Mali – Mobile money : la guerre des tarifs enclenchée

Les technologies du numérique font partie des moyens efficaces pour faciliter l’accès à des personnes non bancarisées aux différents services financiers. Au Mali, depuis l’arrivée du mobile money, l’univers de la bancarisation numérique a pris son envol. La proximité qu’offre le mobile money permet aux populations de réaliser facilement et rapidement des transactions financières numériques pour leurs besoins.

Sur ce, les offres et les services se sont multipliés avec les opérateurs de téléphonies parfois en collaboration avec des banques, donnant ainsi un accès direct et créant plus de proximité avec les populations. Cependant, dans cette dynamique de marché, la concurrence s’est installée, et désormais, l’on assiste à une guerre des services les plus offrants et à la baisse, des prestations pour capter autant que possible l’attention de la clientèle.

Ainsi, même si le leader du marché au Mali, Orange money a réussi à gagner la confiance et s’est de plus en plus rapproché des populations ces dernières années, renforçant ainsi sa présence, l’arrivée de Wave n’a pas manqué de faire revoir à la baisse les grilles tarifaires des prestataires du secteur déjà présents sur le territoire national. ça se présente désormais comme une course poursuite ouverte entre Orange money, Wave, Moov money, Sama money, au grand bénéfice des populations qui n’ont qu’à choisir en fonction de leur bourse, la formule qui les convient en termes de transfert d’argent via le mobile. D’ailleurs, début mars de l’année en cours, Sama money a présenté sa nouvelle grille tarifaire au public. A qui le tour les jours à venir face à la montée de la concurrence?

L’essor du mobile money

Si l’Afrique de l’Est a eu une longueur d’avance avec le mobile money à travers le lancement en 2007 de M-PESA de Safaricom, en Afrique de l’Ouest, cette technologie a connu un véritable essor, une dizaine d’années plus tard avec le Ghana et le Nigéria. En ce qui concerne les pays d’Afrique de l’Ouest francophone, des agréments d’émetteurs de monnaie électronique n’ont été accordés qu’en 2015, suite à la publication par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de l’instruction n°008-005-2015 du 21 mai 2015 régissant les conditions et modalités d’exercice des activités des émetteurs de monnaie électronique dans les Etats membres de l’UMOA.

Depuis, le secteur a explosé et n’a cessé de grandir. Ce qui fait qu’en termes d’activité, la valeur des transactions effectuées via les services de Mobile Money en Afrique de l’Ouest en 2020 était estimée à 178 milliards de dollars rapporte le digital frontiers institute. Ces chiffres mettent en évidence la forte pénétration du Mobile Money et sa contribution significative à l’inclusion financière des populations non bancarisées.

En 2018, selon un rapport annuel de la BECEAO, le Mali était le deuxième pays de l’UEMOA le plus bancarisé avec 23,3% derrière le Togo 26,8%. Le taux moyen de bancarisation moyen en Afrique subsaharienne situé à 10%, reste faible pour atteindre l’inclusion financière et contribué efficacement au développement. Les transactions électroniques permettent à plus d’utilisateurs d’avoir un compte de transfert ou une application qui permet d’envoyer et de recevoir rapidement de l’argent sans avoir à se rendre à une banque classique. C’est donc un secteur qui s’annonce prometteur pour le développement économique en Afrique de l’Ouest et au Mali en particulier.

Idelette BISSUU

 

Banques – Opérateurs de téléphonie : Concurrents ou partenaires ?

À travers le « mobile money », les opérateurs de téléphonie font-ils une concurrence déloyale aux banques ? Non, pour les principaux acteurs, qui préfèrent plutôt le vocable partenariat. À Orange Finances mobiles, on met un point d’honneur à se « placer » dans un régime juridique, celui d’établissement de monnaie électronique (EME). Ces entités proposent des services de monnaie électronique à leurs clients, qui disposent donc d’un « portefeuille numérique ». Régis par la BCEAO, ces établissements ne sauraient offrir les services habituellement réservés aux banques, ne disposant pas de licence. Quid donc des comptes Orange Money ou MobiCash, dont les services ressemblent à ceux d’une banque ? Des différences existent et les démarquent. Avec les entités susmentionnées, il n’est pas possible de stocker dans son compte plus de 2 millions de francs CFA et les transactions ne peuvent également pas dépasser un certain volume (1,5 million par jour, 20 millions par mois).

Bank to wallet

Pour autant, ces EME proposent à leurs clients d’effectuer leurs paiements depuis leur mobile. Segment sur lequel évoluent aussi certaines banques. Concurrence donc. « Toute petite », relativise un acteur, qui admet toutefois que cela pourrait prendre de l’ampleur une fois que l’adhésion au paiement marchand aura atteint un certain seuil. En attendant, des partenariats ont été noués entre certaines banques et Orange Finances mobiles notamment. Ils permettent aux clients d’approvisionner leur compte bancaire depuis Orange Money et inversement. Les banques bénéficient du très large réseau d’Orange Money, qui compte, à en croire ses responsables, 25 000 kiosques et 3,5 millions de clients au Mali. Une aubaine dans un pays où le taux de bancarisation est de 23%. MobiCash, qui n’a pas encore noué de partenariats, prévoit une vaste offensive en 2020, pour se connecter à la totalité des banques du pays.

Monétique : Le futur de l’économie ?

Née il y a plus d’une trentaine d’années de deux inventions simples que sont la carte magnétique et l’appareil pour la lire, la monétique apparait aujourd’hui comme un maillon essentiel de l’économie sur le plan mondial. En Afrique de l’Ouest et particulièrement au Mali, son ancrage est en pleine expansion. Plusieurs analystes économiques estiment qu’elle a de très beaux jours devant elle.

Informatiser les transactions bancaires, faciliter les échanges d’argent entre les communautés via le Mobile Money, disposer de grosses sommes en toute fluidité sur sa carte magnétique, autant de raisons qui font de la monétique un système non seulement fiable mais aussi attrayant pour les acteurs économiques. « Aujourd’hui, nous sommes obligés de faire avec la monétique non seulement pour notre propre sécurité et la sécurisation de notre monnaie mais aussi parce que c’est un défi du développement », avance Seydou Diawara, économiste et financier membre de l’Association malienne des jeunes économistes du Mali.

Au Mali, le nombre peu élevé de personnes détenant un compte bancaire, constitue un défi que l’inclusion financière tente de combler. Les transactions mobiles, Orange Money et Mobi Cash de plus en plus prisées attirent des Maliens de diverses classes. Les coopératives agricoles rurales et les commerçants détaillants, acteurs non négligeables dans l’économie du pays, y trouvent une garantie de transaction simple et accessible partout. « L’un des objectifs d’Orange Money c’est d’apporter une solution aux problèmes de transfert d’argent en milieu rural afin que les flux ne s’entassent pas uniquement en milieu urbain », précise Aboubacar Diarra, ex-agent d’Orange Money à Sikasso.

Avenir monétique Beaucoup demeurent réticents. En cause notamment les garanties sécuritaires des transactions sur téléphone portable ou des payements en ligne qu’ils ne jugent pas toujours fiables. L’économiste Seydou Diawara, pour sa part, rassure. « C’est vrai, c’est de l’informatique, un programme qui peut être craqué. Mais en contrepartie, quand quelqu’un conçoit un outil, il met un système de sécurisation en place et continue à le développer afin d’aboutir à plus de sécurité ».

Le GIM-UEMOA, groupement interbancaire monétique dans les 8 pays de la zone dont le Mali, a été créé en 2003 et regroupe plus de 80 banques. Régulateur principal de la monétique dans ces pays représentant plus de 80 millions d’habitants, son objectif est de promouvoir l’utilisation de la carte bancaire en Afrique de l’Ouest.  Au Mali, comme l’indique Seydou Diawara, il y a beaucoup de jeunes entrepreneurs qui sont déjà engagés avec le GIM-UEMOA. Selon lui, les prévisions dans les cinq années à venir sont prometteuses.

Paiement électronique : Orange Money couvre désormais les péages

L’ensemble des postes de péages du Mali sont désormais dotés du service de paiement des recettes à partir de leurs comptes Orange Money. Une nouvelle possibilité qui permet de lutter contre les files d’attentes et les difficultés de monnaies.

Les postes de péages du Mali viennent d’être dotés d’un nouveau service en vue de sécuriser les recettes. Il est désormais possible de régler les frais de paiement des 29 postes de péages que compte le Mali depuis son compte Orange Money. La procédure de paiement selon les responsables est le même. Cette innovation technologique s’inscrit dans la politique de mobilisation interne de ressources financières pour le financement de l’entretien routier, initiée ces dernières années par le gouvernement malien. Une nouvelle méthode qui permet aux usagers de gagner du temps et « de ne plus s’encombrer avec les problèmes liés à la monnaie », témoigne un responsable d’Orange Money.

Le paiement péages via orange Money a d’autres avantages. C’est du moins, ce que pense son Directeur Général, Monsieur Alassane Dieng. Il estime que le produit marque un grand pas vers la digitalisation du paiement, la sécurisation des recettes et la gestion rationnelle des files d’attente. Et d’ajouter, « ce service va accroitre les chiffres d’affaires de l’Autorité Routière et sera accessible à 2 millions d’utilisateurs d’Orange-Mali. Nous nous inscrivons dans le service humain ».