Serval aux portes de Tombouctou

Frappes aériennes suivies d’opérations au sol. Le modus operandi est le même pour la libération des deux grandes villes du nord du Mali, occupées depuis dix mois maintenant par des islamistes armés. l’offensive terrestre et aérienne a été menée dans la nuit du dimanche au lundi et a permis de prendre le contrôle de l’aéroport et de tous les accès à  la Cité des 333 saints. Selon des sources militaires maliennes et françaises, C’’est désormais la totalité de la « Boucle du Niger » entre les deux bastions islamistes de Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako) et Gao (1.200 km au nord-est de la capitale malienne) qui est sous contrôle. l’artillerie lourde La manœuvre conjointe des forces françaises de l’opération Serval et des forces maliennes s’est déroulée avec un appui de patrouilles d’avions de chasse français, a précisé le colonel Burkhard. L’armée française a mis les moyens lourds à  contribution, avions-bombardiers, hélicoptères, blindés, forces spéciales … Le groupement tactique interarmes (GTIA) 21, venant de l’axe Diabali, Néré, Goundam a saisi l’aéroport de Tombouctou. Dans le même temps, un largage de parachutistes avait pour objet de bloquer les « exfiltrations ennemies » tandis qu’un groupement aéromobile (hélicoptères) était engagé en appui de ces deux forces. Aucune résistance A Tombouctou comme à  Gao il y a quelques heures, il n’y a pas eu de réel affrontement entre les forces alliées et les islamistes armés dont la plupart avait fui ces localités avant l’arrivée des militaires. Le porte-parole de l’état-major des armées (EMA) à  Paris, le colonel Thierry Burkhard a affirmé à  l’AFP que ce contrôle a été réalisé en 48 heures, sans « aucune résistance » des islamistes. «Nous contrôlons l’aéroport de Tombouctou. Nous n’avons rencontré aucune résistance. Il n’y a aucun problème de sécurité en ville », a ajouté une source malienne. Avant de partir, les islamistes se sont cependant livrés à  des exactions, selon plusieurs témoignages d’habitants. Ils auraient également incendié une bibliothèque de Tombouctou contenant des manuscrits. Investir les villes reconquises La sécurisation complète de Tombouctou devrait encore prendre quelques heures voire quelques jours, la configuration de la ville compliquant l’avancée des troupes alliées. Tombouctou est une superposition de ruelles étroites abritant de nombreux monuments anciens et de mosquées. L’absence d’opposition des islamistes ne veut pas dire qu’ils se sont résignés à  abandonner la ville et on peut craindre, selon des sources militaires, des attaques isolées de groupuscules restés sur place. A présent, les appels se multiplient pour accélérer le déploiement des troupes africaines. Le besoin va effectivement aller croissant en matière de troupes pour occuper le terrain reconquis. Les militaires de la force interafricaine ont commencé depuis la semaine dernière à  se déployer. Des problèmes de leadership sont d’ores et déjà  à  noter au sein de la MISMA dont certains éléments refuseraient de se rendre sur les lieux d’affectation, en particulier des localités proches du front.

Quand le MNLA veut piéger la France…

Depuis quelques semaines, le Mouvement National pour la Libération de l’AZAWAD est en train de faire le tour des medias occidentaux et magrébins pour parler de sa volonté de combattre aux côtés de l’opération Serval de la France au Mali contre les islamistes. Il y a un an de cela, ce même mouvement allié aux mêmes groupes islamistes avait déclaré une guerre sans merci à  l’armée malienne au nord. La suite est connue de tous, un tiers du territoire malien occupé, des populations brimées et victimes des pires exactions, le patrimoine culturel détruit et maintenant la guerre… MNLA, le cheval de Troie des islamistes Pourtant, le duo MNLA et Ancardine a fait long feu. N’ayant pas les mêmes aspirations politiques mais revendiquant plutôt l’instauration de la charia, les groupes islamistes ont tôt fait de se débarrasser d’alliés devenus encombrants. Les indépendantistes du MNLA sont chassés de leur « Assawad » fictif par les islamistes suite à  une répression sanglante à  Gao. Evaporés dans la nature, avec ses leaders réfugiés au pays du médiateur de la crise, le Burkina Faso, les « azawadiens » sont retournés à  leur première tribune, les plateaux télé internationaux. Ils veulent à  tout prix revenir dans le jeu d’o๠ils ont été éjectés, surtout depuis le début de l’offensive militaire. Le MNLA souhaite maintenant « prêter main forte à  la France » dans les combats qu’elle livre avec l’armée malienne aux djihadistes. Cette nouvelle position des indépendantistes Touareg est perçue au Mali comme une manœuvre dilatoire et un piège par les Maliens qui les considèrent comme la cause de tous les maux que connaà®t le pays. « La France doit être vigilante » l’opinion malienne a depuis le début de la rébellion touareg en 2012, trouvé que la France accordait trop de crédit et de visibilité à  ses leaders. Yaya Diakité professeur de lycée à  Bamako rappelle que le MNLA a ouvert la porte du nord aux islamistes. Il met en garde les autorités françaises sur la non-représentativité de ce groupe. « Ces rebelles touareg n’ont rien derrière eux si ce n’est leur nuque ». «La France doit être vigilante de ne pas accepter la proposition de ces rebelles touareg au risque de voir la joie malienne pour l’intervention française à  la haine » menace un autre intervenant. Rokiatou Dramé, administratrice sociale affirme qu’ « aucun malien n’acceptera ces rebelles touareg qui ont divisé le Mali. Si la France veut que les maliens continuent à  l’applaudir, elle ne doit pas prêter oreilles aux ragots de ces apatrides et traitres. Pas question d’accepter le MNLA sur la table de négociation. Sinon les maliens nous allons nous lever comme un seul homme pour combattre nos ennemis ».

Après l’offensive jihadiste, Dioncounda Traoré demande une aide militaire à la France

Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, après avoir officiellement sollicité une aide militaire de la France pour contrer l’offensive jihadiste, doit s’adresser à  la nation, dans la soirée du vendredi 11 janvier, à  la télévision nationale. Sur le terrain, des renforts sont venus grossir les rangs de l’armée malienne à  Sévaré. Le geste en dit long sur l’urgence de la situation au Mali. Quelques heures à  peine après la chute de Konna aux mains des islamistes radicaux, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a demandé, jeudi 10 janvier, une aide militaire rapide de la France pour repousser la progressions des groupes jihadistes. Jeudi soir, des consultations sur le Mali ont eu lieu au Conseil de sécurité. « Les décisions françaises seront annoncées à  Paris demain (vendredi, NDLR) », a déclaré l’ambassadeur français auprès de l’ONU Gérard Araud. La demande d’aide malienne est contenue dans deux lettres. L’une est adressée au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et l’autre au président français François Hollande. Selon des diplomates du Conseil de sécurité, la lettre adressée aux autorités françaises est une « demande d’aide militaire ». « La France est l’amie du Mali et se tient aux côtés de son peuple et de ses autorités, en particulier dans les circonstances actuelles », s’est contenté de souligner Gérard Araud. De son côté, le gouvernement malien a annoncé que le président Traoré s’adressera vendredi à  la Nation. Selon une source au palais de Koulouba, cette intervention, diffusée à  la télévision publique ORTM, est prévue à  20h00 GMT. Dans une déclaration adoptée jeudi par ses 15 pays membres, le Conseil de sécurité a demandé un « déploiement rapide » de la force internationale au Mali devant « la grave détérioration de la situation sur le terrain ». Il a en outre appelé les à‰tats membres à  « aider les forces de défense et de sécurité maliennes à  réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés » qui contrôlent le nord du pays. Urgence « Pour le moment, le Conseil a envoyé un message pour dissuader les terroristes d’avancer vers le sud du Mali, en direction de la capitale Bamako », a déclaré M. Araud, qualifiant cette offensive des groupes islamistes d’attaque terroriste. « Si ce message n’est pas entendu, a-t-il ajouté, le Conseil pourrait se réunir de nouveau ce week-end pour réagir plus fermement. La survie du gouvernement malien et la protection des civils sont désormais en jeu, il est donc urgent d’agir contre cette menace ». Pour l’ambassadeur français, la percée des islamistes, qui ont pris jeudi la localité de Konna (centre), peut être interprétée comme « soit une démonstration de force dans le cadre de la négociation politique, soit une décision d’avancer vers le Sud avant l’arrivée de la force africaine ». Le déploiement de cette force de quelque 3 000 hommes a été autorisée par le Conseil de sécurité le 20 décembre prendra dans les faits plusieurs semaines, voire plusieurs mois. L’ambassadrice américaine Susan Rice a également indiqué que Bamako avait demandé un soutien extérieur, en particulier de la part de la France. Décrivant la lettre du président Traoré à  François Hollande, elle a expliqué : « Elle disait en résumé : « au secours la France » ! ». « Il y a eu au sein du Conseil un consensus clair sur la gravité de la situation et le droit des autorités maliennes de rechercher toute l’assistance possible », a-t-elle ajouté. Renforts Par ailleurs, l’armée malienne organise la résistance dans la région de Mopti. Jeudi, des avions militaires transportant des armes et des soldats étrangers sont arrivés à  Sévaré, o๠l’armée dispose d’un aéroport gros porteur et d’un poste de commandement opérationnel. Aucune indication précise n’a toutefois pu être obtenue sur le nombre et la provenance de ces avions, armes et soldats étrangers. Un des témoins travaillant à  l’aéroport a évoqué la présence de Blancs parmi les soldats. « J’ai vu atterrir des cargos C-160 (avions de transport militaire, NDLR). Ils ont débarqué des armes et des hommes. Certains hommes avaient la peau blanche », a affirmé ce travailleur de l’aéroport de Sévaré (plus de 650 km au nord de Bamako). « Les avions ont fait plusieurs rotations à  l’aéroport de Sévaré o๠ils ont déposé du matériel et des hommes », a expliqué un autre travailleur de l’aéroport. Un troisième témoin a signalé la présence, parmi les avions arrivés jeudi, d’un appareil de l’armée malienne, sans en préciser le type. Sollicité par l’AFP au sujet de ces informations, le ministère malien de la Défense a répondu qu’il apporterait les éclaircissements nécessaires lors d’une conférence de presse prévue vendredi. L’arrivée d’hommes et d’avions à  Sévaré a été confirmée par un responsable malien. Selon lui, en plus de l’avion de l’armée malienne, évoqué par un des témoins, des avions d’un pays européen non précisé se sont également posés avec des hommes et du matériel à  Sévaré. D’après un expert international, il s’agit d’une mission d’assistance qui était prévue avant les récents affrontements entre militaires et islamistes. (Avec AFP)

Centrafrique : trêve et négociations

« J’ai demandé à  nos forces de ne pas bouger de leurs positions à  partir d’aujourd’hui parce que nous voulons participer aux discussions de Libreville au Gabon pour trouver une solution politique ». Cette déclaration a été faite il y a quelques heures ce mercredi 2 janvier par Eric Massi, le porte-parole à  Paris, de la coalition Séléka, engeance rebelle qui menace depuis début décembre, le pouvoir de François Bozizé. Annonçant ainsi la suspension de l’offensive de la rébellion en direction de la capitale, Bangui. M. Massi a ajouté que des discussions étaient en cours avec leurs « partenaires pour avancer des propositions afin de mettre fin à  la crise mais une solution pourrait être une transition politique dont le président François Bozizé serait exclu ». Des soutiens pour Bozizé Quelques heures auparavant, le lundi 31 janvier, la coalition Séléka avait menacé de prendre la ville de Damara, dernier verrou à  75 kilomètres de la capitale centrafricaine, puissamment gardée par les troupes loyalistes, appuyées par des renforts tchadiens. Le général Jean-Félix Akaga, commandant de la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac) déployée en Centrafrique, avait averti la rébellion centrafricaine que toute tentative de prendre cette localité serait considérée comme une déclaration de guerre. « Si les rebelles attaquent Damara, cela veut dire qu’ils ont pris la résolution d’engager les dix à‰tats d’Afrique centrale. Je ne pense pas sincèrement qu’ils en arriveront là  », a-t-il déclaré lors d’un point de presse à  Bangui. « La ligne rouge est valable pour les Faca (les forces régulières centrafricaines) et pour les rebelles, a-t-il ajouté. Nous empêchons dans les deux sens de franchir la ligne rouge». Les effectifs en Centrafrique de la Force multinationale d’Afrique centrale devraient compter environ 760 hommes dans les prochains jours. Un premier groupe de 120 soldats gabonais est arrivé mardi matin dans la ville. Un autre contingent de 120 militaires du Congo-Brazzaville est arrivé lundi, tandis que 120 Camerounais doivent débarqués d’ici la fin de la semaine. Ces nouvelles troupes vont compléter les 400 soldats tchadiens déjà  en place à  Damara, ultime verrou avant Bangui, à  75 kilomètres au sud de la capitale. Pour la rébellion, la seule solution au conflit armé est le départ de François Bozizé, au pouvoir depuis 2003. Ce dernier, lors de son message de vœux du Nouvel an diffusé lundi à  la télévision nationale, avait fait des concessions en envisageant des pourparlers. Jeunes patriotes centrafricains A Bangui, même si la situation s’est quelque peu calmée ces dernières heures, la tension en tre pro et anti-Bozizé ne cesse d’augmenter. Des jeunes gens installent des barricades dans les rues de la capitale pour arrêter ceux qu’ils soupçonnent d’être des rebelles infiltrés parmi la population. Leur coordination s’appelle Coalition citoyenne opposée aux rebelles armés. « Nous sommes unis et nous sommes nombreux. Notre force, C’’est le groupe » a déclaré l’un de leurs leaders à  l’AFP. Tous assurent que leur action est légale. « On le fait à  l’amiable, sans agressivité », dit l’un. Pour ces « bénévoles », dont beaucoup sont au chômage, « le prix (la récompense), C’’est la paix ».

Offensive Mali/CEDEAO : c’est pas pour tout de suite !

La nouvelle a pourtant fait l’effet d’une petite bombe, puis été saluée par l’ensemble des forces vives de la nation. Côté français, le porte-parole du Quai D’Orsay a tenu à  nuancer les choses : «Â Le secrétaire général de la présidence malienne a confirmé la requête formelle du président Traoré aux pays de la CEDEAO, en vue d’une action concertée pour aider l’armée malienne à  lutter contre le terrorisme et à  reconquérir le Nord du pays. Cette demande constitue une étape indispensable pour que le Conseil de sécurité des Nations Unies autorise une opération de stabilisation au Mali. Le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2056 sur le Mali, s’est déclaré prêt à  examiner plus avant un appui de la CEDEAO à  la stabilisation du Mali une fois les objectifs, moyens et modalités de déploiement précisés », a précisé Bernard Valero. «Â Pas de troupes étrangères au Mali pour le moment  » Donc la CEDEAO n’enverra pas de troupes dans l’immédiat au Mali . Le Mali en faisant une requête formelle à  la CEDEAO pour «Â préciser les contours d’une sortie de crise au nord », n’a fait qu’entamer une procédure qui était demandée depuis fort longtemps par l’instance régionale. A partir de cette requête formelle, il faudra maintenant préciser les contours de l’envoi éventuel de troupes de la CEDEAO au Mali, une action que devra aussi valider le Conseil de sécurité des Nations Unies. En clair, en cas d’offensive militaire si les villes occupées au nord devaient être libérées une par une par l‘armée malienne, les soldats de la CEDEAO pourraient avoir un rôle de sécurisation. « Les combattants étrangers ne se battront pas à  notre place ! » l’ex junte l’a fait savoir par la voie de son porte-parole, Bakary Mariko en précisant que le Mali comptait sur un appui logistique seul. Il s’agit évidemment d’une question d’orgueil national. Le Mali veut garder la mainmise sur l’intervention militaire, qui du reste, n’est toujours pas validée ni par les autorités de transition, ni par les militaires guidés par Sanogo à  la tête du Comité de suivi et de réformes de l’armée. Le 26 septembre prochain, une conférence de haut niveau consacrée au Sahel, présidée par le Secrétaire général des Nations Unies et destinée à  accroà®tre la mobilisation internationale, se tiendra en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Le sort du Mali maintenant que les autorités ont sollicité l’aide de la CEDEAO, y sera sans doute évoqué.

Les rebelles aux portes de Tripoli

La rébellion libyenne a pris ce dimanche la ville de Zaouà¯ah, à  50 km environ à  l’ouest de Tripoli, sur la route côtière qui mène à  la Tunisie. Cette nouvelle victoire est sans nul doute l’avancée la plus spectaculaire des insurgés depuis six mois dans les zones de l’ouest du pays contrôlées par les partisans de Mouammar Kadhafi. Les rebelles contrôlent à  présent la côte aussi bien à  l’est qu’à  l’ouest de Tripoli. Au nord, un blocus naval assuré par l’Otan est en place et, au sud, des combats sont en cours. A Tripoli on garde son calme. Des troupes gouvernementales lourdement armées sont stationnées en nombre sur la route de la capitale, qui ne semble pas directement menacée dans l’immédiat. Dans le centre de la ville, rien ne laissait penser dimanche soir que la situation ait évolué. Des jeunes jouaient près de la place centrale de la ville, d’autres étaient assis devant des boutiques peu avant la fin du jeûne de la journée, dans le cadre du ramadan. Mouammar Kadhafi, quant à  lui, n’entend d’ailleurs pas laisser tomber son pays aux mains de ceux qu’il qualifie de « traà®tres » et a appelé ses compatriotes à  en libérer le pays. Dans un message sonore diffusé dans la nuit par la télévision d’Etat, il a lancé: « Avancez, prenez vos armes, allez au combat pour libérer la Libye mètre après mètre des traà®tres et de l’Otan. Tenez-vous prêts au combat (…) Le sang des martyrs nourrit le champ de bataille. » Mais les invectives et la position de fermeté toujours affichées par le Guide réflètent-elles la véritable position du pouvoir libyen, que beaucoup disent désormais aux mains du fils Saà¯f el Islam ? Pas sûr, au vu des dernières informations. En effet, des représentants du gouvernement et de l’insurrection se seraient réunis à  huis clos dans un hôtel de Djerba, dans le sud de la Tunisie voisine. Une information démentie, aussitôt qu’elle a été rendue publique, par le porte-parole du gouvernement libyen Moussa Ibrahim. Ce dernier a par ailleurs affirmé que les villes de Zaouà¯ah et Gariane, que les rebelles annonçaient avoir prises, étaient sous le contrôle du pouvoir central. Il a néanmoins fait état de petites zones de combat en deux autres points des environs de Tripoli. Selon les journalistes présents sur place, divers signes indiquent que les combats se propagent à  l’ouest à  partir de Zaouà¯ah le long de la côte. Des tirs ont été entendus au poste frontalier de Ras Jdir, du côté libyen de la frontière. A Bruxelles, l’Otan a dit surveiller de près une situation « fluide ». « Les forces pro- et anti-Kadhafi sont au contact. Nous ne savons encore rien de sûr, notamment à  propos du contrôle de Zaouà¯ah », a dit un responsable de l’Alliance.

Libye : Les rebelles passent à l’attaque

D’intenses échanges de tirs ont eu lieu tôt ce matin, alors que les avions de l’OTAN survolaient la zone, sans la bombarder. C’’est donc avec le «feu vert de l’OTAN» que la rébellion a lancé une offensive majeure pour reprendre des secteurs au sud de Tripoli perdus au profit des forces du régime. Les insurgés cherchent notamment à  reprendre Bir Al-Ghanam, un carrefour stratégique à  quelque 50 km au sud de Tripoli, afin d’être à  portée de canon de la capitale libyenne. Autre enjeu de cette offensive, la ville de Gharyane, o๠se trouvent les garnisons de l’armée loyaliste, considérée comme un verrou stratégique vers Tripoli par les rebelles. Samedi, l’Otan a annoncé avoir intensifié ses bombardements dans l’ouest de la Libye, détruisant une cinquantaine d’objectifs militaires durant la semaine. Les opérations ont visé des objectifs situés du Djebel Nefoussa, près de la frontière tunisienne, à  la ville de Misrata, à  plus de 200 km à  l’est de Tripoli, selon un communiqué de l’Otan. Après avoir été acculés à  se retirer de la région de Bir Al-Ghanam dans les montagnes de Nefoussa (ouest), les rebelles veulent de nouveau s’emparer de ce carrefour stratégique qui a été visé vendredi par l’aviation de l’Otan. Dimanche dernier, la rébellion avait annoncé son intention de lancer une grande offensive sur le front ouest pour récupérer les territoires situés au Sud de Tripoli. « Nous attendions avant de lancer cette attaque, nous avons finalement eu le feu vert de l’Otan ce matin [mercredi] et l’offensive a commencé », a déclaré un membre du comité révolutionnaire de Zenten, au sud de Tripoli. La France avait procéder la semaine dernière a des largages de d’armes et de munitions pour soutenir les rebelles dans la préparation de cette attaque. Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, s’était pourtant dit défavorable à  une telle offensive mardi lors d’une conférence de presse à  Paris, doutant des capacités militaires des rebelles. « Nous ne sommes pas aujourd’hui dans un système stabilisé, centralisé, obéissant dans toutes ses implications sur le terrain à  une autorité unique ». La Libye est en proie depuis la mi-février à  un soulèvement contre le régime autoritaire du colonel Mouammar Kadhafi qui a été réprimé dans le sang. Une coalition internationale est intervenue le 19 mars, sur mandat de l’Onu, pour venir en aide à  la population et l’Otan en a pris le commandement le 31 mars. La rébellion s’est elle installée dans l’est de la Libye et a établi sa « capitale » à  Benghazi tandis que la majeure partie de l’ouest du pays reste aux mains du régime hormis quelques zones -essentiellement Misrata et les montagnes berbères- o๠se déroulent des combats entre rebelles et pro-Kadhafi.

Ouattara attaque IB

Depuis ce mercredi matin, les forces du président ivoirien Alassane Ouattara ont lancé un assaut contre le « commando invisible » d’Ibrahim Coulibaly, dit « IB », dans son fief du nord d’Abidjan, après avoir sommé vendredi dernier de rendre les armes ce groupe qui avait contribué à  la chute de Laurent Gbagbo. Alors que la vie reprend progressivement son cours dans la capitale économique ivoirienne, plusieurs centaines de membres des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), équipés de pick-up surmontés de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes, ont lancé une attaque d’envergure contre le fief d' »IB » dans le quartier populaire d’Abobo. « Depuis ce matin, nos positions sont attaquées de toutes parts. Pour le moment, nos forces résistent et en temps opportun nous allons lancer une contre-offensive. Je suis en lieu sûr et je coordonne l’opération », a déclaré à  l’AFP par téléphone Ibrahim Coulibaly, un des initiateurs de la rébellion de 2002, qui se fait désormais appeler « général ». Après des échanges soutenus à  l’arme lourde dans la matinée, les tirs se faisaient plus sporadiques avant de reprendre vers 12H00 (locales et GMT), mais ils provenaient essentiellement des rangs des FRCI, alors que la population se terrait chez elle ou avait fui la zone. En finir avec le « problème IB » « Il reste une poche de résistance qu’on va tenter de réduire », a déclaré le général Michel Gueu, des FRCI, présent sur place. Les Forces républicaines, qui ont pris position autour de la zone o๠« IB » a établi son QG, ratissaient le secteur, fouillant les maisons et invitant les partisans d’Ibrahim Coulibaly à  déposer les armes. « Dites à  vos enfants, à  vos frères, qu’+IB+, c’est fini. La vie doit reprendre son cours normal », a expliqué à  la population près de la zone des combats le commandant Cherif Ousmane. Ibrahim Coulibaly est le chef du « commando invisible », qui avait déclenché en janvier une insurrection contre le président sortant Laurent Gbagbo, prenant le contrôle de larges zones du nord d’Abidjan et déstabilisant le régime bien avant l’arrestation de M. Gbagbo le 11 avril. Son adjoint, Félix Anoblé, a dit ne pas comprendre la raison de l’offensive gouvernementale. « On avait ordonné hier (mardi) à  nos hommes de déposer les armes, comme l’avait demandé le chef de l’Etat. Ils avaient commencé à  le faire et à  ma grande surprise on est attaqué », a-t-il déclaré. « Peut-être qu’ils croient qu’on peut désarmer en deux secondes. On demandait une semaine, dix jours, le temps de bien expliquer aux combattants qu’ils doivent désarmer sans conditions. Il faut les convaincre qu’ils peuvent déposer les armes sans craindre pour leur vie », a poursuivi le numéro deux du groupe. « IB » avait demandé à  être reçu par le chef de l’Etat pour se mettre à  sa disposition. Son entourage avait mis en cause le Premier ministre Guillaume Soro, accusé de faire obstacle à  cette demande. M. Soro est en effet l’adversaire historique d’Ibrahim Coulibaly au sein de la rébellion responsable du putsch raté de 2002 contre M. Gbagbo, force dont il prit finalement la tête et qui forme désormais le gros des FRCI. Des affrontements meurtriers avaient opposé en 2004 le camp Soro et celui d' »IB ».

Côte d’Ivoire, Bientôt la fin ?

Reconnu par la communauté internationale comme président élu de la Côte d’Ivoire à  l’issue de la présidentielle de l’an dernier, Alassane Ouattara semble désormais décidé à  récupérer son fauteuil présidentielle. C’’est depuis son refuge de l’hôtel du Golf d’Abidjan, sous blocus des pro-Gbagbo, le sortant, qu’il dirige l’offensive armée des forces républicaines, son armée. Pour mener cette action militaire, Guillaume Soro, premier ministre de Ouattara a retrouvé son statut de chef de guerre et se trouve en ce moment sur le front. Avancée des FRCI Ce jeudi 31 mars, les troupes des FRCI se trouvent aux portes d’Abidjan. Les combattants ont été vus tôt ce jeudi à  110 kilomètres à  l’est d’Abidjan. Ces mêmes forces lancées dans une offensive contre les pro-Gbagbo étaient entrées mercredi dans la soirée à  San Pedro, premier port d’exportation de cacao au monde. « Ils sont entrés dans la ville, ils tirent avec des armes lourdes au centre-ville. Les miliciens qui pillaient la ville passent en courant dans tous les sens », avait déclaré un résident joint au téléphone. « Il y a eu un échange de tirs à  l’arme lourde à  l’entrée nord (de San Pedro) peu après 22 heures locales (23 heures heure française). Mais très vite, des tirs intenses et nourris se sont déplacés vers le centre-ville ». Hier mercredi, les combattants pro-Ouattara avaient pris la ville de Soubré, située à  120 km au nord de San Pedro, port stratégique pour la Côte d’Ivoire, premier exportateur mondial de cacao. Ils ont également pris le contrôle mercredi de la ville de Gagnoa (centre-ouest), dans la région natale du président sortant Laurent Gbagbo, après la capitale politique Yamoussoukro. Ces nouvelles du front semblent corroborer une information qui circule dans les milieux diplomatiques depuis plusieurs jours. Gbagbo, asphyxié par les sanctions n’a plus d’argent pour payer ses miliciens. Raison pour laquelle ces derniers n’opposent quasiment aucune résistance aux troupes de Ouattara, permettant une avancée sur Abidjan, qui semble inexorable. A présent, C’’est dans la garde rapprochée, parmi les fidèles de Gbagbo ; qu’il y a désormais des défections. Le chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne Philippe Mangou s’est en effet réfugié mercredi soir à  la résidence officielle de l’ambassadeur sud-africain à  Abidjan, selon une annonce faite par le ministère des Affaires étrangères sud-africain. « Le chef d’Etat-major de l’armée, le général Philippe Mangou des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (FDS) a trouvé refugé la nuit dernière à  la résidence officielle de notre ambassadeur en Côte d’Ivoire, Mme Zodwa Lallie », écrit le ministère dans un communiqué. « Le général est accompagné de sa femme et de cinq enfants », précise-t-il. Par ailleurs, on vient d’apprendre de sources ivoiriennes que le général Firmin Détoh, commandant en chef des forces terrestres, a été assassiné par un de ses gardes du corps. O๠est Gbagbo ? Le président sortant, qui devait s’adresser à  la nation mercredi soir avant d’y renoncer sans explication, n’a pas fait savoir quel choix il ferait, bataille d’Abidjan ou retrait. Il doit présider à  la mi-journée un Conseil des ministres. Laurent Gbagbo «n’a pas l’intention de démissionner» et «des milliers d’Ivoiriens vont prendre les armes pour défendre leur pays», a déclaré jeudi l’un de ses conseillers. Mercredi, Guillaume Soro, premier ministre d’Alassane Ouattara, avait averti que Laurent Gbagbo avait «encore quelques heures pour partir, sinon ce sera la marche sur Abidjan». Abidjan vit dans l’angoisse. Dans la capitale économique, la tension est à  son maximum. La plupart des rues étaient quasi-désertes dans la matinée. Les rares transports en commun faisaient souvent demi-tour devant les nombreux barrages de «jeunes patriotes» pro-Gbagbo installés ces dernières heures. Des tirs sporadiques d’armes légères ont été entendus dans plusieurs quartiers, notamment près du grand camp de gendarmerie de la ville et au Plateau, coeur du pouvoir de Laurent Gbagbo.