« La mauvaise application de la décentralisation nous a mené où nous sommes »

Le Président de la quatrième institution de la République n’y va pas par quatre chemins. Il était ce jeudi 28 Aout l’invité de la Jeune Chambre Internationale Bamako Elite dans le cadre du lancement de son projet « Je suis Malien, je m’engage pour la paix et la réconciliation ». Face à  un public nombreux, il est revenu sur ce qui constitue, selon lui, les causes profondes de la crise que traverse le Mali, en particulier la question de la rébellion. « C’’est la mauvaise application de la décentralisation qui nous a mené o๠nous sommes » a martelé Oumarou Ag Ibrahim Haà¯dara pour qui « le Mali a des textes parfaits » mais leur application fait largement défaut. « Je suis frustré de voir que des pays voisins sont venus s’inspirer de ce que le Mali faisait. Aujourd’hui, ils sont largement en avance sur nous. Notre décentralisation n’est pas effective sur le terrain. La loi parle de « concomitance entre ressources et compétences, or l’Etat central ne veut rien lâcher et les collectivités se retrouvent à  jongler. Il n’y a pas d’harmonisation entre les actions locales et les plans de développement de l’Etat », expliquera-t-il. « Comment voulez-vous qu’une commune qui n’a pas les coudées franches pour faire des investissements pour le bien-être de sa population, sa sécurité, etc. puisse se développer alors que l’Etat de son côté se désengage de plus en plus ?», se demande-t-il. « La décentralisation est une espèce d’autonomie » Or, toujours selon le Président du HCC, « la décentralisation a été la réponse faite aux revendications indépendantistes de certaines populations des régions du Mali. l’Etat a décidé de ne pas limiter la réforme à  Tombouctou, Gao et Kidal, mais de l’étendre à  tout le pays. Sauf qu’après, rien ne s’est passé, ou presque… Depuis les années 60, pas un seul kilomètre de goudron n’a été posé dans la région de Tombouctou. Des situations qui font qu’aujourd’hui, les gens ne croient plus en la décentralisation, et prennent les armes pour obtenir un statut qui leur permet de se prendre en charge. Ce qui n’a pas été compris, C’’est que la décentralisation bien appliquée est une forme d’autonomie ». Il précisera cependant que cette décentralisation bien appliquée doit l’être partout au Mali, « autant à  Kidal qu’à  Kénieba ». La crise qui a commencé en 2012 a, selon M. Haà¯dara, montré un visage nouveau des groupes armés au nord du Mali. Auparavant, C’’était des groupes de jeunes qui avaient des velléités indépendantistes parce qu’ils voulaient accélérer les efforts de développement de leurs contrées. Mais cette nouvelle guerre a été menée par « des multimilliardaires qui ont les moyens grâce aux trafics en tous genres, à  la drogue. Face à  eux, quelques soient les efforts que nous faisons pour notre armée, ce sera très difficile ». Et le Président d’appeler les jeunes et tous les Maliens à  s’investir personnellement pour la paix. Au nord, les gens « sont fatigués de cette guerre », ils veulent rentrer chez eux et continuer leur vie. Mais il faut, pour que la stabilité revienne et dure que soient tués les maux qui servent de terreau aux extrémismes. « Ces gens cultivent des notions qui sont inconnues chez nous, haine raciale, opposition Nord-Sud, communautarisme… Nous ne devons pas les laisser nous diviser » conclura-t-il.

Niger : Duel Oumarou-Issoufi au second tour

Le second tour de l’élection présidentielle au Niger opposera le mois prochain Mahamadou Issoufou, vétéran de l’opposition, à  l’ancien Premier ministre Seini Oumarou, indiquent les résultats du premier tour diffusés jeudi par la télévision publique. Nous sommes à  98% des résultats et le premier est le candidat du PNDS, suivi de celui du MNSD, et le troisième est celui du Moden », soit le trio de tête: Mahamadou Issoufou, Seà¯ni Oumarou et Hama Amadou, a déclaré Gousmane Abdourahamane, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Intervenant sur la radio-télévision publique, il n’a pas précisé l’écart de voix séparant les deux premiers et n’a donc pas formellement indiqué si les finalistes du second tour fixé au 12 mars étaient MM. Issoufou et Oumarou. Issoufou, du mouvement d’opposition PNDS, a obtenu 43 % des suffrages suivi, avec 39 %, par Oumarou, du MNSD (Mouvement national pour la société du développement) le parti du président Mamadou Tandja, renversé l’an dernier par la junte militaire e actuellement en prison pour de présumées malversations. Oumarou est néanmoins favori car le MNSD fait partie d’une alliance d’une vingtaine de formations qui sont convenues, une semaine avant le premier tour organisé lundi, de former ensemble un gouvernement de coalition. Dans ce pays enclavé du Sahel, l’un des plus pauvres du monde et sous la menace grandissante d’Al-Qaà¯da, la présidentielle était destinée à  porter au pouvoir un civil, près d’un an après le putsch militaire de février 2010 contre Mamadou Tandja, dont M. Oumarou fut le Premier ministre.