Les déchets, une opportunité de « Green business » en Afrique

« Economie verte et enjeux sociaux : Eradication de la pauvreté, emplois verts, santé et gestion des déchets » était le thème de la première table ronde de la Conférence Africaine de Haut Niveau sur l’Economie Verte qui s’est tenue le 22 et 23 février à  Oran (Algérie). Eriger la problématique écologique au sommet de l’agenda des Ministres Africains de l’Environnement, n’est que logique. Mais on attend surtout de la pratique et de l’innovation. Pour passer à  l’action, il faudra probablement une révolution. Dans son intervention à  Oran, le représentant de la Banque Africaine de Développement a indiqué que « Si l’Afrique a raté la révolution industrielle, elle ne doit pas rater la révolution écologique ». Faire du business éco logique n’est ce pas logique dans une Afrique en pleine mutation exposée aux chocs ? Mais pour éviter les chocs et réussir la double révolution industrielle et écologique, il faut une évolution des mentalités. Les déchets ne sont pas une fatalité mais offre des opportunités Les déchets peuvent rester une fatalité si les pollueurs ont un sentiment d’impunité. Pour éviter cette erreur appliquons donc le principe pollueur – payeur. C’’est aussi une erreur de ne pas transformer les déchets en opportunités. Pour faciliter l’évolution des mentalités dans l’optique de cette double révolution, le renforcement des capacités est indispensable. C’’est également impensable de constater encore aujourd’hui le manque d’approche globale en matière de gestion des déchets ainsi que l’absence d’identification des opportunités de création d’éco-entreprises et d’emplois verts. Comment ne pas avoir d’inquiétude face à  ce manque d’étude sur le green business et l’économie verte en Afrique ? Pourtant, à  la vue de certaines statistiques, on sourit. En Algérie, une étude sur l’économie verte sur cinq filières (énergies renouvelables, gestion des déchets, gestion de l’eau, services à  l’environnement, espace vert et bâtiment vert) conclut qu’on pourrait passer de 447 962 emplois verts ou verdis en 2012 à  près de 1 421 619 à  l’horizon 2025. A l’horizon 2025, le nombre d’emplois verts ou verdis dans le secteur de la récupération et la valorisation des déchets serait de 161 180 contre 23 848 en 2012. Selon le rapport What a Waste : A Global Review of Solid Waste Management, de la Banque Mondiale l’Afrique Subsaharienne et MENA (Moyen-Orient Afrique du Nord) représentent respectivement 5 et 6 % de la production mondiale des déchets solides dans le monde. Par jour l’Afrique Subsaharienne produit environ 169 119 000tonnes de déchets et MENA 173 545 000 tonnes. Mais en 2025 la population urbaine sera de 518 millions d’habitants avec une production de déchets qui passera à  0,85 kg par personne. Ce qui donne un total journalier de 441840 000 tonnes de déchets. Pour MENA la production annuelle va passer de 1,1 kg/personne/jour à  1,43 pour un total de 369320 000tonnes / jour pour les 257 millions de personnes en zone urbaine en 2025. Une attention particulière devrait également être portée aux Déchets d’à‰quipements à‰lectriques à‰lectroniques (DEEE). D’après le rapport de l’ONU, DEEE ? O๠en sommes-nous en Afrique ? La consommation intérieure est à  l’origine de la majorité (jusqu’à  85 %) des DEEE en Afrique de l’Ouest. l’ONU a focalisé son analyse sur cinq pays : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Libéria et Nigeria. Il en ressort que 650 000 à  1 000 000 de tonnes de déchets électroniques issus de la consommation intérieure sont produits chaque année et doivent être gérés afin de protéger la santé et l’environnement de la région. Autant d’opportunités de green business et de création d’emplois verts ou de verdissement des emplois. Le projet de transformation de la décharge de Oued Smar en un gigantesque parc national a été décidé par un arrêté interministériel à  l’initiative des ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture et de l’Environnement. Le parc s’étalera sur une superficie de 204 hectares en plus de l’espace de la décharge qui est de 50 hectares. l’enveloppe dégagée pour ce projet est de l’ordre de 6,5 milliards de dinars (environ 3 milliards d’euros). Et si l’Algérie devenait la locomotive africaine de l’économie verte et du green business ? Dans le pays, il faudra dans tous les cas compter avec la ville d’Oran. Après Los Angeles, Genève, Rio et Pékin, elle vient d’être choisie comme cinquième ville pilote de la région du bassin méditerranéen pour le projet « zéro déchet » de l’association R20. A suivreÂ