Oumou Ahmar Cissé : « Les femmes ont les mêmes difficultés partout dans le monde « 

Issue d’une famille nombreuse soninké, Oumou Ahmar née Traoré n’a pas toujours eu une vie en rose. Elle a eu la chance d’avoir un père intellectuel qui a toujours fait l’impossible pour l’éducation académique de ses enfants. Malgré les critiques et pressions de la famille qui s’insurgeait contre le fait qu’une jeune fille soninké ne soit pas encore marié à  15 ans et poursuive des études, la petite fille ne baisse pas les bras. Elle bosse dur à  l’école et décroche en 1988, une maà®trise de Droit à  Alger. Premiers pas dans la presse écrite En 1991, la jeune dame fait son entrée dans la coopérative culturelle Jamana. Elle devient rédactrice en chef du magazine de jeunesse ‘grin grin’, avant de devenir journaliste aux quotidien Les échos. Un jour en réunion de rédaction, son directeur de publication lui a posé une question qui l’a à  la fois choqué et fait plaisir. « Il m’a demandé qui écrit mes textes pour moi ? J’ai répondu, personne. Il m’a alors dit que si C’’est moi-même qui les écrits sans l’aide de qui se soit, je ferai une excellente carrière. » Dans la même vague, le défunt ministre de la culture et écrivain malien Pascal Coulibaly lui a dit un jour « n’arrêtez jamais d’écrire. » Cette phrase l’a marquée à  jamais. Toujours cette même année 1991, elle suivra une formation de quelques mois à  l’institut de formation pour le journalisme à  Berlin. A la question de savoir pourquoi est-ce qu’elle a opté pour le journalisme, elle explique que C’’est innée. Lorsqu’elle fréquentait le lycée de jeune de Bamako, elle écrivait dans le journal scolaire. Elle se rappelle : « mon premier article dans le journal du lycée qu’on appelait ‘tabalé’, s’intitulait ‘la femme et l’adoption’. »Elle savait depuis cette époque, qu’elle avait un rôle à  jouer dans la promotion de la femme et de l’enfant. Après de années d’écriture dans les échos, le devoir conjugal l’oblige à  quitter ses fonctions de journaliste et rejoindre son mari diplomate nommé premier conseiller à  l’ambassade de France de 1995 à  2002. Sept ans hors du pays Durant les sept années d’exil chez les gaulois, la jeune féministe aura trois enfants. Cela ne l’empêchera cependant pas d’approfondir ses études. Elle décroche un DEA en études féminines à  l’université Paris 8 en 2000. Dans la même année, elle effectue un stage de trois mois au siège de l’UNESCO à  Paris, dans l’unité pour la condition de la femme et l’égalité des chances. Elle indique que « J’ai appris au cours de ce stage, que les femmes ont les même difficultés partout dans le monde. » Retour au bercail En 2002, Oumou retourne au Mali avec son mari et ses enfants. Et là , elle est obligée de tout reprendre à  zéro car comme on dit, qui part à  la chasse, perd sa place. Commence alors de long mois de chômage. Elle dépose ses dossiers dans plusieurs services. Mais, elle est particulièrement intéressée par le ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille oà¹, elle sent qu’elle a des choses à  donner, des choses à  faire. Ainsi en 2005, elle est nommée chargée de communication au ministère jusqu’à  cette année 2010. Elle accompagnait et aidait les femmes et enfants démunis qui avaient besoin d’assistance. Pendant ses heures libres, elle s’adonnait à  la rédaction de son tout premier ouvrage. Le roman intitulé « Mamou, épouse et mère d’émigrés », sortira en 2007 aux aditions Asselar à  Bamako et connaà®tra un accueil dont elle n’en revient pas. Vu les difficultés rencontrées lors de l’édition du livre, elle a décidé avec l’aide de ses collègues du ministère, de mettre en place, un programme d’appui au renforcement de l’équité femme/homme. Et ce programme qui existe toujours au sein du ministère, aide chaque année, toute initiative féminine en gestation. Mme Cissé Oumou Ahmar Traoré a quitté ses fonctions de chargée de communication au ministère au cours de ce mois d’août. Elle rejoint son mari nommé Ambassadeur du Mali en Espagne pour encore 5 ans de nomadisme.