Claude Bernard Camara, le précurseur

Ophtalmologiste et fondateur du Centre international d’ophtalmologie du Mali « Yeelen », le docteur Claude Bernard Camara est aujourd’hui l’un des médecins les plus convoités de la sous-région. Portrait d’un passionné des yeux.

Après un Bac scientifique obtenu au Lycée Askia Mohamed de Bamako en 1985, Bernard Camara obtient une bourse d’études pour l’Université de Sienne en Italie, où il aspire à devenir médecin généraliste. Sorti major de sa promotion, il est admis 4è sur 5 places disponibles pour 200 candidats à un concours de spécialisation en ophtalmologie. Seul Africain parmi les admis, il termine encore une fois major de sa promotion et devient ophtalmologiste en 1997. Après un passage en France, il décide de rentrer au Mali en 1999, pensant pouvoir faire partager son expertise, mais se voit refuser l’accès à l’Institut d’ophtalmologie tropicale de l’Afrique (IOTA) par manque de place. Le jeune médecin décide alors de s’installer à son propre compte grâce au soutien de sa famille et crée « Yeelen », le 1er cabinet ophtalmologique privé du Mali en 1999. « Après mon passage à la télévision pour l’inauguration du cabinet, j’ai eu une cinquantaine de clients le lendemain et depuis, ce ne sont pas moins de 50 clients de diverses nationalités que nous recevons par jour ». Celui qui participe à différentes formations aux 4 coins du monde pour se perfectionner, assure avoir consulté plus de 300 000 yeux et formé de nombreux jeunes ophtalmologues. Employant 2 personnes à ses débuts, le cabinet Yeelen a aujourd’hui un effectif d’une dizaine d’agents dans ses locaux à l’ACI 2000. « Nous sommes en train de suivre des formations afin d’améliorer notre technique de chirurgie et tendre vers celle au laser », confie le médecin, âgé de 50 ans, qui inaugurera en mai prochain un cabinet d’ophtalmologie à la pointe de la technologie à Abidjan. Collectionneur d’œuvres d’arts, le Dr Camara est président du Conseil d’administration de la Galerie Médina à Bamako.

 

IOTA À la pointe de l’ophtalmologie

Centre hospitalier universitaire spécialisé dans les soins des yeux et affilié à l’Université de Bamako, la population du Mali et de toute l’Afrique francophone jusqu’à certains pays du Maghreb y consultent. Focus sur l’IOTA.

L’Institut d’ophtalmologie tropicale de l’Afrique (IOTA) est un centre d’excellence dans le champ de la formation en ophtalmologie à travers les diplômes d’études spécialisées d’optométrie, de soins infirmiers ophtalmologiques et technique d’optique. Créée en 1953, cette structure sous régionale a été rétrocédée au système sanitaire du Mali en 2000 suite à la dissolution de l’Organisation de coopération et de coordination pour la lutte contre les grandes endémies. Ses missions sont d’offrir aux populations les soins ophtalmologiques de 3è référence, d’assurer la formation initiale et continue des spécialistes en ophtalmologie pour les pays francophones d’Afrique, et de conduire les travaux de recherche dans le domaine de l’ophtalmologie et de la lutte contre la cécité sur le plan national et international.

Avec un effectif de 125 agents, dont 18 médecins, 38 assistants médicaux, 3 optométristes et 5 opticiens lunettiers, l’IOTA est en pleine mutation. Bientôt sera inauguré un nouveau bâtiment qui va accueillir de nouvelles spécialités, telles que les soins de la rétine et du segment postérieur des yeux, un centre consacré aux soins du glaucome, un centre d’oculoplastie ou la chirurgie des structures autour de l’œil, et le centre d’ophtalmo-pédiatrie. « Nous sommes convaincus que les recherches et formations après le développement de ces 4 pôles, permettront au Mali de récupérer son label de centre de référence de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) », assure le Dr Seydou Bakayoko, directeur général adjoint de l’IOTA. Selon lui, de nombreux projets sont en cours de réalisation pour renforcer la qualité des services de l’IOTA qui pratiquent chaque année entre 75 000 et 100 000 consultations, de 6 000 à 7 000 interventions chirurgicales et environ 20 000 examens complémentaires. Il faut noter en outre que le centre de formation accueille chaque année pour leur spécialisation, 8 médecins, 6 étudiants optométristes et 8 infirmiers venus de toute l’Afrique francophone et du Maghreb, sans oublier les étudiants de la Faculté de médecine et les élèves infirmiers.