Kidal : des classes ouvertes mais sans professeurs

Lundi 17 octobre, la cérémonie d’ouverture des écoles à eu lieu à Kidal, dernier bastion de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), en présence du gouverneur de Kidal. Fait notable, lors de cette cérémonie, le drapeau national à orné les murs des classes. Si cette rentrée est à saluer, sur le terrain, la situation sécuritaire dans la zone ne favorise pas l’envoi d’enseignants.

C’est ce lundi 17 octobre que le gouverneur de Kidal, Koïna Ag Ahmadou, a présidé la cérémonie d’ouverture de la rentrée scolaire 2016-2017 à Kidal dans une classe dont les murs étaient ornés du drapeau national. « je suis actuellement à Kidal, ce qui est également un symbole assez fort […] C’est un bon signe pour tout le Mali », a déclaré Mr Ag Amadou, qui réside, pour sa propre sécurité, à Gao depuis sa nomination en mars dernier.

L’ouverture des classes à Kidal est le premier pas vers un retour de l’État malien qui n’était plus dans la ville depuis mai 2014, quand la visite du Premier ministre de l’époque Moussa Mara, avait basculé en affrontement entre l’armée malienne et les rebelles.

Aujourd’hui, si les classes rouvrent à Kidal, la donne sécuritaire dans la zone démotive les enseignants à venir travailler dans ce fief de la CMA. Le ministère de l’Éducation à d’ailleurs précisé n’envoyer personne de Bamako, pour cette cérémonie d’ouverture, car « le contexte ne s’y prête pas ». « Il ne sert à rien de rouvrir des écoles sans enseignants ! Ils n’iront de toute façon pas à Kidal tant que la sécurité n’y sera pas garantie, donc un quart du travail a été fait. On ouvre les écoles sans enseignants et sans les collectivités territoriales, celles qui sont chargées de la gestion des écoles », résume un élu local.

Le conflit entre le Groupe d’autodéfense Imghad et alliés (GATIA) et la CMA, qui a éclaté au cours de l’été et l’hostilité de certains mouvements de la coordination vis à vis des forces étrangères et de L’État malien, n’arrange pas la situation. Dimanche dernier, à la veille de la cérémonie d’ouverture des classes, des femmes et des enfants ont manifesté contre le Mali et les ‘‘les mécréants’’ que sont Barkhane et la Minusma, beaucoup brandissaient le portrait de leur défunt leader, Cheikh Ag Aoussa, mort le 8 octobre dernier dans l’explosion de son véhicule. « On demande au gouverneur du Mali de venir ouvrir les écoles, mais la veille on manifeste contre le Mali, on veut une chose et son contraire, c’est impossible! », ajoute ce même élu.

Selon lui, ces changements intempestifs de position s’expliqueraient par le fait que la CMA est acculée, « elle est dans ses derniers retranchements, donc elle joue la carte de l’apaisement pour tenter de conserver les privilèges qu’elle a acquis en conservant la gestion de la ville de Kidal », affirme-t-il. En tout cas, ces avancées et ces reculades, sur le chemin sinueux du processus de paix, et malgré la volonté des responsables scolaires de rouvrir progressivement les établissements scolaires à Kidal, rendent pour le moment cette entreprise, bien qu’effective, quelque peu incertaine.

Kidal : 19 écoles devraient rouvrir à partir du 15 octobre

Un communiqué diffusé par la CMA, le 12 octobre dernier, informe l’opinion nationale et internationale de la réouverture des écoles à Kidal, fermées depuis la crise de 2012. Cette décision de la CMA, qui se veut une preuve de la volonté des mouvements à faciliter le retour de l’administration malienne à Kidal, conformément à l’Accord de paix issu du processus d’Alger, a été le fruit de longues négociations et le résultat des pressions que subit actuellement la coordination.

C’est dans un communiqué en date du 12 octobre que la CMA a annoncé le lancement officiel de la cérémonie d’ouverture des classes à Kidal, ce samedi 15 octobre. Cette réouverture concernerait 19 écoles de la primaire au collège. Pour le lycée de la ville, qui doit-être réhabilité, car il avait été occupé successivement depuis 2012 par les djihadistes et le MNLA, une réouverture n’est pour le moment pas prévue, l’établissement endommagé ayant besoin de tableaux, fenêtres, tables, bancs pour constituer des classes.

Actuellement au Gouvernorat de Gao, le Gouverneur de Kidal et le directeur de l’académie de l’enseignement de Gao, planchent sur cette rentrée ainsi que sur le moyen d’acheminer des fournitures à destinations des élèves.

Cette rentrée des classes à Kidal, dont la plupart des établissements scolaires sont restés fermés depuis la crise de 2012, est le fait de longues négociations entre l’État malien, les partenaires internationaux et les ONG. Ces dernières avaient aidé à ouvrir l’année dernière, les écoles à Aghel’hok et Tessalit. La pression exercée actuellement par le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) dans la région de Kidal et sur sa ville emblématique, où la CMA est confinée, ne serait aussi pas étrangère à ce revirement de situation. « La CMA essaie de montrer qu’elle est disposée à mettre en œuvre l’Accord, ça va passer par l’ouverture des classes et ensuite l’installation des autorités intérimaires, entres autres, c’est la conséquence de cette pression », explique cette source proche du GATIA.

En effet, l’année dernière à la même époque, la situation de la CMA était tout autre car les mouvements de la coordination pouvaient aller et venir sans contrainte. « Ils étaient à Anéfis, ils étaient à Aghel’hok, Tessalit, même à Ménaka. Maintenant ils sont cantonnés à Kidal et Tessalit, sans pouvoir sortir, ils veulent montrer leur bonne foi à la communauté internationale. Ces derniers jours les choses avancent, mais je ne sais pas si ce rythme va se maintenir », explique cet habitant joint au téléphone.

Après la mort d’un des chefs emblématique de l’ex-rébellion, Cheikh Ag Aoussa, un changement est perceptible et les choses semblent progresser. Pour preuve, la manifestation anti-Minusma et anti-Barkhane prévue, mercredi dernier, a été annulée, pour des raisons de sécurité mais aussi pour ne pas ajouter de fausses notes dans cette nouvelle volonté affichée, avec cette cérémonie d’ouverture des classes, de participer pleinement à la mise en œuvre du processus de paix.