Espace CEDEAO : Un nouveau rapport accablant sur les tracasseries routières

Sur les différents axes routiers dans l’espace sous-régional, les textes relatifs à  la circulation des personnes et de leurs biens ne sont pas respectés. C’’est ce qui ressort du dernier rapport de l’Observatoire des Pratiques Anormales. Ce rapport, dont le contenu est entrain d’être vulgarisé par le CAD-Mali dans le cadre du projet «Â Gouvernance routière », indique une recrudescence des tracasseries routières sur les corridors des pays membres de l’UEMOA et de la CEDEAO. En effet, selon le rapport, tous les indicateurs (déjà  élevés) ont enregistré une hausse généralisée, favorisée en grande partie par le contexte de crise en Côte d’Ivoire, la culture de l’impunité et le manque d’uniformité ou la faiblesse des dispositifs d’application et de mise en œuvre des réglementations et politiques de lutte contre les tracasseries routières. Selon le rapport, on a enregistré des hausses de 2,8%, 3,5% et 73,6% respectivement pour le nombre de contrôles, de rackets et de temps de contrôles par rapport au trimestre précédent sur l’ensemble des six corridors suivis par l’OPA. Il en découle donc, des résultats alarmants et somme toute très insatisfaisants. Axe Ouagadougou-Bamako décrié En termes de « Nombre de contrôles », le corridor Ouagadougou-Bamako demeure le plus dense avec plus de trois arrêts tous les 100 km soit environ 28 arrêts par voyage. Cette situation est imputable, selon les enquêteurs, à  la partie malienne, du fait du nombre élevé de contrôles sur ce tronçon, lequel, à  lui seul, enregistre plus de 4 arrêts tous les 100 km soit 20 contrôles par voyage contre 8 du côté Burkinabè. Le corridor Lomé-Ouagadougou enregistre ce trimestre le nombre le moins élevé de contrôles avec près de deux arrêts par 100 km soit environ 19 contrôles par voyage. Le Sénégal arrive en tête des pays o๠la densité des contrôles chaque 100 km est la plus élevée. La Côte d’Ivoire vient en deuxième rang suivi du Mali, du Ghana, puis du Burkina, et enfin du Togo. Au Sénégal, la gendarmerie est en tête des contrôles intempestifs, suivie de la Police, puis de la Police des Frontières et de la Douane. Perceptions illicites En termes de « Perceptions illicites », le corridor Abidjan-Bamako demeure en tête des corridors à  fort taux de rackettage avec 6 470 F CFA de perceptions illicites « rackets» tous les 100 km, soit 75 953 F CFA par voyage et par camion. La Côte d’Ivoire, précise le rapport, demeure en grande partie responsable de cette situation avec 8 689 F CFA de perceptions illicites « rackets » tous les 100 km, soit 61 692 F CFA par voyage (dont 53 872 F CFA extorqués par les Forces Nouvelles et les Agents d’escorte des camions). Ce taux hisse la Côte d’Ivoire au sommet des tronçons routiers inter-Etats o๠les camionneurs paient le plus lourd tribut en matière de tracasseries routières. Le corridor Téma-Ouagadougou arrive en 6ème position avec environ 18 894 F CFA respectivement prélevés par voyage et par camion. Par Etat, la Côte d’Ivoire occupe le 1er rang dans le classement des pays à  fort taux de rackets (aux 100 km) suivie du Mali, du Sénégal, du Burkina, puis du Togo et enfin du Ghana. Temps de contrôle En terme de « Temps de contrôles », le corridor Bamako-Dakar arrive en tête des corridors à  long temps de contrôles avec 30 minutes perdues tous les 100 km, soit un retard de 441 mn (7h 21mn) accusé par voyage. « Le Mali et le Sénégal sont mutuellement responsables de cette situation avec respectivement 31 mn et 28 mn de retard enregistré aux 100 km »mentionnent les enquêteurs. Le corridor Abidjan-Bamako arrive en dernière position avec 15 mn de temps de contrôles tous les 100 km. Par Etat, le Sénégal occupe le premier rang dans le classement des pays à  long temps de contrôles (aux 100 km) suivi du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Burkina, du Ghana et enfin du Togo. A la lecture de ce rapport, on constate donc une croissance et une persistance des pratiques anormales sur les axes routiers de la sous-région. Ce qui souligne encore l’insuffisance des efforts actuels en matière de l’application des textes relatifs à  la libre circulation des personnes et de leurs biens.

Axes routiers inter-Etats : L’OPA présente les résultats de 3e trimestre 2009

Qu’est-ce que l’OPA ? l’OPA est une structure chargée de mener régulièrement des actions permettant de suivre les comportements des agents de contrôle sur les axes routiers entre Etats. Le représentant de la commission de l’UEMOA, Apollinaire Ibrahim Tini, signale que les contrôles ont démarré depuis 2005, sur le corridor Téma-Ouagadougou-Bamako. Et, ils se sont étendus au cours de ce 3e trimestre 2009 sur le corridor Bamako-Dakar. Il explique par ailleurs que «Â grâce à  la participation effective des chauffeurs routiers, des points focaux de l’OPA, des coordinateurs nationaux, du Trade Hub et de la commission de l’UEMOA, ils avons régulièrement traité, collecté, analysé et publié les résultats des enquêtes relatives aux pratiques des agents de contrôle, sur ces axes routiers inter-Etats. » Les résultats constatés Les contrôles effectués ont démontré une baisse de 10,84 % par rapport au trimestre précédent. l’OPA espère que cette baisse constituera une levée des barrières non tarifaires. Le représentant de l’UEMOA estime utile de souligner l’importance de la baisse du contrôle de 14,29% au Mali, sur le corridor Bamako-Ouagadougou. Toujours selon le rapport, le niveau de prélèvements illicites a baissé de 11,67 % sur le corridor Ouagadougou-Bamako et est également en baisse également de 18,68% sur le territoire malien. Il interpelle les chauffeurs routiers à  changer d’attitude face aux agents, en évitant toute corruption et le paiement de toutes taxes indues. l’OPA interpelle également les agents de contrôles routiers, généralement assermentés, à  se ressaisir en vue du respect de la réglementation. Trop de barrières Le corridor Bamako-Dakar, récemment pris en charge par l’OPA, s’avère être aussi tracassier que l’axe Bamako-Ouagadougou. l’OPA explique cette situation par la multiplicité de barrières sur le tronçon sénégalais qui, à  lui seul, enregistre 26 barrières par voyage, contre 11 de côté malien. Le représentant du coordinateur régional du projet à  la direction nationale des transports, Karim Sylla explique « le commerce intra régional représente aujourd’hui un levier important dans le contexte d’intégration régionale. En effet, 95 % des échanges commerciaux inter-Etats dans la sous région, se font par voie terrestre. » Ce qui selon lui, démontre l’importance de disposer d’un réseau routier performant et fluide, permettant un développement substantiel des économies des pays de la CEDEAO et de l’UEMOA. Lutte contre les tracasseries routières Mr Sylla estime que la lutte contre les tracasseries routières devient plus que jamais vitale pour nos économies en développement. « Au plan commercial, les tracasseries routières deviennent des facteurs de non compétitivité face à  un monde en permutation oà¹, la levée des barrières tarifaires et non tarifaires est imminente. », déclare-t-il. Il est certain que la synergie des nos actions conjointes et l’implication de chaque acteur, permettra de relever le défi de développement économique dans différents pays.

Rapport OPA : des conclusions accablantes pour le Mali

Le rapport est le résultat de la période du 1er avril au 30 juin 2009. Cette rencontre s’est déroulée dans les locaux de l’Hôtel Kempeski ce mardi 15 septembre. Tracasseries routières l’évaluation concernait les corridors Tema (Ghana) – Ouagadougou, Ouagadougou-Bamako et Lomé- Ouagadougou. Mais celui de Ouagadougou- Bamako a été jugé le plus difficile pour les transporteurs et les chauffeurs. Les tracasseries routières se sont accentuées en ce 2ème trimestre de 2009, qui consacre le 8ème rapport de l’OPA sur le corridor Bamako-Ouagadougou. Prélèvements illicites La baisse des activités de transport sur le même corridor semble avoir renchéri les taux des prélèvements illicites qui passent de 1631 FCFA au Togo à  11 400 FCFA au Mali aux 100km. Le nombre de poste de contrôle n’est pas épargné. Il varie entre 2 au Togo, au Burkina Faso et au Ghana et 7 au Mali. Le niveau élevé des prélèvements illicites est essentiellement imputable au Mali, qui avec 49 250 FCFA par voyage (dont 17 545 FCFA rien que sur le contrôle de la surcharge), bat le triste record des perceptions les plus élevées par pays et par corridor au cours d’un voyage, loin devant le Burkina Faso qui sur le même corridor enregistre 9980 FCFA de perception illicites par voyage. Les taux de prélèvements illicites sont rendus plus élevés par les extorsions consécutives à  l’application sur deux des trois corridors, de la réglementation sur la charge à  l’essieu et sans délivrance de reçus aux conducteurs dont les camions contreviennent à  la réglementation. Il faut rappeler que l’OPA sur les axes routiers a été mis en place en 2005 conjointement par l’UEMOA et la CEDEAO avec l’appui financier de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID) et du Programme des Politiques de Transport en Afrique Subsarienne ( SSATP) de la Banque Mondiale. La partie technique est assurée par le Centre Ouest Africain pour le Commerce. Donc, l’objectif visé est la bonne gouvernance routière sur les axes routiers d’Afrique de l’Ouest. En plus des corridors cités plus haut, le programme doit s’étendre sur d’autres corridors comme Bamako-Dakar, Niamey-Cotonou et Ouagadougou-Abidjan.