Gestion des déchets : Le dépôt de Lafiabougou refait surface

Le dépôt d’ordures de Lafiabougou, surnommé le « Kilimanjaro » continue d’être le cauchemar des riverains et un véritable goulot d’étranglement pour les autorités chargées de sa gestion.  Evacué plusieurs fois cette année, le dépôt a rapidement refait surface en raison de la rupture observée dans ce processus.  Alors que le dépôt final de Noumoubougou qui doit accueillir ces déchets n’est toujours pas prêt, l’hivernage qui bat son plein exacerbe la situation.

Une route à moitié coupée par l’eau stagnante et les déchets ainsi qu’une odeur pestilentielle, c’est à cela qu’ont assisté les riverains et les usagers de la route qui passe devant le dépôt de transit de Lafiabougou en commune IV du District de Bamako, après la grande pluie qui s’est abattue sur la capitale malienne le 15 août 2018. Une situation « déplorable » pour cette grand-mère qui habite à quelques mètres du dépôt, depuis environ 6 ans. « J’habite ici avec ma fille. Avec la pluie, l’eau rentre jusque dans nos concessions. A chaque hivernage l’eau stagne devant chez nous avec les ordures. Nous sommes vraiment embêtés », confie la vieille dame avec résignation.

Pourtant tout près du dépôt se trouve un caniveau pour l’évacuation  de l’eau de pluie. « Aujourd’hui les charretiers amènent et déversent n’importe comment. Il y a un mauvais comportement, voire une action de sabotage », déplore Oumar Konaté le Directeur des Services Urbains de Voirie et d’Assainissement du District de Bamako (DESUVA).

Ce  dépôt dont la gestion relève de la Mairie du District a « été totalement évacué 3 fois cette année », selon M. Konaté. Le problème de ce dépôt c’est celui que connaît la gestion des ordures de façon générale dans la capitale. Il s’agit de l’absence de décharge finale, selon les responsables. Ces ordures devraient être acheminées vers la décharge de Noumoubougou, non encore prête, dans la deuxième région du Mali.   Actuellement c’est la commune de Safo dans la périphérie de la capitale qui accueille provisoirement ces ordures. En principe c’est la société Ozone qui est chargée de cette évacuation mais environ 80% de son parc est actuellement en panne, selon un acteur.

Pendant ce temps, les riverains de ce dépôt désespèrent de voir un jour le problème se résoudre. « Ils enlèvent chaque jour mais c’est pareil, cela ne sert à rien », relève ce commerçant dont la boutique est située juste à quelques mètres du tas d’ordures. Il faut attaquer le problème à la source, suggère t-il. Mais pour traiter le problème de fonds, il faut des moyens importants dont ne dispose pas pour le moment la Mairie.

Face à des « charretiers violents », les gardiens chargés de surveiller le dépôt, sont pour le moment impuissants et ne peuvent empêcher les déversements anarchiques.

En attendant de disposer de moyens suffisants pour « réaliser les infrastructures d’assainissement appropriés au site », la Mairie se contente d’évacuer au fur et à mesures, avec pour objectif une évacuation totale. La Mairie envisage à long terme, la mise en place de caissons pour éviter de déverser les ordures à même le sol, un parking pour le cimetière situé à proximité et même un espace de promenade.

Ramassage des ordures : La Mairie veut faire le ménage

Rien ne va plus entre la mairie du District de Bamako et les Groupements d’Intérêt Économique (GIE) chargés de la collecte des ordures ménagères dans la capitale. Les GIE, regroupés au sein du Collectif des Groupements Intervenant dans l’Assainissement au Mali (COGIAM), refusent de signer le protocole de partenariat avec la mairie.

Après plusieurs mois de négociation, les deux parties ne sont pas parvenues à un accord. En cause, deux points de divergence majeure : le recouvrement des redevances de ramassage payées par les ménages et la clé de répartition de cet argent. Suite à la signature de la convention entre l’Etat du Mali à travers la mairie du District, et la société Ozone en février 2015, la gestion des ordures a été entièrement confiée à cette dernière. Mais très vite, face aux défaillances constatées, les mairies des communes du District ont donné « aux GIE des mandats pour assurer la collecte au niveau des ménages vers les dépôts de transit », explique Oumar Konaté Directeur des services urbains de voirie et d’assainissement de Bamako. Et d’autres acteurs ont été chargés d’amener ces ordures vers les décharges ajoute-t-il.
À partir de cet instant des réunions ont donc été organisées pour convenir d’un partenariat avec Ozone. Au dire du Directeur, il y a eu accord sauf sur 2 points : les GIE veulent continuer à percevoir la redevance de 3 000 francs CFA mensuels payés par les ménages pour évacuer leurs ordures, ensuite pour leur contribution à l’évacuation des ordures à partir des dépôts de transit, les GIE veulent payer 50 000 francs CFA par trimestre et par GIE. Ce qui est tout simplement inacceptable, selon les autorités du District.


La redevance, pomme de discorde
Parce que « cette redevance doit être payée aux collectivités et non aux prestataires » que sont les GIE, déclare Konaté. Compte tenu des difficultés de la société Ozone à trouver une solution à la gestion des ordures dans la capitale, la mairie souhaite mettre de l’ordre dans le domaine. Depuis le 12 mars 2018, les agents de la société Ozone observent un nouveau mouvement de grève ; ce qui fait que plusieurs dépôts de transit de la capitale n’ont pu être évacués depuis quelques jours. Cette grève fait suite à une autre de 3 jours, entamée le 5 mars 2018, pour réclamer le paiement des salaires de février. Une grève suspendue le 8 mars, mais reconduite le 12 mars parce que tous les salaires n’avaient pas été payés. La mairie qui assure prendre les mesures pour faire face à cette situation, veut désormais prendre les choses en main.
En effet, la collectivité souhaite « organiser la filière pour savoir combien les ménages payent pour la gestion des ordures », ajoute notre interlocuteur. Pour ce faire elle veut évaluer la prestation des GIE et les payer en fonction de cela. En effet, lorsqu’un GIE « déclare gérer 800 concessions, il faut que cela soit vérifié sur le terrain » et leurs prestations seront payées par mois, selon la mairie. Selon les autorités du District, cette évaluation permettra aussi à la mairie de présenter des données exactes à ses partenaires qui veulent les appuyer dans ce domaine.

Décharge du Quartier Mali : la face cachée de l’assainissement de Bamako?

« On s’enferme pour manger. Entre la fumée et les mouches, ce n’est pas possible de rester dehors ». Ramata Diarra vit dans la concession d’El Hadj Youssouf Yanoga, au pied de la « décharge du Lycée Badala ». Le site est situé au bord de la route qui mène de l’hôtel Olympe à  l’Université de Bamako. Il jouxte une école maternelle privée et les facultés d’économie et de droit privé qui hument depuis des mois des veloutes de fumée grise épaisse et nauséabonde. l’Hotel Olympe, le plus grand établissement hôtelier de la rive droite se retrouve également en prise à  divers nuisances qui ne sont pas sans répercussion sur son fonctionnement. l’Université, plein pied dans les ordures Aucune disposition particulière n’est prise, explique Sacko, le gardien du site. « Moi, je suis là  pour empêcher les GIE et les particuliers de déverser leurs ordures du côté du goudron. En ce qui concerne la fumée, je ne peux rien y faire, même les sapeurs pompiers qui sont venus ici n’ont pas pu éteindre le feu », assure-t-il. Il reconnait que cette fumée qui s’élève dans le ciel est un véritable problème, surtout pour les gens qui vivent en contrebas de la décharge. « En fait, précise encore M. Sacko, le tas d’ordure en contrebas est récent ». Il provient des décharges de Ngolonina, Lafiabougou, Djicoroni Para, etc. qui avaient été évacuées pendant le dernier trimestre de 2014. l’opération d’assainissement de Bamako, financée à  quelques 900 millions de FCFa, avait permis d’enlever des dizaines de milliers mètres cubes de déchets qui ont migré vers le ravin situé en contrebas de l’Université. La fumée et les mouches font maintenant partie du quotidien des étudiants qui se sentent « abandonnés à  leur sort », « même les ordures ont raison sur nous », se lamente Aminata, étudiante en droit privé. l’idée, avait expliqué le Directeur National de l’Assainissement de l’époque, Modibo Diallo, était pourtant de combler ce ravin, d’en recouvrir la surface de terre et de l’aménager en terrain de jeu ou autre superficie exploitable à  un usage social. Mais il semblerait qu’entre temps, les objectifs aient changé. Aujourd’hui, le site sert de décharge finale principalement à  la société Ozone qui y déverse les ordures qu’elle collecte dans les rues de Bamako. Et C’’est à  ladite société que revient la charge de l’entretien du site. «Jusqu’en septembre, C’’était la mairie de la commune 5 qui exploitait cette décharge. La décharge brûle en fait tout le temps mais il y avait des actions ponctuelles pour l’éteindre. Mais depuis qu’Ozone l’utilise, toutes les ordures de Bamako y convergent et il est difficile de vaincre le feu qui y couve, à  moins d’une grande pluie », explique le responsable assainissement de la commune, Oualamako Traoré. « C’’est un problème sérieux, qui doit être pris à  bras le corps, une question de santé publique », conclut-il. D’autant plus que dans l’emprise de la fumée, les soirs de grand vent, se trouve le centre de santé de référence de la Commune 5, communément appelé « Hôpital du Quartier Mali ». Chez les Yanoga, C’’est le ras-le-bol. « Les enfants et les vielles personnes sont tout le temps malades, toux, diarrhée, problèmes respiratoires». « Ils sont venus ici nous dire qu’ils vont tracer une voie à  coté de notre cour, pour que les camions puissent venir chercher les ordures et les dégager. Or, C’’est le contraire qui est arrivé. l’espace o๠vous voyez la décharge là , C’’était des champs de maà¯s, du maraichage, aujourd’hui, voilà  le spectacle. Il y a juste une semaine, on a barré la route avec des cailloux. Ils sont venus ici (la mairie et les représentants des sociétés d’assainissement, ndlr) et ont renouvelé leur promesse de tout faire pour diminuer les nuisances, mais nous on a maintenant du mal à  les croire »assure le vieux Yanoga, tandis que d’autres membres de sa famille approuvent bruyamment. « Ils sont venus cacher leurs ordures ici, l’essentiel C’’est qu’on ne les voit pas de la route. Le reste ce n’est pas leur problème », murmure une femme de la concession avant de se retirer à  l’intérieur de sa maisonnette. l’eau de l’unique puits de la concession est aujourd’hui impropre à  la consommation. Les femmes se livrent désormais à  la corvée d’eau pour les besoins de la famille. « Le problème, C’’est l’entretien de la décharge. Il faut qu’Ozone fasse un effort, elle doit veiller à  minimiser au maximum les nuisances » explique M. Traoré. La société marocaine est en charge de l’assainissement de la vile de Bamako. Des dizaines de camions alimentent le tas, sans compter les charrettes qui déversent les ordures des environs. Ces nouveaux arrivages alimentent le feu qui couve en permanence. Il était prévu que les déchets soient acheminés vers la décharge finale de Noumoubougou (30km de Bamako). l’aménagement de celle-ci n’étant pas terminé, tout ce qui est collecté finit dans la décharge du Quartier Mali. Ce quartier, qui abrite le centre de santé de référence de la commune 5 et ceux de Badalabougou, 300 logements et Sabalibougou sont touchés par cette pollution. « La nuit, la fumée est si épaisse qu’on ne distingue même plus les gens sur la route de l’Aéroport au niveau de la colline. Il faut que ça cesse », implore un riverain.

La gestion des déchets de Bamako confiée à une société marocaine

En effet, le groupe a conclu un accord avec la ville malienne pour la transformation des déchets en ressources énergétiques, indique l’agence Panapress. Le montant de la convention s’élève à  9 milliards de FCFA (plus de 150 millions de dirhams) pour une durée de 8 ans. Ozone va assurer le balayage des rues, le transport des déchets de ménages et des déchets biomédicaux des hôpitaux pour les acheminer vers un dépôt final. En plus du transport des déchets, l’entreprise marocaine envisage de réaliser des centres pour la transformation des déchets solides en ressources énergétiques pour le Mali. Des ingénieurs marocains avaient auparavant séjourné au Mali pour étudier la faisabilité du projet. Ce partenariat est le résultat de plusieurs mois de concertation entre Ozone et les autorités maliennes. La gestion des déchets : une épine dans le pied des autorités L’assainissement et la gestion des déchets dans la capitale malienne ont toujours été un problème pour les autorités maliennes; manque de financement ou manque de volonté politique des maires et autres responsables locaux, la question a souvent divisé les habitants et leurs élus. Au point que dernièrement, des citoyens en colère d’un quartier de Bamako ont décidé de déverser des ordures en pleine rue. C’est dire l’exaspération des populations face à  tant d’insalubrité et de négligence. Celle-ci est encore plus lancinante en période d’hivernage, lorsque les caniveaux sont bouchés, saturés d’ordures ou lorsque l’eau charrie les monceaux de déchets à  travers les artères de la capitale. Un spectacle désolant qui se répète chaque année et finit en fin de compte par devenir banal en provoquant l’indifférence de tous. Il ne faut pas non plus oublier les immenses montagnes de déchets solides à  Hamdallaye ACI et au quartier Ngolonina, o๠femmes et enfants ont trouvé un fond de commerce. Ramasser et extraire tout ce qui peut être récupéré, bouteilles de plastiques ou boà®tes de conserve, ceux qui cherchent leur pitance du jour, y ont trouvé de quoi vivre. Si le contrat passé avec la société marocaine Ozone qui prendra bientôt en charge la gestion des déchets de Bamako, est un petit signe d’espoir, l’entreprise a t’elle prévu de s’attaquer à  ces montagnes d’ordures, qui il faut bien l’avouer dire, ont quelque peu modifié le paysage de Bamako…

Protection de l’ozone: vers l’élimination totale des substances dangereuses

Journaldumali.com : Qu’est-ce que le Protocole de Montréal ? Dr Sacko : Le Protocole de Montréal est un instrument international qui vise l’élimination des substances qui appauvrissent la couche d’ozone. On s’est aperçu à  un moment que la couche d’Ozone était en train de s’appauvrir et les scientifiques ont montré que cela était dû à  l’émission de certaines substances qu’on retrouve dans des applications tels que la climatisation, la réfrigération, les extincteurs d’incendie ,les voitures etC’…Le Protocole a été mis en œuvre et les pays ont adhéré à  la convention et ont accepté un calendrier d’élimination progressif de ces substances. Journaldumali.com:Parlez-nous de la rencontre de Bamako Dr Sacko : Le protocole avait pour premier défi d’éliminer les CFC. Pendant dix ans, il y a eu un moratoire pour les pays africains qui devaient préparer et réussir leur élimination. Ce moratoire a pris fin le 31 décembre 2009. Après cela, le protocole s’est lancé dans l’élimination des HCFC. Ces substances avaient été utilisées comme alternatives aux CFC. l’élimination de ces HCFC est une action à  double avantage. Premièrement, il s’agit de lutter contre l’appauvrissement de la couche d’ozone ; deuxièmement, réduire énormément les émissions de gaz à  effet de serre et donc protéger aussi le climat. La rencontre de Bamako permet aux coordinateurs de mise en œuvre du protocole de l’Afrique francophone et dans les pays du Nord d’élaborer leurs programmes-pays. D’autre part, il y sera créée une synergie d’action entre les différents pays pour qu’à  l’horizon 2020, tous les pays soient au même niveau d’élimination. Journaldumali.com: Quelle est la situation en ce qui concerne ces substances au Mali ? Dr Sacko : Au moment adhérait à  la convention, l’inventaire réalisé montrait une consommation de 108 tonnes/an. Avec le calendrier d’élimination que le Mali avait soumis et qui avait été mis en œuvre, et surtout avec la reconversion d’une de nos unités industrielles, Fofy Industries pour ne pas la nommer, on a vu une réduction automatique de 20 tonnes. Puis avec la poursuite des efforts, le Mali a procédé à  l’élimination progressive, et en 2009, le Mali était à  0% de consommation des CFC. Ce qui veut dire que nous avons respecté nos engagements vis-à -vis du Protocole de Montréal. En ce qui concerne les HCFC, nous avons inventorié les besoins qui s’élèvent à  256 tonnes de consommation. A présent, nous allons enclencher le calendrier de réduction. Pour le moment, nous avons un gel. C’’est-à -dire que nous allons déterminer d’ici 2013 la consommation exacte du Mali. Ce chiffre sera la base de référence et nous irons vers une réduction de 10% en 2015, puis 65% en 2030 et aller à  une élimination totale de ces substances. Ce qui sera très bénéfique pour la couche d’ozone et même le climat. Nous prendrons ainsi de l’avance sur le calendrier d’élimination qui était prévue dans le protocole à  partir de 2025. En fait, nous anticipons parce que nous avons tiré des leçons des péripéties du Protocole de Kyoto qui lui prévoyait une réduction de 2,5% d’émission des pays développés de 2008 à  2012. Le fait d’anticiper de 10 ans sur le calendrier de l’élimination entraà®ne une réduction de 3,5 millions de tonnes équivalent CO2, ce qui est énorme ! Journaldumali.com : Quelle alternative offre-t-on à  ceux qui ont besoin de ces substances pour leur activité ? Y a-t-il des produits de substitution ? Dr Sacko : Aujourd’hui, il y a une nouvelle technologie, l’hydrocarbure. C’’est une substance qui n’a pas d’effet sur la couche d’ozone et encore mois sur le climat. Non seulement, C’’est bénéfique pour l’environnement mais aussi économiquement. Nous avons réalisé une étude de coût-efficacité et nous avons vu qu’en utilisant cette nouvelle substance, on réalise une économie d’énergie de 40%. Par exemple, si avec un HCFC votre congélateur produit de la glace deux fois en 24h, avec l’hydrocarbure, ce sera trois voire 4 fois. En plus de la réduction de la facture, le refroidissement est donc plus rapide. C’’est là  une solution en laquelle nous fondons beaucoup d’espoir car elle est vraiment bénéfique, et pour le consommateur, et pour l’environnement.