Manifestation anti-MINUSMA : les Bamakois en parlent

Lundi et mardi, des milliers d’habitants de Gao descendent dans les rues pour protester contre la signature d’un accord de mise en place d’une zone démilitarisée autour de Tabankort. La manifestation de mardi dégénère. Bilan, 4 morts et 18 blessés. Les victimes ont été, pour la plupart, touchées par des tirs à  balles réelles. Une situation qui a provoqué de nombreuses réactions, certains jeunes allant jusqu’aux abords du siège de la Mission onusienne pour manifester leur indignation. Allaye Diallo, vendeur de mouton estime que « la MINUSMA est le complice du MNLA ». « Pourquoi la MINUSMA n’a pas tiré sur les manifestants de Kidal qui les ont caillassés, C’’est à  Gao qu’ils vont tuer à  balle réelle sur les jeunes? », se demande-t-il. Issa Maà¯ga, enseignant au lycée, quant à  lui soutient que la MINUSMA joue à  cache-cache» avec le MNLA. «Tout le monde le savait. Le temps nous a donné raison avec la signature de l’accord sécuritaire entre les séparatistes du MNLA et la MINUSMA », affirme-t-il. Pour lui, «les manifestants à  Gao sont des braves, C’’est un devoir de nous de dénoncer ce duo complice au nord du Mali». Et de conclure, sentencieux: «le sauveur est devenu le bourreau». Balla Keita, commerçant détaillant, partage l’avis de Issa Maà¯ga. La connivence entre la MINUSMA et le MNLA ne fait pour lui l’objet d’aucun doute. Il va plus loin: « le MNLA l’enfant gaté de la MINUSMA » assure-t-il. « Je ne suis pas surpris que la MINUSMA tire à  balle réelle sur les jeunes maliens à  Gao. Le MNLA a toujours été protégé par la MINUSMA sous les consignes fermes de la France. Il faut le dire les gens du MNLA sont soutenus par la France et la communauté internationale pour avoir la mainmise sur les richesses du nord. Aujourd’hui , le MNLA qui a perdu le terrain au profit de Gatia, son maitre la MINUSMA veut tout faire pour l’imposer sur le terrain. Les jeunes de Gao sont les plus grands patriotes qui ont vite dénoncé à  prix de leur sang.» Silence coupable des politiques Fatoumata Souko, présidente d’une association féminine, de son côté se dit surprise du silence assourdissant des partis politiques sur les évènements de Gao. « La ville de Gao était hier à  feu à  sang, les jeunes patriotes sont morts sous la balle de la MINUSMA et plus de 18 blessés. Personne n’a entendu une déclaration d’un parti politique. Les hommes politiques se sont tus comme une carpe dans l’eau. l’opposition comme la majorité aucun des partis politique n’a fait encore une déclaration de soutien à  la jeunesse de Gao » Dans le courant de condamnation unanime, il y a cependant quelques voix qui se posent des questions sur le film des événements. C’est le cas de Sibiri Coulibaly, que « ça [m’]étonnerait que la MINUSMA tire sur les manifestants ». « C’’est inadmissible que les gens qui sont venus nous protéger soient nos propres bourreaux. Certes il y avait plus de 2000 manifestants, la MINUSMA pourrait faire des tirs de sommation, ou bien utiliser des balles en caoutchouc. Je n’exclue pas l’infiltration du MNLA dans la foule. Je remercie la MINUSMA pour le retrait de l’accord controversé».

G5 du Sahel: à quoi ça sert vraiment ?

Le G5 du Sahel est né. En effet, un groupe de cinq pays du Sahel constitué du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad, a été mis en place lors de la rencontre des chefs d’Etat des pays concernés à  Nouackchott, le 16 février dernier. Objectifs du groupe présidé pour l’heure par le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz: prévenir et lutter contre l’insécurité dans la zone et gérer au mieux la manne de plus de huit milliards d’euros promise par la communauté internationale dans le cadre de la quête de la sécurité et du développement dans l’espace sahélien. Le nom donné à  ce rassemblement en lui seul suscite des interrogations: G5. Est-ce une façon de copier l’Occident, spécialiste des regroupements de pays de ce genre ou juste une reconnaissance implicite que C’’est l’Occident qui est à  l’initiative de la création de ce regroupement? Si tel est le cas, ce regroupement peut-il atteindre des résultats intéressants étant donné que ses acteurs n’y sont pas allés par conviction? En tous les cas, le pessimisme est de mise. La manne venue d’Occident On se demande du reste pourquoi des pays comme le Sénégal, également concerné par les questions du Sahel, et la Libye, véritable magasin à  ciel ouvert et incubateur de terroristes, ne font pas partie de ce regroupement. Ce serait mesquin et contreproductif si l’exclusion de ces deux pays est dictée par la volonté d’avoir moins de prétendants dans le partage du gâteau. Car, on a hélas le sentiment que la manne promise est le principal, sinon le seul élément fédérateur des membres de ce regroupement. l’argent serait le seul motif du rapprochement entre ces cinq pays dans ce dossier. Tout se passe comme si l’Occident, connaissant le faible de nos dirigeants pour les espèces sonnantes et trébuchantes, a compris que C’’est ce sur quoi il fallait tabler pour les faire sortir de leur torpeur en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. Il est notoire que la lutte contre le terrorisme préoccupe plus l’Occident que l’Afrique. Il n’est donc pas étonnant que l’Occident fasse tant et tant d’efforts. Surtout que la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) végète depuis la disparition de son principal géniteur et bailleur de fonds, Mouammar Kadhafi. Les milliards promis par la communauté internationale devront servir en partie, à  des investissements dans des zones pauvres et jusque-là  plus ou moins délaissées. De ce fait, il est essentiel que les membres du G5, même si ce groupe a été inspiré, voire suscité par les Occidentaux, sachent en tirer le meilleur profit possible pour leurs populations. Pourvu donc que ces investissements se fassent avec le plus de sérieux possible. Cela sera de nature à  réduire un tant soit peu la misère qui crée un terreau fertile pour l’extrémisme, un vivier de jeunes faciles à  endoctriner et à  enrôler pour le jihad. Ces investissements dans les zones délaissées sont donc un moyen efficace de lutter contre la propagation des islamistes et leurs doctrines obscurantistes. Mais la situation devrait être tout de même gênante pour les dirigeants africains. Cela ne devrait pas être une fierté de toujours compter sur l’aide occidentale pour soulager les populations africaines. Une gestion rationnelle des ressources à  venir commandait par ailleurs qu’on fasse l’économie de la mise en place d’une nouvelle institution qui, quoi qu’on dise, va engloutir un minimum de moyens de fonctionnement qui aurait pu être mieux injectés dans des chantiers de développement. En tout état de cause, on se demande pour combien de temps cet attelage dont le lien essentiel réside dans la manne promise, peut tenir la route. Il faut en effet craindre que l’utilisation de ces fonds ne soit source de discorde. Les pays pourraient ne pas s’entendre sur la répartition, le choix des projets ou la manière de les financer. Ce serait dommage, mais le vrai danger se trouve ailleurs. Le risque que l’Occident, au nom de la lutte contre le terrorisme, protège et entretienne des dictateurs dans cette zone n’est pas négligeable. Sur ce point précis, contrairement au régime de Nicolas Sarkozy qui avait commencé à  donner l’espoir d’une influence positive de la France dans la démocratisation du continent noir en « rougissant les yeux » avec certains chefs d’Etat africains qui veulent s’éterniser indûment au pouvoir, François Hollande déçoit bien des Africains. Lire la suite sur Slateafrique.com http://www.slateafrique.com/441755/g5-sahel-initiative-floue-objectifs-mysterieux

Commission dialogue et réconciliation: les Maliens, pas en phase

Ironie de l’actualité sociopolitique malienne, la commission dialogue et réconciliation tant attendue semble porter en elle les germes d’une division future. Moins d’une semaine après la publication de la liste complète de la commission, l’équipe de Mohamed Salia Sokona est loin de faire rêver les Maliens. Les critiques fusent de partout pour dénoncer sa composition. Le reproche est fait à  la commission d’ignorer des franges importantes de la société et de retenir des hommes et des femmes n’ayant aucun mérite particulier. Le Collectif des ressortissants du Nord(COREN), le collectif des patriotes(COPA) et d’autres regroupements ethniques en l’occurrence les Bellahs et les Peuls ont fait part de leur indignation face à  la composition de la commission et émis des doutes quant à  sa capacité de réconcilier les Maliens. Certains vont jusqu’à  proposer au Président de la République de revoir sa copie afin de mettre des hommes à  la place qu’il faut. Autre grief, la commission ne comporterait aucun membre des organisations religieuses, pas plus que des représentants de l’association des communicateurs traditionnels. Une situation qui gêne quand on connaà®t le poids et l’influence des hommes de Dieu et des maà®tres de la parole dans la résolution des contentieux sociaux. Ce qu’ils en disent… Pour Mamadou Maà¯ga, un quinquagénaire au visage bouffé par la barbe, il est aberrant de constituer une commission sans un seul représentant du Haut conseil islamique(HCI). C’’est une volonté, conclut-il avec un brin fanatisme, de saboter la religion. La composition de la commission dialogue et réconciliation exaspère Kalifa Koné, comptable de son état, qui regrette le fait d’aller exhumer Mohamed Salia Sokona, un retraité et inconnu pour diriger une aussi importante commission. Tout aussi grincheux, Moussa Touré estime que la composition de la commission répond à  une logique de partage du gâteau. En plus de la composition, M.Touré désapprouve le nombre élevé des membres de la commission. « On aurait pu prendre une dizaine de personnes au lieu de plus d’une trentaine pour non seulement économiser les deniers publics mais aussi pour un résultat probant », analyse-t-il. Pour rappel, la commission est composée de 33 membres avec un budget de fonctionnement mensuel de 25 millions de FCFA.

Résolution de l’ONU: joie et espoir à Mopti

Ils sont nombreux les mopticiens à  s’exprimer sur cette résolution voté le jeudi 20 décembre dernier. Si certains pensent que cette guerre est obligatoire pour sauver l’orgueil malien, d’autres sont sceptiques sur son volet politique qui privilégie le dialogue avec les Touaregs. La plupart saluent malgré tout le vote de la résolution. D’après, Mamadou Kenietao, agent d’une ONG, le départ de Cheick Modibo Diarra a permis l’adoption du texte qui trainait depuis sur la table du Conseil de Sécurité. « Le Premier ministre était vraiment un blocage, il ne parvenait pas à  convaincre la communauté internationale. Certains disent même qu’il était de mèche avec Algérie pour s’opposer à  l’intervention de la communauté internationale », déclare notre interlocuteur. Salif Bocoum est un ancien militaire à  Mopti. Il a explosé de joie à  l’annonce du vote de la résolution. « Il faut la guerre pour donner au Mali son orgueil d’antan, notre armée doit profiter de cette résolution pour reconquérir les régions du nord Mali rapidement. Je vous rappelle que l’armée malienne était la plus redoutable dans la sous-région. Et C’’est inadmissible que celle-ci ne soit pas en mesure de reprendre les choses en main ». Haman Guindo est du même avis que notre ex-homme de troupe. Il pense que le Mali a désormais une couverture internationale pour faire cette guerre. « Il faut reconnaitre que la guerre aussi a des règles que beaucoup ne connaissent pas. Avec l’engagement de l’ONU auprès de notre pays nous allons en finir avec les djihadistes qui sèment la terreur au nom de Dieu alors qu’ils ne sont que narcotrafiquants » déclare –t-il. Pour Saran Maiga une déplacée du nord, les militaires maliens n’ont plus de raisons de ne pas aller au front. « Au lieu que nos militaires restent en villes et s’en prennent à  des pauvres citoyens civils, ils vont être obligés de se battre de désormais. Le feu vert a été donné » se réjouit–t- elle. Le dialogue qui dérange Si certains pensent que cette résolution est la bienvenue d’autres sont encore sceptiques dans la mesure o๠elle comporte le volet politique. l’aspect dialogue avec les touarègues ne reçoit pas l’assentiment de tous. s’il est vrai que le MNLA s’est désolidarisé des djihadistes. Selon Abah Dicko, enseignant, cette résolution est un piège. « Voter une résolution ne signifie pas d’aller faire la guerre tout de suite. Ils nous font croire que la guerre C’’est demain et après ils nous imposeront les Touaregs pour faire un front commun contre les fous de Dieu » critique –t-il. Dédé Tolo, mécanicien de son état, ne connait pas le contenu de la résolution mais il est d’emblée contre. « Cet accord de l’ONU dont les gens parlent depuis ne peut rien changer dans la crise malienne. l’essentiel est que les militaires se donnent la main pour aller au front afin de libérer le nord. Le vrai problème du Mali est la division au sein de l’armée. Sinon on va attendre encore malgré cette résolution votée par la communauté internationale » déclare –t-il. Modibo Fofana depuis Mopti

Gouvernement: les Maliens l’apprécieront « à la tâche »

Pour Ismael Dembélé, aucun changement n’a été apporté dans ce nouveau gouvernement. « Dioncouda Traoré reste un simple figurant dans ce gouvernement car tous les postes clés sont détenus par les proches du Premier Ministre et de l’ex junte à  Kati ». Il ajoute cependant que désormais il faut aller à  l’essentiel. « Tout ce que nous pouvons faire est d’accompagner ce gouvernement pour sortir le Mali de l’impasse ». Salimata Konaté n’est quand à  elle pas du tout satisfaite du peu de place faite aux femmes dans ce gouvernement qui n’en comprend que 4. « Il y a une discrimination sur le genre. 4 ministres femmes seulement dans ce gouvernement alors qu’il en faudrait au moins 10 femmes pour assurer la représentativité des femmes » estime-t-elle. Aicha Traoré , chargée des ressources humaines, estime que C’’est toujours l’ancien régime de Moussa Traoré qui profite de ce gouvernement. « Les proches du Premier Ministre et les militaires sont largement représentés dans ce gouvernement, affirme-t-elle. Alors qu’on sait ces deux hommes sont acquis pour la cause de Moussa Traoré. C’’est réellement C’’est le retour de Moussa Traoré au pouvoir » conclut-elle. « Les partis politiques ont perdu leur poids au Mali » selon Rokia Diempkilé professeur d’Allemand au lycée privée Mamadou Diakité en commune I. « Dans ce gouvernement, aucun des grands partis n’est présent, ils sont tous éclipsés au profit du clan Cheick Modibo Diarra et le capitaine Amadou Haya Sanogo ». Pour Abdoulaye Sidibé, analyste financier, le gouvernement est mal composé. «Je pense que Moussa Sinko ne mérite pas l’administration. En tant que militaire on peut douter de sa bonne foi pour assurer la neutralité des prochains scrutins. Sachant que leur candidat est connu d’office. Il est de même que Tieman Coulibaly qui est très jeune pour le portefeuille ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale». Quant à  Sidiki Coulibaly, enseignant, est plutôt optimiste pour l’avenir de cette équipe. Pour lui, il faut laisser le temps à  ce gouvernement qui doit être apprécié à  la tache. «Malgré la présence des grands partis politiques et associations en son sein, je ne pense pas qu’on puisse parler de gouvernement d’union nationale ». Mais la question la plus discutée depuis l’annonce du gouvernement est bien celle de la création d’un ministère chargé des affaires religieuses et du culte dans un pays laà¯c dont le nord est sous la charia. « Le Premier Ministre a créé ce poste uniquement pour séduire les musulmans qui ont exigé son maintien au pouvoir. Il sera difficile de supprimer désormais ce porte feuille même si un nouveau président est élu. Qui osera supprimer ce porte feuille risque d’être maudit par les leaders religieux musulmans qui prennent de plus de place dans la vie politique de notre pays» s’inquiète Aldiouma Guindo.

Sondage : la majorité des Bamakois saluent le changement de régime

Que pensent les Maliens de la crise que vit leur pays ? Irrégulièrement mobilisés lors des rassemblements, versatiles, diront certains, à  l’image d’un contexte changeant et incertain, les Maliens ont-ils des avis tranchés sur les bouleversements actuels ? Pour tenter de sonder la majorité silencieuse, l’économiste et statisticien Sidilki Guindo a fait réaliser les 29 et 30 avril 2012 une enquête d’opinion auprès de 1100 personnes de 18 ans et plus dans le district de Bamako. Les limites de l’enquête Le choix de la seule capitale « se justifie par des contraintes de temps et de moyens financiers », écrit M. Guindo dans le rapport final. Même si « la position des Bamakois nous semble être assez pertinente pour aider à  la prise de décision, cette ville accueillant 12% de la population totale du Mali », l’opinion des Maliens ruraux, et surtout celles des Maliens des zones contrôlées par les groupes armées, n’est pas refletée dans les sondages. Sans compter que plusieurs événements susceptibles de modifier les opinions ont eu lieu depuis la réalisation du sondage. Les sondages ont été réalisés selon une méthode de quota. Ainsi, le nombre de personnes enquêtées dans une commune est proportionnel au poids de celle-ci dans la population bamakoise. De même, pour les variables sexe et classe d’âges, il a été tenu compte du poids des différentes modalités dans la population. Une large majorité salue la chute d’Amadou Toumani Touré Effectuée un peu plus d’un mois après le coup d’Etat du 22 mars, l’enquête révèle d’abord que 64% des sondés se disent satisfaits de la chute d’ATT avant l’organisation de l’élection présidentielle. Pour 51% d’entre-eux, le régime de l’ancien président est le principal responsable de la crise actuelle. 80% des interrogés disent être satisfaits ou très satisfaits de la composition du gouvernement, annoncée quelques jours avant l’enquête (25 avril), et 60% se disent satisfaits ou très satisfaits du comportement général des putschistes. Les Bamakois partagés sur le cas Dioncounda Traoré Autant de questions et de réponses faites avant l’offensive des bérets rouges contre les putschistes (30 avril) et l’aggression de Dioncounda Traoré (21 mai), susceptibles d’avoir modifié l’opinion des Bamakois. Avant que certains manifestants n’envahissent le palais présidentiel de Koulouba et ne s’attaquent physiquement à  Dioncounda Traoré, et avant que ce dernier ne déclaire le 1er Mai que, « si tel est le souhait partagé, je ne resterai pas une seconde de plus que les 40 jours de l’intérim », 52% des questionnés estimaient que l’ancien président de l’Assemblée nationale devait rester à  la tête de l’Etat après son intérim. IBK sort du lot Comment se comporter avec les groupes armés indépendantistes et islamistes qui contrpolent les régions du Nord ? 54% optent pour la force contre 45% en faveur de négociations. Sur qui peut compter le Mali ? Malgré les négociations parfois mouvementées avec les représentants de la médiation de la Cédéao, malgré certains décisions très critiquées des chefs d’Etat africains, 66% des sondés consièdrent que l’organisation ouest-africaine aide le Mali contre les rebelles. En revanche 55% estiment que la France les soutient. Un pourcentage important qui, selon le chercheur, s’explique par la présence de membres du MNLA en France, par le fait que la France est en contact avec le MNLA et par la présence régulière de ce dernier sur les chaà®nes de télévision française. Dessiné sur les véhicules, affiché sur des vêtements, salué dans des chansons, le capitaine putchiste Amadou Aya Sanogo bénficie de 65% d’avis favorables. Il y a néanmoins plus populaire que lui. Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra (78%) et l’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keita, qui récolterait donc les fruits de sa neutralité.

Mois de la solidarité : Il faut rectifier le tir !

Après le tonitruant mois dit du cinquantenaire, revoilà  le mois de la solidarité. Un mois qui, si l’on s’en tient à  sa signification, est mis à  profit par les plus hautes autorités pour traduire l’élan de C’œur national. Démunis du Mali. Qu’espérez-vous en ce mois qui vous est dédié. Les tristes souvenirs des éditions antérieures vous conduiront certainement à  ne plus rien attendre des pouvoirs publics. Lesquels attendent subtilement la précieuse touche des partenaires financiers. Histoire de renforcer les 100 millions décaissés annuellement dans les caisses de l’Etat pour faire face aux charges du mois. A vrai dire, ce sont des centaines de millions, voire des milliards qui sont annuellement engloutis dans les activités du mois de la solidarité. Mais les traces sont invisibles. On fait croire au malien lambda que les dons amassés toucheront le maximum de démunis. A tout point de vue, le mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion n’est plus qu’une coquille vide. Du moins, si l’on s’en tient à  ce que les autorités maliennes en font. Célèbre, fut-il, ce mois se limite aujourd’hui à  la distribution de dons résiduels, à  une poignée «Â d’heureux élus », sous le feu nourri des médias nationaux. Pis, la plupart des dons faits par nos autorités ne se limitent qu’au niveau de Bamako et, à  la limite, aux capitales régionales. Ils ne profitent guère aux véritables nécessiteux juchés dans les périphéries du pays. Est-il, de ce fait, besoin d’instituer un mois qui ne favorise q’une poignée d’individus sélectivement choisis. Encore faudra-t-il que les dons prévus pour ce faire, soit équitablement répartis entre les démunis et les populations en situation difficile. Pourtant, face aux dons qui tombent à  profusion, démunis, personnes en situation, orphelin, handicapés…, tous devraient y trouver leur compte. C’’est dire que, pendant que certains s’emploient à  donner sans compter, d’autres, par contre, activent leur soif inextinguible et se la coulent douce avec les dons destinés aux pauvres. Elles sont une multitude de structures donatrices à  se signaler pendant ce mois. Mais les dons n’ont jamais pu atteindre les vrais destinataires. Du coup, l’indigent, l’handicapé…, de Kidira à  Tinzawaten, vit le mois de la solidarité sans jamais sentir de changement dans son quotidien. Pis les critères de choix des indigents se fait dans les secrets des dieux et le plus grand amateurisme. Pour tout dire, ça se passe sur fond de complaisance et d’affinité. D’o๠l’indignation de certains observateurs qui à  la limite qualifient ce mois de folklorique. Les faits ne leur donnent-ils pas raison dans la mesure o๠la finalité ne contribue qu’à  attiser la misère des pauvres à  travers une discrimination des plus ostentatoires. Les quelques dons faits s’accompagnent de publicité tapageuse pour tout simplement distraire et amuser la galerie. Tout se passe comme si l’élan de C’œur a véritablement besoin de tapage. Comme si cela ne suffisait pas. On médiatise la misère des pauvres et vilipende leur honneur et leur dignité pour des dons quasiment insignifiants. Plus que jamais, ce mois se doit d’être le porte étendard de l’élan de solidarité national. En tout cas, pour que vive cette 16 ème édition, il faut nécessairement rectifier le tir.

Les droits de l’homme, fondement moral pour les soins de santé ?

Déclaration Universelle des droits de l’homme La notion de « droit à  la santé » trouve son origine dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies de 1948. Mais lors des décennies qui ont suivi, les plus belles réussites de l’Aide humanitaire en matière de santé — telles que les campagnes de vaccinations et de distribution d’antibiotiques de l’Organisation mondiale de la santé et de l’UNICEF — étaient fondées sur des objectifs plus réalistes : tirer les plus grands avantages possible pour la santé des pauvres à  partir de budgets d’aide limitée. L’argument moral a fait son grand retour au nouveau millénaire. Un de ses défenseurs les plus éloquents est le Dr Paul Farmer, qui a obtenu la gloire avec des efforts héroà¯ques pour donner aux gens un accès égal aux traitements médicaux complexes en plein milieu de l’extrême pauvreté d’Haà¯ti et du Rwanda, en affirmant que les soins de santé étaient « un droit de l’homme fondamental, qui devrait être disponible gratuitement. » L’OMS est passée d’une amélioration pragmatique de l’état de santé vers « la réalisation universelle du droit à  la santé ». Même Amnesty International, pourtant défenseur des droits de l’homme plus traditionnels tels que le droit de ne pas être torturé, a ajouté une nouvelle section sur le « droit à  la santé » dans son rapport sur les droits de l’homme en 2009. En quoi cela est-il gênant ? Il est en réalité impossible pour tout le monde d’atteindre immédiatement « le plus haut standard possible » en matière de santé (tel que disposé dans la Déclaration des droits de santé). Donc le choix de quels « droits à  la santé » vont être réalisés relève d’une bataille politique. La réalité du jeu politique est que ce « droit » n’est qu’un atout pour obtenir davantage de ressources — et les pauvres ont rarement la meilleure main. Droit à  la santé La plus grande victoire du mouvement du « droit à  la santé » a été l’approvisionnement financé par des aides des traitements antirétroviraux aux malades du SIDA en Afrique (incluant les classes moyennes et supérieures). Le traitement du SIDA s’est entre autres financé auprès des administrations Bush et Obama, la Fondation Clinton Foundation, la Fondation Gates et la campagne des objectifs du Millénaire pour le développement. Le rapport de l’OMS de 2004 qui soulignait le « droit à  la santé » s’est en fait concentré sur un seul objectif spécifique — le traitement du sida. Sauver des vies de cette manière est une belle cause — sauf dans la mesure o๠elle enlève des ressources pour combattre d’autres maladies. Et malheureusement de nombreux observateurs craignent que ce soit exactement le cas. Un document interne de la Banque mondiale de 2009 reprochait à  la banque d’avoir permis au traitement du sida d’évincer de nombreux autres programmes sanitaires. Le nombre de morts dû à  la tuberculose ou au paludisme s’élève à  2 millions en 2008, environ autant que le sida. Pourtant, les sommes allouées au traitement du sida représentaient 57 % des projets de la Banque mondiale sur les maladies transmissibles de 1997 à  2006, contre 3 % pour le paludisme et 2 % pour la tuberculose. Les autres grandes causes de décès chez les défavorisés — comme la pneumonie, la rougeole et les maladies diarrhéiques, qui représentent conjointement plus de 5 millions de décès en 2008 — ont reçu encore moins d’attention. La défense des droits favorise également certains aspects de la santé par rapport aux autres. Ceux qui sont séropositifs défendent efficacement leur droit à  un traitement, tandis que ceux qui vont un jour attraper le sida ne peuvent pas organiser de lobby pour un « droit à  la prévention. » Les résultats peuvent être consultés dans le rapport 2009 du Plan d’urgence du Président pour le sida (PEPFAR), l’un des plus importants programmes d’aide humanitaire dans l’Histoire américaine. Seulement 22 % de ce budget est consacré à  la prévention, contre 48 % pour le traitement. La leçon est que, bien que nous ne puissions jamais en être certains, le « droit à  la santé » a peut-être coûté plus de vies qu’il n’en a sauvées. L’approche pragmatique — orienter les ressources publiques là  o๠elles ont le plus de bienfaits sur la santé pour un coût donné – a historiquement obtenu beaucoup plus de succès que l’approche dite morale. Aux à‰tats-Unis et dans les autres pays riches, un « droit à  la santé » est une créance sur un fonds qui n’a pas de limite naturelle, puisque chacun de nous pourrait être en meilleure santé avec plus de soin. Nous devrions apprendre de l’expérience internationale que ce « droit » détourne les ressources publiques vers le groupe le plus efficace politiquement, rarement le groupe le plus nécessiteux.