Il y a un an, les Maliens élisaient leur président…

Alioune Gueye, jeune leader :« Nous rendons grâce au bon DIEU pour nous avoir permis de voir le 1er anniversaire du Président du Mali post-crise, ce n’était pas du tout évident. Aujourd’hui, nous avons une situation relativement stable. Cependant, nous pouvons dire honnêtement que la situation n’a pas véritablement changé car les attentes sont encore présentes, la vie est chère, nous sommes revenu à  la case départ à  Kidal et dans le nord du Mali, le dialogue politique national est en panne, l’école est toujours en chute libre, et l’image du Mali a l’extérieur est de plus en plus écorchée, les populations en général et les jeunes en particulier perdent confiance en eux même. Nous devons travailler à  redresser la barre alors qu’il est encore temps, en changeant de comportement, d’approche, à  commencer par les autorités parce que C’’est eux que nous regardons. Et le peuple malien, dans l’unisson, ne doit jamais oublier ce qui lui est arrivé en 2012 pour ne pas commettre les mêmes erreurs. Si J’ai un seul message au Président de la République qui a été massivement élu et qui a pris le Mali alors qu’il était à  terre, il faut le reconnaitre, C’’est de lui dire d’être à  l’écoute du PEUPLE directement et sans protocole, le vrai peuple, celui qui est capable de lui dire la VERITE des choses.» Malien de la diaspora (qui a requis l’anonymat): « Bravo pour cette première année au service du Mali. Les Maliens ont donné leur suffrage à  IBK il y a un an avec beaucoup d’espoir. En France, il a également gagné parce que nous pensions qu’il était le plus à  même de venir à  bout des problèmes du pays. Douze mois c’est court pour juger, mais aussi beaucoup parce que les Maliens ont trop souffert. Pour le moment, les actions posées n’ont pas d’impact positif direct sur la vie des populations. Or, c’est cela que nous voulons voir, que l’on se préoccupe du peuple. Après tout, il avait dit « Pour le bonheur des Maliens »… » Maà¯mouna Touré, étudiante:« Moi je pense que le Président se bat bien pour le Mali. On vient de très loin et personne ne pouvait dire o๠on serait ce 11 aout 2014. Par la grâce de Dieu, le pays est en train de se relever petit à  petit. C’est un travail qui va prendre du temps et il faut continuer à  faire confiance à  nos autorités. IBK est certainement conscient de la responsabilité qui est la sienne et il travaille avec le gouvernement pour le Mali. A mon avis, le bilan de cette première année et bon. Il faut juste accélérer un peu la cadence parce que les Maliens, nous sommes impatients de voir arriver le vrai changement.Je lui souhaite du courage pour la suite.» Mohamed Traoré, diplômé sans emploi: « A vrai dire je suis déçu de la politique du président IBK. Cela montre qu’il y a une grande différence entre ce qui se dit et ce qui se fait. Il a été élu sur la base de sa promesse mais il a de la peine à  les réaliser. Bien qu’étant aux affaires publiques pendant de longues années, on voit maintenant qu’être ancien président de l’Assemblée nationale, ancien Premier ministre ne signifie pas qu’on fera un bon président de la République. Si on doit par exemple encore voter ce 11 août, pour moi il ne passe pas. » Boubou Tall, informaticien: «Il y a du bon et du moins bon. Les points positifs, c’est que le Mali est revenu dans le concert des Nations. Nous avons des institutions et le pays a recommencé à  tourner. Il y a eu aussi des actions dans le sens de la bonne gouvernance. Mais… elles sont ternies par tout ce que nous entendons sur les « affaires » du nouveau pouvoir. Cette histoire d’avion, des marchés gré à  gré, etc… on ne peut pas dire une chose et faire son contraire. Selon moi donc, il y a encore des efforts à  faire. Nous avons élu IBK parce que nous lui faisions confiance pour redresser le pays et gérer la question du nord et particulièrement Kidal. Là  aussi, il faut saluer le fait que des négociations aient commencé, mais le Mali y est allé en position de faiblesse parce que nous n’avons pas eu le courage de poser les actes qu’il faut au moment o๠il le fallait. Pour moi, c’est donc, une mention passable en espérant que le tir soit rapidement corrigé» Moussa Diakité, professeur de Maths: « Comment peut-on comprendre qu’après tout ce que le Mali a traversé, les institutions financières gèlent momentanément l’aide accordée à  notre pays alors qu’un a un président légitimement élu ? Cela veut dire que malgré tout ce que le président a dit concernant la lutte contre la corruption durant la campagne n’est que du bluff. Affaire d’avion par ici, un train de vie dispendieux pendant que la majorité de la population tire le diable par la queue. En moins d’un an, on a connu deux Premiers ministres, les institutions qui peinent à  travailler normalement, manque de coordination même au sein de l’équipe gouvernementale. On veut la lumière sur les événements de mai dernier à  Kidal. On veut du concret et non des discours à  n’en point finir. C’’est bien de communiquer mais il faut savoir le faire. » Oumy Touré: « En un an, il n’y a pas eu de changement majeur, mais je pense que comme le Mali vient de loin, il serait difficile de se relever en si peu de temps. J’ai apprécié par exemple l’arrestation du putschiste Sanogo. On espère qu’il y aura une amélioration sur le plan économique et politique les mois à  venir. » Christine, ménagère: « La vie est dure sous IBK. Tout coûte cher. On le félicite pour le travail qu’il fait mais il faut qu’il regarde la condition des plus pauvres. Notre vie ne s’est pas améliorée depuis un an. L’école, ça ne va pas, on paye plus cher pour la nourriture et l’électricité…Nous, on regarde vers lui, parce qu’il est notre président et on lui demande de nous aider. Que Dieu le protège et lui donne la force de travailler pour le Mali. Notre pays a besoin d’un bon président et on prie le Bon Dieu que le président IBK arrive à  tenir ses promesses. » Sibiry Kanté, administrateur des Arts: « Je ne suis pas du tout déçu par la gouvernance IBK et je garde confiance pour la suite. Vu l’ampleur des défis qui attendent le chef de l’Etat, on ne peut pas s’attendre au miracle en un an. Il n’y a pas de sortie de crise sans paix, après cette étape tout ira pour le mieux. Le régime s’y attèle tant bien que mal. Les gens sont pressés et veulent le changement or le changement demande un temps et de nouveaux hommes. Le président de la République a déjà  montré sa volonté de bien gouverner le pays à  traves des actions au niveau de la justice, l’éducation, de la décentralisation … Les Maliens doivent rester unis derrière le président, C’’est la seule manière de l’aider à  réunir son mandat. Ceci est d’autant plus important qu’au-delà  du président de la République C’’est l’avenir même du Mali qui est jeu.» Amadou Aya, secrétaire politique du parti Yéléma: « D’abord l’organisation des élections présidentielles était un événement important dans la vie de notre nation car intervenant à  la suite d’une crise sans précédent. Elle a été marquée par l’accompagnent de toute la communauté internationale et consacré le retour du Mali dans le concert des nations. Par rapport à  la gouvernance, les uns et les autres doivent savoir que le pays revenait de très loin. Par conséquent il est difficile pour un président élu d’atteindre tous les objectifs assignés tout de suite. Les chantiers engagés augurent de lendemains meilleurs. Il s’agit globalement de la loi sur l’enrichissement illicite votée par l’Assemblée nationale et reformes institutionnelles engagées qui aboutiront à  un référendum en 2015. Autre bon signe, les responsables à  l’image du Premier ministre, Moussa Mara, sont à  l’écoute des populations pour comprendre les préoccupations et savoir à  quel type de gouvernance aspirent-elles. Par rapport à  l’affaire Tomi, le marché de gré à  gré de l’armée ou l’achat de l’avion présidentiel, tout le bruit l’ayant entouré prouve bien qu’on est dans un pays démocratique o๠le peuple veut savoir des précisons dans la gestion du pays. Les questions ont été posées des réponses ont été apportées, les gens doivent faire confiance aux dirigeants, s’en tenir aux explications fournies et se projeter dans l’avenir ».

DPG du PM : les députés apprécient

La DPG du Premier ministre doit être débattue en principe demain vendredi 2 mai. Si certains députés de la majorité pensent que C’’est la meilleure politique générale jamais présentée, l’opposition tire à  boulets rouges sur le document qu’elle qualifie de « fiction ». Certains élus eux préfèrent réserver leur avis, voulant auparavant voir le Premier ministre à  l’œuvre. AU RPM, parti au pouvoir, on est plus que satisfait du programme du Premier ministre Mara. « C’’est la meilleure de politique générale qui cadre parfaitement aux visions du président de la République pour un Mali o๠il fera bon à  vivre » affirme-ton. Alhousna Malick Touré élue du RPM à  Gao déclare ainsi « Moussa Mara peut être un bon Premier ministre, car sa vision pour un Mali émergent est sans nulle doute la meilleure. Je le soutiens » exprime-t-elle. Le groupe parlementaire Alliance pour le Mali (APM), par la voix de son président Zoumana N’Tji Doumbia élu du parti CDS à  Bougouni, pense que la déclaration de politique générale du premier ministre ne souffre d’aucun commentaire car elle répond à  l’attente des Maliens et aux promesses faites par le président de la République. « Nous nous inscrivons dans la ligne de cette politique générale qui nous donne satisfaction. Car elle est bien détaillée et bien développée » commente–t-il. Quant à  l’opposition, elle trouve que la DPG se limite à  de la littérature. Selon Bacary Fomba élu de l’Union pour la République et la Démocratie(URD), le texte manque de chiffres dans la plupart des secteurs évoqués hormis l’hydraulique, le désenclavement routier et l’éducation. Selon lui, une DPG doit avoir des objectifs chiffrés et s’inscrire dans le temps et dans l’espace. Cela est indispensable «pour rendre la déclaration de politique générale réalisable» affirme-t-il. C’est également l’avis de Amadou Cissé l’élu de l’URD à  Tenékou non moins 3ème vice-président de l’Assemblée nationale. D’après cette figure de l’opposition, M. Mara a donné l’impression que rien de bon n’avait été fait au Mali pendant les 50 dernières années ».

La parole au peuple : « Trop, c’est trop! »

Les Bamakois ont écouté avec satisfaction le président IBK lors de son adresse à  la Nation ce mercredi soir. Les décisions prises vont dans le bon sens, de l’avis général, mais il faut serrer la vis encore plus fort, pour mettre un frein définitf à  l’insécurité tant dans le nord du pays qu’à  Kati. Naman Toure, agent commercial, ne comprend pas pourquoi on parle toujours de négociations avec les groupes armés du nord. « Le président IBK doit lancer un ultimatum de 24 heures pour dire aux rebelles de déposer les armes et de laisser les revendications qu’ils font pour diviser ce pays. C’est seulement par la guerre que ce problème peut être réglé ». Quant aux militaires maliens, « ils doivent oublier leur affaire de grade et aller se battre. l’intérêt de la nation doit être leur priorité ». Kadija, communicatrice: « Le temps des discours est fini, il faut passer à  l’action. Dissoudre le Comité Militaire pour la réforme des forces de sécurité et de défense n’est pas la solution. Il faut prendre des sanctions, radier ceux qui posent des actes d’indiscipline aggravée. On ne peut pas continuer à  passer l’éponge. Les gens doivent comprendre qu’ils doivent faire face à  leurs responsabilités ». Pour Boubacar Diané directeur des études à  l’ISC-BS, nos militaires doivent savoir que les « fusils qu’ils ont en main ont été achetés avec l’argent de Maliens pour les protéger et sauvegarder l’intégrité territoriale. Personne ne doit prendre ces fusils pour faire sa propre loi ou pour revendiquer. L’armée C’’est la discipline et si la discipline ne règne pas, rien n’est possible ». En ce qui concerne le nord et le retour des attaques des groupes armés, M. Diané, « le président doit montrer à  ces bandits, ces terroristes que le Mali ne peut pas jouer continuellement à  ce jeu. Donner de l’argent pour calmer leurs revendications et finalement être prisonnier de leur chantage ». Oumar Maà¯ga, enseignant:  » Les événements qui se sont passés à  Kati et dans le nord du pays sont des actes qui doivent être considérés comme des actes de trahison nationale ». Il est catégorique, il ne fallait même pas discuter avec les rebelles. « Leur attaque montre qu’ils sont là  seulement pour semer le désordre. Il faut qu’ils répondent de leurs actes ». En ce qui concerne les incidents de Kati « trop c’est trop! il faut de véritables sanctions. Il faut radier tous les indisciplinés. C’est vraiment trop honteux cette image qu’ils donnent de notre armée ». « Donc je demande aux Maliens de soutenir notre président pour qu’il puisse prendre ses responsabilités et mettre fin à  tout ces problèmes ».

Accord de Ouaga : la poire en deux

Après onze jours de négociations, l’accord tant attendu est signé par le gouvernement de Transition du Mali et les groupes armés du nord du pays hier à  Ouagadougou, dans la capitale burkinabé. Moussa Sinko Coulibaly, ministre malien de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire pour le gouvernement, Bilal Ag Chérif du Mouvement national de libération de l’Azawad(MNLA)et Alghabas Ag Intalla pour le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ont paraphé l’accord. Appelé « Accord préliminaire à  l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali », il vaut son pesant de 12 pages et de 25 articles. Comme le titre l’indique si bien, le chemin est désormais plus que jamais balisé pour la tenue de la présidentielle à  la date indiquée, c’est-à -dire le 28juillet prochain. Sans oublier le second round des négociations censé avoir lieu avec les autorités légitimement élues. La signature de l’accord ne suscite pas pour le moment de réactions particulières chez les Maliens qui suivaient de près le déroulé des événements. A priori on ne crache pas sur l’accord tout comme l’on ne crie pas au triomphalisme. Toutefois, il est supposé accorder la faveur au Mali. Difficile de dire le contraire quand on sait qu’il va permettre le déploiement de l’Administration, des militaires maliens et des services sociaux de base à  Kidal dans la perspective de l’organisation des élections. Autre point à  mettre à  l’actif des autorités de Transition, C’’est le désarmement des groupements armés dont la première étape demeure le cantonnement des éléments desdits groupes. Il importe de souligner que l’accord d’hier fait un black-out sur la suspension des poursuites judicaires lancées contre du Mnla. Voilà  des points sur lesquels le commun des Maliens tenait à  la prunelle et ne voulait point transiger. Des bémols cependant : la présence du Mnla dans la commission mixte chargé de l’élaboration du calendrier pour le retour de l’Administration et l’armée au nord, le désarmement qui ne sera pas immédiat ainsi que le maintien du nom Azawad. On peut bien dire que la bataille des négociations a tourné à  l’avantage des nôtres, donc au bénéfice des autorités de Transition qui ont su écouter la voix du peuple. Elles ont accepté le compromis pour le Mali et refuser la compromission pour sauvegarder l’honneur du pays de Soundjata . Certes. Mais la guerre est loin d’être gagnée. Elle sera menée par les nouvelles autorités issues des élections à  venir. Celles-ci doivent s’employer à  éclaircir davantage quelques points acceptés par le gouvernement au non d’un modus vivendi. Il s’agit entre autres des points contenus dans l’article 21 de l’accord, relatifs à  « l’organisation administrative et institutionnelle du Mali, en particulier des régions du nord du Mali désignées par certains sous le terme de l’Azawad » ou « la réorganisation des forces de défense et de sécurité ainsi que le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion socioéconomique(D des groupes armés du nord du Mali »

Liberté de la presse au Mali: ce qu’en pensent les journalistes

Alexis Kalembri, directeur de publication « Les Echos » : « La liberté de la presse au Mali est très menacée du fait des multiples représailles contre les journalistes. Il y a aussi chez beaucoup de journalistes, un sentiment de se retenir, de s’auto censurer. Il y a un grand espoir pour cette année 2013, comme l’a dit le ministre de l’information, nous sommes le dernier rempart. C’’est vrai que le rempart est fortement attaqué mais nous ne devons pas céder. Le fait que pour une fois, l’ensemble des professionnels de la presse fédèrent pour organiser une journée (rencontre au CICB ce 3 mai ndlr). Ceci montre la volonté de vouloir faire bloc et de se donner mutuellement courage pour avancer ». Mamoudou Bocoum, directeur de la radio Kaounal de Mopti : « Je crois qu’au Mali, la liberté de presse souffre de tous les maux. Puisque la presse a connu toutes sortes de violences surtout ces derniers temps. Des inculpations aux agressions, on aura tout vu ici au Mali. Dans le classement de reporters sans frontière, notre pays a perdu des places, de 25e, nous nous retrouvons 99e. Ceci constitut un véritable danger pour la liberté d’expression et la démocratie ». Doussou Djiré, journaliste à  l’Essor, quotidien national : « La liberté de la presse est fondamentale pour l’existence des journalistes. Jusqu’à  présent cette liberté n’est pas effective au Mali. Le cas de l’emprisonnement de notre confrère Boukaru Daou est un exemple récent. Mais nous souhaitons qu’elle le soit car la liberté est notre arme de travail, elle est notre fondement. Il faut savoir que le rôle de la presse est essentiel dans le développement d’un pays malgré ce que peuvent penser les gens. Nous informons malgré les risques, nous sensibilisons et nous formons aussi. On est au 21e siècle, le journaliste ne doit plus être enfermé pour ses opinions ». Ibrahim Famakan Coulibaly, président de l’UNAJOM (Union Nationale des Journalistes du Mali) : « On ne peut pas dire que la liberté de la presse est effective au Mali. Avant on avait trop de liberté, cet excès de liberté a dégringolé et nous sommes arrivés au niveau zéro puis au niveau moins. Cela veut dire que rien ne va. La faute n’est pas qu’aux autorités. La journée de la presse constitue un jour d’auto-évaluation et d’auto critique pour le journaliste. Il faut respecter l’éthique et la déontologie. Les journalistes ont subi des cas graves de violations dans notre pays. Je pense qu’avec tout cela, chacun a pris conscience. Les journalistes se doivent de respecter le public et vice versa ». Rokia Diabaté, journal « Le prétoire » : « Le Mali traverse une période assez difficile. Cette 20e édition de la journée de la presse est célébrée dans un contexte de double crise. La liberté de la presse est assez fragilisée et vulnérable au Mali, pour preuve ce que notre confrère Boukary Daou du « Républicain » vient de traverser. Il s’agit pour nous de faire table rase sur tous ces événements pour voir comment la presse malienne peut faire un grand saut en avant par rapport aux difficultés qu’elle vient de traverser et de voir les défis à  relever».

Misma : des réfugiés maliens à Bobo-Dioulasso s’expriment

l’heure n’est plus au dialogue dans la crise malienne. Longtemps attendue (C’’est selon) l’intervention militaire pour la libération du Mali est effective depuis le vendredi 11 janvier 2013. Avec l’opération « Serval », la France a entamé la guerre qui devrait mettre « les barbus » hors d’état de nuire. En plus de l’hexagone, de l’armée malienne, de l’aide multiple et multiforme, des puissances mondiales telles que la Mission internationale pour la sécurité au Mali (MISMA) sont au front. Il était 10 heures au stade Wobi de Bobo-Dioulasso ce jeudi 17 janvier 2013. A l’entrée de cet espace sportif était dressé un bureau o๠officient trois hommes pour le compte du Haut-commissariat des réfugiés des Nations unies (UN-HCR) et Internationale emergency development aid (IEDA Relief). Ils travaillent en collaboration pour assurer le bien-être des réfugiés. Près du bureau, deux touaregs, usés par l’effet du temps sont assis sur des chaises métalliques. Ils ne parlent ni le français, ni le dioula. Ils viennent d’arriver du Mali pour se refugier à  Bobo-Dioulasso. « Ce sera difficile avec eux. Puisque nous avions cherché un interprète pour les échanges. Mais il vient tout de suite de partir », nous indique un agent du UN-HCR. Fadimata Wallete, une jeune réfugiée fait son entrée au stade. Voilée jusqu’à  la tête, elle vient de la ville o๠elle est juste allée se promener. A l’intérieur du camp, les femmes s’affairaient à  faire la cuisine. Des enfants comme à  leur habitude s’amusent et courent entre les tentes. Fatim Kounta est la présidente des femmes réfugiées du camp. Mère de trois enfants, elle ne vit qu’avec sa plus jeune fille de 7 ans. « Mes deux autres enfants sont refugiés vers la Mauritanie avec ma sœur », confie-t-elle. Belle et la trentaine bien sonnée, elle ne portait pas le foulard, et avait du vernis sur ses orteils et ses ongles. Elle portait aussi un collier à  la cheville gauche, et au nez et vers le haut de son oreille gauche également ; elle était bien maquillée. « Nous ne sommes pas des islamistes. Enlève ton voile. Fais-toi belle», s’amuse-t-elle à  dire à  Fadimata. Refugiée depuis février 2012, Fatim Kounta dit ne mener aucune activité génératrice de revenues, mais ne se plaint pas de sa vie grâce aux soutiens de toutes natures (dons de vivres, matériels…) des Burkinabè, mais aussi de la communauté internationale. Sur la question de l’intervention militaire pour la libération du Mali, C’’est « on ne peut plus évident » pour elle. « J’apprécie positivement l’intervention militaire pour libérer notre pays. Mais je suis tout de même inquiète. Les islamistes qui sont au Nord sont très armés. Ce qui me taraude l’esprit, est de savoir si les troupes pourront véritablement les chasser », se demande-t-elle. Des nouvelles des familles restées au Mali ? La plupart des réfugiés soutiennent avoir, ne serait-ce, qu’un parent au Mali. Les appels téléphoniques ne manquent donc pas. « Mon grand frère était chauffeur dans une société étatique. Il dit que tout va bien depuis l’intervention militaire. Car les affaires courantes ont recommencé et qu’ils sont en sécurité », informe la présidente de femmes refugiées. Quant à  Fadimata dont le mari est retourné au Mali, elle s’inquiète beaucoup pour lui. Ag Tazoudine Aboubakrine est le représentant des jeunes sur le site. Il a son frère à  Tombouctou qui le rassure du bon déroulement des choses. « Deux fois réfugié, ç’en est de trop ! » Mohamed Asalek Mohamed a un handicap au pied gauche. Sous la tente, il s’apprêtait à  faire du thé. Il dit apprécier plus ou moins positivement l’intervention militaire pour la libération du Mali. « Si toutefois, dit-il, cela pouvait ne pas faire de victimes au niveau des civils ». Il ajoute : « Il n’y a pas beaucoup de différences entre les islamistes et les populations du Nord. Ils ont la peau claire ou noire comme nous. Ils s’habillent comme nous avec des turbans ». Mohamed pense alors que des innocents risquent de laisser leur peau dans cette « opération serval » surtout pendant les frappes aériennes. « La crise malienne incombe à  tous », souligne le représentant des jeunes qui sans toutefois pointer du doigt une responsabilité particulière, pense que le MNLA a un rôle à  jouer dans la quête de l’intégralité du territoire malien. Chose que Mohamed réfute. Le ton monte, les échanges virulents sous une tente quasi-insupportable à  cause d’une torride chaleur. « Cette histoire du Nord date de longtemps. Nous sommes fatigués. En 1991, nous étions réfugiés, 20 ans après, nous le sommes encore. C’’est trop ! », s’indigne Mohamed. Les avis des Maliens du Nord divergent sur les différents groupes islamistes, (MUJAO, Aqmi, Al-quaida, Ansar-dà®ne…). En tout cas, pour le président du camp, Alphadi Iman, peu bavard sur la question de l’intervention, il salue simplement toutes solutions qui pourraient ramener la paix au Mali. Non loin du bureau des agents du HCR, deux autres Touaregs discutaient sérieusement. Ils avaient des positions extrêmement différentes sur la question du Mali, chacun défendant sa position avec véhémence. C’’est de bonne guerre !