«Kwame Nkrumah est toujours parmi nous» (Didier Awadi)

L’Afrique célèbre depuis mercredi 27 avril le cinquantenaire de la mort de l’ancien président ghanéen. Dans un entretien avec APA, Didier Awadi, célèbre rappeur sénégalais, affirme que les idées du chantre du panafricanisme sont plus que jamais actuelles, surtout dans les domaines de la sécurité et l’économie du continent.Kwame Nkrumah, ancien président du Ghana et père du panafricanisme, est disparu il y a 50 ans. Que retenir aujourd’hui de sa pensée ?

Kwame Nkrumah avait vu tellement juste et tellement tôt. Nous vivons aujourd’hui des problèmes de sécurité sur le continent. Selon lui, ils ne peuvent être réglées que par une position commune, une sécurité commune et une armée commune. Il disait la même chose des problèmes monétaires dans l’espace CFA qui ne peuvent trouver leurs solutions que dans une monnaie et une banque centrale communes. Par ailleurs, la faiblesse de la voix de l’Afrique aux Nations Unies découle de la désunion des pays du continent. Kwame Nkrumah a abordé tous ces sujets au moment où nous prenions nos indépendances. Malheureusement, il a compris trop tôt ce que les autres ne voient toujours pas. C’est un visionnaire qui est arrivé très tôt et qui a eu du mal à faire passer son message à des populations qui n’étaient pas assez alphabétisées. Voilà pourquoi son message a plus eu un écho dans la diaspora plutôt que sur le continent. Mais aujourd’hui, tout le monde est en train de le réhabiliter comme celui qui avait eu raison, celui qui avait choisi les moyens les plus décalés pour aller vers l’unité africaine.

Dans votre album «Présidents d’Afrique », sorti en 2010, vous avez consacré un titre à Kwame Nkrumah. Quel message porte cette chanson ?

C’est toujours le message d’unité. « We must unite » est un hommage rendu à Kwame Nkrumah dans le cadre des 50 ans des indépendances africaines. Maintenant pour ses 50 ans, nous lui avons dédié un nouveau titre :« Il n’est jamais trop tard ». C’est une reprise de Bembeya Jazz (célèbre groupe de musique guinéen) qui va sortir dans mon prochain album.

Le combat de l’ancien dirigeant ghanéen était pour une Afrique forte et unie. Est-ce que les actuels chefs d’Etat du continent sont habités par la volonté de réaliser un tel projet ?

Je pense que tous ses successeurs aimeraient bien. Mais personne n’est prêt à laisser un peu de sa souveraineté à l’autre. Il s’agit de comprendre qu’on est Ubuntu (philosophie africaine fondée sur le concept de « l’humanité envers les autres »), en dépendant de l’autre. Mais ils ne sont pas prêts. Parce que très souvent, nous avons beaucoup de présidents qui sont mal élus et qui s’accrochent au pouvoir. Ils ont l’impression que leur sécurité est menacée s’ils cèdent sur certains postes. Donc, ce sont ces mal élus-là qui nous fatiguent. Et il y en a beaucoup.

Est-ce que la jeunesse africaine prend aujourd’hui pour modèle Kwame Nkrumah ?

Non ! Parce qu’ils ne le connaissent pas tout simplement et ne l’étudient pas à l’école. Quand j’ai fait le projet « Présidents d’Afrique », c’était pour qu’on étudie tous nos héros dans le système éducatif. J’ai fait toute ma scolarité ici mais on ne m’a pas parlé de Kwame Nkrumah. Il a fallu que je sois curieux pour aller vers Kwame Nkrumah qui a une histoire tellement belle. Lorsqu’il est victime de coup d’Etat (en février 1966), il part en Guinée où il devient pratiquement co-président avec Sékou Touré. C’est beau même si ce n’était que symbolique. Le panafricanisme était sincère pour cette génération. Pour vous dire qu’on ne connait pas toutes ces histoires fantastiques. On connait toutes les autres révolutions, mais nos dirigeants refusent de nous enseigner les nôtres de peur qu’elles n’inspirent d’autres.

Comment voyez-vous l’évolution de la pensée de Nkrumah dans les cinquante prochaines années?

Dans les 50 prochaines années, on sera obligé de l’écouter. On sera obligé de revenir sur ce qu’il avait proposé : armée unique, monnaie unique, marché commun etc. Ça commence déjà à se mettre en place. On va vers le passeport unique et on va y arriver. C’est notre seule voie de survie, on n’a pas le choix. Ceux qui ne prendront pas ce train s’isolent et risquent d’être abattus. 

Foot : la Can féminine 2022 prend forme

La Confédération africaine de football (Caf) a constitué, vendredi soir à Rabat, les groupes de la compétition prévue du 2 au 23 juillet au Maroc.Maroc – Burkina. Voilà le match d’ouverture de la 12e édition de la Coupe d’Afrique des nations féminine de football qui se joue depuis 1991. Cette affiche est programmée au Complexe sportif Prince Moulay Abdellah de Rabat à 21 heures (Temps Universel).

Le tirage au sort complet du tournoi a été effectué par Nawal El Moutawakel, la légende marocaine médaillée d’or au 400 mètres haies lors des Jeux Olympiques de Los Angeles (États-Unis) en 1984 et Ajara Njoya, la star de l’équipe nationale féminine du Cameroun sous la supervision de Samson Adamu, le Directeur des compétitions de la Confédération africaine de football (Caf).

Les demi-finalistes de la Can féminine 2022 seront directement qualifiés à la Coupe du monde 2023 co-organisée par l’Australie et la Nouvelle-Zélande (10 juillet – 20 août). L’Afrique peut avoir deux places additionnelles dans le cadre des barrages intercontinentaux du Mondial féminin qui va passer à 32 sélections contre 24 en 2019.

Composition des trois différents groupes

Groupe A : Maroc (pays hôte), Burkina, Sénégal et Ouganda.

Groupe B : Cameroun, Zambie, Tunisie et Togo.

Groupe C : Nigeria (tenant du titre), Afrique du Sud, Burundi et Botswana.

Mali: le CPJ demande la levée de la suspension de RFI et France 24

Le Comité de protection des journalistes (CPJ) a exhorté jeudi les autorités maliennes à permettre à la presse étrangère de travailler librement.Selon le CPJ, les autorités maliennes doivent revenir sur la suspension « définitive » de RFI et de France 24 et cesser d’empêcher les journalistes de couvrir et de diffuser l’actualité », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ.

 « La décision des autorités maliennes de suspendre ces suspensions indique à quel point elles sont déterminées à refuser l’accès à l’information aux habitants de leur pays », a-t-elle ajouté.

La société mère publique des radiodiffuseurs, France Media Monde, a annoncé qu’elle contesterait les suspensions, selon un communiqué.

Le CPJ a essayé d’entrer en contact avec la Haute Autorité de la Communication du Mali selon sa coordonnatrice. Les questions envoyées via une application de messagerie à Sambi Touré, le directeur du centre d’information du gouvernement, et Harbert Traoré, conseiller technique du ministère de la Communication, sont restées sans réponse. 

Le ministère malien de l’Administration territoriale et de la décentralisation avait suspendu provisoirement les deux médias le 16 mars pour « diffusion de fausses allégations » sur les abus commis par l’armée malienne. 

Le mercredi 27 avril, la Haute autorité de la communication (HAC) du Mali a annoncé la suspension « définitive » de RFI et France 24.

Le Réseau Africain de Télédiffusion bientôt à Dakar

L’Assemblée Générale, prévue du 5 au 6 mai dans la capitale sénégalaise, devrait permettre aux acteurs du secteur d’évoquer les enjeux à l’heure du basculement à la Télévision Numérique Terrestre (TNT).Durant deux jours, les opérateurs du Bénin, du Burkina, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo discuteront des voies et moyens pour mener à bien leurs missions lors de la 2e Assemblée Générale du Réseau Africain de Télédiffusion (RAT).

« Ce seront des moments de partage d’expériences et de modèles économiques, politiques et institutionnels », a fait savoir la Directrice du Partenariat, de la Prospective, du Commercial et de la Communication à la Société Anonyme de Télédiffusion du Sénégal (TDS-SA), Nafissatou Diouf.

S’exprimant jeudi soir face à la presse nationale, elle a indiqué que la rencontre du RAT devrait aussi permettre de savoir : « Comment rendre viable une société de TDS ? A travers quel modèle institutionnel ? A travers quel modèle politique ? »

Les discussions porteront sur trois thèmes. Il sera d’abord question des défis des opérateurs de diffusion à l’heure du basculement à la Télévision Numérique Terrestre (TNT). S’ensuivront des échanges sur les droits de passage (assiette et stratégies de recouvrement) et le modèle économique des sociétés de diffusion (cas de la Société malienne de télédiffusion du Mali).

A travers ce rendez-vous, les huit pays de la région affichent leur « volonté de travailler en synergie »,  a déclaré Nafissatou Diouf. Le Réseau Africain de Télédiffusion (RAT) a été créé en novembre 2021 au sortir des universités de la communication tenues à Ouagadougou, au Burkina. Il se veut un cadre sous-régional de coopération et de collaboration à l’ère des grands ensembles avec comme slogan « Être ensemble est nécessaire pour relever les défis de la diffusion à l’heure du basculement à la TNT ».

Gambie: le Nigeria renforce la force militaire de la Cedeao

L’armée nigériane va déployer 197 soldats dans le cadre de la mission de maintien de la paix de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en Gambie.L’annonce a été faite par le chef des opérations de l’armée nigériane, le major-général Olufemi Akinjobi. Ce contingent est composé de 12 officiers et 185 soldats, selon la presse locale.

Profitant de la cérémonie de remise des diplômes de la 7e compagnie nigériane, au Centre international de leadership dans le nord de l’État de Kaduna, chef d’état-major Olufemi Akinjobi, a déclaré que le Nigéria est prêt pour la mission. Il a ajouté que son pays s’engageait à déployer des soldats de la paix de qualité pour la paix et la sécurité mondiales.

Akinjobi qui était représenté par le chef d’état-major Zakari Abubakar, directeur des opérations de paix au quartier général de l’armée, a expliqué que le Nigeria avait participé avec succès à 40 missions de maintien de la paix dans le monde et déployé plus de 100 000 soldats de la paix depuis 1960.

Selon lui, la mission de la Cedeao en Gambie a été mise en place pour forcer Yayah Jammeh exilé en Guinée équatoriale, à quitter le pouvoir après sa défaite lors de l’élection présidentielle du 1er décembre 2016 contre Adama Barrow.

La mission, dit-il, a contribué à rétablir la paix et la stabilité dans le pays.

Côte d’Ivoire : une certification pour l’égalité du genre

Le label Blamo’o, une certification visant à promouvoir l’égalité du genre, est lancé à Abidjan.Cette initiative est promue par 21 femmes qui ont décidé de matérialiser leur engagement pour l’égalité du genre. C’est ainsi qu’elles ont mis en place une certification appelée Label Blamo’o, dont le lancement a été effectué le 27 avril dernier devant un parterre de personnalités dans la capitale ivoirienne.

Ce label a pour objectif d’offrir aux femmes africaines en général et aux Ivoiriennes en particulier des outils pour le renforcement de leurs capacités et favoriser le développement de leurs initiatives professionnelles, entrepreneuriales et sociales.

Les fondatrices de Blamo’o opèrent sur ce projet en partenariat avec SGS Côte d’Ivoire, organisme certificateur. Pour Caroline Bamba, chef de projet certification Blamo’o, cette initiative vise à reconsidérer la place de la femme pour une égalité homme et femme, surtout en milieu professionnel.

« A diplôme égal, salaire égal », a-t-elle indiqué, avant de préciser qu’il faut distinguer l’égalité du genre du féminisme.

Mary Wainaina Mbeche, directrice générale de SGS Côte d’Ivoire, a dit sa fierté d’être à l’origine de la certification du label Blamo’o, parce que « la question du genre étant un sujet d’intérêt majeur national et international ».

« Cette certification sera, à n’en point douter, un atout supplémentaire pour les entreprises », a ajouté Mme Mbeche, qui a par ailleurs annoncé la certification prochaine de plusieurs entreprises.

Pour sa part, Mme Boua N’Guessan, directrice de publication du magazine Blamo’o, a exprimé sa satisfaction de voir l’aboutissement du projet grâce à l’engagement des hommes et des femmes volontaires.

Elle a remercié les personnalités présentes, à l’image du représentant du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant et des représentants des institutions internationales et entreprises privées, pour leur engagement aux côtés de Blamo’o.

Huawei s’engage à booster les startups africaines

Huawei, le géant chinois des Télécoms, annonce avoir lancé une nouvelle initiative pour booster les startups sur le continent africain par l’accompagnement des projets de développement en matière des TIC.« On vient de lancer une nouvelle initiative pour booster les startups », a indiqué mercredi par visioconférence, Adnan Ben Halima, vice-président en charge des relations publiques de Huawei en Afrique du Nord.

Il s’exprimait en marge de Huawei global analyst summit 2022 qui s’est tenu les 26 et 27 avril 2022 à Shenzhen, en Chine, expliquant par la même occasion la stratégie du groupe en termes d’innovations technologiques.

Il a fait savoir que ce programme vise à « transférer » un savoir-faire pour que sur des initiatives de projets de développement en lien avec les TIC, il y ait assez de compétences sur le terrain.

Le groupe chinois forme déjà des jeunes africains à travers plusieurs programmes comme Huawei ICT Compétition. Ces programmes visent à transférer un certain savoir-faire sur des technologies nouvelles comme le cloud, l’intelligence artificielle, la 5 G, le computing.

Cela a, par ailleurs, pour objectif de donner à ces jeunes talents la possibilité d’être certifiés sur certaines technologies. Ensuite le groupe essaie de mettre en relation les meilleurs éléments en relation avec des partenaires ou des clients.

Pour encourager l’entrepreneuriat au niveau des startups, « on vient de lancer un programme qui s’appelle Spark, et ce programme vise à aider et donner des impulsions à des start-ups qui ont besoin d’outil digital pour se développer », a poursuivi Adnan Ben Halima.

Il a relevé que la contribution va se faire à plusieurs niveaux, ajoutant que « le premier, c’est qu’on ouvre un accès sur notre cloud public au plan international pour leur donner la possibilité d’utiliser le computing, le stockage et des applications ».

En outre, Huawei permet aux startups d’être « sélectionnées à travers des compétitions nationales et internationales » et de coopérer sur des évènements majeurs dans le monde pour avoir accès aux financements pour les investisseurs et à des marchés à travers des clients potentiels.

« Le programme Spark a commencé dans des régions du monde comme en Asie du Sud et maintenant on vient de commencer en Afrique du Nord, on aura les premiers résultats d’ici le 3e trimestre 2022 et on espère avoir des résultats concrets sur place », a précisé M. Halima.

Avec la révolution numérique, les États peuvent accélérer la transformation de l’économie traditionnelle afin d’impacter tous les secteurs : agriculture, pêche, Fintech, commerce, transport, infrastructures, tourisme, divertissement, santé, éducation…

D’ici à 2030, quelque 200 millions d’agriculteurs seront intégrés dans la digitalisation en Afrique. Et ce, grâce à des applications numériques, ce qui permet d’augmenter la rentabilité de leur business.

Concernant la problématique de la connectivité digitale, M. Adnan a soutenu qu’on aura la bonne connectivité selon le scénario sur le terrain, mais il n’y a pas mal de prérequis. Pour ce faire, il faut lever des contraintes comme la couverture en électricité.

Les pays se mettent à la 5G, mais le rythme dépend du modèle de gouvernance et surtout de la volonté de faire de la transformation digitale une priorité.

Mali: l’armée française plaide non coupable du charnier de Gossi

Accusée d’« espionnage » et de « subversion » par Bamako, l’armée française a réfuté ce vendredi ces arguments et se dit prête à tout « pour apporter la preuve de sa bonne foi ».La guerre de l’information continue entre Paris et Bamako. Mercredi 27 avril, le gouvernement malien s’est violemment attaqué à la France après la découverte d’un charnier à Gossi (centre), près de la base récemment restituée par la force Barkhane. Il l’accuse de violer « délibérément » son espace aérien « depuis le début de l’année » par l’utilisation de drones et d’aéronefs. Il affirme avoir relevé « plus de cinquante cas » de ces violations même si l’armée note qu’elle a le droit de déployer un drone dans la zone.

« Les forces françaises qui sont déployées au Mali le sont dans le cadre d’un accord de stationnement de la force Serval qui date de mars 2013 et qui prévoit dans son article 5 une liberté de circulation, une liberté de mouvement pour les forces françaises et à aucun moment nous ne nous sommes rendus coupables de violations ou d’activité d’espionnage vis-à-vis des Maliens », a dit le colonel Pascal Ianni, porte-parole de l’état-major français.

La semaine dernière, l’armée française a révélé la mise en scène d’un charnier dans cette localité du centre du Mali et accuse les mercenaires de la société privée russe Wagner d’être à l’origine de l’opération. Paris avait publié ces images filmées à partir d’un drone pour contrer ce qu’elle qualifie d’« attaque informationnelle ». L’armée française a affirmé ensuite que les mercenaires russes ont enterré ces corps près de sa base pour l’accuser de crimes de guerre au Mali.

La menace de Paris

Hier également, l’état-major français a diffusé des photos de militaires blancs faisant du sport dans le camp de Gossi qui a été restitué il y a dix jours à Bamako. Pour Paris, c’est une nouvelle preuve de la présence de Wagner.

« Nous faisons face en permanence à des actions de désinformation, des campagnes de dénigrement et notre principale arme, c’est la transparence et montrer par les images. Si besoin, nous déclassifierons des informations relevant du renseignement militaire pour apporter la preuve de notre bonne foi et surtout contrer tous ces adversaires qui attaquent indument les armées françaises », a menacé le colonel Ianni.

En attendant, le bras de fer reste intense. Ce vendredi, le gouvernement malien a étendu la Zone interdite temporaire (ZIT) qu’il avait créée le 14 avril. Tout survol est censé être interdit au-dessus de cette région longue de plus de 1000 km. Désormais, elle englobe Gossi et se rapproche de Gao. Une ZIT dont l’objectif, selon Paris, serait surtout de permettre le déploiement du groupe Wagner, loin des regards étrangers.

Plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde que le déploiement de forces étrangères n’a pas permis de régler, le Mali a connu deux coups d’Etat militaires depuis août 2020. Cette situation a occasionné l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Par ailleurs, la junte au pouvoir s’est progressivement rapprochée de Moscou en même temps qu’elle se détournait de la France, engagée militairement dans le pays contre les jihadistes depuis 2013. Paris a annoncé en février dernier son retrait du Mali, précisant que cette opération allait s’achever à l’été.

Si les attaques terroristes ont visé ces derniers jours des camps militaires du centre et du nord du pays, les autorités maliennes insistent en revanche sur « la montée en puissance des Forces Armées Maliennes (FAMa), motif de fierté du peuple malien, (qui) se traduit notamment par des victoires éclatantes contre nos ennemis, ainsi qu’un contrôle de plus en plus efficace du territoire national et de l’espace aérien ».

La conférence de presse du gouvernement sénégalais à la Une

L’essentiel des quotidiens sénégalais reçus, ce vendredi à APA, mettent l’accent sur la 9e édition de la conférence de presse du gouvernement.Lors de cette rencontre, Le Quotidien s’est intéressé à l’approvisionnement en hydrocarbures et fait état d’un « stock de mesures ». « 30 jours d’autonomie en kérosène. 30.000 tonnes de gasoil et 15.000 tonnes de super disponibles », rapporte le journal, relayant les propos du ministre du Pétrole et des Energies, Sophie Gladima.

« Après 100 d’exploitation-Le Ter (Train express régional) fait taire les critiques. Cinq millions de passagers enregistrés pour trois milliards de Fcfa de recettes. Bientôt la mise en service des trois trains restants sur les 15. Des parkings seront aménagés dans les gares », détaille le quotidien national Le Soleil, citant le ministre Mansour Faye.

« Santé, énergie, et Transports du Ter-Le gouvernement étale son bilane », note Le Témoin.

Dans le journal, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, affirme que « le système sanitaire du Sénégal est un modèle dans l’espace Uemoa et en Afrique ».

« Le Ter a généré 3 milliards de francs depuis sa mise en exploitation (le 27 décembre 2021) », affirme Mansour Faye, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement.

« Bilan des 100 jours du Ter- cinq millions de passagers et 3 milliards Fcfa », renchérit L’As.

De son côté, Walf Quotidien titre : « Politique sociale contre inflation-Le prix des suffrages. Macky coincé par les cours mondiaux ».

Vox Populi s’intéresse au débauchage des maires de l’opposition et écrit que « Macky continue de déplumer Yewwi et Wallu ».

Afrique : flambée des maladies évitables par la vaccination

Le continent africain fait face à une hausse des épidémies de maladies évitables par la vaccination.L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiète de la résurgence d’épidémies comme la poliomyélite et la fièvre jaune en Afrique. Près de 17.500 cas de rougeole ont été rapportés dans la Région africaine entre janvier et mars 2022, soit une augmentation de 400 % par rapport à la même période de 2021, rapporte le Bureau Afrique de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS). Vingt pays africains ont signalé des flambées de rougeole au premier trimestre de l’année en cours, soit huit pays de plus que lors des trois premiers mois de 2021.

Les flambées épidémiques d’autres maladies évitables par la vaccination sont aussi devenues très courantes. Vingt-quatre ont confirmé l’apparition d’un variant de la poliomyélite en 2021, soit quatre pays de plus qu’en 2020. En 2021, de nouvelles épidémies de fièvre jaune ont été notifiées dans treize pays de la Région africaine, alors que neuf pays l’avaient fait en 2020 et que trois pays avaient notifié de nouvelles flambées de fièvre jaune en 2019.

Les inégalités dans l’accès aux vaccins, les perturbations causées par la pandémie de COVID-19, y compris la forte pression sur les capacités du système de santé, ont bouleversé les services de vaccination de routine dans de nombreux pays africains et ont conduit à la suspension des campagnes de vaccination.

« La recrudescence des épidémies des maladies évitables par la vaccination est un signal d’alarme. Au moment où l’Afrique œuvre sans relâche pour vaincre la COVID-19, nous ne devons pas pour autant oublier les autres menaces sanitaires. Les systèmes de santé pourraient être mis à rude épreuve non seulement par la Covid-19, mais également par d’autres maladies », a averti la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Selon elle, « les vaccins sont au cœur d’une riposte efficace en matière de santé publique et, à mesure que les pays rétablissent leurs services, la vaccination de routine doit être un élément essentiel de systèmes de santé redynamisés et résilients ».

Les estimations de l’OMS et de l’UNICEF indiquent qu’en 2019, six pays de la Région africaine ont atteint une couverture de 95 % de la première dose du vaccin contre la rougeole, tandis que trois seulement ont atteint cet objectif en 2020.

Pour élargir en urgence la couverture et de protéger les enfants, l’OMS et les partenaires fournissent un appui aux pays africains pour qu’ils puissent mener des campagnes de rattrapage de la vaccination de routine. Plus de 90 % des 38 pays africains qui ont répondu à une enquête mondiale déclarent avoir mené au moins une campagne de rattrapage de la vaccination de routine au cours du second semestre 2021.

Certains pays ont réussi à intégrer d’autres campagnes de vaccination essentielle à la vaccination contre la Covid-19. Par exemple, le Ghana a intégré la vaccination contre la COVID-19 aux campagnes de vaccination contre la fièvre jaune en décembre 2021, dans le but d’enrayer une flambée épidémique survenue un mois plus tôt. Le Nigéria a lancé récemment une stratégie d’intensification de la vaccination qui sert de référence pour l’intégration de la vaccination de routine à la vaccination contre la Covid-19 pour les mères et leurs bébés.

Les campagnes de vaccination de masse stimulent également l’adoption du vaccin contre la COVID-19. Depuis le mois de janvier, la proportion des Africains entièrement vaccinés contre le virus est passée de 11,1 % à 17,1 %.

« La vaccination de routine, une pratique établie de longue date dans de nombreux pays africains, a été mise à rude épreuve par les répercussions négatives de la Covid-19. Lorsque cette pandémie aura pris fin, nous nous engageons à accompagner les pays dans la conception d’approches innovantes pour intensifier la vaccination contre la Covid-19 et rétablir et étendre parallèlement les services de vaccination de routine », a souligné Dr Benido Impouma, Directeur du groupe organique Couverture sanitaire universelle/Maladies transmissibles et non transmissibles au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

Sénégal: la souveraineté pharmaceutique est en marche (ministre)

Le Sénégal s’est doté d’une feuille de route articulé autour de neuf réformes prioritaires pour relancer son industrie pharmaceutique.Être autonome dans la production de médicaments, c’est l’objectif que s’est fixé le gouvernement du Sénégal. De l’avis du ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, cette ambition est en train de se réaliser. « (…) cet objectif de souveraineté pharmaceutique est en bonne marche avec toutes les initiatives en cours relatives notamment à la relance de l’industrie pharmaceutique soutenue par la Belgique, et au projet de production de vaccins anti-covid-19 et autres vaccins par l’Institut Pasteur de Dakar », a dit le ministre.

Il s’exprimait au terme du lancement officiel du « Portefeuille thématique climat-Sahel-volet Sénégal » et du Programme « Promotion de l’accès équitable aux médicaments et vaccins de qualité » financés par le Royaume de Belgique à hauteur de plus de 10 milliards Fcfa.

De l’avis de M. Hott, à travers le programme « climat-Sahel », la Belgique soutient les efforts du Sénégal visant à améliorer la gestion intégrée des ressources naturelles et à restaurer de manière durable les écosystèmes naturels.

« Je voudrais exprimer tout le plaisir de notre pays à bénéficier, avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso, de ce programme qui porte sur un montant de 50 millions d’euros (33 milliards Fcfa) en don. Dans cette enveloppe, un montant de 11,5 millions d’euros, soit environ 7,5 milliards Fcfa, est alloué au Sénégal », a poursuivi Amadou Hott.

A propos du Programme « Promotion de l’accès équitable aux médicaments et vaccins de qualité » dénommé « karaange garab yi » (en wolof), il a souligné que ce dernier constitue le 4e pilier important du programme bilatérale 2019-2023 entre le Sénégal et la Belgique.

« Ce projet qui porte sur un montant de 4 millions d’euros, soit environ 2,6 milliards Fcfa, est très important, vu son alignement à notre objectif de souveraineté pharmaceutique qui vise l’autonomie en matière de production de médicaments, de vaccins et de produits médicaux de qualité », a-t-il indiqué.

Abondant dans le même sens, l’ambassadeur de la Belgique au Sénégal, Hubert Roisin, a rappelé que la relance de l’industrie et, en particulier, de l’industrie pharmaceutique est une priorité du Président de la République, Macky Sall, inscrite dans le Plan Sénégal Emergent (PSE).

« La pandémie a, en effet, mis en évidence des inégalités énormes entre les pays au niveau de l’accès aux médicaments, aux produits médicaux, aux vaccins et aux équipements. L’atteinte de la souveraineté dans les biens médicaux demeure une orientation majeure des autorités sénégalaises à travers le projet du PSE Dakar Médical City », a soutenu le diplomate.

Sénégal : 3 milliards de recettes du Ter en 100 jours (ministre)

Le Train express régional (Ter) du Sénégal a transporté « plus de cinq millions de passagers », cent jours après le début de son exploitation commerciale.Le 27 décembre 2021, le Sénégal lançait en grande pompe l’exploitation commerciale de son Ter. Ce train ultramoderne, reliant dans un premier temps les villes de Dakar à Diamniadio, soit environ 36 kilomètres, en une vingtaine de minutes, est une des réalisations phares du président Macky Sall. Ses détracteurs ne lui pardonnent pas encore les 700 milliards investis. Mais le Ter a commencé à faire des bénéfices, d’après le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye.

« En termes de recettes, nous pouvons dire que c’est environ trois milliards de FCFA de recettes générées par le Ter. Et c’est un chiffre qui va monter. D’autant plus qu’il y a une forte affluence et des mesures supplémentaires seront prises pour mettre davantage les passagers dans les conditions les plus appropriées », a déclaré M. Faye, prenant part ce jeudi 24 avril à Dakar à la neuvième édition des conférences de presse dénommées « Le gouvernement face à la presse ».

Depuis le début de son exploitation commerciale, « le Ter a transporté plus de cinq millions de passagers. C’est en moyenne 50.000 passagers » par jour, a relevé le ministre, assis aux côtés de trois de ses collègues. « Ce qui est important à préciser c’est le sentiment de satisfaction des Sénégalais transportés. Ils ont vu leurs quotidiens changés, leurs vies transformées surtout en termes de gain de temps et d’économie », a insisté Mansour Faye.

Les défis aujourd’hui pour le gouvernement concernent « l’aménagement des gares, en termes de parking » en vue d’alléger la souffrance des automobilistes qui prennent le train. Ce changement sera effectué « dans les meilleurs délais », a promis le ministre, annonçant par ailleurs l’augmentation des rames en circulation qui vont passer de douze à quinze.

En outre, le Sénégal a lancé en mars les travaux de la deuxième phase du Ter. A terme, le trajet entre la capitale sénégalaise et l’aéroport international Blaise-Diagne, soit 57 kilomètres, se fera en 45 minutes. De même, ce trajet sera desservi par « 22 trains » et « plus de 300.000 passagers à transporter par jour » sont escomptés, d’après le ministre Mansour Faye.

Umaro Sissoco Embaló en visite d’Etat en Afrique du Sud

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa va accueillir ce jeudi à Prétoria son homologue bissau-guinéen pour une visite d’Etat à Pretoria, a annoncé la présidence sud-africaine.Selon le bureau du président sud-africain, cette visite sera l’occasion pour l’Afrique du Sud et la Guinée-Bissau de renforcer les relations politiques et socio-économiques entre les deux pays.

« Les deux Etats partagent une vision et un partenariat stratégique sur l’avancement de la paix et de la sécurité, de la prospérité et du développement de notre continent », a poursuivi la présidence.

La visite servira également de plateforme pour redynamiser un certain nombre d’accords qui nécessitent une mise en œuvre plus étroite depuis leur signature il y a quelques années, selon la même source.

Et d’ajouter qu’il y a eu un regain d’intérêt pour la mise en œuvre des accords et l’extension du partenariat entre eux depuis l’arrivée au pouvoir d’Embaló il y a quelques années.

L’accord général de coopération entre les deux pays, qui a été signé en septembre 2008, a jeté les bases du lancement d’une commission bilatérale mixte.

« La visite devrait permettre d’explorer de nouveaux domaines possibles de coopération économique, commerciale et d’investissement, notamment dans des secteurs clés en Guinée-Bissau, notamment l’agroalimentaire, la défense, les infrastructures et l’exploitation minière, dans l’intérêt mutuel des deux pays », a ajouté la présidence.

Les deux dirigeants devraient également échanger leurs points de vue sur des questions régionales, continentales et mondiales d’intérêt mutuel, notamment en matière de paix, de sécurité et de développement économique, a ajouté le bureau.

Pretoria et Bissau ont établi des relations diplomatiques en 1994, après l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud et dans l’ancienne colonie portugaise située en Afrique occidentale.

Après une visite de travail du Premier ministre de l’époque, Martinho Dafa Cabi, en Afrique du Sud en août 2007, l’Afrique du Sud avait finalement ouvert une ambassade à Bissau en mars 2008.

Niger: 73 rapports sur la mal-gouvernance et les détournements

Dix-neuf de ces rapports ont été transmis aux procureurs des tribunaux de la grande instance de Niamey et Dosso.Le président nigérien Mohamed Bazoum est décidé à lutter contre la pauvreté et la mal-gouvernance dans cet Etat du Sahel en proie à la menace jihadiste. Élu à la tête du pays en février 2021, le successeur de Issoufou Mahamadou, mesure l’immense chantier dans ce pays classé parmi les plus pauvres du monde en 2022.

En effet, le dernier rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) a produit durant l’année 2021, soixante-treize (73) rapports sur la mal-gouvernance et le détournement de deniers publics. Ces rapports, souligne le communiqué de la présidence du Niger, sont répartis comme suit : 30 rapports sur les délits et dénonciations, 27 sur les contrôles des recettes et 16 sur le contrôle des dépenses et réalisations physiques des structures déconcentrées du ministère de la Santé publique, de l’hydraulique de l’Intérieur, de l’Agriculture et de l’Environnement.

 Le ministre de la Justice a décidé d’engager des poursuites contre les personnes épinglées pour ces délits économiques dans les tribunaux. Ainsi, en suivant les recommandations des vérificateurs, 19 rapports ont été transmis aux procureurs des tribunaux de la grande instance de Niamey et Dosso.

 Selon le dernier indice annuel de l’organisation non gouvernementale Transparency International de janvier 2022, la corruption gagne toujours au Niger, qui a connu pas moins de quatre coups d’Etat réussis en soixante ans d’indépendance. Sur 180 pays, le pays a été classé 124e avec une note de 31 sur 100, perdant même un point par rapport à l’indice 2020.

La Cedeao va envoyer des missions en Guinée et au Burkina

Les juntes militaires en Guinée et au Burkina Faso n’ont pas fixé des chronogrammes de transition tel que souhaité par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).L’ultimatum de l’organisation régionale a expiré. Elle avait le 25 avril comme date butoir au Burkina et la Guinée Faso pour recevoir un calendrier « raisonnable » en vue d’un retour au pouvoir des civils. Mais les militaires au pouvoir à Ouagadougou et Conakry ont demandé plus de temps pour poursuivre les consultations devant mener à la fin de la transition.

Le Burkina Faso a été le premier à réagir, dès le 22 avril, selon un communiqué rendu public mercredi 27 avril par la Cedeao. Dirigé depuis le 24 janvier par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba après le renversement de Roch Marc Christian Kaboré, le pays demande « un délai supplémentaire par rapport à la date butoir afin de poursuivre les consultations sur diverses questions » en suspens.

La Guinée du lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, à la tête du pays depuis le coup d’Etat mené en septembre 2021 contre Alpha Condé, souhaite « également avoir davantage de temps par rapport à l’échéance du 25 avril 2022 pour permettre la poursuite des consultations », relève la Cedeao. Elle souligne que ce pays a « présenté les évolutions récentes concernant le processus de transition ». Le ministre des Affaires étrangères, Dr Morissanda Kouyaté, s’était rendu en effet à Accra, au Ghana, le dernier jour de l’ultimatum, pour discuter et négocier avec Nana Akufo-Addo, le président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Cedeao.

Si plusieurs observateurs craignaient des sanctions après la fin de leur mise en demeure, la Cedeao « a décidé d’envoyer des missions dans ces deux pays qui permettront de préparer un rapport pour le sommet » des chefs d’États, prévu en mai. Tous les scénarios sont alors possibles pour Ouagadougou et Conakry.

Toutefois, l’embargo prononcé en janvier dernier par la Cedeao contre le Mali n’a pas permis d’obtenir une transition plus courte. Prétextant la situation sécuritaire instable du pays, elles ont proposé un calendrier de cinq ans puis de deux ans avant d’organiser des élections. Mais toutes ces propositions n’ont pas été acceptées par l’organisation régionale qui a décidé de maintenir ses sanctions.

En revanche, le Burkina et la Guinée sont deux cas différents. Si le premier pays a choisi de mener sa transition sur trois ans, le second n’a jusqu’à présent pas présenté de calendrier de transition. Ce qui rend sa situation « plus compliquée », affirme un diplomate, au moment où des tensions sont notées dans le climat politique avec la perspective de nouvelles manifestations pour dénoncer les lenteurs des autorités.

Niger : les délits de diffamation et d’injure par voie de presse dépénalisés

En conseil des ministres le 27 avril 2022, le gouvernement du Niger a adopté le projet de loi modifiant et complétant la loi du 03 juillet 2019, portant répression de la cybercriminalité au Niger.C’est une avancée majeure en matière des droits de liberté de la presse au Niger. Désormais, les délits commis par voie de presse ne conduisent plus à la prison au Niger. « L’ordonnance du 04 juin 2010, portant régime de la liberté de presse a consacré le principe selon lequel aucun journaliste ne peut, dans l’exercice de ses fonctions, être privé de sa liberté pour délits commis par voie de presse » peut-on lire dans le communiqué du conseil des ministres publié dans la soirée de mercredi.

Une décision saluée par Mohamed Bazoum, élu à la tête du pays en février 2021. « Avec les modifications relatives à la cybercriminalité hier en conseil des ministres, les délits de diffamation et d’injure ne conduisent plus à la prison » s’est réjoui le président nigérien sur Twitter.

Selon le gouvernement nigérien, « le développement accéléré des nouvelles technologies de l’information et de la communication ayant engendré des nouvelles formes de criminalités a nécessité l’intervention de la loi du 03 juillet 2019, portant répression de la cybercriminalité au Niger qui prévoit des peines privatives de liberté » explique le communiqué.

Ainsi, le nouveau projet de loi, mettra en harmonie « les dispositions des deux textes pour la suppression de la peine d’emprisonnement encourue en cas de délits commis par un moyen de communication électronique notamment l’injure ou la diffamation » a précisé le communiqué. 

Umoa : le Sénégal lève 330 milliards F CFA

La Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti (Sogepa), agissant au nom de l’État sénégalais, a réalisé « la plus grande opération de l’histoire du marché sous-régional », indique le ministère des Finances et du Budget.Mardi 26 avril 2022, une date historique dans le marché des titres publics de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). « L’État du Sénégal, par le biais de la Société de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (Sogepa) comme véhicule financier, a procédé à la mobilisation du premier emprunt obligataire (sukuk) émis, au sein de l’Umoa, en conformité avec les principes de la finance islamique par une société », lit-on dans un communiqué reçu mercredi soir à APA.

Cette levée de fonds, précise la source, a suscité une forte adhésion des investisseurs de la sous-région et du Moyen-Orient avec un taux de couverture de l’émission supérieur à 110 % en 3 jours de souscription. Respectant les préceptes religieux de la charia, le sukuk est un titre financier islamique qui équivaut à une obligation dans la finance classique.

« L’État du Sénégal demeure fidèle à sa tradition de pôle d’innovation financière au niveau du marché sous-régional », souligne le document dans lequel il est mentionné que ce premier sukuk en Afrique subsaharienne « ouvre des perspectives à la finance islamique dans le continent en impulsant une nouvelle dynamique sur ce compartiment de marché ».

Le sukuk de 330 milliards F CFA est une émission avec trois tranches simultanées : une tranche à 7 ans pour un montant de 55 milliards F CFA, une deuxième à 10 ans pour le même montant et une troisième de 15 ans pour un montant de 220 milliards F CFA. « Ces différentes tranches ont une marge de profit respective de 5,80, 5,95 et 6,10 % », renseigne le ministère sénégalais des Finances et du Budget.

L’État du Sénégal estime que cette opération concrétise son approche novatrice du patrimoine bâti pour en faire un levier de soutien à la politique de gestion des finances publiques et d’amélioration du parc d’immeubles à usage administratif. 

« Ainsi, se félicite le gouvernement, des économies substantielles seront réalisées sur les charges locatives d’immeubles à usage administratif. Le sukuk, par le rachat des contrats de crédit-bail, permet à l’État du Sénégal de passer (du statut) de locataire à propriétaire des sphères ministérielles de Diamniadio », la nouvelle ville située à la périphérie de la capitale Dakar.

Enfin, ajoute la note, l’argent récolté permettra d’effectuer des investissements au plan national pour conforter le contrôle de l’État sur des actifs stratégiques touchant à la souveraineté ou à forte rentabilité, notamment la prise de participation dans des activités telles que le Port de Ndayane ou encore la Société de gestion de l’Autoroute à péage, etc.

Gambie : la fédération de foot déploie un filet de sécurité pour Bakary Gassama

L’instance faîtière annonce un ensemble d’actions visant à protéger l’arbitre gambien victime de « multiples attaques verbales ».La Fédération Gambienne de Football (GFF, sigle en anglais) rompt le silence. À travers un communiqué, publié mercredi soir, elle affirme suivre avec « une profonde inquiétude » l’acharnement contre Bakary Gassama que l’Algérie tient pour responsable de sa non-qualification à la prochaine Coupe du monde Qatar.

Bakary Gassama a dirigé le match retour des barrages entre l’Algérie et le Cameroun. Le 29 mars 2022, les Lions indomptables sont allés battre, deux buts à un, les Fennecs à Blida au terme d’une rencontre haletante.  

Depuis lors, cet arbitre considéré comme l’un des meilleurs en Afrique est la cible d’une bordée d’injures et de menaces. Djamel Belmadi, le sélectionneur de l’équipe nationale algérienne de football, s’est aussi tristement distingué de la sorte tout dernièrement.

« Je n’ai pas du tout aimé voir cet arbitre confortablement assis à l’aéroport d’Alger et boire un café. J’ai vidé mon sac quand je l’ai croisé en Turquie. Je n’ai pas apprécié que les Algériens acceptent ce genre de choses. Quand nous allons dans ces pays, nous n’avons souvent pas ces traitements de faveur. Il a enlevé l’espoir de tout un peuple et on le laisse (s’en tirer à bon compte). Je ne dis pas qu’on doit le tuer, mais il nous lèse. Plus jamais, on laissera deux ou trois personnes conspirer contre nous. Dorénavant, aucun arbitre ne viendra mettre à mal notre pays », a déclaré le coach des Fennecs dans une interview d’une heure environ accordée à la chaîne YouTube de la Fédération Algérienne de Football (FAF).

Face à cette situation, les dirigeants du foot gambien protestent auprès de leurs homologues algériens. Ils demandent, en outre, à la Fédération internationale de football association (Fifa) et à la Confédération africaine de football (Caf) d’engager « une procédure disciplinaire » à l’encontre de Djamel Belmadi.

D’ores et déjà, la Fédération Gambienne de Football souhaite que la partie algérienne fasse une « déclaration publique » pour notamment condamner les propos de M. Belmadi et s’engager à prendre toutes les dispositions allant dans le sens d’éviter de pareils écarts de langage. À défaut, la GFF souligne que la Fédération Algérienne de Football sera jugée complice s’il arrive quelque chose à Bakary Gassama.

Le Mali suspend définitivement les médias RFI et France 24

La décision émane de la Haute autorité de la Communication du Mali.Nouvel épisode du bras de fer entre Paris et Bamako. Ce mercredi 27 avril, la Haute autorité de la Communication du Mali a annoncé la suspension définitive des médias français Radio France internationale (RFI) et France 24.

Le 16 mars dernier, les autorités de la transition au Mali avaient annoncé avoir engagé « une procédure, conformément aux lois et règlements en vigueur au Mali, pour suspendre, jusqu’à nouvel ordre, la diffusion de la RFI en ondes courte et FM et de la télévision France 24, ainsi que toutes leurs plateformes digitales sur toute l’étendue du territoire national ».

Le gouvernement malien reproche à ces médias leurs « fausses allégations faisant état d’exactions commises par les Forces armées maliennes (FAMa), contre des civils, de violation des droits de l’homme et du Droit international humanitaire ».

Réagissant à cette décision des autorités maliennes, le groupe France Médias Monde (FMM) auquel appartiennent RFI et France 24 dit qu’il utilisera toutes les autres voies de recours possibles. « Nous continuerons à couvrir l’actualité au Mali qui intéresse l’Afrique toute entière comme le reste du monde. Toutes les solutions techniques seront mises en œuvre pour rendre accessibles nos médias aux Maliennes et aux Maliens qui souhaitent continuer à recevoir une information libre, experte et ouverte sur le monde. FMM rappelle son attachement à l’indépendance et à la liberté d’informer », indique le groupe de presse.

Le Rwanda drague les investisseurs sénégalais

Plusieurs opérateurs économiques et acteurs financiers ont assisté, ce mercredi, à la présentation du Centre financier international de Kigali (KIFC, sigle anglais) à l’ambassade rwandaise à Dakar.Le Rwanda veut attirer davantage d’investisseurs sénégalais. Dans les locaux de sa représentation diplomatique au pays de la Téranga, une délégation venue spécialement de Kigali s’est livrée à une véritable opération de charme envers les hommes d’affaires locaux. Pour les convaincre, Ntoudi Mouyelo, responsable des investissements et des partenariats stratégiques au sein de l’Agence Rwanda Finance qui développe et fait la promotion du KIFC a vanté les avantages qu’offre ce centre.

« L’Afrique manque en général de centres financiers qui permettent aux capitaux d’être déployés à travers le continent. Et la position du Rwanda est d’être la nouvelle maison pour ces investisseurs aussi bien africains qu’étrangers qui cherchent à avoir une plateforme qui leur permet, en étant conforme à la réglementation internationale, de déployer leurs capitaux sur les différents projets et opportunités qu’elle offre », a soutenu M. Mouyelo.

En plus d’être ouvert à toute l’Afrique, le KIFC se distingue par sa célérité dans le traitement des dossiers des potentiels investisseurs. « Au Rwanda, la création d’une entreprise ne prend que six heures et le processus de cotation à la bourse de Kigali ne dure que trois mois », a expliqué Ntoudi Mouyelo. Cette diligence s’explique, d’après lui, par la forte collaboration qu’entretiennent le KIFC et les différents ministères sectoriels.

Pour attirer plus d’investisseurs au KIFC, le pays de l’Afrique de l’Est a par ailleurs adopté dix-sept lois sur les deux dernières années. Celles-ci ont, entre autres, permis de fixer les taux d’imposition entre 3 % et 15 % sur les revenus en fonction du secteur d’activité.

« Le Rwanda a l’ambition de devenir un pays émergent. Et pour cela, nous nous donnons les voies et moyens pour assainir le climat des affaires et faciliter les investissements, tout en les protégeant. Nous assurons aux investisseurs aussi la possibilité de rapatrier l’argent qu’ils ont gagné au Rwanda le plus facilement possible et le plus rapidement possible », a relevé l’ambassadeur du Rwanda au Sénégal, Jean Pierre Karabaranga.

A travers la rencontre de ce mercredi, le diplomate espère ainsi mettre à profit les excellentes relations qu’entretient son pays avec Dakar pour rapprocher leur secteur privé respectif. D’ailleurs, a annoncé M. Karabaranga, une délégation d’opérateurs économiques sénégalais se rendra à Kigali d’ici la fin de l’année pour découvrir les opportunités d’investissement qu’offre le Rwanda. De même, a-t-il ajouté, il est prévu, « dans deux mois », l’établissement d’une liaison aérienne directe entre les deux capitales.

« Les opérateurs économiques sénégalais sont invités à venir au Rwanda non seulement pour profiter de ce lien que nous avons pu créer avec les investisseurs africains et étrangers, mais également pour bénéficier de l’écosystème que le Rwanda offre en termes d’accès à des professionnels de tous les secteurs », a conclu Ntoudi Mouyelo.

Côte d’Ivoire Terminal réceptionne six portiques de parc

Cette livraison fait partie d’une commande globale de 13 engins de manutention.Le 23 avril 2022, Côte d’Ivoire Terminal a réceptionné six portiques de parc pour le second terminal à conteneurs en cours de construction au port d’Abidjan.

Les engins de manutention de 30 mètres de haut, vont permettre d’assurer le chargement, le déchargement et le rangement des conteneurs sur le parc à conteneurs, a annoncé ce mercredi Bolloré Transport & Logistics dans un communiqué de presse.

Le texte souligne que les nouveaux portiques fournis par ZPMC sont dotés des dernières technologies qui intègrent notamment un système de contrôle de pointe et un système d’alimentation électrique de nouvelle génération permettant de réduire considérablement les émissions de CO2 mais aussi la consommation d’énergie.

« Les nouveaux portiques de parc qui ont été réceptionnés participent de la démarche éco-responsable mise en œuvre dans le cadre de ce projet. Outre les constructions aux normes environnementales pointues, les équipements du futur terminal participent du processus de labellisation Green Terminal », a déclaré Koen De Backker, Directeur général de Côte d’Ivoire Terminal.

La réception de ces premiers équipements est une étape majeure du projet de construction de ce terminal, qui vise à améliorer la desserte logistique de la Côte d’Ivoire et des pays de la sous-région.

Grâce à un investissement global de 262 milliards Fcfa, le second terminal du port d’Abidjan sera équipé à sa mise en service en novembre 2022, de 6 portiques de quai, 13 portiques de parcs et 36 tracteurs, tous électriques.

« Ces équipements sont les premiers d’une longue série, avec la réception prochaine, en mai 2022, des premiers tracteurs électriques et des portiques de quai en août 2022. L’arrivée de ce matériel matérialise les engagements d’investissements pris par Côte d’Ivoire Terminal et ses actionnaires de référence, Bolloré et APMT », a indiqué Olivier De Noray, Directeur général des concessions de Bolloré Ports.

Sénégal : la famille de la femme décédée en couches retire sa plainte

Alors que la famille d’Astou Sokhna a accordé son pardon, le procès des six sages-femmes d’un hôpital du nord du Sénégal, poursuivies pour non-assistance à personne en danger, a été renvoyé au 5 mai prochain.Les prévenues n’étaient pas seules ce mercredi 27 avril au tribunal de grande instance de Louga (nord). Dès les premières de la matinée, les alentours de l’édifice ont été pris d’assaut par de nombreuses personnes dont des agents de santé solidaires reconnaissables à travers leurs blouses blanches. Ils sont venus de partout pour assister au jugement de leurs collègues dont quatre sages-femmes placées sous mandat de dépôt depuis que la justice s’est saisie de cette affaire.

L’entrée était toutefois filtrée par l’impressionnant dispositif sécuritaire déployé par la police. Seuls les témoins et les journalistes étaient autorisés à accéder à la salle d’audience où les plaidoiries n’ont finalement pas eu lieu.

Le juge a prononcé le renvoi du procès jusqu’au 5 mai, en audience spéciale, sur demande des conseils de la partie civile. Ils expliquent leur démarche par le fait qu’ils venaient de prendre connaissance du dossier.

En revanche, la demande de liberté provisoire des avocats de la défense pour les quatre sages-femmes a été rejetée par le tribunal de Louga. La veille pourtant, une médiation d’une autorité maraboutique de la région a abouti au retrait de la plainte par la famille d’Astou Sokhna. Néanmoins, le pardon de l’époux et de la mère de la femme enceinte décédée n’a pas empêché la poursuite de l’action judiciaire.

Vent d’apaisement ?

gée de 34 ans et enceinte de neuf mois, Astou Sokhna était venue accoucher au début de ce mois à la maternité de l’hôpital régional de Louga. Après plusieurs heures sans assistance, selon son mari, elle succombe. Sa famille a dénoncé un décès par déni de soins après une longue agonie alors que l’hôpital avait conclu à une mort naturelle.

Depuis lors, la clameur populaire et médiatique s’abat sur les professionnels de santé, notamment les sages-femmes qui sont souvent accusées de négligence et de mauvais accueil des malades.

Après avoir limogé le directeur de l’hôpital, le chef de l’État a demandé aux services compétents de faire « toute la lumière » sur ce drame. Une mission d’audit du ministère de la Santé et une autosaisine du procureur ont été également annoncées.

Face à ce qu’il qualifie de « mépris », le Collectif des travailleurs de la santé et de l’action sociale (CTSAS) a décrété jeudi dernier une « grève générale » de vingt-quatre heures, précisant que la « durée de la lutte dépendra du (…) traitement de cette affaire Astou Sokhna et de celui de nos plateformes revendicatives par l’Etat du Sénégal ».

Ce drame est venu s’ajouter en effet sur la crise que vit le secteur de la santé au Sénégal depuis de nombreux mois. Les syndicats observent régulièrement des mouvements d’humeur pour pousser l’Etat à satisfaire leurs doléances portant notamment sur le régime de leurs indemnités et leurs conditions de travail.

Contacté par APA, un infirmier en service dans un centre de santé de l’est du pays les trouve « exécrables ». « Nous travaillons dans des conditions difficiles. La logistique fait défaut dans certaines structures où nous n’avons même pas d’ambulance pour évacuer les patients. Certains bâtiments menacent ruine », déplore-t-il.

Par ailleurs, le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a rencontré lundi 25 avril, l’Alliance des syndicats de la santé « And Gueusseum » pour tenter de mettre fin à l’escalade dans son secteur. Il s’est engagé à matérialiser dix-sept points inscrits dans le cahier de revendications.

Il s’agit entre autres de la régularisation de la situation administrative des techniciens supérieurs de santé, la signature du décret fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de la fonction publique locale et le versement des aides sociales dans les corps des assistants sociaux. « Cette signature est le résultat d’un dialogue permanent avec les partenaires sociaux », s’est réjoui le ministre, invitant maintenant les syndicats à cesser leur mouvement de grève.

Côte d’Ivoire : le quotidien Le Temps suspendu par l’ANP

L’Autorité nationale de la presse (ANP), le régulateur de la presse écrite et numérique en Côte d’Ivoire, a suspendu le journal pour parutions et l’un de ses journalistes pour un mois, suite à des « manquements ».La décision, prise en Conseil de discipline le 21 avril 2022, porte notamment sur des sanctions applicables au quotidien Le Temps édité par l’entreprise de presse Cyclone Sarl et au journaliste Guigrei Dallou Simplice alias Simplice Allard, auteur de l’article incriminé.

L’article incriminé, à l’origine de cette mesure, a été publié par le quotidien dans son édition numéro 5.446 du jeudi 14 avril 2022. Il est intitulé « Après la visite de Gbagbo aux Wê/Le parti au pouvoir en perte de vitesse/Ce qui inquiète le régime ».

Dans cet article, l’auteur, selon le régulateur, s’essaie à une analyse du contexte sociopolitique depuis le retour de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, en Côte d’Ivoire. Cependant, l’article contient « de nombreux manquements au code de déontologie du journaliste ».

A l’entame de son article, le journaliste plante un décor alarmiste de la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire, en ces termes : « peur panique au sommet du Rhdp (…) où le souverain Ouattara lui-même ne sait plus où donner de la tête ».

Poursuivant son analyse, l’ANP note que le journal s’autorise des écrits injurieux, des expressions malveillantes et offensantes à l’encontre du président de la République, en écrivant « Alassane Ouattara sait qu’il ne pèse pas lourd dans l’électorat ivoirien, sinon, il n’userait pas de violence pour s’imposer ».

« Les Ivoiriens le vomissent comme on vomirait un corps abject qui rentre dans la bouche par inadvertance. Et il y a plusieurs raisons à cette révulsion populaire. Mais, la principale cause reste sans conteste, le recours à la violence pour un oui ou pour un non et le pic a été atteint avec la déportation de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale », a-t-il ajouté.

L’ANP dénonce « l’apologie de la violence, l’irrévérence envers le chef de l’Etat, l’incitation des populations à la haine et à la détestation, un procès d’intention, des accusations sans fondements et de la manipulation de l’information ».

Pour l’organe de régulation, « les manquements relevés dans l’article en cause sont de nature à nuire à la paix et la cohésion sociale ». Le droit fondamental du journaliste d’informer et d’éveiller les consciences comporte des limites et des règles déontologiques.

Côte d’Ivoire : des heurts entre des étudiants et policiers à Bouaké

Le Comité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (CEECI) est en grève pour dénoncer l’insuffisance d’infrastructures et d’enseignants dans la métropole du centre ivoirien.Alors que les étudiants, membres du CEECI, tentaient de déloger, aux environs de 8 heures heure locale, les élèves des autres lycées et collèges de la cité, des forces de l’ordre armés ont fait barrage pour tenter de les en empêcher.

Des scènes d’échauffourées éclatent devant plusieurs établissements à Bouaké. Les étudiants vont ainsi se rabattre sur le campus de l’Université Alassane Ouattara, où l’on observera de véritables affrontements.

Selon des témoins, le bilan des échauffourées, en début d’après-midi faisait état d’une « trentaine de motos saccagées, une dizaine de blessés côté étudiant, des vitres de bâtiments cassées et des étudiants battus en chambre ».

Pour disperser les étudiants manifestants, les forces de l’ordre ont dû faire usage de gaz lacrymogène. Sur le boulevard qui mène à cette université publique, l’on pouvait apercevoir des restes de gourdins, dont étaient munis des étudiants pour leur défense.

Ce théâtre a perturbé les cours au niveau de l’université Alassane Ouattara, où des dégâts matériels importants ont été enregistrés. Le calme est revenu en début de soirée dans la cité de Bouaké, la deuxième ville du pays.

Le Mali accuse la France d’«espionnage» et de «subversion»

Le gouvernement de transition a accusé mardi soir l’armée française de violer délibérément l’espace aérien malien, une semaine après la restitution de la base de Gossi (centre) par la force Barkhane.Les relations entre Paris et Bamako sont de plus en plus tendues. Près de trois mois après avoir annoncé le retrait progressif de ses soldats, l’armée française a restitué, le 19 avril dernier, une base du centre du Mali à proximité de laquelle un charnier a été découvert. En réponse, l’état-major français a diffusé des vidéos tournées par un de ses drones montrant des hommes enterrant des cadavres. Cette manœuvre a outré les militaires maliens au pouvoir.

« Outre l’espionnage, les forces françaises se sont rendues coupables de subversion en publiant des fausses images montées de toute pièce afin d’accuser les FAMa d’être l’auteur de tueries de civils dans le but de tenir l’image des forces armées maliennes engagées pour la libération du territoire, la protection et la sauvegarde des populations éprouvées par une longue crise », a indiqué le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, dans un communiqué lu à la télévisons nationale, invitant les autorités françaises « à respecter la souveraineté » de son pays.

Pour Bamako, les aéronefs français ont fait l’objet, depuis le début de l’année, de « plus de 50 cas délibérés de violation » du territoire aérien malien. Le colonel Assimi Goïta et ses hommes reprochent à l’armée française son « refus d’obtempérer suite aux instructions de service de contrôle aérien » et « la falsification de documents de vol ».

Ils fustigent aussi « les atterrissages d’hélicoptères dans des localités hors aérodrome, sans autorisation préalable et les vols d’avion de renseignements et de drones évoluant à haute altitude pour se livrer à des activités considérées comme de l’espionnage, de l’intimidation, voire de la subversion ». Bamako rappelle que « tout survol de l’espace aérien malien est subordonné à l’obtention d’une autorisation expresse délivrée par l’Armée de l’Air du Mali ».

L’explication de Paris

Par ailleurs, Paris n’a pas encore réagi au communiqué des autorités maliennes. Mais le 21 avril, deux jours après qu’elle eut restitué aux FAMa sa base de Gossi, l’armée française avait entrepris de contrer ce qu’elle a qualifié d’« attaque informationnelle » et publié une vidéo de ce qu’elle affirme être des mercenaires russes en train d’enterrer des corps près de cette base afin d’accuser la France de crimes de guerre au Mali.

Ces images, prises par un drone, montrent des soldats s’affairer autour de cadavres qu’ils recouvrent de sable. Dans une autre séquence, on voit deux de ces militaires filmer les corps à moitié ensevelis. Pour l’état-major français, il s’agit de « soldats blancs » membres de la société militaire privée russe Wagner.

Après la publication de ces images, la justice militaire malienne a annoncé l’ouverture d’une enquête « pour faire toute la lumière ». Selon le procureur de la République près le tribunal militaire de Bamako, « l’opinion sera tenue régulièrement informée de l’évolution de l’enquête, dont les résultats seront rendus publics ».

Plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde que le déploiement de forces étrangères n’a pas permis de régler, le Mali a connu deux coups d’Etat militaires depuis août 2020, une situation qui a occasionné l’embargo du pays par les pays de la Cedeao.

La junte au pouvoir à Bamako s’est progressivement rapprochée de Moscou en même temps qu’elle se détournait de la France, engagée militairement dans le pays contre les jihadistes depuis 2013.

Si les attaques terroristes ont visé ces derniers jours des camps militaires du centre et du nord du pays, les autorités militaires insistent en revanche sur « la montée en puissance des Forces Armées Maliennes (FAMa), motif de fierté du Peuple malien, se traduit notamment par des victoires éclatantes contre nos ennemis, ainsi qu’un contrôle de plus en plus efficace du territoire national et de l’espace aérien ».

Djamel Belmadi : autopsie d’un dérapage

Le bruit de la déflagration de la bombe lâchée par le volcanique sélectionneur de l’équipe nationale d’Algérie de foot a étourdi l’Afrique, mais pas que.« Le sage tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ». Djamel Belmadi a fait entorse à cette conduite de vie dont la paternité est attribuée au prophète Salomon (Souleymane pour les musulmans) dans la Bible.

Dimanche 24 avril, presque un mois après la défaite sur le gong de l’Algérie face au Cameroun (1-2), synonyme de non-participation à la Coupe du monde 2022, l’entraîneur des Fennecs rue dans les brancards. Sa cible toute désignée : Bakary Gassama qui a officié la rencontre fatale. Le sifflet gambien, l’un des as sur le continent noir, porte sur lui tous les péchés d’Israël.

« Je n’ai pas du tout aimé voir cet arbitre confortablement assis à l’aéroport d’Alger et boire un café. J’ai vidé mon sac quand je l’ai croisé en Turquie. Je n’ai pas apprécié que les Algériens acceptent ce genre de choses. Quand nous allons dans ces pays, nous n’avons souvent pas ces traitements de faveur. Il a enlevé l’espoir de tout un peuple et on le laisse (s’en tirer à bon compte). Je ne dis pas qu’on doit le tuer, mais il nous lèse. Plus jamais, on laissera deux ou trois personnes conspirer contre nous. Dorénavant, aucun arbitre ne viendra mettre à mal notre pays », a ruminé Belmadi dans une interview d’une heure environ accordée à la chaîne YouTube de la Fédération Algérienne de Football (FAF).

Partagée rapidement sur Twitter notamment, cette séquence surréaliste a déclenché un torrent de critiques d’acteurs célèbres du foot et d’anonymes abasourdis par la violence assumée du vocabulaire. « J’ai un sentiment de déception à son égard (Belmadi). Pendant trois ans, j’ai trouvé que c’était un manager remarquable, passionné et travailleur. Depuis trois mois, je constate qu’il a un peu perdu pied », a analysé froidement Nabil Djellit, journaliste à France Football, dans l’émission Les Grandes bouches diffusée lundi soir sur Canal+.

Jugé chauvin sur la twittosphère, le Franco-algérien ne s’est pourtant pas défilé à ses risques et périls : « Il (Belmadi) a le droit de dire que l’arbitrage est mauvais. Par contre, je ne suis pas d’accord sur le fait de s’en prendre nommément à Bakary Gassama. C’est une sortie de route. Je comprends sa frustration, mais les propos me paraissent déplacés », a asséné M. Djellit.

« C’est extrêmement grave dans la mesure où il profère une menace physique. Le sport ne doit pas conduire à ces excès-là », a fustigé Mamadou Koumé, président de l’Association de la Presse Sportive du Sénégal (ANPS) de 1997 à 2003 puis de 2008 à 2017.

Dans un communiqué daté du 25 avril, la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a annoncé se réserver « le droit de porter l’affaire devant la Commission d’éthique de la Fédération internationale de football association (Fifa) » au regard des « allégations diffamatoires instillées de manière allusive et formulées de manière répétitive par les dirigeants du football algérien ».

Le Qatar va accueillir, du 21 novembre au 18 décembre prochain, le premier Mondial dans un pays arabe. Djamel Belmadi se voyait déjà avec ses protégés dans cet émirat du Golfe persique qu’il connait comme sa poche. Entre 2010 et 2018, le natif de Champigny-sur-Marne (France) y a aiguisé ses armes en tant que coach après avoir raccroché les crampons. « Géopolitiquement, ce n’est pas une bonne affaire pour l’Algérie. Que la Tunisie et surtout le Maroc se qualifient et (qu’elle n’y parvient pas), ça fait tache », a décrypté M. Koumé.

En travers de la gorge

Au terme du duel contre le Cameroun, au stade Mustapha Tchaker de Blida plein à craquer, Djamel Belmadi a senti la terre se dérober sous ses pieds. La gestuelle et l’expression faciale montrent un état de stress post-traumatique.

Le champion d’Afrique 2019 est inconsolable car le ticket pour Qatar 2022, « qui sera
peut-être la meilleure Coupe du monde de toute l’histoire », disait-il en novembre 2021, vient de lui filer entre les doigts alors qu’il pensait l’avoir sécurisé avec le but égalisateur d’Ahmed Touba dans les prolongations.

Au-delà du patron quadragénaire des Fennecs, le scénario de la partie est vécu comme un drame national. S’appuyant sur certains faits de jeu, les Algériens crient au complot et déposent un recours auprès de la Fifa aux fins de rejouer le match à cause de « l’arbitrage scandaleux ». Un mince espoir auquel s’accroche toujours des millions de gens. Le verdict de l’instance dirigeante est attendu ce jeudi.

« Je pense qu’il n’y a pas eu d’erreurs manifestes et grossières de la part de cet arbitre. Sportivement, l’Algérie est dans une mauvaise passe. Ce qu’on a vu à la Coupe d’Afrique des nations 2021 et qui s’est confirmé dans la double confrontation face au Cameroun prouve qu’elle a baissé d’un ton », a disséqué Mamadou Koumé, par ailleurs ancien Directeur Général de l’Agence de Presse Sénégalaise (APS, publique).

D’octobre 2018 à janvier 2022, l’Algérie a enchaîné 35 matchs sans défaite toutes compétitions confondues. Cette série, un record en Afrique et la deuxième meilleure performance dans le monde, a pris fin lors de la Can 2021 face à la Guinée équatoriale (0-1).

Aux yeux de nombreux observateurs avertis du foot africain, Bakary Gassama est jute le bouc émissaire d’un sélectionneur qui dénie la réalité. « Je suis inquiet parce que j’ai l’impression que Belmadi ne digère pas encore cette désillusion. Je m’attendais à ce qu’il se remette en question », a indiqué Nabil Djellit.

Un peu de recul permet de se rendre compte que le Burkina, à l’ultime journée du 2e tour des éliminatoires du Mondial 2022, a mis à nu les carences d’une équipe orpheline entre autres de l’activité d’Adlène Guedioura, un milieu défensif dur sur l’homme.

Ce jour-là, les Fennecs ont dû se contenter d’un point à domicile (2-2) pour accéder au tour suivant. Deux mois plus tard, dans la grand-messe du foot continental au Cameroun, l’Algérie, tenante du titre, a explosé en plein vol avec un nul et deux défaites.

Guerre en Ukraine : de fortes tensions sur les prix alimentaires

Les prix vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024, alerte la Banque mondiale (BM).La guerre en Ukraine a provoqué un choc majeur sur les marchés des produits de base et modifié la physionomie des échanges, de la production et de la consommation dans le monde.

Selon la dernière édition du rapport Commodity Markets Outlook publiée par la BM, la hausse des prix de l’énergie au cours des deux dernières années a été la plus importante depuis la crise pétrolière de 1973. Celle des matières premières alimentaires (dont la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs) et des engrais, dont la production dépend du gaz naturel, n’a jamais été aussi forte depuis 2008.

« Globalement, il s’agit du plus grand choc sur les produits de base que nous ayons connu depuis les années 1970. Comme c’était le cas à l’époque, ce choc est aggravé par une recrudescence des restrictions au commerce des denrées alimentaires, du carburant et des engrais », explique Indermit Gill, vice-président de la Banque mondiale pour le pôle Croissance équitable, finances et institutions.

Il souligne que ces phénomènes ont commencé à faire planer le spectre de la stagflation. Pour inverser la tendance, M. Gill invite les décideurs politiques à saisir toutes les occasions de stimuler la croissance économique au niveau national et éviter toute action néfaste pour l’économie mondiale.

Les prix de l’énergie vont probablement grimper de plus de 50 % en 2022 avant de baisser en 2023 et 2024. Quant à ceux des biens non énergétiques, notamment les produits agricoles et les métaux, ils devraient augmenter de près de 20 % en 2022, puis diminuer également au cours des années suivantes.

Cependant, les prix des produits de base devraient rester bien supérieurs à la moyenne des cinq dernières années et, en cas de guerre prolongée ou de nouvelles sanctions contre la Russie, ils pourraient devenir encore plus élevés et plus volatils que ce qui est actuellement prévu.

L’institution de Bretton Woods note qu’en raison des perturbations du commerce et de la production consécutives à la guerre, le cours du pétrole brut (Brent) devrait atteindre une moyenne de 100 dollars le baril en 2022, ce qui correspond à son plus haut niveau depuis 2013 et à une augmentation de plus de 40 % par rapport à 2021. Il devrait baisser à 92 dollars en 2023, ce qui sera bien au-dessus de la moyenne sur cinq ans de 60 dollars le baril.

Les cours du gaz naturel (européen) devraient être deux fois plus élevés en 2022 qu’en 2021, tandis que les prix du charbon devraient être 80 % plus élevés, soit des sommets historiques dans les deux cas.

« Les marchés des produits de base subissent l’un des plus grands chocs d’offre depuis des décennies en raison de la guerre en Ukraine. La hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie qui en résulte a un coût humain et économique considérable et risque de freiner les progrès en matière de réduction de la pauvreté. En outre, cette augmentation des prix des matières premières exacerbe les pressions inflationnistes déjà élevées partout dans le monde », analyse Ayhan Kose, directeur de la division Perspectives de la Banque mondiale.

Selon les prévisions de la Banque mondiale, les cours du blé devraient augmenter de plus de 40 % et atteindre un niveau record en valeur nominale cette année, ce qui pénalisera les économies en développement qui dépendent des importations de blé, notamment en provenance de Russie et d’Ukraine. Les prix des métaux devraient pour leur part progresser de 16 % en 2022 avant de s’atténuer en 2023, mais en se maintenant à des niveaux élevés.

Pêche industrielle: le Sénégal invité à suivre l’exemple mauritanien

La Mauritanie a récemment procédé au lancement de son 2e Rapport de l’initiative pour la transparence des pêches (FiTI, sigle anglais) qui couvre les années civiles 2019 et 2020.Le document rendu public vendredi 22 avril 2022 et traitant des informations relatives aux douze exigences de transparence du Standard de la FITI (Ref) « démontre les efforts mis en œuvre par la Mauritanie pour améliorer la transparence dans la gestion des pêcheries », se félicite l’ONG Greenpeace Afrique.

Ce rapport, informe le communiqué parvenu à APA, met à la disposition du public des informations inédites sur les accords et conventions de pêche entre les pays et groupes privés étrangers, l’état des stocks, la liste des navires de pêche à grande échelle, les paiements et les captures etc. Ces données, poursuit la note, sont indispensables et cruciales pour informer les citoyens sur le secteur de la pêche dans leur pays.

« Contrairement à la Mauritanie, le Sénégal tarde, depuis 2016, à compléter les étapes d’adhésion à cette importante initiative qu’est la FiTI. Pourtant, les professionnels du secteur de la pêche artisanale du Sénégal ont manifesté à maintes reprises, leur souhait de voir se concrétiser l’engagement public de son excellence, le président Macky Sall à faire adhérer le Sénégal à l’initiative FiTI », déplore Abdoulaye Ndiaye, Chargé de Campagne Océans pour Greenpeace Afrique.

En outre, fustige l’ONG britannique, les professionnels de la pêche et la société civile n’ont cessé de demander la publication de la liste des navires de pêche industrielle autorisés à pêcher dans la Zone économique exclusive (ZEE) du Sénégal par l’autorité compétente. Ces requêtes seraient naturellement satisfaites si le Sénégal avait respecté son engagement d’adhérer à la FiTI, soutient-elle.

« Greenpeace Afrique rappelle au gouvernement du Sénégal que la bonne gouvernance prônée par les autorités débute par une transparence dans la gestion des ressources halieutiques du pays et l’accès aux informations fiables et à jour sur la gestion de ces ressources pour les professionnels du secteur de la pêche », conclut le communiqué.

Sénégal: des chercheurs pour une politique alimentaire holistique

Des mécanismes et institutions de gouvernance efficaces et inclusifs sont essentiels pour accélérer la transformation des systèmes alimentaires, estiment les scientifiques.Face à la récurrence des crises exogènes qui menacent l’approvisionnement en denrées de première nécessité, le recours à la production locale est inéluctable. Le Sénégal, fortement dépendant des importations, dispose des potentialités pour produire ce dont il a besoin. Toutefois, pour y arriver, Dakar doit se doter d’une « politique alimentaire holistique » a suggéré le chercheur émérite de l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), Ibrahima Hathie.

Cette politique, a fait savoir Dr Hathie, devrait permettre aux décideurs de définir les régimes alimentaires à promouvoir, comment assurer un approvisionnement suffisant et stable en aliments sûrs et nutritifs, comment améliorer le pouvoir d’achat de la population pour accroître l’accessibilité des aliments et comment garantir une nutrition adéquate pour tous.

Dr Ibrahima Hathie s’exprimait à l’occasion du « Webinaire : Post covid-19 et guerre en Ukraine : quelles conditions à la souveraineté alimentaire ? » organisé ce mardi par l’Ipar.

Le manque de coordination a souvent été à l’origine des échecs des programmes de développement. Dans sa formulation et sa mise en œuvre, a expliqué l’économiste agricole, la politique alimentaire devra être en cohérence avec les politiques agricole, d’élevage, de pêche, commerciale, industrielle, sanitaire, environnementale et de protection sociale pour tirer parti des synergies et gérer les compromis.

Par ailleurs, a-t-il ajouté, des mécanismes et des institutions de gouvernance efficaces et inclusifs sont essentiels pour mettre en œuvre une politique alimentaire holistique et accélérer la transformation des systèmes alimentaires.

Ces instruments devront notamment intervenir le long des chaînes d’approvisionnement alimentaire pour réduire le coût des aliments nutritifs et renforcer la résilience climatique dans les systèmes alimentaires. De même, ils devront s’attaquer à la pauvreté et aux inégalités structurelles, en veillant à ce que les interventions soient inclusives et favorables aux pauvres.

En outre, ils œuvreront à renforcer les environnements alimentaires et modifier le comportement des consommateurs pour promouvoir des modèles alimentaires ayant des effets positifs sur la santé humaine et l’environnement.

Mis à l’échelle, les marchés publics alimentaires serviront de fer de lance d’une telle politique. Ceux-là sont en effet susceptibles d’apporter de multiples avantages à une multitude de bénéficiaires et d’influencer les modes de consommation et de production alimentaires, a poursuivi Dr Ibrahima Hathie.

« Les marchés institutionnels, c’est aussi une volonté politique. Cela veut dire que nous devons augmenter les infrastructures pour connecter les zones de production et les zones de consommation. Il faut également continuer à investir dans la formation et dans le conseil des producteurs, mais aussi dans l’accompagnement des jeunes agriculteurs », a indiqué le Directeur exécutif de l’Ipar, Dr Cheikh Oumar Ba.

Selon lui, la question des marchés publics alimentaires renvoie à la nécessité d’organiser les assises de l’agriculture non pas sous l’angle de la production uniquement, mais celui de la consommation de nos produits locaux.

« C’est une question extrêmement importante qui va justifier notre souveraineté pour arriver à sécuriser notre production dans un contexte où les problèmes de mobilité, de production et de consommation de nos denrées sont légion », a-t-il soutenu.

Tout en rappelant l’enjeu géostratégique qu’est devenue la souveraineté alimentaire, le ministre en charge du suivi du Plan Sénégal Emergent, Abdou Karim Fofana, a assuré que tout est mis en œuvre pour permettre au Sénégal de se doter des infrastructures nécessaires à sa souveraineté alimentaire et pharmaceutique.

Afrique de l’Ouest : les solutions endogènes pour contrer la faim (FAO)

Dans un entretien accordé à APA, le Coordonnateur du bureau sous-régional de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, sigle en anglais) pour l’Afrique de l’Ouest, Robert Gueï, invite les États à davantage développer leurs productions locales.1. Qu’est ce qui explique le risque de famine en Afrique de l’Ouest que votre organisation redoute ?

Plusieurs facteurs peuvent être convoqués. Nous avons l’exacerbation de la crise sécuritaire dans le bassin du lac Tchad et l’insécurité qui règne dans la partie anglophone du Cameroun. En Afrique de l’Ouest, la crise sécuritaire se dégrade également au Nord-Est du Nigeria et se propage dans d’autres zones du pays. Nous savons tous aussi ce qui se passe dans la zone des trois frontières (Burkina, Mali et Niger) où des bandes armées sévissent.

Cette situation a causé des déplacements de populations qui ont alors perdu leurs capacités de production. Ces gens sont aujourd’hui dépendants des aides humanitaires. Cela a un impact sur la sécurité alimentaire. En outre, le Sahel est confronté au changement climatique. Les phénomènes extrêmes (longues sécheresses, inondations…) affectent la production agricole. Par ailleurs, les affrontements ethniques liés souvent au pastoralisme s’accentuent. La Covid-19 est venue aggraver la situation. Les crises politiques, ayant occasionné les coups d’État, ont multiplié les tensions et moult frontières ont ainsi été fermées. Aujourd’hui, la crise ukrainienne a déjà un impact sur l’inflation. Ce sont tous ces facteurs réunis qui menacent la sécurité alimentaire de la région.

2. Qu’est-ce que la FAO préconise comme réponses ?

Notre mandat est de développer l’agriculture et l’alimentation dans le monde. Donc, en ce qui concerne la production agricole et la production animale et même dans le domaine de la gestion des ressources naturelles, nous aidons les pays à pouvoir faire face à ces crises. Mais il faut dire qu’ils ne pourront pas le faire seuls. C’est pourquoi, ils sont soutenus par des organisations sous-régionales.

La crise ukrainienne devrait ouvrir les yeux des dirigeants de la sous-région. Ils ne pourront pas toujours compter sur l’extérieur pour nourrir leurs populations. Il faut résolument croître les capacités internes de ces pays pour produire suffisamment ce dont ils ont besoin. Nous aidons les pays à se préparer contre les effets de cette guerre en Europe en augmentant la production locale et en développant les chaînes de valeurs avec nos céréales. Nous les assistons également dans la fabrication de l’engrais au niveau local.

3. Les États de la région sont-ils préparés à faire face à une éventuelle crise alimentaire ?

Il faut signaler que certains États n’ont suffisamment pas investi dans la production agricole. Ce secteur n’a malheureusement pas été considéré comme une priorité. Cette crise permet ainsi d’ouvrir les yeux de ceux-là qui ont négligé l’agriculture.

Les données de la FAO ont montré que nous sommes très dépendants de l’Ukraine et de la Russie d’où nous importons du blé devenu au fil du temps une denrée incontournable de notre alimentation. Nous avons pourtant d’autres farines issues du maïs, du mil, du sorgho… Dans certains pays, elles sont mélangées avec la farine de blé pour fabriquer du pain. C’est le moment pour nos gouvernants de promouvoir ces farines et le pain qui en provient. Cela ne veut pas dire que nous allons nous passer de la farine de blé, mais cette crise est l’occasion pour nous de développer notre agriculture locale.

Par ailleurs, il faut encourager le secteur privé pour qu’il puisse intervenir. Il faut faire en sorte que les femmes et les jeunes, qui constituent une force inestimable pour le travail agricole, puissent mener à bien leurs projets en accédant notamment à la terre, à l’eau, à la formation et aux financements. Ce n’est pas souvent le cas. Nous pensons qu’avec cette crise les choses vont commencer à se mettre en place.