IR GANDA, rend compte de sa rencontre à Gao

Les ressortissants de la communauté Songhay résidant à Bamako se sont rencontrés au stade du 26 mars, le samedi 30 septembre 2017.  L’objectif était de faire le point de la rencontre tenue à Gao, les 19, 20 et 21 mai 2017.

L’association IRGANDA vise le développement durable du nord selon ses responsables. Elle veut rassembler la communauté Songhay du Mali et de la diaspora. Elle souhaite contribuer à la résolution des problèmes au Nord  qui persistent malgré l’existence de différentes associations des ressortissants du nord. « Certains cadres du Nord se sont concertés pour mettre en place cette association IR GANDA, qui veut dire notre terroir », a affirmé le président d’IR GANDA, Ousmane Issoufi Maiga, ancien premier ministre du Mali.

La rencontre qui  a regroupé les représentants des différents cercles, des Amis, sympathisants de la culture Songhay  a été une occasion de retrouvaille, d’échange, de dialogue et de compréhension mutuelle.  « Faire en sorte que les armes se taisent, que la population puisse aller et venir, que les jeunes puissent se prendre en charge », a ainsi expliqué Ousmane I Maiga, avant de conseiller les jeunes à s’interroger sur ce qu’ils peuvent faire pour leur pays.  Il s’agit « d’un créneau pour rassembler les ressortissants, amis et sympathisants à participer au développement de nos régions, gage de la promotion individuelle et collective » a soutenu pour sa part, Abbas Ibrahim Diallo, président de la coordination des jeunes du mouvement IR GANDA.

L’une des actions envisagées, est que chaque cercle doit présenter deux projets ou deux activités à réaliser pour lesquels le cercle et l’IR GANDA vont mobiliser des fonds. « IR GANDA n’a pas de revendication sectorielle, c’est une association apolitique et le lancement officiel est prévu pour le 14 octobre 2017 », a conclu le président de l’association.

Songhaï et peuls enterrent la hache de guerre

À Tassiga, samedi 26 août, s’est achevé une rencontre intercommunautaire rassemblant une centaine de participants de la commune de Bourra pour mettre un terme aux conflits qui opposent la communauté Songhaï à la communauté peule de la commune. À l’issue de cette rencontre, les deux communautés ont décidé de cesser les hostilités et de travailler ensemble pour le retour de la paix.

Le climat de suspicion et de terreur qui régnait dans la commune de Bourra pourrait être en passe de n’être plus qu’un mauvais souvenir. C’est du moins ce que les populations de la commune, habituées aux attaques et braquages espèrent. Alors que s’est achevé, samedi dernier, une rencontre qui a réuni, autour de l’ancien premier ministre Ousmane Issoufi Maiga, natif de Bourra, les leaders des communautés peules et songhaï, les chefs traditionnels, marabouts, chef des mouvements armés, jeunes et femmes de la commune et des alentours.

Durant ce forum, tous ont pris l’engagement d’arrêter les affrontements pour privilégier la paix et s’en remettre aux mécanismes de résolution des conflits en cas de problèmes. « Si par hasard, il y a des dérapages par-ci par-là, ils devront s’adresser immédiatement aux leaders communautaires, aux chefs traditionnels, à la commune, pour toujours essayer de résoudre les problèmes à l’amiable et qu’il n’y ai plus jamais ça », explique Ahmadou Cissé, ancien maire d’Ansongo.

Dans le cercle d’Ansongo, affrontements et violences entre les communautés daousak, peules et songhaï, sont fréquentes. Le GATIA intervient souvent lors des événements comme les foires pour sécuriser et dissuader le banditisme. Beaucoup de jeunes de ces communautés ont rejoint les mouvements armés qui sont aussi en conflit ouvert. La signature récente d’une entente entre Imghad et Daousak semble s’inscrire aussi dans une dynamique de paix dans cette zone qui vit dans une insécurité quotidienne, même si certains préfèrent rester prudents. « Je crois que tout ira bien, mais il y aura quand même des dérapages, parce que le vol de bétails c’est devenue une sorte de coutume par ici. Avant, ça se faisait sans armes mais aujourd’hui avec les armes ça donne une autre dimension. Mais bon, en tous cas, il se sont engagés », lance cet habitant de la commune de Bourra, joint au téléphone, qui attend «quand même de voir ».

Irganda, nouveau mouvement communautaire

Un énième mouvement est né le 21 mai dernier : Irganda, signifie « notre terre » ou « terroir » en songhaï. Il entend représenter les groupes sociaux et les communautés de culture songhoy, sédentaires, majoritaires dans le septentrion malien (environ 80%), contre la domination des mouvements arabo-touaregs, et œuvrer pour le développement du nord du Mali. Si les motivations générales du mouvement fédèrent, certains redoutent que s’y dissimulent des objectifs plus politiques.

Créé à Gao sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, Irganda a suscité une forte adhésion des communautés songhoy et a réussi a fédéré, rien que pour la cité des Askia, plus de 7 000 membres. « Le mouvement Irganda est composé par les sédentaires. Nous voulons montrer à l’opinion internationale que nous sommes majoritaires au nord et qu’une minorité tente de devenir majoritaire grâce à sa communication et surtout parce qu’ils ont pris les armes », explique Aboubacrine Abdoulaye Maïga, chargé des relations extérieures du mouvement. Visée, sans la mentionner, la main-mise des mouvements arabo-touaregs comme la CMA, qui cherche toujours, depuis la signature de l’accord de paix, à faire reconnaître l’Azawad comme une entité administrative et politique.

Le mouvement peut compter sur le soutien de la communauté songhoy, influente au sein de l’appareil d’État, de cadres et de chefs d’entreprises. Mais même si pour la plupart, les motivations générales du mouvement séduisent, certains s’interrogent sur la création de ce mouvement aujourd’hui et pas avant la signature de l’accord. « On avait compris que l’accord c’était pour nous tous, mais on a vu que dans son application, ce n’est pas le cas. Une communauté est favorisée par rapport à une autre, alors que nous vivons dans le même terroir », justifie Aboubacrine Maïga, qui souhaite que le mouvement soit pris en compte dans l’accord de paix.

Des motivations politiques ? Néanmoins, certains hésitent encore à intégrer Irganda, « ce mouvement parle aussi du développement et de la sécurité dans le Nord, mais ils n’ont rien fait en 2012-2013 pour les réfugiés, alors qu’ils ont des millions en banque. Ces gens-là se cachaient à l’époque. À quelle fin veulent-ils créer le mouvement Irganda ? s’exclame ce commerçant de Gao. D’autres redoutent une récupération à des fins politiques du mouvement en vue des élections. « On se pose la question, parce qu’Ousmane Issoufi Maïga est en train de faire campagne pour Soumaïla Cissé. Il pourrait profiter de ce nouveau mouvement pour avoir un poids considérable lors des élections de 2018. C’est arrivé dans le passé avec Malick Alhousseini Maïga, qui nous avait rassemblé en 2012 pour créer la Coordination des Ressortissants du Nord (COREN), mais à la fin il cherchait tout simplement un poste politique et quand il l’a obtenu, tout le monde a été écarté. Nous connaissions trop nos politiciens et on se méfie. », objecte Oumar Alassane Touré, du réseau des patriotes du Nord.

Une collusion avec le politique fermement battue en brèche par Aboubacrine Maïga. « Irganda est apolitique. Nous ne sommes pas en train de faire campagne pour Soumaïla Cissé, ni pour IBK. Pour créer Irganda, nous avons mis la main à la poche. On n’a rien demandé au gouvernement, ni à un parti politique. On est toujours resté derrière l’État qui n’a jamais joué son rôle. Nous, nous défendons le territoire d’abord », soutient-il. Une affirmation qui ne manquera pas d’être vérifiée par les sceptiques et les détracteurs de ce nouveau mouvement, dans le futur. « Si le mouvement Irganda, fort de son chef et de ses soutiens, veut faire bouger les choses, ils pourra y parvenir s’il n’a pas d’autre agenda », conclut Oumar Alassane Touré.