Intervention au Mali : «La France s’enferme dans une logique infernale»

LE FIGARO – Que vous inspire le communiqué d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) accusant Paris de bloquer le dialogue pour la libération des quatre otages enlevés en 2010 au Niger? Mathieu GUIDàˆRE – La nouveauté, c’est qu’Abou Zeid, le chef du groupe qui détient les otages français, s’exprime lui-même pour la première fois. Il répond à  la vidéo mise en ligne le 8 décembre par Clément Legrand, le frère d’un des otages. Il donne aussi un point de vue sur les négociations sensiblement différent de la version fournie par le gouvernement français depuis plusieurs mois. Qui croire? Il est évident qu’il y a un menteur ou un malentendu dans cette affaire. Abou Zeid dit que, depuis la mort de Ben Laden, ce dossier, qui était supervisé par al-Qaida central, l’est désormais par Aqmi et que, depuis un an, il envoie des signaux au gouvernement français, mais que rien ne se passe. Paris, de son côté, affirme agir discrètement pour obtenir la libération des otages. Que faut-il en conclure? Soit le gouvernement français n’a pas les bons intermédiaires pour communiquer avec le groupe d’Abou Zeid, mais ce serait alors un peu étrange puisque Clément Legrand a réussi à  le faire assez aisément, via sa vidéo, en une quinzaine de jours. Soit nous sommes dans un jeu de poker menteur. Qui ment? D’un côté, le gouvernement français prépare une intervention militaire de la force africaine au Mali. De l’autre, il est possible qu’Abou Zeid instrumentalise le dossier des otages français pour imposer son hégémonie au sein d’Aqmi, en proie actuellement à  une guerre des chefs. Un autre dirigeant d’Aqmi, Moktar Belmoktar vient de faire sécession après avoir été démis de ses fonctions. Dans cette compétition pour le leadership d’Aqmi, il y a aussi le groupe Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), qui a réalisé presque tous les enlèvements de l’année 2012. La France a-t-elle infléchi sa politique sur le dossier des otages en refusant de payer des rançons? L’actuel gouvernement essaie, me semble-t-il, de faire comprendre aux groupes terroristes qu’un citoyen français lambda ne représente pas le gouvernement français et, par conséquent, que le rapt d’un ressortissant français n’infléchira pas la politique étrangère de la France. En fait, officiellement, l’à‰tat français a toujours refusé de payer des rançons. Je pense qu’effectivement il ne l’a jamais fait directement et que les paiements sont passés par d’autres canaux. Cependant, je m’étonne que l’employeur des quatre Français détenus depuis trois Noà«ls, à  savoir le groupe Areva et Satom, cité dans la vidéo d’Aqmi, soient si absents. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, vient d’annoncer qu’une intervention militaire au Mali pourrait avoir lieu dès le premier semestre 2013. Cette intervention a-t-elle une chance de réussir? Cette intervention militaire ne recueille pas l’approbation de tous les à‰tats de la région. Qui plus est, leurs armées ne sont pas toutes prêtes, les autres pays européens sont réticents. Les Américains y vont eux aussi à  reculons. Ils nous soutiennent diplomatiquement, mais ne veulent pas aller sur le terrain. Dans ce dossier, la France fait preuve d’un volontarisme, voire d’un activisme étonnant, elle semble très va-t-en-guerre et quasiment seule parmi les pays occidentaux. Et cela est en train de changer son image dans la région, alors qu’elle venait d’acquérir grâce au printemps arabe un formidable capital de sympathie. La France s’est enfermée dans une logique infernale. Plus le gouvernement annonce qu’il va intervenir au Mali en soutenant une force africaine, plus il y a d’enlèvements de Francais. Quand on prétend lutter contre le terrorisme, on ne procède pas par des effets d’annonce. La lutte contre Aqmi ne peut s’appuyer que sur un travail de renseignements, de frappes chirurgicales, de drones. Obama a démontré l’efficacité de cette stratégie. Or, depuis neuf mois, c’est-à -dire depuis que le nord du Mali est sous domination de groupes islamistes, nous assistons à  une série d’annonces sur une intervention militaire qui n’interviendrait pas plus tard que septembre prochain. C’est-à -dire que l’on donne quelques mois supplémentaires aux islamistes armés pour se renforcer. De plus, occuper militairement des territoires qui réclament leur autonomie ou leur indépendance est une stratégie vouée à  l’échec. Il existe d’autres moyens d’agir. D’autant qu’Aqmi montre des signes de dissensions internes importantes. L’Algérie, seul pays à  détenir les moyens et l’expérience pour mener une telle intervention, y est hostile et mise sur une solution politique. Les autorités algériennes sont ainsi parvenues à  réunir vendredi dernier les chefs islamistes des Touaregs maliens d’Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam) qui tiennent Tombouctou ainsi que la majeure partie du nord du Mali, et ceux, laà¯ques, du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, NDLR) pour signer un protocole d’accord après que ces deux groupes se sont entre-tués pendant des mois.

Diango Cissoko en tournée diplomatique

Nommé il y a deux semaines à  la tête du Gouvernement, Diango Cissoko effectue sa première visite à  l’étranger à  partir de ce mercredi. Le Premier ministre se rendra au Burkina Faso, en Côte d’ivoire, au Sénégal et au Bénin. Pendant trois jours, il va rencontrer les dirigeants de ces pays, fortement impliqués dans la résolution de la crise malienne et échanger avec eux sur les deux enjeux majeurs que sont la reconquête du nord du pays et l’organisation d’élections libres et transparentes. Au Burkina Faso, chez le Médiateur Compaoré, les discussions porteront sur les négociations entamées avec les indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les islamistes d’Ansar Dine. Ces deux mouvements armés ont réaffirmé leur volonté de dialogue la semaine dernière à  Alger avec le pouvoir de Bamako. Chez Alassane Drame Ouattara qui préside la CEDEAO et qui plaide en faveur d’une rapide intervention armée, ce sera plutôt la question de la reconquête du nord du Mali qui sera à  l’ordre du jour. M. Ouattara a soutenu le vote de la résolution des Nations Unies autorisant l’envoi d’une force africaine chez son voisin du nord. Tout comme Alassane Ouattara, Yayi Boni plaide pour une intervention militaire au nord-Mali. Une occasion pour le chef de l’Etat béninois, également président en exercice de l’Union Africaine, d’échanger avec Diango Sissoko sur les contours de cette opération militaire. Enfin Dakar. Macky Sall s’est investi depuis quelques semaines dans la recherche de solutions pour une sortie de crise au Mali. Dans la capitale sénégalaise, Diango Cissoko parlera du nord, mais aussi set surtout d’élections. La communauté internationale qui a adopté une résolution autorisant le déploiement d’une force africaine au Mali, a également demandé l’organisation d’élections libres et transparentes pour installer un pouvoir légitime à  Bamako.

A Douentza et Youwarou, les enfants de moins de 5 ans exposés à la mort

La caravane de presse pour la capitalisation des résultats de la mise en œuvre des soins essentiels dans la communauté organisée par l’UNICEF a poursuivi sa visite dans la région de Mopti du 19 au 23 décembre. Dans la Venise malienne, les soins essentiels de la santé donnent des résultats encourageants sauf dans le cercle de Douentza et Youwarou. Le constat est amer dans les trois régions sous occupation (Tombouctou Kidal et Gao) o๠le manque criard de soins essentiels de la communauté destinés aux enfants de 0 à  5ans pénalise la survie. Insécurité à  Douentza et Youwarou l’importance des soins essentiels n’est plus à  démontrer pour sauver les enfants du paludisme, des infections respiratoires aigues(IRA) et des maladies diarrhéiques qui constituent les premières causes de la mortalité infanto-juvénile au Mali. Dans les districts sanitaires de Mopti, les agents de santé communautaire ont pris en charge 16069 cas de paludisme, 3838 cas de diarrhée simple, 4372 cas d’IRA, 2834 cas de malnutrition aigues modérés et 1589 nouveau nés. En bref, les SEC couvrent une population totale de 331792 habitants ce qui représente 15% de la population totale de la région. Ces résultats vont de mai 2012 au 30 octobre 2012. Grace aux services d’ASC qui opèrent dans ces localités éloignées du centre de santé communautaire (CSCOM), ces enfants ont été sauvés. Mais à  cause de l’insécurité le cercle de Douentza et Youwarou n’ont pu bénéficier de cette approche sanitaire très appréciée et saluée par les populations rurales. Selon le représentant de la direction régionale de la Santé , ces chiffres seraient encore plus importants si le processus de mise en œuvre de la stratégie n’avait pas connu de perturbation dans les districts de Douentza et Youwarou. « En effet dans ces deux districts sanitaires, les agents de santé communautaire n’ont pu être installés compte tenu de l’insécurité et de l’occupation par les groupes armés » explique t-il. Et pourtant les sites SEC par district sanitaire de la région de Mopti à  la date du 30 octobre 2012 étaient de 52 pour Douentza et 39 pour Youwarou. Aujourd’hui tous ces sites sont non fonctionnels pour des raisons d’insécurité. On peut deviner que le sort de ces enfants demeure la fatalité, a souligné le professeur Abdoulaye Touré expert en Sec et point focal de l’UNICEF. Les autorités de Mopti font des efforts Par contre les cercles de Mopti qui ne sont pas sous occupation ont fait des résultats remarquables par rapport à  la mise en œuvre des SEC. De Syn jusqu’à  Sogara en passant par Docoumbo respectivement dans le cercle de Djenné, Bankass et Bandiagara, les soins essentiels sont appréciés par les bénéficiaires. Syn est un village enclavé à  cause du fleuve qui le sépare de la ville de Djenné. Dans ce village situé à  7 km du CSCOM de Djenné, les populations avaient peine à  traverser le fleuve avec les malades. Cependant l’arrivée de l’ASC a réduit le calvaire de ses populations. Le chef du village Amadou Sobo confirme ainsi , « pour amener nos enfants malades à  Djenné, il fallait faire des heures pour attendre le bac qui traverse le fleuve. Actuellement nous avons un agent de santé à  notre disposition et Dieu merci ». Dans cette bourgade, le poids de l’islam a fait échouer la planification familiale selon l’ASC Fatoumata Coulibaly. Il en est de même à  Sogara située à  16 km de la ville de Bankass o๠les soins essentiels sont indispensables pour les besoins de santé dans ce milieu dogon. Concernant le village de Docoumbo dans le cercle de Bandiagara, le rôle prépondérant des soins essentiels a conduit les autorités à  inscrire la prise en charge dans le budget de la mairie. Les autorités administratives locales et sanitaires sont fortement engagées pour la pérennisation des ASC. Ce qui a été confirmé par le président du Conseil du cercle de Mopti : « Nous n’allons pas attendre le retrait des partenaires. Les villages bénéficiaires des SEC et leurs mairies ainsi que les Asaco vont se réunir dans un bref délai pour la prise en charge des ASC ». Modibo Fofana, envoyé spécial

Oumou Sall SECK :  » Il est temps que le Mali prenne ses responsabilités ! « 

Elle est une figure politique incontournable, membre du collectif des élus du Nord. Déplacée à  Bamako, depuis les évènements du 22 Mars et la prise des régions nord par les islamistes, Oumou Sall Seck, se bat sans relâche pour porter secours à  ses concitoyens restés au nord. Elle y effectue des allers-retours, même si sa maison y a été pillée et celle fonctionnelle, des femmes, désormais investie par le Mujao. Pour cette femme d’origine peuhle, sonrhaà¯, et touareg, le nord n’est plus qu’une question militaire. Déterminée, elle multiplie les plaidoyers en faveur de la libération urgente et vitale du Nord. A l’heure o๠la communauté internationale repousse l’intervention militaire à  Septembre 2013, la voix d’Oumou Sall Seck sonne juste. En marge du Sommet Africités qui s’est tenu à  Dakar du 4 au 8 décembre 2012, elle a répondu à  nos questions. Journaldumali.com ] : Vous êtes membre du collectif des élus du Nord et déplacée à  Bamako, que faà®tes-vous pour ceux qui sont restés dans la zone occupée ? Oumou Sall Seck : Merci. Nous avons, nous élus du nord, jugé qu’il fallait nous réunir dans un collectif pour pouvoir aider les populations du nord sous occupation. Vous savez que sur place, les services de base sont perturbés. Nous avons donc mis en place des comités de crise avec les religieux, imams et chefs traditionnels, pour faire passer l’information, écouter les doléances de nos concitoyens. Grâce au collectif, nous faisons aussi du plaidoyer pour la sortie de crise et nous en appelons aux partenaires au développement, pour obtenir des aides et assurer certains services comme la santé, l’accès à  l’eau et…Il nous faut également continuer à  sensibiliser, grâce à  l’aide de ces populations qui sont d’ailleurs venus à  Bamako pour témoigner, et nous faire comprendre la réalité qu’ils vivent au nord. Journaldumali.com : Parlez-nous de la situation à  Goundam, votre commune ? Oumou Sall Seck : l’accès aujourd’hui y est difficile. La zone étant enclavée, il y a moins de cars qui feront 850km pour se rendre à  Goundam. De plus, il y a beaucoup de contrôles, de fouilles corporelles. Presque 60% de la population de Goundam est partie. Mais pour ceux qui se sont réfugiés ici à  Bamako, la vie est difficile et beaucoup veulent retourner. La route Niono, Goundam, Tombouctou qui était en chantier a même été arrêtée. Vous voyez. Il n’y a plus de télévision, d’écoles fonctionnelles, de centres de santé, ce qui laisse une impression d’abandon. Sans oublier les maisons qui ont été saccagées. Quant aux femmes, la plupart se voilent pour sortir ou aller au champ de peur d’être bastonnées par les gens du Mujao. J’ai même appris qu’ils démontaient les paraboles sur les toits des maisons pour empêcher les familles de se distraire et les couper du reste du Mali. N’oublions pas le problème d’approvisionnement en eau, l’électricité coupée. Bref, C’’est le chaos. Journaldumali.com : Comment voyez-vous la sortie de crise au Mali ? Oumou Sall Seck : Tant que l’on est pas victime, on refuse de faire la guerre ? Pourquoi ? Mais peut-on négocier avec quelqu’un qui vous a amputé un bras, un pied ? Peut-on l’amnistier ? Je crois que l’on a assez négocié depuis la rébellion de 1963 et le Pacte National. Toute l’administration a été pillée, les archives détruites. Bien entendu la négociation aura toujours le dernier mot. Mais nous n’avons plus le choix et nous devons faire la guerre pour reconquérir notre territoire. Par ailleurs, il faudrait aussi que l’on ne fasse pas d’amalgames, tous les touaregs ne sont pas des rebelles, mais nous serons impitoyables avec ceux qui nous provoquent et nous blessent. Tous les Maliens sont témoins de ce qui a été fait en 91, il est grand temps que le Mali prenne ses responsabilités. Je suis désolée d’entendre dire que C’’est une affaire entre Maliens. La communauté internationale, doit nous aider! Journaldumali.com : Justement, elle semble hésitante sur la guerre ? Oumou Sall Seck : Leurs déclarations sont à  prendre avec prudence. Hélas les pays ne sont pas trop impliqués non plus, alors que C’’est un problème sous régional. Tout cela me désole. La CEDEAO soit aussi se décider. Alors que ceux qui sont prêts nous soutiennent. On doit rester dans cette solidarité internationale. Même les Maliens sont prêts à  intégrer l’armée malienne et si on nous forme, on ire faire la guerre…

Edito :  » Nous n’attendrons pas Septembre 2013… »

La guerre, la dernière option pour la communauté internationale ? De l’avis de nombreux observateurs et éditorialistes, Septembre 2013 est un délai lointain, de plus la résolution autorisant le Mali à  intervenir au Nord, ne serait qu’une résolution «Â molle », pour reprendre notre confrère de RFI, Serge Daniel. Par ailleurs, si des islamistes viennent à  nouveau de détruire le dernier mausolée de la ville sainte de Tombouctou, il y a fort à  parier que les occupants, galvanisés par ce délai, nous en montrerons d’autres d’ici là . Au Sud, un nouveau gouvernement prend la mesure des évènements, après l’échec de la politique, vue comme «Â molle » elle aussi, de l’ex Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Fi de ces balbutiements, le Mali peut-il prendre son destin en main et faire la guerre ? Se lancer à  la reconquête du Nord. Au risque de perdre définitivement le Nord ? Les populations elles le réclament. Les milices d’autodéfense, s’entraà®nent pour cela. Les troupes à  Mopti se préparent pour cela et les généraux sont des va t-en guerre, leurs hommes trépigneraient. Certains des élus du Nord, comme Mme Seck Oumou Sall, maire de la commune de Goundam (Cercle de Tombouctou), nous confiait : «Â  Qu’ils nous donnent les armes, nous allons mettre le pantalon, et aller nous battre ! ». Alors que va-t-il se passer dans les mois à  venir ? Il est certain qu’avec l’aide de la communauté internationale ou pas, logistique française ou non, appui aérien ou non, certains sont prêts à  prendre les armes. Alors messieurs, les haut fonctionnaires onusiens, vos ballets diplomatiques incessants, vos réunions feutrées interminables, ou vos déplacements à  n’en plus finir, n’intéressent plus. Car eux, n’attendront pas Septembre 2013

Des islamistes détruisent les derniers mausolées de Tombouctou

Annoncé à  l’AFP par un chef islamiste de la villle, l’information a été confirmée par des habitants. « Il ne va pas rester un seul mausolée à  Tombouctou, Allah n’aime pas ça, nous sommes en train de casser tous les mausolées cachés dans les quartiers », a déclaré Abou Dardar, un responsable d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam), groupe islamiste armé qui occupe Tombouctou avec Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI). Mohamed Alfoul, qui se présente comme un membre d’AQMI à  Tombouctou, a de son côté justifié ces destructions en affirmant que tout ce qui ne relève pas de l’islam, « ce n’est pas bien, l’homme doit vénérer seulement Allah ». « Actuellement, les islamistes sont en train de briser tous les mausolées des quartiers avec des pioches », a confirmé un habitant de cette ville historique, surnommée « la ville aux 333 saints ». « J’ai vu les islamistes descendre d’une voiture près de la grande mosquée de Tombouctou. Derrière une maison, ils ont cassé un mausolée en criant Allah est grand, Allah est grand », a affirmé un autre témoin. L’ONU VEUT Dà‰PLOYER D’UNE FORCE INTERNATIONALE Outre les cimetières et les mosquées, plusieurs ruelles et des habitations privées de la ville abritent également des mausolées, vénérés par la population. En juillet et en octobre, les islamistes d’Ansar Eddine et d’AQMI, qui considèrent la vénération des saints comme « de l’idolâtrie », avaient suscité un tollé général en détruisant des mausolées en terre dans l’enceinte de la plus grande mosquée de la ville, classée patrimoine mondial en péril. Ils avaient récidivé en détruisant d’autres mausolées en octobre, à  la veille d’une réunion internationale à  Bamako sur l’envoi d’une force armée au Mali pour les chasser du nord du pays. Voilà  six mois qu’ils occupent totalement cette zone, avec un autre groupe islamiste, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Cette fois-ci, les destructions ont été commises trois jours après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement, par étapes et sous condition, d’une force internationale pour reconquérir le nord du Mali, au mieux à  partir de septembre 2013. Vendredi, les islamistes du Mujao qui occupent Gao, au Nord-Est, y ont amputé la main de deux voleurs présumés, promettant « bientôt » de nouvelles amputations.

Gao : dix nouvelles amputations prévues

Les islamistes qui contrôlent la ville de Gao, dans le nord-est du Mali, y ont amputé deux personnes vendredi et affirmé que huit autres allaient bientôt subir le même sort en application de la charia (loi islamique), a indiqué un chef islamiste, ce qu’ont confirmé des témoins. « En application de la charia, nous avons coupé la main de deux personnes vendredi. Huit autres personnes vont bientôt connaà®tre le même sort », a déclaré Moctar Barry, un des chefs du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui occupe Gao. « C’est la loi de Dieu et personne ne peut nous empêcher de l’appliquer », a-t-il ajouté. Deux habitants de Gao ont confirmé ces amputations. « J’ai vu l’un des deux amputés attaché, on lui a fait une piqûre avant l’amputation. Il a crié. Les deux amputés sont actuellement à  l’hôpital, gardés », a dit l’un d’eux. « Les islamistes ont affirmé que les amputations vont continuer. Ceux qui ont été amputés ont volé, alors que l’islam interdit le vol », a affirmé de son côté le second habitant. Abdou Sidibé, député de Gao, a estimé que ces nouvelles amputations étaient la conséquence du « laxisme de la communauté internationale ». « Il faut que la communauté internationale sache que ce sont les hésitations pour une intervention, ou non, dans le nord du Mali qui encouragent les islamistes à  montrer qu’ils sont chez eux et qu’ils n’ont peur de rien », a affirmé Abdou Sidibé. Ces amputations ont été commises au lendemain de l’adoption, jeudi, par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement, par étapes et sous condition, d’une force internationale pour reconquérir le nord du Mali, entièrement occupé depuis six mois par les islamistes armés du Mujao, d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam). Experts militaires et responsables de l’ONU tablent sur une éventuelle intervention à  partir de septembre 2013. Le 29 juillet, des membres du groupe Ansar Dine avaient lapidé à  mort en public, à  Aguelhok (nord-est), un homme et une femme auxquels ils reprochaient d’avoir eu des enfants sans être mariés. Et depuis août, plusieurs amputations publiques ont été commises par les islamistes dans différentes localités du nord du pays.

Mali : réunis à Alger, le MNLA et Ansar Dine s’accordent sur l’idée de discuter avec Bamako

Le MNLA et Ansar Dine ont signé un accord en fin d’après-midi, vendredi 21 décembre, à  Alger. Les représentants des deux entités, Mohamed Ag Akharib pour Ansar Dine et Bay Dikmane pour le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ont notamment prévu de négocier avec Bamako. Sécuriser la zone du nord du Mali, assurer l’aide humanitaire à  la population et enfin travailler ensemble pour éviter toute atteinte à  l’intégrité territoriale du pays. Voilà  les priorités des deux mouvements. Les deux chefs de délégation ont aussi répété qu’ils s’opposaient à  une intervention militaire internationale. Ils assurent qu’ils éviteront toute hostilité ou situation de confrontation et qu’ils veulent aider à  la libération des otages dans la région. Ils assurent par ailleurs qu’ils permettront la libre circulation des personnes, et la relance des activités économiques, politiques, sociales et éducatives. Enfin, l’accord prévoit que le MNLA et Ansar Dine négocient avec les autorités de transition à  Bamako pour trouver une solution pacifique. A la fin de la réunion, le représentant d’Ansar Dine a réaffirmé qu’il n’était pas question de négocier sur la charia. Mais l’accord prévoit malgré tout « le respect des valeurs authentiques du peuple de l’Azawad ». La charia Sur le terrain, à  Gao, le Mujao a repris sa campagne de châtiments corporels et de mutilations en public. Hier matin, un jeune homme a eu la main tranchée et quatre autres ont reçu des coups de fouet. Cet habitant de Gao qui souhaite conserver l’anonymat a assisté à  ces punitions infligées au nom du respect de la charia, au moment même o๠le Conseil de sécurité vient d’autoriser le déploiement d’une force d’intervention, et pour lui, ce n’est pas une coà¯ncidence.

Human Right Watch met en garde contre les tensions ethniques au Mali

, prévient Human Right Watch, dans un communiqué publié à  l’intention de la presse, le 20 décembre à  Nairobi (Kenya). C’est surtout la publication d’une liste de personnes répertoriés par des citoyens et passibles de poursuites ou de représailles, par les autorités, qui inquiète l’ONG. Les stigmatisations identitaires ont plus fois été mentionnées dans les rapports de l’ONG depuis le début de la crise malienne et l’occupation du nord par les groupes islamistes armés. Un milicien aurait ainsi déclaré à  Human Rights Watch : « Certains noms sur [la liste] ne font aucun doute parce qu’ils ont pris les armes et pillé tout ce que nous avons acquis si difficilement, ou parce qu’ils battaient les personnes qui fumaient ou les femmes qui ne se couvraient pas la tête qu’ils rencontraient sur leur chemin. Les autres ont collaboré, en cuisinant, en encourageant nos enfants à  s’enrôler. Pensent-ils que nous ne savons pas qui ils sont ? » Un autre milicien : « Nous savons qui est qui. Nous savons qui a montré au MNLA et au MUJAO o๠nous cachions nos voitures, nos motos et nos ordinateurs. Nous savons qui a volé nos générateurs, les a peints et les a installés dans leurs maisons. Nous savons qui a violé nos femmes. » Un jeune de Niafounké à  Tombouctou qui a suggéré des noms pour la liste a expliqué : « Nous regardions [les combattants] alors qu’ils chargeaient nos affaires dans des camions en direction de la Mauritanie, pas seulement nos affaires personnelles mais aussi des choses prises de l’hôpital… Ils ont emporté des millions de francs CFA sous la forme de médicaments, de motos et d’une ambulance. Pour ceux qui ont trahi la nation, il y aura des règlements de compte. » Appel au govuernement Cissoko Par ailleurs, HWR appelle le nouveau Premier ministre et son gouvernement à  prendre des mesures adéquates, pour empêcher, ce qu’elle appelle :  » une aggravation du climat politique, déjà  tendu à  Bamako » : « Le nouveau Premier ministre du Mali doit s’attaquer à  un grand nombre de problèmes de droits humains, mais les abus commis par l’armée et l’escalade des tensions ethniques dans le pays doivent être en tête de liste », a déclaré Corinne Dufka, chercheuse senior sur l’Afrique de l’Ouest à  Human Rights Watch. « s’ils ne sont pas traités, ces abus viendront contrecarrer sérieusement l’organisation des élections nationales et aggraveront les conditions dans le Nord. » Situation des Droits Humains La situation des droits humains au Mali s’est dramatiquement détériorée en 2012 suite à  la rébellion séparatiste touareg, à  l’occupation islamiste du nord du pays et aux bouleversements politiques engendrés par le coup d’à‰tat militaire du mois de mars, a expliqué Human Rights Watch. Les recherches de Human Rights Watch conduites au Mali depuis avril ont permis de constater que les forces de sécurité loyales au leader du coup d’à‰tat, le capitaine Amadou Sanogo, ont été impliquées dans de nombreux abus graves, notamment des actes de torture, des disparitions forcées et des actes d’intimidation des voix de l’opposition. En dehors de la capitale, l’armée malienne a arbitrairement arrêté et exécuté des hommes essentiellement touaregs et arabes pour leurs liens présumés avec les groupes rebelles dans le Nord. Les séparatistes touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et les groupes armés islamistes qui ont pris le contrôle du nord du Mali depuis le début de l’année 2012 ont aussi été impliqués dans de nombreux abus graves. Les groupes islamistes ont commis des exécutions, des flagellations et des amputations en guise de châtiments, ont recruté des enfants au sein de leurs forces et ont détruit des sanctuaires religieux et des sites culturels. Des personnes de différents groupes ethniques ont aussi raconté à  Human Rights Watch qu’elles étaient préoccupées par le fait que les tensions ethniques étaient alimentées par la manipulation politique de l’ethnicité par certains dirigeants politiques et militaires. Ces personnes craignaient d’assister à  des incidents de punitions collectives et de violences ethniques meurtrières si les tensions n’étaient pas prises en main. Un aà®né songha௠ayant eu connaissance des listes de représailles a raconté à  Human Rights Watch : « Les milices comme les résidents locaux ont fait des listes de ceux qui devront payer… Qu’il s’agisse de rebelles, d’islamistes, de trafiquants de drogue ou de ceux qui ont profité personnellement de la souffrance des résidents, ils sont dessus. »

10 ONG lancent un S.O.S pour les populations du nord Mali

Elles sont une dizaine d’ONG à  avoir apposé leur signature au bas d’un document pour signifier leur mise en garde. Toutes sont convaincues qu’une offensive militaire au Nord du Mali aurait de graves conséquences humanitaires et nécessite la mise en place de solides garde-fous. Il s’agit de CARE International, Christian Aid, Handicap International, Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), International Rescue Committee, Oxfam, Norwegian Refugee Council, Refugees International, Tearfund, Vision Mondiale Internationale. Bien avant l’adoption hier d’une résolution de l’ONU, les 10 ONG ont demandé au Conseil de sécurité d’accorder une priorité élevée à  la recherche d’une solution pacifique au Mali, de façon à  permettre la stabilité à  long terme dans le pays. Pour les organisations, il est également essentiel que toute action militaire s’accompagne de mesures fortes pour réduire les risques encourus par les civils. Dommages collatéraux « Le déploiement d’une opération militaire pourrait avoir d’importantes conséquences humanitaires, alors que beaucoup de familles sont déjà  très affectées par l’insécurité et par la grave crise alimentaire. Nous craignons que toute intensification de la violence ait des répercussions sur les civils, et engendre par conséquent une augmentation des besoins humanitaires et des déplacements de populations supplémentaires. Tout au long du processus de décision, le Conseil de sécurité doit s’assurer que toute planification militaire prenne en considération les aspects humanitaires afin de limiter les maux infligés aux populations civiles, et ce à  toutes les étapes de l’intervention», explique Michael Quinn d’Oxfam au Mali. Le Directeur national de Vision mondiale Mali, Chance Briggs d’ajouter que « les femmes et les enfants comptent parmi les groupes les plus vulnérables lorsque des opérations militaires sont lancées. Nous recevons des informations inquiétantes à  propos de violences sexuelles à  l’encontre des femmes et des filles dans certaines zones du Mali. Nous devons protéger les droits des personnes, en particulier des femmes, des enfants, des personnes en situation de handicap et des personnes âgées, qui sont les plus vulnérables», Plus de 400 000 déplacés et réfugiés maliens Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 412 000 personnes ont déjà  été contraintes de fuir leurs foyers. Ce chiffre comprend les quelques 208 000 réfugiés actuellement disséminés entre l’Algérie, le Burkina Faso, la Guinée, la Mauritanie, le Niger et le Togo. s’ajoutent à  ces réfugiés les 204 000 Maliens qui sont déplacés à  l’intérieur du pays. Ces déplacés vivent dans des conditions difficiles et dépendent de l’aide humanitaire ainsi que de la solidarité des communautés d’accueil. Mise en garde Toutefois, les dix organisations appellent le Conseil de Sécurité de l’ONU à  accorder une priorité élevée à  la négociation d’une solution pacifique à  la crise, et lier toute autorisation de déploiement d’une force armée à  une stratégie de long terme, claire et réalisable, visant à  la construction de la cohésion sociale et d’un système de gouvernance incluant toutes les communautés du Mali. Aussi elles exigent que toute force militaire autorisée par le Conseil de sécurité reçoive une formation portant sur le droit international humanitaire. Les 10 ONG appellent les pays donateurs à  accroà®tre leur soutien en matière d’aide humanitaire afin de répondre aux besoins urgents déjà  identifiés, estimés à  hauteur de 214 millions de dollars, et se prépare à  fournir une aide supplémentaire selon l’évolution des besoins. Les 10 ONG, qui demandent à  l’ONU beaucoup de prudence, sont toutes des organisations humanitaires travaillant au Mali.

Le projet de résolution française sur le Mali soumis au vote à l’ONU

La France devrait soumettre jeudi au vote de ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution autorisant le déploiement d’une force internationale au Mali par étapes et sans calendrier précis, ont indiqué des diplomates. Le projet dans sa forme définitive devrait être transmis aux 14 autres membres du Conseil mercredi soir et Paris espère son adoption jeudi dans l’après-midi. Le texte comporte un volet politique appelant Bamako à  rétablir l’ordre constitutionnel et à  engager des négociations avec certains des groupes armés, notamment les Touareg, présents dans le nord du pays. Le volet militaire comportera « deux étapes », a précisé un diplomate. Il s’agira d’abord de reconstruire l’armée malienne et d’entraà®ner les troupes africaines qui feront partie de la force afin de les rendre prêtes à  reconquérir le nord. Mais il faudra que le Conseil de sécurité s’estime « satisfait » de l’état de préparation de cette force, à  partir de certains critères -entraà®nement, structure de commandement, équipement- avant qu’elle puisse se déployer au nord pour chasser les groupes islamistes qui ont pris le contrôle de la région. Pas avant l’automne 2013? Des responsables de l’ONU et des diplomates estiment que la reconquête de cette partie du pays ne pourra en tout état de cause pas commencer avant l’automne 2013. Le secrétaire général de l’ONU Ban ki-moon sera invité à  faire rapport régulièrement au Conseil sur l’état d’avancement des négociations politiques et des préparatifs militaires. La question du financement reste à  régler: une bonne partie de l’entraà®nement sera pris en charge par l’Union européenne et aux termes de la résolution, Ban ki-moon devra proposer au Conseil des options financières pour un soutien logistique de l’ONU. Un diplomate a estimé à  environ 200 millions de dollars par an le coût de l’opération militaire. L’Union africaine et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) souhaitent le déploiement rapide d’une force africaine de 3300 hommes pour chasser les islamistes armés occupant le nord du Mali depuis juin et attendent avec impatience un feu vert de l’ONU. Les Etats-Unis ont exprimé des doutes sur la capacité des Africains à  mener à  bien cette opération, ce qui entraà®né de longues tractations entre Paris et Washington.

Crises africaines: L’Amérique donne son point de vue

s’entretenant via une téléconférence avec des journalistes d’Afrique, le Sous-secrétaire adjoint américain aux affaires africaines, Michael Pelletier a présenté la position de l’administration Obama, sur les crises qui touchent aujourd’hui certains pays africains. l’impression générale qui se dégage des échanges avec M. Pelletier, est que l’Amérique se montre désormais prudente dans son intervention en Afrique. Concernant le Mali, le diplomate a indiqué que la situation était compliquée. «La question malienne est très complexe. Nous faisons aujourd’hui face à  plusieurs difficultés. Déjà  il faut démocratiser le pays. Les instabilités ont apporté des troubles dans un pays qui avait fait des avancées importantes sur le chemin de la démocratie et aujourd’hui la stabilité des institutions est mise à  l’épreuve. Le deuxième axe est celui du débat politique sur les revendications légitimes des populations du nord du pays. La troisième difficulté est que le pays est aujourd’hui au C’œur du terrorisme international. Les discussions se poursuivent à  New York entre toutes les parties prenantes et nous espérons qu’une solution rapide sera trouvée», a-t-il indiqué. Sur la crise en République Démocratique du Congo (RDC), Michael Pelletier s’est refusé à  répondre à  l’accusation indiquant que l’Amérique est complice silencieuse des troubles que connait le pays, en fermant les yeux sur les manœuvres attribuées au gouvernement de Kagame, historiquement connu pour être l’allié des américains dans la région. «Dans la situation de la RDC, nous pensons que la solution viendra des Africains eux-mêmes et surtout de la région des Grands Lacs. Nous restons cependant fermes sur notre position qui est celle du respect de l’intégrité territoriale des pays» a expliqué M. Pelletier Au passage le Sous-secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines, a refusé de voir dans le nouvel engagement des USA en Afrique, une réponse à  l’expansion chinoise. «Nous ne sommes en concurrence avec personne. Les statistiques aujourd’hui montrent que l’Afrique a le plus fort potentiel de croissance. Nous pensons que C’’est une opportunité pour tous les acteurs économiques. Simplement, nous souhaitons que l’engagement de l’Amérique s’accompagne de l’amélioration des systèmes de gouvernance, de l’octroi de plus de droits au femmes, de la paix et de la stabilité», a fait savoir Michael Pelletier. Il explique aussi que le gouvernement américain continuera de soutenir les pays africains face aux dangers du réchauffement climatique. «Nous avons fait beaucoup d’efforts nous soutenons le continent dans la mise en place des énergies renouvelables. Nous les soutenons aussi dans l’amélioration de la santé des populations, à  travers la lutte contre le paludisme ou le sida. Les femmes ont aussi un rôle important à  jouer ainsi que la jeunesse africaine. Nous mettrons toutes ces interventions en synergie pour accompagner l’Afrique dans son développement. Nous croyons fortement que notre stratégie commerciale avec le continent Africain, contribuera de façon significative, à  mobiliser les ressources dont il a besoin pour affronter ses différents défis de développement», a conclu M. Pelletier.

Nord Mali/intervention militaire, Ouattara veut une résolution de l’Onu « cette semaine »

Le président ivoirien Alassane Ouattara, par ailleurs président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a souhaité voir l’Onu adopté « vers la fin de cette semaine » une résolution pour une intervention militaire ouest-africaine au Nord Mali, recevant mardi à  Abidjan le représentant du secrétaire général des Nations unies pour le Sahel, Romano Prodi, ex-Premier ministre italien. « Nous souhaitons que grâce à  son influence et à  son implication nous puissions obtenir la résolution des Nations unies vers la fin de cette semaine », a déclaré Alassane Ouattara, à  l’issue d’un entretien de près d’une heure avec son hôte. « Les menaces sont grandes non seulement pour le Nord Mali mais pour toute l’Afrique de l’Ouest », a ajouté M. Ouattara tout en rappelant à  M. Prodi que les habitants du Nord Mali font l’objet de « violations très graves des droits de l’homme » dans une région qui « s’appauvrit de jour en jour ». Quant à  l’ex-Premier ministre italien, il a souligné la nécessité de « préparer l’action militaire de façon efficace » même s’il reconnait que le problème du Mali est « grave et urgent ». Il a indiqué qu’il y a « un accord général et partagé » de toute la communauté internationale de protéger le Sahel contre le terrorisme. La CEDEAO a mis en place une force militaire de plus de 3 000 hommes qui attend une résolution de l’Onu pour libérer le nord du Mali occupé par des islamistes armés.

La Marche pour la paix du BIPREM

Tombouctou, Gao et Kidal seront le théâtre d’une marche pacifique dont le seul but est de chasser les groupes armées qui ont occupés cette zone du Mali. Gao en constituera la première étape. C’’est ce que promettent les responsables du BIPREM qui comptent regrouper en moyenne 100 000 citoyens pour l’opération. Ainsi, le BIPREM veut reprendre les commandes de libération du nord à  travers cette opération nommée «Â Faso-Ko ». «Â Nous marcherons sans armes, mais avec des foulards blancs pour démontrer l’unicité de notre territoire… », indique Lassine Diawara. Le secrétaire à  l’information de ladite organisation, Aliou Badara Diarra, d’indiquer que cette initiative est un moyen pour faire fédérer les objectifs positifs afin de nouer un sentiment d’engagement chez les maliens. «Â Notre patrie, le Mali, est dans l’impasse. Les têtes dirigeantes et les institutions de la République ont fait des efforts pour le sortir de ses errements sans y parvenir. Malgré les brillants résultats du Haut Conseil Islamique du Mali concrétisés par la libération de plus de 160 militaires prisonniers des occupants du nord et surtout l’ouverture des couloirs humanitaires pour les populations des trois régions encore sous occupation, la réunification nationale suscite de grosses inquiétudes ». C’’est fort de ce constat que le BIPREM voit le jour. Libérez le nord ! l’organisation bénéficie de la collaboration du Haut Conseil Islamique (HCIM), du Réseau des Communicateurs traditionnels pour le Développement, ( RECOTRADE) et du Cherif de Nioro, Mohamed Ould Cheichnè Haidara dit Bouyé… «Â Il est temps de montrer au monde que la crise malienne est avant tout un problème des maliens », soutient le président du BIPREM. La marche qui aura pour objectif la libération du nord sera meublée par des communications (sensibilisations). Selon, le président Diawara, les marcheurs rencontreront des notables, des jeunes et des occupants à  Gao o๠sera orientée la première marche pacifique de réunification. Ils promettent de publier très prochainement le calendrier des actions à  entreprendre au nord. A en croire, les responsables du BIPREM, une vingtaine de bus quitterons Bamako d’ici fin décembre 2012. Toutefois, l’opération «Â Faso-ko » veut être en première ligne des nobles initiatives en matière d’implication des citoyens dans les processus de libération et de développement du Mali.

Participation citoyenne : « Signons la pétition! »

Pousser les Maliens à  s’impliquer et à  peser dans les débats qui s’ouvrent sur la situation au nord, voilà  le but poursuivi par les initiateurs de cette pétition. « Le Mali traverse en ce moment, une période très difficile de son histoire. La cause : l’occupation des territoires du Nord-Mali par les groupes terroristes et des narcotrafiquants » peut-on lire dans l’appel lancé sur internet et les réseaux sociaux. Depuis quelques jours, les citoyens maliens et les amis du Mali donc la possibilité d’appuyer en la signant un texte intitulé « Pétition pour une meilleure prise en compte des opinions citoyennes à  l’occasion des négociations en passe de s’ouvrir avec les groupes rebelles et terroristes (MNLA, Ansar-Din, MUJAO) du Nord du Mali». l’objectif visé est d’atteindre deux Mille (2000) signatures pour les trois (3) prochaines semaines. Adressé au Président de la République par intérim, le texte émane de « citoyens, maliens et africains, des amis du mali, établis ou vivant au Mali et ailleurs, épris de paix, de justice mais déterminés à  propager l’idée du « vivre ensemble ». Ceux-ci rappellent tout d’abord les heures difficiles que vit le Mali depuis le mois de janvier 2012 avec les premières attaques rebelles au nord et leurs conséquences. Les régions Nord du Mali, sont aujourd’hui « attaquées et gangrenées, en prise directe avec des activités terroristes et criminelles, avec son cortège de rapt et de narcotrafic ». Le Mali contraint de négocier La pétition rappelle que la communauté internationale a très vite réagi et décidé d’appuyer le Mali dans la reconquête de son territoire aujourd’hui occupé. Avant de changer de discours. Aujourd’hui, « la Communauté Internationale, plutôt favorable au dialogue à  tout va, donne l’impression de reculer et de donner des signes de renonciations quant à  l’option militaire qui était dite imminente ». Pour les auteurs du texte, une telle tendance et attitude est « fort regrettable voire dommageable pour la paix dans cette région du sahel ». Les négociations, entamées depuis quelques jours à  Ouagadougou ne reflètent pas la volonté du peuple. « Les citoyens et le peuple maliens, concernés au premier chef par cette crise et les modalités éventuelles de son règlement, les citoyens d’Afrique, amis du Mali et tous les peuples épris de paix et de justice, qui ont aussi besoin de savoir, n’entendent et ne voient rien venir du côté du Mali, ni par rapport au contexte, ni par rapport au cadre, encore moins par rapport au contenu éventuel de la négociation qui s’ouvre » peut-on encore lire. « Le Maliba indivisible et laà¯c » Or, le temps presse et il est plus que jamais important pour les dirigeants de la transition de prendre « soin d’informer le peuple sur certains aspects afin d’éviter les erreurs du passé ». Les signataires de la pétition exigent donc « absolument et préalablement à  toute négociation », la fin des exactions et les violations de libertés individuelles et collectives au nord Mali ainsi que la prise de mesures visant à  retrouver les victimes et poursuivre les coupables. Ne devront prendre part aux négociations en cours que «les seules personnes ou groupes de personnes, ressortissants du Mali, mais ayant préalablement et formellement renoncé à  l’usage des armes ou de la force militaire comme moyen d’expression politique ou de revendications vis-à -vis de l’Etat du Mali, reconnu le caractère unitaire, indivisible et laà¯que de la République du Mali, entre autres… Lancée le 07 décembre dernier, la pétition pour une implication citoyenne a reçu un accueil positif sur internet o๠elle a déjà  été signée par plus de 450 personnes (chiffre du 11 décembre). l’initiative est saluée par cette jeune internaute qui estime qu’elle « vient à  point nommé et c’est main dans la main que nous pourrions sortir le Mali de cette impasse ». Habibata Konaté, membre d’une organisation de jeunes en appelle aux Maliennes et Maliens de laisser leurs différents de côté, en rappelant toutefois que « l’intégrité territoriale et le caractère laà¯c de notre Maliba ne sont pas négociables ». Pour lire et/ou signer la pétition : http://www.petitionduweb.com/voirpetition.php?petition=37248

Edito : Bon vent Mr le Premier ministre…

«Â Le Mali de mal en pis », «Â Hantise d’un nouveau coup d’état », «Â Dérive au Mali », les qualificatifs ne manquent dans la presse internationale pour nous donner une image bien négative d’un pays tiraillé par les querelles politiciennes. La démission forcée du Premier ministre Cheick Modibo Diarra a certes tendu la perche aux éditorialistes des quatre coins de la planète, mais à  Bamako, un calme a prévalu après cet épisode regrettable orchestré par les ex putschistes. Il va de soi que les manettes sont encore aux mains des hommes du capitaine, qui prétendent avoir «Â facilité » un départ, réclamé de tous et voulu par l’ensemble de la classe politique. l’homme ne faisait plus le consensus. Auréolé de son aura de navigateur interplanétaire, Cheick Modibo Diarra s’est révélé un piètre politique aux commandes de la transition. Scientifique oui mais pas meneur d’hommes, ses prises de position changeantes, sa diplomatie à  la limite du supportable et surtout son imprévisibilité, auront déplu. Certains se souviendront d’un homme arrivé avec panache, apprécié pour son carnet d’adresse international, sa connaissance des institutions internationales, desquelles, le Mali attendait beaucoup pour sortir du bourbier du nord, et désormais, on regrette que ce Malien de l’extérieur, ait gaspillé une belle carrière sur l’autel d’ambitions politiques mal comprises à  l’intérieur. De cet épisode, Cheick Modibo Diarra tirera les leçons d’un pays, difficile à  gérer, à  la culture immense mais qu’il n’aura pas su appréhender très vite. Reconquérir un nord occupé par les salafistes armé jusqu’aux dents et organiser des élections sont des tâches que n’importe quel candidat à  la Primature devra prendre au sérieux ou ignorer en cas d’incompétence. Poste difficile, celui de Premier ministre est au service de la Nation. Peu d’hommes en ont l’envergure et celui qui remplace désormais Cheick Modibo Diarra, n’est pas un outsider mais un homme d’expériences que certains pièges politiques ne devraient pas atteindre. De Diango Cissoko, les Maliens, exaspérés par les tergiversations d’un triumvirat politique qui retarde la libération du nord, attendent une grande subtilité dans la parole et dans l’action. Surtout, un résultat rapide et concret dans les semaines à  venir… Bon vent, Monsieur le Premier ministre de Transition !

Otages : les familles doivent elle intervenir ?

C’’est le monde à  l’envers, cadré à  la poitrine sur un plan fixe, un jeune homme barbe et cheveux longs s’adresse d’un ton monocorde au chef du groupe qui détient 4 français au Nord du mali. Comme une image inversée des vidéos réalisées par les ravisseurs, pour démontrer que les otages n’ont pas été assassinés. «Si nous choisissons aujourd’hui de nous adresser à  vous, C’’est que nous ne comprenons pas pourquoi tout est bloqué», lance Clément Legrand, le frère de Pierre Legrand, enlevé il y a plus de deux ans, à  Arlit, avec trois autres employés des sociétés Areva et Satom. «Nous tenons à  vous dire que nous, les familles, faisons tout notre possible auprès du gouvernement, des entreprises mais aussi des Français pour que soit déclenchée une réelle négociation» Impuissance ? Terrible message qui dit l’impuissance des familles, mais qui est aussi une critique ouverte des méthodes de négociations adoptées par les autorités. Par ailleurs d’autres familles ont manifesté leur désaccord, devant cette initiative privée. Dans les affaires de prises d’otages l’attitude des gouvernements est toujours la même, « surtout pas de vagues », ont dit aux familles qu’on s’occupe de tout et qu’elles seront régulièrement informées. Sauf que les Legrand se plaignent de ne pas avoir de nouvelles depuis deux mois. Or si les familles ne sont pas ou peu informées, du moins de leur point de vue, C’’est soit qu’il ne se passe rien, soit que les négociations sont si difficiles qu’une seule fuite dans la presse pourrait tout compromettre. Faut-il se mobiliser ? On se repose la question à  chaque fois : faut-il mettre des affiches organiser des manifestations, citer les noms à  la télévision ? En France les télévisions ont choisis le mercredi pour rappeler une fois par semaine l’existence de ces otages , mais on n’est plus à  l’époque de Jean Paul Kaufmann et des otages au Liban, o๠tous les jours les photos ouvraient le journal télévisé. On ne sait pas si ça a eu un impact, mais on sait en revanche que quand les otages apprennent qu’on se mobilise pour eux, ça leur fait du bien, C’’est déjà  ça ! Quant aux négociations, elles concernent avant tout la rançon, son montant et les modalités de remise. Dans le cas des otages d’AQMI, (Al quaà¯da au Maghreb islamique), deux éléments compliquent les choses. Le soutien de la France à  une reconquête militaire du nord Mali, et la disparition de Kadhafi qui a souvent servi d’intermédiaire. Hé oui…Qui aurait cru qu’un jour, on le regretterait ?

Crise malienne : un manifeste pour l’action

Initié principalement par l’ancien Premier ministre Soumana Sako et ses amis regroupés au sein de l’Alliance des patriotes pour la sortie de crise (ADPS), la table ronde globale des partis politiques et de la société civile s’est soldée par la signature d’un Manifeste. Organisée dans le but de créer l’unité de pensée et d’action la plus large possible au sein de la classe politique et des acteurs sociaux, la rencontre a réuni les regroupements politiques et organisations de la société civile du Mali ont donc participé, du 1er et 8 décembre 2012 à  Bamako. Les thématiques débattues étaient relatives notamment à  la Plateforme politique du MNLA, au calendrier des prochaines élections présidentielle et législatives, aux conditions de libération du Nord du Mali et à  la médiation de la CEDEAO. « Le Mali traverse une double crise sécuritaire et politique, la plus grave de son histoire, depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012. Les deux – tiers du pays sont sous occupation par des groupes rebelles, terroristes et djihadistes d’origine essentiellement étrangère », voilà  planté le décor dudit manifeste. Et le document d’indiquer que le Mali vit aujourd’hui sous un régime de Transition sous forte influence de la communauté internationale et se trouve confronté aux quatre (4) menaces principales. A savoir, le péril sécessionniste, remettant en cause l’intégrité territoriale et l’unité nationale ; la menace intégriste, sapant la laà¯cité de l’Etat et les fondements de la République ; la menace sur la démocratie ; et la menace terroriste. Le document, articulé autour de cinq engagements cardinaux, est destiné à  servir de source d’inspiration tant pour les pouvoirs publics maliens que pour la communauté internationale. Ainsi, rejette-t-il la Plateforme politique d’autonomie du MNLA. Il sollicite à  l’approfondissement de la décentralisation. En outre, le manifeste refuse toute proposition visant à  organiser des élections avant la libération des chefs-lieux administratifs du Nord et le retour de l’Administration et des Forces Armées et de Sécurité « Nous lançons un appel pressant aux pays du champ non membres de la CEDEAO pour qu’ils s’engagent plus résolument à  soutenir toute intervention militaire visant à  restaurer sans délai l’intégrité territoriale du Mali », invite l’ancien premier ministre,Soumana Sako qui par ailleurs ne tarit pas de remerciements à  l’endroit de la communauté internationale « pour sa mobilisation en faveur de notre pays depuis le début de la crise et l’invitons instamment à  maintenir sa cohésion et sa détermination ». Toutefois, engage-t-il les pouvoirs publics à  reprendre sans délai l’initiative politique et diplomatique du processus de sortie de crise et à  faire preuve de vigilance et de discernement par rapport aux enjeux réels de cette crise et aux marchés de dupes qui pourraient être proposés par divers milieux nationaux ou étrangers.

Armée: les milliers de jeunes voulant partir au nord devront attendre

Débuté il y a une dizaine de jours, le recrutement des 2000 militaires avait suscité beaucoup d’intérêt auprès des jeunes Maliens. Parmi eux beaucoup se sont dit motivés pour la reconquête du nord. L’annonce du report a fait l’effet d’un coup de massue. l’armée…contre le chômage C’’est à  l’Ecole de gendarmerie de Faladié que sont reçus les candidats. Il y a foule, en majorité des jeunes gens ont l’âge varie de 18 à  22 ans. Ils sont pour la plupart des recalés du bac, DEF et mêmes des jeunes diplômés sans-emplois. Coincés dans un rang fourni, ils acceptent volontiers de parler de leurs motivations. Pour quelques-uns, C’’est la réalisation d’un rêve : être porteur d’uniforme. Mais pour les autres, les plus nombreux, C’’est avant tout pour partir au nord pour libérer les trois régions occupées afin de laver l’affront du Mali. Enfin, C’’est tout simplement une solution pour avoir un emploi, en ces temps difficile… Au milieu du rang sous le soleil du vendredi dernier se trouve Mohamed Habib Koné. « Je suis chauffeur, ma motivation réelle pour déposer ma candidature est le manque du travail. J’ai fait le DEF deux sans succès. Avec ce recrutement je pense profiter d’une opportunité à  saisir ». Même motivation pour Mamadou Diarra qui a passé le baccalauréat trois fois sans succès. « Nous n’avons pas le choix. J’ai été exclu de l’école et aujourd’hui, je pratique du sport. Entant que sportif je me vois en mesure de faire l’armée » affirme –t-il. Son voisin aussi met tous ses espoirs dans ce recrutement. « C’’est la deuxième fois que je suis candidat pour entrer dans l’armée. En 2010 J’ai payé 150 000 FCFA à  quelqu’un qui s’est volatisé avec mon argent, sans que J’aie gain de cause. Je pense avoir de la chance cette fois-ci» confie–t-il avec le sourire sur les lèvres. s’engager pour libérer le Nord Mais il n’y a pas que des chômeurs dans la queue. Parmi ces jeunes candidats, on retrouve également des étudiants, des employés et même des propriétaires structures privées. Ibrahim Kanté est fils de magistrat. à‰tudiant en licence dans une université privée de la place, il a décidé de devenir militaire pour sauver son pays des envahisseurs rebelles et terroristes. « Je suis meurtri de voir mon pays sombré dans la crise dont le responsable est l’apatride rebelle réclamant son indépendance. J’ai décidé de tout laisser tomber pour devenir militaire avec un seul objectif d’aller me battre au nord». Si Kanté est issu d’une famille aisée, Adama Diarra 22 ans est quant à  lui apprenti chauffeur. Mais ils partagent le même objectif, «libérer le pays ». l’occasion a fait des larrons Ce recrutement de 2000 militaires a été une opportunité pour certains de se faire de l’argent. A cette occasion certains esprits très malins ont créé des parkings des motos et d’autres vendent les cartes de recharge, les sandwiches pour ceux qui passent toute la journée place. Des jeunes militaires se sont convertis en intermédiaires. Ils collectent les dossiers des candidats, en échange d’un certain montant, et se chargent de les déposer. C’’est du moins ce qu’affirment les jeunes postulants, mais cette information a été fermement démentie par un militaire que nous avons approché. « Les militaires qui déposent les candidatures sont des parents et des proches de certains candidats » affirme notre interlocuteur qui est béret vert. Au moment o๠nous quittons le site, 5007 dossiers avaient été enregistrés mais la queue à  l’extérieur laisse présager une augmentation substantielle de ce nombre. Il faut signaler que ce recrutement ne concerne pas les femmes. Un report mal compris Vers midi, samedi dernier, alors que de longues files étaient encore visibles dans la cour de l’à‰cole de gendarmerie, une infirmation est tombée de la part des organisateurs du recrutement: suspension de l’opération et report à  une date ultérieure. Accueillant cette nouvelle avec désespoir et tristesse certains candidats se sont dit révoltés, surtout qu’aucune raison n’a été avancée pour justifier cette décision.

Boubacar Bah : « Pour le nord, je suis optimiste ! »

s’il est aussi le Président de l’Association des Maires du Mali. Boubacar Bah, gère la commune V de Bamako. Malgré les défis, on peut encore aujourd’hui déplorer l’état de non développement de certaines communes de Bamako et dans les régions, un manque flagrant d‘infrastructures sociales, éducatives ou de santé de qualité, bases même du développement local. Mais que font nos maires pourrait-on encore se demander ? Comment prennent-ils en compte l’aspect local pour satisfaire le citoyen. Le Maire n’est-il pas le premier interlocuteur du citoyen en détresse ? Journaldumali.com : Comment l’Afrique peut-elle se développer à  partir de ses territoires, thème de ce 6è sommet Africités ? Boubacar Bah : Depuis longtemps au Mali, on a parlé de décentralisation. Chacune de nos 8 régions au Mali a son schéma d’Aménagement directeur, mis en exergue par le Forum sur la décentralisation. Mais ces textes ont rarement été appliqués et cela nous aurait, dans le cas contraire, évité la crise que nous vivons aujourd’hui. On parle d’un nord qui n’est pas développé, mais combien de milliards ont été injectés dans cette partie de notre pays aujourd’hui occupée ? Journaldumali.com : la gestion des territoires, quelle vision en avoir ? Boubacar Bah : Il faut une cohérence dans la gestion des territoires, donc des hommes. Mais on ne gère pas seulement des hommes, mais aussi des ressources. Un exemple, tout le budget de l’éducation, ne pas va pas aux régions, seulement une infime partie. Il n’y a donc pas un transfert efficace de ressources et d’intellectuels pour former les élites dans nos régions. D’o๠l’exode vers la capitale . Pourtant l’ancien président du Cap Vert, Pédro Pires l’a mentionné : «Â O๠sont nos intellectuels, nos universitaires ? » Chaque région du Mali devrait avoir une université et des cadres compétents pour former les étudiants…Le cas de Ségou est encourageant avec la nouvelle université et nous disons aux enseignants : «Â  restez dans les régions pour créer le dynamisme local ». Et dans l’autre sens, il faut à  tout pris drainer les ressources vers les régions. Journaldumali.com : Vous disiez que des milliards avaient été injectés au nord ? Pourquoi un tel état de dénuement dans ces régions ? Boubacar Bah : Avant de vous réponde, je tiens à  préciser que nous sommes aussi à  Africités pour faire connaà®tre la position malienne. Et rétablir certaines vérités. Lorsque Ban Ki Moon parle des risques d’une guerre au nord, il a tort. Tout le monde doit savoir qui sont nos ennemis, qui est le MNLA ? Tous ne sont pas des touaregs. Qui est Ansar Dine ? Pas seulement des Maliens etC’… Nous ne sommes pas des va t-en guerre, mais après avoir négocié, une fois, deux fois, trois fois, la politique doit se doter d’un bras armé comme l’a évoqué le président Dioncounda Traoré. Mais il nous faut reconstruire notre armée de A à  Z. Quant aux ressources du nord, il y a eu plus de 1100 milliards injectés dans le développement du nord, on ne peut dire que le nord a été marginalisé. Mais il y a eu 40 ans de «Â mal-développement ». Malgré tout, il faut signifier certaines avancées au niveau local. Je parle du désenclavement, la route de Ségou à  Niafunké, est en voie de bitumage. Celle de Kidal à  Anéfis a été réalisée. Il faut rétablir la vérité sur ce qui a été fait, et bien entendu, en terme de développement local, beaucoup reste à  faire. Journaldumali.com : Etes-vous optimise sur la sortie de crise malienne ? Boubacar Bah : Je suis résolument optimise. Au Mali nous nous connaissaons tous. Et nous savons qui sont ces Maaliens qui ont pris les armes. Mais Iyad qui a négocié les libérations d’otages pour le Mali, était de l’Adema. Algabass Intallah de Kidal l’était aussi. Tous les signataires du Paxcte National sont hors de cette questions. Donc il y a aussi matière à  négocier dans la mesure du possible. Et pour cela nous avons des gens qui connaissent le nord et ses représentants, je veux parler ‘hommes comme Diagouraga, Ali Nouhoum Diallo ou même Mohamed Ag Erlaf. Ils connaissent la problématique du nord, alors oui, je suis optimiste !

« Le Qatar intervient-il au Nord Mali? »

Alors que la Cédéao se prépare prochainement à  une intervention armée pour reconquérir le Nord Mali, en réaction au coup d’à‰tat du 22 mars 2012 ayant renversé le régime d’Amadou Toumani Touré, on parle de plus en plus de l’implication du Qatar dans cette partie du Sahel. Profitant de la double crise que connait le pays -des mouvements islamistes ont profité de la rébellion touarègue pour prendre le contrôle du nord du pays et un coup d’Etat militaire a renversé le président sortant à  Bamako- l’émirat avancerait ses pions sur ce territoire en voie d’Afghanisation. Un jeu qui, s’il est confirmé, s’avèrerait assez dangereux. La présence du Qatar au Mali est avérée mais selon des modalités qui restent floues Si la présence du Qatar au Mali est avérée, il est difficile d’avancer franchement que l’émirat tente de faire évoluer politiquement et stratégiquement la situation dans un sens ou dans l’autre. Cependant, malgré le peu de preuves de l’implication de ce pays dans le soutien aux combattants armés, un faisceau d’indices laisse penser que cela pourrait être le cas. Tout d’abord, le Qatar dispose déjà  d’un réseau de financement de divers madrasas, écoles religieuses et oeuvres caritatives qui datent des années 1980 et 1990 au Mali, comme dans d’autres pays à  majorité musulmane en Afrique. Ensuite, suite à  un accord entre le croissant rouge qatari et la croix rouge malienne qui a eu lieu à  Doha en août, des humanitaires qataris sont présents sur le sol malien afin d’intervenir par solidarité envers les populations du Nord du pays, notamment autour du triangle Gao, Tombouctou, Kidal. Plus troublantes, mais à  prendre avec précautions, sont les informations du Canard enchaà®né [1], reprises par la presse française et internationale, d’un appui financier voire de Forces spéciales de la part du Qatar à  certaines factions rebelles au Nord Mali pour former leurs recrues (notamment vers Ansar Eddine). Ces informations proviendraient d’un rapport récent de la DRM française (la Direction du renseignement Militaire qui dépend du Ministère de la Défense). Cependant, le peu d’informations de première main -qui s’explique en partie par la situation conflictuelle sur le terrain- rend difficile une véritable appréciation de la qualité de l’engagement qatari au Nord Mali et la mise en perspective de ce rapport. Néanmoins, quel qu’en soit le degré et l’intensité, la présence du Qatar au Mali est avérée et correspond de plus en plus à  une stratégie africaine qui monte en charge, notamment depuis les printemps arabes. Ainsi l’émirat s’est trouvé impliqué dans le financement de partis politiques – proches des Frères musulmans – en Tunisie et en Egypte en 2011 er 2012, il a été impliqué dans la médiation au Darfour qui a eu lieu au Soudan en 2011 et il s’est engagé dans la coalition de l’OTAN qui a combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011 (parallèlement le Qatar a également financé des combattants rebelles en Libye). Alors au-delà  de la présence d’éléments humanitaires du croissant rouge au Mali, on peut s’interroger sur ce que pourraient être les autres raisons d’une présence qatarie dans cette partie du Sahel. Quels sont les intérêts de la présence du Qatar au Mali Si l’hypothèse du financement, voire de l’entraà®nement et de l’armement de groupes islamistes armées par le Qatar au Nord Mali s’avère confirmée, alors il est possible d’en tirer plusieurs interprétations. Premièrement, cette intervention serait pour l’émirat un moyen simple mais risqué d’augmenter grandement son influence en Afrique de l’Ouest et dans la bande sahélienne. En effet, le Qatar pourrait ainsi peser dans l’évolution des médiations entre le gouvernement malien, la Cédéao, les rebelles du Nord, voire la France. Cela augmenterait son poids politique sur le continent, profitant en cela – comme il le fait souvent – d’un contexte favorable. Dans le cas du Mali, il s’agit d’un Etat failli – avec un vide de puissance soudain au Nord – dû à  la fois à  la déstabilisation des rebelles touaregs et du coup d’Etat au Sud. S’ajoute à  cela le contexte particulier de la présence au Sahel de nombreux combattants et d’armes consécutivement à  la guerre récente en Libye, ou encore la présence au Nord de jeunes Touaregs désoeuvrés et opposés à  l’Etat malien qu’il est possible de financer. Utilisant cette conjonction de facteurs favorable, l’émirat pourrait y voir un moyen de continuer à  peser fortement en Afrique, continuant ainsi l’action entreprise en Egypte, en Libye et en Tunisie. A ce titre, comme dans le cas de l’engagement qatari en Syrie, deux données seraient communes. Premièrement, le précédent libyen a compté et l’émirat fort de cette victoire se sent capable d’intervenir directement à  l’étranger dans une perspective de puissance. De plus, comme en Syrie, la présence de l’émirat au Mali – si elle s’avère réelle – doit être resituée dans le contexte d’une concurrence double : d’abord avec l’Arabie Saoudite pour le contrôle de l’Islam sunnite mondial mais également afin de renforcer le poids de ce même Islam sunnite face au chiisme (car l’axe Iran-Syrie-Hezbollah reste fort tandis que le chiisme monte en Irak). Autre point commun mais avec la Libye cette fois, le Mali dispose d’un potentiel gazier [2] et a besoin d’infrastructures pour le développer. Or, le Qatar maà®trise ces techniques. Il pourrait ainsi en cas de bons rapports avec les dirigeants d’un Etat islamique au nord du Mali exploiter le sous-sol qui est riche en or et en uranium et le potentiel gazier et pétrolier. Enfin, géographiquement, le Mali est également un axe de pénétration vers l’Afrique noire et l’Afrique de l’Ouest vers lesquels le Qatar poursuit son influence au travers de l’achat de ressources, de terres agricoles ou du financement de lieux de culte. Une intervention qui si elle est avérée pourrait se retourner contre le Qatar La situation au Mali illustre bien la situation problématique de la bande sahélienne qui devient extrêmes préoccupante du fait de la faiblesse des Etats de la région et de la présence d’AQMI et d’autres combattants djihadistes. De surcroà®t, la guerre en Libye de 2011 a aggravé la situation, comme le montre l’assassinat récent de l’ambassadeur américain Christopher Stevens à  Benghazi. Au Mali cette défragmentation de l’Etat est non seulement due à  des facteurs intrinsèques (rébellion touarègue, faiblesse structurelle de l’Etat, démocratie de façade, mal développement) mais aussi aux conséquences mal maà®trisées de la crise libyenne. Les Etats-Unis et la France ont des relations très fortes avec le Qatar qui, dans le cas malien, pourrait aller à  l’encontre des intérêts occidentaux Dans ce cadre, l’intervention du Qatar, si elle s’avère conflictuelle est fort malvenue et quatre acteurs pourraient en prendre ombrage : Les Etats-Unis, la France, L’Algérie et l’Union Africaine. Un redéploiement français et américain dans la région se met en effet actuellement en place afin de tenter de stopper la dérive du Nord Mali. Les Etats-Unis recentrent leur approche sécuritaire sur l’Afrique du Nord et la bande sahélienne, notamment après l’assassinat de leur ambassadeur et dans la perspective des prochains désengagements en Irak et en Afghanistan. La France – puissance traditionnelle dans la région mais dont la présence d’otages limites les initiatives – est, elle, poussée par ses nombreux intérêts économiques et politiques. Or, les Etats-Unis et la France ont des relations très fortes avec le Qatar qui dans le cas malien, contrairement à  son intervention syrienne [3], pourrait aller à  l’encontre des intérêts occidentaux. Ces derniers pourraient donc le lui faire comprendre mais on peut s’interroger sur la portée des  » représailles  » possibles vis-à -vis d’un émirat aussi important économiquement, politiquement et militairement pour les Etats-Unis et la France [4]. Parallèlement, l’Union Africaine tente de s’affirmer en tant qu’acteur politique et veut régler les conflits sur son sol, en l’occurrence par le biais de son organisation régionale, la Cédéao qui met sur pieds une force de plus de 3000 hommes. Si la stratégie du Qatar est de financer ou d’armer des combattants au Nord Mali, cela lui complique donc la tâche. En revanche, sa capacité à  agir et à  peser sur les décisions du Qatar est très faible (sauf à  passer par l’UE ou la France). L’Algérie, enfin, est tout particulièrement concernée par la situation au Nord Mali. Si en apparence les relations entre les deux pays « frères » sont bonnes, l’Algérie surveille néanmoins l’évolution de ce dossier de très près car elle craint une tentative de déstabilisation à  ses frontières, voire sur son sol. Plus généralement, s’il s’avère que le Qatar intervient au Nord Mali, cela ajouterait aux griefs que l’Algérie impute à  l’émirat. Les deux pays s’opposent économiquement – malgré des accords récents, ils se font concurrence pour les exportations gazières – et politiquement (le financement des Frères musulmans au Maghreb par le Qatar, qui par ailleurs héberge sur son sol l’ex-leader du FIS Abassi Madani, est très mal vu par l’Algérie, tout comme le fait que le Qatar ait rejoint la coalition de l’OTAN en Libye alors que l’Algérie prône la non-ingérence). De plus, Mujao (le mouvement pour le Djihad en Afrique de l’Ouest, qui pourrait être financé par l’émirat qatari) retient en otage 7 diplomates algériens enlevés en avril 2012 au Nord Mali. L’Algérie reste donc un Etat clé dans la crise malienne – en tant que puissance régionale – mais elle hésite à  intervenir en raison de ses 1 300 km de frontière avec le Nord Mali dans une zone extrêmement difficile à  contrôler. Cela serait en effet prendre le risque de voir de nouveaux le terrorisme frapper sur son sol comme dans la décennie 1990. L’Algérie, comme les Etats-Unis et la France n’ont aucun intérêt au status quo dans le Sahel et si le Qatar y intervient, ces Etats pourraient réagir. Ainsi, vue la conjoncture régionale, il y a pour le Qatar plus à  gagner qu’à  perdre d’une intervention au Nord Mali. Cela est bien sûr vrai uniquement si pour les Etats-Unis et pour la France les nuisances de la crise maliennes dépassent leurs intérêts communs avec le Qatar, qui sont nombreux. Par Mehdi Lazar, géographe.

Mali: premières discussions directes entre pouvoir et groupes armés

Rendez-vous a été pris à  16H00 (locales et GMT) au palais présidentiel de Ouagadougou. Autour du président burkinabè Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), se retrouveront une délégation du gouvernement malien, conduite par le chef de la diplomatie Tiéman Coulibaly, et des émissaires d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes occupant le Nord malien, et de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Mais l’heure n’est pas encore à  des négociations de paix pour régler la crise dans le nord du Mali aux mains des islamistes qui en ont évincé en juin les rebelles du MNLA avec qui ils avaient mis en déroute l’armée malienne début 2012. Face à  une situation « critique », il s’agit pour l’instant de « trouver un cadre pour engager le processus de dialogue direct entre les parties », expliquait dimanche M. Compaoré. A la sortie d’un entretien lundi avec lui, le ministre malien des Affaires étrangères a également indiqué que la rencontre de mardi devait servir à  examiner « les possibilités d’amorcer un dialogue ». Il a surtout rappelé les lignes rouges fixées par Bamako à  toute négociation: respect de l’intégrité territoriale du Mali et du caractère laà¯c de l’Etat. Côté Ansar Dine, on se disait mardi prudemment prêt à  « écouter » les émissaires de Bamako. Ce mouvement essentiellement composé de Touareg maliens a, au moins dans son discours, fortement évolué sous la pression du Burkina et de l’Algérie, l’autre pays médiateur: il a dit renoncer à  imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, mais pas dans les zones sous son contrôle, et s’est déclaré prêt à  aider à  débarrasser le Nord du « terrorisme ». L’Afrique attend l’ONU pour un recours à  la force Il a ainsi pris ses distances avec les deux autres groupes islamistes contrôlant la zone, les jihadistes surtout étrangers d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avec qui il impose une version rigoriste de la charia. Marginalisé sur le terrain, le MNLA reste considéré comme un acteur-clé, d’autant qu’il a enterré sa revendication d’indépendance pour ne plus plaider que « l’autodétermination ». Sur cette base, « nous sommes aujourd’hui dans (une) disposition de négociation » avec Bamako, a indiqué à  l’AFP l’un de ses porte-parole, Moussa Ag Assarid. Les délicates discussions qui s’amorcent à  Ouagadougou ne font pas l’unanimité: certains acteurs politiques et de la société civile à  Bamako sont hostiles à  tout compromis. Mais si elles aboutissent, l’intervention militaire africaine actuellement en préparation devrait ne viser que les « terroristes », Aqmi et le Mujao. Les Nations unies doivent se prononcer en décembre. Après la Cédéao, le chef de l’Etat béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine, et le président tchadien Idriss Deby ont lancé mardi « un appel » à  l’ONU pour qu’elle autorise « d’urgence » le déploiement de cette force. Les dirigeants africains ont été très déçus par le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Tout en jugeant que la force serait « sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes » des groupes armés, il a averti des risques sur la situation humanitaire et les chances d’une solution politique. Quant à  Aqmi, il menace la France, qui soutiendrait logistiquement une opération armée, et ses alliés en Afrique. « Le Sahara sera un grand cimetière pour vos soldats », a lancé dans une vidéo son chef Abou Moussab Abdel Wadoud, alias Abdelmalek Droukdel, menaçant aussi la vie des sept Français otages dans la région.

Soutien aux femmes du Nord : le cri du cœur des femmes de la Cedeao

Pour manifester leur soutien et montrer leur ras-le-bol face à  la situation que vivent leurs sœurs des régions Nord du Mali, les femmes de l’espace CEDEAO (Communauté des Etats D’Afrique de l’Ouest) ont organisé, vendredi 30 Novembre, une marche à  Dakar. Sur initiative du Groupe de Travail, Femmes, Paix et Sécurité en Afrique de l’Ouest, cette marche a vu la participation de plusieurs organisations de la société civile, d’organisations internationales non gouvernementales, ainsi que des autorités sénégalaises. Il est 16h30mns quand une marrée orange arpente le boulevard du centenaire. Partis de la place de l’obélisque les marcheurs ont rallié la Radio Télévision du Sénégal (RTS). Ainsi on pouvait lire sur des pancartes entre autres slogans: « femmes d’Afrique de l’Ouest solidaires des femmes du Mali », « non aux violences faites aux femmes ». Les femmes des 15 pays de la CEDEAO ainsi que de la Mauritanie ont voulu, à  travers cette marche, manifester leur solidarité à  l’égard des femmes des régions nord du Mali. Ces femmes sont victimes d’exactions et autres supplices de la part des groupes islamistes qui occupent cette partie du pays depuis plusieurs mois. Dans une déclaration lue par la présidente du Groupe, les ouest-africaines ont lancé « un appel aux différentes parties en conflits de cesser les violences et exactions commises sur les femmes et enfants du Mali, d’entamer dans les meilleurs délais un dialogue inclusif, précurseur d’une négociation ouverte aux femmes ». Et la présidente d’ajouter « nous demandons à  toutes les femmes, organisées ou individuellement, de joindre leurs efforts et se mobiliser aux cotés des femmes du Mali ». La représentante du ministre sénégalais de la promotion de la femme et de l’enfant « a exigé aux autorités maliennes de protéger et de faire protéger les femmes ainsi que les enfants conformément aux traités internationaux qu’elles ont ratifiés». Les enfants n’ont pas été en reste. Ils ont, dans une déclaration, condamné toute forme de violences faites aux enfants. Après avoir remercié les femmes pour cette initiative, l’ambassadeur du Mali au Sénégal, Moulaye Ascofaré, a « rassuré les femmes que les autorités maliennes ont conscience de tout ce qu’ont enduré les femmes depuis le déclenchement de la crise ». Selon le plénipotentiaire « le gouvernement du Mali est en train de mettre tout en œuvre afin que toutes ces violences, exactions, privations ne soient plus que de mauvais souvenirs ». Il faut signaler qu’une troupe folklorique du pays joola du nom de « Koumpo » a animé la foule pendant et après la manifestation.

A Gao, des malades du Sida meurent…

Au moment o๠l’on s’apprête à  célébrer la journée mondiale de lutte contre le Sida, le 1er décembre, et malgré les efforts pour approvisionner les malades du nord en anti-rétro viraux (ARV), des cas de décès ont été signalés à  Gao. Selon le docteur Mahamadou Traoré de l’unité de soin et d’Appui conseil « USAC » de l’hôpital de Gao, à  la date du 31 Mars, 155 malades du SIDA étaient sous traitement à  l’hôpital de Gao. A la fin du mois d’Aout, ils sont passés à  111 contre 108 en juillet avec trois nouveaux cas enregistrés. Sur les 155 malades sous ARV, le médecin signale 4 cas décès et 40 portés disparus. « Certains ont été repérés dans les pays voisins tels que le Burkina, le Niger mais aussi a l’intérieur du Mali ». Dans le souci de retrouver ces malades, la Cellule Sectorielle de Lutte contre le Sida a mis en place une cellule dans toutes les régions de Mopti, à  Koulikoro en passant par Ségou, Sikasso, Kayes et Koulikoro. La malnutrition, un facteur aggravant Au nord du Mali, les conditions de vie de population se dégradent de jour en jour et les malades du Sida déjà  fragiles sont exposés à  une malnutrition sévère. Hamadoun Traoré, technicien supérieur du développement social à  Gao : « Les malades sont en manque de compléments alimentaires, et de vitamines, ce qui aggarave leur santé ». Avant la crise, on leur donnait 56 sachets de lait par semaine à  raison de 8 sachets par jour. Mais, aujourd’hui tout est arrêté au profit de la prise en charge des enfants de de moins de 5 ans », déplore Hamadoun Traoré. Pillages Quant aux médicaments comme l’Efavirenz, préconisé dans le traitement de ces malades, ils sont en pénurie. «Â La fureur des groupes armés dès leur entrée en ville n’a épargné personne, aison pour laquelle de nombreux des agents de la santé ont abandonné leurs postes, au détriment des malades ».  La pharmacie de Gao était elle dotée d’ARV pour une période de 4 à  5 mois avant l‘invasion…», ajoute le Dr Traoré. Sans compter le manque de personnel adéquat pour faire face à  l’effectif pléthorique des malades qui s’accroit de jour en jour. Pour pallier à  cette situation, le Secrétaire Général du Haut Conseil National de lutte contre le Sida (HCNLS), a assuré, lors d’une conférence de presse, tenue le 28 novembre, que des dispositions seront prises pour continuer l’approvisionnement en ARV.

Moussa Mara :  » Comment le Mali peut sortir gagnant des négociations ? »

A leur écrasante majorité, nos compatriotes sont hostiles à  toute négociation avec les forces occupantes du nord de notre pays. On les comprend, quand on sait à  quel point ceux qui se sont rebellés contre le Mali avaient été choyés par ce dernier. Quand on sait que ceux qui réclament à  cor et à  cri la charia sont bien éloignés de l’islam. Quand on sait que les terroristes et autres djihadistes n’ont pas d’agenda compatible avec celui d’un Etat moderne. Et surtout quand on sait le niveau de barbaries des exactions commises sur nos frères, sœurs, mères, pères, enfants…Mais nos compatriotes qui écoutent beaucoup leur C’œur en ce moment devraient se dire que la résolution de cette grave crise appelle de notre part une grande capacité de dépassement de nos douleurs légitimes, une bonne dose de patience et une profonde aptitude à  mettre la raison au dessus de la passion. Un adage de chez nous dit : «à  vouloir prendre immédiatement sa revanche après un coup, on risque un second coup » ou encore : «Â Le jour o๠on vous inflige une douleur n’est pas celui o๠il faut se rendre justice ». Nous devons apprendre la patience et nous organiser à  solder certains comptes plus tard. Nous devons apprendre la patience compte tenu de l’environnement international, de la réalité de nos forces et de l’inclinaison des grands de ce monde pour l’engagement de négociations pour accepter clairement de négocier le règlement du conflit. Accepter clairement d’aller aux négociations nécessite pour le Mali de se préparer afin d’en sortir vainqueur car les négociations sont aussi une confrontation o๠le mieux armé, le plus préparé, celui qui se donne les meilleurs atouts s’impose. Pour une fois, faisons en sorte que le Mali soit le vainqueur des négociations. Dans cette optique, nous devons nous doter d’une force efficace de négociation, nous fixer des objectifs précis à  atteindre pour dégager les moyens permettant d’y arriver et enfin nous organiser à  définir à  l’issue de ces négociations les contours du Mali de demain o๠vivront des populations dans l’harmonie, à  jamais débarrassé de toutes velléités de rébellion ! Nous doter d’une force de négociation ! Le Mali ne dispose pas encore de capacité de négociation. Nous nous bornons pour l’instant à  dire au médiateur ce que nous voulons et à  laisser ce dernier en tête à  tête avec certains groupes armés. Nous sommes absents de la scène, ce qui fait jouer au médiateur un rôle plus significatif que ce qu’il doit traditionnellement faire. Il faut sortir de cette situation le plus rapidement possible, en tout cas avant la fin de l’année 2012. La force de négociation de notre pays doit comporter deux caractéristiques : une reflétant la diversité des populations du pays et une autre comportant les compétences techniques appropriées pour ce genre d’exercice. Nous devons intégrer dans les discussions les communautés à  travers leurs leaders, les autorités religieuses et la diaspora pour sortir du «tête à  tête» avec certains acteurs, souvent les mêmes depuis vingt ans. Cela favorisera une plus grande appropriation populaire de futurs accords, décloisonnera quelque peu les communautés et les libérera de l’emprise de certains leaders n’ayant rien à  envier aux responsables féodaux du moyen âge en Europe. Le Président Modibo KEITA a souligné cet aspect dans une de ses interventions concernant le nord, la pertinence de ces propos demeure d’actualité près de cinquante ans après ! La force de négociation du Mali doit refléter les diversités ethniques du Nord. Il est même souhaitable que le responsable de l’équipe des négociateurs soit un représentant du Nord et si possible de la communauté touarègue. l’équipe de négociateurs de l’Etat doit également être suffisamment compétente pour mener à  bien les discussions avec des chances sérieuses de réussite. Elle doit être composite c’est-à -dire contenir des politiques, des administrateurs territoriaux, des historiens et des géographes, des hommes de culture et des traditionalistes, des spécialistes de la décentralisation et des reformes publiques, des experts des questions de ressources publiques et de finances publiques, des spécialités en matière de fonction publique et d’agents publics, des experts de reforme territoriale en particulier de processus ayant conduit à  la définition de statuts particuliers de zones en Afrique ou ailleurs, des spécialistes de droit public international, des experts des questions de répartition des revenus miniers, des spécialistes des questions de sécurité …. l’équipe doit travailler avec les objectifs énoncés ci dessous afin d’aboutir à  des accords évitant au pays des troubles ultérieurs. Nous devons mettre en place la structure de négociation à  l’occasion des assises nationales. Si ces dernières ne devaient pas se tenir, il est souhaitable que le chef de l’Etat en étroite concertation avec le gouvernement et les autres autorités publiques, mette en place cette structure qui devrait fonctionner comme une administration de mission, dotée des moyens nécessaires et rattachée à  la Présidence de la République. Les textes préciseront ainsi son organisation et ses modalités de fonctionnement afin qu’elle puisse être fonctionnelle d’ici la fin de l’année 2012. Elle travaillera en collaboration avec les autorités nationales et les éventuels accords à  conclure seront soumis à  celles-ci pour endossement et partage avec les différentes composantes de la nation. Nous doter d’une feuille de route de négociation ! l’équipe de négociation seule ne suffit pas à  sortir vainqueur de l’exercice. Nous devons nous fixer des objectifs, définir des moyens pour les atteindre et nous organiser en fonction de ceux-ci. Au préalable il convient de tracer des lignes rouges à  la négociation, lignes rouges à  ne jamais franchir pour ne pas tomber dans les mêmes errements que par le passé. Ces lignes rouges sont nettement plus importantes que les interlocuteurs pendant les négociations. Qu’importe celui qui est en face si nous obtenons ce que nous cherchons ! Les lignes rouges sont des éléments qui ne peuvent être discutés car substantiels d’un Etat responsable. Il convient de les noter pour ne jamais les remettre en cause ni de manière formelle ni par allusion. La laà¯cité de l’Etat est inscrite dans notre constitution et elle trouve son fondement dans la laà¯cité de la société malienne. Elle ne saurait être remise en cause ni globalement ni partiellement. Cela doit être clair et clairement indiqué. Le pouvoir central portant sur les aspects régaliens de l’Etat ne peut faire l’objet de négociation, aucune parcelle de cette autorité ne doit faire l’objet de transfert. C’’est le cas notamment de toutes les administrations régaliennes comme les affaires étrangères, la défense nationale, la sécurité nationale, la politique financière nationale et la justice. C’’est également le cas de la fonction publique nationale avec un même dispositif de gestion des agents publics quelque soit leur lieu de service ou le niveau d’exécution de leurs activités ou encore le niveau de paiement de leur rémunération. Le territoire ne sera évidemment pas un sujet de discussion. l’intégrité de notre territoire est un déterminant de notre indépendance nationale et de notre souveraineté internationale. Il en est de même du drapeau national et de l’hymne de la République. Au niveau des forces armées et de sécurité, leur déploiement sur l’ensemble du territoire national ne doit pas être négocié. C’’est un facteur de stabilité et un déterminant de souveraineté. Leur déploiement doit répondre à  des impératifs de sécurité intérieure, de défense nationale et de respect des engagements internationaux. Il ne doit en aucun moment être la traduction d’ententes politiques. Il en est de mêmes des forces de sécurité et des organisations paramilitaires de sécurité (gardes, forestiers, douaniers, protection civile…). Il peut être envisagé une police municipale, locale ou régionale pour des fonctions d’ordre civile ou de sécurité de niveau primaire. Cela peut être envisagé pour tout le pays donc pour le nord également. Nous devons aussi aborder les négociations avec l’objectif de ne pas répéter les mêmes erreurs que par le passé afin de jeter les bases d’une entente éventuelle qui évitera au pays les travers passés. Il ne faut plus constituer d’unités ethniquement homogènes dans l’armée ou dans d’autres corps de défense ou de sécurité. Dans la même veine, il n’est plus acceptable qu’une recrue décide de son lieu de service. Partout sur le territoire, un agent public doit pouvoir être déployé. Partout sur le territoire un citoyen doit se sentir chez lui. Encourageons la mobilité et la mixité pour accroà®tre l’intégration sociale du pays ! Toute recrue dans la fonction publique doit se faire au mérite. C’’est encore plus vrai pour l’armée et les forces de sécurité. A l’inverse toute mutinerie, toute rébellion d’un élément des forces de sécurité doivent entraà®ner sa radiation irrévocable des effectifs. Des mesures de désarmement, démobilisation et de réinsertion peuvent être envisagées mais pas la réintégration sous les drapeaux ! l’Etat doit avoir des sanctuaires et la défense et la sécurité en sont les premiers. Dans le même état d’esprit, toute faveur donnée, tout droit conféré doit avoir sa contrepartie. Il ne faut plus jamais donner l’impression aux rebelles qu’ils sont dans leurs droits en demandant tout et n’importe quoi sans contrepartie. Essayons de fixer des contreparties en termes d’efforts, de performances, d’actes à  poser allant dans le sens du renforcement du tissu social, de la lutte contre l’insécurité, de la génération de revenus…Ces actes de contrepartie sont à  quantifier de même que seront quantifiés tous les engagements de l’Etat pour faciliter les évaluations et les rectifications éventuelles. Nous devons enfin négocier avec l’objectif d’obtenir la justice pour toutes les exactions commises pendant ces périodes de trouble. Il faut penser évidemment aux soldats suppliciés d’Aguel HOC, aux viols commis sur des innocents et à  toutes les autres exactions quelques soient leurs auteurs. La réconciliation nationale, la reconstruction du tissu social et le rétablissement du vivre ensemble nécessitent aussi que la justice passe. Nous ne devons pas oublier cela. Si ces objectifs sont acquis à  la suite des négociations, le Mali peut s’estimer heureux. A contrario, si on cède sur l’un de ces éléments significatifs, on établira le lit pour de futures confrontations ! Les contours du Mali de demain : un objectif de la négociation ! Il est impérieux que le Mali sorte de cette période avec un Etat renforcé par la justice et l’équité entre les maliens, qui bannit à  jamais la féodalité et les citoyens de seconde zone au service d’une poignée de malfaiteurs nuisibles et profiteurs. Nous pouvons y arriver si nous nous armons de courage et si nous évitons d’être obnubilés par la fin des hostilités à  tous les prix. Nous en avons les moyens comme nous disposons aujourd’hui d’un corpus juridique, avec le dispositif de décentralisation actuelle, pouvant servir de base à  une plus grande autonomie accordée aux régions du Nord. La véritable issue souhaitable de la négociation ne sera pas de respecter les lignes rouges. Elle sera l’entente de tous sur les fondements du Mali de demain qui consacrera un vivre ensemble harmonieux pour tous les citoyens avec pour chacun des droits et devoirs à  respecter par tous. Ce sont ces fondements que nous devons poser. Les règles de coexistence entre les communautés avec la systématisation du recours aux valeurs socio culturelles et traditionnelles, aux modes traditionnels de règlement des conflits, le recours à  toutes les légitimités traditionnelles et religieuses, une place significative aux élus dans ce processus sont à  fixer pour que les différentes communautés du nord se parlent et travaillent à  l’établissement des contours d’une vie harmonieuse entre elles. Il est indispensable de fixer les grands axes qui délimiteront ce cadre de restauration des tissus sociaux au nord du Mali. Sur le plan institutionnel et politique, nous pouvons travailler à  donner plus de marge de manœuvre aux régions du nord avec un approfondissement de la décentralisation et de l’organisation des pouvoirs : un exécutif régional fort, choisi à  travers des élections pour mettre en place une assemblée régionale et un Président en charge du développement et de certains sujets complexes ou transférés par l’Etat (infrastructures, économie, énergie, enseignement supérieur…), en application du pacte national. Les communes et les cercles peuvent avoir de nouveaux domaines de compétences. Les régions collaboreront avec l’Etat dans la mise en œuvre de toutes les politiques sectorielles avec la prédominance de la règle de subsidiarité. Ce que l’Etat central peut mieux faire, il le conduit, ce que la région peut mieux faire, elle le conduit avec les ressources appropriées. Il peut également être envisagé l’accroissement de la marge de manœuvre des trois régions du nord avec un approfondissement de la répartition des ressources minières et minérales présentes et futures et donc une plus grande responsabilité en matière d’infrastructures et d’équipement. Pour les ressources présentes par exemple, on pourrait accepter un transfert avec une contrepartie et donner à  la région des chances d’accroà®tre les ressources à  son seul avantage, pour les ressources futures on pourrait accorder 50% des revenus nets à  la région avec des obligations en contrepartie. Il est envisageable de faire bénéficier les autres régions de ces reformes qui pourront se traduire soit par une modification de nos législations soit par la signature de contrats de plan entre l’Etat central et les régions dans la mise en œuvre des activités de transfert. l’Etat pourrait ainsi s’engager dans un transfert plus significatif avec une coresponsabilisation des régions, en particulier celles du nord. Ce transfert se traduirait par quelques innovations sur une période d’environ quinze ans (cinq ans pour le nord) : par exemple affectation du tiers des ressources du fond de péréquation au Nord (5 milliards de FCFA chaque année), Idem pour le fond d’investissement des collectivités (6 milliards de FCFA), transfert de tous les projets du Budget spécial des investissements destinés aux régions du nord sous l’égide des assemblées régionales (au moins 20 milliards de FCFA par an), accroissement des marges de manœuvre en matière de taxation (de niveau local et de niveau national) pour favoriser les initiatives dans ce domaine, adapter la fiscalité aux réalités locales avec un renforcement des capacités des administrations locales, transfert de certains impôts et taxes de niveau national et/ou de certains droits de douane pour permettre d’accroà®tre les marges de manœuvres des régions en rapport avec les transferts de compétences, accroà®tre les relations entre les établissements financiers et les collectivités pour favoriser le financement des activités. Nous pouvons également envisager des relations directes entre les partenaires techniques et financiers et les collectivités térritoriales, l’instauration de la possibilité des collectivités à  s’adresser directement aux bailleurs de fonds…Les possibilités existent. Il faut les mettre en œuvre et transférer aux responsables locaux le devoir de réaliser les conditions d’un mieux être pour les populations. Si on arrive à  approfondir la décentralisation au point de transférer aux collectivités de véritables moyens de réaliser leur essor, nous créerons une opportunité d’ancrage démocratique et d’édification d’un leadership plus sain dans ces zones et au-delà . Personne ne pourrait ainsi accuser l’Etat central de tous les maux. Il suffirait simplement de s’organiser pour accéder démocratiquement au pouvoir local et de travailler à  la réalisation de ses ambitions ! Le Mali a l’occasion de transformer la crise actuelle en opportunité pour sa démocratie, la crédibilité de son Etat, le renforcement de son armée, l’intégration de sa société et l’essor de son modèle social tant vanté ailleurs. Au tissu social fragmenté d’aujourd’hui pourrait succéder une société multiethnique, laà¯que, ouverte au monde mais fortement ancrée dans sa culture et ses traditions. A l’environnement actuel caractérisé par la prolifération de tous les trafics et de tous les comportements malsains pourrait se substituer un espace de convivialité, de paix et d’entente ou la sécurité est réelle, car ses premiers remparts sont les citoyens qui par leur attitude et leur aptitudes combattront fermement tout comportement fractionnaire et négatif. Nous avons l’occasion de réaliser cela. Par notre ferme résolution à  faire triompher la justice, l’équité, l’esprit de sacrifice, le goût de l’effort et par notre capacité à  régler nos désagréments quotidiens sans remettre en cause nos intérêts à  long terme ! Nous pouvons y arriver au terme des négociations qui sont annoncées, si nous avons l’intelligence nécessaire et l’engagement suffisant pour nous organiser vers ce but. C’’est ainsi que le Mali sortira gagnant des prochaines discussions, non pas contre des maliens mais pour nous tous ! Moussa MARA moussamara@moussamara.com

RDC: Les dirigeants des pays des Grands Lacs se réunissent

En raison de la situation qui règne en RDC en ce moment un sommet extraordinaire de la Conférence internationale sur les Grands Lacs (CIRGL), consacré à  la situation dans le pays, se tiendra samedi 24 novembre 2012 prochain à  Kampala. La présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini Zuma et le commissaire à  la Paix et la Sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra, participeront également au sommet. Il s’agira du cinquième sommet de la CIRGL depuis mi-juillet consacré à  la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu. Un projet de déploiement d’une force «neutre», censée éradiquer les divers groupes armés qui y sont actifs, est toujours en attente. l’ONU et la RDC accusent le Rwanda de soutenir le M23. Des experts de l’ONU ont récemment accusé également l’Ouganda de soutenir militairement cette rébellion. Kigali et Kampala démentent ces allégations. Mercredi dernier les présidents Joseph Kabila, Paul Kagame et Yoweri Museveni ont exigé à  Kampala que le Mouvement du 23 mars (M23) cesse immédiatement son offensive et se retire de Goma. Malgré cela, le coordinateur politique du mouvement rebelle, le pasteur Jean-Marie Runiga a exigé au préalable un dialogue avec le président Kabila avant tout retrait de Goma. Il s’est ensuite rendu à  Kampala sur invitation du président ougandais Yoweri Museveni. Dans un communiqué publié par Downing Street que David Cameron a clairement indiqué que la communauté internationale ne pouvait ignorer les liens du Rwanda avec le M23. Pour lui le président Kagamé doit démontrer que son gouvernement n’a aucun lien avec le groupe rebelle. David Cameron, a également appelé le président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila, et l’a encouragé à  travailler étroitement avec le Rwanda et l’Ouganda pour mettre en œuvre le communiqué commun signé mercredi.

Intervention militaire : le nord entre crainte et espoir

l’intervention de la force internationale au nord Mali se précise chaque jour un peu plus. Si chez les islamistes qui occupent ces régions depuis dix mois, C’’est la panique qui semble régner, du côté des habitants, la joie mêlée d’incertitude qui domine. La population se prépare à  faire face et met tout en œuvre pour minimiser les effets collatéraux. Abri et provisions A Gao comme à  Tombouctou, les habitants attendent avec impatience la venue des troupes étrangères qui doivent les libérer du joug des islamistes armés. Pour ne pas se retrouver démunis pendant le conflit qui pour eux est inévitable, ils s’organisent comme ils peuvent. Nombreux sont ceux qui ont préparé des cachettes pour leurs familles, avec le nécessaire pour survivre, eau et nourriture ainsi que des médicaments. Pour certains, C’’est l’option de l’exode temporaire qui prévaut. Des dizaines de familles ont encore quitté le Nord en car ou en pirogue ces derniers jours pour rejoindre les régions de Mopti et de Ségou ou encore les pays frontaliers. D’autres encore se préparent pour une traversée du fleuve. Ainsi, de Niafunké, cercle de Tombouctou, ils sont des dizaines à  se diriger vers Gourma Rahouss situé de l’autre côté du fleuve pour se mettre à  l’abri. « Nous réparons nos pirogues pour la traversée du fleuve avant l’arrivée des forces étrangères. On ne sait pas quelle tournure cette guerre prendra finalement » témoigne un habitant à  Niafunké. Dans cette partie forestière (Gourma Rahous) de la ville ou vivent une centaine d’éléphants, ce ne sont pas les endroits pour se cacher qui manquent. « Là -bas nous serons un peu en sécurité » ajoute notre interlocuteur. Panique chez les occupants Mais certains, des jeunes pour la plupart ont décidé de rester pour assister l’armée et la force extérieure pour la libéralisation de leur ville. « Nous préférons mourir par les balles que de continuer à  vivre l’humiliation avec ces bandits transformés en islamistes. Nous sommes en train d’acheter tout ce dont nous pourrons avoir besoin pendant trois semaines environs afin de les stocker pour les repas quotidiens » affirme un habitant de Tombouctou. A Gao, les informations circulent pour sensibiliser sur les mesures à  prendre en cas d’attaque et les lieux à  éviter, car cibles potentielles de bombardement. Pendant ce temps, la sérénité semble avoir abandonné le camp des occupants. Au sein des jeunes combattants du MUJAO comme d’Ansar Dine, la panique s’est installée et on s’affole au moindre bruit pendant que des avions de reconnaissance survolent sans cesse leur « territoire ». Bintou Touré raconte que « le mardi dernier un avion a survolé Niafunké. Les éléments de MUJAO et d’Ansar Dine présents se sont vite débarrasser de leur tenue avant de s’évaporer dans la nature ». Elle ajoute aussi que certaines familles commencent à  convaincre leurs enfants de quitter le Mujao qui s’effrite depuis l’annonce d’une intervention militaire.

Concertations nationales : les 26, 27 et 28 novembre à Bamako !

Les Concertations nationales au Mali se tiendront du 26 au 28 novembre prochain dans la capitale malienne Bamako, a indiqué samedi lors d’une conférence de presse le président de la commission nationale d’organisation desdites concertations, Pr. Oumar Kanouté. « Les Concertations nationales dont les dates ont été fixées par le Président de la République par intérim (Pr. Dioncounda Traoré, Ndlr) aux 26, 27 et 28 novembre 2012, sont prévues au Centre International de Conférences de Bamako (CICB) », a-t-il précisé. M. Kanouté a par ailleurs indiqué qu’il importe de « mentionner que ces assises nationales n’ont d’autre objectif que de trouver des solutions aux crises sécuritaire et institutionnelle affectant le Mali, les présentations faites par la Commission nationale d’organisation suivant essentiellement à  susciter le débat ». Celui-ci a précisé que « en tout état de cause, c’est aux Concertations nationales qu’il revient de faire des choix judicieux pour sortir le pays de cette situation de crise ». Dans ses explications détaillées, il a laissé entendre que « l’objectif général est de doter le pays d’organes capables de conduire le recouvrement de l’intégrité du territoire national afin d’assurer le retour et le fonctionnement régulier de l’Administration publique et d’organiser des élections démocratiques, transparentes et fiables ». Evoquant les objectifs spécifiques, M. Kanouté a fait savoir qu’ils « consistent à  convenir d’une feuille de route pour la période de la Transition ». La feuille de route comportera « l’Acte fixant les modalités d’ organisation et de fonctionnement de la Transition ; le délai et le chronogramme ainsi que les tâches opérationnelles à  accomplir par les différentes organes de la Transition ». En ce qui concerne l’ élaboration des différents documents (notamment les Termes de Références des concertations nationales, les communications sur les organes et la feuille de route de la transition), le conférencier a dit que « la commission nationale d’organisation s’est inspirée des contributions de Regroupements et Organisations et de personnes ressources (Familles fondatrices, Leaders religieux) » Celui-ci a précisé que l’organisation de ces assises qui vont enregistrer la participation de « 586 y compris le président des Concertations nationales, coûtera 78 millions de francs CFA ». Par ailleurs, selon M. Kanouté, la tenue des concertations nationales est attendue, vivement souhaitée par la communauté internationale notamment la CEDEAO et l’Union africaine.

Mali. Une intervention militaire qui n’est pas sans risques

« Cette intervention est nécessaire, parce qu’il est impossible de négocier avec les terroristes et les trafiquants de drogue. » Dans un entretien au Figaro, le président nigérien Mahamadou Issoufou, qui doit rencontrer mardi 13 novembre François Hollande, résume bien l’état d’esprit général. Application de la charia, destruction de mausolées, menace terroriste et prises d’otages par divers groupes islamistes armés dans le Nord-Mali excèdent une bonne partie de la communauté internationale, qui ne jure plus que par une intervention militaire pour que le Mali, débarrassé des jihadistes, retrouve son intégrité territoriale. Issoufou trouvera certainement une oreille attentive en François Hollande qui, comme son ministre de la Défense, semble pressé d’en découdre. Dimanche 11 novembre, l’idée d’une intervention a encore fait un pas en avant. Les dirigeants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) réunis à  Abuja (Nigeria) ont décidé d’envoyer une force africaine de 3 300 hommes. Une décision qui doit encore d’être entérinée par l’Union africaine et le Conseil de sécurité des Nations unies, le 26 novembre. Mais derrière cette unanimisme, certains s’interrogent, à  l’image de Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières : « Quand on s’engage dans un conflit, on allume des mèches qu’on n’arrive plus à  éteindre. » Et si le remède était pire que le mal ? Et si le conflit s’enlisait ? C’est que les risques existent, souligne le politologue Michel Galy. Militaires, d’abord. « Il semble qu’une partie de l’état-major français ne soit pas très enthousiaste », à  l’approche de l’intervention. Septicisme partagé par le haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), le général Carter Ham. En déplacement à  Alger, il a déclaré à  la presse que « la situation dans le nord du Mali ne p[ouvait] être réglée que de manière diplomatique ou politique ». Cela « traduit une pensée générale, il est facile de prendre les trois principales villes, Gao, Kidal et Tombouctou », mais tenir le désert est une autre affaire, explique Michel Galy. Chercheur à  l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Oumar Keà¯ta abonde : les forces qui tiennent le Nord sont « mieux préparées que les armées régulières de la Cédéao et elles connaissent le terrain ». Quant à  l’armée malienne, elle est mal équipée, démoralisée et rongée par des luttes intestines. Pour Michel Galy, qui évalue à  « 6 000 hommes armés » les troupes jihadistes et touaregs qui occupent le Nord-Mali, cela explique que l’aide d’autres pays, comme le Tchad et la Mauritanie, plus habitués au désert, ou encore de l’Afrique du Sud, ait été évoquée lors du sommet d’Abuja. Et si les combattants affluaient ? Relativement circonscrit, le conflit malien pourrait aussi prendre un tour nouveau en cas d’initiative militaire. Dans une tribune dans Libération en juillet, Oumar Keà¯ta rappelait que les dernières interventions extérieures n’avaient pas été de francs succès : « En Irak, en Afghanistan, au Congo, au Soudan et dernièrement en Libye, elles ont surtout conduit à  des guerres civiles prolongées. » Il souligne aujourd’hui qu' »il y a un risque d’engendrement de solidarités ethniques ». Des touaregs pourraient ainsi gagner le nord du pays depuis l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et même le Burkina Faso pour se battre contre un ennemi extérieur. En cas de conflit, ils ne seraient d’ailleurs pas les seuls à  affluer. Pour l’instant, le Mali n’a pas l’attrait de la Syrie pour les jihadistes, mais l’arrestation d’un franco-malien au Mali témoigne de l’intérêt que constituerait le pays à  l’avenir. Et si la menace s’éparpillait ? A l’inverse, si les jihadistes s’éparpillent dans les pays voisins sous la pression d’une force étrangère, « c’est tout le Sahel qui s’embrase », redoute Michel Galy. C’est d’ailleurs le souci numéro 1 de l’Algérie, qui craint de voir Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), hier Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), repasser la frontière. Pressé d’intervenir notamment par la France, Alger mène de front des négociations avec Ansar Dine. Le groupe islamiste malien est perçu comme interlocuteur acceptable par l’Algérie. Ansar Dine vient de se distinguer d’Aqmi et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) en proclamant son rejet du terrorisme. Finalement, avec le Burkina Faso, l’Algérie est « très en retrait » sur l’idée d’une intervention militaire, souligne l’ancien président de MSF Rony Brauman. Or, ce sont « deux Etats extrêmements importants » dans la sous-région. « Sans leur participation, la difficulté sera plus grande », souligne-t-il, jugeant de toute façon qu’on est « encore loin du compte ». Et si les Maliens se déchiraient ? Au sein du Mali, les difficultés sont encore plus inquiétantes, explique Oumar Keà¯ta. « Il y a des débats internes. Ceux qui sont du Nord et ont la peau blanche (Touaregs, Maures…) souhaitent la négociation. Ceux qui ont la peau noire veulent une intervention militaire », affirme Oumar Keà¯ta. Les risques de représailles ne sont pas à  négliger et l’hypothèse d’un nouveau conflit armé risquerait d’entériner une opposition entre le nord et le sud du pays, loin d’amener à  la réconciliation. De plus, au Nord-Mali, la présence des islamistes ne déplaà®t pas à  tous. Dans une région hier oubliée par Bamako, ils ont apporté un semblant d’ordre. Sans compter que les islamistes, soutenus par le Qatar selon le Canard enchaà®né, représentent une manne pour des jeunes désœuvrés. Maliens ou venus de la sous-région, ils toucheraient 3 800 dollars (3 000 euros) à  leur arrivée, selon Sahel Intelligence. En somme, avec « une population qui double tous les vingt-deux ans », dans une région délaissée par l’administration, sans ressources et soumise aux famines, rappelait Serge Michailof, enseignant à  Sciences Po dans une tribune dans le Monde (article abonnés), le « terreau social » est « désastreux ». Et s’il n’y avait personne pour diriger ? Au Sud, la situation n’est pas brillante non plus. Depuis le coup d’Etat de mars, le pays peine à  s’organiser. Le pouvoir se partage entre le président de transition Dioncounda Traoré, le Premier ministre de transition Cheick Modibo Diarra et le capitaine putschiste Amadou Sanogo. « Il faut une conférence nationale qui organiserait des élections pour 2013 », plaide Michel Galy. Et pour Rony Brauman, « ce n’est pas une intervention militaire qui permettra de régler la question de l’unité malienne, surtout quand on voit que le Mali est en faillite étatique. Prendre le contrôle du Nord alors qu’il n’y a pas d’instance de régulation, c’est faire reposer tout ça dans le vide ». Gaà«l Cogné

Djibril Diop :  » Alger sait que toute dérive aura un impact sur la Paix au Nord Mali »

Le Conseil de sécurité de l’ONU accorde 45 jours à  Bamako pour trouver une solution politique, sinon ce sera la guerre. Que peut faire Bamako, déjà  en position de faiblesse, face à  des adversaires à  tous les niveaux : les rebelles, les islamistes, la CEDEAO qui pousse à  la guerre, la France qui joue pour ses intérêts, Africom qui attend son heure, etc..? Djibril DIOP : Il est vrai que le Mali doit recouvrer aussi vite que possible son intégrité territoriale, mais la situation est complexe et les possibilités de dérives dans toute la région sont évidentes avec des conséquences incalculables dans l’espace et dans le temps. Il est vrai que le coup d’Etat du 22 mars et les différents atténuements entre les autorités maliennes dans un contexte d’une armée désorganisée, mal équipée et démotivée face à  des adversaires superarmés et motivés à  bloc, car pour eux, le jihad est une porte béante vers le Paradis, n’ont pas facilité la partie. Mais, peut-on se permettre de laisser s’installer dans cette autre partie du continent, une autre Somalie qui depuis 1991 sombre dans une déchirure indescriptible ? C’’est un peu maladroit de dire que le Conseil de sécurité a donné 45 jours à  Bamako pour trouver la solution politique, sinon ce sera la guerre ? Non, C’’est le Mali qui a fait la demande d’une intervention militaire et ce délai, C’’est pour réfléchir à  toutes les options possibles dont celle militaire. Il est vrai que la France et les Etats Unis ne veulent pas être en première ligne dans cette affaire, ce que je trouve un peu normal aussi, compte tenu que les pays africains sont les premiers visés par les conséquences d’adviendra l’implantation d’un à‰tat islamiste au nord du Mali. La CEDEAO l’a bien comprise. C’’est pourquoi cette mission est placée sous la responsabilité des à‰tats africains même si la résolution a été initiée par la France. Car compte tenu du fonctionnement des Nations unies, C’’était un impératif que la résolution soit parrainée par un des 5 membres permanents du Conseil de sécurité. Il ne faut pas en faire une lecture que la France veut faire sa guerre par procuration, par l’intermédiaire des Africains, mais plutôt face à  la faiblesse des à‰tats africains faisant face seuls à  un tel défi. [b l’Algérie a toujours privilégié une solution politique négociée inter- Malienne. Mais là , les choses semblent très compliquées. Pourquoi ? l’Algérie qui n’a pas encore fini de panser cette page douloureuse de la décennie de feu, n’enverrait certainement pas de troupes vers le nord du Mali pour combattre AQMI et les autres groupes islamistes, mais les autorités algériennes savent parfaitement que toute dérive dans le traitement de ce dossier, peut avoir un impact fâcheux sur la paix précaire qui semble régner dans le pays. Par ailleurs, pour dialoguer, il faut avoir un interlocuteur réceptif et aussi ouvert au dialogue et bien identifier ses interlocuteurs. Mais dans cette histoire, on doit dialoguer sur quoi, avec qui et pour quelle fin ? certes, les Touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad ont renoncé à  leur idée de départ, à  savoir la partition du pays, mais aujourd’hui, ils ne contrôlent presque rien, car ils ont été évincés depuis juillet par leur alliés les islamistes d’Ansar Eddine. Peut-on négocier sur la partition du Mali, peut-on aller vers une disposition d’un pays à  deux systèmes en permettant l’installation d’un régime islamiste au nord prônant et appliquant la Charia et de l’autre un régime laà¯c ? Quel avenir pour la région si l’on tolère une telle chose ? Je pense que la réponse à  cette question est loin d’une affaire malio-malienne. C’’est toute cette région d’Afrique qui est ciblée. Donc, cela ne peux être négocié uniquement entre Maliens, d’autant plus que beaucoup de mouvements islamistes qui occupent cette partie du Mali, ne sont pas uniquement constitués de Maliens, mais bien par d’autres nationalités. Alger a misé sur Iyad Ag Ghali, ancien diplomate et ancien signataire des «Accords d’Alger» de 2006. Or, la France considère son groupe, «Ansar Eddine», comme une entité terroriste, et semble pousser vers un blocage de la négociation politique… Il est vrai qu’aujourd’hui, ce groupe initialement constitué essentiellement de tribus Toureg au nord Mali, veut se démarquer d’Al-Qaà¯da au Magrheb Islamique, mais par essence, il reste un groupe islamiste prônant un islamisme rig