place. «Â Le public invité sera habillé en blanc qui est la couleur du pardon et de la réconciliation. Nous voulons que tous les Maliens se réconcilient à  travers cet évènement. Surtout que l’avenir revient à  nous les jeunes ». Comme moyen efficace de lutte contre le Sida, l’initiateur de Sidafoot estime que le dépistage vaut mieux. l’initiateur de Sidafoot indique tout de même que l’organisation de la présente édition n’a pas été facile à  cause de la crise que le Mali traverse. «Â Nous avons grouillé pour que des stars acceptent de venir. Les internationaux maliens Seydou Keà¯ta, Kalifa Coulibaly, Cheick Fantamadi ainsi que les anciens comme Daouda Diakité, Mahamadou Diarra dit Maha seront de la partie. à‡a sera une véritable fête du football ».

Que pensent les Maliens d’une intervention étrangère au nord ?

« Nous voulons retrouver notre dignité, notre honneur et notre souveraineté. Personne ne doit faire la guerre à  notre place. Nous avons des troupes capables de chasser les envahisseurs au nord. Seuls les armements nous manquent », témoigne Ousmane Dicko, médecin à  Bamako. «Â Le premier ministre a vite compris que la résolution de ce problème passe par le dialogue et non par les armes ». «Â s’opposer à  l’intervention au nord, C’’est être l’ennemi du Mali » Yacouba Maiga, ressortissant du nord estime lui que «Â toute personne qui s’oppose à  l’intervention de la force étrangère au Mali pour libérer les régions du nord est l’ennemi du Mali : « Je suis venu de Gao il y’a deux semaines, mes frères qui sont là -bas ne veulent plus de condamnations mais qu’on libère le nord des mains des envahisseurs qui tuent, violent et pillent. D’autres sont plus virulents sur l’absence de réaction du gouvernement :  » Cheick Modibo Diarra constitue le véritable blocage pour l’intervention de la force internationale. Parce qu’il agit sous les ordres du capitaine Amadou Haya Sanogo qui rejette toute intervention militaire de la CEDEAO. Ils veulent cacher l’incapacité de nos militaires à  faire face à  l’ennemi » tempête Boucary Diarisso, professeur de français « Les maliens doivent avaler leur fierté et laisser la communauté internationale nous aider. On n’a pas besoin d’en faire la demande. Les Maliens sont humiliés au nord et l’intervention doit être immédiate. Nos militaires ont peur de se battre contre les rebelles », renchérit Mohamed Sangaré, huissier. Pour Nouhoum Coulibaly, garagiste à  la zone industrielle : « La guerre demande des moyens. Si nos militaires doivent aller au front, on peut se passer de la force internationale ». « La CEDEAO bluffe » Pour Djibril Sacko, informaticien , l’intervention de la CEDEAO tarde à  se matérialiser : « Je ne crois plus en l’action de la CEDEAO. On nous a tympanisé avec alors qu’aucun signal n’est visible. D’ailleurs, pourquoi mettre cette intervention entre les mains du gouvernement ? Le dialogue a assez duré ! » Enfin de compte, il faut agir et vite, estime Ramata Keita, historienne « Aujourd’hui, le Mali n’a plus de choix, l’intervention de la CEDEAO s’impose car le problème dépasse les frontières maliennes avec l’implantation des islamistes dans la région. Le Mali n’est qu’un maillon dans ce conflit qui implique les voisins directs que sont le Niger, la Mauritanie et l’Algérie.

Aminata Dramane Traoré : «La guerre n’est pas la solution»

Slate Afrique – Comment jugez-vous l’évolution actuelle de la situation de votre pays ? Aminata Dramane Traoré – D’une extrême gravité, mais pas désespérée. Il y a d’une part la désinformation qui ne contribue en rien à  la paix, et d’autre part l’attitude de certains dirigeants africains qui semblent avoir fait le choix de la guerre dans notre pays depuis le début de cette crise dite malienne. La désinformation consiste à  occulter l’échec lamentable du modèle économique mis en œuvre et celui du système politique qui tient lieu de démocratie. Le faux diagnostic qui en découle pousse la communauté internationale à  prendre des décisions que je juge à  la fois erronées et injustes. Cette crise, on ne le dira jamais assez, est d’abord l’une des conséquences dramatiques de l’intervention de l’OTAN en Libye. Je comprends mes concitoyens qui, traumatisés par la violence de l’invasion et de l’occupation des deux tiers de notre territoire et désemparés par la défaite de notre armée face au Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et ses alliés islamistes , croient que l’intervention de forces militaires extérieures est une solution rapide, efficace et radicale. Rien n’est moins certain. Il suffit de regarder du côté de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Côte d’Ivoire et de la Libye pour se rendre compte que la guerre n’est pas la solution. Des morts, des viols, des blessés, des déplacés, des réfugiés, des écosystèmes saccagés et la destruction d’infrastructures, souvent acquises au prix du lourd fardeau de la dette, sont autant de conséquences que personne ne doit banaliser et à  plus forte raison ignorer. Slate Afrique – On vous comprend. Mais concrètement, le Nord étant occupé, comment faites vous pour le récupérer sans intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’Occident? A.D.T – Ce n’est pas moi qui vais dire qu’il ne faut rien faire pour arrêter le calvaire de mes frères et sœurs du Nord de notre pays, quand je pense, en plus des massacres perpétrés contre des soldats désarmés à  Aguelhok, aux viols, aux tueries et aux pillages, dont ceux des hôpitaux et des pharmacies. Ce traitement est infligé à  des populations innocentes qui étaient déjà  éprouvées par la faim, le manque d’eau et autres pénuries. Par ailleurs, un pays, en plus d’être une histoire, une identité est aussi la représentation que l’on s’en fait. Nous avons du mal à  nous imaginer, nous Maliennes et Maliens, notre pays amputé des régions de Tombouctou, de Gao et Kidal. l’envoi de troupes de la Cédéao dans ce contexte est-il pour autant souhaitable? Absolument pas. Les combats, s’ils ont lieu, ne se dérouleront pas le désert mais dans des villes et des villages. Pour libérer le septentrion malien, nous devons commencer par nous demander ce qui nous arrive exactement. Pourquoi? Comment? Et maintenant? Nous ne parvenons pas à  en parler entre nous avec la sérénité nécessaire en raison de malentendus qui tiennent également à  l’ignorance de certains desseins. Pour ce qui est des causes internes, nous sommes quasi unanimes à  reconnaà®tre notre manque de vision, nos incohérences, nos contradictions, la corruption et l’impunité. Les causes externes, par contre, sont soigneusement occultées alors qu’elles sont souvent plus déterminantes. La classe dirigeante excelle souvent dans l’art de l’autosatisfaction, l’autoglorification et la séduction des argentiers. Si nous étions plus perspicaces et plus ouverts à  l’autocritique et au débat contradictoire, nous serions plus nombreux à  comprendre que la guerre qui est envisagée par la Cédéao dans notre pays n’est pas que celle de la restauration de l’intégrité territoriale. Elle est aussi une nouvelle étape de la guerre mondiale contre le terrorisme visant à  traquer Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi), Ansar Dine et autres groupes islamistes sur notre territoire. Nous n’aurions rien eu à  redire s’il ne s’agissait pas de l’externalisation de la politique sécuritaire des puissances occidentales qui sont dans une logique de sous-traitance de la violence armée à  laquelle adhèrent certains dirigeants africains. Ces derniers, dans le cas du Mali, semblent même prendre les devants, en sollicitant la France, le Conseil de Sécurité. La double peine ainsi infligée à  notre pays, sous prétexte qu’il a failli sur différents plans dont la protection de ses frontières et de ses acquis démocratiques, consiste à  en faire un terrain de chasse contre l’islamisme -dont il serait subitement devenu le foyer-, et à  réinstaurer, coûte que coûte, un ordre constitutionnel dit normal, alors que celui-ci n’avait rien de vertueux. Si vous le permettez, je reviendrai plus loin sur ma proposition de sortie de crise. Slate Afrique- Faut-il croire, à  partir de cette analyse, que la prise en main du dossier par l’UA qui, à  son tour a saisi le Conseil de Sécurité, va dans le bon sens ? A.D.T – Le déni de démocratie est malheureusement le même au niveau de toutes ces instances, parce que leur prémisse de départ, qui consiste à  décréter qu’il y a démocratie dès lors qu’il y a élection, est erronée. Le processus de prise de décision dans la gestion de cette crise reproduit l’exclusion dont les Maliens et les Maliennes ont souffert ces vingt dernières années en dépit de la rhétorique sur la décentralisation et la participation populaire. Pour l’Etat néolibéral, nous ne comptions pas, en tant que peuple. Et voici que nous ne comptons plus, en tant que pays. En plus de l’occupation du Nord, nous sommes sous tutelle pour ce qui est des questions institutionnelles et politiques. La logique dominante veut qu’à  partir du moment o๠il n’y a pas de dirigeants légitimés par des élections, même quand les élus, qui ont gouverné, ont échoué, il n’y ait plus rien d’autre à  faire que d’organiser des élections dans les plus meilleurs délais de manière à  remettre les mêmes en selle. C’’est à  ce jeu dangereux que joue la Cédéao en accordant plus d’importance à  la légitimité de façade qu’à  l’intégrité territoriale et aux réponses concrètes et rapides que les Maliens et les Maliennes attendent, depuis trop longtemps, aux questions de vie ou de mort qu’ils se posent. Si l’embargo total que la Cédéao voulait nous imposer a été écarté, le pays n’en est pas moins confronté à  une sorte de paralysie, due aux sanctions injustes des bailleurs de fonds, qui entravent la bonne marche de l’économie nationale pour prouver leur thèse selon laquelle sans démocratie électoraliste il n’y a pas d’économie viable. Slate Afrique – Considérez-vous que la France ait une part de responsabilité dans cette situation? Cela transparaà®t dans certaines de vos déclarations. A.D.T – Bien avant l’invasion et l’occupation des trois régions du Nord o๠le tourisme constitue l’une des rares sources de revenu des populations, la France, et dans son sillage, d’autres pays occidentaux ont fait du Mali un pays à  risques, interdit à  leurs touristes. Ni le Maroc ni l’Egypte qui ont enregistré des attentats terroristes sanglants n’ont eu droit au même traitement. La non signature de l’Accord de réadmission des migrants par l’ancien Président malien Amadou Toumani Touré et son soi-disant manque d’efficacité dans la lutte contre Aqmi, ont certainement déçu l’ancien président français, Nicolas Sarkozy. Le Président François Hollande vient de signifier à  son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou, que C’’est à  l’Afrique de résoudre ses problèmes et, que la France ne s’impliquera dans une intervention militaire au Mali que lorsque le Conseil de Sécurité des Nations Unies en aura pris la décision à  travers une résolution. Selon le président français, si l’intervention est décidée, C’’est aux Africains de la mener. C’’est un pas considérable par rapport à  l’interventionnisme décomplexé de son prédécesseur. Mais le mal est déjà  fait. Le préjudice, qui est moral et politique, consiste à  imposer aux victimes de la guerre de convoitise du pétrole libyen, de se protéger eux-mêmes contre l’agression des troupes lourdement armées, qui s’acheminaient vers le Mali. Les Occidentaux avaient les moyens technologiques et militaires de les arrêter. Les Maliens et les Maliennes ainsi que l’opinion publique internationale doivent savoir que si la France et les à‰tats-Unis n’avaient pas transformé la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de «No Fly Zone» en mandat de renverser le régime de Mouammar Kadhafi, les rebelles et les islamistes, qui occupent le Nord du Mali, n’auraient pas pu disposer de l’arsenal qui fait leur force sur le terrain. Cette responsabilité des pays de l’OTAN, qui est considérable, n’est presque jamais évoquée. l’ancien Président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbéki est le seul à  l’avoir fait. Il rappelle que Nicolas Sarkozy, Barack Obama et David Cameron ont foulé au pied le mandat du Conseil de Sécurité et trahi leurs obligations en termes de droit international en décidant de l’avenir de la Libye. Ils ont royalement ignoré la proposition de médiation de l’Union africaine et de résolution pacifique du conflit. C’’est à  ce niveau aussi que l’on mesure l’incohérence de l’organisation panafricaine. Car ce sont les mêmes Chefs d’à‰tats qui ne voulaient pas de l’intervention militaire en Libye qui en admettent le principe pour le Mali. Slate Afrique – Votre nouvel essai intitulé «l’Afrique mutilée» qui traite à  la fois de la question du développement et de la condition des femmes a t-il un lien avec cette crise? A.D.T – Absolument. Parce que C’’est au niveau des femmes que l’on prend la véritable mesure de l’échec du modèle dominant tant en matière de développement que de démocratisation, en Afrique. Bien avant la mutinerie qui s’est soldée le 22 Mars 2012 par un coup d’Etat, ce sont les épouses et les mères des militaires envoyés au Nord du pays pour se battre, sans les moyens nécessaires, qui ont manifesté leur colère et alerté l’opinion nationale et internationale. Le drame est que d’une manière générale les femmes ne sont impliquées ni dans l’analyse des causes profondes et structurelles des crises ni dans la recherche des solutions. Croyez-moi ou non, ma prise de parole, en tant que femme, dérange ceux-là  mêmes qui, à  l’intérieur de mon pays comme à  l’extérieur, ne jurent que par la promotion et la participation politique des femmes. Ce n’est d’ailleurs pas tant parce que je suis une femme que parce que les questions macroéconomiques, géopolitiques et stratégiques, que J’aborde, sont exclues du débat politique ou constituent, quand elles sont soulevées, un domaine réservé aux hommes. C’’est donc un crime de lèse majesté que nous commettons, Nathalie M’dela et moi, en traitant de l’excision économique dans «l’Afrique mutilée.» Le parallèle entre le corps de la femme et l’Afrique, immensément riche en ressources dont l’économie mondiale a cruellement besoin mais, humiliée et pillée, est saisissant de notre point de vue. J’invite mes sœurs africaines à  ne plus se laisser instrumentaliser au nom d’un modèle de développement extraverti qui enrichit les riches et d’un processus de démocratisation qui n’est que mascarade. Ce qui est considéré comme notre «non intégration» dans le développement est à  bien des égards une chance à  l’heure o๠le modèle économique dominant est en panne et que tout est à  réinventer. Les valeurs non marchandes et non monétaires qui font notre force contribueront, J’en suis persuadée, à  reconstruire l’Afrique sur des bases économiques, sociales et environnementales plus saines. s’agissant de la parution de cet essai dans le contexte actuel, ce n’est qu’une pure coà¯ncidence. Il résulte de longs mois de travail. Slate Afrique – Vous insistez lourdement dans cet essai sur la responsabilité de l’Occident et du modèle capitaliste. Sont-ils les responsables des drames africains? Les Africains n’ont-ils pas une part de responsabilité? A.D.T – Cette question qui m’est souvent posée, ne devrait plus être d’actualité. J’inscris tout simplement mon discours sur le registre du local et du global, ici et ailleurs, l’Afrique et le monde. Cette revendication du global pour mieux le questionner indispose les Maliens et les Africains qui veulent mordre la mondialisation à  pleines dents. Je suis d’autant plus à  l’aise aujourd’hui que les conséquences catastrophiques du système capitaliste que je dénonçais déjà  dans mon premier essai «l’à‰tau o๠l’Afrique dans un monde sans frontière» -paru en 1999- sont vérifiables, non seulement dans nos pays traités de Républiques bananières mais aussi dans les démocraties occidentales dites avancées dont les peuples ne sont, visiblement pas plus heureux que nous, de leur sort. Je ne suis donc pas dans une démarche de victimisation et d’accusation de l’Occident. Le modèle dont celui-ci réclame le leadership et qu’il nous impose, est tout simplement un désastre au Mali comme en Grèce, en Espagne au Portugal ou ailleurs. Les Africains n’ont-ils pas une part de responsabilité me demandez-vous? Oui. Mais ce n’est pas faute d’avoir essayé d’être de bons élèves. C’’est parce que la logique du profit et de l’accumulation sans limites, fondement du système, finit tôt ou tard dans l’impasse. Dans les pays occidentaux en crise, plus particulièrement en Grèce, les tenants du capitalisme mortifère se dédouanent et prétendent que le système est vertueux mais les Grecs, les seuls responsables de leurs malheurs. Les Africains, notamment les dirigeants, ont bien entendu leur part de responsabilité dans la nature particulièrement grave de la situation de notre continent. Ils manquent souvent de clairvoyance, de vigilance et surtout de solidarité avec leurs peuples. Rares sont ceux qui parmi eux admettent que nous nous trompons de modèle de développement comme de démocratie au risque d’exposer leurs concitoyens à  davantage de souffrance. Ils ont la naà¯veté de croire que la crise du système, qui aujourd’hui donne du fil à  retordre à  leurs maà®tres à  penser occidentaux, ne nous concerne pas ou fort peu et que bientôt nous émergerons à  notre tour à  notre tour à  l’instar de la Chine, de l’Inde ou du Brésil. Propos recueillis par Pierre Cherruau, Christian Eboulé et Abdel Pitroipa

Mali: le président intérimaire Traoré reçu à Paris par Laurent Fabius

PARIS — Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est entretenu jeudi avec le président intérimaire malien, Dioncounda Traoré, sur la situation dans le nord du Mali et la transition dans ce pays. MM. Fabius et Traoré « se sont entretenus de la situation au Mali, notamment des moyens de stabiliser et de sécuriser la transition à  Bamako ainsi que de la situation qui prévaut au nord du pays », a déclaré le ministère des Affaires étrangères français dans un communiqué. « Les efforts de la CEDEAO, la mobilisation de l’Union africaine, en particulier la saisine par celle-ci du Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour aider le Mali à  surmonter la crise, ont été discutés », a-t-il ajouté. « Alors que l’aide bilatérale de la France comme celle de l’Union européenne ont été suspendues suite au coup d’Etat du 22 mars dernier, le ministre a soulevé la question des conditions et des modalités d’une reprise future de l’aide internationale », a souligné le ministère. Laurent Fabius doit aussi recevoir vendredi le Premier ministre malien par intérim, Cheikh Modibo Diarra, en visite en France. Le président Dioncounda Traoré se trouve depuis le 24 mai en France pour des examens médicaux, après avoir été frappé et blessé le 21 mai dans son bureau à  Bamako par des manifestants hostiles à  son maintien au pouvoir. Il doit conduire la transition pour une durée d’un an, après un coup d’Etat militaire le 22 mars. Ce putsch qui a renversé le président Amadou Toumani Touré a précipité la chute de l’immense région désertique du Nord Mali aux mains du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) et surtout du mouvement islamiste Ansar Dine et de son allié Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi).

La France et le Niger inquiets par la menace jihadiste dans le nord du Mali

François Hollande redoute « l’installation de groupes terroristes » dans cette région. Pour Mahamadou Issoufou, il s’agit d’une menace pour la région mais aussi « pour le monde ». l’option militaire, sous l’égide des Nations unies, est de plus en plus envisagée. Après avoir reçu le président béninois et actuel président de l’Union africaine, Boni Yayi, il y a deux semaines, le président français a reçu, cette fois-ci à  l’Elysée, Mahamadou Issoufou – deux entretiens qui ont porté sur un même sujet : la crise malienne et la menace jihadiste. La présence de groupes terroristes venus de pays étrangers se confirme, selon le chef d’Etat français, lors de la conférence de presse, à  l’issue de l’entretien. « Il y a une intervention extérieure qui déstabilise le Mali et qui installe des groupes dont la vocation est une intervention qui va bien au-delà  du Mali, en Afrique et peut-être au-delà  », a-t-il déclaré. Le président nigérien Mahamadou Issoufou a, lui, précisé qu’il s’agit de « jihadistes afghans, pakistanais, en tout cas étrangers au Mali qui entraà®neraient des groupes terroristes ». Soutien de la France et des Etats Unis François Hollande a par ailleurs confirmé, implicitement, son accord à  un soutien logistique français. Il a notamment précisé que la France ainsi que « d’autres puissances se mettant au service des Nations unies » appuieront la résolution qui sera présentée par la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et l’Union africaine, au Conseil de sécurité de l’ONU, si une intervention militaire était décidée. l’option militaire de plus en plus envisagée Le président nigérien veut croire à  une solution négociée mais, dit-il, « si on ne peut pas, nous serons obligés de recourir à  la guerre ». Il est vrai que, pour le moment, les efforts visant à  régler, par le dialogue, la crise dans laquelle a sombré le Mali, se sont avérés impuissants. Le sud du pays se trouve toujours sans institutions stables et le nord est totalement fragmenté par des groupes terroristes. Les risques de voir au Mali ce qui se passe en Somalie, renforcent les partisans d’une intervention militaire. C’’est le cas du chef d’Etat béninois Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine et des présidents nigérien et guinéen qui se sont rencontrés à  Conakry le week-end du 9 et 10 juin. Mahamadou Issoufou mais aussi Alpha Condé se sont clairement positionnés en faveur d’une intervention militaire pour, à  la fois, sécuriser la transition à  Bamako et chasser les groupes islamistes dans le nord du Mali. l’Algérie, pays considéré comme la puissance régionale incontournable dans la résolution du conflit, pourrait s’inscrire dans cette logique, faute de pouvoir régler la crise autrement. Dans cette hypothèse, Alger ne s’impliquerait pas directement mais pourrait apporter un soutien logistique à  une opération militaire. A ce sujet, des sources régionales, contactées par RFI, ont précisé que deux officiers maliens loyalistes, les colonels Ould Meidou et Gamou, ont été reçus, au début du mois de juin, à  Alger. Les Algériens, dans leur rôle de médiateur, pourraient ainsi chercher des partenaires locaux pour imposer la paix au Nord et les deux officiers pourraient, en tout cas, constituer le noyau autour duquel l’armée malienne, appuyée par la communauté internationale, pourrait envisager la reconquête du Nord. Otages français enlevés au Mali La situation des six Français retenus en otage au Sahel a également été au coeur des entretiens entre les présidents Mahamadou Issoufou et François Hollande. Quatre Français, employés du groupe nucléaire Areva et de son sous-traitant Satom, ont été enlevés à  Arlit dans le nord du Niger, le 16 septembre 2010, avec trois autres personnes, libérées depuis. Par ailleurs, deux autres Français ont également été enlevés par des hommes armés dans leur hôtel, à  Hombori, dans le nord du Mali. Cela fait 200 jours que Philippe Verdon et Serge Lazarevic ont été kidnappés par al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Une quarantaine de parents et amis des deux otages français se sont rassemblés, ce lundi 11 juin, sur le Parvis des droits de l’homme, à  Paris. Le président nigérien a déclaré que, selon les informations disponibles, ils étaient « vivants » et « en bonne santé ». Invité de RFI, Jean-Pierre Verdon, le père de Philippe Verdon, regrette que ces propos n’apportent pas plus de précisions sur le sort des deux hommes.

A Kidal, jeunes et femmes se révoltent contre Ansar Dine

Si l’intervention militaire se fait toujours attendre au nord, la population excédée par la pression des islamistes se révolte. Après Gao début mai, c’est autour des jeunes et des femmes de Kidal, de manifester leur ras-le-bol. La marche aurait commencé aux environs de 7h, regroupant près de 500 jeunes au rond point central de la ville. A Kidal, les manifestants ont marché en direction de l’aéropot, en fumant des cigarettes pour braver la police et les islamistes. A la différence des jeunes qui avaient marché à  Gao et été réprimés, ceux de Kidal se sont rendus chez des noabilités de la ville, pour protester. Au moment o๠l’alliance entre Ansar Dine et le MNLA a échoué, les jeunes de Kidal, revendiquent leur préférence pour le groupe indépendantiste. Azawadiens dans l’âme, ils ont brandi des banderoles, et pris à  parti les islamistes, qui empêchent tout loisir et liberté dans la ville. « Les femmes s’en mêlent » Après les jeunes, environ 300 ressortissantes de Kidal, ont poursuivi le mouvement dans la journée du 5 juin. Prises à  partie par les forces de l’ordre, elles se défendront à  coup de jets de pierre : «Les femmes déclenchent aussitôt une intifada. Les jets de pierres par les marcheuses déclenchent les coups de cravache par Ansar Dine. Quatre femmes sont blessées légèrement mais la cruauté de la police islamique décuple la détermination des femmes qui intensifient la lapidation», note un confrère du Républicain. Depuis la prise des trois villes du nord Mali, le groupe Ansar Dine tente d’imposer la charia et des règles islamiques sévères qui obligent les femmes et les jeunes filles à  porter le voile oà¹ à  interdire les loisirs comme jouer au football, écouter de la musique ou fumer des cigarettes. En réaction, les manifestantes enlèveront leur voiles et les jeunes fumeront des cigarettes au nez et à  la barbe des islamistes. En promettant de remettre ça. Le MNLA qui a ses bases à  Kidal, ne veut pas être absorbé dans l’idéologie d’Ansar Dine. Le bras de fer ne fait que commencer.

Nord Mali : l’imminence d’une offensive malienne…

La visite du Premier ministre, aux militaires de Ségou, le 1er juin, précède t’elle une offensive de l’armée malienne vers le nord. Les deux tiers du territoire, de Tessalit à  Douentza, sont contrôlés, depuis le début du mois d’Avril, par les rebelles du MNLA et divers groupes armés ou djihadistes comme Ansar Dine et Aqmi. A Sévaré, un militaire nous informe que les troupes se préparent. Là , à  600km, sont rassemblés quelques milliers de soldats maliens. « Ils préparent des MIG, des chars de combats, peaufinent les stratégies ».  » Pas un centimètre carré de territoire ne sera cédé  » L’offensive viserait à  libérer Douentza, à  800km de Bamako et dernier rempart contre les occupants, un point stratégique pour ensuite progresser vers le nord. « Il n’est pas question de renoncer à  un seul centimètre carré de notre territoire », avait déclaré Cheick Modibo Diarra aux soldats à  Ségou. Pour motiver davantage, les troupes, une « prime d’opération », serait prévue pour ceux déployés au front.Démoralisée, décapitée de son commandement aux premières heures de l’attaque de la rébellion, et surtout traumatisée par l’attaque d’Aguelhok, fin janvier, l’armée malienne a certainement besoin d’être galvanisée pour retourner au front. » Avoir le matériel oui, mais pas les hommes, n’aident pas une guerre! », analyse un éditorialiste malien. Du côté de Bamako, au ministère de la Défense, on ne laisse rien filtrer. « C’est le matériel qui est entrain d’être préparé, on rassemble, mais ce sont les militaires qui manquent à  l’appel », témoigne, un ancien de la Sécurité d’Etat. La première sortie du Premier ministre à  Ségou était nécessaire, témoigne un officier en poste à  Bamako. « Discrétion totale » Des soldats ont été déployés à  Sévaré (base du commandement opérationnel pour le nord depuis la prise de Gao en avril dernier) à  partir des camps de Ségou, Sikasso et Kayes pour étoffer l’effectif. Et pour mener ces hommes au combat, deux hommes, les généraux Mahamadou Maà¯ga (gouverneur de Kayes) et Minkoro Kané qui sont réputés dans l’art de la guerre et respectés par les troupes et la hiérarchie militaires. La stratégie de reconquête du nord, inclut par ailleurs, des éléments de renforts comme les milices sonrhais du nord (Ganda Izo et Ghanda Koy). En attendant l’appui des forces d’intervention étrangères comme celles de la CEDEAO ou la communauté internationale, l’armée malienne, dont le rôle premier est la défense de l’intégrité territoriale du Mali, semble reprendre du galon. Si cette offensive s’avérait un succès, elle conforterait la position du gouvernement, en vue des négotiations avec les occupants du nord, notamment un certain Iyad Ag Ghaly…