Les nouvelles ambitions de la Poste malienne

A l’heure o๠Internet permet d’envoyer du courrier et de prendre des nouvelles de ses proches à  l’autre bout du monde en quelques clics, l’ONP parait dépassé tant son service courrier est lent et son personnel mal formé. Pourtant, créé en 1989 à  la suite de l’éclatement des Postes et Télécommunications en trois entités, la Société des télécommunication du Mali (Sotelma) pour les Télécoms, la Banque de l’habitat du Mali (BHM) pour les services financiers (anciens chèques postaux) et l’ONP pour le courrier, cet organisme public dispose d’atouts indéniables pour rebondir et s’imposer face aux nouveaux entrants. Vaste réseau national En effet, la poste malienne possède un réseau de bureaux dans plus de 100 localités du pays et peut ainsi toucher de nombreux citoyens sur une grande partie du territoire malien. Pour rebondir, son directeur général Wandé Diakité, nommé en juin 2009 après une carrière de consultant au sein de son cabinet International Business Consulting (IBC Mali), puis pour l’Union postale universelle (UPU), a décidé de miser sur cet atout, mais aussi de profiter de l’essor des nouvelles technologies. Avec un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards de FCFA en 2009, la poste malienne n’a jamais dégagé de bénéfices depuis sa création. C’’est donc le principal challenge auquel doit faire face cet homme de 50 ans qui possède une culture du secteur privé, avec à  son actif la création du cabinet IBC Mali et du centre d’appels à‡A VA basé à  Bamako. Un homme, une poste Depuis son arrivée à  la tête de l’ONP, M. Diakité a pris soin de déminer le terrain social, en assurant un paiement régulier des salaires de ses 428 collaborateurs. Pas facile d’obtenir la confiance d’un personnel fortement syndiqué, lorsque l’on n’est pas soi même issu de la poste. Pourtant, il est en passe de réussir son pari grâce à  l’arrêt de services non rentables, tels que Western Union, à  la modernisation de l’outil technologique, qui permet désormais de tracer le courrier, mais aussi à  travers la mise en place d’un partenariat avec la Poste française, qui a fourni à  l’ONP de nouveaux matériels roulants, motos et 4X4 pour améliorer la qualité et la rapidité de la remise du courrier. Alors qu’il fallait auparavant passer par Paris pour expédier un courrier vers les pays voisins, il pourra en 2011 transiter jusqu’aux frontières du Mali, à  charge pour les postes des pays voisins de l’acheminer vers leur destinataire final. De nouveaux services pour séduire la clientèle Le courrier rapide fait aussi partie de la panoplie des services proposés par l’ONP, grâce au service EMS qui concurrence désormais les leaders internationaux comme DHL. Plus innovant encore, le service de transfert d’argent par SMS, dénommé « Wari », connait un grand succès. Avec une moyenne de 100 transactions par jour depuis son lancement en novembre 2009, il permet d’envoyer de l’argent à  ses proches n’importe o๠au Mali de manière très simple, et à  un coût réduit. Par ailleurs, le mandat cash est amené à  concurrencer les leaders du transfert tels que Western Union, grâce à  un coût deux fois moins élevé. « Il en coute à  l’utilisateur uniquement 500 F CFA pour un envoi de 5000 F CFA, contre le 1000 F CFA chez le concurrent », précise le directeur général. Fort de son réseau de 100 points de vente, l’ONP a noué un partenariat avec la Sotelma, pour permettre aux usagers des services téléphoniques de payer leur facture sur l’un de ses points de vente. Ce service pourrait être étendu à  d’autres sociétés de service public, comme par exemple Energie du Mali (EDM). Enfin, dans la stratégie de développement mise en place par la direction, le retour des services financiers figure en bonne place. « Nous allons proposer aux usagers des services financiers, probablement à  travers une filiale commune avec un acteur bancaire de la place », indique Wande Diakité, qui mise sur un retour à  l’équilibre des comptes de l’ONP dans les prochaines années.