De Lagos à Nagoya, Funmi Oyatogun milite pour l’environnement

Un visage souriant. De grands yeux vifs et une tête bien faite. On peut dire de Funmi qu’elle est une « community shaper », quelqu’un qui agit pour impacter dans sa communauté au Nigeria. Et ce n’est pas un hasard si la jeune étudiante est présente à  Nagoya. Funmi poursuit en effet un Master en développement et environnement à  l’université d’Edimburg en Ecosse et anime une plateforme pour sensibiliser sur les questions environnementales, mais aussi la sécurité alimentaire et l’agriculture durable. Au cours d’une conférence de presse, nous l’avons rencontré. Journaldumali.com : Bonjour Funmi, parles- nous de la rencontre des jeunes tenue le 7 novembre dernier à  Okayama au Japon Funmi : Nous étions près de 52 jeunes sélectionnés de plusieurs pays, dont deux japonais. Et nous sommes venus au Japon pour représenter la voix de ces milliers de jeunes dans le monde, qui font de belles choses sur l’éducation au développement durable et agissent tous les jours pour répandre ces valeurs. Pour résumer, nous représentons tous ceux qui dans nos pays respectifs, font le plaidoyer auprès des gouvernements et des décideurs, qui sont actifs et constants sur les changements nécessaires, sur ce qui marche, et ce qui doit changer dans nos communautés. Quand as–tu commencé à  t’impliquer dans les questions liées à  l’éducation au développement durable (EDD) ? J’ai commencé à  m’engager dans ce sens en 2004 lorsque J’avais seulement treize ans ou peut être douze ans ; Pour être honnête, l’EDD n’est pas un concept que J’utilise souvent. Il s’agit pour moi d’un concept, d’une marque. Je suis plutôt intéressée par cette autre formulation qu’est l’éducation environnementale, l’agriculture durable et les questions liées à  la sécurité alimentaire et par extension le développement durable. Alors, je me suis vraiment mise à  fond dedans. En ayant une approche académique, ce qui explique le Master que je poursuis actuellement. Ensuite, J’ai monté une plateforme pour sensibiliser mes compatriotes tout en augmentant mes compétences sur le long terme, ce qui me semblait essentiel, acquérir des connaissances pour ensuite vulgariser… Pourquoi l’agriculture en particulier ? C’’est une question très peu attractive pour les jeunes africains en général ? Cela est bien dommage. Parce que manger est un besoin vital. Au Nigeria, nous avons la plus grande population en Afrique et qui atteindra bientôt 200 millions. Alors, plus il y a de croissance démographique, plus les problèmes surgissent, mais aussi les solutions qui vont avec. Quel est le défi en matière alimentaire selon toi en Afrique ? Dans mon pays, la majorité des nigérians ne sont pas autosuffisants sur le plan alimentaire ; Nous n’avons pas encore atteint cette sécurité alimentaire, ce qui fait de nous des consommateurs de produits importés particulièrement, la classe moyenne. Il y a comme une dichotomie entre cette première catégorie et cette autre qui consomme localement. D’un autre côté, ce n’est pas non plus parce que nous consommons notre propre nourriture, que nous mangeons de la meilleure façon ou de manière durable, et de façon à  préserver durablement la nature. Alors, je m’intéresse à  toutes ces questions liées ç l’importation, l’exportation, la sécurité alimentaire et l’équilibre qu’il faut trouver entre tout cela ! Puisque nous consommons beaucoup de feuilles, celles de citrouille. On appelle ça «Ugu leaves », pour faire les sauces avec des légumes, des pommes de terres, du manioc etC’… Une nourriture très riche et diversifiée(rires) Qu’apprends-tu avec ton master en Environnement et développement durable ? C’’est un master pluridisciplinaire. Nous y apprenons les principes du développement, les pratiques du développement durable. Comprendre et appliquer dans un contexte bien particulier le développement dans tous ses aspects. Ensuite, il faut choisir un domaine. Beaucoup s’intéressent à  l’énergie, d’autres à  l’alimentation comme moi, ou d’autres aux questions de Genre. Et cela me permet de développer un esprit critique, d’appréhender les politiques, comment elles fonctionnent, leurs failles et limites etc. Que faut-il attendre de cette conférence de Nagoya ? Je tiens à  rappeler que je suis très honorée d’être ici à  Nagoya au Japon. Mais nous les jeunes, espérons être entendus dans cette conférence, sur l’EDD. Je pense que de plus en plus, on va nous écouter. La voix des jeunes ne doit pas être séparée du reste des questions sur l’Education au développement durable, car nous représentons plus de la moitié de ceux qui sont les garants des valeurs véhiculées par l’EDD et particulièrement sur l’environnement.