L’orgueil de Kati et la revanche du camp Para…

Kati pâtit. Kati la ville militaire ne brille plus de mille feux. Elle pâlit. Elle ne s’attendait pas à  cette tournure grotesque des événements. l’exil forcé du tout puissant capitaine SANOGO naguère craint et adulé surprend le katois. Votre serviteur, ancien prytanée, est arrivé dans cette cité avec la volonté de rencontrer des personnes ayant fait les quatre cents coups avec le capitaine écroué. Les meilleurs guides ne pouvaient alors venir que de l’école militaire de la garnison Soundiata KEITA. Les salamalecs d’usage terminés, notre guide – un officier subalterne- nous conduit auprès de son commandant d’unité, un proche du capitaine déchu. Pendant que nous nous apprêtons à  user d’arguments de taille pour lui tirer les vers du nez, l’officier enlève son béret, le plie en deux sur la diagonale et l’insère sous son épaulette. C’’est un bon signe. Il prend ensuite son téléphone pour lancer un message codé (jumbo-papa-kaolin-ulysse) comprenez « journaliste présent à  Kati, urgence ! ». Le temps de définir les sujets, deux caporaux-chefs et un PF «personnel féminin » des armées nous rejoignent. « Fini l’ère de la grande muette… » Tout ce beau monde manifeste sa soif de s’étendre sur le cas du capitaine. l’ère de la grande muette semble révolue. Le commandant d’unité ouvre le bal pour une intervention ponctuée de hochements de tête et parfois d’applaudissements. « Nous tenons à  savoir si le capitaine se porte bien, o๠est-il détenu, et jusqu’à  quand ? Abba (C’’est ainsi qu’ils l’appellent affectueusement) n’a rien fait si ce n’est d’avoir sauvé le Mali. Il a sa place ici parmi nous, C’’est un homme yéré-yéré (un vrai homme). Les hommes politiques sont faux, ils ont trahi le capitaine, or ils venaient tous le supplier ici mais nous n’avons pas dit notre dernier mot », une salve d’applaudissement suit cette belle entrée en matière. Un des caporaux –chefs embraye avec la manière forte « nous avons arraché le Mali des mains de fils indignes pour ensuite rendre le pouvoir, rien n’empêchait au capitaine de faire comme les SORO Guillaume et autres. Tous ces crimes qu’on lui reproche ne sont que des vues de l’esprit et si jamais Bamako organise son procès, le monde entier découvrira des vérités insoupçonnées ». « Rendez-nous notre capitaine ! » La dame en tenue d’apparat avec des souliers bien cirés se propose de nous conduire en moto quelque part. C’’est une quinquagénaire qui nous reçoit dans sa hutte avec quelques piques « C’’est vous qui retenez derrière les barreaux notre fils, Dieu vous voit, Dieu vous châtiera mais avant la punition divine, vous aurez affaire à  nous ». Il faut expliquer notre mission pour apaiser la bonne dame. Elle fait partie des initiatrices de la fameuse marche de Kati à  la veille du coup d’Etat de 2012. Interpellée sur les crimes et disparitions imputés au capitaine, elle se rebiffe et implore le ciel avant d’affirmer que « tous ceux qui cherchaient le pouvoir rendront compte ici ou dans l’au-delà  d’autant que le pouvoir de Koulouba n’a aucune preuve ; il s’est basé sur les dénonciations de certains poltrons ayant trahi le capitaine pour l’arrêter » mais conclut – elle « les traà®tres s’organisent pour se partager le gâteau Mali et bientôt vous vous en rendrez compte avec leur volonté de réhabiliter et de faire revenir au bercail ATT » (sic). « Djicoroni Para, l’autre camp attend l’heure de la vérité… La nuit tombe sur Kati et nous prenons congés de nos guides de l’école militaire pour un autre cantonnement, celui des commandos parachutistes à  Djicoroni para à  une vingtaine de kilomètres de Kati. Ici, la sentinelle armée d’un fusil fabriqué à  Saint –Etienne en 1936 nous accueille avec une mine de patibulaire. Il nous indique le poste de police o๠nous nous faisons identifier avant d’accéder au bloc administratif. A l’opposé des hommes du capitaine déchu, les officiers rencontrés ici refusent de se prononcer. Un adjudant chef l’explique par « le souci de ne pas gêner l’enquête mais toujours est-il que ce biffin de professeur d’anglais habitué à  la climatisation mérite tout ce qui lui arrive. Nous ne pouvons rien dire car l’heure du grand déballage n’est pas encore arrivée ». Un soldat de première classe qui suivait la discussion en jouant au damier se propose alors de nous conduire dans une partie retranchée du camp pour y rencontrer des familles. Notre première interlocutrice porte encore le deuil de son mari tué lors des échauffourées du 30 avril 2012. « Mon mari est parti très jeune, il était plein d’ambitions et venait à  peine de décrocher son DAGOS qui lui ouvrait les portes des officiers supérieurs. J’ai beau tenter de comprendre pourquoi les bérets verts s’en sont pris à  leurs frères d’armes bérets rouges , je ne comprends toujours pas, je n’arrive pas à  comprendre. Je peux pardonner en tant que mère, je peux et dois m’en remettre à  Dieu mais les enfants ne pardonneront pas. Les autorités auront beau parler de reconstruction de l’armée mais J’ai peur que nos enfants intègrent les rangs aux fins simples de se venger ». « Les blessures restent profondes » Son amie qui assistait à  ce témoignage embouche la même trompette « commission réconciliation dialogue –vérité, arrestation, nous exigeons simplement la tenue du procès de toutes ces personnes accusées. Nous sommes au Mali et nous sommes des femmes, nous détenons des secrets et savons qui est qui dans cette armée malienne. Mieux, ceux qui étaient avec le capitaine et n’ont jamais daigné rejoindre le front doivent rendre des comptes. Vous savez, même si nous devons nous appauvrir avec les féticheurs du Mali pour obliger SANOGO et sa bande à  payer leur faute, nous le ferons ». Le compte est loin d’être bon, Les deux camps se regardent en chiens de faà¯ence. Jusqu’à  quand ? Time will tell…

Bamako : des épouses de bérets rouges rendent hommage à leurs maris au front

Le Mali connaà®t une crise sans précédent. l’armée présente dans les villes du Nord compte dans ses rangs les bérets rouges. Leurs épouses disent vivre dans une situation « pénible ». A Djicoroni, dans le camp des bérets rouges, une atmosphère lugubre règne. A l’exception des quelques bérets verts qui gardent le camp à  l’entrée, dans les grandes artères, on ne rencontre nulle âme qui vive. Il est 14H30, à  cent mètres du drapeau au milieu vers l’entrée du camp, dans une rue à  gauche, à  deux pâtés de maison, une dizaine de femmes sont assises à  l’ombre de deux grands arbres. Ce sont des épouses de militaires appelés « bérets rouges » en rapport avec la couleur de leur coiffure. Elles se plaignent de « la situation précaire » qu’elles vivent. « Nos maris ne reçoivent plus leurs soldes depuis de nombreux mois, ici il n’y a pas assez de médicaments dans l’infirmerie. Même quand nos enfants tombent malades, nous ne savons pas quoi faire. Souvent, nous sommes obligés de sortir du camp pour nous faire aider par nos connaissances hors du camp » explique Ramata Maà¯ga en faisant de grands gestes de la main. « Vivement des élections pour une sortie rapide de la crise » D’autres femmes sont dans la même situation, « nous n’avons pas peur de l’absence de nos maris. Depuis trois jours je n’ai aucune nouvelle de mon époux mais je comprends puisque C’’est leur travail qui demande souvent cela. Nous ne recevons aucune information sur les opérations qui se passent au Nord sauf ce que nous apprenons dans les journaux » confie Salimata Touré, mère de cinq enfants. « Nous avons déjà  reçu un don de 25 tonnes de riz du président Dioncounda Traoré, quelques mois après le début des événements, en décembre précisément. Après cela, plus rien » ajoute-t-elle. Quant à  Oumou Niaré, un mètre quatre-vingt, teint noir, vêtue d’un débardeur blanc et un pagne multicolore, elle tient une petite table, o๠elle expose diverses marchandises à  vendre. « Chaque jour, nous nous retrouvons sous l’arbre. Certaines d’entre nous tricotent, d’autres vendent de l’eau fraà®che entre autres. Avec le peu que nous gagnons, nous avons tout de même pu contribuer à  l’effort de guerre » révèle-t-elle, un sourire timide aux lèvres. C’’est grâce à  ces petits commerces que nombre d’entre elles arrivent à  nourrir leurs familles selon leurs témoignages. « Avec l’absence de nos maris, nous ne nous sentons pas en sécurité dans le camp, nous nous en remettons à  Dieu et espérons sortir rapidement de cette situation. Nous souhaitons vivement des élections pour une sortie rapide de la crise avec des autorités élues » conclut Salimata Touré.

Le commandant Youssouf Traoré prend la tête du régiment des commandos parachutistes

La cérémonie était présidée par le commandant de la 3ème région militaire de Kati, le commandant Soumaà¯la Prosper Traoré en présence du chef d’Etat major adjoint des armées, le colonel El Hadj Gamou, ainsi que plusieurs autres hauts gradés. « Officiers, sous officiers vous avez désormais pour chef, le commandant Youssouf Oumar Traoré. Vous obéirez à  ses ordres pour tout service », C’’est en ces termes que le commandant Soumaà¯la Prosper Traoré a renvoyé à  ses fonctions le nouveau commandant du régiment des commandos parachutistes. Le porte-parole du régiment des commandos parachutistes, le lieutenant colonel Seydou Moussa Diallo a expliqué que cette cérémonie marque la réconciliation et la réintégration des commandos parachutistes dans la grande famille de l’armée. Diplômé de la Saint-Cyr en France en 2001, le commandant Youssouf Oumar Traoré est né le 23 Mars 1979 à  Bamako. Il fit ses études primaires et secondaires respectivement à  l’école de la cathédrale de Bamako et au prytanée militaire de Kati. Après son Bac, il fréquenta le prytanée militaire de la Flèche en France (option lettres et sciences humaines). Avant de rentrer à  Saint-Cyr, le colonel Traoré a subi plusieurs formations militaires au Gabon, au Etats-Unis, au Canada et en Chine.

Camp Para de Djicoroni-Para : Un mort et des blessés

C’’est la panique dans le quartier déjà  échaudé par l’épisode du contre coup d’Etat manqué des bérets rouges. Tous les établissements scolaires ont libéré les élèves et beaucoup de boutiques ont fermé au marché. Difficile de s’approcher des lieux. Les gens forment des petits groupes dans les rues pour deviser sur la situation. Selon un habitant du camp-para qu’on a pu joindre au téléphone, les coups de feu seraient tirés par des bérets verts et des gardes et des gendarmes qui ont investi le camp depuis 5 heures à  l’aube pour empêcher un rassemblement prévu par les bérets rouges ce matin. « Ils ont tiré dans le camp, fait des tirs de sommation. Ensuite, un jeune de 18 ans aurait été tué par balle. On dénombre cinq femmes et une dizaine d’enfants blessés par balle », a indiqué notre interlocuteur, médecin de son état. Au moment de le joindre, il était en train apporter les premiers soins aux blessés pour, dit-il, arrêter l’hémorragie. En guise de représailles, des jeunes du camp s’agitent pour faire la peau à  des militaires coincés dans certains bureaux. L’attaque du camp militaire est liée à  la déclaration à  la télévision nationale du chef d’état-major des armées, a affirmé le soldat Bouaré. Intervenant en début de semaine à  l’ORTM (télévision nationale), le général Tahirou Dembélé, chef d’état-major, avait fait part de sa volonté d’envoyer les Bérets rouges au front combattre aux côtés des soldats français les groupes islamistes armés qui avaient occupé le nord du pays en 2012. Comme on a le problème du Nord sur les bras, vous allez combattre auprès de vos autres frères d’armes, avait déclaré le général à  la télévision, à  l’issue d’un entretien avec le commandement des Bérets rouges. Après cet entretien on a pris toutes les dispositions pour les affecter dans leur régiment, avait-il ajouté. Bien que l’unité d’élite des Bérets rouges n’ait pas été officiellement dissoute, le général Dembélé avait déclaré avoir décidé de réaffecter ses membres dans d’autres unités, parce que si vous êtes à  Bamako on fera toujours face aux mêmes problèmes. Tout le monde n’a pas rejoint son unité d’affectation (…) il y en a 417 qui ont rejoint leur unité d’affectation. Mais il y a une partie à  Bamako qui refuse d’obéir à  leurs autorités. Ils ont pris l’habitude de se réunir au camp. On a donc pris la décision de dégager les éléments qui vont se rassembler., avait-il ajouté. Hormis les 417 Bérets rouges affectés en dehors de Bamako, environ 800 se trouvent toujours dans la capitale malienne, mais le gros de leur armement leur a été confisqué, indique-t-on de source militaire. Fin avril 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d’Etat du 21 mars ayant renversé le président Toumani Touré, mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d’un autre corps d’armée, les Bérets verts. Les combats entre les deux unités avaient fait une vingtaine de morts.

Reconquête du nord Mali : les bérets rouges incontournables

Le 33ème régiment des commandos para est un corps d’élite de l’armée malienne. Communément appelés bérets rouges au Mali, ces hommes ont fasciné beaucoup de jeunes maliens qui voulaient devenir commandos para. Avec le leadership des bérets verts, les bérets rouges ont perdu de leur aura. Et pour cause, l’échec de leur tentative contre coup d’état du 30 avril a porté à  conséquence. Certains furent arrêtés, d’autres portés disparus. En bref le 33è régiment commando para n’existe plus dans le rang de l’armée malienne. Mais avec l’imminence d’une intervention de la communauté internationale au nord du Mali, le rôle des bérets rouges est largement revisité dans les milieux militaires et politiques. Boubacar Doumbia, ancien béret rouge témoigne : « le régiment des commandos para créé au lendemain de l’indépendance en 1961 a été au C’œur des défis auxquels les forces de défense et de sécurité ont eu à  faire face au Mali ». Ce vieux sexagénaire explique que ce régiment commandos para est composé d’éléments aguerris, formés pour les missions difficiles et doit au plus vite être restauré pour retrouver toute sa place au sein de l’armée malienne. Qui peut devenir un commando ? Face à  la complexité de la situation du Nord Mali, la reconquête du nord nécessite ces hommes formés pour occuper les premières ligne de front, poursuit notre interlocuteur, à  la retraite. Toujours, selon le lieutenant Boubacar Doumbia, le bataillon des commandos para est un corps de troupes aéroportées qui intervient dans ses situations difficiles. Dans ce corps d’élite, les candidats sont sélectionnés après la formation militaire de base de six mois. Ensuite ils sont soumis à  un test physique et moral pour intégrer le régiment. « Les candidats retenus sont ensuite soumis à  une formation rigoureuse de 45 jours à  deux mois appelée formation commandos ». Après ces différents étapes, les futurs commandos au cours de la formation doivent réussir six sauts (largage par avion) pour avoir le brevet de parachutage. Les éléments ainsi formés sont aptes et prêts à  intervenir sur tous les terrains et dans toutes les conditions pour accomplir n’importe quelle mission. La restauration de corps d’élite est une nécessité. Le président de l’assemblée nationale Younoussi Touré, lors de la session d’octobre 2011 avait souhaité l’unité de l’armée pour la reconquête du nord Mali.

Fait divers : des jumelles jetées dans la rivière Woyowayanko

Ce mois béni ramadan est l’occasion pour les fidèles musulmans de multiplier les bonnes actions et absoudre leur péchés. Certains semblent oublier de cette réalité et commettent, comme par défi ou méprise, des actes répréhensibles et abominables. C’’est le cas de cette mère, actrice de notre fait divers du jour. Le quidam n’a trouvé d’autre formule que de se débarrasser de ses deux bébés. Macabre découverte En effet, les populations riveraines de la rivière Woyowayanko à  Djicoroni-Para, en commune IV du district de Bamako, ont fait une découverte macabre hier lundi 6 août 2012. Il s’agit des corps de deux bébés jetés par leur mère dans la rivière. Il était presque midi lorsque les agents de police de la compagnie de circulation routière en poste à  l’intersection de Woyowayanko, ont été alertés par des jeunes du coin qui venaient de découvrir le corps d’un bébé flottant sur la rivière et coincé entre des roches. Alertés à  leur tour, les agents de la protection civile ont récupéré le corps sans vie du bébé. Leur vigilance a permis de découvrir l’autre corps emporté par le courant d’eau sur une distance d’environ 500 mètres. Des éléments du commissariat de police du 14 arrondissement conduits par l’inspecteur de police Salia A Sanogo, l’adjoint au chef de la division VP( voie publique) sont venus, comme le veut la procédure, pour sécuriser les lieux. Le constat établi par le médecin légiste, le docteur Chiaka Fomba a fait état d’un infanticide de deux bébés de sexe féminin d’environ trois jours. Selon le toubib, les deux corps étaient déjà  en voie de putréfaction. Présent sur les lieux, Joseph Camara, l’Officier d’Etat civil de Djicoroni-Para 2 a ordonné à  la section funèbre de la mairie de commune IV de prendre les dispositions nécessaires pour l’enterrement des corps au cimetière de Lafiabougou. Une enquête contre X sera ouverte, a indiqué l’inspecteur Salia A Sanogo pour arrêter l’auteur du crime.

Comment les familles de bérets rouges ont chassé les « kidnappeurs » de Djicoroni-Para

Pierres éclatées sur la route, dizaines de gendarmes et policiers positionnés…, les abords du camp militaire de « Djiroroni para » ont une nouvelle fois été le théâtre de violences mercredi. Tout est parti de la présence dans ce camp habité par les bérets rouges censés être fidèles à  l’ancien président Amadou Toumani Touré, de bérets verts en tenue civile. Dans la matinée, des hommes aux visages austères ont fait les cent pas autour du camp avant d’y pénétrer de force malgré la présence de gardes à  l’entrée. Leur cible était Alassane Barradé, un adjudant chef. La tentative d’arrêter ce militaire a été avortée par la foule. Chassés par la foule Selon Kalilou Samaké, un jeune du camp, « ces gens étaient venus arrêter un béret rouge pour l’amener à  Kati afin de le torturer ». Raison pour laquelle les jeunes et les femmes se sont vite regroupés pour croiser le fer avec les visiteurs du jour, accusés par plusieurs ONG internationales de disparitions forcées et de tortures contre des bérets rouges soupçonnés d’avoir participé à  l’attaque du 30 avril contre les putschistes. Munis de gourdins et de cailloux, les familles ont réussi à  les chasser. l’un d’entre-deux a même échappé de peu au lynchage de la foule, grâce à  un chauffeur de taxi de passage. « Ses camarades se sont rapidement enfuis à  bord d’un véhicule en le laissant là . Il a fallu qu’il arrête un taxi pour se sauver », raconte Kadiatou. « Désormais, nos maris seront arrêtés sur nos cadavres » Les policiers ont dû faire une descente musclée au camp pour disperser la foule déchainée, entraà®nant un affrontement. Gaz lacrymogène contre pierres. Il a fallu la médiation des gardes en charge de la sécurité du camp pour calmer les esprits des jeunes et de leurs mères. « Trop C’’est trop, nous avons assez !», explose une dame en colère. « Désormais nos maris seront arrêtés sur nos cadavres !», tempête une autre. Plusieurs policiers auraient été blessés par des pierres et une femme aurait fait une fausse couche. Dans les jours précédents, deux jeunes officiers bérets rouges – dont l’aide de camp de l’ancien ministre de la Défense Sadio Gassama – ont été enlevés par des bérets verts. Leurs parents remuent ciel et terre pour avoir de leurs nouvelles.

Après la guerre des bérets, celle des femmes…

Les femmes de bérets verts postées à  Kati disent attendre de pied ferme leurs sœurs, femmes de bérets rouges. Ces dernières ont promis de marcher sur Kati en ce mois de ramadan en protestation à  l’ arrestation de leurs maris après la tentative de contre coup d‘état du 30 avril. Pour les femmes de militaires putschistes, la démarche de leurs sœurs relève de la provocation. La date du 30 avril 2012 restera historique dans les annales de l’armée malienne. Le contre coup d’état des bérets rouges contre les putschistes échoue avec la reprise de lieux stratégiques comme l’ORTM, l’aéroport et Kati par les hommes de Sanogo. Par la suite, de nombreux bérets rouges et leurs complices suspectés seront arrêtés et gardés à  Kati. Faut il rappeler que les époux de ces dames sont détenus dans des conditions inhumaines par les hommes de l‘ex junte. Conditions que dénoncent par ailleurs, le collectif des avocats comme des violations flagrantes de la loi et des droits de l’homme. Avis de protestation Transférés au camp de la gendarmerie à  Bamako, une vingtaine des militaires sont également portés disparus. Le 16 juillet dernier, les femmes du Camp Para de Djicoroni, avaient marché dans les rues de Bamako et prévoient de sortir à  nouveau pour faire entendre leur voix. Certaines auraient même clamé vouloir «Â marcher nues », signe d’un désespoir évident chez ces épouses de bérets rouges; Mais va-t’on les laisser faire ? Les femmes de bérets verts se disent prêtes à  les affronter si elles osent monter jusqu’à  Kati. « Nous nous préparons pour les recevoir et surtout, nous ne permettrons à  personne de venir nous manquer de respect », martèle une épouse de béret vert à  Kati. D’autres estiment que leurs sœurs ont la mémoire bien courte : « Avant le coup d’Etat, nos maris, nos enfants ont été égorgés comme des moutons à  Aguel’Hoc et personne n’a protesté. Nous aussi, nous avons marché pour dire nos vérités au Président de la République ! ». Dans le camp des femmes de bérets rouges, la détermination à  faire éclater la vérité sur les arrestations arbitraires et les actes de torture envers leurs maris est sans limite. Au camp de Djicoroni Para, des femmes des bérets rouges dont certaines sont ingénieurs et juristes ont publié un communiqué de presse, vu qu’elles ne sont pas autorisées à  rendre visite à  leurs époux . Elles donnent ainsi une semaine aux autorités pour faire toute la lumière sur ces disparitions et rendre justice !

Contre putsch avorté : Sanogo confirme le maintien des organes de la transition

La capitaine Sanogo, président du Comité national de restauration de la démocratie et du redressement de l’Etat (CNRDRE) a fait une déclaration sur les ondes de l’ORTM à  15h40, au cours de laquelle il a tenu à  rassurer la population : « je suis là , je vais bien ». Des mercenaires étrangers infiltrés Selon lui, les événements qui ont opposé ses troupes, les bérets verts, aux parachutistes (bérets rouges) hier soir et dans la matinée étaient destinés à  l’éliminer. Pour le chef de l’ex-junte, auteur du coup d’Etat du 22 mars, les paras étaient appuyés par des « individus mercenaires mal intentionnés qui commençaient à  s’infiltrer depuis plusieurs jours ». Selon lui, des enquêtes seraient en cours. Sanogo a par ailleurs lancé un appel aux bérets rouges qui ne se seraient pas rendus, « il est encore temps de revenir, de se rendre. Cela va faciliter les choses », a t’il déclaré. Visiblement fatigué, le chef de la junte était entouré de plusieurs membres du commandement militaire : le ministre de la défense, le colonel-major Yamoussa Camara, celui de la sécurité le Général Tiefing Konaté, et également le chef d’Etat major de la gendarmerie, le colonel Diamou Keita. Interviewé par le journaliste Makanfing Konaté, Sanogo a par ailleurs confirmé que les organes de la transition, Président par intérim, Premier ministre et gouvernement resteraient en place, conformément à  l’Accord-Cadre signé le 6 avril 2012 signé entre la CEDEAO et le CNRDRE. Première sortie du porte parole du gouvernement Dans la foulée de Sanogo, Hamadoun Touré, ministre de la communication, des nouvelles technologies et porte parole du gouvernement a pris la parole pour appeler au calme, « la violence ne saurait être la solution ». Celui qui était jusqu’à  sa nomination porte parole de l’ONUCI a présenté ses condoléances aux familles des disparus, et appelé à  parachever le retour définitif à  la vie constitutionnelle avec un retour de la sécurité sur tout le territoire.

Calme précaire à Bamako, le Camp Para attaqué dans la matinée

Mise à  jour : 17h05 Ce matin, les bérets verts du capitaine Sanogo ont donné l’assaut au Camps Para de Djicoroni, siège des forces loyalistes de l’ancien président ATT. Des tirs intenses ont résonné vers 10 heures locales, après que l’ex-junte malienne ait déclaré contrôler la situation, notamment à  l’aéroport de Bamako et au siège de la télévision nationale (ORTM), o๠de violents combats ont eu lieu dans la nuit dernière. Le calme est revenu en fin de matinée, informe l’AFP. Plus tôt dans la matinée, un militaire s’exprimant au nom du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l’ex-junte, est apparu à  l’ORTM pour dénoncer l’attaque de « forces obscures » et affirmé que les forces du Conseil national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDE, junte) avaient sécurisé la capitale. Dans la capitale, les habitans vivent un 1er Mai terrés chez eux, alors que de nombreuses manifestations populaires étaient prévues. Selon des informations concordantes, le camp parachutiste dans lequel étaient retranchés les bérets rouges seraient tombé aux mains des éléments de l’ex-junte, les bérets verts. Après d’âpres combats qui ont débuté dans la soirée du lundi 30 avril, les bérets verts auraient réussi à  capturé le Colonel Abidine Guindo, commandant du camp et ancien chef d’état major particulier du président ATT. Ils seraient en route pour la ville de garnison de Kati o๠se trouve le siège de la junte. Un premier bilan des affrontements de la matinée entre l’ex junte et les bérets qui se sont repliés, fait état d’au moins 11 morts, dont 5 civils, tous tués par balles et environ 30 blessés, selon une source à  l’hôpital Gabriel Touré. De nombreux blessés y ont été transportés.