Diango Cissoko sur RFI: «La réconciliation est indispensable pour rétablir l’unité du Mali»

Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement ressemble finalement beaucoup au précédent. Qu’avez-vous voulu privilégier dans votre équipe ? Il y a l’efficacité et la représentativité. Il fallait un gouvernement d’union nationale inclusif, mais o๠les nominations sont fondées sur la compétence et l’intégrité. Qu’allez-vous dire à  vos ministres prochainement ? C’’est le président de la République qui va s’adresser au gouvernement, lors du prochain Conseil des ministres. Et ce sera, probablement, mercredi prochain. Quant à  moi, je recevrai les ministres au cours d’un conseil de cabinet mardi 17 décembre. Nous allons conduire une action, tenant compte de l’ensemble des préoccupations de notre pays. La mission principale du gouvernement de transition, C’’est la récupération du nord de notre pays et l’organisation d’élections crédibles. Mais, concomitamment, nous sommes chargés de traiter les problèmes quotidiens des Maliens. Prenons, justement sur ces deux missions, le cas des élections. Pensez-vous qu’il peut y avoir des élections organisées avant la fin de la transition, c’est-à -dire avant le mois d’avril ? Les élections seront organisées dès que possible. s’il nous faut organiser des élections crédibles, il ne faut pas organiser des élections à  l’issue desquelles une crise postélectorale va éclater. Mais il peut y avoir des élections organisées avant une intervention militaire dans le Nord ? Pourquoi pas ? Sous-entendu, des élections avec les réfugiés dans les camps, avec les déplacés dans le Sud ? Avec les réfugiés dans le camp, avec les déplacés dans le Sud, mais avec nos populations qui sont restées sur place à  Gao, à  Tombouctou et à  Kidal. Comment faire pour ça ? Il nous faut sécuriser les grandes agglomérations du Nord ! On ne peut pas organiser d’élections sans les grandes agglomérations du Nord ! Sinon, ce serait consacrer même la partition de notre pays ! Une intervention militaire malienne est-elle imaginable avant l’intervention internationale ? Dès que nous en aurons les moyens, si l’intervention militaire est indispensable, nous la mènerons. Avant même l’intervention africaine ? Pourquoi pas ? Eventuellement. l’armée malienne est en train de se préparer. Et dès qu’elle sera prête, nous évaluerons la situation, si nous devons intervenir seuls ou avec les forces de la Cédéao (Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest) notamment. Et nous comptons beaucoup sur la communauté internationale pour nous accompagner et sortir de cette crise. Dans le gouvernement, les principaux postes ministériels, de la Défense, de l’administration territoriale, et de la Justice, sont toujours détenus par des proches de l’ex-junte. N’est-ce pas gênant ? à‡a ne me gêne aucunement. Le gouvernement est une équipe collégiale solidaire. Surtout solidaire ! Et le chef du gouvernement dirige et coordonne l’action du gouvernement. Ces prérogatives, je les exercerai pleinement. Donc C’’est clair, le chef du gouvernement C’’est vous. Ce n’est pas le capitaine Sanogo ? Non ! Le capitaine Sanogo n’est même pas membre du gouvernement ! Le chef du gouvernement C’’est moi ! Et le gouvernement exercera ses prérogatives, évidemment, sous l’autorité du président de la République ! Que répondez-vous à  tous ceux – l’Union africaine, l’Union européenne, les Etats-Unis – qui demandent aux militaires de ne pas s’immiscer dans le processus de transition au Mali ? Moi, je n’ai pas le sentiment que dans les missions du gouvernement, les militaires s’immiscent de façon à  troubler le cours de la transition. Mais je ne néglige pas ce qui a été dit. Maintenant je viens de prendre la tête du gouvernement, J’apprécierai chaque acte qui sera posé par les uns et les autres. Vous avez condamné la façon dont Cheick Modibo Diarra, votre prédécesseur, a été obligé de démissionner ? Condamné… La question ne m’a jamais été posée. Je vous la pose. Vous me la posez… Ce n’est pas orthodoxe, ce qui est arrivé. C’’est ce que je peux vous dire. On parle des missions. Vous allez commencer par quoi ? J’ai reçu toute la journée les forces vives de la nation. Vous avez leur soutien ? J’ai leur soutien unanime et sans aucune réserve ! C’’est fondamental pour la suite. Croyez-vous à  un dialogue possible et des négociations avec le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) et Ansar Dine ? Le dialogue est indispensable ! Nous sommes entre Maliens. Qu’il y ait un dialogue des Maliens qui ne partagent pas la même vision de la gouvernance de notre pays, C’’est tout à  fait normal, et nous engagerons le dialogue dès que possible. Il aura probablement lieu au Mali. C’’est un souhait de votre part ? C’’est un souhait de ma part et je ferai en sorte que ce souhait soit suivi par les décideurs. Est-ce que dans ce dialogue vous allez intégrer l’ensemble des communautés du Nord, c’est-à -dire pas uniquement les groupes armés, mais aussi les Peuls, les Songhaà¯s ? Mais bien sûr ! Bien sûr ! La réconciliation, elle est indispensable ? Elle est indispensable ! Incontournable, pour rétablir l’unité du Mali, l’intégrité territoriale du Mali ! Nous sommes un pays aujourd’hui en grande difficulté. Les trois quarts de notre pays sont occupés par des bandes armées. Notre démocratie est menacée. Mais le Mali, dans ce genre de situation, a toujours su trouver les ressources nécessaires pour rebondir. Je suis convaincu que le Mali rebondira.

Au sommet Africités, les élus du Nord Mali haussent le ton

Saidou Diallo, maire de Gao s’est lui révolté : «Â  Je ne suis pas venu à  Africités pour suivre le développement local mais pour interpeller les Maires, lancer un appel à  l’union. Aidez-nous à  libérer le nord ! Tous ceux qui feront des rapports à  Ban Ki Moon, qu’ils sachent que si on avait le moyens, nous aurons ligoté les bandits armés avant l’aube… Aidez-nous à  libérer le nord ! » l’ancien président directeur de l’ANICT, Mohamed Ag Erlaf moins passionné, s’est demandé : «Â Comment faire pression sur le gouvernement du Sud pour que le minimum vital soit assuré aux populations du nord sous occupation ? ». Saleh Touré, maire de Bara, une localité entre Ansongo et Gao, a lui rappelé la souffrance des habitants : «Â  Nous avons tout vu. Nous commençons même à  accepter les 60 coups de fouets lorsque nous somme pris à  fumer une cigarette. Vous voyez le quotidien des populations du nord ? ». Quant à  Oumou Sall Seck , maire déplacée à  Bamako de la Commune de Goundan, dans la région de Tombouctou, elle déplore l’état de dégradation de sa ville, après le passage du Mujao : «Â  Il faut que nos amis ici le sachent, ils sont venus chez moi, ont pris les photos au mur, troué mes yeux dessus. Ils ont agressé mes filles, mes cousines. Je demande une intervention au nord. A ceux qui ne le savent pas, le Mali est bel et bien divisé. Moi J’ai un frère dans la rébellion et s’il a commis des actes, il devra être jugé. Si aujourd’hui, on nous laissait faire, nous les femmes, nous allons nous former, et faire la guerre à  ses gens ! ». Et pour ceux qui ont à  C’œur la paix, au Mali, ils ont réaffirmé leur soutien au Mali, o๠ils souhaitent voir le retour d’une paix durable dans un pays, véritable poudrière d’un probème sous régional, mais aussi mondial, comme l’a réaffirmé une Malienne de Paris : «Â  Si nous n’agissons pas, ce problème un jour arrivera jusqu’en Europe ! » Voilà  quelques unes des interventions fortes de cette réunion, modérée par Boubacar Bah, maire de la Commune V à  Bamako et qui sera sanctionnée par la déclaration de Bamako. Un participant dans la salle a même conclu, très au sérieux, «Â  : je crois que nous devrions vraiment l’envoyer à  Ban Ki Moon…

Banques : comment la BIM SA résiste à la crise malienne

La Banque internationale pour le Mali, BIM SA, a été rachetée en 2009 par le groupe marocain, Attijari wafa Bank group avec l’optique de devenir une banque référence au Mali. Aujourd’hui comment la banque résiste avec la crise qui frappe le Mali ? Journaldumali.com : Comment se porte aujourd’hui votre banque ? Aissata D. BA : Malgré le nouvel environnement dans lequel nous évoluons, la banque poursuit normalement ses activités tendant à  la positionner en tant que «Â Banque de Référence » pour tous les maliens. En effet, depuis l’arrivée du Groupe comme actionnaire majoritaire du capital de la Banque en 2008, ce dernier a, à  ce jour, non seulement respecté l’ensemble de ses engagements contenus dans le cahier de charges mais aussi mis à  la disposition de sa filiale les moyens adéquats pour contribuer au développement économique du Mali et veiller à  l’épanouissement de ses collaborateurs sans occulter les intérêts de ses actionnaires. «Â La passion du client » en optique, la BIM s.a. a continué son extension pour toucher toutes les cibles et secteurs du tissu économique afin de pourvoir aux besoins sans cesse accrus de ses clients. Elle se targue de détenir aujourd’hui le plus dense réseau bancaire sur le territoire du Mali. Un mode agence alliant confort et convivialité pour la clientèle a été initié au sein du réseau pour une prise en charge efficiente des opérations bancaires et une célérité dans leur traitement. Trois (3) de nos grandes agences ont été érigées en succursale dotées de toutes les commodités en la matière, à  savoir : Bolibana, Agence des Maliens de l’Extérieur et «Â Agence Seydou Traoré ». Le parc de 47 guichets automatiques complète ce dispositif de proximité tout en étant conforté par l’opérationnalité des cartes VISA et MASTERCARD pour toute opération de retrait. La BIM s.a. est même la seule à  disposer de cette prestation de MASTERCARD sur ses GAB. Un effet induit de cette proximité est ainsi notre participation appréciable à  l’effort de bancarisation prônée par les plus hautes Autorités monétaires, le nombre de nos clients progressant d’année en année de l’ordre de 30%. Des offres innovantes en produits ont enrichi le paysage à  destination des différents acteurs de notre économie : Ménages, Petites et moyennes entreprises, Grands groupes et Sociétés d’Etat sans oublier la Diaspora tels : le Crédit Express, les Packs BIM s.a., la bancassurance, Bim études… Pour la clientèle «Â Entreprises » ou «Â Corporate » de notre fonds de Commerce, composée de grands groupes nationaux et internationaux, très exigeante en terme de qualité de services, fiabilité, célérité, réactivité …, une attention particulière lui est accordée d’o๠des services personnalisés comme des financements structurés, des solutions sur mesure, du e-banking, des opérations à  l’international, des gestions de flux ou de placements ; l’automatisation de certains flux comme les virements des salaires du personnel ; les règlements des fournisseurs ; les conventions de partenariat pour le financement des salariés ; les marchés financiers et de capitaux… Les PME/PMI dotées d’une entité spécifique à  leur écoute, bénéficient de conseils et appuis dans le choix des financements adéquats et dans le montage des dossiers de crédit, le tout adossé à  la souplesse et diligence de nos instances décisionnelles dans le traitement desdits dossiers. En tout état de cause, même si toutes les banques alignent des produits similaires, la différence apparaà®t à  leur adaptation au contexte, à  la clientèle ciblée et à  la manière de les approcher. En notre qualité de banque universelle et citoyenne, nous œuvrons en réel vecteur du développement économique et social au profit des acteurs installés sur le territoire malien à  travers bon nombres de sponsorings tout en améliorant notre plate-forme afin d’assurer à  la banque une croissance durable. Concernant la synergie Groupe et à  l’instar des autres filiales, la BIM s.a. assure actuellement le relais du Groupe Attijariwafa bank qui s’attèle à  promouvoir la coopération Sud-Sud afin de développer les relations d’affaires entre nos différents opérateurs économiques via, entre autres, des forums tel celui «Â Afrique Développement ». En marge, les opérateurs peuvent approfondir leur partenariat dans des BtoB. Journaldumali.com : Quel peut être l’apport de la BIM s.a. au Mali en cette période difficile ? Nous mettons tout en œuvre pour amoindrir l’impact de la situation socio-politique que traverse le pays sur le paysage économique. Néanmoins, nous avions dû, à  l’instar de tout le système bancaire, fermer bon nombre de guichets du Nord jusqu’à  Markala pour des mesures de sécurité et ce, sur décision collégiale au sein de l’APBEF (Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers). Actuellement, à  l‘exception des agences de Gao, Tombouctou et Douentza, toutes les autres agences sont opérationnelles depuis le 01 Août 2012 suite à  une nouvelle décision collégiale prise au sein de la même APBEF. Les dispositifs d’accompagnement demeurent pour ne pas pénaliser notre clientèle, notamment celle des sites sous occupation tels le paiement des salaires sur place; la prise en charge des opérations de la clientèle déplacée, leurs interlocuteurs ayant été redéployés dans les autres agences de la banque ; la disponibilité de liquidité suffisante ; la réalisation des opérations de transferts à  des coûts abordables ; une équipe commerciale dédiée et à  l’écoute de cette clientèle… Néanmoins, les salaires et charges sociales des agents déplacés/agences du Nord ainsi que les charges incompressibles sont honorées à  bonne date et continueront de l’être malgré la fermeture de ces agences. Journaldumali.com : Quelles sont les perspectives pour votre Banque ? En termes de perspectives, la BIM s.a. n’aura de cesse d’être une «Â Banque de Référence » pour tous les maliens, diaspora incluse. Elle se veut être leur portail d’entrée au Mali en matière bancaire d’autant que le réseau vaste du Groupe Attijariwafa bank, présente dans plus de 20 pays, se révèle être un atout indéniable avec son corollaire de produits propres à  cette cible et son expérience dans la satisfaction de leurs besoins. La BIM s.a se veut de poursuivre et innover son offre alliée à  une gamme de moyens de paiement et à  la bancassurance. Nous entendons accroà®tre notre politique de proximité par l’ouverture de nouvelles agences dans les zones non encore suffisamment desservies et dont le besoin réel est avéré en la matière, soutenant de ce fait le rehaussement de la bancarisation et le développement économique du pays. La Banque s’inscrit, par ailleurs, dans la promotion des compétences locales via une formation interne, externe et échanges intra-groupe, leur nomination à  des postes de responsabilités d’o๠leur contribution à  la définition de la stratégie de la Banque. Précisons que nos collaborateurs ont fait montre de leur capacité à  assumer ces prérogatives. Aussi, un Code de déontologie alliant nos valeurs nationales et celles du Groupe a été adopté et régit désormais les rapports au sein de notre Institution pour une culture d’entreprise en symbiose avec les valeurs socioculturelles du pays. La banque dénombre à  ce jour plus de 400 collaborateurs contre 280 en 2008, lors de la prise de participation du Groupe Attijariwafa bank dans notre capital. En définitive, notre devise est de placer «Â Le client » au centre de nos préoccupations quotidiennes. Ce dernier doit trouver dans notre Etablissement toute l’attention et l’écoute nécessaires à  la satisfaction de ses besoins ainsi qu’une qualité de services en perpétuelle amélioration pour répondre à  ses attentes.