Dileita Mohamed Dileita ( UA) : « Il faut renforcer le débat démocratique au Mali »

Que ce soient les présidentielles ou les législatives, le débat démocratique n’est pas encore véritablement ancré au Mali et les candidats dans notre pays, se livrent rarement à  de vraies joutes électorales pour expliquer leur vision et leur programme politique au peuple, préférant d’autres modes de campagne ou la proximité.Cela explique t-il le faible taux de participation de moins de 30% pour ce premier tour des législatives ? Mohamed Dileita, chef de la mission d’observation de l’Union Africaine, qui a rendu ses conclusions ce mardi, nous donne son point de vue. Journaldumali.com : On a constaté un faible taux de participation au premier tour des législatives, pourquoi selon vous ? Dileita Mohamed Dileita : Le peuple malien attendait un message fort après les présidentielles. Les Maliens voulaient un président, ils l’ont eu. Aujourd’hui quand on regarde ces législatives, et la configuration des listes, on voit que les Maliens ne sont pas trop intéressés par cette élection. Malgré tout, elle est importante, alors, je suis d’avis, qu’un certain nombre de réajustements doivent être faits au niveau de la représentativité des partis politiques. Et ce qui manque par ailleurs ici, c’est le débat démocratique. On voit des candidats sur les listes qui disent tous les mêmes choses alors que le peuple veut voir l’affrontement politique. Journaldumali.com : Avez vous rencontré les partis politiques pour leur mentionner ces constats ? Dileita Mohamed Dileita : Nous avons eu des réunions avec certaines formations. Mais avant toute chose, il fallait rétablir les institutions après la crise. Nous avons soumis tout cela au Président Keita que nous avons rencontré. Et je pense que les propositions d’amélioration viendront après. Les délais étaient courts, il fallait tenir ces élections. Personne ne pouvait imaginer que tout ce processus se ferait, y compris les partis politiques qui disaient qu’ils n’étaient pas prêts; Mais les choses avancent au Mali. Journaldumali.com : Justement que pourrait-on renforcer entre les deux tours pour faire en sorte que le taux de participation augmente ? Dileita Mohamed Dileita : Il faut une plus grande mobilisation des partis politiques. De la société civile et au niveau des médias, faire comprendre aux citoyens que ces élections sont cruciales et qu’ils soient disponibles pour aller massivement aux urnes. Je pense que les partis politiques n’ont pas vraiment mobilisé les foules. Journaldumali.com : Dans vos conclusions d’observation, vous avez mentionné le fait que la campagne ait été morose ? Pourquoi ? Dileita Mohamed Dileita : Nous avons l’habitude des campagnes, mais on sentait le manque d’activités à  Bamako. Alors qu’on préfère lorsqu’il y a confrontation des programmes, des idées. Rien de tout cela. Et c’est pourtant ce que les citoyens attendent. Il faudra renforcer cela. Maintenant que le processus est amorcé, il faut évoluer vers cela. Le Mali est un cas unique de consensus, mais je pense que le peuple malien a voulu cela. Dans cette élection, il faut aussi rendre hommage aux gens du nord qui ont montré que les élections sont importantes pour eux. Aujourd’hui à  Kidal, il y a eu des élections. Nous avions 6 observateurs dans cette zone, et qui ont été accompagnés par ceux des droits de l’hommes. Nous sommes d’ailleurs la seule organisation internationale à  avoir mis des observateurs dans toutes les régions du Mali.

Observation électorale : les femmes et les jeunes à l’honneur

Les 2100 observateurs du pôle d’observation citoyenne électorale fixes et mobiles et les 78 superviseurs notent que le scrutin s’est déroulé dans des bonnes conditions sur l’étendue du territoire national. Après le premier tour, le pôle a dénombré certains défis à  relever les motifs de satisfaction et les recommandations pour la bonne tenue du scrutin. A l’occasion des deux tours du scrutin, le POCE a assuré une veille et une observation citoyennes. « Le pôle dénonce le faible niveau d’aptitude de certains agents électoraux. Des cas de tentative d’achat de conscience et de voix ». La participation des personnes handicapées, des jeunes et des femmes pourraient booster le taux de participation à  ce second tour. Au 1er tour, le taux de participation officiel annoncé par la cour constitutionnelle 48, 98 %. Pour ce second tour, dans un premier temps, le pôle estime à  environ 45 % le taux de participation pour ce second tour. 35 % des observateurs de l’APEM sont des femmes. « Le POCE a aussi noté avec satisfaction un taux approximatif de participation de 58 % des femmes parmi les votants » souligne M.Sangho. « Le réseau APEM se félicite du taux d’électeurs handicapés ayant reçu l’assistance durant le processus est de 97,3 % contre 95.5 % pour le premier tour, avec une mention spéciale pour les régions de Gao et Tombouctou o๠100 % des personnes handicapées ont reçu de l’assistance » déclare le président du réseau Ibrahima Sangho. Parmi les dysfonctionnements et insuffisances constatés, il y a entre autres, le retard dans le démarrage du scrutin dans certains bureaux de vote dû à  l’absence et/ou au retard de certains présidents et assesseurs ; les difficultés d’identification des bureaux de vote par certains électeurs, malgré les dispositions correctives (affichage des listes d’identification et possibilité de les consulter avant le jour du scrutin, messages sms, pionniers, etc.), les cas d’électeurs ayant voté avec plus de deux procurations.

Présidentielle: l’UE déploie 30 observateurs supplémentaires

l’information a été donnée ce vendredi lors d’un point de presse présidée par le chef observateur de la mission Louis Michel. Arrivés le 22 juillet dernier, ces 30 observateurs ont suivi un séminaire électoral de trois jours avant leur déploiement sur le terrain aujourd’hui. Ils viennent s’adjoindre à  une équipe de huit analystes et de 20 observateurs de l’UE, soit plus de 50 observateurs couvrant cinq des huit régions du pays plus le district de Bamako, qui regroupe 90% de l’électorat potentiel. Au total 100 observateurs pour le 1er tour Ce dispositif sera renforcé le jour du scrutin par les diplomates de l’UE en poste au Mali, par une délégation de membres du Parlement européen et par des députés de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE. Au total, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne au Mali (MOE-UE MALI 2013) disposera de 100 observateurs lors du premier tour de l’élection présidentielle le 28 juillet. Ces observateurs ont pour mission d’analyser les différentes phases du processus électoral à  savoir l’établissement des listes électorales, la validation des candidatures, la campagne électorale, le jour du scrutin, le dépouillement, l’agrégation et la publication des résultats, ainsi que le contentieux électoral. « En ma qualité de chef d’observateur, je rendrai public et je commenterai mardi 30 juillet à  10 heures les premières conclusions de la mission d’observateurs de l’UE » a indiqué Louis Michel lors de ce point de presse. « Nous observons en toute indépendance » Il espère cette élection se déroulera selon les normes de transparence et de fiabilité requise. « En tout cas nous observons cette élection en toute indépendance, en toute impartialité, en toute neutralité. La mission ne manquera pas de dresser un tableau détaillé de ses conclusions. Pour moi cette élection présidentielle est fondamentale, elle doit permettre de désigner de manière démocratique et dans des conditions acceptables un président de la République doté d’une réelle légitimité qui est un préalable indispensable à  la reconstruction de ce pays » a t-il poursuivi. Précisons que les missions de d’observation électorale de l’UE ont pour mandat de présenter une évaluation impartiale, neutre, précise et détaillée des processus électoraux conformément au cadre juridique national et régional ainsi qu’aux obligations internationales signées par les pays hôtes. l’objectif est de promouvoir et de soutenir la démocratie.