À Bamako, la chasse aux islamistes dérape

Bamako Modibo Doumbia fréquente la mosquée wahhabite Chaka Koné de Niamakoro, à  Bamako. Il est ce qu’on appelle ici un pratiquant sounnite. Un terme qui n’a rien à  voir avec l’appellation «sunnite» (par opposition à  chiite), et qui est utilisé au Mali pour désigner les fidèles d’obédience wahhabite, réputés pour leur rigueur et les signes ostentatoires de leur foi. Mardi dernier, lorsqu’il arrive dans la boutique o๠il travaille, Modibo Doumbia ne trouve pas que des clients. «Il y avait trois gendarmes qui m’attendaient, raconte-t-il. Ils m’ont pris mon téléphone, m’ont demandé de fermer la boutique et de les suivre dans leur véhicule. Nous sommes passés chez les pompiers chercher trois autres gendarmes et des chiens, et nous sommes allés chez moi. Ils ont fouillé toute la maison, ils ont fouillé longtemps, de fond en comble.» Finalement, les gendarmes ne trouvent rien. Mais les malheurs de Modibo Doumbia ne s’arrêtent pas là . «Ils m’ont conduit à  la gendarmerie du Camp 1. Ils m’ont posé des questions sur ce que je pensais du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, l’un des groupes islamistes armés qui occupent le nord du Mali, NDLR), ils m’ont longuement interrogé et m’ont gardé toute la nuit. Le lendemain ils m’ont laissé sortir, mais avant ça ils m’ont rasé la barbe.» Humilié, choqué, blessé dans sa foi et son patriotisme, Modibo Doumbia n’a plus cette barbe longue qu’il portait en référence à  une parole du Prophète. Les gendarmes avaient tout prévu: derrière la gendarmerie, ils ont fait venir un coiffeur, exprès. «Tout ce que j’ai fait, profère Adama Traoré d’une voix ferme, pleine de colère contenue, c’est porter une longue barbe et avoir mon boubou relevé au-dessus des chevilles. C’est pour cela qu’ils m’ont interpellé.» Le pantalon ou la djellaba au-dessus des chevilles, un autre signe visible de son appartenance religieuse. Lui aussi fréquente une mosquée sounnite de Yirimadjo, un quartier pauvre et périphérique de la capitale. Lui aussi a fini dans la gendarmerie du Camp 1 de Bamako. «Certains gendarmes disaient que je devais avoir des armes à  mon domicile, mais ils ont bien fouillé et n’ont rien trouvé. Malgré ça, ils m’ont obligé à  me raser la barbe avant de me libérer. Ils disaient que si je ne me laissais pas faire, ils me garderaient en prison.» Adama Traoré porte un grand chèche noir qu’il noue par-dessus son menton, comme s’il masquait une blessure. Comme une personne amputée, la barbe manquante d’Adama Traoré le fait souffrir. «Nous étions une trentaine là -bas, assure-t-il, avec des prédicateurs. Ils ont forcé tout le monde à  se raser.» Islam sounnite ou confrérique Du côté du ministère de la Défense, on affirme «ignorer si c’est vrai ou pas» et n’avoir «aucun élément officiel d’appréciation.» L’état d’urgence décrété au Mali le 11 janvier confère aux autorités «le pouvoir d’ordonner en tout lieu des perquisitions de jour et de nuit.» Ce qui règle la question de la légalité des descentes et des fouilles. Mais pas des abus et des humiliations. Mohammed Kimbiri est premier secrétaire à  l’organisation du Haut Conseil islamique, une institution très importante au Mali, et l’un des responsables de l’association islamique pour le salut A-Islam. «Depuis quatre ou cinq jours, je reçois de nombreux appels de fidèles. La communauté sounnite subit des exactions de toutes sortes, affirme-t-il. Des barbes rasées de force, des ennuis aux postes de contrôle, des caillassages… Il suffit d’avoir le pantalon relevé pour subir tout ça. Et puis, poursuit le responsable islamique, il y a des descentes musclées dans les mosquées, mais uniquement dans les mosquées sounnites.» L’islam sounnite, ou wahhabite, est couramment pratiqué au Mali, mais il reste minoritaire dans un pays o๠domine l’islam dit «confrérique.» «La guerre au Nord fournit l’occasion d’un règlement de comptes», juge Mohammed Kimbiri. Lorsqu’on évoque avec lui la menace terroriste, la nécessité pour les autorités de prévenir tout risque d’attentat, il acquiesce sans hésiter: «Nous sommes d’accord avec ça, l’état d’urgence est salutaire pour nous, il faut chercher ce qu’il y a à  chercher! Mais l’application doit se faire dans la légalité et le respect des fidèles.» La stigmatisation qui touche les musulmans les plus rigoureux commence à  être palpable. Elle surprend, dans un pays musulman à  plus de 90 %. Mais les imams préfèrent prendre les devants pour éviter un fait divers sordide. Vendredi dernier, dans son prêche, l’imam d’une mosquée sounnite de Bamako conseillait aux fidèles de se dépêcher de rentrer chez eux et de ne pas promener leurs longues barbes et leurs boubous relevés aux chevilles dans les rues.

Etat d’urgence: 3 mois de plus

Dans le but d’assurer le bon déroulement des opérations qui se passent actuellement au Mali, l’état d’urgence a été prolongé de trois mois, a annoncé le gouvernement dans un communiqué. La décision a été prise ce lundi lors d’un Conseil des ministres extraordinaire. Cette décision vient du fait que le gouvernement entend au mieux garantir « le bon déroulement des opérations militaires en cours pour la libération des régions occupées de notre pays et la nécessité d’instaurer » et « maintenir un climat social serein dans tout le pays commandent la prorogation de l’état d’urgence sur l’étendue du territoire national ». a indiqué le gouvernement dans un communiqué. l’état d’urgence, instauré le 12 janvier, deux jours après l’offensive surprise lancée par des groupes islamistes armés, a donc été prolongé de trois mois. Pour rappel, l’état d’urgence interdit les réunions publiques, rassemblements, manifestations de rues et tout ce qui est de nature à  troubler l’ordre public. A Gao et Tombouctou, au plus dans un mois Sur le front, la situation évolue favorablement aux troupes maliennes et leurs alliés français. Elles sont rentrées dans les villes de Diabali et Douentza sans rencontrer de résistance sur le terrain. Les militaires de l’opération «Serval» ont d’ailleurs quitté Diabali, après l’avoir rendue aux forces maliennes, et vise désormais les deux grandes villes de la partie nord du pays. Le chef d’état major de l’armée malienne, le général Ibrahima Dahirou Dembélé, a affirmé sur les ondes de RFI que «si les appuis sont conséquents, cela ne dépassera pas plus d’un mois pour Gao et Tombouctou». Gao (1 200 km de Bamako) et Tombouctou (900 km de la capitale) sont deux des principales villes du vaste Nord du Mali, contrôlé depuis plus de neuf mois par des groupes islamistes armés, qui ont multiplié les exactions.

La revanche des milices plane sur le Mali

Longtemps, Mopti, au centre du Mali, fut une frontière qui ne disait pas son nom. Une ville clé entre le pays du Sud et celui du désert au Nord. Dans ses rues sablonneuses, au bord du Niger, on croisait des paysans du Sud comme des commerçants touaregs ou arabes du Nord. Aujourd’hui, plus un Touareg ne se risque dans la cité. «Ils sont tous partis. Il n’y a plus un Arabe ou un Touareg blanc ici. Rester aurait été trop dangereux pour eux», dit-on à  Mopti. La guerre est passée par là . Désormais on se méfie de tout le monde. Des rumeurs courent d’une infiltration par des forces ennemies. «Il est évident qu’ils ont des complices en ville», lance un gendarme. Pour éviter toute confusion mal venue, les barbus ont été vivement encouragés à  se raser sans délai. «C’est mieux. Même pour les Noirs», souligne Oumar Bathily, le maire de Mopti. La conquête, en mars 2012, du Nord malien par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), une rébellion essentiellement touareg, a cristallisé les vielles ranC’œurs communautaires. Que le MNLA ait ensuite été chassé par Ansar Dine, le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) et Aqmi, qui ont recruté dans les populations noires, ne change pas grand-chose. Aux yeux des Maliens, les islamistes restent essentiellement arabes et touaregs. «C’est vrai qu’il y a des Noirs dans leurs rangs. Mais cette rébellion est avant tout une affaire de Touaregs», tranche ­Ibrahim Diallo. L’homme, serré dans un uniforme, semble un rien mal à  l’aise. Il lui a fallu à  la hâte reprendre le flambeau de son frère, Hamadou Seydou, le chef historique des Ganda Izo, les «Fils de la terre», tué l’an dernier dans un combat contre le MNLA. Sa milice peule fut fondée en 1994 lors de la seconde rébellion touareg. «Nous sommes là  pour défendre les intérêts de notre communauté qui a été oubliée. Les armes à  la main s’il le faut.» Une dimension identitaire Chassé de sa ville natale proche de Gao, Ibrahim a monté un camp d’entraà®nement à  Sévaré, o๠il s’est réfugié. Pour l’instant, il le reconnaà®t, ses troupes n’ont ni armes ni équipement. «Mais il faudra bien que le gouvernement nous contacte. C’est nous qui connaissons les hommes et le terrain», rêve-t-il, tout en assurant du bout des lèvres «qu’il ne s’agit pas de se venger». Djibril Diallo n’a pas ces précautions de langage. Le chef des Ganda Koy, un autre groupe d’autodéfense, majoritairement songha௠celui-là , exige que les siens soient intégrés dans les barrages. «Ceux qui peuvent s’infiltrer sont des Noirs. Nous, on sait les reconnaà®tre». Pour les Touaregs blancs, la difficulté est moindre car, dit-il «les Touaregs sont tous complices des islamistes». Selon lui, Gao et Tombouctou ne sont pas des villes touaregs ou arabes. «Là -bas, ils ne forment qu’une petite minorité. Ils vivent autour et nous dans le centre», insiste-t-il, écartant toute possibilité de cohabitation future. En quelques phrases, à  mots lents, il remet en cause toute la politique de réconciliation nationale mise en place au Mali depuis 1992. «Le gouvernement n’a fait qu’aider les Touaregs. Ils ont eu les postes dans l’administration, dans l’armée et de l’argent. Et nous rien. Pourtant, ils ont continué à  faire la guerre. Il faut que ça cesse.» Une critique qui semble trouver un assez large écho. «Il y a un risque d’exactions évident contre les civils dans les villes libérées. Il y a dans ce conflit une dimension identitaire qu’il ne faut pas négliger», souligne Amadou Ould Abdallah, un ancien responsable de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest. La France avertie à€ Sévaré, la colère est restée contenue. «Il n’y a pas eu d’attaques contre des civils. On a juste noté quelques arrestations pour des vérifications d’identité qui, dans le contexte, n’étaient pas déplacées», assure Modibo Toungara, le responsable d’un camp de réfugiés nordistes. Le président de la communauté arabe du Mali, Mohammed Mahmoud el-Oumrani, se veut, lui aussi, rassurant. «Nous savons qu’il y a eu des problèmes avec des soldats dans la ville de Niono. Mais nous faisons confiance à  l’armée pour que cela s’arrête.» Dans sa voix, une pointe d’inquiétude subsiste. La France n’ignore rien du danger des violences qui pourraient éclater dans les semaines à  venir. «Les vengeances et l’épuration sauvage sont l’un des plus grands problèmes que nous rencontrerons», analysait un diplomate avant le début du conflit. Le plan de déploiement de la force africaine élaboré par l’ONU prévoyait des formations et des inspecteurs pour limiter les débordements. Dans l’urgence de la guerre, ces précautions ont été oubliées.

Paris confirme la reprise de Diabali et de Douentza

« Pour y parvenir, les militaires maliens ont été soutenus par les forces françaises, basées à  Niono et à  Mopti-Sévaré », précise le ministère de la Défense dans un communiqué signé du ministre. La France indique par ailleurs qu’une autre ville, Douentza, a également été reprise par les forces maliennes. Diabali avait été prise la semaine dernière par des islamistes en provenance, selon toute vraisemblance, de la Mauritanie voisine. Cette entrée dans Diabali confirme que les quelque 2000 soldats français de l’opération Serval déjà  présents au Mali progressent vers le Nord, après avoir consolidé leurs positions sur deux points stratégiques à  plusieurs centaines de kilomètres au nord-est de Bamako, Niono et Sévaré.

Représailles : la communauté arabe du Mali appelle à la vigilance

Lors d’un point de presse organisé ce dimanche 20 janvier à  Bamako, Mohamed Mohamoud El Oumrany président du bureau exécutif de l’Alliance de la Communauté Arabe du Mali (Al CARAMA) a tiré la sonnette d’alarme contre toute incitation à  la haine raciale après cette guerre contre les islamistes. Les « peaux blanches » sont pris pour cibles l’Alliance de la Communauté Arabe du Mali (Al CARAMA) est une organisation de la société civile au Mali qui a pour but de veiller à  la défense et à  la préservation, des droits et devoirs légitimes ainsi que des intérêts spécifiques et stratégiques de la communauté arabe du Mali dans un Mali laà¯c, Un et Indivisible. l’Alliance a aussi pour but de contribuer à  la restauration et à  la préservation de l’unité et de l’intégrité territoriale. Avec l’intervention française aux côtés de l’armée malienne, certaines villes sous l’occupation islamiste retrouvent leur liberté. Malheureusement, déplore Al Carama, les individus à  « peau blanche » demeurent stigmatisés. Les arabes se disent préoccupés de l’amalgame en train d’être fait par de nombreux maliens. Dans sa déclaration face à  la presse le président d’AL CARAMA condamne avec la dernière énergie le terrorisme et le narco-trafic ainsi que tout recours à  la violence comme forme de revendication. Il condamne également toute incitation à  la haine raciale, les pillages, les violations de domicile et autres atteintes graves aux libertés fondamentales et aux droits de l’homme perpétrés chez des membres de la communauté au motif de leur appartenance ethnique. Interrogé sur quelques cas des victimes des agressions, le conférencier se réserve de donner des détails, mais il rassure qu’il y a des bavures contre leur communauté, « les adversaires de notre pays sont connus. C’’est l’ennemi de l’unité nationale. Il y a eu des bavures contre certains parce qu’ils ont la peau blanche, raison pour laquelle nous sommes là  pour attirer l’attention de vous tous », déclare –t-il. Pour une commission Vérité et réconciliation l’Al CARAMA recommande à  cet effet la poursuite de l’amélioration de la communication et de la sensibilisation en direction des populations pour éviter la stigmatisation et faciliter la réconciliation nationale. Elle recommande l’implication effective des cadres civiles et militaires de toutes les communautés pour recouvrer l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Aussi elle recommande l’implication effective des cadres civiles et militaires toutes les communautés pour recouvrer l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Al CARAMA suggère modestement que les militaires restés loyalistes jusqu’au bout, issus des communautés Arabe et touareg qui malheureusement n’avaient pas bénéficié en son temps de l’appui et de l’organisation nécessaire, soient remobilisés dans le nouvel engagement militaire pour recouvrer l’intégrité territoriale. A ce niveau le secrétaire politique de l’alliance, Mohamed Fall explique que les officiers arabes marginalisés ou mis à  coté maitrisent parfaitement le désert. « Ils peuvent être utiles dans la reconquête du nord, car ils maitrisent le désert. On doit les impliquer dans la guerre » déclare Mohamed Fall. Al Carama recommande afin la création d’une commission inclusive de vérité et réconciliation. Une occasion pour la communauté arabe de saluer la détermination de la France, du Tchad, et l’ensemble des pays de la CEDEAO. Elle suggère que le Mali poursuive comme une exigence stratégique, les efforts diplomatiques pour s’assurer l’implication directe des pays du champ notamment le Niger, la Mauritanie et l’Algerie.

Opération militaire : Sanogo hors jeu?

En attaquant les troupes maliennes sur la ligne de front à  Konna, les islamistes déclenchaient une opération militaire depuis longtemps programmée et sans cesse repoussée. En effet, les pronostics les plus favorables prévoyaient le début de l’offensive armée au plus tôt au mois d’avril. Et voila, qu’en quelque heures, force a été donnée aux armes pour mettre fin à  la situation de ni-paix-ni-guerre qui durait depuis des mois. Les militaires maliens sont donc au front. Mais ils ne sont pas seuls. A leurs côtés, des soldats français dont l’effectif est graduellement monté à  plus d’un millier d’hommes ces derniers jours. Hélicoptères, blindés de la Licorne, forces spéciales, les troupes étrangères sont là . Les chefs d’état major africains sont réunis depuis deux jours maintenant pour peaufiner l’arrivée de troupes d’un peu partout sur le continent. Car, il est clair que seule, notre armée ne peut faire face à  des islamistes puissamment armés et prêts à  tout pour imposer leur régime de terreur. Mais alors, se demandent de nombreux maliens, pourquoi la hiérarchie militaire malienne a-t-elle autant tergiversé ? Surtout le plus en vue, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, qui il y a quelques semaines encore demandait «juste un soutien logistique » pour monter au front ? Quelle marge d’action pour le Capitaine ? Malheureusement, la suite ne lui a pas donné raison. Le tombeur d’ATT se voit ainsi dans l’obligation de revoir sa copie face à  la précipitation des événements depuis le jeudi dernier. Il a d’ailleurs fait un pas dans ce sens en remerciant la France pour son intervention salvatrice auprès des militaires maliens pour endiguer la percée islamiste. Le capitaine est d’autant plus gêné que les porteurs d’uniforme non-Maliens qui auront en charge la sécurisation de la capitale pourraient marcher sur ses plates bandes et réduire du coup son ‘’pouvoir ». Ce qui n’est guère à  son gout. Avec la nouvelle donne, l’on est en droit de se poser des questions. Quelle est aujourd’hui la marge de manœuvre réelle du président du comité de suivi et de la réforme de l’armée ? Est-il en train de perdre la main ? Les militaires interrogés n’ont pas souhaité faire de commentaires, se contentant juste de déclarer que seule la patrie compte. Nombreux sont les maliens qui attendaient l’annonce de son départ au front. « Cela nous aurait confirmé tout ce qu’il nous a dit au matin du 22 mars » affirme un bamakois, sous couvert d’anonymat. Pour l’instant ce n’est pas la cas… En attendant, pour ne pas disparaà®tre de la carte qui se joue actuellement autant sur le plan politique que militaire, le capitaine tente, tant bien que mal, de marquer son territoire. En atteste sa visite aux militaires blessés dans les hôpitaux avant même le ministre de la Défense et le Président par intérim. Sans oublier sa visite éclair à  Sévaré pour remonter le moral de la troupe. Une visite mise à  profit pour élever certains militaires au grade supérieur.

Christian Rouyer : « la sécurisation des institutions était devenue urgente au Mali « 

Mardi, lors d’une conférence de presse relative au projet d’appui à  la mise en place d’un centre de presse sur le front de Mopti, Christian Rouyer, l’ambassadeur de France au Mali, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en condamnant les agitations perpétrées par des groupuscules les jours précédents l’intervention militaire au Mali. Selon lui, il devenait urgent de prendre des mesures pour sécuriser les institutions maliennes. Stabilité institutionnelle à  Bamako Pour Christian Rouyer, il n’y avait plus de calme à  Bamako :  » On ne pouvait pas se réveiller un jour sans savoir quelles manifestations allaient entraver la vie publique. L’activité économique était au ralenti et des gens brûlaient des pneus sur les routes. Il y avait d’autres qui criaient des slogans contre le Président ou le Premier ministre», a rappelé le diplomate. Partageant l’idée de beaucoup d’observateurs, que la reconquête du nord dépend de la stabilité politique du sud, Christian Rouyer approuve le plan de sécurisation des Institutions et des organes de transition chargés de conduire le pays aux nouvelles élections.  » Ils n’ont pas besoin d’être soumis tous les jours à  une pression de la rue », a déclaré Christian Rouyer. « L’Etat d’urgence était nécessaire. l’heure n’est plus aux chicanes ni aux discussions vaines. l’heure est à  l’unité. La nation est en danger, le pays doit s’unir contre un adversaire commun ». La France soutient un projet du centre de presse mobile à  Mopti Au delà  de leurs contributions aux efforts de guerre au Mali, la France à  travers son ambassade va appuyer la presse malienne pour la mise en place d’un futur centre de presse mobile susceptible de se déplacer pour couvrir des événements notamment à  Mopti. Selon l’ambassadeur, il s’agit aussi de contribuer à  la formation des journalistes à  la couverture de périodes de crise, grâce à  des sessions de formation qui seront progressivement mises en place en ce début d’année 2013. La question des nouveaux medias et du rôle des réseaux sociaux sont importants et propres à  véhiculer au niveau national et international des messages en faveur de la paix, de la démocratie et du respect des droits de l’homme, estime encore le diplomate : « Nous pouvons donc nous féliciter de l’exemplarité de la coopération entre le Mali et la France dans le secteur des médias, à  des moments ou certains organes de presse ont mis en cause la France dans le conflit du Nord Mali.

Guerre au Mali : Changements d’axes et de stratégies

Les forces spéciales françaises sont en ce moment même engagées sur le terrain à  Diabali. Objectif, traquer les jihadistes qui on pris mardi le contrôle de Diabali et se sont fondus dans la foule. Difficile de les identifier, quant ils ont abandonné leurs véhicules pick-up. Joint par téléphone, A Diarra, un habitant de Diabali, témoigne : «Â Ils sont visibles dans la ville et ont planté leurs drapeaux noirs partout. Ils ont même saboté le réseau de communication pour empêcher les habitants de communiquer avec l’extérieur et surtout de fournir du renseignement aux forces françaises sur leur localisation ». Un témoignage qui confirme que désormais, la stratégie de bataille de part et d’autre des belligérants a changé. Comment ? De l’aérien vers le terrestre Pour les soldas français engagés dans l’opération militaire malienne Serval, il a d’abord fallu intervenir dans les airs, pour arrêter la progression des jihadistes du centre ( Konan ) vers le Sud du Mali. En bombardant leurs positions au nord, ils voulaient affaiblir les rebelles d’Ansar Dine, d’Aqmi ou du Mujao. Rafales, Mirages, hélicoptères gazelles, les engins ont survolé la zone pour pilonner les positions jihadistes, hors du centre des villes occupées, en éparnant les habitants. Douentza un peu plus au nord, n’y a pas échappé, tout comme Konan, dont on apprend par le ministre français des Affaires Etrangères que, la ville n’a pas entièrement été reprise. Cela signifie que les rebelles se cachent encore dans la ville. Il faut donc les affronter au sol, les débusquer et les combattre. C’’est là  que la stratégie française prend une nouvelle tournure au 6è jour de l’opération Serval. Comme l’indique son nom, inspiré d’un félin, qui «Â urinerait 30 fois par jour » pour marquer son territoire, les troupes françaises devront confirmer leur emprise sur les jihadistes, pour ensuite être sécurisés par la force Africaine MICEMA. De celles-ci, un bataillon de 900 hommes venus du Nigéria est attendu ce mercredi à  Bamako. Le travail est donc double à  Diabali (400km de Bamako) pour éviter toute nouvelle progression de l’ennemi vers la capitale malienne. Sécurisation Pour parer à  cela, une stratégie de protection a été actionnée, en dirigeant une quarantaine de blindés français vers le Nord, d’une part à  Diabali, d’autre part vers Mopti, l’autre ville tampon. Si Konan reste toujours assiégée, il faudra tenter de libérer totalement la ville. Plus au sud, des blindés sont positionnés à  Markhala, o๠se trouve le barrage hydroélectrique, un point stratégique entre Ségou et Niono. Autant dire que les populations de ces localités retiennent leurs souffles en matière de riposte islamiste. De même à  Bamako, la protection se renforce avec la présence d’unités spéciales comme le GIGN français, chargé de vérifier la sécurité des édifices administratifs, ainsi que des soldats français postés devant les administrations, ambassades et lycées français à  Bamako, ce qu’a reconfirmé l’ambassadeur français, lors d’une conférence de presse tenu hier à  Bamako. De l’occupation à  la guérilla populaire… On le savait, les jihadistes sont des combattants au sol, des guérilleros attachés à  l’embuscade, au contournement et à  la surprise. Voilà  leurs forces en plus d’être surarmés. Mais l’armée française depuis le début de l’opération Serval a tenté de détruire une partie importante de leur arsenal guerrier hérité du conflit lybien. Chassés de Gao, Tombouctou et Kidal, ils se cachent désormais parmi les populations des villes prises, oû se retranchent dans leurs abris. Ils se déplacent aussi très vite. La mobilité est donc l’un de leurs points forts. De la frontière mauritanienne vers Diabali, des combattants d’Ansar Dine se sont repliés vers le centre pour échapper aux bombardements. Mais l’armée malienne qui se dirige également au nord, tentera de les encercler. Le Général français de Corps d’armée Dominique Delors, précise qu’il faudra pour «Â  les forces françaises rester équipés, en alerte face à  des hommes habitués à  se mouvoir très vite dans les sables du Sahel… ». Guerre de communication Mais sur Diabali, une autre guerre a commencé, celle de la communication, les rebelles ont ainsi saboté le réseau de téléphonie, tout comme à  Gao. «Â Ils ont coupé les communications, ils accusent des habitants de donner des informations aux militaires, a déclaré un habitant de Gao, à  1.200 km au nord-est de Bamako, l’une des principales villes du nord du Mali, joint par l’AFP sur un téléphone satellitaire. Un élément à  ne pas négliger d’o๠la force du renseignement que propose les Etats Unis, un appui logistique plus grand de la part de la CEDEAO et de la communauté internationale. Du reste, ce sont 2500 hommes qui seront progressivement déployés au Mali, par la France, a précisé le chef de l’Etat, François Hollande il y a quelques jours. Autant dire que la guerre ne fait que commencer au Mali.

Le Drian : la ville de Konna n’a « pas encore été reprise » par les forces maliennes

Lors d’une conférence de presse mardi en fin de journée, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a précisé que, contrairement à  ce qui avait été annoncé dès le premier jour de l’opération le 11 janvier, la ville de Konna n’a pas encore été reprise par les forces maliennes. La ville était depuis samedi considérée comme n’étant plus aux mains des djihadistes. Cette ville du centre du pays, dont la chute avait déclenché l’intervention des forces françaises au Mali, constituait le premier objectif de l’opération. « Sur le fuseau Est, nous avons pu stopper l’offensive et les moyens des groupes terroristes, qui se sont répartis entre Douentza et Gao, et à  cette heure, la ville de Konna n’a pas encore été reprise par les forces armées maliennes », a-t-il déclaré lors d’un point de presse. Jean-Yves Le Drian a également souligné que sur « le fuseau Ouest », les groupes terroristes qui ont pris lundi la ville de Diabaly étaient encore « très présents » et qu’ils « menacent le sud » du pays. Le ministre a également précisé que 1 700 soldats français étaient actuellement impliqués dans l’opération Serval, dont 800 sur le terrain au Mali. Il avait un peu plus tôt annoncé une augmentation « progressive » du nombre de soldats présents sur place, de 750 à  2 500, comme le révélait Le Monde ce lundi (édition abonnés). Hollande : « Nous n’avons pas vocation à  rester au Mali » S’exprimant lors d’une visite aux Emirats arabes unis, François Hollande a assuré que la France n’avait « pas vocation à  rester au Mali ». « Cette opération a trois buts, a expliqué François Hollande à  Abou Dhabi. D’abord, arrêter l’agression terroriste qui consistait à  aller chercher, y compris jusqu’à  Bamako, le contrôle du pays. Ensuite, sécuriser Bamako, o๠nous avons plusieurs milliers de ressortissants. Enfin, permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, mission confiée à  une force africaine qui aura notre appui et sera bientôt sur le terrain pour accomplir cette tâche. » « Que faire des terroristes ? Les détruire, a-t-il ajouté. Les faire prisonniers, si possible. » « Nous n’avons pas vocation à  rester au Mali, a assuré le chef de l’Etat. La France ne doit intervenir en Afrique que de manière exceptionnelle, à  titre exceptionnel et en temps limité, et c’est ce que nous ferons ». « Cela n’a rien à  voir avec des pratiques d’un autre temps », a ajouté M. Hollande, en réponse aux critiques sur la résurgence de la « Françafrique ». Interrogé sur le sort des otages français détenus par les groupes islamistes, François Hollande a affirmé qu’il ne « dirait rien ». « Non pas que je ne pense rien, j’y pense à  chaque instant, mais j’ai considéré, y compris pour leur libération, que l’intervention était la seule solution, et que nous ferons tout pour qu’ils puissent être libérés, a-t-il ajouté. Ceux qui les ont capturés, détenus, doivent réfléchir. Il est encore temps de les rendre à  leur famille. » Les premiers soldats nigérians déployés dans les vingt-quatre heures Les premiers éléments de 900 soldats nigérians qui doivent être envoyés au Mali y seront déployés dans les vingt-quatre heures, dans le cadre d’une force africaine qui a pour but d’aider le pays à  lutter contre les islamistes. « Le président a approuvé le déploiement d’un bataillon et, dans les prochaines vingt-quatre heures, une compagnie du bataillon va être déployée », a déclaré le colonel Yerima aux journalistes, ajoutant que le Nigeria prévoyait d’envoyer 900 soldats au total, soit 300 de plus que prévu initialement. Peu avant, les chefs d’état-major de l’Afrique de l’Ouest avaient entamé à  Bamako une réunion extraordinaire « pour libérer » le nord du Mali des groupes islamistes armés qui l’occupent depuis neuf mois. « Nous nous retrouvons aujourd’hui pour parler essentiellement de l’engagement (…) auprès de nos frères d’armes du Mali, pour, bien entendu, libérer le nord du Mali », a déclaré le général Soumaà¯la Bakayoko, chef d’état-major de l’armée ivoirienne, lors de la cérémonie d’ouverture de la rencontre. Les forces africaines se déploieront « d’ici une semaine », a déclaré le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, devant l’Assemblée nationale. Des frappes réussies dans la nuit de lundi à  mardi François Hollande a annoncé à  Abou Dhabi que de nouvelles frappes dans la nuit ont « atteint leur objectif ». La France va « continuer à  avoir des forces au sol et dans les airs », a ajouté le président français, selon qui le déploiement des forces de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) « va prendre une bonne semaine ». « Des avions [français] ont mené cette nuit des frappes sur la zone de Diabali : au moins cinq islamistes ont été tués et plusieurs blessés », a indiqué une source sécuritaire. Un habitant d’une localité voisine a déclaré avoir vu des islamistes armés en fuite après ces frappes. Des blindés sont arrivés à  Bamako La colonne d’une quarantaine de blindés français venue de Côte d’Ivoire est arrivée dans la nuit de lundi à  mardi à  Bamako. Ces éléments de la force Licorne, basée à  Abidjan, ont quitté la capitale de Côte d’Ivoire lundi matin et ont passé la journée sur la route, avant d’arriver dans la partie militaire de l’aéroport de Bamako vers 3 heures du matin (4 heures à  Paris). Des engins, notamment des blindés légers, vont dans un premier temps être cantonnés dans la capitale malienne avant d’être engagés dans les combats qui opposent depuis vendredi ce qui reste de l’armée malienne, appuyée par des soldats des forces spéciales et l’aviation française, aux islamistes armés qui occupent depuis neuf mois le nord du Mali. Un dispositif aérien renforcé Le nombre d’avions de combat basé à  N’Djamena, dans le cadre du détachement Epervier présent au Tchad depuis 1986, a été porté à  huit : deux Mirage F1CR et six Mirage 2000D. Trois avions ravitailleurs C135 sont également mobilisés, en plus des appareils de transport. Des Rafale mis en état d’alerte peuvent intervenir directement depuis la France, comme cela a été le cas dimanche près de Gao (nord du Mali), o๠quatre de ces chasseurs ont détruit des camps d’entraà®nement et des dépôts logistiques des groupes islamiste armés. Six d’entre eux stationnés à  Abou Dhabi sont notamment mobilisables. François Hollande a indiqué mardi que le Maroc et l’Algérie avaient « autorisé le survol de [leurs territoires] par un certain nombre de nos avions ». Des hélicoptères de combat, notamment des Gazelle équipés de missiles Hot et de canon de 20 mm, ont également été engagés dans la région de Konna. Le dispositif de renseignement a été renforcé avant le début de l’opération. Un satellite européen d’observation de la Terre, Pléiades 1B, permettant de balayer les zones de crise et de conflit, est notamment en orbite depuis début décembre. 150 000 réfugiés et 230 000 déplacés, selon l’ONU Des djihadistes ont évacué lundi les grandes villes du nord du Mali qu’ils occupaient, après des bombardements des forces françaises, mais ils ont pris la localité de Diabaly, à  400 km au nord de Bamako. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies, le nombre de personnes déplacés dans le pays est proche de 230 000, a précisé le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Quant au nombre de réfugiés chassés par le conflit au Mali, il approche les 150 000 personnes dans les pays voisins. Le HCR a recensé 54 100 réfugiés maliens en Mauritanie, 50 000 au Niger, 38 800 au Burkina Faso et 1 500 en Algérie. Par ailleurs le Programme alimentaire mondial, qui distribue de la nourriture au Mali via plusieurs ONG, a souligné qu’il lui manque un financement de 129 millions de dollars (95 millions d’euros) pour répondre aux besoins. Paris regrette l’absence des autres membres de l’UE Le ministre des relations avec le Parlement français, Alain Vidalies, a déploré mardi l’absence de partenaires européens de la France. « On ne peut pas dire que la France est toute seule », a assuré le ministre sur LCI, mais « il y a des absences qui sont un peu regrettables, c’est-à -dire qu’on peut constater en Europe un mobilisation un peu minimale », a-t-il déclaré. « Il va y avoir des rencontres, on espère que les choses vont s’améliorer, notamment aujourd’hui, ce serait bien », a poursuivi M. Vidalies. « La France n’a pas choisi d’aller toute seule, ce sont les événements qui ont dicté cette réponse », a assuré le ministre. L’ancien ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé que l’Europe, dont les « intérêts vitaux » sont concernés, devrait s’engager davantage au Mali, o๠la France va mener « une opération longue et difficile ». Au Mali, a-t-il poursuivi, « il y a de la criminalité, des trafics de drogue et du terrorisme politique. Tout ceci est dirigé contre nos démocraties et pas seulement contre la seulement la France ». La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a annoncé la tenue d’une « réunion exceptionnelle » des ministres des affaires étrangères de l’Union, probablement jeudi. Il s’agira de « dresser le bilan des possibles actions de l’UE en appui au Mali », a expliqué Mme Ashton, soulignant l’importance d’une « réponse internationale unifiée ». L’Italie a exprimé son soutien à  l’opération française au Mali, lors d’une conversation téléphonique entre les ministres français et italien des affaires étrangères, Laurent Fabius et Giulio Terzi, a-t-on appris mardi à  la Farnesina. L’Italie, indique-t-on, partage avec la France et ses autres partenaires européens l’objectif de la stabilité du Mali et la lutte pour l’éradication des mouvements terroristes. On rappelle à  la Farnesina que l’Italie a toujours été active pour promouvoir la mission européenne d’entraà®nement militaire de l’armée malienne. L’Organisation de la coopération islamique appelle à  un « cessez-le-feu » Le secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a appelé mardi à  un « cessez-le-feu immédiat ». Dans un communiqué, Ekmeleddin Ihsanoglu a appelé à  un retour aux négociations entre autorités maliennes et islamistes qui étaient parrainées par le Burkina Faso. M. Ihsanoglu s’est dit « profondément préoccupé » par la situation au Mali, exhortant « à  la retenue toutes les parties en conflit » et souhaitant une « solution pacifique du conflit ». L’OCI, basée à  Jeddah, en Arabie saoudite, regroupe 57 pays.

Après de violents combats, Diabali tombe aux mains des islamistes

Ces régions sont situées à  la porte du désert vers l’Est du Mali. Situé à  400 km de la capitale malienne, la ville de Diabali est prise entre les feux des islamistes chassés par des bombardements aériens français depuis la frontière mauritanienne. Depuis hier dimanche vers le crépuscule, le combat s’est intensifié dans les localités de Diabaly, Kourouma et Choala. Peur générale Par peur les populations sont restées terrées chez elles. Une conseillère municipale de Kourouma jointe par téléphone ce matin confirme les pluies des balles qui pleuvent sur leurs localités. « Le sous préfet de Diabaly a donné des consignes à  la population de rester retranchée dans les maisons. Nous avons peur ici car les bruits abasourdissants des armes lourdes retentissent partout. C’’est de la panique générale ici. Dans la même localité ou les combats font rage, un autre habitant joint par téléphone affirme avoir vu des blessés qui ont été victimes de balles perdues :  » Les islamistes sont entrés à  pied en ville en laissant plus d’une trentaine de leurs véhicules à  une dizaine de kilometres de la ville de Diabaly. Ici, on peut même voir ces islamistes entrain de circuler librement » témoigne t-il. Renforts et sécurité D’autres sources concordantes indiquent que depuis samedi, l’arrivée de ces rebelles était imminente dans certains villages riverains : « Des bergers de ces villages se sont vus dépossédés de leur bétail par ces hommes armés », explique un habitant du village de Choala. A signaler que les habitants de ces zones rizicoles ont cessé d’aller aux travaux champêtres. Car les mesures de sécurité ont été renforcées avec le verrouillage des différentes localités depuis par les forces de l’ordre :  » Depuis 15 heures dimanche, personne ne pouvait sortir de la ville ; les militaires ont quadrillé la ville » , indique Zoumana Coulibaly. Il ajoute qu’ils ont des marchandises à  vendre au marché de Niono mais avec la situation, C’’est le blocage ». Des sources militaires depuis Bamako indiquent que l’armée malienne a repoussé les islamistes et qu’un important renfort serait arrivé à  Diabaly. Cependant l’évidence est que la ville de Niono située à  quelques dizaines de kilomètres vit dans l’angoisse de l’avancée des rebelles dans le cercle. Et dans la capitales malienne, tous les regards sont braqués vers cette localité du Mali qui est le poumon économique de la region de Ségou avec ses zones rizicoles (Office du Niger). Aux dernières nouvelles, la ville serait désormais aux mains des islamistes armés.

Intervention des forces françaises : satisfaction des Maliens

En ce samedi 12 janvier règne un calme dans le quartier de populaire de Lafiabougou en commune IV du district de Bamako. La panique qui s’était emparée de la capitale a fait place à  la sérénité après la reprise de Konna grâce à  l’intervention de l’armée française. Adama Koné a le transistor collé à  l’oreille pour écouter attentivement les derniers développements de la situation au nord du Mali. Il s’arrache ainsi du groupe engagé dans un débat passionné sur le même sujet. Ici le soulagement est le sentiment le plus partagé après l’intervention prompte et efficace de la France auprès des forces armées maliennes pour arrêter la percée des islamistes à  Konna. «Â La France a tout simplement sauvé le Mali dont l’existence était menacée après la débâcle de Konna. Merci la France », soupire Sékou Konaté qui avoue avoir passé une nuit blanche le jeudi dernier après la prise de Konna. Mamadou Traoré n’en dit pas moins. La France, explique t-il, a déjà  rempli son contrat en stoppant net les fous de Dieu. l’armée malienne ne pouvait pas faire face à  leur force de frappe. Même s’il reconnaà®t le caractère salvateur de l’intervention française, Zakaria Traoré n’en développe aucun fantasme. Il félicité d’abord les militaires maliens qui ont accepté de mourir pour sauver la patrie. Avant de juger l’intervention française comme une reconnaissance du sacrifice des tirailleurs qui sont morts pour libérer la France pendant la deuxième guerre mondiale. Ouf ! Sylvain ne s’embarrasse d’aucune honte car il est convaincu qu’aucune armée africaine ne pouvait arrêter ces islamistes puissamment armés. Quant à  l’intervention française, il la voit comme la réparation d’un tort que la France avait causé au Mali en décidant d’enclencher la guerre en Libye. Assise à  l’ombre d’un hangar à  quelques encablures du ‘’ grin », la vieille Fanta partage le point de vue Zakaria. Elle pense que l’appui des militaires français à  l’armée malienne est un hommage à  son défunt mari qui a défendu la patrie française et perdu un frère à  la guerre mondiale. Chauffeur de son état, Mamadou Camara domicilié à  Dravéla estime que Mali est un grand pays qui ne peut pas être lâché par le bon Dieu. Pour lui, les prières dites dans les mosquées du pays ont été exaucées. Optimiste, le jeune chauffeur croit dur comme fer qu’avec l’assistance française et l’arrivée prochaine des forces africaines, le Mali va bientôt recouvrer son intégrité territoriale.

Edito : « Serval  » au secours du Mali…

Il faut tout d’abord saluer, la main tendue de la France à  notre pays malmené depuis 8 mois par les jihadistes et terroristes de tout bord, infiltrés au Nord et contre toute libertés individuelles et tolérance… Il faut ensuite reconnaà®tre la finesse politique de François Hollande, qui n’a jamais laissé entrevoir à  l’ennemi une implication rapide et soudaine de la France dans la crise malienne. Prudence dans le discours, caution des Nations Unies, furent les maà®tres mots d’un président, qui aujourd’hui dirige la cellule de commandement de l’opération «Â Serval ». Voilà  un homme d’Etat qui s’affirme de jour en jour et la surprise est plutôt agréable. Ceux qui sont franco-maliens doivent aujourd4hui se sentir fiers de leur double nationalité. Ainsi, l’ennemi surpris, en voit des déconfitures depuis trois jours : destructions des bases, entrepôts d’armes et positions, tout est destiné à  réduire la force de riposte des hommes du Mujao, d’Aqmi ou d’Ansar Dine…et à  parer à  toute récupération de territoire. Il reste à  la force de sécurisation d’agir. Deuxième chose, l’Etat d’urgence. La sécurité est au maximum en France tout comme à  Bamako, o๠conscients de l’extrême sensibilité de la situation, les autorités ont déclenché le niveau optimal d’alerte. Vigipirate en France, quand le Mujao menace d’attaquer le C’œur de la France, surveillance au sommet, quand Bamako pourrait être la cible d’attentats, les citoyens sont appelés à  la prudence. Aujourd’hui, les Maliens soufflent grâce à  la France. Les ressortissants du nord respirent face à  une initiative qui a permis d’ébranler nos pairs africains et ceux de la CEDEAO qui n‘attendaient visiblement que cela. Car il fallait une tête de commandement pour mener la croisade Mali. Désormais, le champ de bataille est ouvert pour la force Africaine, MICEMA. Et les soldats de l’Afrique n‘ont plus d‘autre choix que de réagir, en apprenant la leçon de la France et sa puissance de frappe. Surtout, cette guerre devra nous apprendre que les armées ne sont pas que des bataillons d’hommes sans formation, ni engagement patriotique, et recrutés ou nommés dans n’importe quelles conditions… «Â Vive la France ! Vive François Hollande ! » , crient en chœur les habitants de Gao, Léré et Tombouctou, o๠la traque a déjà  commencé… Désormais, le Mali retient son souffle… en attendant la libération totale et complète du Nord…

Nord Mali : les jihadistes se replient

Les combattants jihadistes, soumis à  des frappes aériennes françaises, ont évacué les grandes villes du nord du Mali qu’ils occupaient, ont constaté des témoins sur place, un porte-parole des islamistes évoquant un « repli tactique ». Mais, dans le même temps, les islamistes sont repassés à  l’offensive dans l’ouest du Mali en s’emparant lundi de la localité de Diabali, à  400 km au nord de Bamako, après des combats contre l’armée malienne. Gao, une des principales villes du nord malien, tombée sous la coupe des jihadistes il y a plus de neuf mois, a fait l’objet d’intenses bombardements par des avions Rafale dimanche, qui ont tué plus d’une soixantaine de combattants, selon des estimations des habitants et d’une source de sécurité régionale. « Nous sommes libres. On n’a pas vu aujourd’hui un seul moujahidine ici. Ils ont quitté la ville et les chefs sont cachés », a assuré un habitant joint par téléphone depuis Bamako. A Tombouctou, o๠aucune frappe aérienne n’a pour le moment été recensée, le constat était le même: « les moujahidine sont partis, ils ont vraiment peur », a constaté un résident de cette ville-phare de la culture musulmane en Afrique, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, o๠les jihadistes avaient détruit de nombreux mausolées. Même les combattants qui s’étaient emparés jeudi de la localité de Konna (centre) avant d’en être repoussés vendredi et qui s’étaient repliés sur Douentza ont abandonné cette dernière ville qu’ils contrôlaient depuis septembre, à  800 km au nord de Bamako. « Ils ont peur des avions. Le dernier 4×4 des moujahidine a quitté la ville vers 16 heures » (locales et GMT), selon un témoin. Pour le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), Senda Ould Boumama, il ne s’agit que d’un « retrait tactique », l’exécution d’un « plan de redéploiement », selon des propos publiés sur le site d’informations mauritanien Alakhbar (proche des islamistes mauritaniens). « Les combattants de notre mouvement se sont retirés des villes et des positions qu’ils occupaient (…) dans le but de limiter les dégâts parmi les populations civiles désarmées », a-t-il assuré. La France – « en guerre contre le terrorisme » au Mali selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian – avait bloqué vendredi la progression des groupes armés islamistes vers le centre du pays, avant de bombarder dimanche et lundi les positions qu’ils contrôlent dans le nord.

Le ministre de la communication explicite l’état d’urgence

Le Ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement rappelle aux responsables des organes de presse et de média et à  l’ensemble des professionnels de la communication que l’état d’urgence entre en vigueur, ce samedi 12 janvier 2013 à  partir minuit. Le décret instituant cette mesure stipule en son article 14 les dispositions suivantes: 1. Conférer aux autorités judiciaires compétentes ainsi qu’au Ministre de l’Intérieur, aux Gouverneurs de régions et aux Préfets le pouvoir d’ordonner en tout lieu des perquisitions de jour et de nuit ; 2. Habiliter l’autorité administrative compétente à  prendre toutes mesures appropriées pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques ou télévisées, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales. Par conséquent, le Ministre invite les responsables d’organe et tous les professionnels de la communication à  Âœuvrer en toute responsabilité et strictement dans le cadre des dispositions en vigueur. Tout manquement aux dispositions suscitées exposera les auteurs aux sanctions prévues par la législation en vigueur. Aucune défaillance ne sera tolérée. Le Ministre sait pouvoir compter sur le professionnalisme et le patriotisme de l’ensemble des acteurs de communication. Bamako, le 12 janvier 2013 Le Ministre de la Communication

Les frappes françaises se poursuivent au Mali

Les avions français ont bombardé des cibles dans le nord du Mali, notamment à  Gao, le fief des rebelles. Les islamistes sont mieux équipés et entraà®nés que prévu, a glissé l’entourage de François Hollande. • L’avancée islamiste contenue, des civils tués L’armée malienne, appuyée par des forces françaises, a repris samedi le contrôle complet de Konna après de violents affrontements. L’état-major malien fait état de 11 morts dans ses rangs et une centaine chez les islamistes. Un officier français a lui été mortellement blessé vendredi lors d’un raid hélicoptères. La France a joué «un rôle capital» aux côtés de l’armée malienne dans la reprise de la ville, a estimé le capitaine Amadou Sanogo, chef des putschistes de mars 2012 et à  la tête d’un comité militaire officiel. Parmi les pertes essuyées par les islamistes figure un haut responsable du groupe islamiste armé Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam), Abdel Krim dit «Kojak», «un revers de taille», jugent des experts de la région. Les affrontements à  Konna ont également fait des morts dans la population civile. L’ONG Human Rights Watch affirme que dix civils, dont trois enfants, ont péri. L’association s’inquiète du sort des enfants soldats enrôlés chez les islamistes, qui ont «été blessés, et pour certains sont sans doute tués au cours des combats». • Troisième jour de frappes aériennes Les frappes aériennes françaises se sont poursuivies samedi et dimanche afin de bloquer l’avance de colonnes de pick-up armés des islamistes. «Il y a des raids en permanence. Il y en a en ce moment, il y en a eu cette nuit, il y en aura demain», a déclaré sur Europe 1 le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour qui sans intervention extérieure, les rebelles islamistes auraient fait tomber Bamako en deux ou trois jours. Les cibles se trouvent dans plusieurs localités du nord du Mali, comme un camp de combattants jihadistes à  Léré, à  quelque 150 km au nord de Konna, et proche de la Mauritanie. Les appareils français ont visé des dépôts d’armes, de munitions et de carburant stockés par le groupe Ansar Dine . Quatre avions de combat Rafale venus de France ont également visé et détruit dimanche plusieurs cibles à  proximité de Gao, le fief des islamistes. «Des camps d’entraà®nement, des infrastructures et des dépôts logistiques constituant les bases arrière des groupes terroristes» ont été détruits, a annoncé le ministère de la Défense dans un communiqué. Selon le ministre, la progression des islamistes vers le sud du pays n’est pas encore «totalement empêchée». Les colonnes «terroristes» descendaient depuis jeudi «par deux voies», «la voie ouest et la voie est», a-t-il souligné. Si la seconde n’avance plus, sur la voie ouest les accrochages continuent. La France affronte des groupes islamistes sont mieux équipés et armés que prévu, a glissé l’entourage François Hollande. «A l’origine, on pouvait penser qu’il s’agissait de quelques soudards à  bord de Toyota avec quelques armes mais les groupes ont récupéré en Libye un matériel moderne sophistiqué, beaucoup plus robuste et efficace que ce qu’on pouvait imaginer», explique-t-on. • Des renforts français et africains Des militaires français sont arrivés samedi à  Bamako en provenance de Côte d’Ivoire et du Tchad. Ces hommes «seront rejoints par d’autres qui arriveront directement de la France dans les heures qui suivent. D’ici à  lundi prochain, le groupe sera au complet et opérationnel aux côtés de leurs frères maliens au front», a affirmé la télévision publique l’ORTM, sans fournir de nombre. Interviewé, le commandant du détachement français au Mali, le colonel Paul Gèze, a déclaré: «Mes souhaits, quant à  la mission» assignée, «c’est de la réussir le plus rapidement possible, dans les meilleures conditions possibles, avec toujours le souci de la sécurité des personnes – que ce soit de la population malienne, de mes hommes ou de l’armée malienne». La Grande-Bretagne annonce qu’elle va fournir une assistance militaire logistique à  la France mais ne déploiera pas de personnel en situation de combat. Des troupes originaires de plusieurs pays africains sont également attendues. Le Burkina Faso, le Togo le Niger et le Sénégal vont déployer chacun un bataillon de 500 hommes, le Bénin 300. Le Nigeria affirme avoir envoyé une équipe technique de l’armée de l’Air ainsi que le commandant de la future force internationale. Le sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui doivent former une force d’intervention contre les islamistes occupant le nord du Mali, n’aura pas lieu mercredi mais samedi prochain à  Abidjan. • Villepin défavorable à  l’intervention française Alors que la classe politique soutient dans sa majorité l’intervention française au Mali, Dominique de Villepin a fait entendre sa voix discordante dans une tribune au Journal du Dimanche, intitulée «Non, la guerre ce n’est pas la France». «L’unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà -vu des arguments de la guerre contre le terrorisme m’inquiètent», écrit celui qui avait porté en février 2003 à  l’ONU le «non» de la France à  la guerre en Irak et qui ne cite jamais le nom de François Hollande. Pour Villepin, «au Mali, aucune des conditions de la réussite n’est réunie». «Nous nous battrons à  l’aveuglette. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’Aqmi sont autant de guerres différentes», ajoute-t-il. Dénonçant un partenaire malien instable politiquement, il dénonce aussi le manque «d’appui régional solide».

VIDEO: Message à la Nation du Président de la République

Le président malien par intérim Dioncounda Traoré a affirmé dans uen adresse à  la Nation ce vendredi soir que la situation sur le front est globalement sous contrôle dans le pays. L’armée malienne est engagée dans une offensive depuis maintenant quatre jours contre des groupes islamistes contrôlant les régions du Nord.

Etat d’urgence, une situation exceptionnelle

Le Mali est en guerre. Et à  circonstances particulières, décisions exceptionnelles. Le gouvernement, après s’être réuni ce vendredi en conseil des ministres extraordinaires a décidé d’instaurer l’état d’urgence. Face à  la « recrudescence de l’insécurité sur toute l’étendue du territoire national se traduisant par des atteintes graves à  l’ordre public, des menées subversives de nature à  compromettre la sécurité intérieure », les autorités ont donc décidé de prendre « des mesures appropriées » pour faire face à  la situation, selon le communiqué publié ce vendredi soir par la Primature. Libertés restreintes A l’annonce de cette mesure qui prend immédiatement effet, un vent de panique s’est emparé de al capitale, des rumeurs de couvre-feu immédiat ayant commencé à  circuler dans la ville. Nombreux sont ceux qui se posent la question dans le contenu à  mettre dans la notion d' »état d’urgence » et sur les réseaux sociaux, chacun y va de son explication. Voici ce qu’on pouvait lire sur le mur d’un internaute de Bamako qui conseille prudence et vigilance. « Le conseil des Ministres vient de décréter l’état d’urgence. Le pouvoir des autorités militaire et policière est renforcé. Les libertés individuelles et collectives sont réduites. Tout individu peut être interpellé à  n’importe quelle heure et à  n’importe quel lieu et gardé sans procès sur la base de simple soupçon » écrit-il. Avant de préciser qu’il faut « obtempérer donc à  tout contrôle de tout porteur d’uniforme du Mali, une question de sécurité nationale ». 10 jours voire plus Dans le droit français dont le nôtre s’est largement inspiré, la situation d’état d’urgence « confère aux autorités civiles, dans l’aire géographique à  laquelle il s’applique, des pouvoirs de police exceptionnels portant sur la réglementation de la circulation et du séjour des personnes, sur la fermeture des lieux ouverts au public et sur la réquisition des armes ». Ainsi, les réunions publiques, rassemblements, manifestations de rues et « tout ce qui est de nature à  troubler l’ordre public » sont interdits. Selon le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, cette mesure est prévue légalement « pour une dizaine de jours, mais nous nous donnerons les moyens de prolonger (la mesure) si c’est nécessaire ». Il a ajouté que le pays « est dans une situation exceptionnelle. On a besoin de nous assurer que la situation sécuritaire est maà®trisée » et l’état d’urgence permet « aux « forces de sécurité et à  l’administration territoriale de pouvoir contrôler toutes les manifestations et tous les regroupements ». Le décret adopté à  cet effet, détermine les pouvoirs conférés aux autorités administratives pour assurer la sécurité des personnes et des biens. Il faut préciser que l’état d’urgence décrété ce soir s’applique à  tout le territoire national.

Le « Festival Au Désert » change d’itinéraire…

Habituellement organisé au mois de janvier et spécialement consacré au Nord et à  la culture touareg et réunissant ainsi les plus grandes voix dans le désert, le festival au désert se voit changer son programme de 2013 après de longues réflexions. Ces organisateurs ont décidé d’organiser une édition très spéciale en organisant une caravane. Ladite caravane fera le tour de certains pays africains comme le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie, l’Algérie et le Mali. Selon les organisateurs, «Â cette édition est un moyen pour les organisateurs de manifester leur soutient aux peuples maliens notamment ceux des régions occupées ». Une chose est sure, le nombre de touristes de cette année ne serait pas aussi important que celui des éditions précédentes. Néanmoins aux dires des organisateurs les touristes sont appelés à  prendre place à  l’une des caravanes, celle de l’Ouest pour des raisons de sécurité. Le programme prévoit une caravane consacré à  l’Est et d’une autre consacré à  l’Ouest. Parrainée par Oumou Sangaré Ambassadrice de paix, la caravane de l’Ouest  impliquera plusieurs artistes au nombre desquels: Tartit, Haira Arby du Mali, Noura Mint Seymali de la Mauritanie,Taragalte du MaroC’… Du 7 au 9 février la caravane sera à  Kobeni en Mauritanie avant de descendre à  Ségou le 14 dans le cadre du Festival de Ségou. Une soirée spéciale pour la paix et l’Unité Nationale du Mali sera animée le 16 février à  Bamako par Oumou Sangaré. La visite, les 20, 21,22 février au Village-Opéra Laongo au Burkina Faso mettra fin à  la caravane de l’Ouest. Celle de l’Est sera animée entre autre par : Tinariwen du Mali, Les amis de koudede… Elle partira de Tamanrasset en Algérie pour se rendre à  Niamey (Niger) ou est prévue une Nuit des Artistes pour la Paix le 16 février. Les deux caravanes se retrouveront à  Laongo au Burkina Faso, lieu de rencontre pour les 3 jours de musique.

Le mystère de Konna…

l’armée malienne aurait déclenché ce vendredi matin une offensive contre les islamistes pour reprendre la localité de Konna, dans le centre du Mali, conquise la veille par les jihadistes, a indiqué à  l’AFP un officier de l’armée malienne, selon lequel des appareils militaires de « pays amis » sont utilisés.« Notre offensive a commencé. l’objectif est de reprendre le contrôle total de la ville de Konna et de progresser après » vers les positions des islamistes, a déclaré à  l’AFP cet officier sous couvert d’anonymat. Il a ajouté, sans fournir de détails, que des « appareils militaires de pays amis » sont utilisés contre les jihadistes. l’offensive aurait donc débuté dans la matinée après que la ville ait été déclarée sous contrôle islamiste, jeudi tôt dans l’après midi. Du coup, une panique générale avait gagné les habitants de Sévaré, o๠les forces armées s’étaient repliées. Interrogé sur RFI, un habitant de la ville garnison située à  15km de Mopti, avait réclamé l’aide de la communauté internationale, alors que d’autres ont fui la ville, en descendant plus au Sud. Informations tous azimuts Tard dans la soirée, on apprenait que du renfort avait été envoyé à  Mopti et que deux avions militaires étrangers y auraient atterri. Ce qui est sûr C’’est qu’il y a eu du mouvement dans la nuit, après que des sources moins positives aient annoncé que les soldats avaient laissé dans la petite localité située à  50km de Mopti, une partie de leur arsenal. De quoi créer la psychose sur la suite des opérations. Tout comme cette rumeur de camions entrant à  Sévaré, avec des cadavres de soldats… Ce vendredi, les interrogations continuent. Les informations affluent de toutes parts, mais il ne faut pas céder à  la psychose, ni à  l’intoxication, prévient ce colonel de la DIRPA. Au moment o๠toute la presse malienne internationale est conviée pour une conférence de presse destinée à  livrer quelques informations aux médias. Une volonté sans doute de réa-ngler les choses, dans un contexte, o๠la rumeur a tôt fait d’enfler… Prodi n’a rien dit Du côté des autorités maliennes, le Président malien est lui attendu à  Paris mercredi. Conscient de la gravité de la situation, le président François Hollande, qui a déclaré que la France répondra à  l’appel des autorités maliennes, mais seulement dans le cadre des résolutions des Nations Unies. Il faut tout de mêle signaler que Romano Prodi, l’envoyé spécial de Ban Ki Moon au Sahel, s’est fendu d’une conférence de presse insipide, o๠rien de concret n’a pu être dit aux journalistes, à  part, que les experts militaires des Nations Unies sont mieux informées. Délai ou pas, la guerre elle a commencé, même si Prodi se dit « préoccupé »… A Bamako, comme au front, la tension est perceptible. l’inquiétude demeure surtout quant à  l’avancée possible o๠non des rebelles et djihadistes, qui ont promis d’instaurer la charia à  tout le Mali. En jeu désormais, Sévaré, qui comporte une piste d’aéroport stratégique o๠une aide internationale pourrait être acheminée pour aider le Mali. Pour parer à  cela, les forces armées auraient repris une offensive pour contrôler à  nouveau Konna…

Nouvelles du front, Konan est tombé

Depuis quelques heures les choses se précipitent sur le front militaire. Après l’annonce de la reconquête de Douentza(150 km de Mopti), par des militaires de l’armée malienne, des nouvelles contradictoires sont venues de la région de Mopti, théâtre depuis 72heures de combats entre les troupes républicaines et les islamistes armés d’AQMI, du MUJAO et d’Ansar Dine. A la mi-journée, une autre information sème la panique dans Bamako, la ville de Konna, o๠l’armée avait réussi à  repousser une attaque, est finalement tombée entre leurs mains. Un responsable du groupe jihadiste Ansar Dine a confirmé l’information à  l’AFP, assurant qu’ils allaient continuer leur progression vers le Sud. »Nous sommes actuellement à  Konna pour le jihad. (…) Nous contrôlons la cité presque en totalité. Après, nous allons continuer à  progresser vers le Sud, a dit ce responsable, Abdou Dardar, joint par téléphone depuis Bamako et dont les propos ont été traduits à  l’AFP par un interprète nigérien. Il a affirmé parler au nom de tous les jihadistes. La prise de Konna a été confirmée par le maire de la localité, joint par téléphone par journaldumali.com. En fin d’après -midi, il semble que ce soit la ville de Sévaré qui soit la prochaine étape des islamistes armés. La ville abrite depuis plusieurs mois le gros des troupes de l’armée malienne et est la frontière militaire entre le nord occupé et le sud sous contrôle gouvernemental. Plusieurs personnes vivants à  Mopti ont appelé leurs familles à  Bamako pour partager des informations faisant état de la présence aux abords de la ville d’éléments armés. D’autres évoquent même la prise de la ville ou du moins sa traversée par des éléments des groupes islamistes. Les militaires se seraient repliés pour renforcer la sécurité de la ville qui est le dernier véritable verrou sur la route de Bamako, la capitale. Les islamistes armés qui occupent trois régions nord du Mali depuis mars dernier ont entamé des discussions avec les autorités de Bamako sous l’égide du médiateur burkinabé, Blaise Compaoré. Une rencontre devait se dérouler ce jeudi 10 janvier mais les dernières évolutions sur le terrain militaire ont poussé au report de ce rendez-vous. Cependant, il semble finalement que les groupes islamistes tenaient un double langage puisqu’ils s’étaient réunis en fin de semaine dernière pour sceller une alliance en vue de partir ensemble à  la conquête de Bamako, objectif qu’ils avaient déclaré dans un premier temps ne pas les intéresser. Aucune information n’a été donnée pour l’instant du côté de l’Armée Malienne.

Douentza libérée ? Le médiateur à Bamako

Deux jours après une première attaque des groupes armés repoussée par l’armée malienne, celle-ci leur a de nouveau fait face la nuit dernière. Des tirs à  l’arme lourde ont été entendus à  Konna, à  70 kilomètres de Mopti, désormais ligne de front. « Nous avons déclenché les opérations contre l’ennemi, qui a tenté de faire face. Nous allons les déloger », a dit un militaire malien sous couvert d’anonymat à  l’AFP, sans donner plus de détails. Douentza reprise aux islamistes D’après de nombreux témoignages, la ville de Douentza (145 km au nord-est de Mopti), sous contrôle des islamistes, a égelement été le théâtre de combats. « Nous sommes en combat, il n’y a rien à  dire », a lâché un responsable militaire sur le terrain. « Nous sommes en bonne position », a-t-il ajouté. De source militaire toujours, la vile de Douentza serait serait revenue sous contrôle gouvernemental. Du côté des islamistes armés qui occupent les trois régions du nord du Mali et une partie de la région de Mopti, c’est le silence radio. Les responsables de Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Ansar Dine sont injoignables et aucune information sur le bilan des combats de part et d’autre n’a été communiquée. Mopti est la dernière capitale régionale avant les territoires sous contrôle des islamistes. Entre Konna et Mopti se trouve la localité de Sévaré (moins de 15 km de Mopti), o๠l’armée dispose d’un poste de commandement opérationnel. Selon le site leMonde.fr, un militaire malien a affirmé que des hommes et des armes avaient été envoyés à  Mopti dans la nuit de mardi à  mercredi, et des témoins ont vu une partie de ces renforts se rendre à  Sévaré. Le médiateur de retour à  Bamako Djibrill Bassolé, ministre burkinabé des affaires étrangères et représentant du Médiateur Blaise Compaoré pour la crise malienne, a passé la journée du mercredi à  discuter avec les autorités maliennes. Les nouveaux développements sur le terrain se sont produits alors que des négociations directes devaient se tenir ce jeudi 10 janvier à  Ouagadougou. Elles ont été reportées et M. Bassolé a évoqué hier la date du 25 janvier pour leur tenue. Il s’agit de donner plus de temps aux parties pour se préparer, a-t-il précisé. De sources concordantes, plusieurs dizaines d’officiers venus de plusieurs pays africains sont en conclave à  Bamako ce jeudi. Il pourrait s’agir d’une réunion préparatoire de l’intervention militaire internationale. La communauté internationale soutient l’option d’une intervention armée pour libérer les régions sous occupation mais également celle de négociations pour un règlement pacifique du conflit. Les populations,sont quand à  elles à  bout de patience. Des centaines de personnes ont marché dans les rues de Bamako ce mercredi 09 janvier pour réclamer la libération des régions occupées depuis plus de neuf mois. Des troubles ont éclaté qui ont fait un blessé. Les forces de l’ordre ont également procédé à  des arrestation d’individus armés qui ont profité de al manifestation pour créer du désordre.

La guerre a commencé

Informations contradictoires, rumeurs plus alarmistes les unes que les autres, menaces et démentis…Sur le plan de la communication, les parties engagées dans la crise politico-sécuritaire au Mali ne se font pas de cadeaux. Stratégie « zéro info » Il est évident que l’Armée malienne ne va pas se fendre de communiquer pour informer la population de ce qui se prépare en ce qui concerne l’offensive au nord. Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme la « grande muette ». Il ne se trouvera personne dans le haut commandement militaire pour donner des indications claires sur ce qui se prépare en ce moment. Ce qui est, comme de dirait l’autre, « de bonne guerre » même si cela laisse un sentiment d’inertie dans la population qui a hâte de voir les choses bouger…Mais depuis que l’option de l’intervention militaire se concrétise de plus en plus, les groupes armés qui sévissent dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou redoublent d’efforts pour être cités dans l’actualité. D’amputations filmées et diffusées dans leur intégralité sur les chaà®nes internationales aux « rumeurs » sur d’éventuels attentats à  Bamako pendant les fêtes de fin d’année, tout est bon pour maintenir la pression et montrer la détermination. Des informations qui ne sont d’ailleurs pas minimisées par les autorités de Bamako qui ont préféré par exemple faire annuler un rassemblement prévu le 31 décembre sur la place de l’Indépendance par la jeunesse. On parle d’infiltration d’éléments dangereux dans les centres urbains avec des desseins plus meurtriers les uns que les autres. Les corps armés sont sur les dents et les contrôles d’identité se multiplient, de jour comme de nuit. Info vs Intox La BBC(British Broadcasting Corporation, chaà®ne anglaise) a évoqué il y a quelques jours sur ses antennes avoir appris que les différents groupes islamistes armés se sont retrouvés à  quelques kilomètres de Mopti pour sceller une alliance pour faire face ensemble à  une opération armée. Au même moment, on annonce des négociations directes avec les autorités de Bamako à  partir du 10 janvier. Certains de leurs combattants auraient déposé les armes en Mauritanie, mais sur les chaà®nes internationales, on nous informe que des vagues entières de nouveaux djihadistes rejoignent leurs rangs, au point qu’ils sont en mesure de créer de nouvelles « katibas »Â… Alors négociations réelles ou durcissement du message islamiste ? l’Armée malienne n’est pas épargnée par les fausses informations qui circulent. Ainsi, en fin de semaine dernière, Bamako bruissait de rumeurs faisant état d’une attaque visant les forces armées maliennes. Les militaires auraient alors fui la ligne de front, Mopti aurait été attaquée, les casernes de Sévaré, o๠est cantonné le gros des troupes maliennes auraient été déserté ! Intox, affirme une source militaire, pour qui les populations doivent garder la tête froide face à  ce genre d’information. Ceux qui colportent ce genre de rumeurs sont « des ennemis du Mali ». Communiquer en tant de crise est un exercice difficile. La complexité de celle que traverse le Mali rend la tâche encore plus ardue. Une chose est sûre, l’information est stratégique en période de conflit. Cela, les parties dans celui du Mali l’ont bel et bien compris et ce n’est pas demain la fin des rumeurs, des démentis…

Des membres d’AQMI chercheraient à renoncer au terrorisme

Abdul Hamid al-Ansari, spécialiste du terrorisme, explique à  Magharebia que la décomposition d’AQMI diffère de celle des autres organisations. « Dans la mesure o๠AQMI a mis très longtemps à  prendre sa forme actuelle, le processus de sa désintégration sera similaire », ajoute-t-il. « Cela dans le cas o๠les choses poursuivront leur cours naturel, c’est-à -dire sans que le groupe ne subisse une attaque de grande envergure contre son noyau. Les membres de cette organisation devraient devenir, dans les années et les mois à  venir, des gens normaux, chassés loin dans le désert ». Abdelkader Rouim, ancien émir du Groupe islamique armé (GIA), a confié le 16 décembre au quotidien El Khabar, qu’une « centaine d’hommes armés au Mali et dans d’autres régions sont prêts à  rendre les armes et à  retourner dans leurs patries s’ils devaient bénéficier d’une amnistie sans être poursuivis, ou s’ils obtenaient des garanties sérieuses en ce sens ». Rouim a été le bras droit de Mokhtar Belmokhtar, alias Laaouar, avant de profiter lui-même des dispositions algériennes contenues dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. « L’acquittement récent par le tribunal algérien d’Ouergla de six membres qui s’étaient repentis après avoir mené des activités dans la passé au sein de la brigade Moulathamin dirigée par le terroriste Laaouar a encouragé de nombreux insurgés présents dans le nord du Mali à  envisager l’option du renoncement à  la violence afin de bénéficier des dispositions de la réconciliation nationale », a ajouté Rouim. Il a par ailleurs expliqué que des dizaines d’hommes armés dans le nord du Mali, au Niger et « dans d’autres zones situées dans les profondeurs du Sahara, dont certains leaders de la brigade Moulathamin, ont le courage nécessaire pour renoncer aux armes de façon permanente, ainsi que pour se repentir, mais ils ont peur des sanctions ». Il a exprimé l’espoir que ce processus puisse continuer. En plus du désarmement volontaire de ses militants, le groupe terroriste est encore davantage affaibli par les morts et les arrestations. « En fait, nous apprenons chaque semaine que des terroristes ont été tués lors d’affrontements avec les troupes algériennes, et nous avons également appris le démantèlement d’une cellule dormante au Maroc et l’arrestation d’autres terroristes en Mauritanie, au Mali et au Niger », a expliqué al-Ansari. Selon El Khabar, le mois dernier, « les forces de sécurité conjointes opérant sur la frontière algéro-malienne sont parvenues à  arrêter six terroristes dans le désert, à  trente kilomètres de la région de Borj Badji Mokhtar. Ces arrestations sont survenues après qu’un avion militaire eut repéré les mouvements de ces hommes lors de leur entrée sur le territoire algérien à  proximité de la Mauritanie, et alors qu’ils se dirigeaient vers le nord du Mali ». L’analyste social Mohamed Salem Ould Sharif a souligné de plus qu’AQMI « est liée à  ses membres plus qu’à  une idée spécifique ». « Une fois que ces individus mourront ou vieilliront, beaucoup de jeunes renonceront à  cette idéologie. Les jeunes ne peuvent vivre une existence d’austérité, en se cachant dans les profondeurs d’un désert aride pendant longtemps », explique-t-il. Il ajoute que la majorité de ces habitants du désert sont jeunes, et que seuls quelques-uns ont atteint la cinquantaine, comme c’est le cas d’Abdelhamid Abu Zeid. Les membres plus âgés auront éventuellement besoin de soins, tandis que les plus jeunes rêveront d’une existence plus normale, ce qui accélérera le retour d’un grand nombre d’entre eux au sein de la communauté. Selon Ould Sharif, « ce phénomène commence déjà  à  apparaà®tre à  la lumière des entretiens concernant les Azaouadis, qui renoncent à  leurs idées sous la pression internationale ». Par Jemal Oumar pour Magharebia à  Nouakchott

Bamako souhaite un engagement plus fort de la Mauritanie

NOUAKCHOTT – Le Mali souhaite que la Mauritanie s’engage encore plus fort pour la résolution de la crise malienne, a affirmé dimanche son Premier ministre Diango Cissoko à  l’issue d’une audience à  Nouakchott avec le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Je l’ai sollicité (pour) un engagement encore plus fort de la Mauritanie pour la résolution de l’ensemble des problèmes du nord du Mali, occupé par des groupes islamistes armés dont Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), a déclaré à  des journalistes M. Cissoko, arrivé samedi en Mauritanie. Selon lui, c’est un dossier que le président Aziz maà®trise très bien. Il en a une vision lumineuse, nous voudrions en profiter, exploiter cette vision pour nous permettre de sortir rapidement de nos difficultés que le président mauritanien considère comme ses propres difficultés, a affirmé M. Cissoko. Ancien général putschiste élu en 2009, le président mauritanien mène une politique très active contre Aqmi, et a ordonné des raids contre des bases d’Aqmi au Mali en 2010 et 2011. Les préparatifs d’une intervention militaire internationale sont en cours pour déloger les groupes armés du Nord malien. Le 20 décembre, l’ONU a approuvé le déploiement d’une force internationale au Mali, sans préciser de calendrier mais en indiquant qu’il se fera par étapes tout en exhortant au dialogue avec ceux qui rejetteraient le terrorisme et la partition du Mali. Diango Cissoko a aussi indiqué avoir remis dimanche à  M. Aziz un message de fraternité et de remerciement de la part du président intérimaire malien Dioncounda Traoré, en rappelant que la Mauritanie abrite plus de 100.000 Maliens réfugiés depuis l’éclatement de la crise dans le nord du Mali, mi-janvier 2012. Ces réfugiés se sentent comme chez eux, et le gouvernement mauritanien les traite avec une attention particulière, il était important que je vienne le remercier de cette marque d’attention, a-t-il conclu. Samedi soir, il a reçu des représentants de la communauté malienne à  Nouakchott, a indiqué l’un de ses conseillers, Bali Idrissa Sissoko. Il doit quitter la Mauritanie dimanche après-midi. Diango Cissoko n’a pas souhaité répondre aux sollicitations de journalistes, particulièrement sur les dernières exigences d’Ansar Dine, faisant partie des groupes armés (incluant Aqmi et les rebelles touareg) qui ont pris ensemble le contrôle du nord du Mali entre fin mars et début avril après deux mois et demi d’offensive contre l’armée. Les groupes jihadistes ont ensuite évincé fin juin de leurs zones d’influence leurs ex-alliés rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), et ils y multiplient les exactions en prétendant imposer la charia (loi islamique) dont ils ont une interprétation rigoriste. Dans un document remis le 1er janvier au président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de l’Afrique de l’Ouest dans la crise au Mali, Ansar Dine réclame l’autonomie et l’application de la charia pour le Nord au sein d’un Etat malien proclamé islamique. Ce texte a été rendu public à  quelques jours de la tenue, le 10 janvier à  Ouagadougou, de discussions entre le gouvernement malien, Ansar Dine et le MNLA autour du président Compaoré. Il s’agira du second rendez-vous après les premières discussions à  Ouagadougou du 4 décembre 2012.

Voeux d’IBK au Mali :  » Oui aux négociations, oui au dialogue, mais sous l’égide du Mali « 

Le Président du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keà¯ta, a convié jeudi 4 janvier la presse à  son domicile. Une heure Durant, l’ancien Premier ministre a fait une analyse sans complaisance de la situation sociopolitique et sécuritaire du Mali avant de présenter ses vœux de nouvel an à  la nation. Mais avant, le candidat de la coalition « IBK 2012 », s’est livré à  une analyse grave de la vie de la nation. l’homme d’Etat affirme que le Mali traverse l’une des plus graves crises depuis son accession à  la souveraineté nationale le 22 septembre 1960. « Une crise multidimensionnelle, disait-il, qui touche à  tous les segments du pays, avec la fuite de plus de 400 000 citoyens maliens ». Toutefois, selon IBK, le pays vit une crise économique des plus aigues, avec la suspension de l’aide des bailleurs de fonds. « Cette conjoncture devrait pousser le peuple malien à  se hisser à  la hauteur attendue, et à  ne pas céder aux petits jeux ou aux calculs de positionnement ». Pour IBK, pas question de taire les errements qui ont mené le pays à  cette situation. Aussi, invite t-il le Gouvernement à  entreprendre toutes les actions pour sauver le pays. Pour la tenue immédiate des concertations « Oui aux négociations, oui au dialogue, mais sous l’égide du Mali » maintient IBK, qui invite les autorités de la transition à  tenir les engagements. Dans le style qu’on lui connait, IBK a demandé au président Dioncounda de tenir dans un bref délai les concertations nationales, afin de permettre à  l’ensemble des forces vives de décider du sort du Mali. « Nul ne saurait décider à  la place de nous Maliens. Nous devons nous unir, nous donner la main, pour barrer la route à  la tentative de restauration à  laquelle nous assistons ! Certains sont préoccupés par eux mêmes plutôt qu’à  chercher à  sortir le pays du gouffre », a t’il estimé, stigmatisant certains acteurs de la transition qui ont intérêt à  ce que la crise perdure. Par ailleurs, IBK a affirmé être resté sur sa faim suite au discours de nouvel an du président Dioncounda. Un discours il est vrai plein d’imprécisions, notamment sur les élections et la mise en place de la commission nationale de négociation. Toutefois, l’homme d’Etat a souhaité « de tout son C’œur, que son aà®né Dioncounda Traoré réussisse la transition, mais pas dans la voie o๠il s’est engagé ». Délai de rigueur Pour IBK, les autorités doivent s’atteler à  ce que le délai d’un an fixé pour la transition soit respecté. « Avril 2013 doit consacrer la fin de la transition. Mais d’abord, il presse de réunir les forces vives de la nation ». Il invite le président Dioncounda, son ainé, à  « maintenir les engagements et à  les tenir pour le bien du Mali ». Pour ce qui est de l’intervention militaire au nord, l’ancien Premier ministre se montre prudent. « Nous devons avoir le C’œur incandescent mais la tête froide. Nous n’avons pas droit au moindre échec car tout échec se payera cher », avertit t-il : « Le niveau d’information que J’ai sur l’armée nationale ne me permet de dire : Allons-y ! ». IBK souhaite toutefois que l’effort diplomatique pour rassembler les moyens soit poursuivi, en même temps que la préparation des élections. Plutôt évasif sur les questions des confrères, le porte étendard de l’Alliance IBK Mali 2012 invite les Maliens à  se tenir debout, quelles soient les difficultés, et à  ne sombrer dans aucun complexe identitaire. « Pourquoi nous Maliens raserions les murs si nous savons d’o๠nous venons ? Nous ne sommes pas une petite Nation. Nous venons de très loin…». Et IBK de lancer : « je ne laisserai personne trimballer ce pays ».

Les otages algériens réclament leur libération

Dans une vidéo mise en ligne hier par Alakhbar, une agence de presse mauritanienne, les trois diplomates algériens, vêtus de tenues afghanes et portant une barbe de plusieurs jours, se sont exprimés brièvement dans cette vidéo de moins de deux minutes. “Nous sollicitons le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour trouver une solution à  notre situation et répondre aux demandes du groupe pour que nous puissions rentrer chez nous”, a lancé l’un des otages. “On avait une chance de quitter la ville de Gao mais on a exécuté les demandes du ministère des Affaires étrangères et on est resté pour s’occuper de notre communauté”, a-t-il ajouté. 9 mois de captivité Aussitôt, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, a réagi en affirmant que l’à‰tat algérien est “pleinement” mobilisé pour libérer ses diplomates enlevés à  Gao (Mali), avant de préciser que les contacts avec différents interlocuteurs et via différents canaux “se poursuivent”. Tout en refusant de commenter la vidéo, Amar Belani a affirmé que “je vous confirme que l’appareil de l’à‰tat algérien est pleinement mobilisé pour obtenir le retour sains et saufs de nos compatriotes”. Pour rappel, le consul d’Algérie à  Gao (Mali) et ses six collaborateurs avaient été enlevés le 5 avril 2012. Trois d’entre eux ont été libérés en juillet dernier. En septembre, le Mujao avait annoncé l’exécution d’un des otages, en l’occurrence le vice-consul algérien, Taher Touati, après un ultimatum de huit jours donné au gouvernement algérien pour libérer des terroristes d’Aqmi. Les autorités n’ont toujours pas confirmé l’exécution. La publication de cette vidéo intervient dans un contexte o๠une intervention militaire dans cette région a été adoptée par le Conseil de sécurité et vise à  mettre davantage de pression sur l’Algérie. Menaces des ravisseurs Même si la dernière vidéo ne comporte pas d’ultimatum, il est clair que les ravisseurs des diplomates algériens tentent de forcer la main au gouvernement algérien, par tous les moyens. Mais, il y a lieu de faire remarquer que la prise d’otages, devenue un commerce fort lucratif dans le Sahel, ne concerne pas uniquement les diplomates algériens. Plusieurs ressortissants européens sont, en effet, retenus, depuis longtemps, en otage, dans la même région, et c’est le même procédé que les ravisseurs utilisent avec tout le monde. à€ la différence que l’Algérie a toujours été farouchement opposée au paiement des rançons au profit des groupes terroristes.

« Demisenw Joyoro » : 100 millions pour le Nord

A peine l’option militaire matérialisée pour déloger les groupes rebelles du nord, la jeunesse malienne ménage sa monture. C’’est dans le souci de contribuer aux efforts de guerre et d’aider à  l’amélioration des conditions de vie de l’armée nationale que la Plateforme des Fédérations et associations nationales de la jeunesse du Mali crée sa chaine de solidarité. Pour ce faire elle a initié un projet dénommé «Â Demisenw Joyoro », ou encore «Â la contribution de la jeunesse » qui démarrera du 20 janvier pour finir le 20 avril 2013. Ledit Projet s’emploiera à  la mise en œuvre de deux activités principales. A savoir, une campagne de don de sang suivi d’une collecte de fonds et de dons. Il ciblera la jeunesse o๠qu’elle soit. Ainsi, «les organisations de jeunesse, les Ecoliers ou étudiants, les syndicats, l’administration publique… », nul ne sera en reste, assure le coordinateur national de «Â Demisenw Joyoro », Sory Traoré. Lancement, le 20 janvier Le choix du 20 janvier, comme date pour le lancement de l’opération, est loin d’être fortuit pour les responsables du Projet. Traoré Coumba Bah, responsable de la communication du Projet, soutien qu’il faut absolument cette date, anniversaire de la création de l’armée malienne, pour marquer le lancement du Projet. Pour la réussite de l’opération plusieurs commissions sont crées non seulement au niveau national mais aussi au niveau local et régional. Pour le coordinateur national, le département de la jeunesse jouera un rôle de facilitateur, d’appui conseil et de relai institutionnel jusqu’au niveau régional et local. Conscient que les jeunes doivent jouer leur partition, les responsables du projet «Â Demisenw joyoro » ne doutent pas des objectifs fixés. Le Président de la commission Collecte de fonds et de dons, Abdrahamane Coulibaly, se veut convaincant sur la traçabilité et la moralité qui émaillera des dons perçus. «Â Toute contribution de jeunes est validée par la remise d’un reçu numéroté », précise-t-il avant d’ajouter que «Â les fonds collectés sont versés dans le compte bancaire ouvert au nom de l’opération ». l’autre volet du projet, C’’est la mobilisation des jeunes en faveur d’une opération don de sang. Ainsi les poches de sang récoltées pourraient énormément servir, en cas de guerre ou non. En plus des activités qui émailleront le projet, il sera procédé à  la collecte de dons d’autres natures et la mise en place d’un dispositif de communication…

Les Islamistes menacent un chef religieux malien

Il s’agit du leader du Mouvement Spirituel Ansar Dine. «Chérif Ousmane Madani Haà¯dara a reçu ces derniers jours plusieurs menaces de mort par téléphone, directement ou via ses proches. Ce sont les islamistes du Nord qui ont téléphoné», a affirmé Ousmane Diallo, un proche de M.Haà¯dara. Selon M. Diallo, un de ceux qui l’ont menacé lui a dit : «On va te tuer parce que tu ne veux pas de notre islam. (…) On va te tuer parce que tu ne veux pas de la charia (loi islamique) au Mali.» Chérif Ousmane Madani Haà¯dara, le plus célèbre prêcheur malien, dirige une association musulmane qui regroupe des dizaines de milliers de fidèles au Mali et dans d’autres pays ouest-africains. Cette association, Ançar Eddine (défenseurs de l’islam), porte le même nom qu’un des trois groupes islamistes armés liés à  Al Qaà®da qui occupent le nord du Mali, mais elle s’en démarque totalement… «Nous n’avons rien à  voir avec Ançar Eddine du Nord. Nous condamnons les mains qu’ils coupent. Nous condamnons leur islam», avait déclaré M. Haà¯dara à  l’AFP. Le président de l’Union des jeunes musulmans du Mali, Mohamed Macky Ba, un imam de Bamako, Mahamadou Diallo, ainsi qu’un autre prêcheur, Thierno Hady Thiam, ont également affirmé avoir reçu des menaces de mort par téléphone. Interrogé par l’AFP, un responsable au ministère malien de la Sécurité a indiqué être «au courant» de ces menaces et affirmé que le ministère avait pris «les dispositions sécuritaires nécessaires pour assurer la protection des personnes menacées».

Tiéman Hubert Coulibaly à la Presse : « Il serait indécent de faire des élections sans Kidal, Gao et Tombouctou »

« La 2085, C’’est la dernière étape de l’adoption des 3 résolutions des Nations Unies, qui autorise enfin le Mali à  former une coalition pour engager l’intervention armée au nord », C’’est par ces mots que Tiéman Hubert Coulibaly, ministre des Affaires Etrangères a entamé, l’exercice verbal face à  la presse malienne ce mercredi 27 décembre. Avec à  ses côtés, son collègue de la Communication, Manga Dembélé, il a tenté de répondre aux questions plutôt pointues des journalistes. De prime abord, face à  une résolution jugée «Â molle » par un éditorialiste, Tiéman Coulibaly s’est voulu optimiste, sur un texte qui obéit à  certaines règles et jugé clair : «Â l’ONU dit, nous sommes d’accord pour que les pays se coalisent autour du Mali. 2, nous autorisons le déploiement de la force militaire. Et 3, nous allons créer un fonds spécial pour lever des moyens dont le Mali aura besoin, à  travers une conférence des donateurs islamiques. », rappelle le ministre, de plus a résolution autoriserait les Etats Membres à  passer des accords bilatéraux avec le Mali pour régler le problème». Si la contribution de pays islamiques inquiète certains confrères, allusion sans doute faite au rôle opaque joué par l’émirat du Qatar, dans le financement des djihadistes au Nord Mali, le ministre s’en défend arguant que tout pays donateur, va dans le sens et l’intérêt du Mali. Septembre 2013, un délai superflu Sur le délai de Septembre 2013 d’abord évoqué par Romano Prodi, Tiéman Coulibaly répond qu’il faut se garder de trop parler : « En matière militaire, ne comptez-pas sur nous pour donner des précisions sur le concept stratégique. Et d’ailleurs, ceux qui s’aventureraient à  donner des délais risquent des sanctions ». Le même concept stratégique d’intervention au nord répond à  une initiative qui devrait, selon le ministre, être d’abord dirigé par le Mali. « Le Nord du Mali sera libéré. Les Maliens n’ont d’autre choix que de libérer le nord du Mali et nous allons combattre ceux qui coupent des mains, qui oppriment les femmes et les enfants », promet le diplomate malien face aux inquiétudes exprimées sur la capacité de l’armée malienne à  libérer le nord. Négocier oui mais avec qui ? l’autre préoccupation évoquée par la presse, en écho à  l’opinion nationale est la négociation, l’un des volets politiques de la guerre. Cette fois, C’’est le ministre Manga Dembélé de la Communication qui rappelle les préalables à  la négociation « Nous sommes clairs sur deux principes, l’intégrité du territoire et les principes républicains de laà¯cité qui sont indiscutables. Les Maliens qui voudront négocier devront accepter cela ». Et de préciser que la transition doit être la plus courte possible et que l‘Algérie opposée à  une intervention militaire fait partie de la solution ! » On y croit mais qu’en sera-t-il des élections, auxquelles la résolution fait mention. « Oui, la résolution donne un délai. Avril 2013, si cela est techniquement possible », répond Tiéman Coulibaly. Et de réitérer la parole de Dioncounda Traoré au plus fort de son retour au Mali et pour qui des élections ne peuvent se faire tant « qu’un centimètre de territoire du nord, sera aux mains des islamistes ». Sur la démission de Cheick Modibo Diarra… Le moment fort de la conférence de presse aura été la confirmation verbale de Tiéman Hubert Coulibaly sur la démission forcée de l’ex Premier ministre Cheick Modibo Diarra, le 11 décembre dernier. A la question d’un journaliste, sur la méthode employée par les ex putschistes, le ministre des Affaires Etrangères a levé l’équivoque sur une information qui courrait : «Trouvez-vous normal qu’une autorité de l’Etat, monte une partie des forces armées contre le pays ? ». La chute de Cheick Modibo Diarra faisait donc le consensus général, y compris au sein du gouvernement. La peur que les évènements dégénèrent ce jour là , a fait place à  un calme olympien dans Bamako, on s’en souviendra. En guise de conclusion, les deux ministres ont rappelé aux journalistes, qui s’en feront l’écho partout, que le Mali resterait Un et indivisible. Au même moment, le Premier ministre Django Sissoko, en tournée diplomatique, déclarait à  Abidjan, qu’une intervention militaire était souhaitable, au plus vite et dès que toutes les conditions seraient réunies.

2012, un cauchemar à la malienne

Le millésime 2012 n’aura pas été le meilleur pour les Maliens et les Maliennes. Jamais dans son histoire contemporaine, le pays n’avait connu d’épisodes aussi douloureux, fragilisant sa stabilité, et mettant à  mal le rôle de pays-modèle qu’il jouait dans la sous-région et en Afrique. Le mauvais rêve a commencé avec l’attaque de la garnison de Ménaka le 17 janvier. Elle portait la signature des indépendantistes touarègues du Mouvement national de libération de l’Azawad(MNLA). Quelques jours plus tard les images atroces de militaires ligotés et abattus d’une balle dans la tête, font froid dans le dos des Maliens. Ces images qui ont fait le tour du monde via internet provoquent l’indignation dans le monde. Au camp militaire de Kati, les femmes se soulèvent et battent le pavé pour fustiger un pouvoir qui envoie leurs maris sans armes adéquates à  la boucherie. Reçues à  la présidence ce 29 janvier, les femmes, très remontées, ont rencontré le président Amadou Toumani Touré, pour lui demander des comptes. Cette marche des femmes était l’expression du moral en berne et l’exaspération de la troupe face à  la gestion de ce que l’on appelait déjà  la « crise au nord ». Le siège de Tessalit vient exacerber ce sentiment. Et les conséquences ne se font guère attendre. Le 22 mars, soit moins d’un mois après la marche des femmes, les militaires passent à  la vitesse supérieure en balayant le régime ATT. l’incurie du régime dans la gestion du nord est pointée du doigt. Le Mali connaà®t son troisième coup d’Etat, œuvre d’une junte basée au camp de Kati et emmenée par le jeune capitaine Amadou Haya Sanogo. Dissoutes, les institutions laissent la place au Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat(CNRDRE). Des dizaines de leaders politiques et de cadres de l’administration se retrouvent dans les geôles de Kati, pour «garantir leur sécurité », selon la junte. Conséquence immédiate du putsch, la faillite de la chaà®ne du commandement de l’armée qui favorise la chute, une à  une, des trois régions septentrionales du pays. Après Kidal le 30 mars Gao et Tombouctou tombent les jours suivants aux mains des rebelles touarègues du MNLA aidés par les islamistes. Désormais les 2/3 du territoire national échappent au contrôle du gouvernement malien. Sous la pression de la communauté internationale surtout de la CEDEAO par l’entremise de ses médiateurs (le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Michel Bassolé et Adama Bictogo, ancien ministre ivoirien de l’intégration africaine), le capitaine Sanogo lâche du lest début avril en rétablissant les institutions. Le même jour les Maliens apprenaient la déclaration l’indépendance de l’Azawad par le MNLA. La partition de fait du pays est désormais consommée. Accord Cadre l’accord cadre du 6 avril signé entre la junte militaire et la CEDEAO décante provisoirement la situation. ATT transmet sa démission à  la Cour Constitutionnelle qui peut désormais investir le Président par intérim. Chose faite le 12 avril avec la prise de fonction officielle du Président de l’Assemblée Nationale, Dioncounda Traoré. Ce dernier nomme le 18 avril Cheick Modibo Diarra, Premier ministre de pleins pouvoirs. Avec la formation du gouvernement un jour plus tard, le Mali entame son retour dans la communauté des Nations dont il était au ban depuis le coup d’Etat. Les maigres avancées du mois d’avril sont malheureusement remises en question par la tentative du contre coup d’Etat des Bérets rouges du 30 avril. La guerre des Bérets est sanglante, divise et affaiblit une armée déjà  mal en point. 4 mai 2012 à  Dakar. Le sommet de la CEDEAO fixe la durée de la transition malienne à  12 mois. Tollé à  Bamako o๠les partisans de la junte, le front pro-putsch manifestent leur mécontentement. Des marchent sont organisées dont celles du 21 mai qui finira par l’agression au sein même du Palais Présidentiel du président Dioncounda Traoré. Les manifestants entendaient le démettre par la force de ses fonctions qui selon, eux, devaient prendre fin avec la fin de la période d’intérim de 40 jours. M. Traoré sera finalement évacué à  Paris (France) le 24 mai pour des soins. Il ne rentrera au Mali que le 27 juillet. Le mois de juin verra la dissolution du CNRDRE et la fin de l’alliance entre le MNLA et les islamistes. Ces derniers prennent définitivement le contrôle des régions conquises aux côtés des rebelles touareg. s’en suivra l’application stricte de la charia avec la destruction des mausolées de Tombouctou, mais surtout les amputations, les flagellations, la destruction de mausolées, viol et autres actes inhumains et dégradants. Ces actes sont posés par les islamistes de Ançar Dine d’Iyad Ag Ghaly et du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest(MUJAO). Critiquer les nouveaux maà®tres du Mali n’est pas sans risque. Plusieurs journalistes l’apprendront à  leurs dépens. Une énième agression commise sur la personne du directeur de publication du journal l’Indépendant Saouti Haà¯dara, fait exploser la colère de la presse qui descend dans les rues et observe une journée sans presse le 17 juillet. Mobilisation de masse Face à  la crispation de la situation politique, le Haut conseil islamique organise un méga meeting, le 12 août au stade du 26 mars, pour arrondir les angles mais surtout apporter son soutien au Premier ministre Cheick Modibo Diarra, déjà  fortement contesté. Pour arrondir les angles et tendre la main à  ses opposants du front anti-putsch, M. Diarra ouvre son équipe et forme un gouvernement « d’union nationale» fin aout. La chute de Douentza, dans la région de Mopti le 2 septembre, rapproche un peu plus les islamistes armés de la « zone non occupée » dont la frontière est la ville de Mopti. Les Maliens appellent de plus en plus à  une intervention rapide au nord pour libérer les populations dont la situation humanitaire se dégradent cheque jour un peu plus. Bamako accueille en novembre une réunion du groupe de soutien de l’Union africaine qui soutient l’option de l’intervention mais appelle également à  l’organisation d’élections dans les plus brefs délais afin d’avoir un pouvoir légitime à  Bamako. Pierre Buyoya est nommé haut représentant de l’UA pour le Mali. Il rejoint la pléiade de personnalités qui se bousculent au chevet du Mali pour l’aider à  trouver des solutions à  la crise qu’il traverse. Une note d’espoir ? 2012 s’achève pour beaucoup sur une note d’espoir. l’arrivée de l’équipement militaire bloqué en Guinée depuis des mois, la démission forcée de Cheick Modibo Diarra et son remplacement par Diango Cissoko, personnalité beaucoup plus consensuelle, autant de signaux positifs pour les observateurs. Le début de négociations avec les groupes armés qui sévissent au nord du pays est également positif pour ceux qui préfèrent que l’option militaire soit le dernier recours, afin d’épargner les populations. Enfin, après des mois de tergiversations, la communauté internationale s’est mise d’accord pour voter une résolution qui donne quitus aux forces africaines pour intervenir au nord Mali. La résolution 2085 est pourtant accueillie avec peu d’enthousiasme à  Bamako. Les barbus d’Ançar Dine ont d’ailleurs prouvé le peu de poids qu’ils lui accordaient en procédant le dimanche 23 décembre à  la destruction de mausolées à  Tombouctou. Les yeux à  présent tournés vers 2013, les Maliens espèrent qu’elle apportera avec elle les solutions pour définitivement tourner la page. Une intervention dans les six mois au nord du pays, un redémarrage de l’économie en berne, et un retour « à  la normale », tout en retenant les leçons de ces mois passés. Les bénédictions et souhaits seront certainement unanimes en ce 31 décembre, au Mali.