Dialogue des générations: le professeur Aly Nouhoun Diallo ouvre le bal

La maison de la presse de Bamako a accueilli ce samedi 8 août la toute première édition de l’émission Dialogue des générations animé par Ibrahim Coulibaly dit IC. Le professeur Aly Nouhoun Diallo, 77 ans et médecin a été le premier invité de cette émission. D’entrée de jeu, IC rappèlera que cette émission a pour objectif d’alimenter le dialogue entre les différentes générations notamment celles d’antan et celles d’aujourd’hui. Fils de berger et de bergère, le professeur Aly Nouhoun Diallo dira qu’il a été confronté à  de nombreuses difficultés avant de prendre le chemin de l’école. Son père qui a l’époque souhaitait le voir conduire le troupeau lui conseilla de faire toujours le contraire de ce qu’on lui conseilleraità  l’école des blancs. Quant à  sa mère, Aly Nouhoun Diallo témoignera qu’elle a tout mis en œuvre pour qu’il devienne ce qu’il est aujourd’hui. Lauréat de la faculté de médecine de Paris, ce médecin de renom et ancien président de l’Assemblée Nationale du Mali assure que lorsqu’il était étudiant, il était également militant. Cependant, en faisant la comparaison entre le mouvement syndicaliste d’aujourd’hui, il dira qu’à  l’époque « nous n’admettions jamais les déviations de l’AEEM car nous luttions afin que la vie syndicale ne prenne pas le dessus sur les études ». Quant à  l’éclatement de la fédération du Mali, il dira que la prise de position de l’ancien Soudan lors de la guerre algérienne, la volonté de créer une monnaie malienne etc. étaient les signes avant coureur de cet éclatement. Tout au long du dialogue, le professeur Aly Nouhoun Diallo refusa d’aborder le sujet sur l’ADEMA-PASJ, son parti politique car déclarera t-il, les linges sales se lavent en famille. Pour conclure, le professeur Aly Nouhoun Diallo reviendra sur l’attaque du vendredi à  Sevaré. Pour lui tous devront apprendre à  utiliser les armes afin de défendre la république en temps opportun car argumentera t-il les jeunes doivent prendre leur responsabilité en se sentant concerné par la situation actuelle. « Vous jeunes si j’étais encore jeune, j’aurais rejoins la résistance et défendre mon pays plutôt que de jeter la faute sur tel ou tel » a-t-il avoué avec fierté. Le prochain rendez-vous de l’émission dialogue des générations est prévu pour le mois prochain.

Ali Nouhoum Diallo : « Le gouvernement malien n’assume pas les vrais résultats du bac »

Pour jeuneafrique.com, ce professeur retraité de la Faculté de médecine de Bamako revient sur la crise du système éducatif malien et sur les réformes visant à  la résoudre. Depuis le Forum national sur l’éducation en 2008, le Mali a mis en œuvre une série de réformes de son système éducatif comme l’introduction de nouvelles matières aux examens, la suppression du Certificat d’à‰tude Primaire (CEP) ou encore l’adoption d’un calendrier commun d’épreuves avec les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Des efforts qui ne suffisent pas, selon Ali Nouhoum Diallo (73 ans), à  résoudre les problèmes de fond du système éducatif malien. Jeuneafrique.com : Recommandé par le Forum national sur l’éducation au Mali, l’introduction du système « Licence-Master-Doctorat » (LMD) au niveau du supérieur a beaucoup perturbé les cours cette année au Mali. Le pays est-il prêt pour ce système ? Ali Nouhoum Diallo : Les perturbations des cours sont dues à  un manque d’autorité de l’à‰tat vis-à -vis des étudiants à  qui on a donné tous les pouvoirs. Quant à  la grève des enseignants, elle vise les conditions matérielles de vie et de travail. J’aurais préféré que les professeurs acceptent d’abord la mise en place du système LMD, comme dans toute la sous-région. Pour, ensuite, plaider : « puisqu’on a le même niveau et que nous subissons les mêmes épreuves, nous demandons que nos salaires soient alignés sur ceux de la sous-région ». La suppression de l’examen du certificat d’à‰tude primaire (CEP), au niveau de la sixième année est-il une bonne chose selon vous ? La surpression d’une évaluation n’est jamais une bonne chose en soi, la vie scolaire est une course. Personnellement J’aurais conservé le CEP. Je crois que ce sont des considérations économiques qui ont prévalu dans ces réformes. Comment expliquer et remédier au manque de formation des professeurs ? Le problème vient du fait que beaucoup d’enseignants ont choisi ce métier seulement parce qu’ils n’avaient pas la possibilité d’embrasser d’autres carrières. Un enseignement délivré par des professeurs faiblement qualifiés est insuffisant pour éduquer et former les élèves : il ne peut aller au-delà  de l’alphabétisation. C’’est pourquoi il faut multiplier les écoles normales supérieures de formation des enseignants afin que tous ceux qui y sont passés soient ensuite recrutés directement au sein de la fonction publique, avec un indice salarial élevé. Aujourd’hui, une bonne partie des Maliens se demandent à  quoi peut bien servir le savoir. à€ commencer par le président de la république, Amadou Toumani Touré. On se souvient de sa déclaration, lors de la pose de la première pierre du Canal qui relie la ville de Kabara à  Tombouctou en 2006 : « faire de la politique, C’’est résoudre le problème des hommes et pour ça, point besoin de faire l’à‰cole polytechnique, la Sorbonne, Francfort, Harvard… ». C’’est un discours qu’un chef de l’à‰tat ne doit pas tenir s’il vise l’excellence de son système éducatif. Selon vous, pourquoi aujourd’hui les élèves et les étudiants maliens n’ont-ils pas le même niveau que ceux de l’ancienne génération ? Ma génération a eu la chance de sortir de l’école William Ponty au Sénégal. Les maà®tres qui y ont enseigné avaient la vocation et la passion du métier. à€ l’époque dans la hiérarchie des fonctionnaires, les enseignants étaient les plus respectés. N’embrassaient cette carrière que les majors de promotions. Ils s’appelaient Mamadou Konaté, Modibo Keita, Mahamane Alassane Haidara, Fily Dabo Sissoko. Comment analysez-vous les résultats du bac 2011 ? J’ai reçu les documents mais je ne les ai pas encore consultés. Je peux simplement dire que 31,46% d’admis au bac ne reflète pas la réalité des résultats. Selon tout ce qui me parvient en tant qu’ancien responsable de ce pays, et de sources très sûres, C’’est que la proclamation des résultats a été soumise à  l’autorisation des décideurs du pays. La vérité est que les professeurs ont délibéré, mais que le gouvernement s’en est mêlé parce qu’il ne pouvait pas assumer les vrais résultats du bac. La consigne a donc été de repêcher les candidats. Se demander quels résultats seraient politiquement corrects est une mauvaise attitude. Seules les considérations académiques et universitaires devraient avoir droit de cité à  l’école. _____________ Propos recueillis à  Bamako par Baba Ahmed

Déclaration de la Coordination Malienne des Organisations Démocratiques (CO.M.O.DE.)

Nous publions l’exclusité de ce document d’analyse et de prospection. A lire ! La situation socio-économique et politique de notre pays est aujourd’hui très préoccupante. Elle se caractérise notamment par : la cherté de la vie, l’insécurité dans le nord du pays, mais également dans les centres urbains, par les spoliations foncières, la corruption, la persistance de la crise de l’Education, le chômage des jeunes. • Malgré les exonérations distribuées à  tour de bras à  certains opérateurs économiques, les denrées de 1ère nécessité (le lait, le sucre, l’huile le bois de chauffe, le charbon, le gaz butane) restent inaccessibles pour une large majorité de la population qui s’enfonce davantage dans la misère. Ils sont nombreux, les Maliens qui ne sont pas en mesure d’assurer à  leur famille, les trois repas quotidiens. Cette situation ne semble pas émouvoir outre mesure ces opérateurs économiques, prédateurs de l’économie nationale, soucieux de préserver la situation de rente, et les privilèges indus dont ils jouissent avec arrogance. Les plus connus d’entre d’eux (qui sont également des responsables politiques) viennent de décerner avec fanfare et trompette au Président de la République dont ils se réclament, une médaille à  coût de plusieurs centaines de millions de nos francs. Les Maliens ne sont pas dupes et ont compris le sens de cette «reconnaissance». • Progressivement le Nord Mali devient une zone de non-droit livrée aux narcotrafiquants parfois envahi et occupé par des armées étrangères. Que deviennent la souveraineté nationale et la défense de l’intégrité territoriale ? Nos centres urbains, en particulier la capitale, autrefois, réputés pour leur sécurité sont devenus la proie des brigands qui sont mieux armés que nos policiers et nos gendarmes. Dans ces zones, les populations ne dorment que d’un œil, tant leur anxiété est grande. • La corruption, qui se manifeste sous diverses formes et gangrène tous les secteurs de l’Etat, constitue une des entraves majeures au développement socioéconomique de notre Pays. • Quant à  la spéculation foncière, elle prospère au mépris des lois et règlements de notre Pays, au grand dam d’honnêtes citoyens, victimes de spoliateurs, véritables prédateurs insatiables, et hélas, assurés de l’impunité. Nos pouvoirs publics sont plus que jamais interpellés : il est plus que temps de passer du discours bien rodé, aux actes, et mesures énergiques pour mettre fin au calvaire des populations confrontées aux diverses formes de spéculations. • La persistance du chômage des jeunes (diplômés, ou non) dans les milieux urbains et ruraux malgré les initiatives prises par les pouvoirs publics reste un véritable cauchemar. Cet état de fait conduit au désespoir et annihile toute possibilité de relève. • Malgré les efforts considérables d’investissement consentis par les gouvernements successifs au bénéfice de l’école, et les nombreuses concertations autour de la question de l’éducation en général et de la crise scolaire en particulier, un malaise profond persiste chez tous les acteurs de l’école : de lourdes menaces continuent de planer sur l’année universitaire et suscitent angoisse et désespoir chez les élèves et étudiants. l’espace scolaire et universitaire renoue avec l’agitation et la violence : en témoignent, les évènements récents survenus dans les lycées de Gao et Kita. En outre, à  cette date, les inscriptions continuent pour les 1ères années des facultés, tandis que les autres niveaux n’ont pas encore validé l’année académique 2009/2010. • Au regard de tout ce qui précède la CO.M.O.DE, rappelle que C’’est avec le sang des jeunes, des femmes et des hommes de ce pays que la constitution du 25 février 1992 a été écrite. Notre Loi Fondamentale consacre le régime républicain dans tout son attribut, elle inscrit les élections comme la forme la mieux appropriée d’expression démocratique, ouvrant la voie à  l’alternance politique. Désormais le pouvoir échappe à  toute forme de «patrimonialité personnelle». Aussi la bonne gouvernance, l’amélioration des conditions de vie des populations constituent des axes majeurs de la Révolution du 26 mars 1991. Elle engage donc les pouvoirs publics à  : -/ prendre des mesures urgentes efficaces et pérennes permettant de pallier à  la cherté de la vie. -/ accélérer la mise en œuvre de politiques volontaristes vigoureuses pour combattre le chômage des jeunes. -/ équiper et à  former nos forces armées et de sécurité afin qu’elles puissent accomplir dignement leur mission de défense de l’intégrité territoriale. -/ prendre des mesures énergiques pour une application stricte de la loi pour enrayer le fléau de la corruption et de la délinquance financière. -/ mettre fin au règne de l’impunité afin de préserver les intérêts des plus faibles, en rétablissant dans leurs droits les victimes des spoliations foncières. -/ dynamiser les cadres de dialogue et de concertations autour de la crise scolaire en rétablissant la confiance entre acteurs de l’école (syndicats d’enseignants, d’élèves et étudiants, parents d’élèves et gouvernement) et en accélérant la mise en œuvre des recommandations issues des différentes concertations. A cet effet, il importe que tous les protagonistes respectent les engagements auxquels ils ont souscrit afin d’atteindre l’objectif commun de Refondation de notre système éducatif. La CO.M.O.DE réaffirme sa fidélité aux idéaux du 26 Mars 91, et son attachement à  la mémoire de tous les martyrs de la lutte pour l’indépendance du Mali, pour la démocratie et le progrès social. Elle restera mobilisée pour la sauvegarde et la consolidation des acquis de la REVOLUTION du 26 MARS 1991. Elle s’opposera avec détermination à  toute tentative de tripatouillage de notre Constitution. Elle invite les «apprentis sorciers» qui veulent entrainer le Président ATT dans un processus de prolongation des mandats électifs, à  méditer sur le cas de Tandja et sur le sort dramatique de Ben Ali, hier adulé parce que constructeur de routes, bâtisseur d’universités, d’hôpitaux et d’habitats à  loyers modérés (HLM) etc ; et de ce fait qualifié par les myopes politiques, d’homme «providentiel, indispensable et irremplaçable». Bamako, le 17 Février 2011 Le Président Prof. Ali Nouhoum Diallo Paru dans le Républicain Mali